Soma #41

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NUMÉRO QUARANTE ET UN / Purchase Order Number






NUMÉRO QUARANTE ET UN Septembre - Octobre - Novembre 2015

Jérémie Daclin FS Nosepick dans l’jardin avec une casquette chelou © Râm LEGRAND. Directeur de la publication

Fred DEMARD 06 14 24 33 94 fred@somaskate.com

Graphisme

Seb JOLY Publicité

Corinne LASMEZAS 06 07 75 75 61 corinne@somaskate.com

Photographe en chef

Loïc « LB » BENOIT

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PHOTOGRAPHES

& rédacteurs Loïc Benoit Manuel Schenck Bad Professor Manuel Schenck Râm Legrand Tao

Clément Le Gall Fabian Bodet David Manaud Nohan Ferreira Alex Schuktuew Jelle Keppens

RÉDACTION SOMA est édité par LES ÉDITIONS DU GARAGE SARL 13, rue de L’Isère 38000 GRENOBLE ISNN : 1959-2450 fred@somaskate.com

Imprimé en France chez : IMPRIMERIE DES DEUX-PONTS

Toute reproduction, même partielle, du contenu de ce magazine n’est pas vraiment souhaitable. Vous faites comme vous voulez bien sûr, mais voyez-vous, on se donne un mal fou pour remplir ces pages avec des photos de gars (et de filles aussi, mais c’est malheureusement plus rare), qui sautent en l’air avec leurs skateboards. On essaye aussi d’y mettre des textes pas complètement débiles, parfois même on y arrive, je crois. Je n’ai pas d’exemples là, mais je suis sûr que ça nous est arrivé une fois ou deux. Bref, ça n’a l’air de rien, mais ça représente pas mal d’efforts, de sang, de sueur et même d’engueulades, parfois. On passe notre temps à refuser des photos pour des prétextes que les photographes ne comprennent pas toujours. On se fâche avec des gens pour des broutilles, pour des malentendus, pour le plaisir aussi, ça peut arriver. On en perd même le sommeil. Et tout ça pour finir plagié, même partiellement, par un illustre inconnu dans son fanzine de merde ?



NUMÉRO QUARANTE ET UN Septembre - Octobre - Novembre 2015

INTRO Marketing agressif

Seb Daurel Japan to Fakie chez Darwin – BORDEAUX © David MANAUD.

P.62

P.10 L’MATOS Fittés pour la rentrée

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SHUT UP AND SKATE Avec Manu Schenck de l’autre côté de l’appareil, my man Jimmy dans le tube, l’homme animal qui balance du marteau et un gars qui paye sa première parue avec des roues de longboard sous les pieds

P.12

P.18

LE JEUNE

MANU’S MIRACULOUS TRIP

Un jeune qui fait des heel block en bowl

Une histoire d’amour qui tourne au vinaigre et du très bon skate par les mecs de chez Polar

P.14

P.26

LE VIEUX

SPOT DELIVERY

Un (presque) vieux qui fait des switch crooks dans la rue

Ces gars ont tout compris

P.16

P.42

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AUSTRIAN ROMANCE La tournée des lacs Autrichiens avec la fine équipe de Vans France

PARTY ALL THE TIME Les gars de Volcom Europe ne sont pas venus en France pour enfiler des perles

P.76 HELLFEST Surtout, n’oublions pas de citer, remercier et féliciter Madneom pour la construction du site et Victor Pellegrin pour sa destruction

P.90 LE VRAC Après avoir exhibé le haut, qu’il a de très beau d’ailleurs, Joseph Biais n’hésite pas à tomber le bas dans la seule séquence du mag.

P.94



NUMÉRO QUARANTE ET UN Septembre - Octobre - Novembre 2015

( intro )

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N SKINHEAD QUI POUSSE EN COUVERTURE, ERRANT SEUL DANS LA JUNGLE URBAINE, TRISTE ET GRISE COMME LE BÉTON, POUR

FAIRE « GRAVE ÖCTAGON ». DES ALLEMANDS QUI

PROMÈNENT LEUR GROS BUS AGONISANT À TRAVERS L’EUROPE POUR COULER ENCORE PLUS DE BÉTON DANS NOS VILLES. DES GARS QUI ÉCOUTENT ENCORE EDDY MURPHY, LE CHANTEUR, EN 2015 ! DES MECS QU’ON A DÉJÀ VUS MILLE FOIS DANS LES PAGES DE CE MAGAZINE QUI SE BAIGNENT À POIL DANS DES LACS AUTRICHIENS ET QUI SKATENT AVEC DES MÉDUSES AUX PIEDS. UNE SORTE DE HIPPY QUI N’A JAMAIS ENTENDU PARLER DE YNGWIE MALMSTEEN OU DE DIMEBAG DARRELL FOUTANT LE BORDEL AU HELLFEST ET L’HISTOIRE D’UN GARS PARTI NE SURTOUT PAS REJOINDRE SON EX-MEUF EN SCANDINAVIE… NON VRAIMENT, CE NUMÉRO DE SOMA SORT CARRÉMENT DU LOT. IL VA VOUS CAPTIVER, C’EST SÛR. VOUS AVEZ BIEN FAIT DE L’ACHETER CELUI-LÀ !

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L’ MATOS

BOARDS : Trois boards Element qui se ressemblent drôlement de la série « Forces of Nature » peinturlurées par le talentueux Todd Francis – Une Cliché Mr. Strong ™ Andrew Brophy pour sauter des montagnes tout en portant une enclume à bout de bras – Une Flip de leur nouveau pro, le Canadien Matt Berger - Et pour terminer, le pro model de Dave Carnie qui n’est absolument pas une board puisque c’est une belle chaussure très discrète, idéale pour les mariages, bar mitzvah, etc.

CHAUSSURES : La Nike SB Zoom All Court de ce génie de Cory Kennedy – Don Pendleton, le mec des décos Alien et Element a déssiné sur ses « Vans Sk8-Hi » – Une Chris « Cole Lite-3 » de chez DCshoecousa – Wes Kremer, ce G ! G pour putain d’Génie. Son modèle chez DC s’appelle « Wes Kremer » – Des chaussures Spitfire ? Oui, c’est possible, « HUF Classic Hi – Spitfire » - Converse Cons One Star Pro, ça me fait toujours marrer le « Cons » - Une autre forme de génie : Louie Barletta/Enjoi de chez Globe pour les mecs qui ne se prennent pas au sérieux – Et une Emerica Westgate pour clôturer notre série de « putain de génies » !

ACCESSOIRES : L’accessoire indispensable par excellence, l’enceinte portable Skullcandy « Air Raid » Un bas de survet’ Levi’s pour chiller à la maison ou pour faire le gangster dans la rue – Tout aussi indispensable, la College Coach Jacket Carhartt, ne sortez pas sans !

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LE JEUNE

Heelblock to fakie Bowl du Bény-Bocage, en NORMANDIE Texte et Photos : Clément LE GALL.

DANIEL PORTO RAYA

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Au moment d’écrire ces quelques lignes sur le « p'tit » Daniel, je me rend compte que même après plusieurs sessions partagées ensemble, je ne connais pas vraiment le personnage. Il faut dire aussi que le jeune est plutôt timide et "qu’il préfère s’exprimer sur sa board". Désolé pour la phrase bateau, mais dans son cas, elle prend vraiment tout son sens. Du coup, j'ai un peu enquêté sur son compte grâce aux réseaux sociaux, et je sais que mis à part le skate, Daniel n’a pas de passion, qu’il rentre au lycée en septembre prochain, que plus tard il aimerait vivre du skate ou être architecte, voir les deux si possible, et qu’il est fan de Trevor Colden et Evan Smith… Il m’a précisé également qu’avec ses potes Tim Débauché, Chris Garcia et Arthur Guilbeau, ils essayent de bouger un maximum sur les contests et dans les différents parks et bowls du Pays Basque, d’où son aisance en courbe… Etant donné que je suis à cours d’infos et qu’il est fort probable que le jeune fasse de toute façon parler de lui dans les années à venir, je pense que je vais m’arrêter là Jean Pierre…

14 ans - skate depuis 5 ans Habite à Bayonne Première board : Une JouéClub pour Noël Sponsors : About, JWLS



LE VIEUX

Switch Crooked Grind - Photos : Nohan Ferreira - Texte : William Artigue.

WILFRIED « TAO » MANDEREAU Quand j'ai su que mon poto Tao aller passer dans Soma, j'étais fort content. Puis j'ai appris que c'était à moi, que revenait l'immense honneur de vous parler de lui... Le stress ! Comme lors d'un premier "match" Tinder. Un jeune comme moi pouvait-t'il décrire convenablement, aux yeux des millions de lecteurs de Soma, un gars de la trempe de Tao ? Pourrait-il parler de ses aventures de jeunesse dans les cités d'or ? De ces sessions mémorables au Dôme ? De son régime secret à base de cacao pour avoir la classe en toutes circonstances ? Ou encore de son passé d'entrepreneur ? Le doute ne m'habita pas bien longtemps, même si j'ai connu Tao après tout cela, notre amitié ne demeure pas pour le moins solide. Je me devais de témoigner ; Wilfried en deux mots, comme en cent : change pas ! 16

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Âge: 35ans Lieu de résidence: Antony Première Board: Vision Mark Gonzales by Andy Takakjian en jaune. Première idole: Rodney Mullen Sponsor: Brother Crew Skateshop




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Manuel SCHENCK Early Grab BS Lipslide MALMÖ © TAO

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Jimmy PERESSON 10 Heures à TRIENT, SUISSE / © Fabian « CHYKO » BODET. 20

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Ben BOTTA FS 50-50, OLORON STE MARIE / © Clément LE GALL



Thomas RÉGNIER Wallride Nollie Out, CARAMANY / © Loïc BENOIT



( In search of )

P I R T S U O L U THE MIRAC Comment un voyage romantique en Suède pour retrouver une fille que j’aimais particulièrement s’est transformé en trip skate avec les potes…


Texte et photos par Manuel SCHENCK


( Paris )

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JE COMMENCE PAR SAUTER DANS UN TRAIN BORDEAUXPARIS POUR UNE SOIRÉE EN L’HONNEUR D’UN CERTAIN KEVIN RODRIGUES QUI PASSE PRO CHEZ POLAR. ME VOILÀ DONC DANS LA CAPITALE AVEC LUI ET LES DÉSORMAIS FAMEUX « BLOBY’S » POUR UNE JOURNÉE DE REPOS EN ATTENDANT LES TUMULTES DE LA SOIRÉE. GROSSE SURPRISE À 14 HEURES QUAND NOUS VOYONS DÉBARQUER PONTUS ALV ET HJALTE HALBERG SUR LE SPOT, BOUTEILLES DE CHAMPAGNE EN MAINS… PRO-PARTY OBLIGE, ILS AVAIENT DÉCIDÉ DE FAIRE UN PETIT ALLER-RETOUR SURPRISE DE LEUR SCANDINAVIE POUR L’OCCASION. APRÈS QUELQUES COUPES DE BON ALOI ON SE SENT POUSSER DES AILES ET ENTAMONS ALORS UNE PETITE SESSION IMPROVISÉE DANS LES RUES PARISIENNES, POUR FINIR DEVANT NOZBONE OÙ NOUS ATTENDENT QUELQUES BOISSONS FRAICHES, LE PRO MODEL DE KEV, LES INVITÉS, ET UNE SESSION TREMPLIN/POUBELLE "GÉNÉRATION SENSATION" AVEC CADEAUX À LA CLEF POUR LES PLUS CASCADEURS. APRÈS UNE SÉRIE DE PIROUETTES EN TOUT GENRE, IL EST TEMPS DE PARTIR « CHEZ JUSTINE », BAR DERRIÈRE LEQUEL NOUS RETROUVONS JON MONIÉ, POUR UNE NUIT LONGUE ET AGITÉE. INUTILE DE DÉVELOPPER CETTE PARTIE-LÀ, VOUS CONNAISSEZ LA CHANSON. RETOUR À MALMÖ LE LENDEMAIN POUR PONTUS ET HJALTE QUI AVAIENT ÉGALEMENT PRIS UN BILLET À KEVIN, MAIS CE DERNIER, PRÉFÉRANT LES BELLES JOURNÉES D’ÉTÉ PARISIENNES, DÉCLINE L’INVITATION. CE N’EST QUE PARTIE REMISE. DE MON CÔTÉ, IL ME RESTAIT TOUJOURS DES BILLETS POUR COPENHAGUE QUE J’AVAIS PRIS POUR ALLER RETROUVER MA COPINE QUI NE L’ÉTAIT PLUS… L’INVITATION DE PONTUS ET HJALTE À LES RETROUVER TOMBAIT À POINT NOMMÉ.

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Kevin Rodrigues wallie & ollie combo

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Pontus Alv BS Kickflip

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( Copenhague )

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ME VOILÀ DONC, AVEC PAUL GRUND QUI PASSAIT PAR LÀ, DANS LA CAPITALE DANOISE SITUÉE À 30 MINUTES DE TRAIN DES BUREAUX POLAR, À MALMÖ (POUR LES FÉRUS DE GÉOGRAPHIE VOUS POUVEZ VÉRIFIER SUR UNE CARTE, CES DEUX VILLES, MÊME SÉPARÉES PAR UN BRAS DE MER, SONT TRÈS PROCHES, JE NE VOUS MENS PAS) (C’EST PAS MON STYLE DE MENTIR DE TOUTE FAÇON) (SURTOUT PAS DANS LA PRESSE OÙ, VOUS LE SAVEZ, LE MENSONGE ET LA DÉSINFORMATION N’EXISTENT PAS). LE PREMIER JOUR, HJALTE A ORGANISÉ UNE TRÈS GROSSE SOIRÉE POUR MON ARRIVÉE. ÇA FAIT PLAISIR. OU PEUT-ÊTRE ÉTAIT-CE POUR LA SORTIE DE SA PART TRANSWORLD ? ALLEZ SAVOIR… PROJECTION DE LA VIDÉO EN AVANTPREMIÈRE, BIÈRE À GOGO, UN PEU DE SKATE ET DE JOLIES DANOISES DE PARTOUT. BIZARREMENT, CETTE AMBIANCE NOUS PLAIT À PAUL ET MOI. NOUS DÉCIDONS DE RESTER QUELQUES JOURS EN COMPAGNIE DE HJALTE ET SES AMIS NEW-YORKAIS DE « QUARTERSNAKS » VENUS DÉCOUVRIR LES SPOTS ET LA VILLE. COPENHAGUE EST UNE GRANDE ET BELLE VILLE, LES FILLES Y SONT GRANDES ET BELLES ÉGALEMENT, CE QUI N’EST PAS VRAIMENT UN SCOOP MAIS JE ME PERMETS DE LE RE-DIRE PARCE QUE C’EST QUAND MÊME SPECTACULAIRE. AVANT DE NOUS RENDRE À MALMÖ, NOTRE PETITE ÉQUIPE N’A PAS PU S’EMPÉCHER DE FAIRE UNE HALTE À CHRISTIANIA, LA COMMUNAUTÉ AUTOGÉRÉE PAR DES HIPPIES OÙ TU PEUX ÉCOUTER LEUR « MUSIQUE », DÉCOUVRIR ET APPRÉCIER LES PRODUITS LOCAUX ET TE POSER AU BORD DU LAC POUR ADMIRER LA NATURE. PAS DE PHOTOS, PAS DE MAUVAIS COMPORTEMENTS, PAS DE DÉBORDEMENTS TOLÉRÉS ICI, CHACUN DOIT POUVOIR ACCÉDER À SA PAIX INTÉRIEURE…

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Hjalte Halberg Kickflip


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( Malmรถ )

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AU BOUT DU TUNNEL : LE PONT ET AU BOUT DU PONT, QUELQUES 12 KILOMÈTRES PLUS TARD : LA SUÈDE. NOUS VOICI DONC PAUL ET MOI À MALMÖ OÙ NOUS PRENONS DIRECTEMENT LA DIRECTION DES BUREAUX POLAR. NOUS Y RETROUVONS DANE BRADY, JEUNE PRODIGE AMÉRICAIN DÉBARQUÉ EN EUROPE QUELQUES SEMAINES PLUS TÔT. PONTUS NOUS ACCUEILLE À BRAS OUVERTS ET SA BONNE HUMEUR RÉCHAUFFE MON CŒUR DE SANS DOMICILE FIXE. LES JOURNÉES PASSENT, ON S’ACCLIMATE. PONTUS ARRIVE TÔT LE MATIN, EN FORME, VOLUME SONORE ENCORE PLUS AU TOP, IL TRAVAILLE DUR SUR LA VIDÉO QUI DEVRAIT VOIR LE JOUR TRÈS PROCHAINEMENT. EN BON BUREAUCRATE IL DÉBAUCHE À 19 HEURES ET NOUS PARTONS EN SESSION À LA RECHERCHE DE NOUVEAU SPOTS. À CETTE PÉRIODE DE L’ANNÉE, LE SOLEIL NE SE COUCHE PAS AVANT MINUIT (ET SE RELÈVE VERS 5 HEURES), CE QUI LAISSE LE TEMPS POUR DE LONGUES SESSIONS. LA NUIT TOMBÉE, QUAND NOUS NE SORTIONS PAS, PONTUS NOUS INVITAIT CHEZ LUI POUR UN VERRE OU UN REPAS, JE NE DEVAIS D’AILLEURS APPAREMMENT PAS RENTRER SANS AVOIR GOUTÉ SA RECETTE SPÉCIALE DE « MEAT BALLS » À LA ALV. UN VRAI DÉLICE, IL FAUT L’AVOUER. POUR BIEN FINIR CE SÉJOUR EN BEAUTÉ J’ASSISTE À LA GRANDE JOURNÉE NATIONALE ORGANISÉE PAR LES ÉTUDIANTS SUÉDOIS POUR LEUR « GRADUATION », L’ÉQUIVALENT DE NOTRE BAC À NOUS, SAUF QUE LÀ-BAS C’EST VRAIMENT LA FÊTE LA JOURNÉE ENTIÈRE. UN PEU COMME CE QU’ON VOIT DANS LES FILMS AMÉRICAINS, AVEC CÉRÉMONIE, JETÉE DE CHAPEAUX, LARMES DES PARENTS, ETC. OSKAR ROZENBERG ET TAO (JEUNE FILMEUR ET MASCOTTE DE POLAR) FÊTAIENT JUSTEMENT LEURS DIPLÔMES À CETTE

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Dane Brady Pole Jam


Michal Juras Ollie up to Ollie transfert

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Paul Grund Fs Five-0

OCCASION. FÉLICITATIONS À TOUS LES DEUX ! APRÈS UN PASSAGE AU « VERSACE », LE MAGASIN PRÉFÉRÉ DE PONTUS, OÙ IL ACHÈTE DES CADEAUX POUR CES DEUX PETITS PROTÉGÉS, NOUS LES REJOIGNONS CHEZ OSKI POUR UN GRAND REPAS EN COMPAGNIE DE TOUTE SA FAMILLE ET SES AMIS, SUIVI D’UNE SOIRÉE MÉMORABLE DANS UNE BOITE. ON NE DEVIENT PAS UN HOMME TOUS LES JOURS APRÈS TOUT ! C’EST AU MILIEU DE CETTE PROFUSION DE BONHEUR QUE FINALEMENT, LE MAL DU PAYS ME GAGNE. IL EST TEMPS DE DIRE AU REVOIR ET DE RENTRER. MERCI ENCORE À PONTUS ET SA FEMME BELLA POUR LEUR GENTILLESSE ET LEUR HOSPITALITÉ. MERCI À HALTE, PETER, PAUL, TAO, OSKI, DANE, JACOB, MICHAEL… VOUS ÊTES DES BIJOUX, CE VOYAGE FUT ÉPIQUE ! « UNE GONZESSE DE PERDU C'EST DIX COPAINS QUI R’VIENNENT » QU’ON DIT...

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Oskar ÂŤ Oski Âť Rozenberg Hallberg FS Nosebone

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SPOT DELIVERY

PHOTOS

:

ALEX

TEXTE

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SCHUKTUEW :

FD


AV E C V O S P O T E S , V O U S Ê T E S V R A I M E N T L E S M E I L L E U R S . V O U S Ê T E S T E L L E M E N T E N C H A R G E D E S O P É R AT I O N S P O U R T O U T C E Q U I T O U C H E A U S K AT E B O A R D D A N S V O T R E V I L L E / V I L L A G E , Q U E V O U S V O U S Ê T E S FA I T V O T R E P R O P R E S P O T. AV E C D E S PA R PA I N G S , D U B É T O N E T U N P E U D ’ H U I L E D E C O U I L D E S , S U R U N T E R R A I N VA G U E M E N T A B A N D O N N É , V O U S V O U S Ê T R E C O N S T R U I T V O T R E M I N I - S T E P P E - D AVA L A S S I D E . V O U S V O U S Ê T E S FA I T U N M É C H A N T C U R B D E L A M O R T, COMME LE SPOT DE LUCAS PUIG LÀ, ET UN QUARTER TROP RAD DE OUF POUR SKATER AVEC LES CHAUSSETTES REMONTÉES J U S Q U ’ A U X G E N O U X . V O U S Ê T E S V R A I M E N T D E S P U TA I N S D E C A Ï D S ! S A U F, Q U ’ I L FA U T B I E N L E R E C O N N A Î T R E , E N P R E N A N T U N M I N I M U M D E R E C U L , I L E S T F I N A L E M E N T PA S S I D I N G U E Q U E Ç A V O T R E S P O T. I L E S T M Ê M E U N P E U P O U R R I S I O N R E G A R D E B I E N . Q U E V O U L E Z - V O U S , O N N E S ’ I M P R O V I S E PA S C O M PA G N O N D U D I Y E N U N C L A Q U E M E N T D E D O I G T. C E Q U I SERAIT BIEN, C’EST QU’UN VIEUX BUS ANGLAIS DE DEUX É TA G E S R E M P L I D E D R Ô L E S D E Z O Z O S , D E B É T O N N I È R E S E T DE TONNES DE SAVOIR FAIRE, DÉBOULE POUR VOUS CONSTRUIRE U N V R A I S P O T D E D I N G U E E N U N J O U R . M A I S Ç A C ’ E S T PA S P O S S I B L E , Ç A N ’ A R R I V E Q U E D A N S L E S R Ê V E S , PA S V R A I ?

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Tchèque (Prague), et re-l’Allemagne (Dresden) pour arriver à temps pour le CPH pro, à Copenhague donc, quelques 3500 kilomètres plus tard... Un beau petit périple qui leur a pris un bon mois et demi avec une moyenne de vingt personnes dans le bus. À un moment ils ont été jusqu’à vingt cinq personnes de sept nationnalités différentes… C’est justement à ce moment-là, qu’avec mon pote Jérémie, on s’est retrouvés à faire un bout de chemin avec eux (en Croatie et en Autriche), c’était drôlement chouette figurez-vous.

a a commencé avec une bande de potes, à Hanovre, au nord de l’Allemagne. À force de ne pas se tourner les pouces et de savoir prendre les choses en main, leur spot, le 2er skatepark est rapidement devenu un des plus gros spot DIY en Eu- Le « Spot Delivery » comment ça marche ? rope. Forts de leur succès, ils ont Le bus déboule sur un chantier existant allant de la petite créé « Yamato Living Ramps» et ils courbe toute pourrie faite par trois pélots motivés mais se sont mit à construire frénétique- complètement inexpérimentés, au vrai gros chantier, ment partout en Allemagne, et dans comme à Vienne, en Autriche, où les mecs étaient déjà le monde. En Inde et en Bolivie no- plus que rôdés. Le premier jour sert à prendre contact tamment. Vous avez sûrement vu le avec les locaux, on prend ses marques avec les lieux, on clip qu’a fait skate un Levi’s de la peu, on disconstruction de « LE « SPOT DELIVERY TOUR » cute des ce spot en Boliamélioravie, et bien ce QU’ILS ONT APPELÉ ÇA. CET TE tions à apsont les gars de porter au Yamato qui sont ANNÉE ÉTAIT LEUR DEUXIÈME spot, on à la base de ce fait des projet. Bref, on FOURNÉE » plans sur la n’a pas affaire comète et là à une bande sur le pade branquignoles. ‘sont pas tombés pier, et puis s’il y a moyen d’aller se baigner quelque part, de la dernière roue du carrosse les on fonce. Le lendemain, les choses se compliquent, tout mecs. L’an dernier, ils se sont fait le monde bosse à bloc toute la journée, et s’il faut bosser payer un bus anglais, toujours par jusqu’à cinq heures du mat pour finir de lisser et bien on Levi’s, une vieille dame de deux reste sur le chantier jusqu’à cinq heures du mat’. En étages avec un million et des général, entre les locaux déjà sur place et la vingtaine de brouettes de kilomètres au comp- personnes dans le bus, il y a un monde fou qui s’active teur, qu’ils ont conduit à travers l’Eu- pendant toute une journée et ça suffit à totalement transrope pour construire ou réparer des former le spot. Le lendemain, on laisse sécher, les plus spots ça et là, et au passage, prendre vaillants partent faire du street, les autres se laissent un bon paquet de fun. Le « Spot sécher. Le jour d’après, c’est la grosse session sur le spot Delivery Tour » qu’ils ont appelé ça. et le départ pour une nouvelle étape. Les locaux ne se Cette année était leur deuxième plaignent pas en général. Ils ont accueilli un bus pendant fournée, ils sont partis de Hanovre, trois à quatre jours, les gars ont mis un peu le bordel, puis Stuttgard en Allemagne pour mais quand le bus repart, il y a eu des tonnes de bétons rejoindre Copenhague en passant de coulés sur leur spot. par la Suisse (Zürich), l’Italie (Padova), la Slovénie (Postojna et Lljubiana), la Croatie (Zagreb), l’Autriche (Vienne), la République

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Tim Rebensdorf, FS smith grind VIENNE, AUTRICHE.

Deso est le prototype du gars qui peut vous faire baisser les yeux et changer de trottoir quand vous le croisez le soir, mais qui s’avère être le gars le plus gentil au monde dès que vous vous intéressez un peu à lui. FS Five-0 chez lui, à POSTOJNA, SLOVÉNIE.

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André Gerlich a un sac de trick tellement gros qu’il rentrait à peine dans le bus. Pendant que tout le monde avait les mains dans le béton de l’autre côté du mur, il est allé se dérouiller les jambes sur ce ledge, vite fait bien fait, en scred, puis il est revenu mettre la main à la pate comme si de rien n’était… Bluntslide – ZAGREB, CROATIE.

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Sven, le chef et Urosh & Deso aka ÂŤ the retarded seals Âť aux fourneaux.

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Comment chier dans les bois ?

La question peu paraître triviale mais quand on part à l’aventure, en bus, avec une bande d’hurluberlus dont certains sont barbus et Slovènes et un cuisinier qui a la main Top Chef lourde sur les épices, il y a un moment où tout un chacun Le bus est équipé d’une cuisine plus a besoin de s’isoler un peu, pour « se soulager ». ou moins rudimentaire mais assez « Comment chier dans les bois ? » donc, est le titre d’un fonctionnelle. C’est clairement l’en- ouvrage qui s’est vendu a des centaines de milliers droit le plus fréquenté du bus. Sven, d’exemplaires à travers le monde. C’est dire si le sujet un vieux Punk anarchiste à qui on intéresse les gens. L’auteure, s’en ait mis plein les fouilles n’apprend pas à faire la grimace, est avec ce truc-là… Je ne l’ai jamais lu, j’ai d’autres trucs à le cuisinier attitré. Tout le monde lire avant ça, mais il paraît que c’est très drôle et très peut se servir de sa cuisine à sa bien fait. Je ne vous le conseille pas, mais je me permets guise, piller les réserves de bouffe de vous signaler qu’il existe au cas où le sujet vous même, mais quand Sven se met à passionne vous aussi. faire à manger (à n’importe quelle Si je m’autorise ici un paragraphe sur le sujet, c’est que heure de la journée ou de la nuit, j’ai été personnellement félicité pour ma technique dans c’est lui qui décide), il ne fait pas bon le domaine et croyez- moi, quand tu viens de passer ta traîner dans ses journée à pattes. La faire plus bouffe n’était « MA « TECHNIQUE » QUI MARCHE ou moins franchement n’importe pas mal du tout, DU FEU DE DIEU, CONSISTE À quoi avec j’étais assez surune pelle pris que le gars TOUJOURS PARTIR S’ISOLER AVEC ou une arrive à cuisiner truelle à la UN BRIQUET ET SI POSSIBLE UNE tous les jours main, ça pour vingt à fait un bien trente per- PETITE B OUTEILLE D’EAU. » fou d’être sonnes dans les félicité par conditions du Tour. Un savant le chef des opérations, même si c’est à propos de ta techmélange d’épices dont lui seul avait nique de caca dans les bois… Ma « technique » qui le secret, lui permettait de donner marche du feu de dieu, consiste à toujours partir s’isoler une certaine homogénéité de goût à avec un briquet et si possible une petite bouteille d’eau. tous les plats, seule la texture chan- Le briquet, c’est pour brûler le papier, parce que c’est geait vraiment. Mais c’était bon, et dégueulasse le papier wc dans la nature. Au bout de trois surtout, rien ne se perdait, même jours de camp avec une bonne grosse vingtaine de gars quand le plat de pâtes ou le Nutella dans le bus, je peux vous dire que les environs sont fait maison avaient passé la journée minés… La bouteille d’eau, c’est au cas où tu commences en plein soleil, tout était réutilisé le à mettre le feu à la Pampa. Petite astuce, ne jetez pas le lendemain. À ce propos, il valait papier sur votre bouse, au cas où il faille éteindre le feu mieux qu’ils ne se prennent pas de contrôle de l’hygiène, parce que bus privé ou pas, ils te faisaient fermer le bouclar quand même…

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Tim Rebensdorf a embarqué dans le bus au début du trip, totalement par hasard et il est resté jusqu’au bout. Un mois et demi a skater plus et plus vite que n’importe qui, sans jamais se plaindre, ni jamais rien demander. FS Air Nose Stall – ZAGREB, CROATIE.

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Pas d’élan ? Pas de problème. André Gerlich, Boardslide to fakie POSTOJNA, SLOVÉNIE.

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avec les pieds… et pour faire les choses vraiment bien, prenez une petite pelle, creusez vous un pot douillet et enterrez- moi tout ça, mais là c’est vraiment si vous voulez faire du zelle. Voilà, j’espère maintenant que vous aurez une pensée particulière pour moi à chaque fois que vous irez chier…

sous le coude, celui d’où vous n’allez pas vous faire virer, loin des regards, proche d’une source d’eau… Vous avez déjà fait le plus dur. Ensuite, c’est bien d’avoir des potes pour vous aider parce que c’est une activité un peu plus physique que la broderie ou le macramé et l’idéal serait encore de voir débouler un vieux bus de deux étages avec un logo Levi’s dessus… Jérémie Daclin :

C’est grâce à lui que je me suis retrouvé dans cette histoire. Il connaissait les gars de Yamato depuis qu’il avait fait appel à eux pour qu’ils l’aident à construire un bowl en béton dans son jardin l’année dernière. Les mecs sont venus une semaine squatter chez lui, et quand ils sont Comment faire du béton ? repartis, Jérémie avait le meilleur bowl de jardin au Toutes les infos sont de partout sur monde. Il leur avait promis de les accompagner dans leur l’Internet, vous n’êtes pas plus con « Spot Delivery Tour », mais comme il ne se sentait pas qu’un autre alors je ne vous ferais de partir seul avec tous ces teutons, slovènes et que saispas l’affront de je encore, vous donner la il m’a pris recette du « ... JUSQU’À CE QUE AÏNA, JOLIE dans son béton. Vous sac. J’étais allez y arriver. BRUNET TE QUI NOUS ACCOMPAcontent Ce qu’il faut parce que savoir, c’est que GNAIT DANS LE BUS, VIENNE ME déjà, ce selon toute loTour me gique, vous allez DEMANDER SI GÉGÉ ET MOI faisait commencer par envie et ÉTIONS EN COUPLE… » faire plus ou aussi parce moins n’importe que ça quoi, mais à voulait dire part cas exque j’allais avoir au moins une photo de Gégé en skate trême : deux bras gauches, pas de dans le mag, chose assez rare par les temps qui courent. bras du tout, pas de chocolat, ou crin Bien sûr, il a eu la mauvaise idée de se flinguer le genou dans la main, même votre première dès le deuxième jour et il n’a pas de photo de skate dans réalisation sera skatable et vous pro- cet article. C’était bien parti pourtant, il skatait comme curera d’agréables sensations en 40. Mais c’était cool quand même, on a partagé la comme dans la vidéo Chill. même tente, on se faisait des petits casse-croûtes en C’est en forgeant qu’on devient for- scred… Jusqu’à ce que Aïna, jolie brunette qui nous geron et c’est en faisant plein de accompagnait dans le bus, vienne me demander si Gégé connerie avec du béton qu’on finit par et moi étions en couple… comprendre comment faire pour que ce soit lisse et que ça dure longtemps. De toute façon, le plus important, c’est le spot. Si vous avez le bon spot

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Le crail de Baumi (en face) :

On avait prévu de ne pas partir trop tard ce soir-là, pour tenter de rejoindre Vienne en Autriche, mais personne n’a osé dire à Baumi que c’était pas grave s’il ne le faisait pas, qu’il y aurait d’autres crailslides, plus loin… On l’a regardé slider à tous les coups et ne pas réussir à repartir pendant des heures, puis, à la nuit tombée, après une lutte sans merci, Alleluyah, c’est rentré ! J’ai rarement été aussi content de voir quelqu’un faire son trick, j’avais envie de l’embrasser, comme tout le monde qui lui a sauté dessus. Le lendemain, il a passé la journée à dormir dans le bus parce qu’il avait choppé la crève…

Fabian « Baumi » Baumgartner est un garçon intéressant. Il passe la moitié de son temps en Inde à construire des spots en béton avec Yamato pour les p’tits nindiens pour qui le skateboard est une chose merveilleuse et totalement nouvelle. C’est un vrai bon gars et quand il Le switch boneless 180° de Baumi (encore en face) : skate, il n’est pas du style à laisser Fabian « Baumi » Baumgartner est un garçon intéressant. sa part aux cochons. Le jour où on a Il passe la moitié de son temps à faire des crailslides, skaté le spot à Zagreb, un gars a fait comme vous avez pu le lire plus tôt et l’autre moitié à crailslide sur la courbe que Baumi faire des trucs inexplicables.Quand les gars sont tombés avait lissé jusque tard dans la nuit. sur cette statue à Lublijana, ils se sont dit que ça ferait une vraie Or, ce que le b o n n e gars ne savait photo si pas, c’est que « OUAIS VAL ! » ÉTAIT DEVENU quelqu’un crailslide, c’est osait se le trick de UNE SORTE D’ONOMATOPÉE jeter en Baumi. Il se fait pleine nuit un devoir d’en EMPLOYÉE DANS À PEU PRÈS après une faire partout où journée il pose ses TOUTES LES SITUATIONS » harassante. roues. Et il ne plaisante pas avec ça. Il est donc allé Évidemment, personne ne le sentait vraiment... C’est là voir le type et lui a expliqué qu’il que Baumi lance: bah moi je peux faire switch boneless ! n’appréciait qu’à moitié qu’il se Ça a bien fait marrer tout le monde, jusqu’à ce qu’il se mette à faire des crailslides comme jette et qu’il le fasse vraiment… C’est un bon ce Baumi ! ça, de bon matin, avant même qu’il ait eu le temps de s’y coller. D’autant Édouard Depaz et Val Bauer : plus qu’il s’était flingué le dos et le Ils étaient eux aussi du voyage. J’étais bien content d’aller reste à peaufiner cette courbe en Croatie avec eux, parce qu’on ne se connaît pas et que l’avant-veille en pensant au crailslide c’était l’occas’ ou jamais. C’était donc super, jusqu’à ce qu’il allait faire dès que le béton se- qu’on se rende compte qu’on arrivait dans le bus la veille rait sec... Le gars est donc allé jouer de leur départ… On s’est juste croisés pour se dire bonà autre chose et Baumi s’est mit à jour et au revoir donc, mais c’était toujours sympa. Ce l’ouvrage. Le truc, c’est que l’élan qui est sûr, c’est qu’ils ont laissé une empreinte indélibile était merdique, que la courbe était sur toute l’équipe du bus. On entendait parler d’eux à finalement assez balèze et que le peu près tous les jours, plusieurs fois par jour même. Baumi, il a galéré comme jamais « Ouais Val ! » était devenu une sorte d’onomatopée pour faire son crailslide. Il a bataillé employée dans à peu près toutes les situations. J’espère toute la matinée, sous un soleil de juste ne pas être devenu une onomatopée moi aussi après plomb et une température d’environ mon départ… 4000 degrés celcius. Puis il est allé se baigner comme tout le reste de l’équipe au lac le plus proche et il s’est remit au boulot sans attendre.

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Fabian Baumgartner, FS Crailslide ZAGREB, CROATIE.

Fabian Baumgartner, Switch Boneles 180° LUBLIJANA, SLOVÉNIE.

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Marcel Kühnemund, BS Flip VIENNE, AUTRICHE.


Eike, Bean Plant sur le Barbeque/quarter pipe à ZÜRICH, SUISSE.

Edouard Depaz, Kickflip PADOUE, ITALIE.

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Marcel Weber, FS Feeble Grind DRESDEN, ALLEMAGNE. Val Bauer, ollie ZÃœRICH, SUISSE.

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Le fakie-syndrome

À Zagreb, nous avons été confrontés à un phénomène paranormal des plus perturbant. La grande majorité des skateurs locaux ne skataient les courbes qu’en fakie. C’était vraiment très curieux. Ils poussaient en normal, puis ils se mettaient en fakie juste avant d’attaquer la courbe. On n’avait jamais vu ça ailleurs. L’explication est venu d’Ivan, un skateur un peu plus vieux que les autres. Ça avait l’air d’être le champion local, il n’était pas mauvais du tout mais ne skatait qu’en fakie. En street il skatait « normalement », mais en courbe il était plus à l’aise en fakie, alors il ne se posait pas la question de savoir si c’était bizarre ou pas, et il ne skatait qu’en fakie. Pas en switch hein, en fakie… Et comme il est le plus vieux et le meilleur skateur du coin, tous les locaux font comme lui. La preuve, s’il en fallait une, que les skateshops ont bien raison de soutenir les localheros, ils ont parfois plus d’influence sur la jeunesse qu’un Nyjah ou un Sean Pablo et ils sont un peu moins chers. Les ours slovènes

Urash et Deso, deux espèces d’énergumènes qui parlent leur propre langage composé de cris d’otaries et de rires maniaques. Ils étaient incroyables, buvaient une boisson à base de bière au petit-déjeuner, ne se séparaient jamais plus de dix minutes, n’hésitaient pas à se laver à poil au milieu d’un terrain vague en face d’un immeuble et s’étonner parce que les gens au balcon sont morts de

rire… Bref, ils étaient un spectacle ambulant des plus réussi, et des plus divertissant. Val et Edouard m’avaient prévenu avant de partir : « vous verrez, c’est cool ici, mais juste une chose : méfiez-vous des Slovènes ! » Ils plaisantaient bien sûr, mais sur le coup, c’est vrai qu’ils avaient un côté assez effrayant. Deso particulièrement, avec ses tatouages tout pourris. Il avait certainement les tatouages les plus fous qu’il m’ait été donné de voir, comme celui d’une femme à poil dessinée par ce qui devait être un enfant de 4 ans (il n’avait pas fait les mains et les pieds parce que c’était trop dûr à faire), ou celui du gars qui pisse en l’air, face au vent… Bref, ils nous ont bien fait marrer les Slovènes. La colo :

Ça peut paraître curieux de se porter volontaire pour aller construire des spots que vous ne skaterez peut-être qu’une fois dans votre vie. Faire le manard en plein cagnard pour pas un rond, juste pour le plaisir comme dirait Herbert Leonard. Plaisir d’offrir, joie de recevoir des coups de soleil, des courbatures, du béton qui brûle les mains, se faire piquer par des tiques du Danube, manger épicé, pas en même temps, se doucher avec une bouteille de 1,5 litre en pleine rue… Je ne sais pas où vos parents vous ont envoyés cette année, mais personnellement, j’ai adoré cette colo. J’ai rarement autant regretté de devoir rentrer chez moi, même avec une tête de tique plantée dans le torse. Ce qu’il faut savoir, c’est que n’importe qui peut monter dans le bus, il suffit de se trouver sur sa route et d’être motivé pour bosser et skater sans se plaindre des conditions un peu merdiques d’hygiène. Parlez-en à vos parents pour l’an prochain, ça coûte pas un rond, vous pourrez vous faire tatouer gratuitement, il se peut qu’on vous oublie lors d’une halte sans que personne ne s’en rende compte (c’est arrivé à Alex, le photographe. On s’est rendu compte en rentrant d’une escapade au lac à Zagreb qu’il n’était plus avec nous, mais on n’avait aucune idée d’où on l’avait oublié. Il n’avait pas de téléphone, ne connaissait pas le nom de l’endroit où se trouvait le chantier, ne parlait pas croate… Mais il a fini par réapparaître quelques heures plus tard, on ne sait pas trop comment.) Bref, c’est un super bon plan, n’hésitez pas !

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AUSTRIAN ROMANCE VANS.FR EN CAMP NATURISTE PHOTOS : LOÏC BENOIT TEXTE: VAL BAUER

Nabil Slimani Kickflip VIEUX-MOULIN (SUISSE).

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QUELQUES SEMAINES APRÈS LE "WURST CASE SCÉNARIO", SORTE DE KOTR À LA SAUCE EURO ORGANISÉ LE MAJESTUEUX PAUL LABADIE, MES PETITS COLLÈGUES DE VANS ET MOI-MÊME NOUS SOMMES ENTASSÉS DANS LE VAN DE CE VIEUX HIPPIE DE JÉRÔME CHEVALIER ET DE SON CHIEN CHOCO. AU DÉPART NOUS VOULIONS JOUER LES PETITS ORIGINAUX ET ALLER EN ISLANDE MAIS POUR DIVERSES RAISONS NOUS AVONS FINALEMENT CHANGÉ NOS PLANS À LA DERNIÈRE MINUTE, BIEN DÉTERMINÉS À FAIRE PLUS FORT, PLUS HAUT, PLUS LOIN QUE TOUS LES PETITS GARS D'ANTI HERO FRAÎCHEMENT PASSÉS SUR LES TERRES DE CHRIS PFANNER…

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Victor Pellegrin BS tailslide – VIENNE.

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LE CAMTAR’ Le trip en camion, c'est le pêché mignon de notre team-manager. Pas juste un camion pour se déplacer d'hôtel en hôtel, mais plutôt celui dans lequel tu ranges tentes et duvets… Sans trop comprendre pourquoi, nous savons tous qu'il adore bouffer les kilomètres à la place royale du co-pilote pendant que nous pissons dans des bouteilles à l'arrière. Il est intimement convaincu que c'est grâce au fait que nous soyons tous entassés là-dedans que nous nous entendons bien les uns les autres. Alors qu'au fond, c'est juste le fait que nous le détestons tous qui nous unis. Ce qui est cool, c'est que je sais que je ne prends pas tellement de risques en écrivant ça puisqu'il est fan de tout ce qui relève de la lutte des classes.

’ LE PERIPLE L'idée était de tous se rejoindre chez Loïc Benoit (le team-manager évoqué précédemment), à Lyon, puis de rouler vers la Suisse pour regagner l'Autriche. Itinéraire chargé pour dix jours : Bregenz, Innsbruck, Linz, Vienne, Salzbourg et un nouveau crochet par Bregenz histoire que je me luxe le coude. Dormir en tentes en Autriche pendant un tour de skate par 35° présente un avantage majeur : il y a des lacs partout, alors autant dire que la session ne démarrait pas toujours à 14H...

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Alex Richard Five-0 pull out – LINZ.

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LE BERGER Loïc prend son rôle de TM bien à coeur : il affectionne la gueulante à l'ancienne, les directives professionnelles et siffler pour nous rameuter. Nous le connaissons tous très bien, voire par coeur, nous savons tous plus ou moins de quelle façon se comporter pour que ça file droit… Le problème, c'est que lui est tellement bon dans le fait de diriger les génies que nous sommes qu'il arrive tout de même bien souvent que quelqu'un (Victor) se prenne une balle perdue. Nous avons déjà réfléchi tous ensemble à des solutions pour l'évincer de son rôle, mais il a toujours de bonnes anecdotes sexuelles alors nous le maintenons à son poste, jusqu'à nouvel ordre…

Victor Pellegrin Ollie – INNSBRUCK.

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Pendant ces dix jours, on a mis un point d'honneur à se comporter comme un boy’s band gay. Nudité de tous les instants, accolades perpétuelles et pique-niques en bord de lacs. Pour nous aider, j'avais pris soin de charger l'album "The immaculate collection" de Madonna. Figurezvous que l'album a fait l'unanimité, et a monopolisé l'enceinte portable qui nous suivait partout… TOP 3 : - Into The Groove - Borderline - La Isla Bonita

LA BANDE ORIGINALE

Joseph Biais FS 50-50 ST JULIEN-EN-GENEVOIS.

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LE GRAND QUIZZ ’

DES PERSONNALITES SKATEBOARDISTIQUE De loin le meilleur jeu pour passer le temps sur la route. Le principe est simple, trois indices pour deviner une personnalité. Le premier à deviner de qui il s'agit prend la main et relance. Autant dire que nous sommes allés chercher loin dans nos cerveaux pour corser les choses, mis à part Victor, qui mettait un point d'honneur à ne

citer que des membres des teams Baker et Zero. La palme d'or revient à Joseph avec les trois indices suivants : -Noseblunt slide -Gros porc -Ejac' sur le bide

Je vous laisse y réfléchir tranquillement de votre côté... (réponse en fin d'article) # 41

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LE GRAND BLEU Lors d'une de nos 63 baignades, nous avons réussi à convaincre Loïc de sacrifier son cruiser pour skater le ponton qui longeait le port de Bregenz. Tout se passait bien le premier quart d'heure, tout le monde y est allé de son petit flip trick… Sous la pression de ses petits riders, Loïc s'est même finalement décidé à gratifier le gap de son Nosegrab "signature". Au lieu de tout donner pour un first try en bonne et due forme, Loïc a finalement préféré retirer la board de ses pieds pour effectuer un plat des côtes sur le cruiser. Dix minutes plus tard, je continue la session, et après avoir juré à Loïc que la board mettrait du temps à couler, elle disparaît. Et là, panique… 4 mètres de fond, impossible de localiser la board, même avec l'aide des masques de plongés empruntés à des petits bouts de choux qui passaient par là… Dans un élan de génie, Loïc repère des bulles qui remontent à la surface à l'endroit de l'accident, Joaquim (le filmeur) part en repérage et localise le véhicule au fond de l'eau sans réussir à le remonter, ni une ni deux, je saisis l'opportunité de réparer ma connerie, fournissant un effort surhumain et brandi enfin la planche au ciel en sortant de l'eau, victorieux. J'ai failli en entendre parler cinq ans…

Jerome Chevallier Fakie Ollie One Foot en méduses – LINZ.

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’ SOIREE CHEZ MOZART

Dans ce genre de trip où la loi du camping sauvage sévit, la tentation des grandes soirées cosmopolites se fait moins sentir… À la nuit tombée, il n'y avait bien souvent autour de nous plus tellement autre chose que Madonna, un lac et des arbres. Ce qui n'est pas plus mal parfois, certes. Quelques bières et des petits barbecues jetables en aluminium rythmaient nos soirées "OKLM"… À la fin du trip, nous sommes passés par la ville de Salzburg. C'est une très jolie ville, paraît-il, la vieille ville est même inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO ; très peu pour nous. Après avoir exploré le quartier de la gare centrale, nous rejoignons le van avec l'idée de trouver un endroit en dehors de la ville pour poser les tentes. Les quelques tricks de flat autour du van ont suffi à déclencher la colère d'un autochtone au profil extrême droite assez banal. Nous avons donc tenu tête à ce gros porc qui pensait pouvoir décider des droits de chacun du haut de son balcon. À quelques mètres de là, une table de la terrasse d'un petit bar s'est alliée au voisin remonté. Et de fil en aiguille nous nous sommes tous retrouvés à boire des tournées de rhum-coca et des bières à cette même terrasse, au bar "Potato". L'élément X, clé de cette histoire, c'est Ulrich, un vieil Autrichien alcoolique, la meilleure rencontre que nous ayons pu faire lors de ce trip. Ulrich était là, à se mettre des Baccardi un lundi soir comme les autres, avec sa femme dont le visage était de la même couleur que sa décoloration rouge de supermarché, et sa fille de 19 ans, encore paumée entre grunge et gothique. Il nous a trouvés séduisants, alors il a décidé de mettre un terme au conflit de voisinage et de nous payer des verres. Il a même essayé d'appâter Victor pour caser sa fille en le complimentant au sujet de son "good body'. Le rencard n'aura pas lieu, la fille a abdiqué dès lors qu'elle se tenait la tête entre les genoux sur sa chaise de jardin en plastique et que sa mère contemplait le désastre en lui passant un glaçon dans la nuque. Après une énième tournée, le bar a fermé et on est allé poser les tentes près d'un lac, bourrés comme des coings. Voilà le souvenir que nous allons tous garder de Salzburg, voire même de l'Autriche, jusqu'à notre prochain passage là-bas. C'était cool.

Réponse au Quizz : Ed Templeton 74

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Val Bauer Ollie – LINZ.

Jerome Chevallier Kickflip – HARD.

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(1) Daan Van Der Linden – BS Air – BIARRITZ.

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PARTY

ALL THE TIME VOLCOM.EU SUR LES DE FRANCE

ROUTES

Texte fredd & Bad Professor. Photos par Jelle KEPPENS

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VANT DE MONTER DANS CE VAN, JE NE SAVAIS MÊME PAS QU’EDDY MURPHY CHANTAIT. SOUS SA DOUCHE PEUT-ÊTRE, MAIS TOUT LE MONDE FAIT ÇA ET PUIS ÇA NE NOUS REGARDE PAS

VRAIMENT. IL Y A DES GENS QUI FONT BIEN PIRE SOUS LA

DOUCHE D’AILLEURS. NON, EDDY MURPHY CHANTE POUR DE VRAI, IL A MÊME ENREGISTRÉ TROIS ALBUMS DANS LES ANNÉES 80/90. ALLEZ VOIR ÇA SUR L’INTERNET, VOUS ALLEZ BIEN VOUS MARRER. JE VOUS RECOMMANDE TOUT PARTICULIÈREMENT LE TITRE « PARTY ALL THE TIME » QUI PASSAIT EN BOUCLE DANS LE VAN DES GARS DE VOLCOM EUROPE QUAND ILS ONT DÉBARQUÉ DANS MA PETITE VILLE DE PROVINCE. ILS ÉTAIENT EN VIRÉE DANS NOTRE BONNE VIEILLE FRANCE FIGUREZVOUS. DE LYON À BIARRITZ, EN PASSANT PAR NICE. DAAN VAN DER LINDEN, NASSIM GUAMMAZ, HARRY LINTELL, VICTOR PELLEGRIN, ENIZ FAZLIOV, ALAIN GOIKOETXEA, UN FILMEUR, UN TEAM MANAGER, UN PHOTOGRAPHE ET À CHAQUE STOP, AU MOINS UN GUIDE LOCAL. ÇA FAIT UNE BONNE GROSSE ÉQUIPE. IL Y AVAIT DONC DEUX VANS EN VÉRITÉ ET J’AI JOUÉ LE RÔLE DE GUIDE QUAND ILS SE SONT ARRÊTÉS DANS MON QUARTIER. C’ÉTAIT ASSEZ MARRANT DE VOIR CE VIEUX HARDOS DE JELLE, LE PHOTOGRAPHE, CONDUIRE EN CHANTANT« PARTY ALL THE TIME » À TUE TÊTE. EN UNE JOURNÉE SUR « MES » TERRES, JE LES AI VUS METTRE À SAC TOUS LES SPOTS ET D’APRÈS CE QUE LES AUTRES « GUIDES LOCAUX » M’ONT RACONTÉ, ILS ONT FAIT LA MÊME CHOSE DE PARTOUT. AUCUN RESPECT LES MECS !

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Ce spot est ultra-dur à skater. La plateforme est vraiment très petite. J’avais déjà vu Charles Collet batailler pour faire kickflip dans le plan incliné (Nabil Slimani l’avait fait également quelques semaines plus tôt) alors que Charles a un kickflip plutôt efficace… J’en étais donc arrivé à la conclusion qu’il n’était pas vraiment possible de faire autre chose sous ce pont. Mais ça, c’était avant. Avant que Daan n’arrive et décide de passer par-dessus les marches pour replaquer à deux mille à l’heure dans la petite bande à gauche de la photo. Ce coup-ci c’est sûr, ça va vraiment être difficile de faire mieux… (2) Daan Van Der Linden – Kickflip – ANNECY.

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Ce rail Grenoblois était encore vierge avant que le fan-club d’Eddy Murphy ne passe par là.C’est, comme vous pouvez le voir, un vrai gros rail bien massif sur un beau paquet de marches. Et pour ne pas arranger les choses, il est en bois. Pas vraiment un spot de chauffe donc, plutôt le genre de truc qu’on se garde pour la fin du tour si on a encore la patate et si on est d’âme cascadeuse. On avait emmené Cairo Foster, Zach Wallin et les autres gars de chez Enjoi une fois, mais c’était leur dernier jour d’une tournée de trois semaines, tout le monde était crevé, et personne n’avait osé se jeter. Bref, c’est vraiment pas un truc de chochottes. Même dans le cas qui nous concerne aujourd’hui, les gars n’étaient pas complètement à fond quand ils sont arrivés. Ils sont restés un bon moment en haut des marches, à tâter le terrain, à grands coups de « j’y vais, j’y vais pas ». Sauf Daan, qui était un peu malade ce jour-là. Un petit rhume, rassurez-vous, rien de bien méchant, mais il était « patraque » et avait décidé de lever un peu le pied. Il était donc sagement assit sur sa board en bas des marches, la tête dans sa capuche à regarder les autres se tâter (en tout bien tout honneur). Alors qu’on commençait à sentir qu’il n’allait rien se passer, il est allé rejoindre les autres en haut des marches. Il est alors monté sur sa board, s’est directement jeté en 50-50, et c’est rentré du premier coup… Jésus, derrière, en est tombé de sa croix, il était pourtant bien cloué, et ça a mis une bonne claque à toute l’assemblée. Daan et son rhume, eux, sont sagement retournés s’asseoir en bas des marches. À la demande du photographe, il est quand même remonté faire un second 50-50 qui s’est tout aussi bien passé, merci pour lui. Après quoi il est retourné se soigner par les plantes en attendant que les autres se réveillent un peu… Effectivement, la petite sortie de Daan avait bien débloqué la situation. Eniz et Harry ont commencé à se jeter en 5050 eux aussi, puis Eniz a annoncé le lipslide. Par contre il fallait que le photographe et le filmeur se tiennent prêts, parce qu’il n’y aurait qu’un seul essai… Et en effet, en un coup c’était plié et tout le monde avait repris sa place dans le van pour partir blasphémer le spot suivant. Alléluia. (3) Eniz Fazliov – Fs lipslide - GRENOBLE.

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C’est sur invitation exprès du champion de moto Christian Estrosi (ou pas), que les deux vans se sont retrouvés dans la ville de Nice. Comme partout où ils se sont arrêtés, Eddy Murphy répandait joie et bonne humeur à qui voulait bien prêter une oreille attentive et le thème était : cascade et pas de chi-chi. Eniz Fazliov s’en ait pris à un ledge bien balèze et Daan a carrément sauté sur un gros rail doublement kinké et même incurvé sur la dernière partie. Une affaire rondement menée. (4) Eniz Fazliov – 50-50 & (5) Daan Van Der Linden – Boardslide - NICE

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Ce boardslide plutôt couillu de Harry et cet étonnant ollie-in ollie-out de Daan n’ont à priori aucun rapport l’un avec l’autre, et pourtant, tous les deux ont eux lieu en très léger différé, à quelques mètres d’intervalle l’un de l’autre. Autant le boardslide, je comprends, c’est costaud mais ça reste plus ou moins dans la norme, mais le truc de Daan, c’est vraiment ahurissant. Les voisins ont dû en avoir pour leur argent… (6) Daan Van Der Linden – Ollie in ollie out - & (7) Harry Lintell – Boardslide MARSEILLE

Malgré une affluence record, personne n’avait encore osé grinder ce ledge à Marseille. Difficile en effet d’aller skater les rues de Marseille sans à un moment, se retrouver face à ces deux monstrueux ledges (il y a le même en face, sans la grille). Joseph Scott Jatta a fait kickflip par-dessus la grille sur le dessus du ledge. C’est le truc le plus dingue qui ait été fait de ce côté du spot. Et effectivement, quand on est debout, là-haut, ça paraît vraiment insensé de vouloir sauter par-dessus ce truc. En général, c’est le spot d’en face qui est skaté. Mais d’un côté comme de l’autre, personne n’a jamais osé se

frotter à l’arête du ledge. Le gros problème, en plus de la hauteur et la longueur de la chose, ce sont les poteaux en bas. Replaquer à fond les ballons en essayant de ne pas s’empaler ou simplement s’encastrer sur ces petits appendices métalliques n’est pas du goût de tout le monde. De personne en fait. Même Victor Pellegrin, qui vous voyez ici en 50-50, n’a jamais été aussi content de replaquer un trick pour ne plus avoir à le refaire… C’est pas du suicide, mais ça y ressemble. Ça va Victor ? (8) Victor Pellegrin – Fs 50-50 -

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LE FAMEUX « BAD PROFESSOR » ÉTAIT LEUR GUIDE À AIX-EN-PROVENCE, ET VOILÀ CE QU’IL EN DIT : Dans l'équipe, Alain et Daan étaient les seuls vraiment motivés pour attaquer le cratère avec son petit mètre vingt de verticale. Ils ont fait ça comme des pros, en étudiant la chose petit à petit (pas comme une de nos vieilles gloires du Tour Sans Fin qui est rentrée direct en ollie-in pour tout massacrer pendant 30 minutes. Guigui revient !). Et ça a payé, car le jeune prodige Hollandais s'est mis au niveau des Jeff Phillips (RIP), Lee Ralph et autres légendes passées en 1990. Eh oui, un sadplant (pages 88 - 89), ça ne s'était plus vu depuis. Déjà qu'il n'y a pas beaucoup de visiteurs au Holenite, il y a des chances que ce trick reste seul au chaud pour un moment. J'appelle solennellement tous ceux qui se sentent capables d'en faire autant, sinon mieux, à venir montrer de quoi ils sont capables. Et pour ceux qui ne le connaissent pas, le Hollandais volant a également un frontside ollie incroyable, un "glue-foot" comme disent les ricains. Godverdomme !

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Alain commençait à devenir impatient en attendant que les autres aient fini de filmer leurs parts de street. Et puis, en tant que vétéran des contests marseillais (il est venu presque chaque année depuis 1999 !) il a dû se dire qu'il serait temps qu'il visite le Holenite pool qui ne se trouve qu'à 35 bornes du Prado… Bref, maintenant qu'il était là, il a savouré son plaisir en tournant dedans un bon moment, un peu comme un assoiffé ayant trouvé un bar dans le désert après trois heures de marche ; C'est beau de voir des

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lignes classiques avec un peu plus d'amplitude à chaque fois. Désolé, vous verrez les airs dans la vidéo. Ici, on a un Rock'n'roll comme il doit être fait : avec les roues sur la plateforme. Il s'est tellement plu ici qu'il n'a même pas daigné faire un tour au pool de Fuveau situé à proximité. Il a quand même dit que le machin était "hard to skate"... (9) Alain Goikoetxea – Rock’n’roll – Hole-

nite pool.


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Page précédente : Il est courageux, le Vincent Matheron. Ça fait des mois qu'il skate avec une espèce de tube en plastique sur le poignet et des bleus partout. Et n'allez pas vous imaginer que sous prétexte qu'il est de Marseille, ce serait un habitué du Holenite, que nenni ! D'ailleurs, il n'est pas vraiment fan... Mais il a bossé dur pour placer ses tricks. Ici, c’est un « simple » backside ollie par-dessus le canyon, mais il l’a aussi fait en flip, par contre la photo n’était pas top, pas de chance... (10) Vincent Matheron – BS

ollie – Holenite pool.

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Vous l’aurez compris. Ils sont tous très, très forts dans l’équipe, surtout ce Eddy Murphy d’ailleurs, mais il y en a un qui sort vraiment du lot : le petit Daan. Incroyable en toute situation, que ce soit dans un des pools les plus rad au monde, ou avec une bonne crève sur un rail géant pour motiver les troupes, ce jeune homme ne déçoit jamais. Ce qui m’a particulièrement plu, c’est que sous ces airs de stoner qui n’en n’a rien à foutre de rien, c’est un vrai skatenerd. Un vrai p’tit Lorànt Deutsch du skateboard. Et ça, je l’avais pas vu venir… (11) Daan Van Der Linden – Sad-

plant – Holenite pool.

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EN

N V

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HELLFEST 2015

PELLEGRIN CROSS DA C R UZ

Meeetaaaaaaaaaaaalllllll.

Hugo « Dites ‘’camion’’ les filles ». Tout le monde sait très bien que les hardos, metalleux, metal-heads, appelez-les comme vous voulez, sous leurs airs de gros durs sataniques qui boivent de la bière ne sont que des gentils nounours inoffensifs (qui boivent de la bière). Regardez ce gentleman de Vincent Coupeau par exemple, avec ses tishs Motöhead et ses boards Witchcraft, on n’y croit pas une seconde ! Ou encore ce saltimbanque mystico-illuminé de Hugo Liard, même fagoté comme Rob Halford… Dites-moi que je n’ai pas raison ! Tous les mecs de Antiz là, ça joue les hardos, mais ils sont gentils comme tout, polis et respectueux comme pas deux. Des putains d’nounours, comme 99% du public du Hellfest d’ailleurs. Alors que 90

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vous prenez un gars comme Victor Pellegrin, authentique beatnik de la Drome au sourire permanent, avec ses boards Blaze de shitos, ses bobs à fleurs et ses cheveux en pagaille, et bien au « Cross Da Cruz », l’événement skate du dernier Hellfest, c’est lui qui a reçu les félicitations du jury. Le plus teigneux, le plus trash, le plus dingue, le plus ensanglanté, c’était Victor ! Je l’ai donc appelé sur le téléphone de sa copine, seul moyen de le joindre, pour parler Metal… J’ai cru comprendre que tu t’es bien marré au Hellfest. C’était ta première fois là-bas ? Qu’est ce que tu en as pensé ?

Ouais c’était ma première fois. J’ai été un peu surpris, je m’attendais à

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des gros bourrins et en fait c’est tous des nounours. Moi on m’avait dit que ça allait être l’enfer du coup j’ai fait comme si on y était ! Ah ah ! Raconte le coup ou tu t’es fait choppé par l’organisateur du festival en train d’arracher une barricade.

Ah oui ! Je voulais aller voir Lemmy, alors je suis passé comme ça l’air de rien et les gars m’ont littéralement choppé, et un gars m’a jeté, j’ai fait un vol, je te raconte pas… Mais j’étais complètement à l’Ouest alors je me suis relevé en gueulant « Enculé ! Laisse moi rentrer ! » le gars m’a rechoppé, re-jeté comme jamais et là je me suis vraiment démonté. C’était véner… Aaah mais non, toi

Rémy Taveira FS Cruntslide.

tu parles du coup où on a arraché les grilles du skatepark ? Oui voilà, c’est ce que tu me racontais l’autre fois.

Ah oui, c’était au skatepark, à un moment c’est vraiment parti en couilles. C’était n’importe quoi, tout le monde a pété les plombs, c’était tellement marrant. Et du coup t’étais en train d’arracher les barrières et y’a un mec de l’organisation qui arrive…

Ouais, le mec arrive, un gars de l’organisation, je croyais qu’il allait m’en mettre une et il me dit « voilà ! Ça c’est Hellfest ! » Et il se met à m’aider à arracher les barrières ! C’était ouf. Il y a un groupe que tu avais envie de voir, ou vraiment c’est pas ton truc le Metal ?

Si si ça va, j’aime bien. Je voulais surtout voir Motörhead. J’ai halluciné, il peut plus monter sur la scène, mais une fois qu’il y est, ça va, il se démerde pas trop mal… Non, sérieux, il est vraiment bon, à son âge, je ne sais pas comment il # 41

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Jérôme Chevallier FS Stale Fish.

fait. Toutes les drogues qu’il a prises ça l’a conservé en fait ! Lemmy c’est une énigme pour la science. Et tu as vu d’autres concerts ?

J’ai vu vraiment plein de trucs. Y’a un groupe français qui m’a vraiment surpris, je ne connaissais pas : Vulcain. Vraiment pas mal Orchid aussi. Ça j’ai bien kiffé, mais j’en ai vu tellement. Je ne me souviens pas de tout… Ça j’ai bien compris… (rires)

En fait ça va, je croyais que tu n’écoutais pas du tout de Metal mais finalement t’en écoute un peu. Ouais, vite fait. J’ai un peu écouté quand j’étais plus jeune. Ça ne me 92

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dérange pas. Je suis ouvert à tout… Après y’a des trucs, quand ça braille trop, je peux pas. Bon, je t’ai préparé un petit Quizz pour savoir si tu as le droit d’y retourner l’an prochain. Il me faut au moins une bonne réponse :

Aïe !

C’est Metallica. C’est une anecdote super célèbre, je pensais que tu l’avais peut-être déjà entendue. C’est James Hetfield qui s’est donc cassé le poignet en skatant avant un concert. Il a été remplacé au pied levé par un roadie (John Marshall de Metal Church) et les assurances lui ont interdit de remonter sur un skateboard après ça.

Quel groupe a dû trouver un guitariste d’urgence en pleine tournée mondiale (en 1986) parce que le chanteur/guitariste s’était cassé le poignet en skatant entre deux dates ?

Bon, bein ça commence bien : 0/1

Putain, mais j’en sais rien Fred !

Ah ah non, c’est le bassiste de Metallica (ex-Suicidal Tendencies / Ozzy Osbourne…). Celle-là aussi, je pensais que tu pouvais le faire.

Ah ah, c’est un groupe super connu.

J’en ai aucune idée !

Deuxième question : Qui est Robert Trujillo ?

Le père de Tony Trujillo ?

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ABD / NBD

Hugo Liard Wallie.

Bein non, tu vois, j’y connais rien. Encore plus facile alors : Quel groupe a sorti un album intitulé « peur du noir » en 92 (Fear Of The Dark)

Iron Maiden ? Héééé, une bonne réponse ! Allez, une question bonus : Quel est le surnom de Ozzy Osbourne ? The Prince of Darkness ? The King of Pop ? The Master of Disaster ?

Je dirais « Prince of Darkness ». Woah ! Deuxième bonne réponse, c’est bon, tu as le droit d’y retourner l’an prochain. Tu y retournes du coup ?

J’aimerais bien, c’était chanmé. J’me suis régalé. On a tellement rigolé. Et ça a skaté en plus ! Tout le monde se mettait des slams énormissimes, on était tellement arrachés qu’on ne sentait rien, on remontait sur les planches et c’était reparti. C’était incroyable ! (N’oublions pas de féliciter Madneom pour le décor et les modules de l’enfer) Partenaires : Antiz – Volcom – Dickies – Redbull – Absurd - Madneom.

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Florent Mirtain, pour ne pas le nommer, s’est bien foutu de not’ gueule l’autre jour sur Instagram. C’est normal en même temps, j’aurais fait pareil à sa place. Figurez-vous que dans notre précédent numéro, on a publié une photo d’un trick qu’il avait déjà fait et dont la photo avait été publiée dans la boutique d’en face, chez Sugar (qui a d’ailleurs fait la même boulette en même temps)(avec une autre photo). Pour la petite histoire, il avait même pensé au hashtag #nowonderwhyskatemagsaredying (pasétonnantquelesmagsdeskatemeurent) qu’il a ensuite retiré. Je comprends complètement son point de vue. Flo, c’est un vrai « skate rat », il connaît tout du skateboard, il est à l’affût de tout et il ne laisse rien passer. C’est un puriste et je respecte ça. Puis accessoirement, il a tellement la classe en skateboard qu’il peut bien se permettre n’importe quoi, je ne lui en tiendrai jamais vraiment rigueur. Sauf que, au risque de paraître un peu trivial, j’en ai un peu rien à foutre de qui a fait quoi sur tel spot. C’est même quelque chose qui m’a toujours un peu agacé quand on

arrive sur un spot et que les gars commencent par demander ce qui a déjà été fait afin d’ajuster sa sélection de trick… Est-ce que quelqu’un pourrait prévenir Grant Taylor qu’il faut qu’il arrête de faire des fs ollies en courbe parce que d’après ce qu’on me chuchote dans l’oreillette, ça a déjà été fait et il n’a donc plus le droit de le faire… Oui bien sûr, en street c’est différent mais très franchement, le jour où Michel Duchnoc’ refait le switch bs five-0 sur le ledge de Beaugrenelle que Franck Baratierro a déjà fait en 2004, je serai content de voir la photo. C’est ça qui est chouette aussi dans le skateboard, deux skateurs peuvent faire le même trick au même endroit et les deux seront totalement différents, et les deux ne plairont peutêtre même pas à tout le monde. Non ? Bon Flo, que les choses soient claires, c’est pas parce que t’as raison que je vais reconnaître que j’ai tort, ok ? Mets toi bien ça dans l’crâne.

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LA SEULE SÉQUENCE

Josephe Biais tout en muscle et en slip COPENHAGUE © Loïc BENOIT.

LE (BEAU) BOUQUIN FROM DIRT TO DUST 10 ans après être allés une première fois en Mongolie et être revenus avec un magnifique bouquin (« Dirt Ollies » en 2004) et un film sur leur expérience (« Mongolian Tyres »), les gars de Carhartt y sont retournés de plus belle et nous reviennent avec un livre/DVD tout aussi beau, tout aussi indispensable à votre collection. Des textes de Seb Carayol et 96

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Nicola Delon, des photos de Percy Dean et Cyrille Weiner et un film de Stephen « Rogie » Roe. Une couverture dure comme le roc, 225 x 280mm, 192 pages de papier de qualité supérieure, DVD inclus, textes en anglais. 39 euros chez 19/80 éditions (www.1980editions.com). Un beau cadeau à vous faire.

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Val BAUER VIENNE - ( AUT ) © Loïc BENOIT

« Les mots peuvent causer de la confusion et créer des « enchevêtrements »; mais l’absence de mots engendre une obscutité totale. » Aldous Huxley - LES PORTES DE LA PERCEPTION


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