bulletin 2/2013 français

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bulletin Nº 2/2013

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Nº 2 2013

bulletin

Le magazine de la Fédération des Églises protestantes de Suisse

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–Objectif de législature 3

Le premier Prix suisse de prédication

– Lisez, écoutez et regardez votre Fédération des Églises dans le bulletin en ligne ! www.feps.ch

18 –  La « marque » de la Réforme Le Jubilé des 500 ans

20 – Portes d’église ouverte, églises espaces d’hospitalité 34 –  Entre santé et salut 38 –  Des objectifs œcuméniques pour Puiser dans la sérénité

Le débat théologico-eclésial sur le Spiritual Care

Sustainable Development Goals SDG

info@feps.ch

sek · feps Fédération des Églises protestantes de Suisse

Fédération des Églises protestantes de Suisse FEPS Sulgenauweg 26 CH-3000 Berne 23 Téléphone +41 (0)31 370 25 25

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le développement durable ?



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– Éditorial I

Réveillée …

La Princesse Palatine Élisabeth Charlotte de Bavière aimait faire un petit

somme à l’église : le sermon était son opium. Quant à savoir si, réveillée par une bourrade de Louis XIV, elle réfléchissait ensuite au sens et à l’absurdité de la soporifique prédication, cela restera un mystère de l’Histoire. Gardant à l’esprit les membres las de cette dame de la cour, la Fédération des Églises s’est fixé comme objectif d’encourager les prédications qui éveillent, les prédications constructives, qui reconstruisent ou qui édifient – selon l’humeur. Les bonnes prédications méritent un prix : et le Prix de prédication fut créé (p. 8 et suivantes). L’expression révision de la constitution aurait aussi pu endormir Liselotte. La réalité est pourtant tout autre. Car c’est sans doute la plus importante évolution de l’Église réformée depuis cinquante ans. Une consultation menée auprès des Églises révèle surtout une chose : le sujet agite les esprits. C’est très bien, continuons ainsi ! Vous en saurez plus ci-après et à partir de la page 24. Faut-il continuer de plus belle ou tout arrêter ? Les fédérations ecclésiales KEK (voir page 28) et COE (voir page 42) tiennent leurs assemblées générales. À quoi pourrait ressembler une contribution œcuménique au débat sur les objectifs de durabilité globaux ? Vous trouverez des explications sur deux de ces objectifs à partir de la page 38. Et vous apprendrez aux pages 34 et suivantes pourquoi la philosophie de vie de Fifi Brindacier n’est pas applicable au débat sur l’accompagnement spirituel. Pour conclure, vous trouverez aux pages 16 et suivantes des comptes rendus pratiques sur le travail de la commission Église et tourisme. Je vous souhaite une lecture passionnante.

Peter Schmid Vice-président du Conseil Image de couverture : Quelle prédication est digne de prix ? Le Prix suisse de prédication 2014 le révélera.


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– Éditorial II

… et engagée !

Le Conseil de la Fédération des Églises a lancé en juin la consultation sur

un projet de constitution pour l’« Église protestante en Suisse ». C’est le résultat de délibérations intensives ayant pour point de départ le rapport « Pour une Fédération d’Églises de bonne constitution » soumis à l’Assemblée des délégués de novembre 2010. Une communion fondée sur un fort engagement mutuel : tel est notre objectif. Les recommandations de la Communion d’Églises Protestantes en Europe CEPE, qui parle de la « responsabilité commune d’une direction ecclésiale à trois organes », nous ont été en l’occurrence très utiles. Notre projet prévoit que le Conseil et le président exécutent les décisions du Synode. Les Églises s’engagent à soumettre les décisions du Synode à leurs organes. Il leur appartient ensuite de décider si elles les acceptent ou les rejettent. C’est une solution réformée et démocratique. Les Églises et tous les intéressés sont invités à formuler d’ici fin novembre leurs idées à propos d’une communion fondée sur l’engagement mutuel. Aussi, chers lecteurs, dites-nous maintenant comment vous voudriez qu’elle soit. Vous trouverez un point de la situation aux pages 24 et suivantes, et pouvez participer sur : www.feps.ch/fr/revision-de-la-constitution.


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– bulletin Nº 2/2013

Au sommaire de cette édition – Objectif de législature 3

Le premier Prix suisse de prédication

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– Un acte de médiation

Que signifie prêcher ? 12 – Église et Tourisme

Partager les bonnes idées : une plateforme pour 16 projets chrétiens

– Le Jubilé des 500 ans

La « marque » de la Réforme

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– bulletin Nº 2/2013

La Fédération des Églises protestantes de Suisse FEPS – Puiser dans la sérénité

Portes d’église ouverte, églises espaces 20 d’hospitalité

– Révision de la constitution

De la Fédération d’Églises à la Communion d’Églises

– Le débat théologico-eclésial sur le Spiritual Care

Entre santé et salut

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– Être ensemble en chemin

Assemblée générale de la Conférence des Églises européennes (KEK) à Budapest

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– Organisation Les êtres humains à la Fédération des Églises

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Le Conseil de la Fédération des Églises protestantes

49 50

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10e Assemblée générale du Conseil oecuménique 42 des Églises – « Pourquoi donc hésiterais-tu ? »

– Voilà comment nous travaillons La Fédération des Églises et son organisation

Collaboratrices et collaborateurs de la Fédération des Églises protestantes

– Sustainable Development Goals SDG

Des objectifs œcuméniques pour le développement durable ?

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– Églises protestantes en Suisse Les Églises de la Fédération

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Parutions récentes de la Fédération des Églises

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8 bulletin Nº 2/2013

– Objectif de législature 3

Le premier Prix suisse de prédication Tout le monde peut participer au Prix suisse de prédication, il suffit d’avoir tenu une prédication dans une paroisse.


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« La Fédération des Églises lance un concours suisse de prédication. » Cet objectif de législature du Conseil est désormais accompli. Ce prix vise à attirer l’attention du public sur l’art de la prédication. Les transpositions les plus réussies du message biblique seront honorées et les meilleures prédications publiées au niveau suisse. Pour la FEPS, l’enjeu n’est ni plus ni moins que la culture de la prédication : la prédication en tant qu’élément du patrimoine culturel occidental, en tant qu’art précieux de la parole et préoccupation majeure de la Réforme.

PAR CHRISTINA TUOR-KURTH

L

a mise en œuvre a été préparée par de nombreux entretiens menés avec des titulaires de chaires de théologie pratique, avec des pasteurs et des responsables de prix de prédication décernés par les médias. Les échos suscités par cette idée ont été majoritairement positifs et parfois même euphoriques. Un certain nombre de questions ont dû être clarifiées lors de la concrétisation. Car si la prédication est un discours, ce n’est pas une conférence. En outre, le prix n’entend pas se transformer en une compétition. Une pré-


10 bulletin Nº 2/2013 Le premier Prix suisse de prédication dication comporte certaines caractéristiques dont il faut tenir compte.

La prédication fait partie du culte

La prédication fait partie du culte et est intégrée dans une célébration liturgique. Peut-on l’évaluer hors de ce contexte ? Est-il possible de la comprendre correctement sans avoir connaissance du texte de la lecture, des cantiques chantés et des prières ? Une prédication, c’est la Parole de Dieu proclamée, et pas seulement un texte lu. La proclamation, ou, exprimé de manière plus neutre, l’aspect « performatif », en est un élément important. Les récentes approches homilétiques accordent une grande importance à la dramaturgie de la prédication. Au-delà de l’herméneutique d’un texte biblique, la construction, la forme et la rhétorique de la prédication de même que l’élocution, la gestuelle et la mimique suscitent un intérêt accru. Or, comment évaluer cet aspect dans le cadre d’un prix ? Les rares prix qui existent actuellement dans les régions germanophones prévoient une évaluation des prédications sous forme de texte écrit. Le « Jugendpredigtpreis » de l’Église protestante d’Allemagne (EKD) constitue à cet

égard une exception. Son principe consiste à déterminer les dix meilleures prédications présentées et à inviter leurs auteurs – des jeunes gens âgés jusqu’à 20 ans – à un coaching de plusieurs jours au « Zentrum für Predigtkultur » à Wittenberg. À la fin de ce stage, le prix est décerné à la meilleure prédication prononcée. Aussi, que faut-il évaluer : la prédication prononcée, ou le texte écrit ? Et comment tenir compte de l’ensemble du culte ? La Fédération des Églises s’est longuement penchée sur ces questions. Dans un premier temps, elle a envisagé de demander un enregistrement vidéo de la prédication, mais a finalement renoncé à cette idée jugée trop exigeante. D’ailleurs, une prédication mauvaise restera mauvaise même si elle est bien présentée, comme l’a relevé avec pertinence un professeur de théologie pratique. La dramaturgie doit déjà être contenue en germe et être visible dans le texte. L’évaluation portera donc sur le texte d’une prédication déjà prononcée. Les participants seront invités à envoyer le texte écrit accompagné d’une description du contexte dans lequel la prédication a été faite. Un jury sélectionnera les dix meilleures prédications, et quelques membres visiteront ensuite leurs auteurs pendant le culte. Le vainqueur sera déterminé de cette manière.

– « … une prédication est certes un discours, mais pas un exposé. »

Derrière chaque prédication se cache une réalité paroissiale spécifique

Extrait : Objectif de législature 3

La Fédération des Églises lance un concours suisse de prédication. L’Église est là où a lieu l’Évangile, où il est communiqué à la paroisse et où il est vécu et témoigné par celle-ci. Dans la tradition réformée, la prédication constitue la clef de voûte du culte. C’est ici que la Parole de Dieu est pro­ clamée. Avec le Prix de la prédication, la Fédération des Églises entend sensibiliser le public à l’art de la prédication et rendre hommage aux traductions réussies de l’Évangile dans le contexte de notre époque. Les meilleures prédications issues des régions citadines et rurales seront régulièrement publiées.

Une prédication est prononcée en tenant compte des situations de vie concrètes et du monde de pensées des personnes auxquelles elle s’adresse. Le prédicateur ou la prédicatrice se réfère à leur contexte social et à leur milieu de vie et se sert de leurs codes culturels : la langue d’une prédication est étroitement liée au contexte dans lequel elle est dite. Il s’agit en outre de tenir compte du pluralisme linguistique de la Suisse. La Fédération des Églises prévoit ainsi un double prix : l’un pour la partie germanophone, qui inclut également le romanche, l’autre pour l’espace francophone, dans lequel est intégrée la région italophone. Cette division correspond non seulement au paysage audiovisuel de la Suisse, mais reflète aussi une réalité démographique, dans la mesure où les paroisses germanophones et francophones sont nettement plus nombreuses que celles de langue italienne et romanche. L’évaluation


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d’une prédication exige des compétences linguistiques aiguës. Il sera donc nécessaire de prévoir deux jurys et de veiller à ce que les petites régions linguistiques puissent aussi être évaluées. En Suisse, la compréhension et la pratique de la prédication peuvent varier d’une région à l’autre. Ce pluralisme se reflète notamment dans le statut des « prédicateurs laïcs » qui diffère entre régions germanophones et francophones. En Suisse alémanique, ceux-ci sont compris dans une acception plus large et peuvent même inclure des personnalités politiques ou du monde des lettres qui prononcent occasionnellement une prédication. En Suisse romande où l’influence de Calvin se fait ressentir, les prédicateurs laïcs sont en revanche des personnes ayant suivi une formation théologique et employées par l’Église. Le fait de demander une prédication prononcée permet de résoudre cette différence et donc la question des prédications de laïcs ou de « théologiens ». Toute personne ayant un mandat de prédication dans une paroisse peut ainsi participer au concours. En outre, qui dit prédication dit concentration sur le texte biblique et sa traduction dans notre époque actuelle, indépendamment du fait que son responsable soit un laïc ou un pasteur consacré.

Le rôle essentiel du jury

La composition du jury joue un rôle déterminant pour le succès du prix : il doit évaluer en quoi consiste une bonne prédication pour les participants au culte. Ses membres doivent pouvoir bien travailler ensemble et posséder des compétences linguistiques, qu’il s’agisse de théologiennes et de théologiens, de journalistes, de présentateurs de télévision ou encore, à l’ère de l’iconic turn, de personnes travaillant plus généralement avec des images. Le jury doit en outre être représentatif de la société suisse. Pour rapprocher le grand public de l’art de la prédication, la Parole de Dieu doit toucher des personnes de diverses sensibilités religieuses. C’est aussi cela, l’art de la prédication. Le jury examinera s’il y a lieu de définir des critères d’évaluation. L’examen des prédications présentées lors du prix du « Verlag für Deutsche Wirtschaft » se fait sans critère fixe et, selon des membres du jury, le système fonctionne bien. Ils relèvent qu’ici comme dans toute sélection, le facteur déterminant pour le choix final est l’impression produite, le sentiment. Cela dit, pour la Fédération des Églises protestantes de Suisse, un critère a déjà été fixé : il faut que les non-théologiens puissent aussi discuter d’une

Annonce de manifestation

Lancement du 1er Prix suisse de la prédication Lundi 28 octobre 2013, église Markus, Berne 17 h 30 – 19 h 30 Infos sur www.prixdepredication-suisse.ch

prédication. Ce serait déjà un grand progrès en perspective de l’objectif qui est d’attirer l’intérêt du public pour la prédication. <

Compléments d’information

Interview en vidéo : trois questions à l’auteure Christina Tuor-Kurth, directrice de l ’ Institut de théologie et d ’ éthique https://vimeo.com/76027057


12 bulletin Nº 2/2013

Prédication sur l’île d’Hallig Gröde, dessin de Jacob Alberts dans un album de 1921

– Un acte de médiation

Que signifie prêcher ? « Un sermon, c’est véritablement de l’opium pour moi », avouait jadis, dans une de ses nombreuses lettres, la Princesse Palatine Élisabeth Charlotte de Bavière. Elle avait pris l’habitude de faire un petit somme à l’église. Pourtant, c’était une femme droite et pieuse, qui lisait la Bible tous les jours et chantait même des cantiques du Psautier de Genève – un acte courageux à la cour de Louis XIV. Ce dernier donnait alors une petite bourrade à la femme agenouillée à ses côtés pendant la messe – elle s’en plaint dans la même lettre – car il semble que lui-même écoutait attentivement. Cela dit, entre écouter et agir, la différence reste énorme. On le voit, les enjeux de la prédication sont anciens et dépassent les barrières confessionnelles. PAR OTTO SCHÄFER *



14 bulletin Nº 2/2013 Que signifie prêcher ?

I

l n’y aurait rien à redire aux prédications soporifiques si nous pouvions être sûrs que Dieu se révèle à nous dans nos rêves aussi directement qu’il le fit avec Jacob, Ézéchiel ou Paul. Mais même si c’était le cas, l’argument ne serait pas tout à fait valable. Car les rêves ont besoin d’être interprétés, y compris ceux de la Bible. Sinon, ils restent des chimères. Joseph, qui éclaire avec une telle perspicacité les visions de Pharaon jusqu’à en tirer des conséquences très pratiques, réalise ce qu’une bonne prédication devrait accomplir. Dans le songe de Pharaon apparaissent sept vaches grasses, puis sept vaches maigres – un message à prendre au sérieux ; il n’est pas évident à comprendre, mais il est donné. Et l’enseignement est le suivant : il faut gérer avec prévoyance les réserves de grain. Une conclusion en l’occurrence pas très émouvante mais néanmoins vitale. L’interprétation en général, et la prédication en particulier, apparaît ainsi comme un acte de médiation – médiation entre un témoignage donné et la vie vécue dans toutes ses dimensions : questions existentielles, joies et difficultés de l’existence, volonté de vivre, modes de vie, projets et fin de vie. Une prédication qui n’est pas vivante ne peut pas faire le lien avec cette vie. Soit elle ne parvient pas à se détacher du témoignage donné et le répétera laborieusement, soit elle réduira les impulsions qui s’en dégagent à des choses connues, apparemment rassurantes et effectivement soporifiques, devenant doctrine figée ou morale rigide, courtoisie servile ou admonestation méprisante, peut-être gêne volubile, discours politiquement correct ou belles paroles comme fin en soi. La prédication comme acte de médiation est d’autant plus essentielle que le témoignage donné est écrit. L’écriture fixe le témoignage de témoins de temps passés et le rend ainsi indirect. Elle le garde et le préserve, le transmet sous forme de texte, mais l’enferme aussi dans la forme transmise. Il faut alors que le témoignage de l’écriture se produise à nouveau – en tant que parole. C’est là que réside le véritable sens de la prédication. Tous les Réformateurs étaient des personnes touchées par la Parole. Lors de crises spirituelles, ils sont tombés, dans les saintes Écritures, sur une parole qui les a interpellés et a donné un sens à leur vie. À travers l’Écriture, ils ont perçu la Parole de Dieu comme un Évangile libérateur et constructif, pour leur vie et pour leur époque. C’est ainsi que la

proclamation de la Parole est devenue le trait marquant des Églises de la Réforme et des cultes protestants. L’Église est « Creatura Verbi », création de la Parole; les pasteur(e)s ont le titre de « Verbi Divini Minister » (« Ministra » aussi de nos jours), elles et ils sont les serviteurs de la Parole divine.

Réflexion créatrice

La conviction que cette parole se manifeste à travers le texte transmis explique l’importance que les langues bibliques originelles revêtent dans la formation des théologiennes et des théologiens. L’appropriation du texte biblique est plus sincère lorsqu’on est conscient de sa particularité et de sa singularité. Il y a donc de bonnes raisons de maintenir l’apprentissage obligatoire de l’hébreu et du grec, même si toutes les langues classiques sont aujourd’hui très marginalisées. Le travail sur le texte original est un moment important pour une bonne préparation de la prédication, c’est une cogitation fructueuse sur l’Écriture, dans le but de trouver en elle la Parole cherchée et d’éviter de passer à côté d’elle, que ce soit de manière naïve ou ingénieuse. La prédication, comme on l’a dit, est un acte créateur. La prédication nous change. Elle nous ouvre les oreilles, les yeux et le cœur. L’évangéliste Luc raconte comment des hommes en chemin écoutent l’Écriture, se laissent toucher par elle à travers l’interprétation et finalement la parole prêchée, et s’ouvrent à la foi (les Compagnons d’Emmaüs, Lc 24 ; l’Eunuque éthiopien, Ac 8). Prêcher, c’est se mettre en chemin avec des personnes à l’écoute, ressentir et transmettre la Parole comme une force qui nous transforme. Cela peut et devrait se faire en lien avec la paroisse, sous forme de préparation et de discussion ultérieure de la prédication dans un cadre communautaire. L’Antiquité nous fournit déjà de magnifiques exemples de prédications porteuses d’une force qui transforme. « Plein de charmes est le printemps », s’extasie l’illustre Père de l’Église grec Jean Chrysostome dans la première phrase de ses homélies sur la Genèse relatives au jeûne. Il entraîne son auditoire par la pensée dans des paysages débordant de fleurs et sur une mer apaisée après les tempêtes d’hiver, où les navires sont entourés de dauphins qui jouent. Mais plus charmant encore, poursuit-il, est le temps du jeûne, le printemps des âmes qui nous pro-

– « Prêcher veut dire faire un chemin avec ceux qui écoutent … »


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met des couronnes de grâces spirituelles et où les flots des passions insensées sont calmés par la sérénité véritable. À sa manière très libre, attachante mais aussi parfaitement claire et déterminée, ce grand prédicateur du IVe siècle prend ses auditeurs là où ils se trouvent et les mène là où il peut les faire progresser intérieurement. Beaucoup plus tard, dans son 12e discours, il s’intéresse aux effets de la prédication dès que les personnes quittent l’église pour rentrer chez elles. Dans des phrases impressionnantes, qui font mal mais ne rendent pas amer, il aiguise leur conscience par un plaidoyer en faveur des nombreux pauvres qui jalonnent leur chemin dans la Constantinople de la fin de l’Antiquité. Prédication politique ? Certainement aussi, une prédication pour la cité, pour la collectivité et pour la vie quotidienne. Le surnom de Chrysostome signifie d’ailleurs « bouche d’or ». Aujourd’hui encore, on peut beaucoup apprendre de ce collègue. Si la prédication intègre aussi la collectivité au-delà de la paroisse et de l’Église, l’inverse est-il vrai ? La prédication est-elle perçue comme un élément de la culture publique, comme un art des mots, comme une forme particulière de littérature ? Nous devrions nous engager pour qu’elle le soit, dès lors que l’Église participe à la vie publique et l’influence. Les pasteurs écrivains, de Jeremias Gotthelf à Kurt Marti, ne sont pas les seuls à témoigner de la force littéraire de la prédication. On trouve des pages de prédication chez des auteurs très éloignés de l’Église, dans La Symphonie pastorale d’André Gide par exemple, mais aussi chez de jeunes écrivains contemporains (cf. l’alternance entre récit et citations néotestamentaires dans Estive, de Blaise Hofmann). Comme l’a montré le géographe culturel Emil Egli, une partie importante de la littérature géologique, paléontologique et de caractérisation paysagère de la Suisse du XIXe siècle est déterminée par le style du prêche réformé : la prédication rayonne dans des domaines qui paraissent très éloignés d’elle, et cette empreinte exercée au-delà de l’Église est toujours aussi souhaitable aujourd’hui. <

* OTTO SCHÄFER est chargé des questions théologiques et éthiques


16 bulletin Nº 2/2013

– Église et tourisme

Partager les bonnes idées : une plateforme pour projets chrétiens En vacances, les gens sont ouverts aux questions de sens, visitent les églises sur leur lieu de vacances et s’intéressent davantage aux offres ecclésiales. Beaucoup de paroisses proposent, à l’intersection entre Église et tourisme, des projets qui répondent à cet intérêt des vacanciers. Dommage que toutes les idées à ce sujet ne puissent se réaliser, dommage aussi que ces idées tombent rapidement dans l’oubli.

PAR BARBARA GRASS *

C’

est à partir de cette constatation qu’est née, au sein de la commission Église et tourisme de la Fédération des Églises, l’idée d’une « plateforme pour projets ecclésiaux dans les régions touristiques » sur la page Internet en allemand de la Fédération des Églises. Plus de 25 idées y sont aujourd’hui publiées. « L’idée est », dit la directrice de projet Barbara Grass, « de s’adresser à deux groupes cibles. » Il faut par exemple trouver des pasteur-e-s qui souhaitent proposer aux vacanciers dans leurs paroisses des offres touristiques. Pour les projets déjà réalisés, la plateforme présente les données de base, comme groupes cibles, but, déroulement, chances et risques. De plus, pour chaque idée, un contact est indiqué, où l’on peut s’informer plus en détail. Les projets peuvent être repris et développés. Quant à ceux qui ont déjà réalisé un projet avec suc-

cès, il faut qu’ils puissent le publier. Partager le message chrétien constitue, en fin de compte, la tâche centrale de l’Église. C’est aussi le but poursuivi par la plateforme www. geistreich.eu de l’Église évangélique en Allemagne EKD. Geistreich connecte les paroisses de toute l’Europe : c’est une plateforme d’idées avec des milliers d’exemples pratiques venus de pays et de contextes divers, aussi divers que les Églises protestantes. La Fédération des Églises a conclu avec geistreich.eu un double partenariat. C’est ainsi que les protestants suisses ont assumé la traduction française de la plateforme. Et il a été proposé de transférer les idées du site Internet de la FEPS sur la plateforme de geistreich.eu. Une situation gagnant-gagnant, tous les participants en conviennent. La plateforme de geistreich.eu s’adresse à un multiple du nombre des utilisateurs actuels. Elle profite tant à


Silvan Meier

Prendre le temps, réfléchir, savourer le calme, en vacances, on visite volontiers des églises.

ceux qui recherchent des idées qu’à ceux qui les publient. Le président de la commission Église et tourisme, Thomas Schweizer, confirme qu’il reçoit presque le double de demandes hebdomadaires pour sa publication « Ausbildung zum Pilgerbegleiter » (formation d’accompagnant de pèlerinage) depuis que le projet a été mis en ligne sur geistreich.eu. Et ceux qui souhaitent s’inspirer de projets déjà réalisés ont un choix d’idées incomparablement plus grand. De plus, la collecte d’idées sur geistreich.eu ne se limite pas au domaine Église et tourisme, elle concerne tous les domaines de la vie ecclésiale. <

* BARBARA GRASS Service Église dans les lieux touristiques, Evangelische Landeskirche des Grisons

Lier l’église au tourisme La commission Église et tourisme suit les évolutions dans le domaine des loisirs et du tourisme et réfléchit à leur signification pour les Églises protestantes de Suisse. La commission apporte des valeurs chrétiennes et éthiques dans les processus de travail du secteur des loisirs. Elle réunit des représentants des organisations de tourisme et des représentants des Églises protestantes de toute la Suisse. La plateforme d’idées tout comme le projet « Portes d’églises ouvertes. Accueil et confiance » ont été lancés par la commission Église et tourisme. Informations sur http://www.feps.ch/fr/fonds-et-commissions/ commission-glise-et-tourisme


Au commencement était la Parole

Croire, réfléchir, agir

Croire, c’est être libre

Tout est grâce

Appelés à la liberté

Dieu croit en toi : tu es libre !

Votez – choisissez votre devise préférée sur : www.feps.ch/fr/marquedelareforme


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– Le Jubilé des 500 ans

La « marque » de la Réforme C’est un lieu commun de rappeler le grand impact que la Réforme a eu, par exemple sur l’histoire, la culture et la construction politique de la Suisse. Elle y a laissé sa marque, comme dans tant d’autres pays ou institutions en Europe ou aux États-Unis. Mais est-ce bien cela que nous voulons mettre en avant pour 2017 ?

PAR SERGE FORNEROD *

L

a question de savoir ce que nous voulons fêter est d’autant plus pertinente que 2017 n’est reliée à aucun événement réformateur en Suisse. C’est une date symbolique pour le monde protestant dans son ensemble. Zwingli arrive à Zurich en 1519, mais l’approbation officielle de la Réforme à Zurich n’eut lieu qu’en 1523. Il s’ensuivit une série d’affiliations locales ou régionales jusqu’en 1536 à Genève et à Lausanne. Préparer les 500 ans de la Réforme signifie donc pour la Fédéra­ tion : se préparer à un processus qui s’étend sur plusieurs années, voire plus d’une décennie. C’est une des raisons pour lesquelles un élément central du travail de préparation consiste à élaborer un concept de communication qui permette d’une part de valoriser les diverses histoires cantonales de la Réforme tout en les fédérant et les unifiant sous un chapeau commun, une marque commune, une identité visuelle commune. La « marque » de la Réforme qui doit nous occuper en premier lieu n’est donc pas de montrer les traces archéologiques, les empreintes de l’histoire des effets de la Réforme en Suisse (même si cela reste d’un intérêt et d’une utilité certains dans la so­ciété amnésique et la culture déracinée qui sont les nôtres), mais bien plutôt le produit, la marque « 500 ans de la Réforme ». Qu’avons-nous à dire ? Quel est notre message en cinq mots ? Notre slogan publicitaire ? Pourquoi les gens doivent-ils s’intéresser à notre foi ? Qu’est-ce qui la rend si attractive à nos yeux ? Pour initier cela, la Fédération a lancé dans les Églises une consultation autour de propositions pour un slo-

gan qui, ces prochaines années, devrait, muni d’un visuel lui aussi reconnaissable et attractif, accompagner toute communication, rencontre ou document de nos Églises dédié à la préparation des « 500 ans de la Réforme ». Ce slogan doit pouvoir pendant plusieurs années servir pour des affiches, un site internet, un livre, un prospectus de voyage ou un camp de catéchisme, etc. En cinq à sept mots, il doit exprimer le cœur de ce qui a provoqué la Réforme il y a 500 ans et qui reste entièrement valable et pertinent aujourd’hui. Les réformateurs n’ont pas voulu créer une Église, ils ne cherchaient pas non plus à mettre leur personne en avant. Ils voulaient redécouvrir le feu de l’Évangile pour tous les croyants, enfoui à l’époque sous des poussières de directives, de saints, d’obligations et de pouvoirs coercitifs. Ils voulaient retrouver la clé centrale du message biblique, le maître-code. À nous d’essayer de faire le même exercice aujourd’hui, dans les conditions qui sont les nôtres : vie de nos paroisses, société de loisirs et de consommation, nouveaux médias et village global, pluralisme confessionnel et religieux, individualisme et sécularisation. <

* SERGE FORNEROD est directeur du projet pour le Jubilé de la Réforme


20 bulletin Nº 2/2013

– Puiser dans la sérénité

Portes d’église ouvertes, églises espaces d’hospitalité Les quelque 1200 paroisses de Suisse sont « riches en pierre », en églises; dans un ou plusieurs lieux de réunion de la chrétienté, elles sont « ouvertes » aux êtres humains. Certaines églises protestantes sont aussi littéralement ouvertes en semaine. Il existe depuis longtemps des initiatives à ce sujet en Allemagne, devenues ensuite projets dans diverses églises de campagne. Désormais, dans le cadre de l’Evangelische Kirche in Deutschland (EKD), « Kirche in Freizeit und Tourismus » (église en congé et en séjour touristique) est une valeur sûre qui jouit d’une grande popularité, en Bavière par exemple.

PAR MICHAEL LANDWEHR *

E

n Suisse aussi, il existe diverses activités sur ce thème, par exemple à Saint-Gall, et ailleurs également. Le thème plaît. Pourquoi ouvrir seulement le dimanche ? Il existe manifestement chez les êtres humains le besoin de se rendre dans une église en l’absence de cultes. Dès le début, la paroisse protestante de Samedan a soutenu le projet « accueil et confiance » de la commission Église et tourisme à la Fédération des Églises. Rien d’étonnant, puisque le projet a été lancé par le pasteur du lieu, Michael Landwehr, pour les Églises en Suisse. Ayant depuis toujours ressenti une obligation face à la rencontre des thématiques touristiques et ecclésiales, et envisageant le fort potentiel des deux prestataires de services dans la région, il allait de soi pour lui de faire fructifier en Suisse cet aspect de l’ouverture des églises, même en dehors des cultes et des manifestations culturelles.

… pas seulement le dimanche à 10 heures

« Importer l’idée d’Allemagne, c’était une chose; mais adapter et mettre en pratique tel quel le projet en était une autre, malgré les évidents besoins locaux », souligne aujourd’hui ce pasteur engagé de l’Engadine. « Il faut beaucoup de travail de persuasion à tous les niveaux pour rendre réceptifs tous les décideurs dans les paroisses, qui sont parfois justement les sceptiques », poursuit Michael Landwehr. Il ne faut pas se laisser décourager, mais rechercher au contraire le dialogue avec toutes les personnes impliquées : présidences d’Église, concierges, organistes, pasteurs, diacres, secrétaires, membres de l’Office du tourisme, employés de l’Office du tourisme, etc. Le guide qui a été rédigé sous sa direction à la Fédération des Églises invite agréablement à ce thème, en donnant l’inspiration et l’information sur ce que l’on peut faire et sur ce à quoi il faut réfléchir. Outre la possibilité de commander cette


Michael Landwehr

Portes ouvertes à l’église de Samedan : les nombreuses inscriptions dans le livre d’or montrent que l’offre est souvent utilisée et rencontre un écho.


22 bulletin Nº 2/2013 Puiser dans la sérénité brochure à la Fédération des Églises ou de la consulter sur son site (www.eglise-tourisme.ch), la commission propose, en la personne du pasteur Landwehr, un peu d’accompagnement aux Églises intéressées. Le succès rencontré lui donne incontestablement raison : « Depuis, il y a de nombreuses églises ouvertes en Suisse, chez les protestants aussi. Une façon de distribuer ainsi en tant qu’Église de la région notre carte de visite ou de la compléter par une image positive de l’église fréquentée, qui ne se réduit pas seulement à ‹dimanche 10 heures›, mais qui accueille l’être humain tout entier avec hospitalité », explique Michael Landwehr. « Nous sommes ainsi près de Dieu et près des hommes. » Selon le pasteur, dans la région touristique de l’Engadine et particulièrement de la paroisse centrale de Samedan, en Haute-Engadine, de nombreuses personnes veulent voir l’église du village. « Nous avons commencé modestement par une pancarte en bois en forme de clé qui disait qu’on pouvait trouver la clé de l’église au magasin de fleurs en face. Puis nous avons passé à un système automatique. Cela a été possible parce que le processus à la base a convaincu. » Le pasteur Landwehr découvre au cours de nombreuses rencontres, tant avec des vacanciers qu’avec des habitants, une réaction très positive à cette ouverture. « Là où les églises sont visiblement ouvertes, des êtres humains de tout âge viennent et savourent un moment de pause dans la vie quotidienne ou les loisirs. Et parfois, il y a plus de visiteurs en semaine que le dimanche matin », sourit-il. La brochure le dit aussi : « L’église s’adresse à tous, gens de l’endroit, visiteurs de passage, personnes intéressées à l’art ou à l’architecture religieuse, pèlerins, touristes, personnes traversant une période difficile, indépendamment de la foi de chacun et de son lien à l’institution. L’église offre une atmosphère empreinte de la marque particulière de la paroisse, mais accueillante, qui pour ces visiteurs est une sorte de ‹culte› de tous les jours. Dans notre société en proie à tant d’agitation, les églises sont des lieux d’où rayonne une atmosphère apaisante. Elles sont une prédication de verre, de bois, de métal et de pierre. Elles invitent à aller au-devant de Dieu et à méditer. Ce sont des espaces de vie et non pas des musées. Redécouvrons-les comme lieux d’une spiritualité vivante et diverse, comme lieux de rencontre tous les jours de la semaine. » Les gens parlent au pasteur de

l’atmosphère bienfaisante, du calme et des pensées qui leur viennent sur leur chemin de vie, suscitées par le bâtiment et l’espace et leurs expériences à l’intérieur, et lui disent comment cela les accompagne dans leur vie. On peut lire aussi quelques belles remarques dans le livre d’hôtes : « Il est question d’une prière ou d’un remerciement pour une guérison, ou simplement d’une louange pour la beauté de l’église ou le calme dans celle-ci. » À travers ce livre d’hôtes et d’autres documents à lire, par exemple informations sur la paroisse ou gadgets à emporter – chocolats avec un verset de la Bible, papillons à peindre, sachets de thé avec une carte de salutations ou encore porte-clés en forme de cœur – l’église ouverte acquiert pour l’hôte qui y pénètre une note personnelle ; la paroisse se présente et se donne une image reconnaissable, à vivre et à expérimenter. « Une offre que l’on peut utiliser, mais sans devoir le faire. Église de flâneurs, église sur le chemin et en tant que communauté de chemin, aussi longtemps qu’on le veut, voilà ce qui est important pour moi », dit Michael Landwehr avant de conclure : « Les réflexions sont justement en cours chez nous sur un guide imprimé de l’église, qui présente aussi de manière rafraîchissante la paroisse, son profil et ses offres. Ou faut-il plutôt recourir à un média audiovisuel, sur Internet ? Ou peut-être encore former une charmante guide d’église ? » Les possibilités sont nombreuses. Peut-être que d’autres paroisses vont, elles aussi, ouvrir les portes de leur église dans l’accueil et la confiance. <

– « Les églises sont une prédication de verre, de bois, de métal et de pierre. Elles invitent à aller au-devant de Dieu et à méditer. »

* MICHAEL LANDWEHR est pasteur à Samedan et co-initiateur de la brochure « Accueil et confiance », disponible sur www.eglise-tourisme.ch


Michael Landwehr


24 bulletin Nº 2/2013

– Révision de la constitution

De la Fédération d’Églises à la Communion d’Églises Les Églises membres de la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) veulent renforcer leur alliance et affirmer plus clairement ce qui les unit.

PAR FELIX FREY *

L

es Églises membres de la FEPS ont décidé de redéfinir leur conception commune de l’Église. À cet effet, elles mènent un dialogue intensif depuis plusieurs années en vue de poser sur un fondement plus ferme à la fois leurs modalités de collaboration et leurs moyens d’action. Cette réflexion a lieu dans le cadre de la FEPS ; à ce jour, la FEPS est une association régie par le droit privé qui regroupe toutes les Églises protestantes cantonales, l’Église méthodiste ainsi que l’Église évangélique libre de Genève. Au terme de ce dialogue, les Églises membres ont décidé de doter la FEPS d’une nouvelle constitution. Désormais, il s’agira de choisir les dispositions qui permettront de préparer de manière optimale l’avenir commun.

Les temps changent

La constitution qui est en vigueur actuellement date de 1950, soit de l’immédiat après-guerre. Depuis, la socié­ té a connu de nombreux bouleversements. La pluralisa­ tion des formes de vie, l’individualisation et une tendance toujours plus forte à l’épanouissement personnel ont pour effet que l’Église ne bénéficie plus de la même position et de la même attention qu’alors. La perception de l’Église a également changé dans les moyens de communication de masse, où elle ne représente plus une autorité morale naturelle. Aujourd’hui, ce qui compte, c’est ce qui est nouveau, sensationnel et grisant. L’Église est encore au milieu du village. Mais sachons reconnaître les signes des temps : il faut que les


trickbuero.ch

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Renforcer la communauté et échanger parmi le peuple de l’Église à la Journée de l’Église

Églises membres de la FEPS trouvent sans tarder une réplique commune aux effets des bouleversements intervenus dans la société et dans le monde.

Un projet de constitution pour l’Église protestante en Suisse

Fin mai 2013, un projet de nouvelle constitution a été mis en consultation. Elle prévoit la création d’un nouveau synode, au niveau national, afin de renforcer l’unité des Églises protestantes et des communautés de foi ainsi que d’accroître la visibilité des Églises protestantes en Suisse. Aux termes de cette version en consultation, le Conseil les représentera au niveau national et en portera collégialement la responsabilité. La présidente ou le président du

Conseil représentera personnellement l’Église protestante dans le pays et à l’étranger. Les trois organismes, à savoir le Synode, le Conseil et le président ou la présidente du Conseil, formeront ensemble la direction de l’Église protestante en Suisse (EPS).

L’Église et la forme associative

Aux termes de la constitution en vigueur, la FEPS est une association de droit privé. Par conséquent, les dispositions qui prévalent actuellement ont le caractère de statuts d’association, qui ont un double objectif : la défense des intérêts des Églises membres et le renforcement du protestantisme en Suisse. Ces dispositions régissent aussi tous les aspects qui ont trait à l’identité ecclésiale commune.


26 bulletin Nº 2/2013 Révision de la constitution La nouvelle constitution que les Églises protestantes cantonales sont invitées à adopter dépasse ce statut d’association. En souscrivant aux nouvelles dispositions ancrées elles aussi dans le droit ecclésial, ces Églises réaffirment leur appartenance à une communauté ecclésiale. L’adoption de la nouvelle constitution doterait ainsi l’Église protestante d’une loi fondamentale applicable de manière homogène au plan national. Pour la première fois, les organes directeurs de l’Église protestante en Suisse seraient désignés selon des critères ecclésiologiques : le Synode est responsable de l’unité de l’Église, le Conseil de son témoignage et la présidente ou le président du Conseil de sa visibilité. Alors que le statut associatif existant doit être reconduit, il changera néanmoins de nom pour s’appeler désormais « Association Église protestante en Suisse » (association EPS). Ses compétences se limiteront au financement de l’Église et à la détermination des cotisations des membres. Le lien entre l’Église et l’association EPS demeure sous la forme d’un organe commun: le Conseil de l’Église, qui est le comité de l’association EPS. La direction de l’Église et la présidence de l’association seront donc assurées par un seul et même organe.

Au niveau des cantons, l’EPS cherche le centre des Églises cantonales : plus le Synode est fort, plus le dialogue est animé, plus l’EPS occupera une position centrale. Par ailleurs, l’EPS s’entend comme une Église, une Église au plan fédéral, mais qu’il ne faut pas confondre avec une Église cantonale, résultat d’une évolution intervenue sur un territoire limité, dans un climat politique et culturel spécifique, qui a su trouver les réponses à ses questions et qui continue de chercher les réponses aux problèmes du moment. La nature de l’EPS est celle d’une Église, qui n’a toutefois pas de territoire, mais qui dépend lui aussi du climat ambiant : au niveau fédéral, ce sont les attentes de la société, l’intérêt des médias, les spécificités du processus politique et la dynamique des événements au plan mondial qui font la pluie et le beau temps. Pour être prise au sérieux, on attend d’une Église au plan national qu’elle sache réagir rapidement, qu’elle soit visible, qu’elle parle d’une seule voix ; pour être considérée comme fiable, il faut qu’elle défende des positions. Par ailleurs, une telle Église a pour tâche de suivre de près l’actualité et de disposer d’une vue d’ensemble des évolutions si elle veut assumer son devoir de gardienne. L’EPS conçoit donc son rôle à la fois comme une Église au plan fédéral et comme un lieu de rassemblement pour ses Églises membres. Idéalement, ce lieu de rassemblement se trouve au centre de toutes les Églises, communautés de foi et mouvements protestants. Nous espérons que cette Église protestante en Suisse, dotée d’une constitution nouvelle, permettra à la voix protestante de mieux se faire entendre. Nous souhaitons aux Églises protestantes, aux communautés de foi et aux mouvements le meilleur départ possible vers un avenir commun. <

– « Une Église au niveau fédéral doit parler d’une seule voix, si elle veut être prise au sérieux. »

L’identité de l’Église protestante en Suisse

L’EPS veut être davantage que le plus petit dénominateur commun des Églises protestantes cantonales. Elle ne se considère néanmoins pas comme le fer de lance du protestantisme, pas plus que le reflet de la moyenne.

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* FELIX FREY est collaborateur scientifique « Droit et Société » à la Fédération des Églises

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seil de la a chargé le Con lée des délégués S d’élaborer En 2011, l’Assemb ntes de Suisse FEP urd’ hui Églises protesta projet est aujo Fédération des ion. Le texte du titut mer cons infor elle , vous une nouv s, par ce dépliant aiton souh la suite s rédigé. Nou ues ainsi que de ent innovations prév invitons cordialem des principales vous s nou out, s surt l’avenir du processus. Mai nte discussion sur à cette importa à prendre part se. nte en Suis de l’Église protesta

www.feps.ch

La version commentée de la constitution ainsi que d’autres matériels d’information et un film sont disponibles sur http://www.feps.ch/fr/ revision-de-la-constitution


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Glossaire Informations supplémentaires Journée de l’Église

Définir la légitimation de la Fédération des Églises :

Désormais, une Journée de l’Église sera célébrée tous les deux ans, en même temps que le Synode national. Cette manifestation a pour vocation de rassembler des personnes qui s’interrogent sur la foi chrétienne. Elle représente aussi un espace où les fidèles peuvent s’exprimer sur des questions de société et où ils peuvent prendre part à l’élaboration des stratégies du Synode.

la nouvelle constitution expliquera clairement le fondement légal qui permet à la Fédération des Églises de s’exprimer au nom de ses Églises membres. Elle définira à la fois les tâches et les compétences et mettra en place les conditions qui permettront à la Fédération des Églises de continuer d’agir comme partenaire fiable des autorités fédérales, des institutions nationales et des organisations internationales.

Les quatre objectifs principaux

Ancrer la constitution dans le droit ecclésial :

Renforcer la communauté ecclésiale : l’Église ne peut pas vivre en autarcie ; elle fait toujours partie d’un collectif plus vaste. La nouvelle constitution a pour vocation de créer un cadre de référence qui permet de renforcer ce sens de l’appartenance commune au sein des Églises protestantes et de mettre en place des espaces propices à la réflexion et à l’action communes.

juridiquement, la constitution en vigueur équivaut aux statuts d’une association ; elle définit d’une part les aspects qui relèvent du droit associatif ; d’autre part, elle régit toutes les questions relatives à l’identité commune d’Église. La nouvelle constitution entend séparer ces deux aspects et créer une base juridique claire pour l’Église protestante en Suisse ; quant aux aspects purement associatifs, ils seront réglés dans des statuts séparés.

Mieux exprimer la Nouvelle : les Églises cantonales se voient toujours plus souvent confrontées à la nécessité d’expliquer à la société à la fois leur institution et leur message. La nouvelle constitution doit notamment contribuer à trouver un langage commun et à mieux faire entendre notre cause dans la société.

Le droit ecclésial L’Église protestante en Suisse sera ancrée dans le droit ecclésial. Ce droit connaît des notions qui ne correspondent pas toujours à celles du droit général. L’Église est une communauté de foi et se distingue de toutes les autres communautés humaines par le

fait qu’elle doit son existence au principe d’élection divine : le droit de l’Église « ne connaît que les fondements et les limites de l’Église elle-même, à savoir les saintes Écritures ». « Le droit ecclésial doit impérativement être en accord avec les enseignements de l’Église concernant la justice et la loi divines, la justification par la foi et le règne de Jésus-Christ sur le monde. »

Une identité nouvelle La nouvelle constitution est davantage que les statuts d’une organisation qui prévoient la forme juridique, les membres et les organes. Elle contient des définitions concernant la nature et la vocation de l’Église et place l’Église ainsi constituée dans un contexte théologique. Elle a un caractère programmatique et correspond ainsi à la constitutionnalité ecclésiale moderne.

Faire avancer l’Église ensemble La Fédération des Églises présente le film intitulé « Faire avancer l’Église ensemble » sur son site internet. Dans le rôle principal, on trouve une pasteure qui découvre que le nouveau Synode national et sa paroisse renferment des ressources inouïes. En deux minutes, ce film montre un effet et une histoire rendus possibles par la nouvelle constitution.


28 bulletin Nº 2/2013

Tribune de la grande salle : Au milieu, le président de la KEK (jusqu’en 2013) métropolite Emmanuel de France; à sa droite le secrétaire général de la KEK, le pasteur Guy Liagre (Belgique).

– « Pourquoi donc hésiterais-tu ? »

Assemblée générale de la Conférence des Églises européennes (KEK) à Budapest « Pourquoi donc hésiterais-tu ? » (Ac 22,14–16) Cette question adressée à Paul lorsqu’il séjournait à Damas a été choisie comme thème par la Conférence des Églises européennes (KEK) pour son assemblée plénière qui s’est tenue à Budapest du 3 au 8 juillet 2013. À l’agenda de cette rencontre des Églises membres de toute l’Europe, un débat sur la KEK et sur sa mission dans une Europe en mutation et, plus concrètement, sur une nouvelle constitution.

PAR ESTHER SUTER *

E

mmenée par la vice-présidente de la FEPS, la pasteure Kristin Rossier, une délégation de six personnes de la FEPS a assisté à cette assemblée plénière qui réunissait 470 personnes. La FEPS, qui est membre fondateur de la KEK, entretient de multiples relations avec cette institution, notamment en sa qualité de membre du comité central et de la présidence. Le pasteur Serge Fornerod, responsable du dé-


Peter Kenny


30 bulletin Nº 2/2013 Assemblée générale de la Conférence des Églises européennes (KEK) à Budapest

La délégation suisse en discussion animée : de g. à d. Daniel Schmid Holz, Kristin Rossier, Thomas Gottschall

partement Relations extérieures de la FEPS, a animé la commission « Église et société » ; à l’intérieur de cette commission, le pasteur saint-gallois Daniel Schmid Holz est membre du groupe « Formation et société ». Charlotte Kuffer, une autre déléguée, qui est la présidente du Conseil de l’Église de Genève, a collaboré aux travaux de

révision de la constitution de la KEK au sein du groupe de travail formé à cet effet lors de l’assemblée plénière de Lyon en 2009. Au comité central, elle a repris le siège de Thomas Wipf, l’ancien président de la FEPS. La délégation de la FEPS se composait par ailleurs d’Annina Hirsbrunner, qui représentait les jeunes, ainsi que du pasteur

Échange entre protestants, anglicans, catholiques-chrétiens et orthodoxes – l’Assemblée générale de la KEK


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Déléguée jeunesse (YWCA) : Nora Bandixen discute avec la déléguée jeunesse de la FEPS Annina Hirsbrunner

Thomas Gottschall, membre du Conseil de l’Église du canton des Grisons.

La KEK bâtisseuse de ponts

La création de la KEK remonte à 1959, sur fond de Guerre froide. Elle s’est donné pour vocation de maintenir les relations entre les Églises situées de part et d’autre du Rideau de fer, sur une base œcuménique. Elle a célébré son cinquantenaire lors de l’assemblée plénière de Lyon en 2009, constatant qu’un objectif important avait été accompli depuis sa fondation : la fonction de passerelle entre les Églises de l’Est et de l’Ouest avait effectivement pu être intensifiée durant la période de la Guerre froide. Son existence a donc contribué de manière significative à la disparition du Rideau de fer en 1989. Les trois Assemblées œcuméniques européennes qui ont eu lieu depuis lors à Bâle (1989), Graz (1997) et Sibiu (2007) ont été organisées en collaboration avec le partenaire de la KEK, le Conseil des conférences épiscopales européennes (CCEE). Lors du culte d’ouverture de l’assemblée de Budapest cette année, le cardinal Péter Erdö, primat catholique de Hongrie et président du CCEE, a rappelé les relations constructives entre le

CCEE et la KEK ainsi que « l’importance stratégique » de l’assemblée plénière, compte tenu du futur commun des deux organisations. Aujourd’hui, la KEK comprend 126 Églises orthodoxes, protestantes, anglicanes et catholiques-chrétiennes, ainsi que d’autres communautés minoritaires de tous les pays d’Europe. Elle compte aussi 40 organisations au statut de membres associés. À l’ordre du jour de Budapest figurait aussi le « Rapport d’Uppsala », un document soumis au scrutin de l’assemblée plénière qui contenait des recommandations pour une réforme de la constitution en vigueur depuis 1992. Selon ce rapport, la nouvelle constitution a pour but de permettre à la KEK de remplir sa vaste mission de manière plus ciblée en Europe ainsi que de donner davantage de visibilité au témoignage des Églises chrétiennes dans les processus décisionnels en Europe. Aux termes de l’art. 17 de la Convention de Lisbonne, l’Union européenne garantit le dialogue avec les religions, les Églises, les communautés de foi et la société civile. Le bureau de la KEK à Strasbourg, qui entretient les relations avec le Conseil européen, sera maintenu, alors que l’ancien siège principal sera transféré le plus rapide-

– « La KEK a été créé en 1959, sur fond de Guerre froide. »


32 bulletin Nº 2/2013 Assemblée générale de la Conférence des Églises européennes (KEK) à Budapest ment possible de Genève à Bruxelles pour être regroupé dans le bureau local de la KEK dans cette ville.

Suppression de la règlementation des quotas

L’élaboration de la nouvelle constitution a nécessité de nombreux compromis : ainsi, un régime de quotas en vigueur depuis vingt ans, qui garantissait une représentation équilibrée des sexes et des classes d’âge au comité central, a manqué la majorité de peu. De même, une partie des organisations associées perdent le statut d’observateur, notamment des associations de jeunes et de femmes. Selon Serge Fornerod, la suppression du statut d’observateur des associations partenaires et la suppression du quota pour jeunes et pour femmes correspond plutôt à un « changement d’étiquette qu’à un changement de paradigme ». Ainsi, la composition du nouveau Conseil tiendra strictement compte des quotas. D’ailleurs, une déléguée qui avait combattu la suppression des quotas s’est montrée élogieuse quant à la composition du nouveau Conseil, équilibrée et soucieuse des minorités. « La voix de la Suisse protestante doit se faire entendre à Bruxelles », par exemple lorsqu’il est question de droits humains et de choix éthiques, estime Kristin Rossier, pour expliquer l’importance de la KEK pour la FEPS ; pour Serge Fornerod, la KEK était l’un des rares forums où des contacts ont pu avoir lieu avec les Églises orientales, telles que l’Église orthodoxe, durant la Guerre froide. « En sa qualité d’organisation de portée continentale, la KEK reste aujourd’hui la seule plateforme paneuropéenne qui regroupe protestants, anglicans, catholiques-chrétiens et orthodoxes. Elle réunit les Églises membres du Conseil mondial des Églises et elle est l’organisation partenaire du CCEE. Elle regroupe les Églises et les réseaux protestants à vocation sociale et éthique qui accompagnent le travail de la Commission européenne. »

La KEK – une plateforme pour toute l’Europe

La nouvelle constitution a été adoptée  ; il revient au nouveau Conseil de la KEK, élu le 8 juillet, de définir la stratégie. Les débats ont montré qu’il est souhaitable de créer des structures plus efficaces qui permettent une collaboration plus intense ; jusqu’ici, l’impression prévalait que la KEK n’a pas seulement une, mais plusieurs stratégies, assorties d’autant d’organes responsables. Cette situation a produit des conflits et des doutes quant à l’utilité de la KEK, explique M. Fornerod. Aujourd’hui, « la KEK a agencé ses travaux autour de trois thème communs à la

plupart des Églises européennes : le travail d’observation des évolutions sociales et éthiques qui interviennent dans l’UE, la question de la migration et du droit d’asile ainsi que la réflexion œcuménique et théologique et les relations œcuméniques en Europe ». Quant à la coordination des travaux de portée internationale, ce sont les Églises nationales concernées qui seront mises à contribution. Ce sont les mêmes Églises qui entretiennent des bureaux nationaux et qui ont voté en faveur du transfert de la KEK de Genève à Bruxelles. « Un nouvel équilibre devra être trouvé entre relations bilatérales et multilatérales par rapport à l’UE. Mais l’UE et le Conseil européen, en présence de leurs partenaires et interlocuteurs, savent parfaitement faire la distinction entre intérêts nationaux et intérêts européens. C’est même leur pain quotidien depuis quarante ans », précise M. Fornerod. <

* ESTHER SUTER est théologienne et journaliste spécialisée BR SFJ/ASJ


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– Commentaire

Plus proche de la réalité –  de la vie des Églises

ont porté le projet jusqu’ici et pourront assurer une mise en œuvre se déroulant sous les meilleurs auspices.

C’est donc un vrai défi que les Églises européennes ont réussi à relever à BudaLa FEPS se réjouit du résultat de l’Assemblée générale pest, compte tenu de la difficulté de la de la Conférence des Églises européennes (KEK) de tâche, de la complexité des sujets et des Budapest : la nouvelle constitution est l’aboutissement relations œcuméniques actuelles, compte tenu également des enjeux que cela red’un effort intensif et de longue haleine. présentait pour de nombreuses Églises et groupes d’intérêt. L’ordre du jour extrêmement chargé, à la limite du supportable pal, sont déplacés dans le règlement d’ap- et du gérable (avec la multiplication des PAR SERGE FORNEROD plication (ainsi la représentation équitable amendements et sous-amendements) directeur des relations extérieures des diverses minorités). La vision et la mis- a souvent mis l’ensemble du processus sion proposées ont été précisées mais pas en question. Mais finalement la volonté modifiées dans leur essence, les objectifs ela fait de nombreuses années et la nécessité d’arriver à un résultat dans thématiques concrets ont été limités au que la KEK souffrait de dysfoncles conditions et les délais donnés ont strict minimum pour satisfaire les futures tionnements et de problèmes prévalu. Évidemment, le parcours est enexigences légales belges, la transition pré- core loin d’être terminé. Un tel processus de coordination internes. La KEK s’était vue entre le droit suisse et le droit belge a de changement provoque des frustrafortement développée au tout début du siècle avec l’intégration des thèmes « Église été prévue avec précision, l’importance du tions, des malentendus, des tensions. La bureau de Strasbourg réaffirmée. et société », puis « Migration », mais sa nouvelle constitution ne garantit en rien structure restait davantage une addition que la KEK va se métamorphoser en deux La FEPS avait fortement soutenu la motion jours en un magnifique papillon. Elle en de sous-structures plutôt indépendantes présentée à Lyon pour déclencher le proqu’un corps organisé et conduit de macrée simplement les pré-conditions en nière unie. Plusieurs tentatives de réforme cessus de révision et a ensuite activement clarifiant et simplifiant les buts, les méparticipé au travail du Revision Working internes ont échoué ou se sont enlisées. canismes de collaboration et de gestion. Group. Par sa présence au Comité central Finalement, la tactique proposée à l’AsMais elle requiert surtout davantage de et dans les diverses commissions de la KEK, participation active de la part des Églises, semblée de Lyon en 2009 (et qui avait la FEPS a veillé à coordonner ses interven- plus d’interactivité, et le respect des engaprovoqué tellement de commentaires tions dans les différents organes pour que gements pris, y compris financiers. négatifs) s’est avérée la bonne : c’est par le tout s’emboîte aisément, en accord avec un mandat direct du plus haut organe les autres acteurs principaux du processus, La nouvelle KEK se caractérise également de la KEK, l’Assemblé générale, que la dynamique nécessaire a été donnée pour que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de par une vision plus réaliste de ce qu’elle la KEK. Lors de l’Assemblée de Budapest, provoquer les changements voulus. Le peut atteindre et réaliser et revisite avec travail du groupe de travail de révision de la délégation FEPS a activement participé une certaine modestie de bon aloi les au travail de rédaction d’amendements la constitution (Revision Working Group grands objectifs œcuméniques des RWG) a été reconnu et très largement suivi importants et contribué à la clarification années 70 et 80 qui l’ont marquée si juridique du texte. Elle a en outre conduit par l’Assemblée de Budapest de 2013. Les longtemps. Ce faisant, elle se rapproche deux modifications principales apportées le travail de réflexion du Comité des direc- de la réalité de la vie des Églises dans leur au « Rapport d’Uppsala » du RWG concer- tives pour fixer les points incontournables ensemble et représente un instrument de référence auxquels le nouveau Conseil de travail plus adapté aux conditions de nant la taille du Conseil (20 membres au doit veiller pour conduire efficacement lieu de 15) et la représentation orthodoxe vie des Églises en Europe aujourd’hui. Elle la KEK dans des eaux plus sereines ces (garantie à 25% dans le texte de la constioffre une chance pour rendre plus visible prochaines années. tution) ne remettent pas l’ensemble de et concret le témoignage commun des < la nouvelle logique en question. Le texte Églises dans l’Europe du XXIe siècle. demeure mince et stratégique. Les détails La FEPS approuve en particulier que le opérationnels, tout en restant mentionnés nouveau présidium de la KEK élu à Budaen tant que principes dans le texte princi- pest soit constitué de représentants qui

C


Keystone, Gaetan Bally

– Le débat théologico-ecclésial sur le Spiritual Care

Entre santé et salut Les rapports entre théologie et médecine ne sont pas toujours faciles. Le discrédit jeté sur les médecins anatomistes par les Pères de l’Église Tertullien et Augustin a durablement influencé le cours de la médecine en Europe. Entre-temps, les cartes ont été redistribuées.


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Le mode de partage du travail entre Église et médecine est remis en question.

PAR FRANK MATHWIG

À

plus d’une reprise, la théologie et les Églises se sont trouvées à court d’explications face à une vision du monde dominée par les sciences naturelles et notamment par l’approche biologiste véhiculée par la médecine moderne. En cas d’urgence médicale, les chrétiennes et les chrétiens s’en remettent aux « demi-dieux en blanc », sans tenir compte des éventuels effets secondaires, et non au « Christus medicus » (cf. Ex 15,26) et au « Sauveur » (cf. Catéchisme de Heidelberg, 1re question). La théologie moderne a son explication à ce phénomène : il convient de faire une distinction nette entre art médical et salut divin. Cette approche ne coïncide pas tout à fait avec les miracles qui apparaissent dans le Nouveau Testament où santé du corps et salut de l’âme vont de pair. La répartition fonctionnelle des compétences se défend néanmoins, pour des raisons pratiques, mais aussi parce qu’elle évite qu’Église et médecine entrent en collision. Depuis peu, ce mode de partage du travail entre Église et médecine est remis en question. La médecine, palliative surtout, intervient dans un domaine jusqu’ici exclusivement réservé aux Églises et aux communautés religieuses, à savoir la religiosité et la spiritualité humaines ainsi que l’accompagnement spirituel. Depuis la fin des années 1960, les pays anglo-saxons ont enregistré un « tournant spirituel ». La percée de la spiritualité dans le domaine médical a été notifiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui, en 1995, a introduit la catégorie « Spiritualité/Religion/Personal beliefs » dans le questionnaire de son enquête sur la qualité de vie en matière de santé. Les personnes religieuses le savent depuis toujours et la médecine et la psychologie le constatent aujourd’hui : les ressources spirituelles (stratégies d’adaptation ou « coping strategies ») ont un effet positif sur la manière de faire face et de surmonter les maladies, sur la prévention de certains facteurs de risques ainsi que sur la satisfaction générale des personnes. En Suisse aussi, l’accompagnement spirituel constitue une prestation de service très demandée dans le cadre des soins palliatifs.

Les Directives nationales concernant les soins palliatifs (2010) affirment : « L’accompagnement spirituel contribue à la qualité de vie subjective et au maintien de la dignité de la personne face à la maladie, la souffrance et la mort. Il soutient les personnes face à leurs besoins existentiels, spirituels et religieux, lorsqu’elles recherchent le sens de leur existence, des certitudes ou une solution à une situation de crise. Il intervient en tenant compte du vécu, du système de valeurs et de croyance de la personne malade. » Cette perception de la spiritualité reflète de manière typique les expériences de notre époque : le retour des religions associé d’une part aux vagues de flexibilisation et d’individualisation largement débattues, d’autre part. À la dissolution des milieux religieux traditionnels, à l’individualisation et à la privatisation des pratiques religieuses, à la progression d’une « religiosité » hors institution et orientée vers la consommation correspond une définition de la spiritualité qui met l’accent sur la réflexion individuelle, sur la perception de soi ou encore sur le dépassement de soi.

Une spiritualité à la Fifi Brindacier –  believing without belonging

La quête spirituelle nouvelle, qui recherche une explication à l’univers, au sens de la vie et une orientation, représente un réel défi que l’aumônerie hospitalière de l’Église est appelée à relever. Les réactions sont partagées. D’un côté, il y a la satisfaction de voir que les milieux médicaux reconnaissent la valeur de l’accompagnement spirituel au chevet des malades ; de l’autre côté, il y a la question de savoir comment concilier la demande de spiritualité ainsi formulée et les objectifs de l’accompagnement spirituel chrétien. Les avis divergent à ce sujet. S’y ajoutent des réflexions pragmatiques et qui relèvent de la politique ecclésiale  : cette demande d’accompagnement spirituel fourni par l’Église ne constitue-t-elle pas une chance compte tenu de la perte d’influence de l’institution ? Ne faut-il pas monter dans le train en marche et surmonter les réserves d’ordre théologique ? N’est-ce pas une possibilité


36 bulletin Nº 2/2013 Le débat théologico-ecclésial sur l’accompagnement spirituel bienvenue pour l’Église pour regagner du terrain dans la société ? Le malaise est profond. Il suffit de consulter la littérature théologique en langue allemande pour voir que la spiritualité a été longtemps négligée et que ce n’est que durant le dernier tiers du XXe siècle qu’on la voit réapparaître progressivement. Mais qu’entend-on par « spiritualité » au sens chrétien et ecclésial du terme ? Dans les milieux spécialisés, on distingue une spiritualité de tradition « latine » et une spiritualité de tradition anglo-saxonne. Alors que le terme de « spiritualité » est dû à la théologie des ordres catholiques français (XVIIe siècle – début du XXe siècle), celui de « spirituality » émerge à la fin du XIXe siècle dans le monde anglo-saxon. La tradition catholique traduisait « spiritualité » par « piété » et associait à cette notion celle d’une vie « issue de l’esprit », « dans le Christ » ou « dans le royaume imminent de Dieu ». Ce type de spiritualité se caractérisait notamment par des exercices spirituels prédéfinis et par une communauté ecclésiale très affirmée. La filière anglo-saxonne, quant à elle, se concentre sur une perspective avant tout individuelle et sur l’intériorisation subjective par les individus, en général indépendamment de toute communauté religieuse « officielle ». Pour ce qui est de la spiritualité au chevet des malades, on peut en simplifiant dire que, aujourd’hui, les Églises sont orientées vers le modèle latin et la médecine vers le modèle anglo-saxon. Toutefois, ces deux traditions ne sont pas totalement autonomes : la théologie protestante s’est toujours distinguée par son regard non dogmatique sur la pluralité et sur l’individualité personnelle. Les efforts de médiation entre un accompagnement spirituel individualiste et un accompagnement spirituel au sens chrétien en témoignent. Le théologien pratique Traugott Roser, pour sa part, estime que la spiritualité est « uniquement et exclusivement ce qu’entend par là le patient lui-même ». À un moment donné, le patient a un besoin spirituel spécifique qu’il ressent comme tel et qu’il communique à la personne en charge de l’aumônerie hospitalière. On peut néanmoins se demander si la dimension spirituelle que l’interlocutrice pourra donner à la rencontre comblera réellement les attentes du patient. C’est ce que Roser semble penser, lorsqu’il affirme

que le caractère indéterminé de la spiritualité garantit la liberté individuelle face à « l’emprise de certaines religions et communautés religieuses ». Selon ce théologien, spiritualité est synonyme d’« indisponibilité » de la personne au sens de la liberté religieuse, y compris par rapport à sa propre communauté religieuse. L’existence d’une spiritualité d’un genre nouveau, critique face aux institutions, est indéniable. Cette spiritualité nouvelle se manifeste sous un aspect libéré à la fois des dogmes, du « ballast christianisant » (Doris Nauer) et d’une histoire de la chrétienté entachée de zones problématiques; elle se veut universelle et pacifiste, fruit d’une volonté individuelle et revendique l’authenticité, par opposition au fondamentalisme ecclésial, à son ardeur militante et missionnaire, résultat d’une adaptation collective et d’un apprentissage social. Dans cette définition de la spiritualité, l’Église sert – plus ou moins explicitement – de contre-exemple pour une interprétation émancipée de la spiritualité. Une telle vision est adoptée par de nombreux membres de l’Église. La spiritualité individualiste représente pour eux le moyen tant attendu de se libérer d’une communauté ecclésiale perçue comme autoritaire et bigote. Il est indéniable que la soif d’une forme nouvelle de spiritualité puisse aussi exprimer une insatisfaction par rapport à une Église aux rituels perçus comme inanimés, trop éloignée de la réalité vécue. Les réformateurs savaient que l’Église ne peut être l’Église de Jésus-Christ que si elle est constamment en réformation. Toutefois, cette exigence réformatoire de la communauté ecclésiale a un but qui est très loin d’une promotion de sa suppression. Si la spiritualité découle effectivement d’un besoin individuel, la foi chrétienne ne peut pas se « fabriquer », ni individuellement, ni collectivement. La philosophie de vie qui se résume par « je me fabrique un monde [une spiritualité] comme il me plaît » ne fonctionne que dans l’univers de Fifi Brindacier. La réponse de l’Église à la douleur humaine est précisément que dans la détresse, les personnes ne sont pas abandonnées à leur propre sort et qu’elles sont au contraire dépendantes de prestations professionnelles et sociales dont l’utilité ne fait aucun doute. Affirmer que chaque personne produit sa propre spiritualité, c’est toutefois suivre la logique du baron de Münch-

– Pour le théologien praticien Traugott Roser, la spiritualité est « uniquement – et exclusivement – ce que le patient en pense ».


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hausen qui prévoit de se sortir de son bourbier en tirant sur sa propre tresse : toutefois, le stratagème du fameux baron, roi des menteurs, ne marche pas, faute d’appui pour faire fonctionner le levier d’Archimède ; de la même manière, une spiritualité construite individuellement manque de référentiel capable de donner un sens ou de générer des relations. La foi chrétienne ne vient pas de l’intérieur, de l’humain, mais de l’extérieur, de Jésus-Christ ; c’est lui qui la transmet aux humains. La spiritualité chrétienne est par essence un don, qui se constitue dans la relation entre la personne qui offre et celle qui reçoit. L’espace où intervient cette relation est la communauté chrétienne qui se fonde sur ce don. Spiritualité chrétienne est synonyme de spiritualité ecclésiale, vécue dans une unité indissoluble constituée de la pratique spirituelle personnelle et de la communauté spirituelle.

Assumons nos lacunes : l’accompagnement spirituel des Églises au-delà de la perte d’identité et des contraintes d’adaptation

les aumônières en milieu hospitalier : l’intérêt des patientes et des patients pour l’accompagnement spirituel est inversement proportionnel à la déclaration de la patrie spirituelle de la personne qui propose cet accompagnement. Ces expériences, parfois frustrantes, génèrent une attitude défensive : mieux vaut se taire que susciter le rejet. Une telle stratégie n’a rien de répréhensible tant qu’elle ne se transforme pas en message autonome. Les besoins des patients ne doivent pas se transformer en prescription normative qui régit l’accompagnement spirituel. Si c’était le cas, l’accompagnement spirituel se réduirait au rôle de complice de l’intérêt hétérogène des patients. L’accompagnement spirituel fourni par les Églises n’est pas seulement confronté au pluralisme religieux, il en fait lui-même partie ; il revendique donc, y compris par rapport aux patientes et aux patients, sa place dans le concert des voix – qui sont nombreuses – ainsi que le droit d’être respecté. N’étant justement pas cheffe mais membre du chœur, elle doit présenter son message avec conviction et de manière communicative. Cette invitation est à prendre au pied de la lettre. Car la tradition biblique et chrétienne dispose de tout un trésor de psaumes, de cantiques, de prières et de textes qui touchent et qui consolent, même dans des situations où il n’y a plus rien à dire. La définition de la spiritualité donnée par la médecine n’apporte rien à l’accompagnement spirituel offert par les Églises. En revanche, l’Église et la théologie feraient bien de s’inspirer de la conviction avec laquelle la médecine présente ses arguments. <

– « L’intérêt des patientes et patients pour l’aumônerie est inversement proportionnel à l’affichage de la patrie spirituelle des responsables d’aumônerie. »

Les débats menés sur la spiritualité dans le contexte médical constituent un défi pour la théologie et pour l’Église, chaque aumônier ou aumônière en milieu hospitalier en sait quelque chose. Alors que les compétences de ces derniers sont plus demandées que jamais, le fondement ecclésial de leur action est souvent rejeté avec véhémence. Gian Domenico Borasio, spécialiste de la médecine palliative, propose aux Églises une solution qui est une provocation, mais aussi d’une simplicité étonnante pour venir à bout du dilemme. Lorsque le médecin demande au patient s’il souhaite un accompagnement spirituel et que ce dernier répond « Vous savez, je ne suis pas très pratiquant », le médecin répond : « Nos aumôniers non plus. » Si cette anecdote peut servir à amuser une conférence médicale, aux oreilles de l’Église, elle a un goût amer, car elle se constitue d’un amalgame de gêne, de désillusion et de bradage de la foi. Si elle dit vrai, l’Église n’a plus rien à faire dans l’accompagnement spirituel en milieu hospitalier ; et s’il s’agit d’une simple boutade, il faut tout de même se demander ce qui a poussé le médecin en question à la formuler. A-t-il mal écouté ? N’est-il pas très religieux luimême ? N’est-il simplement pas intéressé ? Quoi qu’il en soit, son avis rejoint l’expérience faite par les aumôniers et

Compléments d’information

Interview en vidéo : trois questions à l’auteur, Frank Mathwig, chargé des questions de théologie et d’éthique https://vimeo.com/76027056


– Sustainable Development Goals SDG

Mopic – Fotolia.com

38 bulletin Nº 2/2013

Des objectifs œcuméniques pour le développement durable ? En adoptant les Objectifs du millénaire pour le développement, les Nations unies sont parvenues, pour la première fois, à s’accorder sur un engagement assorti d’objectifs concrets qui visent à supprimer les pires formes de souffrances, qu’elles soient dues à des raisons économiques, politiques ou sociales. En 2015, des objectifs de développement durable à validité universelle (Sustainable Development Goals, SDG) prendront le relais des Objectifs du millénaire, dans le cadre de l’agenda de développement de l’après-2015. PAR HELLA HOPPE ET OTTO SCHÄFER *


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C

onformément au principe des responsabilités communes, mais différenciées, les objectifs de développement durable se caractérisent par leur validité universelle, dont la responsabilité incombe à l’ensemble des pays membres de l’ONU et pas seulement aux pays en développement. Contrairement aux Objectifs du millénaire, les objectifs de développement durable seront orientés vers des buts sociaux, écologiques et économiques assortis d’un agenda de mise en œuvre prédéfini. Au plus tard depuis le sommet Rio+20, le processus de l’après-2015 a engendré une dynamique importante au plan mondial ; cette dynamique apparaît aussi bien au niveau des Nations unies et de la communauté des nations que dans l’économie privée, dans le débat académique et la société civile. Quant aux Églises, elles participent à diverses procédures de consultation nationales et internationales ou rendent possibles ces procédures. L’Assemblée générale du Conseil œcuménique des Églises (COE) qui aura lieu à Busan en octobre 2013 intervient à un moment crucial pour définir la contribution de l’œcuménisme au débat mené en vue de définir et d’orienter les objectifs du développement durable. Le COE est invité à encourager ses Églises membres à fournir une contribution substantielle à la mise en œuvre des futurs objectifs du développement durable en les faisant traduire dans les idiomes des communautés locales. Le principe des responsabilités communes, mais différenciées, adopté dès la Conférence de Rio de 1992, correspond à la définition chrétienne de la communauté mondiale : les charges doivent être supportées ensemble, mais de manière que les dommages soient réparés par leurs auteurs et que la contribution des plus forts au bien-être de tous soit plus importante que celle des plus faibles. Quelle forme la contribution œcuménique au débat sur les objectifs mondiaux du développement durable pourrait-elle prendre ? Dans un document d’impulsion qui sera présenté à Busan, la FEPS évoque neuf domaines possibles considérés du point de vue théologique et éthique (cf. encadré). À titre d’exemples, deux objectifs œcuméniques de développement durable sont présentés et commentés dans ce qui suit.

L’objectif œcuménique de développement durable « L’eau c’est la vie »

La communauté internationale est appelée à relever un défi de taille : garantir l’accès à l’eau à toutes et à tous, à

titre de droit humain. Parallèlement, il s’agit de mettre en place des systèmes d’évacuation des eaux usées. L’eau doit être considérée en tant que cycle; ce n’est qu’à cette condition que les ressources en eau resteront disponibles durablement. La pénurie d’eau due à des causes écologiques est étroitement liée à la problématique de la dégradation de la qualité des sols, qui peut aller jusqu’à la désertification. Toutefois, l’eau manque tout d’abord et principalement pour des raisons sociales : elle n’est disponible ni en quantité suffisante ni à un prix abordable à cause de conditions de vie gravement inégales et de l’application politique tatillonne des droits fondamentaux. Il existe des cas où la privatisation d’une partie des activités liées à l’approvisionnement en eau fonctionne, mais les expériences ne sont pas homogènes ; des analyses différenciées ont été effectuées pour déterminer les conditions cadres favorables (Rosemann 2003 ; Conseil œcuménique des Églises chrétiennes du Brésil CONIC/Conférence épiscopale du CNBB/Fédération des Églises protestantes de Suisse/Conférence des évêques suisse 2005). Quoi qu’il en soit, les pouvoirs publics ne pourront jamais abandonner la responsabilité globale pour l’approvisionnement en eau sans sacrifier les droits des plus démunis et, par conséquent, la cohésion sociale. Cette problématique a aussi une composante genrée : dans beaucoup de régions touchées par la pénurie d’eau, ce sont les femmes et les enfants, mais surtout les filles, qui sont chargés d’acheminer l’eau ; or, les puits sont toujours plus éloignés et les heures de marche toujours plus longues. Du point de vue théologique, il faut rappeler la signification spirituelle de l’eau, qui est présente dans toutes les religions, y compris dans le judaïsme et le christianisme ; de même, il faut rappeler le rôle de révélateurs de la justice sociale que constituent les droits des pauvres. Des fleuves d’Eden de la Genèse (2,10–14) au fleuve d’eau vive de l’Apocalypse (22,1), l’eau joue un rôle clé dans la vie et les conceptions bibliques. Dans l’histoire du salut, les rencontres déterminantes interviennent souvent au bord d’un puits. Quant à l’eau du baptême, elle transforme la vie des fidèles en une vie de promesses. L’eau représente le besoin vital fondamental. Jean Chrysostome choisit d’ailleurs le verre d’eau pour symboliser le signe matériel le plus simple de l’amour du prochain ; pour ce Père de l’Église, ce verre d’eau est un sacrement, au même titre que le baptême et la sainte cène : le sacrement de la fraternité. L’« option pour les pauvres » renferme un approvisionnement sûr en eau. On trouve encore sur de nombreuses vieilles fontaines l’in-


40 bulletin Nº 2/2013 Sustainable Development Goals SDG vitation d’Ésaïe (55,1) « Ô vous tous qui êtes assoiffés, venez vers les eaux ». Et le prophète ajoute : « même celui qui n’a pas d’argent », car la promesse de ce qui nous désaltère et qui nous fait vivre ne relève pas de l’argent ; le prophète évoque d’abord l’eau, et ensuite « l’alliance perpétuelle » (Es 55,3) conclue entre Dieu et les hommes. Une première « déclaration œcuménique sur l’eau » a été adoptée lors de la 9e assemblée du COE à Porto Alegre

Impulsions de la Fédération des Églises pour la 10ème Assemblée générale du Conseil œcuménique des Églises à Busan Ecumenical SDG 1 :

L’eau c’est la vie Ecumenical SDG 2 :

Pour un secteur des finances au service de l’économie réelle Ecumenical SDG 3 :

Garantir l’accès à l’alimentation Ecumenical SDG 4 :

Pour une utilisation mesurée de l’énergie Ecumenical SDG 5 :

L’accès aux soins est un droit humain Ecumenical SDG 6 :

La société libérale a besoin de la diversité religieuse Ecumenical SDG 7 :

Œuvrer en faveur d’une paix plus juste Ecumenical SDG 8 :

Lutter contre la corruption en faisant passer l’intérêt général avant les intérêts particuliers Ecumenical SDG 9 :

Une politique migratoire respectueuse de la dignité humaine Après l’Assemblée générale du COE à Busan sera lancée dès mi-novembre 2013 sur la plateforme de dialogue Dialogue4change de Pain pour le prochain et Action de Carême une discussion sur le thème des objectifs durables œcuméniques : www.dialogue4change.org

en 2006 ; dans ce contexte, on a relevé l’excellente collaboration entre le Brésil et la Suisse lors de l’élaboration de la Déclaration œcuménique sur l’eau de 2005. Entre-temps, il aurait fallu réaffirmer cet engagement par une mise en œuvre systématique. Car le chapitre n’est pas clos, bien au contraire : il est d’une actualité brûlante. Les Églises et le COE (avec Ecumenical Water Network EWN) font bien de le réaffirmer sous la forme d’un objectif de développement durable. La Suisse, château d’eau de l’Europe mais aussi pays où siègent des entreprises fortement impliquées dans les démarches de privatisation de l’eau, a un rôle clé à jouer à cet égard. La société civile de l’Union européenne, en adoptant l’Initiative citoyenne européenne « L’eau est un droit humain », a prouvé que la question de l’eau ne laisse pas indifférente la population des pays industrialisés, même si ces derniers bénéficient d’un bon approvisionnement en eau. Il faut préciser que cette initiative citoyenne de l’UE est la première qui a abouti depuis l’introduction de cet instrument démocratique il y a une année. Dix ans après l’Année internationale de l’eau (2003), les Églises suisses ont donc autant de raisons de maintenir leur engagement dans ce domaine et de s’affilier aux réseaux internationaux.

L’objectif œcuménique de développement durable « Garantir l’accès à l’alimentation pour tous et pour toutes »

Leur « aptitude à la mise en pratique quotidienne » compte parmi les caractéristiques clés des récits de miracles du Nouveau Testament. Considérons dans ce contexte le rapport entre les éléments sacramentels « pain et vin » et les éléments quotidiens « pain et poisson ». Les miracles de Jésus relatifs aux repas se rapportent tous au pain et au poisson, aliments courants dans une société de pêcheurs galiléens des rives du lac de Tibériade : cinq pains et deux poissons se trouvent multipliés de manière à rassasier quatre mille à cinq mille personnes (Mc 6,30–44; 8,1–9). La communauté avec le Ressuscité se matérialise elle aussi dans un repas de pain et de poisson (Jn 21). Dans la description du miracle de la multiplication des pains et des poissons, la scène commence par une action de grâces et par le partage. Remercier et partager avant de travailler et de produire : cette inversion de l’ordre est un élément central, qui réapparaît dans le sacrement du pain et du vin. La force du pain est complétée par la gaité du vin et, ensemble, les deux éléments forment l’eucharistie, le terme grec pour « action de grâces ». Le Nouveau Testament illustre claire-


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ment le fait que le sacrement de la Cène n’est pas un acte sacré ritualisé, éloigné des préoccupations quotidiennes, ni une manière de fuir le monde. Car dans le quotidien, pain et vin deviennent pain et poisson : grâce à ce miracle, toutes les personnes présentes sont rassasiées, si la réunion commence par l’action de grâces et le partage. Parmi les œuvres d’entraide suisses et notamment parmi les œuvres ecclésiales consacrées à la coopération au développement, l’objectif « Garantir le droit à l’alimentation pour tous et pour toutes » est subdivisé en cinq rubriques : 1. Supprimer toutes les formes de malnutrition et de faim, y compris la sous-alimentation, les carences et les excès nutritionnels, afin de permettre à toutes et à tous de faire valoir leur droit à s’alimenter en tout temps. 2. Garantir que les petits paysans et les communautés rurales – notamment de femmes et de groupes défavorisés – obtiennent en tout lieu une subsistance et un revenu adéquats et puissent accéder aux ressources productives et aux biens. 3. Inaugurer un changement pour obtenir des systèmes agricoles et nutritionnels durables, différenciés et résistants, conserver les ressources naturelles et les écosystèmes et lutter contre la dégradation des terres. 4. Mettre fin aux pertes après récolte et aux autres pertes de denrées alimentaires ainsi qu’au gaspillage. 5. Mettre en place des processus de décision intégratifs, transparents et juridiquement équitables dans le domaine de l’alimentation, de la nutrition et de l’agriculture, à tous les niveaux (Alliance Sud et al. 2013) Il faut aussi mettre en relief le lien entre climat et alimentation mis en évidence par les œuvres d’entraide ecclésiales suisses Pain pour le prochain et Action de carême dans leurs campagnes œcuméniques communes, notamment dans celle de 2009 placée sous le titre « Un climat sain pour assurer le pain quotidien ». Tout récemment, les Nations unies ont émis une mise en garde à propos des conséquences du changement climatique dans leur Rapport sur le développement humain 2013. En cas d’inaction, le nombre des personnes qui vivent dans le dénuement total suite à des catastrophes écologiques pourrait atteindre le nombre de trois milliards d’ici 2050. Le réchauffement global risque d’entraîner un recul massif du développement, qui provoquera des distorsions importantes, tant dans les économies que dans les sociétés.

Après les crises financières des récentes années, les marchés financiers affichent un appétit croissant pour les marchés alimentaires : les activités spéculatives relatives aux matières premières qui surviennent sur les marchés des capitaux dépassent de loin le cadre des stratégies traditionnelles de couverture destinées à assurer les revenus des récoltes. Le négoce de produits financiers d’un type nouveau dans le domaine des matières premières fait grimper les prix sur le marché mondial, agissant de la sorte sur les prix pratiqués dans les pays en développement. La sécurité alimentaire est mise en péril et des famines sont ainsi provoquées (Bass 2011). Les femmes sont particulièrement touchées par la hausse du niveau des prix de denrées telles que les céréales, le riz et le soja, car elles sont en premier lieu responsables de la sécurité alimentaire. Simultanément, les femmes sont celles qui disposent de connaissances et d’une expérience considérables au niveau de l’exploitation des ressources naturelles ainsi que de leur conservation. Le rôle des femmes dans l’instauration d’un développement durable a toutefois été sapé jusqu’ici par les discriminations dont elles ont fait l’objet, telles que formation insuffisante, impossibilité d’accès à la propriété foncière et exclusion de positions professionnelles selon des critères équitables. Le respect des droits fondamentaux des femmes et les mesures en faveur de l’égalité femmes-hommes sont des ingrédients indispensables du développement durable. <

– « Après les crises financières, les marchés financiers montrent un appétit croissant pour les produits alimentaires. »

* HELLA HOPPE est directrice du Service de relations avec l’administration fédérale et chargée des questions économiques * OTTO SCHÄFER est chargé des questions théologiques et éthiques

Compléments d’information

Interview en vidéo : trois questions à l’auteur Otto Schäfer https://vimeo.com/76027055


42 bulletin Nº 2/2013

– Être ensemble en chemin

10 Assemblée générale du Conseil œcuménique des Églises e

Depuis l’Assemblée de fondation de 1948 à Amsterdam, les Assemblées générales (AG) constituent des moments clé dans la vie du Conseil œcuménique des Églises (COE), la communauté ecclésiale la plus représentative et la plus diverse dans le monde du fait de ses 350 Églises membres. La 10e AG du COE aura lieu du 30 octobre au 8 novembre 2013 dans la ville portuaire sud-coréenne de Busan.

PAR MARTIN HIRZEL

L’

intérêt ne porte pas sur le méga-événement en soi, qui réunit 3000 participants, mais bien sur le fait de porter en commun les questions et les tâches qu’ont aujourd’hui les Églises, sur les réflexions et sur les aperçus, sur la louange commune du Seigneur de l’Église, qui la conduit à travers les tempêtes des siècles. L’Église ici se montre ecclesia peregrinans, Église en pèlerinage ou peuple nomade de

Dieu qui, en dialogue avec le monde, chemine vers le Royaume de Dieu, lequel, ici et là déjà, apparaît et prend forme. C’est aussi en tant que « pèlerinage à Busan » qu’a été organisé le processus préparatoire de l’AG, afin de rendre visible le fait que des Églises de contextes divers sont en chemin avec le même unique horizon commun. L’Église s’y révèle de par son essence en tant que communauté transfrontière. Et la quête de l’unité de l’Église


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prime sur l’« être ensemble en chemin ». C’est la première fois que le COE tient son assemblée générale en Asie extrême-orientale. La Corée, avec le conflit entre Corée du Nord et Corée du Sud, les parts d’ombre et de lumière du boom économique sud-coréen, et une présence chrétienne croissante, offre là un contexte évocateur et fascinant. La rencontre œcuménique à Busan a pour devise « Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix ». Dans les réunions plénières sur le thème de l’unité des chrétiens, de la justice et de la paix, dans les dialogues œcuméniques et les ateliers sur des questions d’actualité comme dans les parties statutaires, l’Assemblée fixera l’orientation de la coopération œcuménique pour les huit prochaines années. Dans le dialogue et la reconnaissance du prochain, comme dans la prière et la célébration commune du culte, l’Assemblée s’interrogera sur les possibilités d’approfondir la communauté existante et sur la tâche de l’Église aujourd’hui. Comment l’unité de l’Église peutelle être vécue de façon nouvelle, par-delà les obstacles souvent jugés insurmontables entre les diverses Églises membres ? Comment ces Églises peuvent-elles, à travers

le COE, répondre ensemble et efficacement à l’appel de l’Église Une de Jésus-Christ, inviter les êtres humains à la communion avec Dieu et entre eux, mettre en pratique l’engagement prophétique pour la paix et la justice et servir l’humanité ? À Busan, les documents de fond pour cette réflexion seront les récents textes du COE « L’Église – Vers une vision commune », « Ensemble vers la vie – Mission et évangélisation dans des contextes en évolution » ainsi que « L’économie de la vie, la justice et la paix pour toutes et tous : Appel à l’action ». Pour le travail du COE sur les questions de paix et de justice à la dimension mondiale, la notion de « paix juste » a pris de l’importance dans les dialogues œcuméniques ces dernières années. La paix juste réunit les deux indissociables, la paix et la justice, et réfléchit à ces deux qualités du « vivre ensemble », par-delà leur lien originel (absence de conflits militaires, répartition équilibrée des biens matériels) dans le contexte de diverses situations éthiques (écologie, économie, égalité entre les sexes, etc.). « Les défis qu’aura à affronter le COE ces prochaines années portent sur trois thèmes », a dit récemment le secrétaire général du COE, le pasteur norvégien Olav


44 bulletin Nº 2/2013 Être ensemble en chemin Fykse Tveit, dans une conférence devant des étudiants de Cambridge : premièrement le manque d’unité visible sur l’eucharistie, deuxièmement les prises de position contradictoires des Églises dans les discussions sur le genre, la médecine reproductive, la sexualité et l’éthique familiale; troisièmement enfin, la question de la contribution concrète des Églises à davantage de justice et de paix dans le monde. Le COE fait face aussi à de grands défis pratiques du fait de la forte diminution de ses ressources financières. L’assainissement urgent de sa caisse de pension, entre autres, a incité le COE à lancer un processus d’estimation et de valorisation de son immeuble à Genève, fort bien situé. Selon le secrétaire général du COE, « Genève (…) représente pour le mouvement œcuménique un héritage et une identité à cultiver ». Ce processus d’adaptation structurelle s’accompagne d’une réflexion déjà ancienne sur le rôle du COE. Ce dernier veut être une voix commune des Églises, fournir une collaboration œcuménique et encourager l’appartenance à l’intérieur du mouvement œcuménique. Cela inclut le renforcement des relations entre les Églises membres ainsi que le fait de savoir où se situe l’unique added value du travail du COE. Et cela implique un travail efficace dans les organes dirigeants du COE et de ses bureaux de Genève. À ce sujet, l’AG adoptera à Busan une révision de la constitution et des statuts du COE, prévoyant une restructuration de la direction, une meilleure répartition des tâches entre Comité central et Comité exécutif, ainsi qu’une plus étroite intégration des commissions. Pour les Églises réformées de Suisse, le COE, en dépit des réductions subies et de toutes les critiques qu’on lui adresse à bon droit, demeure toujours la voie la plus proche pour s’engager dans le monde en faveur de l’unité de l’Église, pour la vivre et assumer la tâche de proclamation de l’Évangile et de témoignage commun pour la justice, la paix et la réconciliation dans le monde. Le COE offre pour cela à la Fédération des Églises et à ses Églises membres une plateforme et la possibilité de parler en tant que communion d’Églises. Le COE pratique la solidarité interecclésiale et rappelle au devoir mutuel de rendre compte, qui trouve son origine dans le fait que l’Église reçoit tout de Dieu. Le COE joue actuellement un rôle important, par exemple à travers son engagement pour les Églises au Proche et au Moyen-Orient. La Fédération des Églises est représentée à Busan par une délégation de quatre personnes (Gottfried Locher, Pia Grossholz-Fahrni, Serge Fornerod et Martin Hirzel). De

plus, des représentantes et représentants de Pain pour le prochain, mission21 ainsi qu’une délégation importante et comprenant bon nombre de jeunes des Églises réformées Berne-Jura-Soleure participent à l’AG. <

Compléments d’information

Interview en vidéo : trois questions à l’auteur, Martin Hirzel, chargé des questions d’œcuménisme et des communautés religieuses https://vimeo.com/76027054

Page web de l’assemblée : http://wcc2013.info


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bulletin Nº 2/2013

La Fédération des Églises protestantes de Suisse FEPS


46 bulletin Nº 2/2013

– Voilà comment nous travaillons

La Fédération des Églises et son organisation Depuis sa fondation, en 1920, la Fédération des Églises protestantes de Suisse défend les intérêts de ses Églises membres ainsi que ceux du protestantisme au plan national et international. Nos activités en bref.

Comment nous fonctionnons Le Conseil

L’Assemblée des délégués

Le Secrétariat

Le Conseil est l’organe exécutif de la Fédération des Églises protestantes de Suisse. Il se compose de sept membres, élus par l’Assemblée des délégués pour une législature de quatre ans. La présidence du Conseil est une activité à plein temps. Durant la législature 2011–2014, cette présidence est assurée par Gottfried Locher, pasteur et docteur en théologie (sur la photo : au centre de l’image).

L’Assemblée des délégués est l’organe législatif (le parlement) de la Fédération des Églises protestantes de Suisse. Elle se compose de 74 membres, dont 70 sont élus puis délégués par les Églises membres. L’Assemblée des délégués siège deux fois par année : en juin, elle est l’invitée d’une Église membre et en novembre, elle se réunit à Berne.

Le Secrétariat est chargé de mettre en pratique les stratégies et les décisions du Conseil et de l’Assemblée des délégués en vue de réaliser les objectifs visés. Par ailleurs, il prépare les décisions du Conseil, traite de questions thématiques et développe des prises de position. Les quelque 35 collaboratrices et collaborateurs du Secrétariat fournissent des prestations de services pour les Églises membres et pour des institutions partenaires. Le Secrétariat est dirigé par le pasteur Philippe Woodtli.


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Ce que nous faisons Nous renforçons la collaboration et réaffirmons l’unité des Églises membres

Nous sommes la voix du protestantisme dans la société

Nous encourageons la mise en commun des forces en Suisse et œuvrons en faveur du resserrement des liens spirituels entre nos membres. Nous contribuons aussi à une compréhension homogène de questions théologiques, par exemple concernant la sainte cène, le bap-

Nous proposons une formulation de l’Évangile en phase avec notre époque et nous répondons aux questions qui préoccupent la société actuelle. Nous nous engageons pour que le protestantisme se fasse entendre dans cette société. Nous prenons part aux débats sociétaux et proposons des réponses aux questions politiques, sociales et éthiques de notre temps, telles que le

tême ou la consé­cration. Nous sommes un lieu d’échange où les Églises rassemblées au sein de la FEPS peuvent tisser des liens ; nous soutenons ces Églises en leur proposant une vaste palette de prestations de services pratiques.

Nous représentons les intérêts de l’Église face aux autorités et aux institutions Au niveau suisse, nous représentons la cause du protestantisme face aux autorités fédérales, aux associations professionnelles des milieux de l’économie, aux universités, aux institutions culturelles et à d’autres groupes de la société civile. Notre engagement ne se limite pas à la revendication de conditions favorables pour nos Églises membres ; nous sommes aussi conduits par le souci d’une société qui prospère dans son intégralité. Nous faisons

entendre le point de vue et les valeurs inspirés par l’Évangile, notamment lorsque nous prenons position dans le cadre de procé­dures de consultation se rapportant à des sujets qui ont une incidence ecclésiale, dans le cadre de votations fédérales et en cas de référendum politique. Nous collaborons avec divers organismes tels que la Commission fédérale contre le racisme et la Commission fédérale pour les questions de migration.

diagnostic prénatal, l’avortement ou l’aide au suicide, inspirées par les enseignements du protes­tantisme. Nous sommes guidés par un objectif de dignité, qui est dû à chacune et à chacun en sa qualité d’être humain à l’image de Dieu, indépendamment de son origine, de son sexe ou de son âge.

Nous dialoguons avec les communautés religieuses, en Suisse et à l’étranger Au-delà de nos frontières insti­ tutionnelles, nous contribuons à la proclamation de l’Évangile et à la paix religieuse. Nous sommes en relation avec nos partenaires ecclésiaux, œcuméniques et civils en Suisse et à l’étranger, notamment en notre qualité de membre de la Communion mondiale d’Églises réformées, de la Communion d’Églises protestantes en Europe,

de la Conférence des Églises européennes et du Conseil œcuménique des Églises. Nous aspirons à l’œcuménisme et à une plus grande unité parmi les confessions chrétiennes.


48 bulletin Nº 2/2013

– Organisation

Les êtres humains à la Fédération des Églises La Fédération des Églises protestantes de Suisse représente plus de 2 millions de protestantes et de protestants en Suisse. Elle rassemble 24 Églises protestantes cantonales, l’Église méthodiste et l’Église évangélique libre de Genève. Par ses faits et gestes, elle s’engage en faveur du témoignage de l’Évangile et du respect des valeurs chrétiennes dans la société.


49

Le Conseil de la Fédération des Églises protestantes

 Pasteur et Dr theol.

Gottfried Locher, président

 Kristin Rossier Buri,

pasteure, vice-présidente Formation et accompagnement des membres du Conseil de l ’ Église évangélique réformée du canton de Vaud (section Ressources humaines)

Peter Schmid, Dr theol. h. c., vice-président Ancien président du Conseil des hautes écoles du nordouest de la Suisse (FHNW)

Rita Famos-Pfander, pasteure Pasteure de l ’ Église évangélique réformée du canton de Zurich depuis 1993

Regula Kummer Vice-présidente du Conseil de l ’ Église réformée du canton de Thurgovie (secteur Diaconie et œuvres)

Daniel de Roche, pasteur Pasteur de l ’ Église évangélique réformée du canton de Fribourg

Lini Sutter-Ambühl Avocate, ancienne présidente du Conseil d ’ Église de l ’ Église réformée du canton des Grisons


50 bulletin Nº 2/2013

Collaboratrices et collaborateurs de la Fédération des Églises protestantes

Beatrice Bienz Assistante administrative du président du Conseil

Felix Frey, Dr. iur. Collaborateur scientifique « Droit et Société »

Anke Grosse Frintrop, diplômée en économie Directrice des Services centraux

Jacqueline Blaser Assistante administrative de la réception

Silvianne Bürki Assistante scientifique du président du Conseil

 1

1 Martin Hirzel, pasteur

et docteur en théologie Chargé de l’œcuménisme et des communautés religieuses

Simon David Butticaz, pasteur et docteur en théologie Collaborateur scientifique « Églises »

Collaborateur scientifique « Droit et Société »

 Jacqueline

1 Hella Hoppe, docteure

Dähler-Tschumi Aide-comptable

Manuel Erhardt Webmestre

1 Simon Hofstetter, pasteur

en économie Directrice du Service de relations avec l’administration fédérale et chargée des questions économiques

1

Thomas Flügge, dipl. theol., journaliste & PR-Referent (FJS) Chargé des relations publiques

Matthias Hügli, pasteur Chargé des relations avec les Églises

 Serge Fornerod,

Adjointe administrative

pasteur, MPA Directeur des relations extérieures

 Nicole Freimüller-

Hoffmann Assistante administrative de la Communication

1 Michèle Laubscher 1

Pamela Liebenberg Adjointe administrative

1 Karin Maire

Réceptionniste

1 Frank Mathwig,

professeur en théologie Chargé des questions théologiques et éthiques

 Helene Meyerhans

Assistance administrative pour le travail du Conseil



Christiane Rohr Assistante administrative



Simon Röthlisberger, ethnologue lic. phil. Chargé des questions de migration



Eva Wernly Assistante administrative du directeur du Secrétariat



Brigitte Wegmüller Assistante administrative de l’Institut de théologie et d’éthique et assistante de la bibliothèque



Philippe Woodtli, pasteur Directeur du Secrétariat

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Tina Wüthrich Assistante scientifique « Eglises »



Otto Schäfer, pasteur et docteur en écologie végétale Chargé des questions théologiques et éthiques



A la mémoire de notre collaboratrice



Christine Maurer 1. 10. 1952–29. 6. 2013

Karin Schüpbach Réceptionniste Mirjam Schwery Réceptionniste



Christina Tuor-Kurth, docteure en théologie, privat-docent Directrice de l ’ Institut de théologie et d ’ éthique



Cécile Uhlmann-Dreyer Responsable de la comptabilité

Christine Maurer travaillait depuis octobre 2005 à la Réception du Secrétariat pour la Fédération des Églises protestantes de Suisse. De nature cordiale, positive et toujours prête à aider autrui, elle était très appréciée tant du personnel que de nos hôtes. Christine nous manque et nous gardons d’elle un excellent souvenir.


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52 bulletin Nº 2/2013

– Églises protestantes en Suisse

Les Églises de la Fédération Reformierte Landeskirche Aargau Président du Conseil d ’ Église : Christoph Weber-Berg 75 paroisses 180 349 membres

Evangelisch-reformierte Landeskirche beider Appenzell Président du Conseil d ’ Église : Kurt Kägi-Huber 20 paroisses 25 093 membres

Evangelisch-reformierte Kirche des Kantons Basel-Landschaft Président du Conseil d ’ Église : Martin Stingelin 35 paroisses 96 220 membres

Evangelisch-reformierte Kirche Basel-Stadt Président du Conseil d ’ Église : Lukas Kundert 7 paroisses 30 764 membres

Églises réformées Berne-Jura-Soleure Président du Conseil synodal : Andreas Zeller 215 paroisses 642 456 membres

Église évangélique réformée du Canton de Fribourg Président du Conseil synodal : Pierre-Philippe Blaser 16 paroisses 41 235 membres

Église Protestante de Genève EPG Présidente d ’ Église : Charlotte Kuffer 34 paroisses 74 456 membres

Église Évangélique Libre de Genève EELG Président du Conseil Synodal : Raymond Bourquin 6 paroisses 521 membres

Evangelisch-Refor­mierte Landeskirche des Kantons Glarus Président du Conseil d ’ Église : Ulrich Knoepfel 13 paroisses 14 991 membres

Evangelisch-Reformierte Landeskirche Graubünden Président du Conseil d ’ Église : Andreas Thöny 113 paroisses 71 700 membres

Evangelisch-reformierte Kirche des Kantons Luzern Président du Conseil synodal : David A. Weiss 8 paroisses 42 746 membres

Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel EREN Président du Conseil synodal : Christian Miaz-Frutiger 9 paroisses 59 972 membres


53

Evangelisch-Reformierte Kirche Nidwalden Président du Conseil d ’ Église : Wolfgang Gaede 3 paroisses 4483 membres

Verband der Evangelischreformierten Kirchgemeinden des Kantons Obwalden Présidente : Therese Meierhofer-Lauffer 2 paroisses 2827 membres

Evangelisch-reformierte Kirche des Kantons Schaffhausen Président du Conseil d ’ Église : Frieder Tramer 31 paroisses 31 566 membres

Evangelisch-reformierte Kantonalkirche Schwyz Président du Conseil d ’ Église : Felix Meyer 6 paroisses 18 602 membres

Evangelisch-Reformierte Kirche Kanton Solothurn Présidente du Conseil d ’ Église : Verena Enzler 23 paroisses 28 959 membres

Evangelisch-reformierte Kirche des Kantons St. Gallen Président du Conseil d ’ Église : Dölf Weder 49 paroisses 112 738 membres

Evangelische Landes­kirche des Kantons Thurgau Président du Conseil d ’ Église : Wilfried Bührer 66 paroisses 98 310 membres

Chiesa evangelica riformata nel Ticino Presidente del Consiglio sinodale : Tobias E. Ulbrich 3 paroisses 6856 membres

Evangelisch-Reformierte Landes­kirche Uri Président du Conseil d ’ Église : Dieter Kolthoff 3 paroisses 1830 membres

Église réformée évangélique du Valais Président du Conseil synodal : Beat Abegglen 10 paroisses 19 505 membres

Église Évangélique Réformée du canton de Vaud Présidente du Conseil : Esther Gaillard 87 paroisses 247 696 membres

Reformierte Kirche Kanton Zug Présidente du Conseil d ’ Église : Monika Hirt Behler 1 paroisse 17 923 membres

Evangelisch-reformierte Landeskirche des Kantons Zürich Président du Conseil d ’ Église : Michel Müller 179 paroisses 461 602 membres

Evangelisch-methodistische Kirche in der Schweiz Évêque : Patrick Streiff 71 paroisses 5878 membres état : 2012


54 bulletin Nº 2/2013

Parutions récentes de la Fédération des Églises

Le dimanche, à quoi bon ?

Tester la vie ? 10 questions – 10 réponses sur les nouveaux tests prénataux du point de vue théologie-éthique

10 questions et réponses à propos d’une pierre d’achoppement salutaire

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Fédération des Églises protestantes de Suisse

Fédération des Églises protestantes de Suisse

Le dimanche, à quoi bon ? 10 questions et réponses à propos d’une pierre d’achoppement salutaire.

Tester la vie ? 10 questions – 10 réponses sur les nouveaux tests prénataux du point de vue théologie-éthique.

Ces publications se commandent ou se téléchargent sur www.feps.ch

Fédération des Églises protestantes de Suisse FEPS CH-3000 Berne 23 Téléphone +41 (0)31 370 25 25 info@feps.ch, www.feps.ch Tirage : 4800 allemand, 1800 français

Rédaction : Thomas Flügge, Nicole Freimüller-Hoffmann Graphisme/Layout : Meier Media Design, Zurich

Traduction : André Carruzzo, Christine Sutter, Iréne Minder, Martina Sitling, David Dichelle Correction : Monique Lopinat Impression : Roth Druck AG, Uetendorf



bulletin Nº 2/2013

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Nº 2 2013

bulletin

Le magazine de la Fédération des Églises protestantes de Suisse

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–Objectif de législature 3

Le premier Prix suisse de prédication

– Lisez, écoutez et regardez votre Fédération des Églises dans le bulletin en ligne ! www.feps.ch

18 –  La « marque » de la Réforme Le Jubilé des 500 ans

20 – Portes d’église ouverte, églises espaces d’hospitalité 34 –  Entre santé et salut 38 –  Des objectifs œcuméniques pour Puiser dans la sérénité

Le débat théologico-eclésial sur le Spiritual Care

Sustainable Development Goals SDG

info@feps.ch

sek · feps Fédération des Églises protestantes de Suisse

Fédération des Églises protestantes de Suisse FEPS Sulgenauweg 26 CH-3000 Berne 23 Téléphone +41 (0)31 370 25 25

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le développement durable ?


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