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JEAN-PIERRE FEIHL A 87 ans, le Dr Jean-Pierre Feihl parle avec calme et presque du détachement de sa vie et de sa longue expérience de médecin de campagne. Son intérêt pour la philosophie zen n’est certainement pas étranger à cette attitude.
« Je suis resté un rêveur » Né à Moudon en 1918, le Dr Feihl est le fils du pharmacien local dont l’officine occupe le rez-de-chaussée de la maison datant du milieu du XIXe siècle dans laquelle il vit toujours et qui a aussi abrité son cabinet. Le Moudon de l’enfance du Dr Feihl est une bourgade où tout le monde se connaît. L’image, probablement idéalisée, du médecin de campagne a influencé le jeune Jean-Pierre Feihl dans le choix de son métier. Enraciné dans sa région (il parle encore le patois), il s’en est évadé par des voyages, mais surtout par l’esprit, « je suis resté un rêveur enraciné dans le réel ». Le parcours du Dr Feihl – comme celui de ses contemporains – est fortement marqué par la deuxième guerre mondiale. « En 1939, nous nous partagions entre les cours, les stages et la mob ! Nos professeurs, mobilisés à l’hôpital cantonal, enseignaient le soir. Nos rapports avec eux étaient teintés d’une sorte de convivialité, nous étions peu et nos professeurs nous connaissaient bien. Une situation difficilement