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Le journalisme comme outil d’inclusion pour le mouvement SCI
Lors de la réunion internationale du mouvement SCI, on a rencontré Bogumila Hladki, volontaire au SCI Pologne depuis 8 ans. Elle organisait un atelier sur le journalisme d’inclusion, ce qui m’a donné envie d’en apprendre davantage. Elle nous explique ce qu’elle entend par là, et nous témoigne de l’importance de donner une voix à toutes les catégories de population avec lesquelles nous travaillons.
Pour toi, est-ce que le mouvement SCI est inclusif ? Et comment pourrait-il l’être davantage ?
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L'idée du SCI et de Pierre Ceresole était de faire se rencontrer des personnes de pays différents. Pour qu’elles se rendent compte qu’il y a plus de choses qui les rassemble que de choses qui les divisent. Pour qu’elles n’aient pas peur les unes des autres. En Pologne, pendant de nombreuses années, il était difficile de partir à l'étranger. En ces termes, les possibilités de volontariat du SCI sont inclusives pour nous : elles ont permis aux Polonais·es d'être inclus·es dans le reste de l’Europe, de nous rapprocher et nous exposer à un monde différent du nôtre. Cela permet également de montrer que la Pologne est une capitale européenne et qu’il faut arrêter de la diaboliser comme à l’époque de l'ère communiste.
Qu’entends-tu par « journalisme d’inclusion » ?
Le journalisme d’inclusion, ça veut surtout dire donner la parole à ceux et celles dont la voix n’est pas entendue. Dans les médias, on parle toujours des réfugié·es mais on ne leur donne jamais la parole, et on laisse des experts masculins parler de la réalité des femmes. Il serait intéressant pour le SCI d'entendre non seulement les témoignages des personnes qui participent à des projets de volontariat, mais aussi ceux des personnes qu'ils et elles ont rencontrées sur leurs projets. Deux aspects sont importants dans le journalisme d’inclusion : l’approche (quelles sont les solutions possibles à un problème social ? ), mais aussi le langage qu’on utilise (ne pas utiliser des termes qui pourraient accabler les populations dont on parle). Il est important aussi d’inclure les échecs ou les choses qui ne fonctionnent pas, mais qui sont une leçon à retenir.
Comment penses-tu que ce concept de journalisme d’inclusion peut être appliqué à notre mouvement ?
Je crois que le SCI a besoin de plus de contenu « pacifique ». En tant qu'organisation pacifiste, nous devrions parler des contextes de guerre. Quand il y a un conflit, les gens devraient pouvoir venir au SCI et demander de l'expertise à ce sujet. En tant que grand mouvement avec une longue histoire de pacifisme, nous devrions être en mesure de donner des opinions, des solutions et des idées sur ce qu'il faut faire. Nous pourrions, par exemple, être impliqués dans le plaidoyer pour la paix, par le biais de la communication.
Je pense également qu'il n'est pas nécessaire d'être journaliste pour être capable d'écrire. Il est utile d'avoir des écrivain·es amateur·ices, qui peuvent ainsi développer leurs compétences en tant que journalistes citoyen·nes. Il devrait y avoir plus de formation et d'attention à ce sujet, afin que le SCI puisse apporter une plus grande contribution.
L’idée est de proposer un journalisme de paix, et non un journalisme de guerre comme celui qu’on retrouve dans les médias occidentaux. Il ne faut pas seulement parler des problèmes, mais aussi des solutions. Et il est vraiment important de parler des « actes ». En tant que mouvement, nous mettons en œuvre différentes choses, et nous pourrions écrire à ce sujet. Les projets de volontariat sont des réponses aux besoins locaux. Nous pouvons en témoigner : « il y avait ce problème, et nous avons fait ceci pour essayer de le résoudre ». Dans un monde où il y a beaucoup de manipulation médiatique, c’est très important de parler aussi de ce qui fonctionne.
Propos recueillis par Joëlle Mignon