La « ville archipel » : au défi des réalités du quotidien cas d’étude de Rennes
Amélie Nérault
Repenser la métropolisationJulie Ambal - Aurélie Couture - Delphine Willis - Xavier Guillot - Février 2019 - ENSAPBX
Remerciements
Je tiens à remercier l’ensemble des enseignants qui m’ont accompagnée dans l’élaboration de ce mémoire.
Je tiens également à remercier les habitants de la « Ville Archipel » de Rennes pour m’avoir confié leur points de vue sur ce sujet. Enfin je remercie les agriculteurs, les producteurs et les commerçants qui m’ont consacrée une partie de leur temps pour répondre à mes interrogations.
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Sommaire
Introduction
1. Les péri urbanités : des concepts géographiques revisités
1.1 Frange, ceinture, périphérie : quelle dénomination pour ces espaces aujourd’hui ?
1.2 Étalement urbain et métropolisation : quelle place pour le territoire périurbain ?
1.3 Un renouveau dans la perception et l’attractivité du peri urbain
2. Rennes, « Ville archipel » : le modèle d’une urbanité durable
2.1 Les origines du projet : pour la préservation d’un territoire
2.2 Vers une urbanité des lieux : la ville des proximités et des identités
2.3 Un territoire de réseaux
3. La « ville archipel » : les dessous d’une vision urbaine idéale
3.1 La concurrence entre les communes
3.2 Une singularité identitaire mis au défi
3.3 Quand l’activité agricole menace l‘équilibre
Conclusion
Sommaire 1 3 5 13 15 17 23 27 31 39 47 53 55 63 67 71 75 Remerciements
Bibliographie 3
D’après Pierre Sansot, anthropologue, philosophe et sociologue français, l’espace urbain semble demeurer une entité indépendante et précisément limitée. En suggérant le passage d’un espace à un « lieu urbain », cet auteur identifie l’existence d’un seuil, physique ou non, qui permet la transition entre les espaces. Certes, à l’origine, la limite urbaine n’était pas source d’interrogation puisqu’elle déterminait clairement et physiquement (remparts), le passage d’un territoire à un autre. Comme le rappelle à juste titre Sabine Wolf dans son ouvrage Franges Urbaines2, dès la construction des villes, la notion de limite apparait. La ville doit être protégée et on crée alors des remparts qui encerclent la cité et la protègent. Ce qui est considéré comme bon se situe donc à l’intérieur des remparts alors que ce qui ne convient pas est rejeté à l’extérieur. On qualifie également l’intérieur des remparts comme étant la ville et l’extérieur, la campagne.
Introduction
Dès l’apparition des premiers récits bibliques où la notion de ville est employée, il semble que la séparation entre ville et campagne soit nécessaire. L’assassinat du berger Abel par son frère Caïn3, considéré comme le fondateur de la première ville, détermine un point de départ conflictuel dans les relations entre ville et campagne. Ainsi d’après ces textes religieux, la ville, en opposition avec la campagne, ne peut se construire sans l’élaboration d’une limite. Les remparts sont donc une limite, une frontière, une entité singulière qui ne semble appartenir à aucun territoire particulier puisqu’ils se trouvent à la lisière entre deux territoires distincts. On ne considère d’ailleurs pas la limite comme un espace mais elle apparait comme un élément indépendant. Il existe alors une intériorité et une extériorité au territoire marquées par cet élément appelé limite.
« Le véritable lieu urbain est celui qui nous modifie, nous ne serons plus en le quittant celui que nous étions en y pénétrant. »1
Pierre
Sansot, (1928-2005)
1 SANSOT, Pierre, Poétique de la ville, Payot et Rivages, 2004.
2 WOLF, Sabine, Franges Urbaines, Anthos, 16 septembre 2011.
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3 LA REDACTION, « Pourquoi Caïn a-t-il tué Abel ? », Le Monde de Demain, Septembre-Décembre 2008.
Avant de définir, d’analyser et de comprendre les enjeux de ces limites, il semble important de définir ce qu’elles permettent de séparer à savoir la ville et la campagne. Ces deux notions apparaissent conjointement puisqu’en définissant un espace, la ville, et en le délimitant, cela a engendré l’existence et donc la nomination d’un autre espace, la campagne.
La ville est un terme communément employé mais sa définition est davantage complexe que son usage. Plusieurs définitions existent et permettent de la qualifier selon plusieurs critères. Au Moyen Age, la ville existait si elle était entourée d’une muraille. Ainsi on distinguait la ville des faubourgs qui était donc par définition une « agglomération qui s’est constituée hors de l’enceinte d’une ville »4. Mais la plus simple des définitions reste celle de l’Institut International de Statistique qui depuis 1846 utilise uniquement le critère quantitatif pour différencier la ville du village. Ainsi une ville serait une agglomération de plus de 2 000 âmes. Mais cette définition paraît bien trop réductrice face à un système d’organisation aussi complexe que la ville. Par conséquent, la ville sera ici définie comme le perçoivent des géographes contemporains comme Pierre Georges qui s’entendent pour dire que la ville est « un groupement de populations agglomérées caractérisé par un effectif de population et par une forme d’organisation économique et sociale »5. Par conséquent, la définition de la ville, ou milieu urbain, ne se contentera ni d’une approche quantitative, ni d’une représentation
physique mais il sera considéré ici que la ville représente un espace complexe où les hommes ville représente un espace complexe où les hommes organisent leur temps et leurs activités.
La campagne, quant à elle, se définie communément en opposition à la ville et est considérée comme ce qu’il reste lorsque l’espace de la ville est enlevé6 et donc ce qui n’est pas de l’ordre de l’urbain. Mais pas par opposition mais bien par complémentarité, la ville et la campagne coexistent. La définition de l’une n’a d’intérêt que si l’autre est prise en compte, identifiée et définie.
La campagne, ou espace rural, est donc ici un territoire qui existe certes en corrélation avec l’espace de la ville mais aussi grâce à des caractéristiques qui lui sont conférées. L’un de ses premiers critères est celui de la densité. En effet on considère un espace comme étant rural lorsque sa densité, tant en termes de population que d’emplois ou encore d’aménagements, est faible, comparé évidemment à celui du territoire occupé par la ville. Le second critère essentiel est celui de la forte présence d’étendues végétales, quelles soit naturelles ou agricoles. Sur un territoire rural, la place donnée aux activités agricoles est majeure.
Dès le début de leur distinction, les villes et les campagnes ne se sont pas
4 Définition du CNRTL, consulté le 19 Septembre 2018.
5 http://villedanslemonde.canalblog.com/archives/2008/12/07/11658863.html. Consulté le 31 Octobre 2018.
6 GEORGE, Pierre, VERGER, François, Dictionnaire de la Géographie, Presses Universitaires de France - PUF, Grands Dictionnaires, 1993
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de manière contigüe sur leur territoire. Des faubourgs médiévaux au périurbain d’aujourd’hui en passant par les banlieues industrielles du XIXeme siècle, l’existence d’un entre deux est indéniable. Ces différents avatars sont alors les révélateurs d’un territoire se trouvant à la lisière des villes, mais non considérés comme des espaces ruraux et qui représentent ainsi des espaces aux enjeux majeurs.
Les villes se développent, sur le plan économique et démographique mais se transforment également d’un point de vue physique et spatial. Les limites de la ville se retrouvent par conséquent de plus en plus diffuses. Emeline Bailly, Doctrice en urbanisme, démontre et soutient dans son article scientifique7 que les limites urbaines devenues des franges mouvantes, des ceintures, des intermédiaires, sont des espaces d’entre deux aux multiples atouts. D’après cette autrice, les lisières des villes n’étant plus franches et distinctes, se sont peu à peu modulées dans une épaisseur permettant de constituer leur propre espace.
La représentation de la limite comme un axe séparateur change donc au profil d’un espace de connexion. La limite urbaine n’est donc plus une frontière territoriale dans le sens où elle séparerait deux espaces. Dissociée d’une présence physique, elle devient elle-même un réel espace, une
épaisseur où la connexion et l’interpénétration des territoires semblent être de mise. A l’origine cet élément identifiable (remparts, chaines montagneuses) marquait clairement l’entrée dans un nouveau territoire. La transition entre deux espaces était donc marquée, nette et rapide. Aujourd’hui cette porte d’entrée n’est plus aussi remarquable. Sabine Wolf parle dans ce cas précis de la limite comme étant une « carte de visite » pour la ville dans laquelle l’individu s’apprête à entrer.
Aujourd’hui le périurbain français est un système territorial qui devient majeur dans le développement des villes. Il constitue la périphérie des ville et par sa dénomination et son préfixe péri-, il identifie sa dépendance à un pôle urbain. A la lisière entre le territoire urbain et le territoire rural, il est un espace de rencontres et de connexions nourri par l’un et l’autre. Ainsi la frange urbaine est un espace riche et détenant des enjeux majeurs. Dans son article « Comment traiter les fronts urbains ? », Corinne Legenne explique en quoi les « fronts urbains » sont des espaces clés8 Rappelant d’abord que ces espaces sont des lieux de connexion, elle rejoint l’argumentaire d’Emeline Bailly en ajoutant qu’ils peuvent être définis comme des façades sur la ville. Ainsi la frange urbaine est par ces auteurs perçue comme un espace de transition, nourri par les espaces qu’elle borde. Leur aménagement est essentiel puisqu’il permet de mettre en scène les connexions entre ville et campagne.
7 BAILLY, Emeline, « Franges intra-urbaines à l’épreuve des projets de paysage », Revue scientifique sur la conception et l’aménagement de l’espace, 2016.
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LEGENNE, Corinne, « Comment traiter les fronts urbains ? », Les Carnets Pratiques, mars 2010.
Tour à tour, le développement des villes françaises s’apparente aux transformations d’autres villes européennes et mondiales, suivant le modèle d’évolution urbaine de métropolisation. Issu du nom métropole (du grec meter polis signifiant « ville-mère »), le terme métropolisation est un processus de transformation urbaine découlant de deux phénomènes principaux. Tout d’abord, il s’agit d’une concentration des activités de commandement et des fonctions du tertiaire dans une ville caractérisée comme pôle urbain (un pôle urbain est une entité urbaine proposant plus de 10 000 emplois, définition de l’INSEE). Par conséquent, ces centres urbains deviennent attractifs et engendrent un flux des populations allant des espaces ruraux vers les centres urbains. Les campagnes se vident alors peu à peu de leur population au profil des grandes villes qui, dans le même temps, se densifient.
Mais cette densification s’apparente également au second phénomène de la métropolisation : l’étalement urbain. L’étalement urbain est une expansion de la macroforme du tissu bâti de la ville et qui croît de manière exponentielle. Néanmoins, cette modification tentaculaire de la forme classique du territoire urbain ne concerne pas seulement les nouvelles métropoles. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’ensemble des études liées à l’analyse de l’étalement urbain, révèle que ce processus semble être applicable et appliqué à la majorité des grandes
agglomérations françaises.
L’étalement urbain est la résultante du processus général d’urbanisation caractérisé par une morphogenèse particulière de la ville, entraînant une consommation d’espace, jugée parfois massive et posant la question de la limite et de la durabilité de la ville contemporaine. C’est alors que la bonne gestion du périurbain peut amener à une prise de position poussant à ceinturer et contenir la métropole d’un périmètre inchangeable. Par leur position géographique stratégique et leur réglementation en apparence plus souple, les territoires périurbains peuvent rapidement devenir le théâtre d’aménagements anarchiques du territoire.
La périphérie est un territoire très attractif pour deux acteurs principaux. Premièrement, ces espaces sont prisés par les populations car tout en étant proches des centres ville, ils proposent la possibilité à l’accession immobilière avec un apport financier moins important que dans les cœurs urbains. Ces espaces sont majoritairement occupés par la construction de logements individuels, car adaptés aux mobilités de l’automobiliste. Mais cette occupation entraîne une consommation du tissu périphérique plus importante car le territoire du logement individuel est connu pour être moins dense que le logement en zone urbaine9. Deuxièmement, ces territoires sont privilégiés par le monde industriel, qui en se localisant en ces lieux offre une réponse aux
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9 HERVOUET, Vincent, La mobilité du quotidien dans les espaces périurbains, une grande diversité de modèles de déplacements, l’exemple de la métropole nantaise, Réseau des Universités Ouest Atlantique, 2007, p.37-52.
exigences fonctionnelles et logistiques des activités d’aujourd’hui. Mais cette installation impose la construction de nouveaux axes de communication10. Ainsi différents acteurs se disputent les franges urbaines devenues des épaisseurs habitables et pro tables pour l’économie.
Dans un souci de rationalisation, il est possible de comprendre facilement dans quelle mesure l’étalement urbain provoque une consommation excessive des espaces anciennement qualifiés de ruraux. Les géographes Jean-Philippe Antoni et Samy Youssouf proposent un moyen de mesurer et de comparer le taux d’espaces disponibles réquisitionnés et utilisés par les centres urbains11. Il s’agit de faire le rapport entre la surface bâtie et le nombre d’habitants :
C=S/P
Avec : - C : la consommation d’espace dans l’aire urbaine - S : la surface bâtie de l’aire urbaine en hectares
- P : la population de l’aire urbaine en nombre d’habitants
L’urbanisation, la métropolisation et l’étalement urbain sont des processus qui par leurs conséquences modifient la structure du tissu territoire composé de la ville, de la campagne et du péri urbain. Les consciences se réveillent face à cette consommation massive et progressive des espaces naturelles en lisière des centres urbains. La nécessité de limiter la destruction des paysages périphériques semble être admise par tous, tant pour la préservation de l’environnement que pour la qualité de vie de chacun. Or avec l’augmentation de la population, les villes doivent se développer. Ces espaces sont désormais devenus de réels lieux stratégiques qui se sont construits dans une épaisseur aux enjeux multiples. A la fois un espace de connexion et une façade sur la ville, les territoires périurbains occupent une place prioritaire dans les projets d’aménagements et d’expansions des territoires. Souvent sujets à des conflits d’intérêts et supervisés par des documents d’urbanisme comme le SCoT, ces territoires peuvent également constituer une bande protectrice face à l’étalement urbain.
Le territoire français constitue à lui seul une banque de données d’études riche en terme de diversité. Villes, métropoles, campagnes, périphéries se partagent l’espace, se côtoient et s’organisent au rythme des évolutions territoriales. Les villes françaises ne sont pas figées. Elles évoluent, se développent et deviennent, pour certaines, des métropoles c’est-à-dire des communautés urbaines qui selon la définition de Géoconfluences,
10 GIRARD, Violaine, RIVIERE, Jean, Grandeur et décadence du « périurbain », Retour sur trente ans d’analyse des changements sociaux et politiques, métropolitiques.eu, 03 Juillet 2013, URL : https://www.metropolitiques.eu/Grandeur-et-decadence-du.html, consulté le 07 Novembre 2018.
11 ANTONI, Jean-Philippe, YOUSSOUFI Samy, « Étalement urbain et consommation d’espace », Revue Géographique de l’Est , 2007.
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prodiguent « une image positive et dynamique ». En France, sont identifiées une quinzaines de métropoles dont Bordeaux, Lyon ou Grenoble. Mais une métropole ne représente pas une ville mais bien un système d’organisation territoriale qui doit s’inventer, se construire et se développer. En Bretagne, grâce à un réseau de villes moyennes important, s’est imposé le modèle de « ville archipel ». Ce terme a été employé par Philippe Tourtelier, premier vice Président de Rennes Métropole de 1989 à 2008, qui cherchait une expression plus imagée pour définir le passage de la ville constituée à la ville métropole.
Cette nouvelle dénomination lui est venu de Jean Viard qui, dans son ouvrage Le nouvel âge du politique, consacre un chapitre sur « la société d’archipel »12. La ville archipel occupe un territoire qui englobe la ville centre, le péri centre, le péri urbain et l’espace rural proche. En mettant en corrélation un ensemble de communes, la ville archipel permet de mettre en réseau des lieux d’intensités urbaines variées qui offrent à la fois des qualités urbaines comme les services de proximité mais également l’incorporation d’espaces agricoles et naturels dans ce nouveau système urbain. Par leur multiplicité, les différentes communes permettent d’alimenter cette communauté urbaine de tous leurs atouts afin d’en faire une aire complexe et multiple.
En continuelle croissance démographique, la métropole bordelaise dans laquelle nous vivons aujourd’hui doit trouver des réponses à la question de l’étalement urbain auquel elle fait face. D’apparence passive devant les enjeux urbanistiques, économiques et démographiques, cette métropole ne semble pas prendre suffisamment en compte l’importance de ses espaces péri urbains qui pourraient pourtant devenir ses meilleurs atouts dans la course aux villes monde de demain. Bordeaux et Rennes sont deux métropoles actives dans l’ouest de l’hexagone. Alors que la belle endormie semble subir les effet de son étalement urbain au travers de ses 28 communes reparties sur plus de 579 kilomètres carrés13, la capitale bretonne a rapidement imposé sa dynamique d’évolution selon le schéma de « ville archipel ».
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12 VIARD, Jean, Le nouvel age du politique, Editions de l’aubre, Mikros, 2016. 13 Données de Wikipédia, consulté le 31 Octobre 2018.
Ce mémoire aura pour but de comprendre comment se constituent aujourd’hui ces nouveaux espaces du périurbain, face à divers enjeux dans les métropoles françaises. Existet-il des solutions d’aménagements durables permettant de concilier densité, étalement urbain et préservation de l’environnement ? Après une recontextualisation du périurbain comme fondateur de nouveaux concepts d’urbanité secondaire de la ville en mutation, l’étude du cas de la ville de Rennes considérée aujourd’hui comme un exemple de réponse à l’étalement urbain. Tout d’abord il sera analysé comment et pourquoi un tel système urbain a été mis en place sur le territoire rennais. Pour approfondir cette recherche, un territoire particulier au sein de la « ville archipel » sera au coeur de cette enquête. En effet cette étude portera de manière plus précise sur un ensemble de quatre communes principales situées dans le Nord du territoire. Ces quatre pôles représentent à leur échelle un échantillon de la « ville archipel ». Situées sur la « route du meuble » menant à Saint Malo, une ville balnéaire prisée par de nombreux rennais, et traversées par le fleuve La Vilaine, ces communes attirent de plus en plus d’habitants, ce qui pose la question du développement de ces pôles tout en respectant les principes de la « ville archipel ».
Afin de mener à bien cette étude, l’enquête s’est fait au travers d’analyses des différents documents officiels développés par Rennes Métropole ainsi que d’articles de presse mais également grâce à une observation personnelle sur le terrain. Au cours de ces observations, des entretiens ont été menés avec des habitants, des agriculteurs et des producteurs. Ces rencontres ont conduit cette étude à revoir les principes fondamentaux du système de « ville archipel » et à faire surgir une réalité quotidienne qui dénote parfois avec l’image d’un système d’urbanité idéal …
10 GIRARD, Violaine, RIVIERE, Jean, Grandeur et décadence du « périurbain », Retour sur trente ans d’analyse des changements sociaux et politiques, métropolitiques.eu, 03 Juillet 2013, URL : https://www.metropolitiques.eu/Grandeur-et-decadence-du.html, consulté le 07 Novembre 2018.
11 ANTONI, Jean-Philippe, YOUSSOUFI Samy, « Étalement urbain et consommation d’espace », Revue Géographique de l’Est , 2007.
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1. Les péri urbanités : des concepts géographiques revisités
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La différenciation entre la ville, son espace, ses fonctions et ses enjeux, et l’espace rural est aujourd’hui acceptée par le plus grand nombre. Depuis plus d’un demi siècle, l’existence d’un espace périurbain, qui par définition entoure la ville, n’a plus rien d’anodin. On considère de manière presque automatique que le périurbain a aussi la fonction de séparer la ville de la campagne, d’en préserver ses ressources, d’en développer ses atouts.
Cette expérimentation a été notamment utilisée à Milan qui a subi un très fort étalement urbain, mettant en danger les espaces naturels situés aux alentours du pôle urbain le plus important en terme de densité de l’Italie du Nord. L’enjeu était de créer une sorte de frontière végétalisée, faite d’espaces agricoles ou de forêts ayant pour but de ne plus permettre à l’espace bâti de s’aventurer au Sud de Milan. Le succès de cette opération a engendré la multiplication de ce système appelé Metrobosco au Nord Est de Milan dont les espaces agricoles sont menacés par l’étalement urbain.
Si autrefois la délimitation de l’espace rural et de l’espace urbain se faisait grâce à une muraille, aujourd’hui un territoire singulier a pris la place de ce qui longtemps étéait qualifié d’entre deux. Sa première vocation fut une mise à distance des territoires urbains et ruraux. Ainsi la perception du périurbain est d’abord passée par une vision de séparation, c’est pourquoi on l’appelait «ceinture urbaine»14. L’espace périurbain a dans un premier temps été utilisé comme une barrière pour lutter contre l’étalement urbain.
1.1 Frange, ceinture, périphérie : quelle dénomination pour ces espaces aujourd’hui ?
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14 CAVILHES, Jean, PEETERS, Dominique, SEKERIS, Evangelos, THISSE, Jean-François, La ville périurbaine, 2003.
Le concept de métropolisation est relativement récent puisqu’il date environ du début du siècle. Le terme de métropole a d’abord été utilisé dans le but de qualifier les grandes villes soumises à une croissance tant sur le plan économique que démographique ou encore morphologique. L’introduction de nouveau concept urbain pour qualifier les espaces dans lesquels chacun vit est le témoin d’une entrée certaine dans une nouvelle ère de modernité. Georg Simmel, un sociologue allemand, a été le premier à introduire le terme de métropole dans le langage courant européen15. Il était important de donner une nouvelle dimension aux transformations urbaines auxquelles nos villes devaient se préparer à faire face. Une des premières villes européennes qualifiées et donc observée comme métropole a été la ville de Berlin. Au cours des 20 dernières années du XIXe siècle, sa population avait presque doublé. L’organisation spatiale de la ville, son fonctionnement et son évolution constituaient alors de nouveaux enjeux pour son entrée dans le XXe siècle.
La métropolisation est un concept aujourd’hui reconnu par le plus grand nombre. L’évolution des métropoles françaises selon un schéma de croissance spatiale bien précis ne fait plus tergiverser. Mais si le cas des transformations des métropoles semble stable, la transformation et la qualification
des couronnes périurbaines apparait encore à ce jour faire l’état de nombreux débats. Pour certains, comme Cynthia GhorraGobin, directrice de recherche au CNRS, la métropolisation est un « concept sans limite qui exclu la présence d’une zone d’entre deux »16 que nous qualifions ici de périurbain.
En France, le terme de périurbain garde, quelles que soient les époques, le même sens. Il permet de caractériser d’une part grâce à sa position géographique, un espace d’entre deux, entre l’espace urbain et plus précisément sa banlieue, et l’espace rural. La ville et la campagne sont les émetteurs/ récepteurs directs du périurbain. D’autre part cet espace est caractérisé par sa bonne accessibilité, surtout lorsque les flux sont mis en comparaison avec ceux des zones urbaines. En sa densité intermédiaire, tant sur le plan du logement, des activités et de l’emploi, rend ce territoire singulier. Pour comprendre au mieux la situation des couronnes périurbaines aujourd’hui, il semble nécessaire de revenir sur quelques chiffres importants.
1.2 Étalement urbain et métropolisation : quelle place pour le territoire périurbain ?
15 DAMON, « Julien, La pensée de … Georg Simmel », Informations sociales n°123, 2005, p 11.
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16 GHORRA-GOBIN, Cynthia, Dictionnaire critique de la mondialisation, Armand Colin édition, 2012.
L’attractivité du péri urbain dans les années 1970
Source : Berger, Martine, Les périurbains de Paris, de la ville dense à la métropole éclatée, Anthropologie, CNRS édition, Paris, 16 Juin 2016.
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Au cours des quatre dernières décennies, les zones périurbaines françaises se sont modifiées du fait de la croissance des métropoles dont elles dépendent. L’expansion spatiale des villes françaises a motivé la densification et l’expansion de leur couronne périurbaine. Brigitte Baccaïni et François Sémécurbe, analystes territoriaux à l’INSEE, révèlent que cette transformation exponentielle des zones périurbaines s’est enclenchée dès les années 1960 avec l’Île-de-France qui y a joué le rôle de précurseur. Mais de manière plus générale, le phénomène de densification et d’expansion s’est davantage repéré entre la fin des années 1970 et le début des années 1980 sur l’ensemble de l’hexagone. Une attraction pour ce type de territoire s’est fortement fait ressentir. On retrouve d’ailleurs des publicités qui revendiquent la qualité de vie en ces lieux.
Le périurbain est aujourd’hui nettement un marqueur d’évolution spatiale. Sa transformation dû notamment au phénomène de métropolisation a rapidement été pris en compte puisqu’en 1962 la question de la classification et de la répartition du territoire national a engendré la création des Zones de Peuplement Industriel et Urbain (ZPIU) et incluant les zones périurbaines. En 1996, une nouvelle dénomination est introduite ayant pour but de délimiter chaque espace des zones urbaines. On imagine alors un schéma qui organise l’aire urbaine selon un «pôle urbain» entouré de «couronnes périurbaines». L’affiliation et la dépendance des espaces
péri urbains à leur centralité urbaine sont alors clairement énoncées et reconnues.
Martin Vanier Professeur de géographie à l’Université Joseph Fourier à Grenoble, a relaté l’évolution progressive du périurbain notamment selon la question de l’habitat. Initialement le périurbain était considéré comme un espace occupé principalement par de l’habitat individuel et pavillonnaire investi par des familles de classes moyennes. Mais au cours des quinze dernières années, le périurbain ne respecte plus ses fondamentaux en terme de population. On assiste alors à une diversification sociale du périurbain puisqu’on ne retrouve plus seulement des familles issues des classes moyennes mais également des ménages plus pauvres et des personnes âgées17. Ainsi pour s’adapter à cette nouvelle population périurbaine, le paysage de ce territoire s’est aussi modifié. Aujourd’hui plus uniquement dominé par le modèle du pavillon et du lotissement, le périurbain se voit accueillir davantage de logements collectifs.
17 FONTICELLI, Claire, Densifier par l’habitat collectif : quelle gouvernance pour favoriser la qualité urbaine et architecturale ? Le cas des centres bourgs périurbains franciliens, HAL archives-ouvertes.fr, à1 Juin 2018, URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/ halshs-01805066/document, consulté le 19 Novembre 2018.
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Évolution des sous-espaces des aires urbaines entre 1962 et 2006
Source : Insee, recensements de la population
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En prolongement, ces chercheurs mettent en relation cette mutation en terme de composition du périurbain avec sa progressive prise d’autonomie. Il est vrai que la question du déplacement et de la proximité est un enjeu constant pour tous types de territoire. Si un travail sur la proximité et le recentrage des espaces de vie et d’activité semble plus facile à mettre en place dans les pôles urbains, les zones péri urbaines commencent de plus en plus à envisager la mise en place de systèmes visant à diminuer les flux entre les « pôles urbains » et les « couronnes périurbaines ».18 Un recentrage des pratiques spatiales au sein des espaces périurbains engendre une volonté de maturation de ces nouvelles centralités.
La détermination précise de la proportion d’espaces péri urbains reste difficile à appréhender du fait de ses limites qui en restent à ce jour encore floues. Néanmoins, quelques soient les limites qu’on lui attribue, le territoire péri urbain a inéluctablement atteint un poids démographique qui révèle une attractivité incontestable.
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18 CHAPUIS, Jean-Yves, «Rennes, la ville archipel», La Tour d’Aigues, l’Aube, 2013,
1.3 Un renouveau dans la perception et l’attractivité du peri urbain
« Il faut comprendre que ces territoires n’ont jamais été voulus par les pouvoirs publics. Ils n’auraient pas dû exister et ne sont que la conséquence d’un étalement urbain mal géré depuis le début des années 1960, explique le géographe Martin Vanier. Pis, les politiques et les pouvoirs publics n’aiment pas ces territoires alors que les Français les désirent, car ils ont toujours autant envie de campagne urbaine et de pavillon. Des territoires mal aimés des pouvoirs et aimés des Français.»19
D’après l’INSEE, 9 français sur 10 ont parmi leurs objectifs de vie, la volonté de vivre dans un habitat individuel. Il semble alors impératif la mise place et l’application d’une bonne gestion de la demande et de l’espace disponible. L’étalement urbain, une des conséquences des réponses à cette forte demande, est aujourd’hui de plus en plus controversé et contesté. L’occupation d’espaces naturels, la reconversion de zones agricoles ainsi que l’aspect incontrôlé de la morphologie urbaine sont les principaux reproches faits au processus de l’étalement urbain. Dans une volonté récente visant à contenir l’étalement urbain, à gérer sa forme et son évolution, les villes sont obligées de se densifier. Ainsi on assiste davantage à une évolution verticale du volume urbain qu’à un déferlement horizontal.
Si l’étalement urbain est souvent mal accueilli par les populations, l’idée d’une densification des centres villes ne fait pas l’unanimité non plus. En effet, dans l’esprit des habitants des espaces urbains, le terme «densification» rime souvent avec nuisances, confinement ou encore perte d’intimité. Mais la densité urbaine peut également être perçue comme un facteur d’augmentation de la qualité de vie. La proximité est son atout principal. Mais par proximité il ne faut pas seulement entendre proximité entre habitants. L’ensemble des
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19 GONGUET, Jean-Pierre, « Zones périurbaines : 15 millions de français délaissées », La Tribune, 30 septembre 2013.
services sont rassemblés dans une même aire, facilitant l’organisation de la vie quotidienne et les temps de trajet. Ainsi la densité urbaine doit être réfléchie dans chaque élaboration de projet urbain avant de privilégier la mise en évidence des atouts de la densification tout en tentant de palier à ses inconvénients.
La croissance des espaces périurbains en terme de population n’a aujourd’hui plus rien d’anodin. D’après les études faites par l’INSEE, depuis 1975 la population dans les couronnes périurbaines ne cesse de croître alors que les centres villes des pôles urbains auraient plutôt tendance à perdre leurs habitants. Depuis les années 1990, les trois territoires de la ville au sens large, soient le centre urbain, les banlieues et les couronnes, voient leur taux de croissance se rapprocher. Aujourd’hui et depuis 1999, la population des centres urbains se redensifie alors que la croissance démographique du périurbain ralentit. Cependant, depuis 2010, et toujours d’après les données de l’INSEE, un français sur quatre habiterait dans le périurbain, un territoire qui représente à ce jour 40% du territoire national20. Mais ce chiffre doit cependant être compris et utilisé de manière relative. En effet tout dépend ce qu’on entend par périurbain. Lorsqu’on parle de 40% du territoire français, cela signifie qu’au sein de l’aire urbaine, 40% est utilisé par les sols du périurbain.
La détermination précise de la proportion d’espaces périurbains reste difficile à appréhender du fait de ses limites qui en restent à ce jour encore floues. Néanmoins, quelques soient les limites qu’on lui attribue, le territoire périurbain a inéluctablement atteint un poids démographique qui révèle une attractivité incontestable.
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20 SERRANO, José, L’étalement urbain, une analyse à partir de la théorie de la justice de J. Rawls, 2014.
2. Rennes, « Ville archipel » : le modèle d’une urbanité durable
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L’aire urbaine du Pays de Rennes
Source : Orthophotographie E-mégalis Bretagne et Collectivités territoriales bretonnes
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La métropole, telle qu’on la connait aujourd’hui, est la résultante de nombreuses expérimentations urbaines. Au cours de leurs histoires respectives, les métropoles se sont construites et modifiées. Il ne faut donc pas la considérer comme une entité figée, dont la forme ou le fonctionnement sont invariables. Comme le disait Saint Augustin, la ville «ce sont des hommes et des pierres». Ce sont donc les relations entre les hommes et leur manière d’habiter la ville qui en modifient les formes urbaines. Aujourd’hui la question de la ville durable s’apparente de manière inévitable aux problématiques auxquelles cette dernière devait déjà répondre. En effet, au cours de ce processus dont la croissance ne semble pas diminuer, la consommation des sols naturels du périurbain inquiète de plus en plus. Il devient alors indispensable de se demander comment est-il possible de maîtriser l’urbanisation sur un territoire dans l’espace et dans le temps ?
La métropole rennaise exploite un système appelé « ville archipel » où le principe de la conservation de ses terres agricoles autour de pôles urbains crée une cohérence urbaine.
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Rennes et les autres communes de la «Ville Archipel»
Source : AUDIAR
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2.1 Les origines du projet : pour la préservation d’un territoire
L’élaboration du projet urbain qui fait voir le jour à la « ville archipel » de Rennes que l’on connaît aujourd’hui, ne s’est pas faite en un jour. Plusieurs étapes ont conduit Rennes à devenir un territoire complexe à comprendre mais intéressant à analyser.
De manière générale la France a du trouver les moyens de se relever après les deux éprouvantes Guerres Mondiales. La France se reconstruit et chaque grandes villes de l’hexagone à son rôle à jouer dans cette remise en état du territoire national. A partir de 1967, la reconstruction du pays est considéré comme terminée et s’en suit alors une période de développement et d’expansion économique au cours d’une période appelée «a posteriori les Trente glorieuses»21. Cette époque est fortement marquée par une volonté d’amener l‘être humain vers le progrès. Pour cela, on croit à un avenir meilleur. L’an 2000 devient alors une perspective qui motive les différents acteurs de la ville à s’engager pour atteindre un idéale urbain. Dans ce contexte, à Rennes, des plans de développements urbains commencent à voir le jour dans le but de faire de Rennes une «agglomération fonctionnelle et nouvelle ».22
Le plan urbanistique de la ville de Rennes, dans l’optique des années 2000, est tourné vers une croissance urbaine où activités économiques et industrielles privilégient les technologies de pointe. Cette orientation vers l’avenir permet à la ville de Rennes de recevoir en 1967 le Grand Prix de l’Expansion de la ville française23. A ce moment là, Henri Fréville alors Maire de Rennes comprend que la ville ne doit pas s’en tenir à ses acquis. Il évoque alors pour la première fois la volonté de créer une «coopération intercommunale de l’agglomération rennaise»24. Une année auparavant, les villes de Lyon et Strasbourg avaient été obligées de s’organiser selon un réseau intercommunal25, mais l’action de la ville de Rennes est un choix et non une obligation. Les élus de Rennes ont eu la conscience de comprendre que ce prix ne représentait pas l’aboutissement d’un travail mais bien son commencement. Bien que les maires des communes alentours furent d’abord réticents, ils comprirent rapidement que ce projet de grandes envergures aurait pour but de les rassembler et non de les diviser. L’établissement d’un territoire commun entre Rennes, ville centre et ses alentours a donc pu commencer.
21 PERRONO, Thomas, Imaginer le Rennes de l’an 2000 en 1967, En Envor, 2013.
22 0p. PERRONO, Thomas, p31.
23 FREVILLE, Henri, Rennes de l’an 2000 , ORTF, Collection Bretagne actualités, 13 Octobre 1967.
24 RENNES METROPOLE, « LE DISTRICT URBAIN DE L’AGGLOMÉRATION RENNAISE,Notice historique succincte (1970-2012) », Juin 2012.
25 Loi du 31 Décembre 1966.
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La prise ne compte des espaces naturels
Source : AUDIAR, Décembre 2015
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Depuis 1966, l’Etat accompagné des collectivités locales tentent d’établir et de mettre en place des documents visant à déterminer les orientations du projet urbain vers lequel le territoire doit tendre. Il faudra finalement attendre 3 années pour que la communauté rennaise, composée de 27 communes, voit le jour en temps que « District de l’agglomération rennaise »26, qui deviendra à partir de 1999 « Renne Métropole ». Le premier SDAU (Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme) est établi en 1974 mais il accorde des surfaces à bâtir bien trop importantes si on prend en compte la volonté de confiner les pôles urbains dans des limites territoriales ne permettant pas la jonction entre les communes.
Dans cette optique, ce premier document est alors révisé en 1977 et confié à l’AUDIAR (Agence d’Urbanisme et de Développement Intercommunal de l’Agglomération Rennaise, créée suite à la naissance du district) (…) qui reprend les grands principes auxquels la métropole cherche à se rattacher : «Les choix réalisés, les villettes et la ceinture verte, resteront la marque du modèle spatial instauré dans l’agglomération, comme l’importance accordée à la qualité de l’urbanisme, qui se lit dans des opérations emblématiques»27. C’est à partir de ce moment là qu’enfin la questions des qualités environnementales entre clairement dans le viseur des élus. Ce projet, à l’échelle des intercommunalités, qui est alors qualifié de « schéma vert » s’ouvre donc à la dimension de la ville durable.
La croissance des 27 communes du territoire rennais va clairement être mesurée et contrôlée tout en assurant un développement de chaque centre urbain qui sont encouragés à conserver leur identité propre. En effet, l’enjeu de ce projet n’est pas de créer une mosaïque de bourgs ruraux identiques mais bien d’obtenir un territoire varié où chaque habitant sera en mesure d’y trouver ses intérêts. D’ailleurs Monsieur Antoine Blanchet, attaché de presse de Rennes Métropole, a confié que depuis le début du projet, il était absolument exclu l’idée de faire des bourgs ruraux une « banlieue de cités dortoirs ».
Par la suite le SDAU va être révisé à plusieurs reprises et d’autres lois vont entrer en vigueur comme la loi SRU (loi de Solidarité et de Renouvellement Urbain). Mise en place à partir de l’année 2000, cette loi oblige notamment toutes les communes (qui sont à l’époque au nombre de 67) à se doter d’un PLU (Plan Local d’Urbanisme) qui doit absolument être en adéquation avec les principes énoncés dans le SCot (Schéma de Cohérence Territoriale) qui, à partir de 2003 concerne l’ensemble du territoire rennais. Au sein de ce document, une grande place est réservée aux intentions visant à conserver les surfaces agricoles. A cet instant, une vision commune est établie. La métropole rennaise se voit alors appliquer le concept de « ville archipel » où l’urbanisme de proximité prime au travers d’une mise en relation des différents pôles urbains grâce au renforcement d’un réseau de transports en commun qui
26 http://www.archives.rennes.fr/fileadmin/archives/documents/histoire_de_Rennes/organismes/District_RM/le_District_urbain_ de_l__agglomeration_rennaise.pdf, consulté le 12 Décembre 2018
27 GUY Catherine, «La fabrique du territoire : définir, anticiper et renouveler le développement de l’agglomération rennaise, une tâche de Sisyphe pour l’agence d’urbanisme», in Territoire en Mouvement, n°2, 2007.
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Les grands points de la «ceinture verte» de Rennes
Source : AUDIAR, Décembre 2015
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traversent des paysages ruraux conservés, constituant une « ceinture verte »28. Chaque commune est encouragée à se dynamiser tout en conservant sa propre identité. C’est en 2007 que ce plan d’action est finalement approuvé.
Le SCoT de la métropole de Rennes est fortement encré dans cette volonté de donner aux espaces naturels et agricoles une place indispensable au développement de la « ville archipel ». Si les différents pôles de cette zone urbaine sont reliés par un réseau de transports variés et conséquents, les différentes communes de la « ville archipel » de Rennes sont séparées par des espaces naturels conservés qui, par leur mise en relation, créent une « ceinture verte » entre la ville centre et les communes alentours. Cette « ceinture verte » possède deux fonctions principales. Sa première vocation est d’inscrire dans le paysage rennais une limite à l’étalement de la ville centre qui se retrouve alors contenue. L’existence de ces coupures permet la préservation des centres bourgs. Jean-Yves Chapuis, une des figures incontournables lorsque l’on parle de » ville archipel » a d’ailleurs déclaré : «Il y a eu très rapidement l’idée qu’entre la ville centre et les communes, il fallait une coupure, la fameuse ceinture verte, et que la volonté de l’Etat d’imposer la communauté urbaine avait été vécue en fait comme la volonté de la ville de Rennes de s’étendre sur les communes environnantes et de nier la diversité des réalités communales. La volonté de créer une ceinture verte entre la ville centre et les communes
environnantes et ensuite entre les communes elles-même - d’où le terme ceintures vertes au pluriel -était une reconnaissance, déjà, de la multipolarité de l’agglomération rennaise»29.
Aujourd’hui 76 communes composent le territoire de cette « ville archipel » avec 510 000 habitants. Il semble que les élus aient pris en compte la dimension de conserver et de préserver les espaces agricoles qui ont à la fois une vocation écologique comme nourricière. Mais il est important d’apporter plus de précision concernant les moyens mis en place afin d’appliquer ces bonnes résolutions. Deux documents ont d’ailleurs une place majeure dans l’exécution de ce plan de bataille contre un étalement urbain gourmand d’espace. Tout d’abord le PLA (Plan Local de l’Agriculture) qui a été créé en 2008 et qui est un accord entre les collectivités locales et les acteurs agricoles. Ensemble ils doivent s’accorder sur les moyens mis en place afin de construire un avenir commun avec différents objectifs comme :
- s’interroger sur le devenir du foncier agricole
- conserver le paysage des bocages caractéristique du pays de Rennes
- s’adapter aux volontés énergétiques et climatiques
- favoriser un lien entre producteurs et consommateurs
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29 CHAPUIS, Jean-Yves, «Rennes, la ville archipel», La Tour d’Aigues, l’Aube, 2013, p.12.
Dans cette lignée, le PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable) énonce deux principes fondamentaux : « Rennes, ville solidaire » et « Rennes, ville durable ». On s’attend donc à y trouver des règles de mise en application qui viseraient à concilier ces thématiques. Malheureusement ce document reste encore qu’un ensemble d’orientations qui encourage les communes à développer leur singularité tout en respectant ce paysage agricole : «Outre l’activité économique qu’elle favorise, le maintien d’une agriculture périurbaine dans les zones agricoles au delà de la rocade contribue à la mise en valeur des paysages urbains en poursuivant la gestion des haies bocagères et en entretenant les espaces interstitiels. L’agriculture périurbaine est toutefois à concilier avec de nouveaux usages qui tendent à se développer dans les espaces agro-naturels (sport-détente, tourisme, découverte des milieux naturels, …)»30
La détermination précise de la proportion d’espaces périurbains reste difficile à appréhender du fait de ses limites qui en restent à ce jour encore floues. Néanmoins, quelques soient les limites qu’on lui attribue, le territoire périurbain a inéluctablement atteint un poids démographique qui révèle une attractivité incontestable.
30 http://metropole.rennes.fr/politiques-publiques/transports-urbanisme-environnement/les-plans-lo caux-d-urbanisme/consulterle-plan-local-d-urbanisme-de-rennes/a-6-projet-d-amenagement-et- de-developpement-durable/, consulté le 2 janvier 2019
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Source : Stefano Boeri Architects
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Vision prospective de la nature se réintroduisant dans le centre ville de Milan
2.2 Vers une urbanité des lieux : la ville des proximités et des identités
Il est clair que les métropoles tendent vers des transformations morphologiques résultant de l’étalement urbain. Ce processus, expliqué précédemment, a entrainé une expansion des espaces bâtis sur des territoires de plus en plus loin des centres bourg et qui pose la question de la conservation et la préservation de ces territoires. Après avoir vécu ou parcouru différentes métropoles européennes comme Bordeaux ou Milan, ce schéma d’une ville qui ne laisse plus la place à la nature de s’infiltrer entre les potes urbains semble assez systématique et inquiétant. D’un point de vue écologique mais aussi sanitaire et alimentaire il me parait impossible que les métropoles continuent de grapiller chaque mètre carré en vue d’étendre leur territoire. Cette prise de conscience s’est enfin engagée à Milan avec le plan du MetroBosco. L’enjeu est de contenir l’expansion de la métropole italienne en identifiant et en protégeant Le Parc Agricole de Milan Sud qui s’étend sur presque 46 300 hectares. Ce territoire concentre une activité agricole intensive principalement céréalière et irrigué par un réseau comprenant 1 400 exploitants. Longtemps menacé par l’étalement urbain que subit la métropole milanaise, le territoire du parc est aujourd’hui protégé et un second plan de préservation voit le jour au nord de Milan.
«La ville archipel, c’est reconnaître qu’il n’y a plus de dichotomie entre l’urbain et le rural, que la campagne n’est pas un vide mais un autre plein, que l’agriculture périurbaine ne concerne pas seulement le monde agricole mais aussi les urbains et qu’il faut discuter des différentes formes de l’agriculture.»
Jean-Yves Chapuis31
31 CHAPUIS Jean-Yves, «Rennes, la ville archipel», La Tour d’Aigues, l’Aube, 2013
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Carte du site étudié au Nord de Rennes Métropole
MONTGERMONT
RENNES
Source : réalisation personnelle
PACE
LA CHAPELLE DES FOUGEREZT
SAINT GREGOIRE
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«ROUTE DU MEUBLE»,
vers Saint Malo
Un conflit d’intérêt s’installe dans le paysage du péri urbain. D’un coté des acteurs tentent de se partager le marché tandis que d’un autre coté, une inquiétude sur le devenir de ces espaces s’accroît. En effet l’étalement urbain induit, comme déjà énoncé précédemment, une consommation d’espaces ruraux dont l’expansion est sans précédent. Cette consommation peut se faire selon deux points de vue, expliqués par JeanPhilippe Antoni et Samy Youssou32. Ces auteurs expliquent d’abord que la ville intègre ses espaces périphériques dans un but d’usage et de fonctionnement. Dans un second cas, les espaces périurbains peuvent être aspirés par la ville dans un but de consommation, c’est-àdire ces territoires deviennent peu à peu partie intégrante de la ville et se transforment en espaces urbains. Leur caractère de périphérie et d’espace de transition disparaît alors au profit de nouveaux territoires, sur un schéma de la propagation d’une onde. On assiste alors à l’occupation, la transformation et la disparition d’espaces naturels.
Après avoir vécu dans l’ère de la consommation où les ressources ne sont pas illimitées, de nouveaux concepts urbains apparaissent. L’agriculture et sa dimension durable revient dans le lexique des conceptions urbaines d’aujourd’hui puisque les politiques s’attachent de plus en plus à questionner les métropoles sur leur capacité à se renouveler. Dans cet élan, la métropole rennaise réfléchi depuis plus les années 1960 au système de
« ville archipel » qui a pour but de recréer une organisation urbaine, composée d’un seul centre et de sa banlieue, mais en faisant bien correspondre des morceaux de villes qui constituent alors des « villes multiples ». Ce nouveau mode d’urbanisation est directement lié à la composition pré existante du territoire rennais où la présence d’un archipel de plusieurs bourgs agricoles ruraux autour d’une centralité plus urbaine est déjà en place. L’enjeu de se projet territorial n’est pas de rendre indépendant chaque pôle mais bien de créer une interdépendance et une mise en relation de chaque entité. Cette pluricentralité s’oppose ainsi à la vison idéale de Le Corbusier qui conférait 4 fonctions (habiter, travailler, circuler, recréer) à un seul centre urbain, indépendant et autonome. En opposition à cette composition rationnelle de l’espace urbain, la « ville archipel » s’attache davantage à une multiplication des pôles rendue possible notamment grâce à une mise en réseau indispensable qui introduit alors la notion de proximité.
Ainsi dans le système de « ville archipel », les grandes distances quotidiennes sont bannies. En moyenne chaque pôle se trouve à environ 4 kilomètres du prochain.
32 ANTONI, Jean-Philippe, YOUSSOU, Samy, «Étalement urbain et consommation d’espace. Étude comparée de Besançon, Belfort et Montbéliard», Revue Géographique de l’Est, 2007.
33 HEILIGER, Louis, BALMES, Jules, JABOULAY, Léonard ,« ARCHIPEL - la ville archipel », Cultures du projet urbain et territorial ENSAPM_Cours P5_Marc Armengaud, 2017
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Mais ces centres urbains bâtis ne sont jamais contigus et l’objectif de cette action n’est pas qu’ils le deviennent, bien au contraire. En effet, si ce projet s’attache à protéger les zones agricoles, son but est également de créer des interruptions entre les différents pôles urbains de manière à ce que le centre de Rennes ne s’étende pas jusqu’aux autres polarisés secondaires. D’ailleurs l’urbaniste et ancien vice-président de Rennes Métropole déclare : «Il y a eu très rapidement l’idée qu’entre la ville centre et les communes, il fallait une coupure, la fameuse ceinture verte, et que la volonté de l’Etat d’imposer la communauté urbaine avait été vécue en fait comme la volonté de la ville de Rennes de s’étendre sur les communes environnantes et de nier la diversité des réalités communales. La volonté de créer une ceinture verte entre la ville centre et les communes environnantes et ensuite entre les communes elles-mêmes - d’où le terme ceintures vertes au pluriel -était une reconnaissance, déjà, de la multipolarité de l’agglomération rennaise»34
La « ville archipel » est une ville multiple. Multiple parce qu’elle offre des lieux d’intensité urbaine avec des qualités particulières mais aussi un lien avec la nature grâce notamment à la préservation de sites naturels mais aussi par la présence des champs urbains. Du centre urbain aux communes périphériques, la « ville archipel » lie à la fois la grande échelle urbaine est celle de la vie quotidienne, plus intime. La qualité de vie est l’un des enjeux fondamentaux de ce système
qui cherche à conserver et à développer au travers de chaque lieux de vie. Par conséquent, chaque commune se doit d’être un lieu de la vie quotidienne c’est-à-dire qu’elle doit permettre à tout habitant de retrouver des services de proximité. C’est pourquoi on retrouve de manière presque systématique un centre bourg pour chaque commune avec un boulanger, une pharmacie, un coiffeur, les écoles maternelles et/ou élémentaires ainsi que d’autres services de proximité. L’image du village se retrouve dans l’organisation de ces centres périurbains. A Montgermont tous les commerces sont regroupés autour d’une place, souvent appelée par les habitants de la commune « la place du village ».
Par ailleurs, le système de « ville archipel » c’est aussi la volonté de conserver l’identité et la spécificité de chaque commune du territoire rennais. Les habitants interrogés du secteur Nord de Rennes Métropole s’accordent pour dire qu’ils ont choisi d’habiter leur commune pour sa situation géographique ou par son raccordement au réseau viaire mais reconnaissent également investir les autres communes de ce secteur car chacune « possède ce que les autres n’ont pas » (Carole, habitante de La Mezière). Lorsque l’on demande à la famille Chagnot résidant à La Chapelle des Fougeretz pourquoi ils se rendent dans les différentes communes, toutes les communes du Nord de la métropole semble s’être bien réparties les rôles. En effet si les courses hebdomadaires se font dans la commune de Saint Grégoire, aux
34 Op. Cit. CHAPUIS, Jean-Yves, p41. 43
Une entrée dans la métropole rennaise
Source : photographie personnelle
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portes de la rocade rennaise, tous les loisirs semblent quant à eux concentrés dans la commune de Montgerval. On y retrouve en effet un golf, une piste de karting ou encore des salles de jeux ou des salles multi sports. Ainsi il semble qu’une certaine organisation a été mise en place de manière à ce que chaque commune ait sa spécificité et ainsi une attractivité.
D’autre part, la ceinture verte rennaise est perçue comme une manière de s’échapper rapidement de l’espace urbain contenu et marque le passage à un territoire moins dense propre au périurbain. En effet lorsqu’on se promène sur le territoire de la métropole rennaise, le passage d’une commune à l’autre se fait par le biais de route de campagne, c’est-à-dire des routes sans marquage au sol, slalomant entre les différentes parcelles agricoles. De nombreux hameaux sont conservés et ponctuent ces axes de communications. Les champs se succèdent et il est parfois surprenant de voir surgir au milieu de ce paysage rural, le panneau signalant l’entrée dans la ville de Rennes.
Cette « ceinture verte » est à la fois composée de zones naturelles comme des forêts mais aussi d’espaces agricoles. Cet aménagement de la périphérie de la ville centre est différent des autres métropoles françaises qui voient leur propre périphérie composée de banlieues majoritairement dortoirs. Cette particularité de la « ville archipel » de Rennes souhaite être conservée notamment par les élus locaux comme le Président de Rennes Métropoles, Emmanuel Couet qui a pour cela
signé en 2016 une convention avec la Chambre d’Agriculture visant à conserver au maximum le paysage de la ceinture verte de la capitale bretonne. Afin de limiter l’étalement urbain qui consommerait davantage de territoire à préserver, les maires des communes de la métropole privilégient des constructions verticales plutôt qu’horizontales. La taille d’une parcelle destinée à accueillir une maison individuelle est limitée à 350 m2, est largement assumée par les élus : « La moyenne d’une parcelle chez nous, c’est 350 mètres carrés pour une maison individuelle. Ceux qui nous disent qu’ils veulent plus, on leur dit qu’ils peuvent aller voir ailleurs, mais qu’ils ne trouveront pas », déclare Jean-Claude Rouault, maire de Gévezé, commune de Rennes Métropole.
Cette diversité ne se concentre pas uniquement sur les identités des communes qui proposent des activités ou des intérêts différents. Cette variété concerne également les champs urbains. Dans l’objectif de conduire la communauté à développer une urbanité durable, les 60% (soit 78 600 hectares) du territoire qui sont occupés par les terres agricoles sont morcelés en différentes cultures avec notamment 40% de prairies, 24% de terres céréalières et 23% de cultures de maïs. Du côté des exploitations agricoles, 38% sont des exploitations laitières, 52% sont bovines et 10% sont porcines. Cette volonté de vouloir proposer différentes cultures mais aussi une exploitation agricole, soutient l’avancée de ce projet vers une ville durable.
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2.3 Un territoire de réseaux
La balance entre l’attractivité du centre urbain et celui de l’espace rural a connu plusieurs variantes. Si jusqu’à la moitié du 19eme siècle, la population française rurale n’a fait qu’augmenter, la seconde partie de ce siècle a été marquée par un exode rural massif35 Cependant, depuis la fin du 20eme siècle, la tendance s’inverse puisque la périphérie des villes voit sa population augmenter. La question de « l’exode urbain »36 en France prend depuis près de 10 ans de plus en plus de place dans les journaux et tente d’expliquer les raisons qui poussent les français à déserter les villes au profit des campagnes et zones péri urbaines. Alors que l’INSEE comptait 14 millions d’habitants du péri urbain en 2008, soit 23,8% de la population, 30% des français occupent aujourd’hui le territoire péri urbain.
Si la qualité de vie avec un environnement moins dense, plus sain et plus en lien avec la nature motive la population à s’y installer, cette migration depuis les villes jusque dans les zones périphériques est rendue possible grâce à une offre de réseaux de transports importants. La diversité de ces moyens de déplacements offrent l’opportunité au péri urbain37 de répondre à ce qui lui a été principalement reproché : sa difficile accessibilité.
La Bretagne, et sa multitude de villes moyennes, constituent un territoire idéal à l’élaboration d’un système métropolitain basé sur la mise en réseaux de ses communes. Depuis les années 1990, la métropole rennaise a connu la plus forte croissance démographique de France en gagnant plus de 40 000 habitants en 8 ans. La métropole rennaise est sortie de ses remparts depuis la mise en place de sa rocade en 1999, après plus de 30 ans de travaux. Son nouveau réseau viaire permet la mise en relation de la ville centre et de ses péri communalités mais lui permet également de se positionner comme carrefour stratégique. En effet sa rocade crée une boucle de 31 kilomètres qui donne accès à des routes nationales ou autoroutières reliant la métropole rennaise à d’autres métropoles françaises comme Nantes, Brest ou Paris. Cette position de plaque tournante essentielle du Nord Ouest de l’hexagone lui confère une identité de métropole indéniable.
En développant sont réseau viaire, Rennes Métropole affirme sa volonté de devenir un territoire urbain contemporain dont l’un des facteurs principaux est bel et bien celui de la mobilité. Comme le démontre Yves Chalas, « l’urbanité vraie est aujourd’hui mobile »38. Les distances entre le lieu du domicile et celui du travail ou des loisirs ont augmenté.
35 MOLINIER, Jean, « L’évolution de la population agricole du XVIIIe siècle à nos jours », Economie et Statistique, 1977, p79-84.
36 REY-LEFEBVRE, Isabelle, « Après l’exode rural, l’exode urbain? », Le Monde pour Directmatin, 04 Avril 2007.
37 Données de l’INSEE.
38 CHALAS, Yves, L’invention de la ville, Collection Villes, Anthropos, 2000
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Un territoire déployé grâce à des axes de communication majeurs
Source : rennes.aeroport.fr
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