Fokus Industrie

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C E D OSS I E R E ST P U B L I É PA R S M A RT M E D I A E T N ’ E N GAG E PAS L A R E S P O N SA B I L I T É D E S É D I T E U RS N I D E L A R É DACT I O N D U V I F/ L’ E X P R E SS

MARS ‘22

INDUSTRIE

Pierre Mottet Développement durable et croissance

Interview croisée Digitalisation et révolution industrielle

Benoît Derenne Finance durable et nouveaux entrepreneurs

Salvatore Iannello

« Il est temps de passer au ‘‘Mark-éthique’’ ! »

En plus sur Fokus-online.be


2 ÉDITO

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CONTENU. 4

Mobilité durable : encore trop peu exploitée.

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L’économie circulaire : une alternative viable ?

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Interview: Salvatore Iannello

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Énergies du futur : le contre-lamontre

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Digitalisation de l’industrie et révolution industrielle 4.0

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Benoît Derenne : Finance durable et entrepreneurs à impact

ÉQUIPE.

Pierre Mottet

COUNTRY MANAGER

Le développement durable comme levier de croissance

CHRISTIAN NIKUNA PEMBA CREATIVE DIRECTOR

BAÏDY LY RÉDACTRICE EN CHEF

ANNICK JOOSSEN

Les crises n’en finissent pas de se succéder, voire même de se superposer, avec des effets négatifs parfois démultiplicateurs. Et il va falloir s’y préparer. Mais chacune de ces crises est également une opportunité pour rebondir, plus haut, plus fort. Et c’est encore davantage le cas depuis le printemps 2020.

L

e monde a dû se réinventer et les entreprises n’ont pas échappé à la règle. De nouvelles solidarités ont émergé, de nouveaux partenariats se sont noués. Au cours de ces 2 dernières années, les entreprises ont témoigné d’une énorme capacité de résilience, en lien avec la société civile. Nouveaux enjeux, nouveaux défis, nouvelles manières d’entreprendre : de nouvelles générations d’entreprises et d’entrepreneurs sont en train d’émerger pour répondre aux enjeux économiques, mais aussi, plus globalement, aux enjeux sociétaux. Avec des ambitions propres mais aussi pour la planète. En tant que Président de l’Union Wallonne des Entreprises, je suis moi-même ambitieux pour notre Région : la Wallonie ne doit pas seulement rattraper son retard, elle doit carrément vouloir être en tête. Nous avons beaucoup d’atouts pour cela. Et une Wallonie en tête doit être durable : toutes les composantes du développement durable doivent être prises en comptes pour relever ce défi ! Notre défi commun : réussir une triple transition, à la fois économique, sociale et environnementale. D’après le dernier rapport de l’ONU, sur les 17 Objectifs de Développement Durable, la Belgique se classe aujourd’hui 5ème. Ces objectifs sont un fil rouge stratégique vers la paix et la prospérité à l’horizon 2030. Ils proposent un référentiel universel, des KPI’s et des modèles de gouvernances inspirants pour

Investir dans l’entreprise durable, c’est investir dans la société du futur.

faire émerger une meilleure société. Ce qui demande de revoir nos comportements, notre fiscalité, nos investissements, nos technologies, notre rapport aux autres et à la nature, tout en veillant à la nécessité de protéger l’emploi, tant comme source de bien-être que comme mécanisme d’intégration sociale et d’épanouissement. Les principes du développement durables font sens pour l’entreprise d’aujourd’hui : un usage optimisé des ressources réduit ses coûts, une anticipation de ces questions améliore la gestion des risques, les solutions durables qu’elle apporte séduit plus de clients et le sens que cela donne à sa mission est un argument bienvenu dans la guerre des talents pour attirer et retenir les collaborateurs. L’entreprise fait partie des solutions ! Et c’est en s’investissant dans cette voie que les jeunes d’aujourd’hui pourront le mieux contribuer au monde de demain. Investir dans l’entreprise durable, c’est investir dans la société du futur. Ce sont en effet les entreprises qui financent les dépenses publiques et qui garantissent notre modèle social solidaire et notre bienêtre. La Belgique a réussi à être un modèle social reconnu mondialement. En s’inspirant de son histoire pour répondre aux défis actuels, elle est capable de devenir la référence du développement durable. Par Pierre Mottet, Président de l’UWE Image PRIINTR-UWE

ÉQUIPE ÉDITORIALE

BASTIEN CRANINX CÉLIA BERLEMONT MISE EN PAGE

DEE BERNAERS PHOTO EN COUVERTURE

SIMON LEVAUX IMPRESSION

ROULARTA

SMART MEDIA AGENCY. LEYSSTRAAT 27 2000 ANVERS +32 (0)3 289 19 40 REDACTIE@SMARTMEDIAAGENCY.BE FOKUS-ONLINE.BE/FR

Bonne Lecture!

Jakimo Kimbulu Project Manager


#FOKUSINDUSTRIE

SERVICE PUBLIC DE WALLONIE • BRAND REPORT 3

Il est temps d’opérer un changement de paradigme énergétique La crise climatique et la crise énergétique sont à nos portes. Il est plus que temps d’agir. Heureusement, des objectifs et leur transposition sont mis en place en Wallonie dès aujourd’hui.

Q

u’il s’agisse des perturbations climatiques ayant provoqué les récentes inondations ou de la crise énergétique due à notre dépendance aux énergies fossiles importées, le chemin que nous empruntons actuellement pour un changement durable est semé d’embûches. Qu’on se le dise très clairement, continuer dans cette voie serait irresponsable et compromettrait notre avenir à tous. D’où l’importance de pouvoir répondre à certains impératifs dès aujourd’hui : “En termes de changement climatique, nous devons nous diriger vers une société bas carbone en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre”, explique Valérie Pevenage, attachée, experte en efficacité énergétique au SPW Energie. “Pour sortir de la crise énergétique, il faut simultanément rationnaliser nos besoins et optimiser notre utilisation des matières premières et de l’énergie. Cela passe par le questionnement de la pertinence de nos besoins, par le renforcement de l’économie circulaire, par davantage d’efficacité énergétique ainsi que par le développement de technologies décarbonées. Un vaste programme donc ! Mais comment s’y prendre ? Dans le cadre européen, ces ambitions prennent le nom de Green Deal. La loi climat européenne adoptée en juin 2021 a un double objectif : pousser les acteurs de l’Union Européenne à la neutralité carbone à l’horizon 2050 et réduire dans l’Union les émissions nettes de gaz à effet de serre (émissions après déduction des absorptions) d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. “Et il faut bien être conscient que cela nécessite la mobilisation solidaire et équitable de tous les secteurs (transports, logement, industrie, tertiaire et transformation de l’énergie)”, poursuit Valérie Pevenage. La Commission a également émis une série de propositions d’instruments législatifs en vue d’atteindre ce double objectif : l’ETS (systèmes de quotas d’émission CO2) et l’Effort Sharing Regulation,

Pour sortir de la crise énergétique, il faut simultanément rationaliser nos besoins et optimiser notre utilisation des matières premières et de l’énergie. accompagnés du Carbon Border Adjustment Mechanism et de la gestion des puits de carbone par le secteur LULUCF, mais aussi l’Efficacité Énergétique et les sources d’énergie renouvelable, ainsi que la mise en place d’un Fonds Social pour le Climat, , les standards d’émissions de CO2 pour les véhicules légers…. Sans grande surprise, les entreprises ont une grande responsabilité en matière d’émissions. “L’industrie wallonne a émis l’équivalent de quelques 12.4 MtCO2, soit un tiers 37 MtCO2 émises en Wallonie en 2019”. Heureusement, au niveau wallon, des mesures spécifiques se mettent en place pour limiter cet impact. Depuis des années, la Wallonie accompagne les entreprises qui veulent passer à l’action pour diminuer leur empreinte énergétique. Des mesures transversales sont également mises en œuvre grâce à l’information, la formation et l’éducation aux compétences professionnelles, sans oublier le soutien d’un réseau de différents experts et facilitateurs dans le domaine de l’énergie.

Depuis 2016, toutes les entreprises, sauf les PME, sont déjà soumises à une obligation d’audit énergétique. “On ne peut bien évidemment pas les obliger à passer à l’action, mais ces entreprises seront au moins au courant de ce qui est envisageable pour réduire leurs gaz à effet de serre”. A l’avenir, cet audit va devoir se muer en système de management de l’énergie. Il s’agit d’une démarche d’amélioration continue de la performance énergétique qui repose sur un plan fixant un objectif de réduction de l’empreinte énergétique et une stratégie pour atteindre cet objectif, incluant le monitoring de la consommation d’énergie réelle, des actions entreprises pour augmenter la performance énergétique et un suivi des progrès. Enfin, de nouveaux accords volontaires sont en discussion avec les acteurs économiques pour les accompagner vers la décarbonation profonde à l’horizon 2050. Il convient en effet d’apporter une réponse structurelle et non plus uniquement ponctuelle à notre dépendance aux énergies fossiles, dont les prix volatils menacent de plus en plus notre économie, alors que la délocalisation des productions hors de notre territoire ne résoudrait en rien le problème climatique mondial. En résumé, ce que la Wallonie doit viser c’est une économie résiliente aux crises et aux délocalisations, résolument inscrite dans la transition énergétique et offrant des emplois de valeur aux citoyens. C’est en effet la condition du maintien du pouvoir d’achat des wallons, de la qualité de leur environnement de vie et, indirectement, de notre capacité à atteindre nos objectifs de développement durable.

Chacun peut contribuer à faire diminuer la consommation d’énergie fossile de la Wallonie grâce à une utilisation rationnelle de l’énergie et au recours aux sources d’énergie renouvelables. Le SPW Énergie participe à la définition et au développement des politiques dans ces matières et coordonne les actions menées pour encourager les bonnes pratiques, aussi bien dans le secteur résidentiel que dans l’industrie et le tertiaire. Le soutien à la recherche et à l’innovation vise aussi à réduire la consommation d’énergie et à développer à moindre coût le recours aux sources d’énergie alternatives. Le SPW Énergie veille par ailleurs à la bonne organisation des marchés régionaux de l’énergie.

Valérie Pevenage Attachée, experte en efficacité énergétique


4 MOBILITÉ DURABLE

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Mobilité durable : encore trop peu exploitée. La mobilité durable s’incarne aujourd’hui dans trois volets distincts : réduction des déplacements, voiture électrique et solution multimodale. Mais encore faudrait-il exploiter ces initiatives au maximum.

Solution nationale Pour Bénédicte Grosjean, une solution en vue d’augmenter la mobilité durable serait la prise de décisions nationales sur le sujet. Selon la professeure de l’UCLouvain, il serait possible de desservir tout le territoire grâce au substrat historique et de transport en commun dont dispose la Belgique. On ne pourrait plus se permettre le rail mais il existe d’autres moyens plus inventifs.

Un bon début Selon une étude Ipsos du 8 février dernier réalisée pour le compte de Partena Professional, 4 travailleurs belges sur 10 (43%) auraient recours à des moyens de transport durables pour rejoindre leur lieu de travail. Mais cela varie selon la région : 31% en Wallonie, contre 44% en Flandre et 52% à Bruxelles. Néanmoins, 47% des travailleurs interrogés utiliseraient toujours leur voiture personnelle.

S

’il est un secteur économique qui se remet en question actuellement, c’est bien celui de la mobilité. Et pour cause ! “Ce secteur est en effet le deuxième plus gros émetteur de CO2 (30%) au monde”, explique Bénédicte Grosjean, professeure à la Faculté d’architecture de l’UCLouvain. “Dans ce secteur, c’est la route qui est responsable de ¾ des émissions dans le transport.” Mais si des changements sont primordiaux, par où commencer ? “La volonté a toujours existé de rendre l’entièreté du territoire accessible. La Belgique possède un territoire spécifique, il faut donc aborder la question en gardant cela à l’esprit”. Trois volets existent via lesquels on pourrait aborder la mobilité durable. “La réduction des déplacements, l’augmentation des transports dits “doux” et de la multimodalité et la transition de la voiture actuelle vers la voiture plus verte”, détaille Eloïse de Villegas, conseillère adjointe du Centre de compétence Energie, Climat & Mobilité de la FEB. Trois volets importants, donc, mais dont les limites sont pourtant déjà perceptibles. “Diminuer les déplacements est loin d’être évident !”, poursuit Eloïse de Villegas. “Et le Covid nous l’a fait clairement comprendre”. Même en télétravail, des experts ont en effet constaté que les gens se déplaçaient toujours autant, mais dans des zones plus proches de chez eux. De même, la peur des contaminations dans les transports en commun aurait augmenté l’utilisation de la voiture.

La mobilité est quelque chose de très personnel. — Eloïse de Villegas, Centre de compétence Energie, Climat & Mobilité de la FEB

Faudrait-il dès lors se focaliser uniquement sur la voiture électrique et durable ? “Oui et non ! Le gouvernement pousse les gens à aller vers l’électrique, alors que d’autres types de transports et de technologies sont et doivent être considérés”, insiste Eloïse de Villegas. Les experts évoquent aussi le manque cruel d’infrastructures nécessaires. “Doit-on rappeler que notre pays compte moins de bornes de recharge électrique qu’Amsterdam ?”

Les transports en commun, quant à eux, offriraient un potentiel inexploité. Que ce soit en Wallonie ou à Bruxelles, il y a des gares SNCB un peu partout, même si parfois les gens l’ignorent. Reste la multimodalité et son idée de budget mobilité ingénieux, mais, encore une fois, sous exploité et méconnue. Depuis sa mise en application en 2019, cette mesure gouvernementale permet aux

travailleurs d’échanger leur voiture de société contre un certain budget alloué à des solutions de mobilité durable. Or cette solution s’applique de manière très large. Outre l’achat d’une voiture électrique ou d’un abonnement de transport, ce budget permet également de louer une voiture pendant les vacances, d’acheter un vélo, ou même de payer son loyer ou son crédit hypothécaire à condition d’habiter à moins de 10 km de son lieu de travail. “De plus, c’est avantageux fiscalement et si, à la fin de l’année, le budget n’est pas utilisé, vous recevez l’argent en cash. Avec l’inconvénient d’une taxation importante (38,07%) pour le travailleur, et ce pour encourager l’utilisation pour une mobilité verte”, explique Eloïse de Villegas. Une aubaine quand on sait que le montant annuel du budget mobilité représente 3.000 euros au minimum et au maximum un cinquième du salaire brut annuel total, avec un maximum absolu de 16.000 euros. Malgré toutes ces solutions parfois encore trop peu utilisées, on se demande quand même si, au final, la clé d’une mobilité durable ne résiderait pas dans le changement de notre mode de vie. Pas si simple pourtant ! “La mobilité est quelque chose de très personnel”, estime Eloïse de Villegas. “La solution est d’avoir une variété de l’offre de mobilité durable à disposition. Ainsi tout le monde pourra en profiter. Et c’est là que s’opérera le modal shift !” Par Bastien Craninx


La nouvelle génération de VE utilitaires.

Nous vous présentons le nouveau G6 de GOUPIL Dernier né de la gamme, le G6 offre des prestations de haut niveau dans la catégorie des Véhicules Utilitaires Légers électriques. Fidèle à l’ADN de la marque, le G6 propose une charge utile de plus d’une tonne, pour un volume allant jusqu’à 9 m3. Adapté à chaque usage professionnel, le G6 sera disponible en version plateau basculant, fourgon, polybras ou bien encore transport de personnes à mobilité réduite. Moderne, le G6 embarque un combiné d’instrumentation intégralement numérique et dispose des derniers équipements de sécurité et de confort. Disponible au dernier semestre 2020, le Goupil G6 a une autonomie de 175 kilomètre et atteint 80 km/h en vitesse de pointe.

G4M et G4L: les références en matière d’utilitaire compact électrique Vous recherchez un utilitaire compact 100% électrique, robuste et performant ? Le G4 saura vous séduire en s’adaptant à votre métier grâce à ses nombreux carrossages disponibles et équipements professionnels embarqués. Référence dans sa catégorie, le G4 est conçu sur la base d’un châssis acier ultra-robuste sur lequel repose une cabine aluminium, les batteries se situant en position centrale. Doté de batteries au lithium, le G4 a une autonomie pouvant atteindre 120 kilomètres tout en assurant une conduite fluide et une charge simplifiée. Le Goupil G4 offre un des rayons de braquage les plus courts du marché (4 mètres), une charge utile jusqu’à 1,2 tonne et la possibilité de tracter une remorque de 1,4 tonne.

Découvrez le plus compact des Goupil: le nouveau G2 Design moderne, conduite souple et facilité d’utilisation, le G2 est le partenaire idéal de vos déplacements courts. Homologué route et capable d’embarquer jusqu’à 600 kg de charge utile, ses batteries au lithium lui garantissent une autonomie allant jusqu’à 80 kilomètres. Sa cabine aluminium associée à une plateforme tubulaire en acier lui confère une légéreté et une résistance unique sur ce segment de véhicule. Vous profiterez également de son gabarit ultra compact (1,1 mètre de large) pour évoluer dans les voies les plus étroites.

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6 ÉCONOMIE CIRCULAIRE

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L’économie circulaire : une alternative économique viable ? On ne le répétera jamais assez, l’humanité est à un tournant de son existence. La crise climatique est à nos portes et ses effets se font déjà largement ressentir. Des alternatives économiques sont nécessaires. Que penser de l’économie circulaire ?

«C

e système économique intègre toutes les étapes du cycle de vie des produits et vise à accroître l’efficacité de l’utilisation des ressources », explique Emmanuel Mossay, expert en économie circulaire chez EcoRes. « Il permet de réduire l’impact sur l’environnement tout en accroissant le bien-être des personnes ». Face aux enjeux de raréfaction, d’accès et de rupture des ressources qui menacent, l’économie circulaire apparaît donc comme plus que prometteuse. « D’autant plus que depuis un moment, nous constatons que la Chine, dont l’Occident est particulièrement dépendant, a développé sa classe moyenne et préférera renforcer son marché intérieur et ses alliés directs, plutôt que de s’adapter aux demandes occidentales ». Mais comment parvenir concrètement à mettre en application ce système dans le monde de l’entreprise ? Tout d’abord, il conviendrait d’étendre l’idée limitée que l’on a de ce système. Ce n’est pas uniquement du recyclage stricto sensu. « L’économie circulaire comporte différentes étapes », précise Yves De Rongé, titulaire de la chaire Candriam en économie circulaire et régénératrice à l’UCLouvain. « La première étape vise à revoir la conception du produit ainsi que le processus de production, en vue de réduire la consommation de ressources. Dans la seconde, l’objectif est d’augmenter la durée de vie des produits. Et ce n’est qu’à la dernière étape qu’intervient le recyclage ». L’idéal, selon les experts, serait de ne plus arriver à la dernière étape de vie des produits : l’incinération et la mise à la décharge, ici ou à l’autre bout de la planète. « D’ici 2030, l’Union européenne devra interdire ces pratiques », avance Emmanuel Mossay.

développées dans l’économie sociale et la partie recyclage l’est surtout dans l’industrie. « Ce qui pêche par contre en Europe, c’est la première étape du modèle économique” dans laquelle il faudrait investir massivement. “Il faut pouvoir réparer, récupérer, valoriser, revoir les processus logistiques. Cela demande de repenser tous les processus depuis la production jusqu’à la transformation en passant par la logistique ». Selon les experts, nous avons tous les atouts pour nous lancer dans l’écoconception des produits. « Nous sommes avancés en robotique, en IA et en Big Data. Et nous possédons les connaissances nécessaires. Si on ne se lance pas, l’Asie ou l’Amérique du Nord, elles, le feront ».

Il existe différentes boucles de valeur que l’on peut activer dans l’économie circulaire. — Yves De Rongé, UCLouvain

Aujourd’hui, il serait primordial de développer les premières étapes de ce type d’économie. « Plus on touche aux étapes supérieures de l’économie circulaire en repensant la chaîne

de valeur, plus on innove en étant performant au niveau de l’environnement et de l’emploi », poursuit Emmanuel Mossay. Selon l’expert, les activités de réutilisation sont fortement

Mais où cela coince-t-il ? Outre l’investissement financier (les banques sont encore assez frileuses pour de tels projets), il serait impératif de trouver suffisamment de talents pour engager ce processus de transformation. En termes de recyclage et de réutilisation, par contre, la régularité des flux de déchets-ressources de qualité dans certains secteurs peut être critique. Sans compter le fait d’atteindre une taille critique minimale, des volumes conséquents, une valorisation comptable des produits ou encore la concurrence des matières vierges à prix cassés. Du côté de la FEB, on semble également faire de l’économie circulaire un cheval de bataille depuis juin dernier. «  Même s’il y avait des réticences pendant plusieurs années, on assiste à un véritable shift aujourd’hui! », explique Emmanuel Mossay. Comme on le voit, il reste du chemin à parcourir. Mais, la conscience entrepreneuriale durable est bien en marche. Par Bastien Craninx


L’avenir circulaire : ensemble, nous pouvons vraiment faire la différence !

En 2021, nous avons constaté plus d’une fois que le code est passé au rouge pour le climat. Nous savons également depuis un certain temps qu’une économie circulaire peut constituer une grande partie de la solution. La circularité est un monde avec des cycles de matériaux fermés, où plus aucun déchet n’est créé et n’existe, un monde où les matériaux conservent une valeur maximale aussi longtemps que possible. C’est l’un des moyens de faire face à l’urgence climatique. La Flandre circulaire à 21 % En novembre 2021, la Flandre a lancé le premier Moniteur de l’économie circulaire, qui compile plus de 100 indicateurs sur les cycles de notre économie et leur impact sur l’environnement. Selon ce Moniteur, la Flandre est circulaire à 21 %. Pas mal du tout, mais il reste beaucoup à faire : nous pouvons réutiliser encore plus de matériaux recyclés pour fabriquer de nouveaux produits. Renewi, l’un des principaux acteurs européens dans le domaine du traitement des déchets et le plus grand transformateur de déchets industriels en Belgique, a pour mission de « protéger le monde de l’épuisement des matériaux et des ressources en donnant une nouvelle vie aux matériaux usagés ». De plus, l’entreprise s’est fixé l’objectif ambitieux de recycler au moins 75 % des déchets entrants d’ici 2025. En tant que recycleur à part entière, Renewi n’a pas d’incinérateurs à faire fonctionner et ne parle donc plus du « taux de recyclage et de valorisation », mais du « taux de recyclage », qui indique clairement le pourcentage de matériaux qui reçoivent réellement une seconde vie, donnant ainsi un élan considérable à l’économie circulaire. Afin d’atteindre ces objectifs, Renewi aura besoin d’une expertise technologique et diversifiée, et devra attirer des talents techniques.

Dispositions légales La Flandre a l’ambition de devenir le pôle circulaire de l’Europe et d’être entièrement circulaire d’ici 2030. Un bel objectif, mais l’horloge tourne. Nous sommes à la croisée des chemins de l’histoire

circulaire et devons saisir cet élan pour faire réellement la différence. C’est pourquoi les décideurs politiques, les producteurs et les transformateurs doivent travailler main dans la main. Avec l’adaptation la plus récente de Vlarema, la Flandre montre la voie en Europe. Le règlement Vlarema 8 sera mis en place progressivement, pour être pleinement appliqué à partir de 2023. En Flandre, environ 1,5 million de tonnes de déchets industriels résiduels sont produits chaque année. La nouvelle directive devrait réduire cette quantité d’au moins 15 %. Renewi va investir soixante millions d’euros pour construire trois nouvelles lignes de tri. Lorsqu’elles entreront en service, elles pourront traiter près de 400 000 tonnes de déchets industriels par an, et surtout, éviter d’incinérer 120 000 tonnes de déchets réutilisables ou recyclables. Tri 3.0 AEn tant que leader du marché, Renewi assume sa responsabilité de montrer la voie. En n’investissant plus dans l’incinération, mais dans le recyclage et la réutilisation. Pour y parvenir, le tri doit devenir meilleur, plus avancé et plus complexe. Les nouvelles lignes de tri seront plus intelligentes. Des caméras et des rayons infrarouges détecteront les déchets qui sont encore recyclables ou réutilisables. Ceux-ci seront automatiquement prélevés. Un logiciel d’intelligence artificielle doté d’un algorithme d’auto-apprentissage se chargera du travail de tri. Afin d’alimenter cet algorithme, les informations seront méticuleusement enregistrées. Ces données permettront à Renewi d’analyser et de mesurer en détail l’évolution de la composition des déchets au fil des ans. Et comme mesurer, c’est

savoir, ces connaissances contribueront également à un avenir plus circulaire. Innovations circulaires Le recyclage présente encore un potentiel de croissance incroyable, en particulier pour les flux plus difficiles à recycler, tels que les matelas, les mâchefers... Les innovations et les nouvelles technologies sont indispensables pour ces filières. Les collaborations et/ou les partenariats dans la chaîne sont idéaux dans ce contexte. Les problèmes globaux appellent des solutions globales. Pensez par exemple à VinylPlus® Med (collecte sélective et recyclage des déchets médicaux en PVC non dangereux), RetourMatras (démantèlement des matelas et préparation des matériaux en vue de leur réutilisation). Pour donner une seconde vie à d’autres flux difficiles à recycler, tels que les plastiques contaminés, les biogènes et le PVC, Renewi se concentrera également sur le recyclage chimique des plastiques et les alternatives biogéniques aux combustibles fossiles. Opportunités et emplois durables Cette approche innovante, visant à donner à l’économie circulaire l’élan nécessaire dans la bonne direction, nécessite non seulement des investissements dans de nouvelles installations, des connaissances et des compétences, mais aussi les bonnes personnes au bon endroit. C’est pourquoi Renewi est constamment à la recherche de femmes et d’hommes qui souhaitent contribuer à un monde meilleur et à un avenir durable et circulaire. careers.renewi.com


8 BRAND REPORT • ETAP LIGHTING

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L’éclairage de demain sera circulaire L’éclairage a encore un long chemin à parcourir pour devenir plus respectueux de l’environnement. Non seulement en matière de consommation d’énergie, mais aussi en ce qui concerne les matériaux utilisés pour leur fabrication, leur recyclabilité et leur réparabilité.

C

omment rendre votre éclairage circulaire ? Comment réduire le plus possible l’empreinte de vos produits d’éclairage sans faire de concessions en termes de confort et de qualité ? Chez ETAP Lighting International, un fabricant belge de luminaires, on réfléchit à cette question tous les jours, observe Dominiek Plancke, CEO. Et il n’y a pas de réponse unique, car différents facteurs entrent en jeu. « Pour rendre l’éclairage circulaire, il faut d’abord fabriquer un produit ayant une longue durée de vie », dit-il. « Nous utilisons évidemment la technologie des LED, mais une LED n’est pas l’autre. Dans le monde de l’éclairage, on parle de facteur de dépréciation. Sur une durée d’allumage de 50 000 heures, cette moyenne est de 70 %, ce qui signifie que la qualité de la lumière s’est dépréciée de 30 % au bout de cette durée. Certains fabricants essaient de compenser cette perte en augmentant le nombre de LED et leur alimentation en énergie. Mais cela se fait aux dépens de la consommation, et donc des émissions de CO2. Généralement un peu plus cher à l’achat, un luminaire ETAP offre un facteur de conservation de 97 %, ce qui signifie que vous ne perdez que 3 % de la lumière. » « En matière d’éclairage circulaire, tout commence dès la phase de conception d’un luminaire », explique M. Plancke. « La

Pour atteindre les objectifs du Green Deal, nous ne pouvons pas rester concentrés sur les produits neufs uniquement. circularité est intégrée dans votre design. En outre, nous recherchons en permanence des alternatives pour réduire l’utilisation des ressources naturelles. Nous avons produit une série, récemment, en polycarbonate 100 % recyclé, et nous concevons également des produits faciles à entretenir et réparer. Nous avons même commencé à vendre des produits “reconditionné”. Le luminaire bénéficie ainsi d’une seconde vie plutôt que de finir à la déchèterie. Je suis convaincu que nous pouvons avoir un impact essentiel de cette manière. Pour atteindre les objectifs du Green Deal, nous ne pouvons pas rester concentrés sur les produits neufs uniquement. » ETAP a récemment lancé un nouveau concept : « Circular Light as a Service » (C-LaaS). Le principe est que la vente unique de luminaires est remplacée par un abonnement. Pour une somme donnée, ETAP se charge d’éclairer des bâtiments. Dans cette ap-

proche aussi, la circularité et la réflexion écologique occupent une place de choix, selon Dominiek Plancke. « Nous concevons, finançons, installons et contrôlons l’ensemble du système d’éclairage, dont nous assurons également la maintenance. Cela garantit évidemment que le fabricant est doublement motivé pour livrer un bon produit, puisque le luminaire reste notre propriété et que nous le “louons” en quelques sortes. L’aspect circulaire intervient en fin de contrat, car plusieurs options s’offrent alors au client. Soit il renouvelle le contrat et nous poursuivons tout simplement notre intervention, soit il rachète l’installation, avec ou sans entretien. Si le client déménage, nous pouvons soit tout remettre en état sur place, soit démonter l’installation et la remettre en état à l’usine, pour un nouveau client ou un client existant. Finalement, l’installation peut elle aussi être recyclée. Nous le faisons en respectant les normes DEEE déchets d’équipements électriques et électroniques draconiennes. »

Fondé en 1949, ETAP Lighting International est aujourd’hui un acteur majeur sur le marché européen des solutions d’éclairage efficaces et économes en énergie. ETAP développe, fabrique, installe et entretient des luminaires et des systèmes d’éclairage principaux et de secours pour tout environnement professionnel : bureaux, usines, écoles, cliniques, etc. Développant et fabriquant en Belgique, l’entreprise peut répondre rapidement aux besoins spécifiques. ETAP jouit d’une solide réputation en matière de travail sur mesure et de mise à niveau des installations existantes.

« Le C-LaaS est toujours en chantier », explique Plancke. « Toutes les 6 500 références du catalogue ETAP ne sont pas encore prêtes. Mais cela nous permet d’augmenter considérablement la durée de vie de nos luminaires et d’aller vers un deuxième, voire un troisième cycle de vie. Ce sont des marchés qui n’existent même pas encore. » ETAP a participé à la rénovation de l’éclairage d’une école Steiner à Bruxelles. L’école a été entièrement construite à partir de matériaux recyclés provenant des tours démolies du WTC, à la gare du Nord. ETAP a « remis à neuf » les luminaires avec les matériaux et technologies les plus récents. Résultat : un rendement lumineux deux fois plus important pour une efficacité énergétique supérieure de 67 %. En d’autres mots, plus de lumière pour moins d’énergie. « Une telle approche est parfaite pour les projets de rénovation », assure M. Plancke.

Dominiek Plancke Ceo


L’industrie textile et la Wallonie pour soutenir l’économie circulaire Limiter son empreinte écologique en matière de production textile ? Voici l’un des nombreux défis que s’est donné Centexbel, le centre scientifique de l’industrie du Textile Belge, en accompagnant la stratégie ambitieuse développée et adoptée par la Wallonie en 2021: Circular Wallonia. De plus en plus pointée du doigt au niveau européen en tant qu’industrie qui contribue négativement à l’environnement, l’industrie textile fait partie des sept filières prioritaires à intégrer la stratégie Circular Wallonia, un vaste projet visant à inscrire l’économie wallonne dans une transition du linéaire vers le circulaire. En effet, à l’opposé de l’économie linéaire dont le modèle consiste à récolter ou extraire les matières premières non-renouvelables, comme c’est le cas des nombreux dérivés du pétrole, avant de les utiliser pour fabriquer des produits qui seront le plus souvent jetés en fin de vie, l’économie circulaire change de paradigme en limitant la consommation de ressources et la production de déchets via notamment la réutilisation et le remanufacturing de matériaux ou encore via l’éco-conception. Dès lors, la stratégie Circular Wallonia a pour ambition d’encourager la production des biens et services de manière durable, de favoriser un renouveau industriel ainsi qu’une relance durable de l’économie, de diminuer l’impact des activités économiques sur l’environnement, de créer des emplois locaux non délocalisables et d’augmenter l’attractivité de la Wallonie. Chapeauté et financé par le service public wallon, Circular Wallonia tend à atteindre les objectifs européens (Green Deal) en termes de biodiversité, d’utilisation rationnelle des ressources, d’émission de gaz à effet de serre et évolue donc vers une économie résiliente, neutre en carbone et innovante. Mais pourquoi Centexbel ? Ce centre de compétences pour l’industrie textile et plasturgique soutient les entreprises belges dans la recherche et le développement de produits innovants par le biais de formations, coaching, missions de consultance, programmes de recherches et de testing en laboratoire, etc. apportés par ses 160 experts. De nombreux programmes de recherche sont axés sur la mise au point de produits innovants à base de matériaux biosourcés

ou le recyclage de matériaux complexes tels que des tissus enduits mélangeant une couche plastique et une couche textile. Ces activités s’ancrent dans une dynamique de coopération sectorielle et contribuent à la création ou l’amélioration de chaînes de valeurs. Dans le cadre de ce projet ambitieux, Centexbel agit conjointement avec la Région wallonne aux côtés des nombreux acteurs du secteur textile pour leur permettre d’élargir leur champ de vision en matière de production mais aussi en intégrant des notions de collecte, de tri efficace, de recyclage complexe, et cela dès l’utilisation des premières ressources. Pour Philippe Colignon, consultant chez Centexbel en matière d’économie circulaire, « agir en amont des chaînes de valeurs et développer de nouveaux business models innovants qui mettent en place cette transition par le biais d’une série d’axes d’actions prioritaires, comme l’éco-conception, font partie des clés de la réussite en matière d’économie circulaire. » D’ailleurs, d’après l’expert Philippe Colignon, cette démarche s’inscrit tout d’abord dans l’ère du temps. « L’économie circulaire prend une place grandissante dans l’approche et les projets menés par Centexbel. Elle s’impose de plus en plus comme un mode incontournable qui correspond parfois simplement à du bon sens. Utiliser moins de ressources pour créer des produits ne parait-il pas bien plus logique ? » Néanmoins, l’expert précise que sur le terrain , « la mise en œuvre de certaines mesures est relativement complexe car elle peut bouleverser le mode de fonctionnement d’industries. Le développement de l’économie circulaire doit s’intéresser à l’ensemble des activités dans une zone géographique, à petite comme à grande échelle. Comprendre le caractère précurseur des petites structures et soutenir les initiatives industrielles est à considérer comme un tout qui va de pair. »

Pour mener à bien cette mission de transition vers une économie circulaire, la Région wallonne a confié à Centexbel la coordination d’une taskforce composée de partenaires clés, d’acteurs importants tels que Wallonie Design, des fédérations (Fedustria, Ressources, etc.), centres de recherches et pôles de compétitivité. Ensemble, ces organismes amènent leurs connaissances du terrain autour de la table et permettent de créer et maintenir un lien avec les acteurs principaux de la filière textile de la Région (du designer à la start-up en passant par les grandes industries) avant de permettre la mise en place d’un plan d’action sur une thématique spécifique. Par exemple, où en est-on en matière d’écoconception (théorie et mise en pratique), de tri et de remanufacturing (Plan de Relance) et que peut-on mettre en place ? Pour donner suite à ces questions tout en amenant une panoplie de solutions durables, Centexbel intervient auprès du secteur textile dans la supervision de projets, la compréhension de bonnes pratiques, l’apport technique de compétences, le partage de connaissance du terrain et le maintien de connexions entre les acteurs essentiels du secteur.

Philippe Colignon


10 INTERVIEW

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Salvatore Iannello

« Nous ne pouvons pas viser indéfiniment la croissance » A l’heure où certains visent encore à bâtir un empire industriel, d’autres focalisent leur attention sur la convergence des intérêts. C’est le cas de Salvatore Iannello, CEO de la chocolaterie Galler. Rencontre avec un homme engagé dans la politique des 4 P.

Par Bastien Craninx Photo Elodie Timmermans


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INTERVIEW 11

V

ous avez récemment été touché par les inondations de juillet dernier. Comment vous en êtes-vous relevé ? « Nous sommes toujours occupés à le faire. Et si nous y arrivons aussi bien, c’est certainement grâce au mode collaboratif de notre entreprise. Nous fonctionnons sur le principe de l’holacratie. Il n’y a plus de hiérarchie au sens traditionnel du terme et le lien entre les 168 employés est extrêmement fort. Cela nous rend résilients et solidaires. Et puis, je pense qu’on a aussi eu de la chance. »

Je regrette que notre démocratie soit conçue sur une temporalité courte.

Comment fonctionne votre entreprise ? « Nous avons un projet d’entreprise qui se base sur les 4 P : People, Planet, Profit and Purpose. L’enjeu crucial de cette approche, c’est l’arbitrage. La convergence d’intérêts ! Cela nécessite une capacité d’arbitrer des éléments qui sont dans un rapport de force. Dans le monde du chocolat, nous souhaitons incarner une approche entrepreneuriale basée sur cette convergence d’intérêts et ainsi bâtir un monde plus équitable et plus juste. » Comment voyez-vous la croissance économique, du coup ? « Nous ne pouvons pas viser indéfiniment la croissance. Qu’il faille atteindre une masse critique pour assurer la pérennité économique de l’entreprise, ça oui ! Maist ensuite, nous pensons qu’il faut intégrer les 4P dans son équation de fonctionnement, en les arbitrant. Chez Galler, nous voulons essayer de sortir petit à petit du système libéral traditionnel qui a été nourri par des

Je pense qu’aujourd’hui, il faut plutôt viser le mark-éthique ! théoriciens comme Adam Smith. Penser le fonctionnement de la société de la sorte, c’est construire une société individualiste et basée sur le rapport de force. Je prends toujours l’exemple de la voile pour expliquer cela. Quand on est sur l’eau, on utilise le vent et les vagues. C’est naturel. Il y a une convergence des intérêts. Par contre, le bateau à moteur, c’est l’inverse. On va contre le vent et contre les flots. Même si on est contre l’évidence, on ne fait pas marche arrière. C’est ce que nous vivons aujourd’hui. L’humain est en rapport de force avec son environnement et dans ses relations à ses congénères. De plus, l’économie est devenue un but et plus un moyen. Il faut changer profondément la manière de penser le monde et le fonctionnement de nos sociétés. » Il faut donc s’engager pour la planète, mais comment ? « Tout d’abord, par la compréhension et l’adhésion. Il faut déjà se rendre compte de la confusion qui règne entre le P de People et celui de Planet. Le meilleur exemple, ce sont les labels. On mélange tout ! Le bio, le local, le Fairtrade. La confusion est totale. Et on se dit que tant qu’il y a un label, c’est bon signe. Au niveau social par exemple, le seul label qui, selon nous, fait bouger les lignes est le label « Fairtrade ». Simplifions

le discours écologique et social, vulgarisonsle et expliquons-le aux citoyens. Ensuite, l’industrie doit penser à objectiver ses actions en fonction des normes environnementales. Chez Galler par exemple, nous avons fait auditer par une société professionnelle notre empreinte environnementale et avons ainsi appris que 60% de notre empreinte environnementale était liée aux techniques de culture de matière première. 20-30% était lié au packaging et 10-15% au transport. Un industriel qui veut vraiment faire bouger les lignes devrait donc commencer par concentrer son attention sur l’amont de la chaîne de production. Ce sera peut-être plus compliqué, mais aussi plus objectif que la démarche d’un autre industriel vantant la diminution de son empreinte écologique sur les 15% du transport de marchandise. Beau récit et beau marketing. Mais je pense qu’aujourd’hui, il faut plutôt viser le mark-éthique ! » Vous considérez-vous comme un électron libre dans le monde de l’entreprise ? « Non, je crois qu’il y a de plus en plus de managers qui entrent dans ce processus. Certains abordent la question par le P de Planet ou celui de People. Mais tout le monde comprend que notre modèle sociétal n’est en rien durable. Il faut juste poser des actes courageux au sein du pouvoir décisionnel d’une entreprise. » Et le politique dans tout ça ? « Il a un rôle majeur et il fait ce qu’il peut. Mais il est piégé dans le système démocratique actuel. Attention, je ne vante pas ici les régimes dictatoriaux. Mais je regrette que notre démocratie soit conçue sur une temporalité courte. 5 ans de mandat pour changer les choses, c’est trop court. De plus, tous les partis sont dans des rapports de force et critiquent pour critiquer. » Quelle est votre vision d’avenir pour la Belgique au niveau entrepreneurial ? « Aujourd’hui, je pense que le sujet n’est pas la Belgique, mais l’humanité. Notre pays peut sans problème rebondir dans la société de demain. Mais comment va-

t-on assurer la pérennité de l’humanité à l’échelle planétaire ? Ça doit être le point central de la réindustrialisation verte. Si on n’y arrive pas, nous disparaîtrons comme les dinosaures. Toutes les nations sont intimement liées à cet enjeu. On l’a bien vu avec Tchernobyl. Une catastrophe n’a pas de frontières. » Êtes-vous en faveur de la réindustrialisation digitale ? « Pour aborder cette question, je crois qu’il faut avant tout convoquer deux notions : “Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme”, d’Antoine Lavoisier et l’idée de la « destruction innovatrice » de l’économiste Schumpeter. Avec cette réindustrialisation digitale, on va remplacer quelque chose qui existait déjà. Une chose ni bonne ni mauvaise. Or cela va occasionner des coûts et des défis pour tout le monde. A court terme, cela va se faire dans la douleur car beaucoup de gens ne sont pas capables d’accompagner le changement digital. A long terme, il y aura un gain de productivité, mais encore faut-il savoir l’utiliser. Ce que je vois personnellement, c’est un risque de stress supplémentaire. Le vrai sujet est : la digitalisation va-t-elle positivement contribuer à construire un monde plus équitable et plus durable ? »

La chance ou le karma Alors que les inondations de juillet ont ravagé l’entreprise Galler alors située à Vaux-sous-Chèvremont, celle-ci peut aujourd’hui se considérer comme sauvée. L’entreprise a ainsi signé des contrats de location avec plusieurs infrastructures de production en Belgique. Concernant la pérennité de l’entreprise suite à cette catastrophe, c’est en bonne voie. Des accords de financements sont en passe d’être signés pour couvrir les pertes et investissements.

Smart Fact. Si vous n’étiez pas devenu CEO de Galler, qu’auriez-vous fait dans votre vie ? ”Je serais devenu marin, je pense. Je suis déjà voileux à la base. Ou je serais devenu un globetrotter qui découvre le monde et les gens et qui apprend continuellement sur lui et sur le monde. Mais je suis encore jeune, je n’ai que 53 ans (rire). Je me considère comme un adulescent. J’ai encore énormément de choses à apprendre.”

Le meilleur chocolatier de Belgique en 2022 Pour la sixième fois, Gault&Millau a présenté sa sélection (large et exhaustive) des meilleurs chocolatiers dans son guide annuel des chocolatiers de l’année par région. Pour l’année 2022, les lauréats sont Jannes Deduytschaever (à Gand) en Flandre, Vanessa Renard (Etterbeek) pour Bruxelles et Bernard Schobbens pour la Wallonie. La découverte de l’année quant à elle est attribuée à Xocolate, une enseigne bruxelloise.


12 ÉNERGIES DU FUTUR

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Énergies du futur : le contre-la-montre Dans une course mondiale à la recherche de solutions énergétiques globales, fiables, durables et rentables, les efforts s’alignent afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Tardivement, certes, l’enjeu crucial autour de ces nouvelles énergies, ressources et technologies est désormais au cœur des débats. Mais quelles sont-elles ?

L’hydrogène « vert ». Bien qu’il s’agisse du gaz le plus abondamment présent dans l’univers, la composition trop légère de l’hydrogène ne lui permet pas d’être retenu par la gravité s’exerçant sur notre planète, il est donc quasi impossible d’en trouver sur Terre. Dès lors, cette source d’énergie traditionnellement utilisée dans le milieu industriel doit être produite et fabriquée à partir de matières qui contiennent elles-mêmes des atomes d’hydrogène. Par opposition à l’hydrogène classique, issu de l’extraction de ressources fossiles et donc qualifié de « gris » pour son caractère polluant, l’hydrogène « vert » ou « hydrogène propre » est produit à partir d’énergie renouvelable par le processus d’électrolyse de l’eau. De ce fait, malgré une disponibilité insuffisante et un passage à cette source d’énergie dont l’addition s’annonce plus onéreuse que les tarifs du gaz actuels, l’hydrogène vert est une des pistes privilégiées par les industriels et décideurs européens. Une solution sur laquelle on peut parier pour se “décarboner” dans les décennies qui viennent ? Envisageable. Un défi qui nécessitera une grande réflexion pour augmenter la production et répondre aux besoins de tous, amoindrir le coût d’installation et donc son tarif auprès des particuliers ? Assurément.

Biogaz et biométhane.

Méthane de chaux.

Se chauffer, éclairer sa maison, ses bureaux ou encore faire rouler son véhicule grâce à nos déchets ? Voilà des choses rendues possibles par le biais du biogaz ou du biométhane ! Souvent confondus, ces deux énergies renouvelables constituent en réalité la même énergie : un gaz à deux étapes différentes de sa production. Le biogaz, aussi connu sous le nom de « gaz vert », s’obtient par la fermentation de matières organiques disponibles en quantité inépuisable sur notre planète (végétaux, résidus agricoles, déjections animales ou encore ordures ménagères), il peut être utilisé à de multiples fins. Par exemple, son utilisation permet de produire de l’électricité, de la chaleur, et

Couramment utilisée dans la production de matériaux de construction, dans la sidérurgie et pour une série d’autres processus, la chaux est un composant prisé et essentiel dans le monde industriel. Pourtant, les émissions de CO2 générées par sa production sont conséquentes. Ce qui a amené les chercheurs à innover pour faire d’une contrainte un avantage.

même de l’engrais. En ce qui concerne le biométhane, aussi appelé « biogaz épuré », il possède des caractéristiques équivalentes à celles du gaz naturel… en plus propre !

En phase expérimentale dès 2022, le projet de production industrielle de e-méthane est né en Belgique, et plus précisément en Wallonie. Une région riche en industries lourdes – cimentiers, verriers, sidérurgistes, chaufourniers – dont les fortes émissions de CO2 rendent essentiel le développement d’un nouveau processus industriel qui permette de réduire celles-ci au maximum : l’e-méthane. Grâce à cette solution prometteuse et innovante dont le succès pourrait être valorisée à travers toute l’Europe, l’expérience wallonne, opérationnelle en 2025, est tout simplement une première mondiale.

En effet, il se distingue du biogaz par le fait qu’il est épuré du CO₂, du sulfure d’hydrogène et de l’eau qui peut y être présente. De ce fait, sa production et son utilisation est neutre en carbone et peut donc alimenter des réseaux de gaz naturel et servir comme carburants automobiles.

Ainsi, pour produire du e-méthane, gaz neutre en carbone, les émissions de CO2 générées par la production de la chaux sont combinées avec de l’hydrogène vert et utilisées comme matière première pour en détourner le caractère nocif. D’un déchet carbonique naît une énergie renouvelable !

L’éolien en mer. Saviez-vous qu’en 1991 déjà, le Danemark jouait un rôle de pionnier avec la mise en service d’un premier parc éolien offshore ? Inspirée par cette réalisation titanesque, l’Europe est actuellement le plus gros producteur mondial de cette énergie 100% verte ! Comme des éoliennes terrestres, les éoliennes en mer se composent d’un mât équipé le plus souvent d’un rotor à trois pâles… mais plus grandes et deux à quatre fois plus puissantes ! Via la rotation des pâles qui s’enclenchent dès que les vents atteignent 10km/h, l’énergie cinétique produite se transforme en énergie électrique. Collectée par des câbles sous-marins reliant l’éolienne de mer à un poste électrique terrestre, cette énergie 100 % verte peut alors intégrer le réseau. Communément installées à une dizaine de kilomètres ou plus des côtes, ces géantes des eaux peuvent fonctionner à une profondeur maximale de 60 mètres lorsqu’elles reposent sur des fondations présentes dans le fond marin. Néanmoins, l’arrivée des éoliennes de mer flottantes, qui permettent une installation en eau très profonde grâce à la présence de câbles reliés aux grands fonds, vient offrir une nouvelle perspective. Avec une puissance de l’éolien maritime qu’on estime 5 à 7 fois plus élevée d’ici 2030, la filière ne cesse de croître et promet de belles surprises. Par Célia Berlemont


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SOCIÉTÉ WALLONNE DES EAUX • BRAND REPORT 13

Valoriser l’eau en maîtrisant son empreinte écologique Si les initiatives en matière de mobilité douce et l’utilisation accrue d’énergies renouvelables ont fait parler d’elles ces dernières années, les ressources nécessaires à la production d’eau potable et à son acheminement jusqu’à nos robinets ne sont moins souvent évoquées. Pourtant, tout comme l’électricité qui alimente directement nos foyers et contribue ainsi à notre confort de vie, l’eau courante exige une gestion durable afin de garantir la pérennité de cette ressource naturelle.

S

aviez-vous qu’il y a 2,5 personnes en moyenne derrière un raccordement et que par temps de forte pluie, l’eau brute est plus chargée en nitrate et nécessite donc un traitement plus coûteux ? Plus impressionnant encore, saviez-vous que les systèmes souterrains de canalisation qui pourvoient la Wallonie en eau sont assez longs pour faire le tour de la Terre ? Eh oui, rien que ça. Pour Isabelle Jeurissen, membre du comité de direction de la Société Wallonne des Eaux (SWDE), le plus important distributeur d’eau en Wallonie, anticiper les divers scénarios tels que les changements climatiques pour pouvoir « préserver une excellente qualité, garantir la continuité de l’accès à l’eau à un moindre coût environnemental et économique et exploiter l’eau de manière durable, une ressource dont la Wallonie regorge, est une priorité établie depuis de nombreuses années. » En effet, si la quantité de ressources disponibles de notre pays se voit logiquement limitée par la superficie du territoire, le contraste de ressources naturelles présentes en Belgique a de quoi faire rougir d’envie de nombreuses nations. En véritable château d’eau qui approvisionne la quasitotalité du pays, la Wallonie dispose d’un capital inégalable sur nos terres belges. « La Wallonie est riche de son or bleu mais la répartition de celui-ci n’est pas pour autant équitable. Aujourd’hui, cet écart s’accroît par le biais des précipitations accrues et des périodes de forte sécheresse. Il est donc essentiel de penser à la consommation de demain, de savoir faire face à des problèmes structurels tels que le déplacement de la consommation (du bureau à la maison) dû au confinement ou encore de bien prendre en compte l’évolution démographique. Pour ce faire, des réflexions stratégiques ainsi que des investissements durables à long terme sont obligatoires et font partie de notre modus operandi, » explique Isabelle Jeurissen. Par le biais d’une série de projets faisant partie d’un plan de relance de la Wallonie, la SWDE met en place des

En Wallonie, nous avons la chance de posséder un excellent capital eau. Notre responsabilité est de le préserver dès aujourd’hui pour demain, après-demain et les générations futures. — Isabelle Jeurissen, membre du comité de direction de la SWDE

indicateurs et mesures préventives visant à améliorer la performance des réseaux, leur consommation énergétique et augmenter le disponible en eau pour certaines régions. En matière de performance, les initiatives sont principalement concentrées autour de la réduction des fuites d’eau sur les canalisations. Grâce à l’utilisation de la technologie, il est possible d’établir des priorités dans les interventions et de mieux cibler les investissements dans le renouvellement des conduites. Autre exemple : avec EasyConso, la SWDE propose un service offrant des compteurs intelligents aux entités communales afin de mieux connaître leurs consommations d’eau. Ainsi, les fuites peuvent être identifiées et des économies peuvent donc être réalisées tout en soulageant l’environnement.

l’installation d’un compteur intelligent est coûteux, il faut donc trouver un équilibre entre l’investissement et le gain escompté. Rien de tel que de vérifier régulièrement son compteur. » D’ailleurs, au même titre que les efforts effectués par les Belges à la maison pour réduire leur empreinte écologique et soulager leur facture, qui dit 2022 dit forcément zoom sur la consommation énergétique des entreprises. Sous forme de modèles hybrides, la SWDE déploie des ressources alternatives ingénieuses afin de repenser l’approvisionnement en eau de secteurs “gourmands” tels que les industries agroalimentaires. Dans une optique de réutilisation d’eau traitée en sortie de station d’épuration ou d’exhaure d’eau issue des industries carrières, par exemple, à des fins utiles comme l’alimentation de zonings industriels et de quartiers résidentiels ou encore le refroidissement de datacenters, la SWDE fait la promotion d’une gestion durable des ressources en eau. De plus, le recours aux énergies renouvelables est également au programme. La SWDE produit désormais l’équivalent nécessaire à la consommation d’une ville de 50.000 habitants avec son parc photovoltaïque. La SWDE est également le 4ème producteur d’hydroélectricité en Belgique. De votre côté, vous en avez ras le bol de ce petit crachin caractéristique de la pluie belge ? Eh bien, détrompez-vous car celle-ci a beau être mauvaise pour le moral, elle est très bonne pour les nappes phréatiques et leur recharge. « En Wallonie, nous avons la chance de posséder un excellent capital eau. Notre responsabilité est de le préserver dès aujourd’hui pour demain, après-demain et les générations futures. »

Pour Isabelle Jeurissen, ce genre d’investissement développé pour pallier le gaspillage de notre or bleu « vise à l’exemplarité publique. Pourquoi produire et payer de l’eau perdue alors qu’on peut investir pour anticiper ce gaspillage écologique et économique ? Chez le citoyen, par contre, notre responsabilité s’arrête au compteur où l’on promeut un usage raisonné. En effet

La Société Wallonne des Eaux (SWDE) est le principal producteur et distributeur d’eau potable en Région wallonne. En tant qu’entreprise publique autonome, constituée sous forme de société coopérative, elle bénéficie d’une autonomie de gestion afin de mener à bien les missions de service public qui lui sont confiées par la Région wallonne. Avec pour vocation de continuer à offrir de l’eau potable accessible à tous, aujourd’hui et demain, la SWDE s’investit également dans une transition vers la durabilité et la valorisation des ressources.

Isabelle Jeurissen Membre du comité de direction


14 BRAND REPORT • AGRILAND

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Le sol est le levier le plus important de l’agriculture durable du futur Dans la perspective de 2050, nous devons tous nous impliquer activement pour stopper le réchauffement climatique. Du producteur au consommateur. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons renverser la tendance et atteinre des améliorations à grande échelle. Si nous regardons du côté des producteurs, ce sont nos agriculteurs qui entrent les premiers en ligne de compte.

«L

’agriculture sera confrontée à d’énormes défis dans les années à venir », déclare Robert de l’Escaille, directeur Development & Innovation chez Agriland. « Il est grand temps de revaloriser le sol, la base de tout. Regardez, dans le passé, la production de masse et la mécanisation nous ont fait perdre de vue l’amour du sol. Dans l’après-guerre, il nous a fallu produire beaucoup, car il y avait une famine. Actuellement, la situation est différente. Le sol est et reste l’actif le plus important de l’agriculture. L’exploitation et la mise en valeur durable des terres et la biodiversité seront les lignes de force de l’agriculture innovante du futur. La gestion durable des sols assure leur résilience. de l’Escaille : « Il est très important d’utiliser les bonnes pratiques pour avoir un impact bénéfique sur le sol, mais tous les agriculteurs n’ont pas accès à ces pratiques. C’est pourquoi il est essentiel de fournir du conseil et de l’assistance. Il est important de repenser la mécanisation ; où et à quelle profondeur on laboure les terres, d’avoir recours à d’autres cultures et alterner sur des rotations plus longues, analyser la gestion de l’eau, tout ceci afin d’entretenir une biodiversité dans votre sol. Avoir chaque année les mêmes cultures au même endroit n’est pas bon pour le sol. Préserver un écosystème implique davantage de biodiversité. Marc Rosiers, Senior Advisor de l’European Landowner’s Organisation, collabore avec Agriland pour conseiller ses partenaires. Ensemble, ils regardent la réponse des propriétaires fonciers (agriculteurs, forestiers et gestionnaires de la nature) aux défis climatiques avec un focus particulier sur l’agriculture carbone. « Nous sommes dans une phase où l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique évoluent vers l’agriculture régénératrice », déclare Rosiers. « Le sol figurera

Dans le passé, la production de masse et la mécanisation nous ont fait perdre de vue l’amour du sol. au coeur du débat dans les années à venir. L’agriculture du carbone sera un élément important de cette transition vers l’agriculture régénératrice, car ce type d’agriculture est précisément la plus avancée pour obtenir des ressources financières supplémentaires de la part de la Commission européenne et du marché. L’agriculteur peut donc bénéficier d’une source de revenus autre que la seule vente de ses produits. Cependant, un soutien financier pour ceux qui procèdent à ce changement est essentiel. » L’agriculture carbone englobe les pratiques agricoles conçues pour prélever le carbone de l’atmosphère et le stocker dans la matière organique du sol. « L’agriculture soucieuse du carbone promeut une méthode agricole qui piège et fixe le carbone dans les sols agricoles afin d’en améliorer la qualité. Une compensation CO2 des entreprises par le biais du secteur agricole et horticole peut représenter une situation gagnantgagnant pour les deux parties. La quantité de carbone dans l’atmosphère augmente de quatre milliards de tonnes chaque année. L’agriculture du carbone peut aider non seulement à réduire les émissions, mais aussi à stocker durablement le carbone dans le sol. Plus longtemps le sol est couvert, plus il sera riche en matière organique,

Agriland est une société qui accompagne et conseille les agriculteurs et les propriétaires de terres agricoles dans la mise en valeur durable et rentable des terres et l’amélioration de la biodiversité en Belgique, aux Pays-Bas et en France. Agriland conseille également les candidats repreneurs qui souhaitent acquérir des exploitations agricoles. Agriland innove en matière de digitalisation et de traçabilité, teste de nouvelles cultures et expérimente de nouvelles techniques de travail du sol. La société collabore entre autres avec l’European Landowner’s Organisation. Ensemble, ils donnent des conseils aux propriétaires fonciers dans le domaine des défis climatiques en mettant un accent particulier sur l’agriculture du carbone.

et donc en carbone. Dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’accent a jusqu’à présent été principalement mis sur la protection et la restauration des bois et des forêts. Mais il pourrait s’avérer utile d’accorder une attention supplémentaire aux possibilités offertes par le secteur agricole. Robert de l’Escaille : « Plus de carbone dans le sol, c’est également un avantage pour l’agriculteur. Il en résulte une meilleure fertilité des sols, des cultures résiliantes, plus de biodiversité, moins d’érosion, une capacité de rétention d’eau accrue et une meilleure absorption des nutriments par les plantes. En séquestrant du carbone dans le sol, le secteur agricole peut également mieux se prémunir contre les conditions météorologiques extrêmes et l’impact du changement climatique. » « Bien réfléchir à votre sol, à votre façon de cultiver, et bénéficier d’une compensation financière pour votre contribution à la neutralité climatique accélère le développement de ce type d’agriculture dans les années à venir », conclut Rosiers.

Marc Rosiers Senior Advisor de l’European Landowner’s Organisation

Robert de l’Escaille Directeur Development & Innovation chez Agriland


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16 PANEL D’EXPERTS • DIGITALISATION DES ENTREPRISES

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Révolution industrielle 4.0 Pour les entreprises, et plus particulièrement pour le milieu industriel, la digitalisation n’est plus une option à envisager, elle est bel et bien déjà en cours. Et si avec chaque nouveauté vient son lot d’interrogations, en matière de durabilité, le digital doit encore faire ses preuves. Découvrez les défis et points d’attention soulignés par nos trois experts.

Laurens van Reijen

Bernard Delvenne

Managing Director LCL Data Centers

Laurent Remels

Directeur Commercial Yuman IT

Project Manager & Partner Astronef

Dans quelle mesure la digitalisation est-elle devenue indispensable aux entreprises ? « Chez LCL, nous louons aux entreprises des espaces de centres de données, soit un environnement spécialisé qui peut accueillir leur système informatique et et qui permet de déployer le matériel nécessaire pour de nouveaux besoins comme celui du télétravail. Dans notre société où l’économie est de plus en plus globale, l’e-commerce se développe et le nombre de données échangées croît à un tel point que stocker des informations dans le cloud et dans un centre de données est devenu un véritable besoin. Petites, moyennes ou grandes, nous permettons aux entreprises de rassembler leurs équipements IT et d’optimiser l’efficacité énergétique de ceux-ci tout en maintenant un service continu et une sécurité maximale. »

« Notre secteur d’activité est vital pour le bon fonctionnement des industries depuis des années. En effet, l’outil informatique est l’une des bases de croissance ou de survie pour beaucoup d’entreprises en marche vers la modernisation. Il y a une réelle prise de conscience concernant l’investissement nécessaire dans des solutions informatiques adaptées qui permettent de gérer et d’optimiser des données dans un contexte de concurrence mondialisée féroce. Répondant aux besoins de notre société qui s’accélère, change, évolue vers de nouveaux standards de l’utilisation de l’outil informatique (capacité de stockage, rapidité d’accès, numérisation des échanges, monitoring, paramètres de sécurité, etc). »

« Aujourd’hui, les axes de développement stratégiques sont multiples pour les industries. Et là où leur expertise est lacunaire, on trouve souvent les meilleures opportunités de développements. C’est le cas notamment de nombreuses PME, d’où leurs besoins grandissants d’aide à la digitalisation. Pour elles, la digitalisation peut poursuivre des objectifs variés tels que l’amélioration de la productivité, la production à la demande, la personnalisation et l’adaptation rapide de l’offre, la diversification des sources d’approvisionnement, l’optimisation de l’expérience client, l’ouverture de canaux de distribution, etc. Pour bénéficier d’un regard neuf et éclairé, l’expert externe joue un rôle indispensable. »

Quel(s) défi(s) votre secteur et sa clientèle doivent-ils relever ? « Dans notre secteur, le Green Deal et la durabilité sont des défis très importants. D’ici 2030, l’ensemble des centres de données devra être neutre en carbone en Europe. Chez LCL, nous avons conclu un pacte. Sur nos cinq sites d’espaces de données en Belgique, nous souhaitons dans les années qui viennent réduire le volume d’utilisation de ressources rares et limitées telles que l’eau et l’énergie. Par exemple, pourquoi ne pas utiliser la chaleur que génère ces centres de données pour alimenter en chauffage des bâtiments et résidences ? »

« En passant d’une gestion intuitive à une gestion de plus en plus pilotée par des données précises, notre secteur et ses clients vont très vite être confrontés à la data, à la manière de la capter sous la bonne forme, ainsi qu’à la manière de la stocker. Avec une évolution exponentielle du nombre de données captées, les limites physiques de stockage sont bien réelles. Aujourd’hui, la seule solution existante de stockage reste à terme le Cloud dont les données sont malgré tout stockées physiquement quelque part dans le monde. Les défis du futur consisteront donc à trouver d’autres manières de stocker ces données, à protéger nos clients de l’obsolescence accélérée du matériel et à sécuriser ces « mégadonnées » du hacking. »

« La digitalisation pose des défis technologiques, humains et stratégiques. Par exemple, quelles stratégies digitales adopter pour développer et pérenniser ses activités ? Vaut-il mieux sous-traiter ou consolider ses capacités internes ? Quelles technologies adopter pour s’assurer flexibilité et sécurité ? Comment aider les équipes à accueillir ces nouvelles solutions ? Pour relever ces défis, il est essentiel de miser sur les bonnes stratégies, technologies et outils mais aussi d’anticiper au maximum ses futurs besoins (personnalisation, diversification, etc.). Dès lors, il va falloir être agile, gérer le changement de manière dynamique, développer le potentiel humain, responsabiliser et autonomiser ses équipes. »

Comment rendre votre secteur d’activité plus durable ? « La durabilité, pour nous, ne se résume pas à limiter les émissions de CO2 par obligation. Il s’agit tout autant de produire et d’utiliser de l’énergie verte. Dans le futur, chaque remplacement de matériel et renouvellement de systèmes devront s’inscrire dans une démarche durable. Pour faire fonctionner nos sites, les gaz naturels et verts ou encore le biodiesel seront privilégiés. Pour nos collaborateurs, la mobilité verte sera au programme avec une transition de notre flotte vers des véhicules hybrides avec stations de chargement sur sites avant de finalement passer au 100% électrique dans le futur. Réduire ses émissions tout en continuant de croître, est-c’est possible ? C’est en tout cas notre but pour la décennie en cours. »

« Parler de durabilité dans notre métier peut sembler osé et n’est pas chose aisée. Entretenir et stocker des données, faire fonctionner les réseaux, faire tourner les machines et leurs logiciels consomme une quantité d’énergie considérable. L’économie digitale, qui comprend les centres de stockage, pourrait d’ailleurs rapidement devenir la première source mondiale de pollution et représente déjà 20% de la consommation électrique mondiale. Bien que nous ne puissions prédire les prochaines modifications profondes de notre société, nous pouvons agir à notre échelle. Commençons par le dépannage à distance qui, même s’il crée des flux de données, pollue moins qu’un déplacement en voiture. »

« Et cela à trois niveaux : environnemental, technologique et organisationnel. Pour réduire l’impact environnemental des solutions digitales, on peut, par exemple, limiter la fréquence de renouvellement des parcs machines en sélectionnant des centres de données plus économes, avec des sources d’approvisionnement énergétique plus vertes. Sur le plan organisationnel, on peut placer l’innovation et l’amélioration continue au cœur de la gestion des entreprises. En utilisant l’approche design thinking, les ateliers d’innovation ou encore la gestion dynamique du portfolio de projets et la gestion agile pour tous types de projets, il est possible d’augmenter sa capacité à affronter les crises et à réagir aux opportunités. » Par Célia Berlemont


DAP, le courtier d’assurance à finalité sociale Christophe Degauquier, co-directeur du groupe DAP, nous parle de sa vision du monde de l’assurance : un métier social issu de la mutualisation des risques. Pouvez-vous nous parler de la culture spécifique de votre entreprise ? DAP est à la base une entreprise familiale qui se veut très proche de ses clients. Il y a 4 ans, j’ai rejoint le groupe malgré des réticences concernant l’image trop souvent véhiculée « du méchant assureur » qui chaque année fait payer les gens sans vraiment aider qui que ce soit au moment du sinistre. Je ne voulais pas entretenir le fossé entre les classes sociales et par élitisme ne travailler qu’avec les clients qui ont suffisamment d’argent pour payer leurs primes. En tant qu’entrepreneur social issu du secteur non-marchand, il me tenait à cœur de défendre une certaine éthique et de militer pour une meilleure mutualisation des risques afin de pouvoir offrir des services de qualités aussi aux prospects qui n’ont pas les moyens de bien se couvrir. Vous êtes donc spécialisé dans le secteur non-marchand ? Cette cible de clients n’attire pas beaucoup d’assureurs ; Chez DAP, nous en avons fait une de nos spécialités et nous prodiguons bien plus que du conseil en assurance à tous ceux qui en ont besoin puisque nous offrons gratuitement des audits complets des portefeuilles de nos prospects. En Belgique, beaucoup d’institutions sont obligées de souscrire à des marchés publics y compris pour obtenir une assurance adaptée à leurs activités. Il faut donc des juristes spécialisés dans ce type de législation, nous en avons engagés une dizaine pour mieux répondre à leurs besoins. Les entités comme les Communes et CPAS sont subsidiées par l’argent public, grâce à notre expertise de courtier spécialisé, on participe donc à l’optimisation budgétaire des primes d’assurances payées par les pouvoirs subsidiant. Êtes-vous considéré comme un électron libre dans le secteur des assurances ? Oui. Il doit y avoir moins de dix assureurs en Belgique capables de répondre dans des délais raisonnables aux soumissions de marchés publics. Au-delà de cette spécialisation qui a permis de renforcer notre culture d’entreprise, en tant que courtier pluraliste et indépendant, nous offrons les mêmes services de qualité sur mesure à toute notre clientèle. Finalement, défendre une éthique de travail motive chacun des 90 collaborateurs du groupe parce qu’il en tire un véritable sens et une meilleure reconnaissance au quotidien.

www.dap.be

Cela fait-il maintenant partie de vos valeurs d’entreprise libérée ? Cela a toujours été une priorité que mes collaborateurs soient passionnés d’exercer leur métier. Pour y arriver, nous avons passé beaucoup de temps à la définition de nos valeurs, d’une vision commune pour les 12 bureaux qui partage cette même mission : grâce l’effort collectif nous pouvons redistribuer une partie des bénéfices à des projets associatifs. Ça n’est pas facile tous les jours d’en faire plus pour la collectivité mais c’est terriblement motivant et à chaque fois qu’une difficulté survient, nous nous recentrons sur ces valeurs fondamentales pour trouver des solutions. Vous souhaitez également maintenir un service de proximité avec vos clients dans tous les secteurs… Oui, les bénéfices ne sont pas réservés qu’aux associés, le capital est aussi ouvert aux employés et une partie est redistribuée à des œuvres caritatives ! En tant que courtier, nous sommes payées à la commission. Afin de limiter les débours des compagnies partenaires pour les sinistres de nos clients qu’on gère de A à Z, nous avons misé sur la proximité et la prévention. Nos primes représentent ainsi plus de potentiel pour les compagnies. Depuis plusieurs générations nous insistons quotidiennement sur la sensibilisation aux différents risques et nous prodiguons des conseils pointus dans tous les domaines. Cela renforce nos relations à long terme avec la clientèle et permet de prévenir des sinistres. Nous sommes un groupe qui a grandi très vite ces dernières années et nous essayons d’exploiter les secteurs de niche où on peut apporter une réelle plus-value. Vous êtes aussi un des rares assureurs à pratiquer la redistribution de vos bénéfices à des oeuvres. Pouvez-vous nous expliquer ce principe ? Chaque année, une partie des bénéfices du groupe est consacrée au financement de projets sociaux. Dans le cadre de la défense des Objectifs de Développement Durable, nous avons aussi lancé le concept DAP Solidarity : le groupement offre au client un cashback sur sa prime qu’il peut réallouer à un projet associatif. Pour concrétiser cette nouvelle approche et développer une plateforme digitale, la région Wallonne nous a même octroyé un subside. Dès que les compagnies auront saisi tout le potentiel de ce projet, tous les clients qui paieraient des primes chez DAP pourraient également soutenir une œuvre caritative de leur choix juste en payant leurs primes d’assurance après avoir reçu les conseils de nos spécialistes.


18 BRAND REPORT • SOWALFIN

FOKUS-ONLINE.BE

Il est temps d’opérer la transition écologique des PME L’heure est au changement. Les PME et TPE doivent rapidement se mettre à la page écologique pour espérer subsister sur le marché. Heureusement, des solutions efficaces existent.

L

e monde de l’entreprise, et plus précisément des PME, est à un carrefour et il s’agirait de ne pas se tromper de route. C’est en effet l’heure de la transition écologique et de la transition bas carbone. « Plus que jamais, les PME doivent se poser les questions essentielles sur leurs factures de demain », explique Anne Vereecke, membre du comité de direction de Sowalfin. « Le contexte actuel et les années à venir vont en effet les impacter sévèrement si elles ne prennent pas les décisions stratégiques adéquates ». Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un œil aux factures énergétiques récentes. Depuis la fin de l’année dernière, les prix du gaz et de l’électricité ont en effet entamé un décollage vertigineux qui impacte très directement les entreprises. Des solutions plus durables deviennent donc primordiales pour la subsistance des petites structures. Mais ce n’est pas tout. Car au-delà des factures à payer, l’urgence transitionnelle se retrouve également dans la pression qu’exercent les clients, les différents fournisseurs ainsi que le cadre réglementaire européen qui se durcit de plus en plus. « C’est bien simple, aujourd’hui, il ne peut y avoir de compétitivité sans durabilité  », poursuit Anne Vereecke. Le changement climatique concerne tout le monde et plus seulement les grandes entreprises. « D’ailleurs, les règles européennes qui auparavant ne s’appliquaient qu’aux grandes entreprises s’adaptent aujourd’hui aux PME ». Celles-ci doivent dorénavant répondre à un cahier des charges de plus en plus strict du point de vue environnemental. « Qu’il s’agisse par exemple de la réglementation concernant les gaz fluorés, de la gestion de l’eau ou encore du recyclage des déchets, tout devient plus complexe et demande une véritable expertise sur la question  ».

Une expertise. C’est généralement là que le bât blesse pour les PME. Car même armée de la plus belle conscience écologique et d’une volonté de changement à toute épreuve, une petite entreprise n’a souvent pas les ressources pour entamer la transition nécessaire. « Le sujet est souvent trop complexe et éloigné du corps de métier de l’entreprise », explique Anne Vereecke. Les PME n’ont tout simplement pas le temps, ni les compétences, et encore moins les moyens, de s’atteler à cette matière pourtant si importante pour leur avenir. Savoir s’il faut privilégier l’installation de nouveaux panneaux photovoltaïques, pousser davantage la mobilité durable de ses employés ou investir avant tout dans l’économie circulaire, s’apparente à un véritable casse-tête pour les petites structures. Heureusement, depuis quelques années le gouvernement a pris en considération l’enjeu de cette transition écologique devenue nécessaire aussi pour les petites entreprises. C’est ainsi qu’est né le dispositif intégré baptisé “Easy’green” grâce à des fonds provenant du FEDER et de la Wallonie. Ce dispositif propose trois catégories d’actions : la sensibilisation, l’accompagnement (public et/ou privé) et le financement pour les TPE et PME. “Des référents régionaux (Eklo, Idelux…) et fédéraux (l’UCM, la Fevia…) vous offrent ainsi un diagnostic gratuit pour déceler le potentiel bas carbone de votre entreprise”. Après un questionnaire adapté à la situation de l’entreprise, un constat est dressé et un plan d’action est envisagé pour celles qui le souhaitent avec, bien sûr, des solutions de financement à la clé. « Ces financements se font essentiellement sous forme de prêts subordonnés », continue Anne Vereecke. « Une expertise privée est également envisageable notamment via des chèques énergies / économie circulaire assortis de prestations ».

Le Groupe SOWALFIN propose des solutions d’accompagnement et de financement pour réduire l’empreinte carbone et les factures énergétiques des PME au travers de son dispositif Easy Green.

De nombreuses entreprises actives dans divers domaines ont ainsi déjà pu profiter de ces solutions plus que bienvenues. « Une des entreprises concernées a par exemple pu se lancer dans un projet de plus de 3 millions d’euros dont des investissements d’un peu moins de 1 million d’euros pour lutter contre le changement climatique en termes de CO2 », explique Véronique Léonard, responsable du pôle écotransition de la Sowalfin. « Cela impliquait notamment l’installation de panneaux photovoltaïques, de pompes à chaleur, de double vitrage, d’isolation et de nouveaux éclairages LED ». Souvent, les entreprises ont encore du mal à franchir le pas de s’adresser à de tels organismes. D’une part parce qu’elles ne connaissent tout simplement pas les services offerts. Mais aussi parce qu’elles ont des préjugés, estimant que de tels investissements ne sont pas rentables. « Il y a pourtant un gain réel à en retirer, en termes de rentabilité, de résistance aux évolutions de prix, d’image, sans compter les avantages collatéraux comme la création d’emplois ». Au vu des possibilités offertes, il serait dommage de se priver de tels services.

Anne Vereecke Membre du comité de direction


#FOKUSINDUSTRIE

CHRONIQUE 19

Benoît Derenne

Finance durable et nouvelle génération d’entrepreneurs à impact En tant que fondation et acteur de la société, nous sommes en questionnement : comment augmenter le pouvoir transformateur de l’argent ?

R

evoir l’enseignement de la finance afin de préparer les jeunes à devenir acteurs de la transformation de notre société vers un mode de développement soutenable est un devoir qui découle de nos responsabilités vis-à-vis des générations futures. Au-delà de l’utilité d’un Prix d’Excellence Académique comme le HERA Award Sustainable & Responsible Finance décerné par la Fondation pour les Générations Futures, un travail de réforme profond doit être mis en œuvre avec les professeurs de finance eux-mêmes afin qu’émerge une vision à 360° des enjeux de la finance dans les cursus. A l’évidence, ce changement ne pourra se concrétiser que sur le long terme, soit sur 5 à 10 ans minimum. D’ici-là, il y a urgence. Il nous faut en parallèle trouver une manière d’influencer à plus court terme la façon dont la finance est pratiquée quotidiennement par les responsables financiers. C’est, par exemple, ce que la Sustainable Finance Master Class entend faire. Cette formation, unique dans le paysage belge, a pour objectif de former les leaders d’aujourd’hui à une finance durable, décarbonée et résiliente. Une nécessité à l’heure où l’urgence climatique, entre autres défis systémiques, ne peut plus être niée. Mais au-delà de la transformation des pratiques attendue de la part des jeunes -futurs experts- et des leaders financiers actuels, nous avons tous le pouvoir, dès aujourd’hui, institutions comme individus, d’utiliser notre argent comme un outil de transformation de notre société.

Il faut changer la finance, sa pratique par les leaders d’aujourd’hui et son enseignement aux jeunes générations.

Alors que les comptes épargne belges viennent de dépasser la barre des 300 milliards d’euros, il est fondamental d’opter pour des investissements dans des portefeuilles à impact sociétal positif. A titre d’exemple, outre le soutien qu’elle apporte directement à des projets -notamment industriels- innovants et durables de jeunes entrepreneurs en phase de prototypage, puis en phase précoce de start-up, la Fondation a choisi que ses placements financiers soient investis majoritairement dans un portefeuille d’investissements à impact prioritaire. Celui-ci réunit vingt-huit initiatives économiques emblématiques d’une économie durable et citoyenne, dont six relèvent ellesmêmes du domaine de la finance éthique (Crédal, Hefboom, Trividend, F’in Common, Triodos Bank et NewB). Beaucoup d’initiatives accessibles à l’épargne citoyenne et institutionnelle existent, comme le Fonds à Impact Regenero ou la plateforme de crowdfunding Lita.co. Et de nouveaux projets concrets naissent quasiment tous les jours, malheureusement trop méconnus des investisseurs. Dans un contexte de financiarisation de l’économie, nous devons ramener l’argent à sa juste place, celle d’un moyen (et non une fin) doté d’un réel pouvoir transformateur positif, avec l’envie et l’énergie de relever ce défi collectivement et individuellement ! Par Benoît Derenne Directeur de la Fondation pour les Générations Futures Image Fondation pour les Générations Futures


And you can too. At Fluxys, we’re working on the next generation energy landscape, and we need your bright mind to shape, collaborate and innovate towards a carbon-neutral world. As a global energy infrastructure player, we’re committed to bring the transition forward. Choose a meaningful career in an international growing group and help us build a greener energy future for generations to come. www.fluxys.com/careers

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4/03/2022 10:43


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