Centre Hélio Marin : où en est l’utopie naturiste ? Une recherche hors saison

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Centre Hélio Marin : Ou en est l’utopie naturiste ? Une recherche hors saison.

Lisa Berruyer

Mots clés : Camping / Centre de vacance / Habitation Légère de Loisir (HLL) / Hors saison / Limites spatiales / Nature / Naturisme / Périurbanisation / Représentation.

Après la libération, c’est dans les banlieues périurbaines des grandes et moyennes villes de France que les clubs « naturistes » voient le jour. Ce sont les 84 sections des Clubs du Soleil, dont le plus connu se situe à Carrière sur Seine en banlieue parisienne. Ces lieux de villégiature associatives proposent une expérience de vacances de proximité, où l’on peut se dénuder en liberté toute l’année, tous les soirs et pendant les week-ends. L’arrivée des deux semaines de congés payés en 1936, puis des trois semaines en 1956, offrent la possibilité à tous, de partir en vacances pour plus longtemps et ainsi de se déplacer plus loin géographiquement. Christiane et Albert Lecoq, pionniers du naturisme français, qui sont les principaux investigateurs et constructeurs des Clubs du Soleil, vont avoir pour projet de coloniser une région reculée de France: Montalivet dans le Médoc, situé à quelques heures de Bordeaux, au milieu d’une pinède et au bord de la côte d’Argent Atlantique. Le 23 Juillet 1950, le Centre Hélio Marin est officiellement créé, sur une parcelle de 23.8 hectares de bois carbonisé. Le centre fait actuellement 200 hectares. A l’origine, le CHM est un lieu de vacances associatif dont le séjour ressemble à la construction d’un lieu, par et pour une collectivité, autour d’une pensée naturiste commune. De quelques centaines au départ, ils sont 3 500 personnes en 1961. Victime de son succès international, le centre est rapidement confié à un gestionnaire financier : la Société de financement de Centre de nature (la SOCNAT), créée en 1954 à cet effet). Cette société anonyme dont le capital estimé en 1999 est de « 1 206 903 euros, mais sa valeur réelle serait, dit-on, quinze fois plus grande. »1. Les grands actionnaires deviennent peu à peu majoritaires, les directeurs se succèdent et la SOCNAT est rachetée en 2013 par Vacalians Goup, dont le capital social est estimé à 145 721 596,00 € d’après le site societe.com. Actuellement, entre 10 000 et 15 000 personnes séjournent au centre durant la haute saison. 1

Decamps, M.A. 2005. Histoire de Montalivet et des naturistes du Médoc, Bordeaux : Editions Publimag.

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Bernadette, parisienne, retraitée de 77 ans, ancienne infirmière qui s’essaie à la peinture, Bernadette habite au CHM à l’année depuis 10 ans et fréquente le centre depuis 1954 (trois ans après sa création).

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Bernadette sur la terrasse de son bungalow. « J’avais plus un aperçu du lieu l’été en arrivant ici, mais savoir qu’en hiver il n’y aurait personne autour de moi, ça ne me posait pas de problème. Je ne suis pas à la recherche de gens. »


Fille de naturistes et moi-même pratiquant le centre depuis toujours, le choix d’étudier ce mode vie et l’espace du CHM m’est apparu comme une opportunité pour mieux comprendre ce lieu que je fréquente. Il me semble que la naissance de cette pratique dans les milieux périurbains, puis son développement dans les campagnes attractives ainsi que son mode de vie, peut être « alternatif », peuvent participer à la production de connaissance de ce séminaire, destiné à repenser la Métropole et son expansion. Dans une société où les flux se croisent et se connectent et où la notion de distance s’estompe, ville, campagne et tiers espace s’entrelacent et s’entre-influencent. Notre étude commence par un questionnement : A la connaissance de la doctrine naturiste, est-ce que son mode de vie au CHM produit spatialement quelque chose qui lui est propre et quelles sont les représentations de ces habitants « hors saison » ; quel est ce naturisme qui se vit à l’année dans un espace de loisirs saisonniers dont les prétentions n’ont rien à voir avec les communautés utopistes et alternatives de ses débuts ? Pour cela, en plus des apports théoriques autour de la pensée naturiste, de la formation du CHM et de sa réglementation, nous avons mené une enquête exploratoire dans le centre auprès de ces habitants « à l’année ». Ils sont un peu plus d’une centaine dit-on, qui y habitent et qui sont rattachés fiscalement à l’adresse du Centre Hélio Marin. Nous avons mené cinq entretiens semi-directifs avec des habitants annuels rencontrés antérieurement ou bien au fil de nos recherches sur le terrain. Les thèmes suscités lors de ces rencontres étaient dirigés autour de leur représentation propre du naturisme, de l’espace du CHM, de leur lieu de vie antérieur, de celui actuel (mobile Home ou bungalow) et des raisons qui les avaient poussé à adopter ce mode d’habitat. Dans certains cas nous avons été autorisés à photographier leur portrait et/ou celui de leur habitation légère2. Profitant de « la vacance des lieux »3, nous avons également mené une recherche photographique en immersion dans chaque « quartiers » du centre de vacances afin de comprendre son organisation spatiale et ses spécificités. Cela nous a conduit à nous concentrer particulièrement sur les limites spatiales et visuelles, les délimitations floues, inexistantes ou marquées qui interrogent la pratique naturiste comme pensée d’ouverture et de « mise à nu » sur le monde.

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HLL : Habitation Légère de Loisir.

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Bachimon, P. 2012. Vacance des lieux, Paris : Edition Belin.

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Paula et Andreas, sont un couple d’allemand de Cologne. A 39 ans, Paula écrit sa thèse de science politique quand Andreas, 55 ans est artisan, il construit un bungalow, son deuxième. Ils habitent le CHM depuis 2 ans et fréquentent le centre depuis 5 ans.

Paula et Andreas, sur la terrasse de leur bungalow. « Actuellement nous sommes locataires du bungalow que nous avons construit, puis revendu. D’ici trois ou quatre mois le nouveaux bungalow sera prêt pour emménager. ».

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Le retour à la « nature », une projection citadine ? « Ce qui définit le naturisme c’est le mot nature. Donc on vit dans la nature et le fait de vivre dans la nature, c’est ce qui permet de s’ouvrir à cette nature et d’être plus respectueux de tout ce qui pousse et de tout ce qui vit. » (Bernadette, photos p. 2) Le naturisme se développe au 19ème, qui est le siècle de l’industrialisation et de l’urbanisation. Ce monde de l’artificialisation vient en opposition avec l’idée de nature : ce qui existe en soi, sans intervention humaine. La nature apparait dans ce contexte, comme un autre monde plus authentique et original, le lieu de l’origine, de la naissance, et, pour la philosophie naturiste, de la nudité et du dépouillement. La recherche de la vie en adéquation avec ce qu’on appelle la nature vient en réaction à l’expansion urbaine et au mode de vie citadin4 et c’est d’ailleurs dans les périphéries de la métropole parisienne que naissent les premiers centres. Au CHM, sur les 7 personnes interrogées, 6 étaient des citadins, d’origine, ou l’avaient été durant une période de leurs vies : «Même si j’aime beaucoup Paris, il y avait une atmosphère un petit peu difficile à vivre» (Bernadette) ; «En ville, en Allemagne on n’est jamais dehors, on est toujours à l’intérieur. Et puis ici l’air est meilleur, il y a l’océan et la nature environnante. En ville il y a beaucoup de gens, de la saleté qui n’est pas à soi. Quand il fait chaud, on a envie de se mettre à poil mais on ne peut pas se détendre comme on veut parce que si on se met nu on risque de choquer les voisins.» (Paula et Andreas, p. 4) ; «pour moi la ville c’était trop de distractions, trop d’informations, trop de pollution visuelle et sonore, tout le temps.» (Rudy et Annabelle, ci-dessous). Le CHM représente pour ces habitants, un refuge et un havre, en opposition à la vie citadine et aux acerbités des villes. 4

Chatron, M. Teste, F. « 4 expériences de retour à la nature ».

Rudy et Annabelle, 27 et 23 ans. Installés depuis Septembre, ils comptent tenter l’expérience pendant un an. Rudy est associé du bar tapas au centre commercial du CHM, cela constitue son travail pendant la saison. En hiver il s’essaie à la menuiserie avec un collègue ébéniste de formation. Ils fabriquent des meubles et ont travaillés sur quelques chantiers de construction de bungalow. Annabelle suit une formation de cuisine à Montalivet «ville». Rudy était parti en vacances au Cap Vert le jour de la photo.

Le bungalow de Rudy en construction. «Ici on ressent un peu les vestiges de cette idéologie : le coté nature, qui voudrait ne pas sur-consommer et avoir seulement ce qui est nécessaire. Le naturisme à la base c’est un retour à la nature, un espèce de dépouillement pour se reconnecter à l’environnement. Mais pas que, parce qu’ici on n’est pas vraiment dans une nature, c’est un champ de pin, avec une présence de l’empreinte de l’homme. On ne peut pas se rapporter qu’a l’idée de nature, c’est une illusion je trouve. C’est surtout une philosophie ou les gens voulais se retrouver ensemble : la nudité, c’est tout le monde sur un même pied d’égalité.»

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François a 60 ans et est au RSA. Il habite au camp depuis 13 ans et n’était jamais venu auparavant. Il est le seul en cette période hivernal à préférer la tenue naturiste. Il n’a pas souhaité être photographié, nous conseillant de tirer le portrait à «Barnabé», son compagnon de vie qu’il habille en fonction des saisons et fait parler comme une marionnette.

Le mobile home de François, sa voiture où il a vécu pendant quelques années et sa terrasse en dalles gravillonaires qu’il va enlever pour respecter la nouvelle réglementation interne au centre. «Il y a douze quinze ans, il y avait 350 000 personnes qui vivaient dans les campings, à la base c’est interdit de vivre à l’année dans un camping. Ici si on reconnaît mon adresse fiscale c’est parce que nous sommes dans un camping privé. La législation entre un camping et un centre privé ce n’est pas pareil. Ces 350 000 personnes c’est pire actuellement. Mais il y a des tolérances parce que tous ces gens on va les mettre où ? il n’y a pas de logements pour eux. Il y a de plus en plus de campings ou il y a une tolérance pour vivre à l’année.»

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La réduction des stimulus et des besoins. La recherche d’un essentiel. « Pendant l’hiver on se pose la question de qui sont les gens qui habitent vraiment autour. On ne se voit pas souvent, mais on sait qu’ils sont là et on se connait. L’identité de cette communauté, ne s’est pas construite uniquement autour du fait qu’on veuille être nu, mais aussi autour du fait qu’on veuille être dans un endroit qui soit joli, entouré de nature et où on puisse être seul. » (Paula et Andreas)

En se concentrant sur les raisons et les représentations des personnes interrogées, nous avons pu déterminer des corrélations dans ce qui les ont menés à adopter un mode de vie naturiste à l’année, dans un espace de loisirs saisonniers. Hormis le besoin de nature, il y a le besoin de liberté, celle de se mettre nu, « lorsque les conditions météorologiques sont là » et qui constitue la transgression principale du point de vue du monde extérieur au centre. C’est aussi la recherche d’une forme d’isolement et de silence qui permettrait d’être à l’écoute de soi et de l’environnement direct extérieur. Pour autant, ces personnes se défendent de vivre en ermitage, car si elles cherchent, pour la plupart, à s’éloigner des « distractions et divertissements » et de la « consommation », ce n’est pas un désert humain et elles se gardent la liberté d’aller à Bordeaux le week-end ou de participer à la vie associative assez riche du CHM et de Montalivet. La structure du centre offre pour certain, un sentiment de sécurité (« Si j’avais une maison comme celle-ci au milieu de la forêt, j’aurais peur ») et qui préserve leur liberté de se mettre nu (« Pour moi le mur d’enceinte préserve les gens à l’extérieur de ce qu’il se passe ici. »). Et puis il y a la question « d’échelle », habiter un petit espace c’est « diminuer les choses qu’on a » et « passer plus de temps dehors ». Les habitations légères de loisir (HLL) du CHM -les bungalows-, se veulent être à la manière de la cabane de Henry David Thoreau dans Walden : une seconde peau qui permet de se mouvoir en son sein dans une nudité absolue, au sens propre et dans une nudité intellectuelle, dépouillée des injonctions et des schémas sociaux. La cabane est « un jeu entre soi et soi, une manière d’être dedans en étant dehors, de se cacher comme un enfant sous une couverture »5. En interrogeant les habitants, on constate que l’aspect régressif du CHM est important. Ce lieu de vacance est porteur de mémoire collective et individuelle. Marie-Claude nous raconte des souvenirs passés en famille dans l’enceinte du CHM « quand j’étais enfant je voyais le CHM comme un paradis, j’y ai aussi élevé mes quatre enfants pour qu’ils vivent aussi cette liberté ». A toutes ces perceptions s’ajoute l’aspect financier. En effet, les personnes interrogées qui viennent à l’année dans ce centre de vacances ont de petits budgets. Sur les 7 personnes : 2 retraités, 1 personne en situation de carence et sur les 4 personnes restantes ayant la possibilité de travailler : 1 étudiante, 1 thésarde, et 2 artisans qui profitent de l’aspect touristique du CHM pour construire et revendre des bungalows. Pour Bernadette, il a fallu choisir entre le loyer parisien (et donc perdre son bungalow) ou venir à Montalivet à l’année ; elle ne regrette pas son choix mais ne pouvait pas assumer les deux. François, quand à lui, après un grave accident de parcours, il a perdu sa maison et s’est retrouvé à vivre dans sa voiture pendant des années. Après 7 ans d’errance, c’est par hasard qu’il trouve un mobile home au CHM. 5

Tiberghien, G.A. 2014. Notes sur la nature, la cabane et quelques autre choses, Paris : Edition du Félin.

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Le CHM, un espace naturel construit.

- Entrée Principale du CHM. C’est un centre de vacances estivales. Le panneau indique l’expérience proposée. La propriété est privée, le lieu est régi par une réglementation propre. « On est propriétaire de notre bungalow, je paye 3 400 euros sans les forfaits individuels, et je ne peux pas faire ce que je veux sur le terrain, je ne peux pas faire de potager, je ne peux pas mettre de barrières, je ne peux pas faire rentrer qui je veux comme et quand je veux à l’entrée, je suis assez limité en fait. » (Rudy et Annabelle p. 5)

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- Barrière Sud-Ouest, zone ONF. Les dunes médocaines ont été fixées par intervention humaine. Avec la montée des eaux et le recul de la côte, elles sont toujours l’objet d’une vigilance continue, sous l’autorité de l’ONF. La parcelle originale du CHM est acquise en 1950 alors qu’elle a subi un grave incendie. Difficile de se l’imaginer aujourd’hui. Les naturistes travaillent à chaque fois à la restauration du site « naturel », qui subit divers cataclysmes d’origine « naturel » (dont la tempête de 1999). En 2002 le CHM reçoit la « Clef Verte », décernée par la Fondation pour l’Éducation et l’Environnement en Europe (FEEE)1. 1

Decamps, M.A. 2005. Histoire de Montalivet et des naturistes du Médoc

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- Barricade Est. Vue depuis l’intérieur du CHM. La barrière protège le monde extérieur d’un éventuel outrage à la pudeur et délimite l’espace privé de la voie publique. A l’intérieur, la nudité est autorisée et protégée.

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- Entrée secondaire Sud-Est depuis un chemin dunaire. Porosité assumée ou inévitable, la voie est ouverte toute l’année sans contrôle. Les sentes sont les seuls lieux ou les chiens et leurs maîtres peuvent se promener.

- Sortie vers plage 2. Nudité intégrale obligatoire. Il y a deux plages au CHM, pour environ 2 km de cote naturiste. Un simple panneau à leur extrémité délimite l’espace et indique la tenue adéquate. En été, les contrôles à l’entrée du camp régulent le passage. En hiver, la voie est libre. 11


- La douche en plein air constitue une pratique incontournable du naturisme. Collective dans la zone de camping ou en sortant de plage, elle est individuelle sur les emplacements de bungalow. Obligatoirement accolées à l’habitation de loisir selon les prescriptions, « aucunes constructions autour n’est autorisée (parois, panneautage, claustra...) » (PTAA2019, p.11). Notre objectif se pose sur les exceptions qui confirment la règle. Le procédé est signalé par des installations décoratives ou protégées des vents dominant. Une construction nous interroge: Serions-nous entrain de poser notre regard sur une forme de pudeur naturiste ? 12


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- Cité Basque. Les 200 hectares du Centre Hélio Marin sont la propriété de la commune de Vendays-Montalivet. Les baux 3-6-9 se succèdent depuis presque 70 ans. Le CHM octroi un droit d’usage de 200 m2 maximum au particulier qui, lui, est uniquement propriétaire de son bungalow (ou de son mobile home), ce qui fait dire à Marie-Claude (p. 17) : « Je ne pense pas que je vais rester à long terme. Il y a trop de changements dans le CHM et ici il n’y a que les planches qui sont à moi ». Sur cette parcelle théorique, diverses règles s’appliquent et sont plus ou moins contraignantes. C’est principalement à cause de l’irrespect de la parcelle par ses usagers et son gestionnaire que la Commune de Vendays-Montalivet a augmenté le prix du loyer annuel en demandant la révision du bail. C’est à cette occasion que le cahier des charges est devenu plus contraignant.

- Cité Gironde. La cité Gironde est un des lieux dans le CHM, avec la cité Caraïbe où l’implantation des bungalows est la moins dense. A la manière des bocages pavillonnaires, les haies uniformes et compacts distribuent et isolent des paysages clos et contigus. 14


- Cité écureuil, zone camping. Ces petites constructions se situent à mi-chemin entre la maison de lotissement, la cabane de jardin et le mobile home. L’implantation des HLL dans la pinède singularise cette architecture standardisée.

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- Bungalow, cité Atlantique. Le paysage naturel du site inaugure des espaces. Des galets glanés sur la plage dessinent des surfaces discrètes et ouvertes sur l’espace collectif.

- Bungalow de Marie-Claude, cité Gironde. « Aucun élément autre que la végétation que l’on trouverait à l’état naturel sur le site ne sera autorisé en guise de plantation ou pourtour de parcelle ou sur celle-ci. (...) Les éléments suivants sont proscrits : - tout claustra (...) - les haies pleines et taillées, à coupe droite, ou créant une composition formelle » (PTAA2019, p.9). 16


- Bungalow, cité Médoc. Les clôtures délimitent une parcelle et signalent des limites séparatives. Son imperméabilité dénote un haut niveau de volonté d’isolement.1 1

Martinez-Barat, S. Pouzenc, J. (dir.). 2016. Groupe de travail empirique : Maisons témoins

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- Mobiles Homes, cité écureuil. La densité des mobiles homes du CHM est à la limite de la réglementation en vigueur : 30% de surface bâti par parcelle : 90 m2 de parcelle pour un mobile home de 30 m2 ? Le seuil de construction de bungalow est atteint au CHM depuis plusieurs années. La direction s’est reportée sur la vente de mobile home. A l’entrée, un village d’exposition permet aux futurs acquéreurs de choisir leur bien.

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- Mobile home, cité Bruyère. L’habitation standardisée, enduite ; la cabane de jardin, le muret et le « garage », sont autant d’icônes propres à la maison de lotissement.


- Terrasse couverte et habitée d’un mobile home cité Écureuil.

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- Bungalows dans la pinède cité Gascogne. La parcelle est intouchée.

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- Bungalow, cité Gascogne. Le jardin structuré à l’anglaise se mêle à la pinède.


- Bungalows cité Caraïbes. « L’espace naturel aux perspectives libres d’origine, dérive lentement vers un aspect de plus en plus similaire à celui d’un lotissement standard périurbain ». (PTAA2019, p.3) « Dans le cas où la végétation est plantée, elle devra reproduire une arborescence naturelle. C’est à dire qu’elle ne pourra décrire de ligne droite, ou de lignes issues d’une composition rationnelle et volontaire. » (PTAA2019, p.9).

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Conclusion La configuration et les origines du CHM comme centre exclusivement de vacances estivales attribuent à ses habitants à l’année une certaine précarité. La tolérance de ces personnes dans le centre peut être à tout moment remise en question. Aussi, ils sont soumis aux changements de réglementation et de tarifs sur un sol dont ils n’ont que le droit d’usage. Lorsque habiter le centre naturiste est un choix, c’est la volonté d’isolement de la ville et des autres qui motive. C’est aussi la recherche d’un monde à soi, au milieu d’une nature, qui représente l’opposé du monde urbain (ou une pause dans la vie citadine), et cela, malgré la maitrise de ces territoire naturels par l’homme. L’expérience alternative et collective que le CHM des débuts proposait autour de l’utopie naturiste semble s’être brouillée au profit d’une pratique individuelle. En dehors des infrastructures du centre (qui n’ont pas été l’objet de notre recherche), les espaces de villégiature, le plus souvent individuels sont devenus perméables à l’installation progressive dans le temps d’un mode de vie et d’iconographie périurbain. Les nouvelles prescriptions techniques et architecturales s’efforcent de venir corriger ces « dérives » et vient rappeler que le bon fonctionnement d’une communauté s’articule autour de règles communes ; et Marc-Alain Descamps écrivait à propos de l’esprit fondateur du CHM, que l’on « est obligé de faire des lois et des règlements que lorsque le consensus implicite a disparu. ». A terme cette étude nous interroge sur la manière de faire société autour d’une idée commune et comment un projet utopique évolue nécessairement au contacte des réalités.

Bibliographie : Bachimon, P. 2012. Vacance des lieux, Paris : Edition Belin. Decamps, M.A. 2005. Histoire de Montalivet et des naturistes du Médoc, Bordeaux : Editions Publimag. Tiberghien, G.A. 2014. Notes sur la nature, la cabane et quelques autre choses, Paris : Edition du Félin. Chapelliere, V. Tricaud, V. 1991. « Sous les pins au bord de l’océan », Pages Paysages, n°3, p. 186-190. Sylvain, V. 2014. « Du projet utopique à la réalité. La création d’Héliopolis, première commune naturiste de France », Histoire Urbaine, n° 41, p. 121-136. Martinez-Barat, S. Pouzenc, J. (dir.). 2016. Groupe de travail empirique : Maisons témoins. Toulouse : La maison de l’architecture d’Occitanie-Pyrénées. CHM Monta, Domaine Naturiste. « Prescription techniques et architecturales applicables au 01/01/2019 ». Chatron, M. Teste, F. « 4 expériences de retour à la nature ». LSD la série documentaire. diff. 01/01/2018 au 04/01/2018. Radio France : France Culture. 24


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