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BELGIQUE / Mon expérience avec « Quartiers Libres »

Mon expérience avec « QUARTIERS LIBRES »

Belgique

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Je m’appelle Berolle, je suis étudiante en master 2 en sciences politiques, économiques et sociales à l’Université de Mons. J’ai effectué un stage au SCI : j’ai participé aux animations et j’ai coordonné un projet de volontariat, le projet Quartiers Libres à Charleroi. Retour sur cette expérience.

Comment je me sens à la veille du départ? Qu’est-ce qui se passe en moi avant ce projet ? J’ai plein de questions en tête et aussi des émotions qui me traversent le cœur. Suis-je capable de mener à bien ce projet ? Est-ce que les volontaires se sentiront à l’aise avec moi ? J’ai peur et je manque de confiance en moi et en mes capacités. Mais tant pis, il faut y aller. Et j’ai envie d’y aller. Alors, allons-y.

Le groupe

Notre projet a lieu du 28 juin au 11 juillet 2022. Nous devions être 6 volontaires (Dide, Coline, Kevin, Marisol, Rocio et moi), dont deux coordinatrices (Coline et moi). Nous serons finalement 5, ce qui m’inquiète un peu car j’avais prévu qu’on forme des duos à certains moments. Il y a aussi deux personnes de contact : Marie pour le SCI et Despina pour ATL (Accueil Temps Libre), le partenaire du SCI. Ce qui est important, c’est de bien s’organiser : pour cela, nous créons un groupe WhatsApp. C’était utile pour les échanges d’informations et pour partager sa localisation : il arrive qu’une volontaire veuille prendre l’air seule, or la ville n’est pas toujours sûre et ce n’est pas si facile de retrouver son chemin.

Nous logeons à l’auberge de jeunesse de Charleroi. Nous devions avoir un espace cuisine pour nous seul·es, mais la réservation n’a pas été prise en compte. Grande a été notre déception, car nous avions prévu de cuisiner nous-mêmes pour pouvoir mélanger et découvrir nos cultures culinaires respectives : ça aurait été une chouette activité, en même temps qu’une découverte de repas d’ici et d’ailleurs. Tant pis. Le premier jour, Despina nous présente le projet Quartiers Libres en quelques mots et nous explique le programme pour les deux semaines. Nous faisons un brise-glace et un jeu interculturel sur les langues. Il faut dire que notre groupe est multiculturel : Dide est turque, Marisol est mexicaine, Coline est française, Kevin est belge et moi je suis camerounaise. D’où la nécessité de ce jeu pour apprendre à nous connaître et à découvrir nos origines.

Le projet

Le 29 juin, nous démarrons à 9h pour être à 10h au parc Bivort Jumet. Là, nous mettons le matériel dans un camion pour les amener sur le lieu du projet, où nous organiserons des jeux et des activités avec les enfants du quartier. Nous serons au parc de 12h à 20h chaque jour (sauf les 4 et 5 juin, qui sont nos jours de repos). Nous serons disponibles pour tous les enfants qui voudront passer du temps avec nous : jouer au ballon, tirer à la corde, se faire grimer, réaliser un parcours avec des épreuves, courir, etc.

Donner, recevoir, découvrir

Le volontariat, c’est une adaptation à toute épreuve, une rencontre avec la culture d’un pays, une pause dans son voyage, un moment de partage, se confronter à l’inconnu, un nouveau regard sur les habitant·es et, enfin, donner son temps et son énergie à l’apprentissage quotidien. Quand on termine un projet de volontariat, on a tendance à se poser cette question : en quoi est-ce que j’ai pu apporter quelque chose ?

© Berolle Yepdo

© Berolle Yepdo

Pour y répondre, prenons l’exemple d’une des volontaires du projet, Marisol, qui avait pour objectif d’améliorer son français et qui, à la fin, nous a dit qu’elle se sentait outillée et très contente d’avoir perfectionné son français avec nous. Pour les enfants, adultes et parents des quartiers, notre présence a permis l’ouverture d’un espace d’évasion, de rencontre, d’expérimentation et une source d’inspiration. Avec cet objectif en tête, les jeunes que nous avons accompagné·es ont expérimenté des activités et des animations de la vie quotidienne, collective et interculturelle. J’ai l’impression d’avoir apporté quelque chose dans la communication que j’ai pu avoir avec les parents et leurs enfants. J’ai pris conscience que certains enfants ont vécu des choses difficiles et que la relation avec leurs parents est parfois difficile, voire brutale.

« Le volontariat, c’est une adaptation à toute épreuve, une rencontre avec la culture d’un pays, une pause dans son voyage, un moment de partage, se confronter à l’inconnu, un nouveau regard sur les habitant·es et, enfin, donner son temps et son énergie à l’apprentissage quotidien.»

Mais j’ai pu me mettre à leur écoute et récolter leurs confidences. Ceci dit, c’est difficile d’évaluer ce qu’on a apporté, et ça n’a pas beaucoup d’intérêt, parce qu’on ne le saura jamais vraiment. On fait tous et toutes des rencontres qui peuvent parfois changer notre vie et notre manière de penser, voire même d’agir. Parfois, une conversation qui a lieu par hasard peut avoir un impact considérable, en nous faisant prendre conscience que nous sommes sur la mauvaise voie, en nous éclairant sur le chemin à suivre ou encore en modifiant notre manière de voir les choses. En général, on ne le comprend qu’avec le recul. Et puis, petit à petit, la question « Qu’est-ce que j’ai pu apporter ? » devient « Qu’est-ce que le projet m’a apporté ? Qu’est-ce que les autres m’ont apporté ? ». On reconnait qu’on est dans l’échange, l’apport réciproque. Cette expérience m’a amenée à rencontrer, certes, des enfants et des adultes, comme je l’ai déjà expliqué, mais aussi d’autres volontaires : des personnes qui sont prêtes à donner de leur temps, de leur expérience et de leur énergie sans attendre un retour financier, ce qui est assez rare de nos jours. Grâce à ce projet, j’ai aussi réalisé certaines tâches, nouvelles pour moi. En les faisant, non seulement j’ai appris des choses originales et inédites, mais je me suis aussi découvert de nouvelles compétences. Par exemple, nous avons utilisé un vélo qui fait du jus de fruit : en pédalant, on fait tourner un genre de moulinex, qui mixe des fruits et permet d’obtenir un jus délicieux. C’était étonnant et magique : on a pu faire du jus sans électricité. Nous avons aussi grimé tous les enfants du quartier. Et quand je dis tous, c’est vraiment tous : vous auriez vu la file de petites têtes souriantes et impatientes qui attendaient leur tour ! Et là, c’est la fierté qui a envahi mon cœur quand j’ai pris un peu de recul pour admirer les jolis dessins sur leurs joues : je n’avais jamais imaginé posséder un tel talent. Et quel plaisir de voir ces enfants si joyeux avec leurs grimages ! C’était très touchant.

Ce que je vais retenir

Au terme du projet, mes peurs se sont transformées en atouts. J’ai pris confiance en moi et en mes capacités. Mon sentiment de doute s’est mué en un sentiment d’accomplissement et de réussite. Je me suis rendue compte que coordonner un projet de volontariat est un acte autant égoïste qu’altruiste, car ces enfants t’apportent plus que tu ne leur apportes. J’ai appris à gérer le projet et à gérer un budget, à écouter les enfants et animer les stands, et j’ai appris à gérer le comportement des parents et de leurs enfants. J’ai autant appris d’eux et elles qu’ils et elles ont appris de moi. Ce que vous leur donnez, ils vous en donnent la force 10. La récompense est que vous vous levez le matin pour une cause qui vous anime et que vous participez, en quelque sorte, à construire un monde meilleur. Alors pour ceux et celles d’entre vous qui voudraient tenter cette expérience, je vous le dis : foncez !!!

Berolle Yepdo

Ancienne stagiaire au SCI

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