Soma #43

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NUMÉRO QUARANTE TROIS / FUCK HATE






NUMÉRO QUARANTE TROIS Avril - Mai - Juin 2016

« The Life Aquatic » un film d’humeur estivale avec Nico Mouk dans le rôle du hippy © Pierre BLUMENFELD. Directeur de la publication

Fred DEMARD 06 14 24 33 94 fred@somaskate.com

PHOTOGRAPHES

& rédacteurs

RÉDACTION SOMA est édité par LES ÉDITIONS DU GARAGE SARL 13, rue de L’Isère 38000 GRENOBLE ISNN : 1959-2450 fred@somaskate.com Imprimé en France chez : IMPRIMERIE DES DEUX-PONTS

Graphisme

Seb JOLY Publicité

Corinne LASMEZAS 06 07 75 75 61 corinne@somaskate.com

Photographe maison

Loïc « LB » BENOIT

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Max Verret Pierre Blumenfeld Vincent Perraud Clément Le Gall Fred Ferand Perig Morisse Thibault Le Nours Nohan Ferreira Alexis Zavialoff Virginia Fernandes Fabienne Karmann

Gautham Nalasingu Sonia Ziegler Nikwen Jo Dezecot Nico Boutin

Lisa Jacob Flo Boutin Loïc Benoit Clément Le Gall

Toute reproduction, même partielle, du contenu de ce magazine est strictement interdite et constitue un acte de contrefaçon sanctionné pénalement. Toute violation de ce principe élémentaire, mon cher Watson, nous mettra fortement en rogne. Ça va nous mettre en colère comme pas possible. Mais ça ne dure qu’un temps, rassurez vous, après on se calme. Et puis, il y a des colères qui sont saines Monsieur Sarkozy… Mais hé, de toute façon, si vous demandez gentiment, on n’est pas des monstres non plus, il y a toujours moyen de s’arranger. Allez, bisous.



NUMÉRO QUARANTE TROIS Avril - Mai - Juin 2016

Sammy Idri - BS Roll-in - LYON © Loïc BENOIT.

INTRO

QUESTION DE PERCEPTIÖN

Point trop n’en faut.

Grave Öcta les buildings là.

P.10

P.22

P.60

L’MATOS

STREET TRASH

OSCAR CANDON

Chaussures de foot, tish de shitos, on est pas bien là ?

Ses goûts et sa couleur

P.32

P.70 DERNIÈRE SÉANCE À CLÉRÉ

LE JEUNE

TRAUMA À BARÇA

Toujours plus classe les photos à Londres.

Conflit de générations

P.16

P.40

P.74

LES VIEUX

CINQUANTE ANS OFF THE WALL

LE VRAC

P.18 soma

Mission béton et mobylettes en Inde

P.14

Lester Kasaï !

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La cream de la cream du D.I.Y.

FROM DUST TO CONCRETE

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L’anniversaire des rois de la gauffre

P.52

Destruction au propre comme au figuré.

Des livres pour la table basse du salon.

P.80



NUMÉRO QUARANTE TROIS Avril - Mai - Juin 2016

( intro )

J’

AI RENCONTRÉ UN TYPE L’AUTRE JOUR. SYMPA.

, ÉTANT JEUNES , MAIS NI LUI , NI MOI , EN AVIONS

APPAREMMENT ON VIVAIT DANS LE MÊME QUARTIER VRAIMENT SOUVENIR JUSQU’À CE QU’IL ME LANCE DE BUT EN BLANC : « AAAH ÇA ME REVIENT MAINTENANT

,

JE ME SOUVIENS DE TOI. UNE FOIS JE T’AVAIS VU PÉTER TA BOARD DE RAGE ET TU L’AVAIS JETÉ DE L’AUTRE CÔTÉ DU PONT. ÇA M’AVAIT CHOQUÉ. » IL M’A BALANCÉ ÇA SUR UN TON SUFFISAMMENT SEC POUR

,

J’EN DÉDUISE QU’IL AVAIT VRAIMENT TROUVÉ ÇA TRÈS TRÈS CON ET QUE MA PRÉ PUBERTÉ DE L’ÉPOQUE N’EXCUSAIT RIEN. UN INCIDENT QUI N’A AUCUNE ESPÈCE D’IMPORTANCE ET QUE J’AVAIS

,

TOTALEMENT EFFACÉ DE MA MÉMOIRE MAIS C’EST TOUJOURS DÉSAGRÉABLE QUAND VOTRE BÊTISE PASSÉE VOUS PÈTE À LA GUEULE BIEN DES ANNÉES PLUS TARD. POUR RECONTEXTUALISER UN PEU, JE VOUS PARLE D’UN TEMPS OÙ IL ÉTAIT DE BON TON DE SE PRENDRE POUR UNE PSEUDO CAILLERA ET DE SE COMPORTER EN VRAI CONNARD. TALK SHITTER ÉTAIT LA PRINCIPALE ACTIVITÉ AUTORISÉE ET CASSER VOLONTAIREMENT SA PLANCHE EN DEUX ÉTAIT UN SIGNE DE RAFFINEMENT EXTRÊME. LA POLICE DU « COOL » ÉTAIT D’UNE VIGILANCE DE TOUS LES INSTANTS ET GARE À TOI SI TU NE RESPECTAIS PAS LES CODES À LA LETTRE. ON A APPELÉ ÇA « LES

,

,

,

ANNÉES 90 » ET À CE QUE J’AI COMPRIS EN CE MOMENT LÀ EN 2016

,

C’EST JUSTEMENT LE GRAND RETOUR DES « ANNÉES 90 ». SUR LE

,

,

PLAN ESTHÉTIQUE/VESTIMENTAIRE EFFECTIVEMENT IL SEMBLERAIT

,

QU’IL Y AIT UNE SORTE DE RESSEMBLANCE MAIS JE DOUTE QUE LA JEUNESSE D’AUJOURD’HUI ARRIVE À FAIRE PIRE QUE CE QU’ON A FAIT

,

NOUS EN TERME DE TAILLE DE PANTALONS

,

, DE ROUES , DE COULEUR ,

DE CHEVEUX… PAR CONTRE CE QUI ME FAIT UN PEU SOUCI C’EST

QUE JE NE VOIS PAS CE QUI LES EMPÊCHERAIT D’ÊTRE AUSSI CONS QU’ON L’ÉTAIT À L’ÉPOQUE. J’OSE ESPÉRER QUE LE MONDE DU SKATE A SU APPRENDRE DE SES ERREURS ET QU’ON NE REVIENDRA JAMAIS

,

,

À UN TEL NIVEAU DE BÊTISE MAIS DANS LE DOUTE ET D’APRÈS CE

,

QUE JE COMMENCE À VOIR/ENTENDRE ÇA ET LÀ JE ME PERMETS

,

,

PAS DE VOUS FAIRE LA LEÇON CE SERAIT BIEN MAL VENU DE MA

,

PART MAIS DE VOUS CONSEILLER DE RESTER VIGILANT. FAITES GAFFE À VOTRE TAUX DE « COOLITUDE » LES JEUNES. POINT TROP

,

N’EN FAUT CROYEZ-MOI… FD.

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L’ CONCOURS SOSH

SAMISH HIGHLIGHT MÊME S’IL N’AVAIT PLUS TROP L’AIR DE S’EN SOUVENIR QUAND JE LUI AI POSÉ LA

C’est quoi ton rôle dans ce concours ?

Bein… Déjà je vais participer avec Ludo Azemar (filmeur) et Nikwen (photo). Et puis je m’occupe un peu de mettre les gens en relation…

QUESTION, SAM PARTAIX PARTICIPE ACTIVEMENT À L’ORGANISATION DE CE CONCOURS DE PHOTO/VIDÉO AU SMARTPHONE « SOSH HIGHLIGHT ». ÇA RISQUE DE VRAIMENT ÊTRE PAS MAL DU TOUT…

Salut Sam, c’est toi qui as eu l’idée de ce concours ?

Pas vraiment, c’est Sosh, qui est un de mes sponsors, ils m’aident pas mal, et on organise des évènements chaque année avec eux. Ces trois dernières années c’était le Sosh Truck, et même si ça a super bien marché, on voulait faire autre chose. Et il se trouve qu’en BMX, ils faisaient ce truc qui s’appelle « Urban Motion » et je trouvais que ce serait une bonne idée de l’adapter au skate. Un concours tout filmé au téléphone, vu que de toute façon tout le monde filme avec son smatphone maintenant. Des fois tu vas filmer un trick et le filmeur préfère filmer avec son téléphone plutôt qu’avec sa caméra, c’est un peu chelou d’ailleurs…

Mais c’est toi qui a créé les équipes quand même, non ?

Ah oui, j’ai créé les équipes ! J’ai sélectionné des gars que je voulais voir dans ce concours. Comme Alex Richard par exemple, on le voit peu en général et il n’a pas le profil du gars qui participe à ce genre de concours, mais il est tellement incroyable en skate que je me suis dis que ce serait cool de l’avoir. J’ai essayé de choisir des mecs qui font bouger les choses dans le skate en France. Ça va être cool tous ensemble pendant une semaine à Paris. Ils ont un peu carte libre, ils peuvent faire ce qu’ils veulent, ils peuvent skater à poil s’ils veulent. Tu as conscience que tu n’as aucune chance de gagner ? Comme c’est toi qui organise, ça va jaser si ton équipe gagne…

Ils l’ont fait dans la version BMX, il y a deux gars sponsos Sosh qui ont fait le concours, et… Je crois qu’ils n’ont pas gagné effectivement ! Ha ha ! Je demande ça pour savoir si tu as prévenu Nikwen et Ludo que ça servait à rien qu’ils se décarcassent…

Ah ah, non, leur dit pas ça maintenant. Pas tout de suite… Après j’ai sélectionné le jury aussi. J’ai pris des gens qui connaissent bien le skate et la vidéo et j’imagine bien qu’ils vont faire leur choix en fonction de la qualité des clips. Ah, bein si tu as choisi le jury, c’est dans la poche finalement !

De toute façon, je pense qu’il va y avoir des vidéos qui vont sortir du lot. Y’a des bonnes équipes, ça va faire de bons clips. Comment ça va se passer cette semaine à Paris.

On va tous être logé à la même enseigne, au même endroit. On a du dimanche au jeudi pour filmer (et faire des photos). On doit rendre la vidéo jeudi soir sachant qu’on aura le vendredi pour peaufiner le montage. Donc ça va aller vite, ça va être chaud. Je pense que tout le monde va être à fond, mais on pourra se retrouver le soir, et puis tout le monde se connaît, tout le monde est potes, les skateurs , les filmeurs, les photographes… Donc ça va être sympa. On ira certainement skater certains spots ensemble, je sais pas, on verra. Comme c’est la première fois qu’on fait ce concours, j’attends de voir ce que ça va donner, mais ça va être cool. Et puis il y a les deux wild cards…

Oui, il y aura deux équipes sélectionnées sur internet. Une équipe avec une skateuse, une avec un skateur. J’attends de voir qui va jouer le jeu, parce que j’en ai parlé un peu à droite à gauche et tout le monde était à fond. Après, ils sont surtout intéressés par le téléphone gratos et la semaine à Paris à rigoler… Sam Wallride Nollie out - PARIS © Loïc BENOIT.

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soshhighlight.com



L’ MATOS

BOARDS : Une cassette 5Boro Rob Goyon en direct des nineties – Une Baker Reynolds avec le « A » d’Annecy (Atlanta vous dites ?) – Sylvain Tognelli tente de nous sensibiliser à la sociologie avec cette Isle, bien tenté vieux… - Y’avait pas « Mr. Class » chez Cliché alors JB Gillet a eu cette « Mr. Perfect » qui lui va très bien aussi – Madars Apse passe sous un jet de dentifrice géant pour Element - Guest model pour Gonz, le Dali du skate, chez Magenta – Polar Kevin Rodrigues pour faire des tirettes wallrides.

CHAUSSURES : La Nike SB Koston 3, sans crampons, idéale pour le foot en salle – Une classique Converse One Star pro pour faire comme les mecs de Polar – Une DC Lynx comme dans les nineties mais avec une semelle vulc de bonne augure – Une Emerica Hsu pour filmer sa part tout en switch – Une Etnies Marana XT pour enfin faire flip back à El Toro – Une Globe David Gonzales « the eagle » pour monter un groupe de Metal – Une Supra Chino pour faire des boneless comme Oscar – Une Vans « AV Rapidweld Pro Lite » tech comme pas deux.

Wear : Le tish Tealer avec Independent sur une manche, z’ont pas peur les mecs ! – Une petite veste Carhartt « Modular » fittée à merveille – Une chouette collab’ Huf / Obey – Une sympathique veste Levi’s « skate warf » mi-saison.

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LE JEUNE

Ollie up to Bean plant in LONDON - Texte et Photos : Clément Le Gall.

BENJI RUSSELL 19 ans - 8 ans de skate. Vit à Bayonne. Première board :Une Alien Workshop avec une meuf dessus avec un effet chelou. Sponsors : GROS Skateboards et Chill Or Die

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Benji est né en Angleterre, d’où le nom à consonance anglo-saxonne, mais habite le Pays Basque depuis ses 3 ans. À l’inverse de ses compères Bayonnais (Matt Débauché et toute la clique), ce n'est pas en curb, mais en courbe que le jeune se fait le plus remarquer. Il est tellement plaisant à regarder skater qu'on le compare parfois à un certain Grant Taylor dont je sais qu'il est grand fan... Si vous en doutez, vous pouvez toujours aller checker sa dernière part sur le net. Et pour plus d'infos à son sujet, vous pouvez aussi aller voir du côté de son interview dans le dernier Sucre...



LES VIEUX 18

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Photos : Fred Ferand - Texte : Fredd.

Dans la chanson de Brel, même si c’est joliment dit, « les vieux » donnent plutôt envie de mourir jeune que d’écouter avec eux les ronronnements d’une pendule au salon. « (ils) ne rêvent plus, ils ne bougent plus, leurs gestes ont trop de rides ». Écoutez donc, il a beaucoup influencé Gradur, ça devrait vous plaire. Alors oui, ce JeanMichel Brel, champion de MotoCross bien connu, parlait des vrais vieux, pas des nôtres, ceux du skateboard. Ceux qui passé 35/40 ans se voient rangés, un peu prématurément, dans la case des ancêtres. Mais même si « nos » vieux sont moitié plus jeunes que ceux de la chanson, on voudrait parfois nous faire croire qu’ils embarrassent tout le monde à skater à leur âge avancé. Ce qui n’est pas totalement faux d’ailleurs, parce que c’est toujours un peu bizarre de voir passer un adulte chauve et bedonnant sur un skateboard. Et puis, ils ne sont plus bons qu’à se plaindre de leurs dos, se plaindre de Supreme et des toe caps, se plaindre des roues qui ne touchent pas la plateforme en rock’n’roll… Je grossis un peu le trait, mais vous voyez de quoi je parle. Pourtant, en toute honnêteté, plus je vieillis, parce que ça m’arrive à moi aussi, plus je trouve que « les vieux » ne sont pas aussi peu fréquentables que le veut la légende... Je me rends compte qu’ils ne sont pas tous aussi aigris qu’on veut bien le laisser croire et que ce sont juste des skateboarders comme n’importe quels autres, l’expérience en plus, le pop en moins.

Lester Kasai, FS ollie - HANSPOOL.

Il y a quelques temps, j’ai été contacté par un journaliste, un vrai, qui voulait faire un article sur « ces adulescents en quête de jeunesse absolue » et qui skatent toujours à quarante ans. C’est comme ça qu’il m’a présenté les choses, et je n’ai pas trop accroché à sa façon d’aborder le sujet... En quoi, un « vieux » skateboarder serait plus ado attardé, qu’un vieux cycliste qui passe son dimanche à pédaler en combinaison Cofidis ? En quoi le skateboarder qui continue de pratiquer sa passion au-delà de la puberté serait un Peter Pan décérébré, tandis que le vieux tennisman, le vieux coureur de fond en tenue moulante, chaussettes de contention et appli à la con, pour mesurer ses moindres progrès, seraient justes des sportifs passionnés, des gens dynamiques, des battants qui se donnent les moyens de rester performants dans notre belle société capitaliste. Il m’a un peu énervé ce con de journaliste.

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LES VIEUX

Wolfgang Toth, Kickturn.

Pendant longtemps, j’ai cru moi aussi qu’il y avait un âge après lequel on ne pouvait plus raisonnablement déambuler en skateboard et ça me déprimait de me voir me rapprocher inéluctablement de la limite, mais au fur et à mesure que le skate vieilli, l’âge moyen du skateboarder vieilli avec lui et on découvre avec plus ou moins d’étonnement aujourd’hui qu’on peut skater avec autant de ferveur à cinquante ans, qu’à douze ans. Alors bien sûr, je crois toujours qu’il y a un âge limite, mais je le vois reculer d’année en année. Regardez Lance Mountain qui sort l’une de ses meilleures parts à plus de cinquante ans, Chris Miller qui continue de casser la baraque comme jamais et Greco qui continue de progresser en street à plus de quarante balais. Et regardez donc cette photo de Lester Kasaï ( pages précédentes ), ancienne gloire des années 80, qui sessionne un pool avec ses potes quadras/quinquas, plus ou moins rouillés et grisonnants. Ils sont comptables, graphistes, boulangers, charpentiers mais ce sont avant tout des skateboarders, toujours aussi passionnés, si ce n’est plus, qu’à vingt ans. Ce n’est pas tant le ollie qui me plait dans cette photo, mais surtout de voir autant de viocs sur la plateforme qui attendent leur tour comme quand ils étaient jeunes et beaux. Ça donne un peu d’espoir, ça nous laisse à penser que finalement, l’âge, on s’en branle et que le prochain journaliste qui me traite d’ado attardé en quête de jeunesse absolue, j’y pète la gueule à la récré.

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QUESTIÖN DE PERCEPTIÖN © Thibault Lenours.

L'Öctagon est un système indépendant et omniscient. Un arcane totalitaire. Il génère des milliards de données créant un univers séparé du réel, possédant ses propres dimensions d'espace et de temps. Une réalité parallèle dans laquelle l’espace géographique n’existe plus en tant que tel… Enfin… Je crois ? Un truc dans le genre. Ce qui est certain, c’est que ses « membres » se donnent un mal fou pour se créer un univers tout droit tiré du plus flippant des films d’anticipation. C’est déconcertant au premier abord, mais force est de constater que ça a de la gueule. « Perceptiön », leur dernière vidéo, témoigne encore une fois de cette vision bien particulière qu’ils ont du monde et surtout, cela témoigne d’innombrables heures passées derrière un ordinateur à bricoler des images en bouffant des lignes de code… Attachez vos ceintures, on embarque pour l’Öctagon, toute entrée est définitive. FD.

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Florian "Braydune" Merten – 50-50 Š Perig Morisse.


Joseph Biais – Fs Lipslide © Perig Morisse.

© Loïc Benoit.

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Edouard Depaz – Powerslide Fs Bigspin © Perig Morisse.

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Š Thibault Lenours.

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Joseph Biais – Bs 50-50 to wallride © Loïc Benoit.

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Val Bauer – Fs noseslide © Perig Morisse.

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© Thibault Lenours.


Š Thibault Lenours.

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Noar – FS feeble.


u meurs t d a r Plus « STREET TRASH » EST UN FILM GORE DATANT DE LA FIN DES ANNÉES 80. UNE SORDIDE HISTOIRE, SANS QUEUE NI TÊTE, DE CLODOS NEW-YORKAIS QUI MEURENT DANS D’ÉTRANGES CIRCONSTANCES. RÉELLE SATIRE SOCIALE, ŒUVRE NIHILISTE POUR CERTAINS, NAVET ABSOLU POUR D’AUTRES, « STREET TRASH » EST DEVENU TOTALEMENT CULTE POUR UNE CERTAINE FRANGE DE LA POPULATION QUI N’EST PAS TOUJOURS DES PLUS FRÉQUENTABLE. DEPUIS PEU, « STREET TRASH » EST AUSSI LE DOUX NOM AFFUBLÉ PAR SES CRÉATEURS À UN SPOT EN BÉTON DE RÉGION PARISIENNE. DES COURBES ULTRA-RAD OÙ LE SIMPLE FAIT DE TOUCHER LE COPING AVEC SON TRUCK EST UN EXPLOIT ET OÙ IL FAIT ÉGALEMENT BON ÊTRE À JOUR DE SES VACCINS CONTRE LE TÉTANOS. UN ENDROIT HAUT EN COULEUR, EN PHASE DE DEVENIR CULTE LUI AUSSI AU SEIN DE LA CONFRÉRIE DES AMATEURS DE SPOTS BIEN DÉGUEUX, BIEN DUR À SKATER, BIEN GORE…

Texte : Fredd & Arnaud NOAR Le Borgne. Photos : Nohan Ferreira.

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A

u risque de soulever un interdit et me faire défoncer par les mecs de C.R.E.A.M. pour en avoir trop

dit, sachez que le spot n’a pas été construit dans n’importe quelle piscine désaffectée du bassin parisien. Surnommée « le petit coin de Méditerranée du Sud Seine-et-Marne » par les habitués, ce bassin de 33 mètres situé en pleine forêt et datant de la fin des années 40 était, en son temps, un lieu très prisé des Parisiens. « Rendez-vous compte, le créateur de mode Paco Rabanne y a présenté les premiers bikinis, lors de défilés inoubliables. On y a vu aussi les danseuses des Folies Bergères, qui venaient s'y détendre. C'était aussi l'époque où les Américains de l'Otan envahissaient les lieux », témoigne André, un retraité, habitué des lieux. (source : Le Parisien). Ce bon viel illuminé mystico-taré de Paco Rabanne ! Et oui, rendez-vous compte… Mais ça, c’était avant. À l’abandon depuis le début des années 2000, le lieu est vite devenu un terrain de jeux pour graffeurs, alcoolos, junkies et pour tout un tas d’activités pas toujours très légales.

En 2009, la mairie UMP de Fontainebleau qui ne voit pas d’un très bon œil la tournure que prend les choses, promet

d’engager des travaux pour transformer la piscine en lieu d’accueil pour randonneurs… Mais en 2015, alors qu’aucune pelleteuse n’a été aperçue à l’horizon, que la végétation a totalement repris ses droits et que la France fête à grands renforts de feux d’artifices l’anniversaire de la fin de la monarchie absolue et de l’abolition des privilèges, le 14 juillet donc, les mecs de C.R.E.A.M. décident de s’emparer du dossier… C.R.E.A.M. c’était le skateshop de Fontainebleau qui a malheureusement fermé il y a deux ou trois ans, mais dont

l’équipe est resté très soudée et « dévouée à la cause ». Noar, l’ex-tenancier de la boutique, Guillaume Guénée et quelques autres, excédés par le nombre de trot’ et leurs « beaufs de parents irresponsables au skatepark », décident donc de prendre les choses en main et de se construire un endroit pour skater, boire des bières et faire des barbecues en toute tranquillité. Ils connaissent le spot depuis toujours, c’est là qu’ils ont appris à nager pour certains et c’est là qu’ils vont vraiment apprendre à faire du béton en milieu hostile.

Vincent Coupeau – Channel ollie.

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Guillaume Guénée – Texas plant.

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Guillaume Guénée – BS air.

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Tom Belot – FS ollie one foot.

C’est donc en plein été, et près deux jours de nettoyage pour vider le petit bassin des caddies, réfrigérateur, cannettes, seringues et autres immondices dont il était rempli, que les travaux ont commencé sous l’œil bienveillant de Simon, maître des lieux. Simon est un ancien maçon qui n’a d’autre choix que de dormir en tente sur ce terrain sans eau courante, ni électricité depuis plus de trois ans. « Tonton » comme les gars l’ont surnommé est donc le gardien du spot. Sa connaissance des lieux et ses compétences dans le ciment sont d’une aide précieuse sur le chantier. "Merci Tonton" est ce que vous entendrez le plus, un jour de boulot à Street Trash. En quelques mois, les gars ont littéralement déplacé des montagnes de gravats pour faire du remblai pour les courbes. Sur un terrain très escarpé et en pente, en pleine

forêt, ils ont charrié des tonnes de tuiles, parpaings évidés ou pleins, roches siliceuses, bouts de métaux, plaques de béton, du vieux grillage… Ils ont ensuite porté les sacs de sables et de ciment ainsi que l'eau nécessaire aux mélanges. Soit environ 115 kilos par mélange (et on ne compte pas le poids du remblai). Ils en sont aujourd’hui à 28 mélanges, montés puis gâchés à la main pour obtenir des bonnes courbes bien rad, dans un endroit idyllique. Bref, ils en ont chié comme pas permis et c’est loin d’être fini. Alors si vous trouvez le spot et que les gars ne sont pas là, vous serez bien aimables de respecter les lieux. Venir avec un sac de ciment « Portland » et deux sacs de sable grain 0,5 en l’échange d’une session serait une excellente idée étant donné qu’ils n’ont plus un rond pour financer la suite des travaux. Vous pouvez aussi venir avec des fleurs, mais il est possible qu’ils vous les fassent bouffer. Et n’oubliez pas Simon, une cannette c’est pas cher et ça fait toujours plaisir…

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Romain Covolan – BS Tailslide through the corner.

« Street-Trash DIY tient à remercier Simon, la Cream team, tous les Cream Soldiers de France, Witchcraft hardware et son team, Concrete Flow Skateparks pour les conseils, "Papa Belot" pour les sacs de ciments et De Paris Yearbook pour le billet, Nohan pour les photos. Street-Trash ne remercie pas la météo, ceux qui volent notre matériel, les p’tits cons qui dégradent tout, les faux graffeurs qui font de la merde sur nos courbes, les cassecouilles bourrés, les cailleras sous tise et les perdus sous alcool et autre substances injectables. #dontmesswithsimon »


Merci Tonton !

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ON PREND PAS LES MEMES

ET ON RECOMMENCE T R A U M A TEXTE

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À ET

PHOTOS

B A R C E L O N E :

LOÏC

BENOIT


C’ÉTAIT LE DÉBUT DE L’HIVER ET UNE FOIS N’EST PAS COUTUME POUR DES RAISONS ÉVIDENTES DE BUDGET SERRÉ ET DE MORAL DES MÉNAGES EN BERNE LE TEAM TRAUMA A PRIS LA DÉCISION DE PARTIR EN TOUR À BARCELONE PETITE VILLE MÉCONNUE DE LA PÉNINSULE IBÉRIQUE PLUTÔT QU’À L’AUTRE BOUT DU MONDE… CRÉER DU CONTENU PHOTO / VIDÉO INTÉRESSANT ET « DIFFÉRENT » AVEC UNE TELLE DESTINATION RELEVAIT DU DÉFIT MAIS ON AVAIT PROMIS AU GRAND PATRON DE LA FIRME MONSIEUR ROUQUETTE D’ESSAYER. CONTRAIREMENT À NOUS IL AVAIT DÉCIDÉ DE RESTER AU BUREAU DANS LA TRAUMA TOWER À NEW-MONTPELLIER POUR ÉDITER DES FACTURES, AU LIEU DE SKATER MIEUX QUE TOUT LE MONDE ET PLOMBER LE MORAL DES RIDERS COMME À SON HABITUDE…

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La scène se déroule donc début décembre 2015 dans le quartier de Poble Sec. Nous sommes logés dans un charmant appartement loué au préalable par le comité d’entreprise de la boîte. Notre troupe se compose de six plus ou moins jeunes de 18 à 27 ans, encadrés par deux espèces de monos pas du tout agréés par la fédération des Scouts de France, bientôt quarantenaires et équipés de roues molles. Notre mission était évidemment de skater et documenter la chose du mieux possible, mais aussi, d’intégrer les nouvelles recrues au groupe, de créer du lien entre la nouvelle génération et la « vieille garde », bref, de faire en sorte que les nouveaux se sentent bienvenus et que les anciens se sentent toujours désirés. Laissez-moi donc vous présenter les belligérants. Et tout d’abord, les p’tits nouveaux, ceux qui n’étaient dans le team que depuis quelques mois et qui ne connaissaient pas encore tout le monde :

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Elliott Auffray :

Lui c’était mon chouchou, clairement. C’est un pur produit labellisé région Rhône-Alpes, donc cela va de soit, je suis chauvin comme pas deux et j’aime voir les talents locaux prendre leur envol. Je n’avais vu Elliott que deux fois avant ce trip. La première fois, il était en train de dropper une extension verticale de deux mètres de haut, tenue à bout de bras par des excités fortement alcoolisés en haut de la partie profonde du bowl du skatepark de Grenoble. Un truc de ouf, qui ne se passe que lors du Soma Skate Rock (16 avril cette année, venez !). La seconde fois, il était imprimé sur papier glacé dans les pages d’un magazine concurrent et il était encore en train de dropper un truc dangereux, une barrière en haut d’une sorte de courbe (sans courbe) en pavés, datant du début du siècle précédent, encore un « truc de ouf ». Et bref, pour cette troisième rencontre, je peux vous dire que j’en ai eu pour mon argent… Il skate engagé le Elliott ! Il n’est pas venu pour faire du combo de switch tricks en ledge le blondinet… Après, ça reste une espèce de Zavatta des temps modernes dont il faut se méfier. Je ne serais pas surpris de le voir jouer du Djumbé dans les alpages au-dessus de Grenoble à ses heures perdues… À surveiller donc.

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Elliot Auffray - Ollie over to FS Wallride.

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MacĂŠo Moreau - Ollie up to Kickflip.

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Macéo Moreau :

Alors lui, je ne le connaissais qu’en version papier glacé. Moi qui le prenais pour un jeune parigot puceau, tout timide, tout petit, tout mignon et bien j’avais tout faux ! Macéo est un jeune homme avec une langue bien pendue, un sacré numéro à qui il reste encore quelques années de croissance et qui n’a pas fini de nous surprendre. Il a aussi un sacré « touché de board » comme dirait l’autre et même si je pourrais être son père (je ne connais pas sa maman, je vous jure), je peux vous dire que c’est un bon compagnon de route, un bon copain.

Macéo Moreau - BS Lipslide.

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Léo Cholet :

Tout comme Macéo, je ne l’avais jamais rencontré dans « la vraie vie » et même quasi rien vu sur lui pour être honnête. S’il fallait le décrire en un mot, je dirais : « style » ! Mais « silencieux », « discret », « sage » feraient également l’affaire. Pourtant, quelle énergie sur son skate ! Il aurait presque des petits airs de Jake Johnson parfois… Une belle personne ce Léo.

Léo Cholet - Switch Heelflip.

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Fred Plocque-Santos - FS Boardslide rail to rail.

Nous étions également équipé d’un « Local », Fred Plocque-Santos : Le hippy deux point zéro…Pas vraiment « p’tit nouveau » dans le team, pas vraiment « ancien » non plus. J’ai connu Fred il y a quelques années, et moi qui le pensais « tout mou » et fan de la « j’me laisse aller attitude », je peux vous dire que j’ai été surpris de retrouver un Fred hyper dynamique, habitant à Barcelone depuis déjà plusieurs mois, complètement intégré, totalement dans son élément et motivé comme jamais ! Il bossait tous les matins et quasi tous les soirs comme réceptionniste téléphonique dans une boîte de livraison de repas à domicile. Pourtant, il trouvait toujours le moyen d’être à l’heure aux rendez-vous pour nous conduire sur les spots et les tuer avec les autres. Toujours là pour nous dépanner de quoique se soit : matelas, traductions, roulements, bons plans divers et variés… Merci Fred !

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Et bien sûr, il y avait les anciens, Julien Morin et Ben Delaboulaye :

Eux, ils sont chez Trauma depuis tellement longtemps qu’ils font maintenant parti des meubles. Mais ça va, ils font encore le job. Plutôt très bien d’ailleurs, même si ce ne sont jamais les derniers à transformer la session en apéro. Ah çà, la vie Espagnole, ils connaissent déjà… Ils n’ont pas mis longtemps à retrouver leurs vieux repères, reprendre leurs vieilles habitudes de loubards. Quoi qu’il en soit, ils skatent comme de vrais champions et ont de beaux restes pour des gars qui bossent du lundi au vendredi et qui partent en Tour sur leurs journées de congés payés. Chapeau bas messieurs ! (Julien est le responsable des locations de télés à l’hôpital d’Annecy et Ben est tout simplement croque-mort comme une bonne partie des skateurs parisiens.) En plus des sportifs de haut niveau, il y avait le fameux « media kit » à savoir un filmeur et moi-même, le photographe. Maître Grilladin aka Guillaume Martinez fait lui aussi parti des « meubles » puisqu’il est « the » filmeur officiel de la marque depuis quasiment le début. Il était donc naturel de l’avoir à mes côtés au sein de cette équipe logistique. Quasi 80 années à nous deux ! Désolé d’insister sur ce fait, mais j’avoue avoir un peu de mal à vieillir. Une maladie de skaters ? Le syndrome Peter Pan ? Simple manque de maturité ? J’en sais trop rien, mais durant ce tour j’ai pris un coup au moral quand j’ai réalisé que je pouvais quasiment être le père des petits loups ! J’appréhendais même un clash « jeunes vs vieux », mais très heureusement, il n’a pas eu lieu. Tout s’est même déroulé à merveille dans une belle harmonie, une chose à laquelle je ne suis pourtant pas vraiment habitué. Ceux qui sont déjà parti en Tour avec moi pourront en témoigner (faites gaffe à ce que vous dites quand même !). Fred et son pote Zanette, un autre expat’, nous ont offert de belles visites dans la capitale du skateboard, et les petits gars ont même eu la surprise de pouvoir partager une « après-midi skate » avec leurs héros de chez Frank skateboards. Enfin quand je dis « héros », cela n’inclut pas Oscar Candon, car à nos yeux, il va sans dire qu’il n’est qu’un traître ! Ce que les jeunes retiendront de leur journée à Fondo avec les gars de Frank, c’est que skater avec dix canettes de bières dans le pif, ça rend les choses plus simples ! Pas vraiment un très bon exemple du coup…

Ben Delaboulaye - Boneless Droppin.

Bon je vous rassure, au cas où vous commenceriez à vous inquiéter, cette histoire de Tour Trauma à Barcelone se termine par un véritable « happy end à l’Américaine ». Même si je rentre toujours enchanté des tours de skateboard, et que je n’en attendais pas moins de celui-ci, il aura pour moi et à tout jamais, un goût particulièrement doux. Figurez-vous que grâce à cette belle application installée totalement par hasard sur mon smart phone, « Tinder » quelle s’appelle, j’ai trouvé l’amour durant cette semaine Catalane. Vous savez, la pépite, la perle rare, celle qui va me faire déménager pour de bon à Barcelone… C’est mignon hein ? Et bien je vous laisse sur cette note positive et je file préparer mes valises. On se voit là-bas !

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Ben Delaboulaye - Kickflip.


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Que fais-tu exactement « chez Trauma » ? Quel est ton rôle au sein de cette grande et belle firme ?

Euh….C’est nul comme question ! Je filme, je m’occupe du nouveau projet vidéo et je fais le lien entre les riders et Nico (Rouquette, le boss, ex-champion de skate des années folles…Ndlr), car j’ai bien l’impression que les riders n’osent rien lui demander, ils passent tout le temps par moi, donc je suis devenu cette espèce « de lien » …. On peut dire que tu es team manager ?

On peut, en effet, en quelque sorte. Je m’occupe aussi de toutes ces conneries de réseaux sociaux, comme instagram, mais mon vrai « job » reste tout de même filmeur. Fais-tu parti du comité de direction ?

Ouais ouais, je suis même associé, donc j’ai mon mot à dire… Qui est responsable du recrutement de ce nouveau team de Young guns ?

Je ne voudrais pas me vanter, mais… Hé hé En fait on a laissé Nico gérer, et comment dire ? Disons qu’il a essayé de nous présenter quelques « jeunes du skate français », mais ça n’a pas « matché ». En fait, ce sont souvent les riders qui nous proposent des gars, et on leur fait confiance ! Ça l’a complètement fait pour Macéo, Tim (Débauché), Elliott, et Léo… Ce sont des bons et nous sommes ravis de les avoir chez Trauma. Comment expliques-tu ce plein emploi chez les jeunes ?

On n’avait pas le choix, on s’est fait voler toutes nos « stars », (Joseph Biais, Oscar Candon, Mickael Mackrodt…) hé hé, donc autant prendre des jeunes qui skatent sans se plaindre. Comment cela se passe t-il au niveau du Comité d’entreprise ? Il y a des tickets-restaurants, des avantages aux Galeries Lafayette, des sorties à Walibi ou au Luna Park ?

On les sort à Dunkerque quand ils sont sages ! (Ndlr : Grilladin est de Dunkerque). Trêve de plaisanteries, nous avons des riders qui font gaffe à leur matos et qui ne consomment pas trop de manière générale, ils sont vraiment cools et nous demandent peu… Es-tu au courant qu’Oscar vient de quitter Frank ? L’as-tu déjà convoqué à un futur entretien d’embauche ?

Je l’ai croisé, nous avons bien blablaté, il sait très bien « que la porte est ouverte », mais il faut être conscient que nous n’avons rien à lui proposer, ni salaire, ni paillettes…

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50 ANS

U N D E M I - S I È C L E D E VA N S , EN FRANCE ET AILLEURS Texte : Fredd.

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CINQUANTE ANS DE VANS, RENDEZ VOUS COMPTE ! J’OSE À PEINE IMAGINER CE QU’ON FERA POUR LES CINQUANTE ANS DE SOMA. UN BARBECUE AU SKATEPARK DE GRENOBLE PEUTÊTRE ? FAUT D’ABORD QUE JE VOIS AVEC LES GARS DU SKATEPARK, MAIS JE NE PENSE PAS QUE ÇA POSE PROBLÈME. SI ON PROMET DE RANGER DERRIÈRE, ÇA DEVRAIT PASSER... JE VOUS TIENS AU JUS EN TOUT CAS. POUR SES CINQUANTE ANS, VANS A ÉTÉ UN PEU PLUS AMBITIEUX, AVEC UNE ANNÉE ENTIÈRE D’ÉVÈNEMENTS GIGANTESQUES ORGANISÉS À TRAVERS LE MONDE. DES CONTESTS DE BOWL À LA PELLE AVEC DES MECS QUI SAUTENT DANS TOUS LES SENS (ET UN ROBIN BOLIAN AU MILIEU QUI SE DÉFEND COMME UN CHEF), DES FÊTES AVEC CONCERTS PRESTIGIEUX ET EN CHERCHANT BIEN, JE SUIS SÛR QU’ILS ONT PRÉVU UN BARBECUE À UN MOMENT OU UN AUTRE, AVEC STEVE VAN DOREN EN PERSONNE, EN CHARGE DE LA CUISSON DES STEAKS. ALORS BIEN SÛR, LES PINAILLEURS DIRONT QUE ÇA NE FAIT PAS VRAIMENT CINQUANTE ANS QUE VANS FAIT INTENTIONNELLEMENT DES CHAUSSURES DE SKATE, QUE C’EST VENU UN PEU PAR HASARD, DIX ANS PLUS TARD, QUAND ILS SE SONT RENDU COMPTE DU POTENTIEL DE LEURS CHAUSSURES DE PLAGE CHEZ LES SKATEURS. QUAND EN 1976 ILS SE SONT MIS À RÉELLEMENT PRODUIRE DES MODÈLES SPÉCIFIQUEMENT DESSINÉS POUR LE SKATEBOARD ET À SPONSORISER DES SKATEBOARDERS, EN COMMENÇANT PAR STACY PERALTA, PUIS TONY ALVA, ETC. MAIS ON VA DIRE QUE QUARANTE ANNÉES À SE CONSACRER À LA POMPE DE SKATE, ENTRETENIR UN TEAM ET PAS N’IMPORTE LEQUEL, ET FAIRE VIVRE LE SKATE À TRAVERS DES ÉVÈNEMENTS, DE LA PUB DANS LES MAGS, ETC, C’EST DÉJÀ UNE BELLE PERFORMANCE ET QUE ÇA MÉRITE BIEN DE FAIRE PÉTER LE CHAMPAGNE. FAUT SAVOIR SE FAIRE PLAISIR DE TEMPS EN TEMPS.

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PENDANT LONGTEMPS, LA MARQUE À LA SEMELLE GAUFRÉE ÉTAIT DONC LA SEULE À RÉELLEMENT PRODUIRE DES TATANES DE SKATE. DES TAS D’AUTRES ONT ESSAYÉ, DANS LES ANNÉES 70, DE S’IMPOSER SUR LE MARCHÉ COMME MAKAHA, PONY, LES MARQUES DE SURF HOBIE ET HANG TEN OU MÊME WILSON, LA MARQUE DE RAQUETTE DE TENNIS. EN FRANCE, ON A EU DROIT À UN MODÈLE CHEZ PALLADIUM ET LES ANGLAIS DE CHEZ CLARK’S ET DUNLOP SE SONT AUSSI RISQUÉS À PRODUIRE LEUR VISION DE LA CHAUSSURE DE SKATE. UNE VISION TRÈÈÈS PERSONNELLE POUR CLARK’S SOIT DIT EN PASSANT... JE SUIS SÛR QU’IL EXISTE DES TAS D’AUTRES EXEMPLES MAIS ILS RESTENT TOUS TRÈS ANECDOTIQUES. BIEN SÛR, LES SKATEURS ONT TOUJOURS UTILISÉ DES NIKE, PUMA, CONVERSE OU ADIDAS. LES BLAZERS ET LES CHUCK TAYLOR SEMBLAIENT FAITES POUR LE SKATE, MAIS C’ÉTAIT (À L’ÉPOQUE) UNIQUEMENT DES CHAUSSURES DE BASKET. C’EST SEULEMENT DANS LES ANNÉES 90 QUE LES MARQUES DE POMPES DE SKATE SE SONT DÉVELOPPÉES, ETNIES EN TÊTE, DVS, LAKAI, ETC., MÊME SI AUJOURD’HUI, TOUTES CES « PETITES » MARQUES SE RETROUVENT SOUVENT ÉCRASÉES SOUS LES POIDS DES MASTODONTES DE LA CHAUSSURE DE SPORT, QUI SE SONT DEPUIS JETÉS CORPS ET ÂMES DANS LE SKATEBOARD ET QUI NE LAISSENT QUE PEU D’ESPACE VITAL À LEURS CONCURRENTS ISSUS DU SKATE… MAIS HÉ, ON N’EST PAS LÀ POUR MÉLANCHONNER EN S’INSURGEANT CONTRE LE GRAND CAPITAL, ON EST LÀ POUR FAIRE LA FÊTE AVEC DES POMPES À DAMIERS J’VOUS RAPPELLE.

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AUX U.S., C’EST DONC AVEC LES GARS DE DOGTOWN QUE L’HISTOIRE DU SKATE CHEZ VANS A COMMENCÉ À S’ÉCRIRE. LES Z-BOYS, TOUT ÇA. FIGUREZ-VOUS JUSTEMENT QUE J’AI RENCONTRÉ TONY ALVA L’AUTRE JOUR, AUX 50 ANS VERSION ANGLAISE, À LA « HOUSE OF VANS » DE LONDRES. L’ENTREVUE S’EST FAITE DANS UNE PIÈCE SOMBRE, TIMIDEMENT ÉCLAIRÉE PAR UN NÉON VERT. TONY LA LÉGENDE M’ATTENDAIT DEBOUT, PLANTÉ AU MILIEU DE LA PIÈCE, AVEC DES LUNETTES NOIRES SUR LES YEUX. C’ÉTAIT UN PEU BIZARRE ET VU LA LUMINOSITÉ AMBIANTE, JE PENSE QU’IL N’Y VOYAIT RIEN DU TOUT. IL EST UN PEU FROID COMME TYPE AU PREMIER ABORD, MAIS IL N’EST PAS ININTÉRESSANT. SURTOUT DANS LA MESURE OÙ IL ADORE PARLER DE LUI, SA VIE SON ŒUVRE, ET QUE PAR CHANCE, SA VIE EST PLUTÔT PASSIONNANTE QUAND ON S’INTÉRESSE AU SKATEBOARD. SI ON S’INTÉRESSE À NAPOLÉON AUSSI, PARCE QU’IL M’A PARLÉ DE LUI PENDANT VINGT MINUTES, ALORS QUE JE VOULAIS JUSTE SAVOIR S’IL SE SOUVENAIT ÊTRE VENU EN FRANCE EN 78… UN PEU QU’IL S’EN SOUVENAIT, IL M’A TOUT DE SUITE PARLÉ DE BÉTON HURLANT (ANCIEN SKATEPARK PARISIEN) QU’IL A INAUGURÉ ET DU SKATEPARK DE LA VILLETTE. IL N’AVAIT PAS SOUVENIR EN REVANCHE DE BONS SKATEURS FRANÇAIS À L’ÉPOQUE, TANDIS QU’EN ANGLETERRE, IL SE RAPPELAIT TRÈS BIEN QU’IL Y AVAIT DÉJÀ UN TRÈS BON NIVEAU. LA FRANCE DEVAIT ÊTRE UN PEU À LA TRAÎNE À CETTE ÉPOQUE, COMME SOUVENT…

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1 - Hugo Liard – 2009 © Loïc Benoit

5 - Steve Caballero 1982 © J. Grant Brittain

2 - Tony Alva 1981 © Wynn Miller

6 - Pub Vans / Madrid 1988

3 - Stand Vans 70’s © Vans

7 - Flo Marfaing – 2013 © Loïc Benoit

4 - Jean-Marc Vaissette 1987 © François Séjourné

8 - Jérémie Daclin 1997 © Alexis Zavialoff

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EN FRANCE, QUAND TU SKATES DANS LES ANNÉES 70/80 (SURTOUT 80) ET QUE TU VOULAIS ÊTRE UN VRAI AMÉRICAIN, AVOIR DES VANS ÉTAIT UN BON DÉBUT. DES VRAIES VANS AUX PIEDS, ÇA VOULAIT FORCÉMENT DIRE QUE TU ÉTAIS ALLÉ AUX US OU ALORS QUE TU CONNAISSAIS QUELQU’UN QUI EN REVENAIT, CE QUI ÉTAIT DÉJÀ SUFFISAMMENT COOL POUR FAIRE ILLUSION. EN EFFET, À MOINS D’HABITER À PARIS, ET ENCORE, PAS SÛR QUE ÇA SUFFISE, ET PUIS ÇA COÛTAIT UN ŒIL, LE SEUL MOYEN D’EN AVOIR C’ÉTAIT D’ALLER LES CHERCHER DE L’AUTRE CÔTÉ DE L’ATLANTIQUE. BREF, C’ÉTAIT UNE MÉCHANTE GALÈRE. UN PEU COMME LES CASQUETTES SUPREME AU DÉBUT… N’EST PAS AMÉRICAIN QUI VEUT. C’EST UN PEU PLUS TARD, DANS LES ANNÉES 90 QU’ON A VRAIMENT COMMENCÉ À TROUVER DES VANS DANS LES SKATESHOPS FRANÇAIS, MÊME SI LES DISTRIBUTEURS DE L’ÉPOQUE NE COMPRENAIENT ABSOLUMENT RIEN AU SKATEBOARD… LE TEAM FRANÇAIS A DONC MIS UN PEU DE TEMPS À ÉMERGER. MAIS JEAN-MARC VAISSETTE, AUJOURD’HUI LE PLUS GROS DISTRIBUTEUR DE MATÉRIEL DE SKATEBOARD EN FRANCE, ET À L’ÉPOQUE PROFESSIONNEL DE SKATEBOARD, A PLUS OU MOINS JOUÉ UN RÔLE DE « TEAM MANAGER » PRESQUE OFFICIEL JUSTE AVANT DE LANCER SON PROPRE BUSINESS EN 89. ON SE SOUVIENT DE PHOTOS DE SON POTE PIERRE-ANDRÉ SENIZERGUES (LE BOSS DE ETNIES, EMERICA, ÉS) AVEC DES VANS AUX PIEDS À L’ÉPOQUE ET C’EST GRÂCE À JEAN-MARC QUE JÉRÉMIE DACLIN A PENDANT DES ANNÉES ÉTÉ LE TEAM VANS FRANCE À LUI TOUT SEUL, JUSQU’À CE QUE LES CHOSES

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S’ORGANISENT UN PEU MIEUX, QUE LA DISTRIBUTION SE FASSE MOINS ANARCHIQUE ET QUE DES GARS COMME FLORENTIN MARFAING, PUIS HUGO LIARD, ALEXIS JAUZION, SAM PARTAIX, ETC… JE NE VAIS PAS VOUS FAIRE LA LISTE COMPLÈTE, ILS SONT UN PAQUET, VIENNENT GROSSIR LES RANGS. MÊME BASTIEN SALABANZI, LE MEC DE LA STREET-LEAGUE AVEC LES BRAS EN L’AIR A, PENDANT UN TEMPS, ÉTÉ CHEZ VANS, MÊME SI ON NE PEUT PAS VRAIMENT PARLER DE TEAM FRANÇAIS DANS SON CAS. IL A D’AILLEURS EU SON NOM SUR UNE CHAUSSURE, VOUS AVIEZ OUBLIÉ ? OUI, MOI AUSSI. BREF, ÇA N’A PAS DURÉ BIEN LONGTEMPS ET AUJOURD’HUI, SI VOUS SUIVEZ UN PEU SOMA, VOUS DEVEZ COMMENCER À CONNAÎTRE LES FRANÇAIS (ET FRANÇAISES) DE VANS QUI SQUATTENT NOS PAGES COMME S’ILS ÉTAIENT ICI CHEZ EUX. TENEZ, Y’EN A ENCORE UN SUR LA COUVERTURE CE MOIS-CI, UN VRAI FLÉAU CES MECS… BON ALLEZ, RENDEZ-VOUS EN 2057 POUR LES CINQUANTE ANS DE SOMA, ÇA VA ÊTRE UN BARBECUE DE DIIIINGUE !

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FROM DUST to CONCRETE DEEP CREW, THE INDIAN DIARIES

Texte : Lisa Jacob. Illustration : Chloé Bernard. <#>

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12 FILLES DE 9 NATIONALITÉS DIFFÉRENTES (INDE, NÉPAL, ISRAËL, AUSTRALIE, USA, FRANCE, DANEMARK, BELGIQUE, ALLEMAGNE) DANS 1 BUS PENDANT 2 SEMAINES SUR LES ROUTES DE L’INDE AVEC 4 DESTINATIONS : KOVALAM, BANGALORE, GOA ET HAMPI. VOILÀ POUR LA DESCRIPTION NUMÉRIQUE ET GÉOGRAPHIQUE DE CE TOUR ASSEZ IMPROBABLE QUI A VU LE JOUR GRÂCE À L’INITIATIVE ET LA DÉTERMINATION D’UNE SKATEUSE INDIENNE, ATITA VERGHESE, QUI, DU HAUT DE SES 22 ANS S’EST MISE EN TÊTE D’ORGANISER LE PREMIER TOUR DE SKATE FÉMININ EN INDE ET POUR CELA, DE FAIRE VENIR DES FILLES DES QUATRE COINS DU MONDE. ENFIN, QUAND JE DIS « FAIRE VENIR », BIEN ÉVIDEMMENT, CHACUN PAYE SON BILLET D’AVION, SA BOUFFE, LE LOGEMENT, SA PART POUR LE BUS, LE CIMENT, ETC... (JE VOUS RASSURE ON N’A PAS LE MÊME POUVOIR D’ACHAT LÀ-BAS). OUI, PARCE QUE CE TOUR A AUSSI LA PARTICULARITÉ D’ÊTRE ENTIÈREMENT DIY, AUSSI BIEN DANS SON ASPECT LOGISTIQUE QUE FINANCIER : AUCUNE MULTINATIONALE, PME NI BOISSON ÉNERGISANTE NE FURENT IMPLIQUÉES DANS LA CONCRÉTISATION DE CE TOUR. ET OUI, SI L’ON VEUT QU’IL SE PASSE DES TRUCS COOLS, IL NE FAUT PAS ATTENDRE QUE ÇA VIENNE DES AUTRES.

From dust... ... to concrete.© Sonia Ziegler.

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n tour de skate dont l’équipe est uniquement composé de filles, caméraman et photographes compris, dans un pays où il n’y a pas encore de skate shop, c’est déjà pas banal. Mais ce n’est pas tout, le but de ce tour n’était pas uniquement de skater pour ramener de belles images à la maison. Pour Atita, il était important de faire bouger les mentalités, de montrer aux gens que l’on peut être une fille et faire du skate. Ca vous semble peutêtre évident (ou pas) mais en Inde ça ne l’est pas du tout. C’est un pays dont les mœurs peuvent être assez anachroniques où la liberté de la femme, dans certains états, reste encore une vague idéale aux accents futuristes. Atita est un personnage très intéressant, déjà c’est la première skateuse indienne, ce qui n’est pas rien et ensuite, elle a du caractère, elle ne se laisse pas faire. Vu de l’extérieur, c’est assez drôle de la voir rembarrer des mecs dans la rue, mais en vrai je n’aimerais pas être à sa place, devoir se battre contre le machisme ambiant quotidiennement ça demande beaucoup de patience et d’énergie. En tout cas, il faut avoir du courage pour faire du skate dans un pays où l’on ne vous prend pas au sérieux si vous êtes une femme. Etrangement, sur les centaines de filles invitées via Facebook à joindre ce tour (Peu ou prou toutes les skateuses au monde sont passées par cette conversation messenger), seule une douzaine a fait le déplace-

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ment après les fêtes de noël, pour venir passer le nouvel an, les mains dans le béton. Je peux vous dire que je m’en souviendrai de ce réveillon, à me faire jeter d’un DIY à 3h du mat’ par les flics alors que je tente désespérément d’enlever à la main, dans un seau d’eau, les multiples couches de béton incrustées sur les truelles. Ati avait vu les choses en grand pour ce premier tour, on avait un planning plutôt chargé avec des ateliers d’initiation au skate pour les fillettes, faire du béton pour agrandir le Cave skatepark à Bangalore d’un nouveau quarter, des sessions sur tous les DiY du pays ou presque, des nuits passées dans le bus ou entassées dans une pièce et des réveils à des heures indécentes. On n’était pas venues peler des noix de coco, on a même bossé comme des petits esclaves. Moi qui me voyais les doigts de pieds en éventail sur les plages de Goa pendant que tous mes copains à Paris seraient dans le froid et la pluie... Bin ce n’était pas trop ça : dormir trois heures par terre puis se lever à l’aube pour soulever des pierres en espérant ne pas tomber sur un serpent ou devoir courir, toute la journée, de long en large en poussant des enfants jusqu’à en perdre haleine. Heureusement notre collègue israélienne, Roni, nous aidait à survivre à grands coups de session de skate yoga. En vérité, c’était dingue ! Sûrement le skate trip le plus incroyable que j’ai jamais fait. Et tout ça, grâce à cette skateuse de Bangalore que j’avais rencontrée deux ans plus tôt lors de mon premier séjour en Inde. Enfin, là aussi je m’étais bien faite avoir, j’avais changé tous mes plans de chill sur des plages paradisiaques pour bosser sur un chantier dans une école à Kovalam pendant deux semaines à ses côtés. C’est d’ailleurs à cet endroit précis qu’on a commencé ce tour, dans cette école SISP qui comprend aussi un club de skate depuis deux ans (date de la construction du premier skatepark, au-dessus des salles de classe s’il vous plaît) dans l’état du Kerala où le skate n’existait pas avant. L’école se sert du skate comme levier de motivation pour donner envie aux enfants d’aller plus souvent en cours : no school, no skate, tel est leur credo, vous en rêviez, ils l’ont fait !


Chloé, monitrice au « 2er bowl » à Hampi © Fabienne Karmann

Lisa, conciliatrice à Bangalore « Toi d’abord, après toi, puis toi, puis toi… » © Gautham Nalasingu.

© Fabienne KARMANN.

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Chloé Bernard – BS Grind © Fabienne Karmann.

École de Kovalam © Virginia Fernandes.

Lisa Jacob - Wallride to fakie Morjim, Goa © Sonia Ziegler 64

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« ... IL S’ADOSSA SUR ELLE ET SE MIT ALORS À CARESSER L A PL ANCHE, CÔTÉ GRIP, COMME SI C’EÛT ÉTÉ UN CHATON... »

Entre temps, l’école s’est dotée d’une nouvelle aire de jeu en béton dans la cour et de plus en plus de kids sont mordus de skate. Il y avait même Mini, une petite fille que j’avais vue il y a deux ans, j’étais ravie de voir qu’elle skatait toujours et qu’elle se débrouillait même vraiment bien dans son sari jaune. Un matin, on avait rendez-vous à l’école pour un atelier avec une classe d’enfants, on était en retard et lorsqu’on est arrivées une vingtaine de gosses en uniforme, assis sur une rangée de chaises sous le préau avec leurs maîtres et maîtresses, patientaient en silence. C’était hyper intimidant, toute cette petite troupe qui nous attendait et qui écoutât avec attention le « discours » d’Atita leur expliquant cette chose merveilleuse qu’est le skateboard. Puis la théorie laissa place à la pratique et Chloé se chargea d’effrayer les maîtresses d’école en exécutant des figures au coping sous leur nez, à chaque trick on frôlait la crise cardiaque. Ce fut alors le tour des gosses de s’essayer pour la première fois au skate et là ce n’était pas une mince affaire vu qu’ils ne comprenaient pas un mot d’anglais, mais le langage corporel parla pour nous et la planche eut le dernier mot. Après Kovalam, le petit village au bord de l’océan, c’est à la grande ville, Bangalore, que notre bus marqua l’arrêt. C’est le cœur de la scène skate en inde, avec ses trois skateparks (le Holystoked park, le Play arena et le Cave skatepark)

ainsi que son crew Holystoked collective (merci pour les outils), très actifs au sein de la communauté. Notre venue faisait l’objet d’un nouveau workshop pour les kids, après l’école, ça se passait, cette fois, dans la rue, sur le parvis d’une station de métro avec quelques banks en guise de modules. Après les minots en uniforme, on a eu le droit à un public plus varié composé d’un peu tout ce qui passait par là. Tous semblaient possédés par ces nouvelles sensations qu’ils découvraient. Malheureusement, vu qu’ils n’avaient pas de boards, à la fin de la journée c’était le drame quand on voulait récupérer les nôtres. C’était à vous briser le cœur. Il y en a un qui tenta d’amadouer Chloé en la suppliant des yeux mais lorsqu’il comprit que c’était mort, qu’on allait partir, pour de vrai, il s’adossa sur elle et se mit alors à caresser la planche, côté grip, comme si c’eût été un chaton, les yeux dans le vague, mélancolique, déjà nostalgique de ces heures passés ensemble à dévaler le bitume. Le lendemain, jour du réveillon, on se réveilla avec une bonne gueule de bois à cinq heures du matin pour faire du béton au Cave skatepark. Je me disais qu’en se levant si tôt on était large mais c’était sans compter les contraintes indiennes : quand fut venu le temps d’aller brancher la scie pour couper le rayon de la courbe dans la planche de bois, il n’y avait plus de courant. Deux heures qu’il a fallu attendre pour que ça revienne... Pas évident dans ces conditions mais l’absence d’électricité pendant plusieurs heures, de même que prendre une douche avec un sceau d’eau froide, fait partie de leur quotidien. Vous l’avez donc compris, notre retard fut seulement dû aux contingences matérielles, notre dévouement fut évidemment irréprochable et sans faille. Plus la journée s’achevait, plus mes rêves de cocktails au bar agonisaient et je commençais à comprendre que c’était, dehors, sans dîner, la gueule pleine de béton, à cet endroit même où l’on se traînait dans la poussière depuis l’aube, qu’on allait tous se souhaiter la bonne année. Les bières arrivèrent avec les skateurs et la nuit, on était coincées au DiY mais tous les locaux étaient venus nous soutenir et festoyer avec nous. Et à chaque couche de béton qui séchait, venait le moment d’échanger ses vœux de bonne année en trinquant sous les étoiles au fait qu’il

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Atita Verghese - Layback FS Rock’n’roll - Jungle Bowl, Goa © Sonia Ziegler

n’y avait sans doute pas meilleure façon de commencer l’année. On était censées construire quelque chose à Goa aussi mais après cette journée à rallonge au Cave et les quinze heures de bus qui nous ont ramené sur la côte, on était toutes d’accord : « fuck the plan », on avait besoin de se reposer. Oui, ils aiment bien bâtir des spots en Inde, en fait quasi chaque skateur sait faire du béton, tous des petits Covo. Leur scène est très imprégnée de la culture DiY étant donné que ça roule pas ou mal dans les rues et que ce n’est pas les élus locaux qui vont leur faire des parks, s’ils veulent avoir quelque chose à skater ils doivent le construire eux-mêmes. Si vous pensiez que Goa n’était qu’une vaste rave party sur des plages paradisiaques peuplées de touristes russes vous n’aviez pas totalement tort. On logeait à Anjuna, dans une guesthouse nommée Cirrus typique de Goa tenue par des hippies où l’on peut dormir dans des treehouse et autres cabanes en tout genre. Malheureusement, Monica, Chloé, Virginia et moi, avions bêtement, shotguné le camper van avant de réaliser, trop tard, qu’il était situé devant la « scène » du « DJ » et comme la « fête » ne s’arrête jamais à Goa on a eu droit à de la techno infâme tous les soirs, dimanche y

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compris, jusqu’au chant du coq (et c’est pas une blague...), même lorsque le dancefloor était désert et que tout le monde dormait. En arrivant, je n’avais pas compris l’inscription « Fuck EDM » placardé sur notre habitat... Mis à part ça, c’était plutôt sympa comme auberge, il y avait un diy en béton que Chloé a décidé de repeindre un beau matin. Elle sauta du lit en baragouinant « j’vais acheter de la peinture » et elle passa la journée toute seule à faire sa fresque, petit Michel-Ange des skateparks. Pour l’anecdote, le tout premier skatepark d’Inde se situe à Goa, il s’agit du jungle bowl, laissé à l’abandon sur la propriété d’un type qui hait les skateurs et qui, Dieu merci, va à la messe tous les dimanches matin. On est donc sorties du lit le jour du seigneur pour s’introduire dans ce paradis défendu et avons découvert avec effroi que le jungle bowl portait bien son nom puisque la nature avait repris le dessus. Un marécage avait désormais élu domicile au fond de la grande partie. Nous nettoyâmes la petite partie afin de pouvoir carver autour des grenouilles et chose incroyable, paraît-il, nous avons pu quitter les lieux de notre propre gré. On a même recouvert de feuilles la petite partie afin d’effacer toute trace de notre passage. Une autre nuit dans le bus, nous amena à notre ultime destination : Hampi. On se réveille avec l’impression d’avoir traversé les siècles dans la nuit, d’avoir atterri au beau milieu d’une civilisation antique dans une contrée lointaine aux paysages de roches, de palmiers et de rizières où trônent temples et palais, vestiges d’un des plus grands empires hindous. A l’horizon, des tas de pierres assemblés dans un tetris périlleux dont on a l’impression qu’un souffle suffirait à provoquer la chute de l’équilibre. Mais il n’en est rien. Tout reste figé comme sur la face d’une carte postale à Hampi, échantillon de nature à l’état pur et trésor d’architecture gardé intact au fil des âges.


« ET À CHAQUE COUCHE DE BÉTON QUI SÉCHAIT, VENAIT LE MOMENT D'ÉCHANGER SES VŒUX DE B ONNE ANNÉE EN TRINQUANT SOUS LES ÉTOILES AU FAIT QU'IL N'Y AVAIT SANS DOUTE PAS MEILLEURE FAÇON DE COMMENCER L'ANNÉE. »

Lisa Jacob – BS Kickflip – Hampi © Virginia Fernandes.

© Fabienne KARMANN.

Atita et Sonia, lisseuses à Bangalore © Gautham Nalasingu.

Morjim bowl © Sonia Ziegler.

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« UN GTA RÉEL, UN CIRCUIT DE FORMULE 1 OÙ ÊTRE EN VIE VOUS PL ACE EN POLE POSITON DE L A COURSE. AU DÉBUT C’EST FLIPPANT, APRÈS C’EST COMME TOUT, ON N’A PAS LE CHOIX ALORS ON HAUSSE LES ÉPAULES ET ON DIT “ FUCK IT “ »

Monica Shaw – Kickflip to fakie – Hampi ditch © Fabienne Karmann.

© Virginia Fernandes.

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© Fabienne KARMANN.

Lisa Jacob – fs Hurricane © Fabienne Karmann.


Comme à Goa, on logeait dans une guesthouse où se trouvaient une mini rampe et un bowl mais la session la plus mémorable fut celle où l’on prit la route avec les mob jusqu’à la rivière, on était un peu les hell’s angels de l’Inde, du moins dans mon imagination. On traversa alors un désert de pierres jusqu’à un ditch au sol bien dégueu où l’on passa l’aprèm à skater à côté des troupeaux de chèvres qui s’abreuvaient et des badauds qui descendaient la rivière allongés sur des pneus, la vie la vraie quoi. Reprendre la route au coucher du soleil était magique : six mobylettes dont les silhouettes se déplaçaient entre les palmiers sur fond de ciel rouge. En Inde, conduire une mob c’est un peu sketchy, n’importe qui peut en louer une pour une poignée d’euros, en revanche faut pas s’attendre à avoir de casques ou de rétroviseur de chaque côté. À Hampi, il y avait des pierres partout, même sur les chemins, quand on roulait avec tous nos bagages, en tongs, sans casque, c’était une bonne galère. Mais dans la nuit, un peu éméchées, se faire surprendre par chaque pierre qui vous fait décoller de votre siège, c’est le rodéo de votre vie, fous rires garantis. Un road trip en bus, quoi de plus normal, mais en Inde cela prend une toute autre dimension au regard de l’état des routes et l’inexistence d’un code de la route. Adieu l’ordre, bonjour le chaos. Pas de signalisation, juste des coups de klaxon en continu pour marquer la présence des multiples véhicules : ricksaw, voitures bondées, vélos chargés, scooters aux places passagères extensibles. Pas de feux, pas de règles, priorité au plus téméraire. Deux voies, deux sens de circulation et de chaque côté tout le monde franchit la ligne du milieu, frontière entre la vie et la mort, pendant quelques secondes pour tenter de doubler, de gagner quelques places dans la hiérarchie de la vitesse. Un GTA réel, un circuit de formule 1 où être en vie vous place en pole positon de la course. Au début c’est flippant, après c’est comme tout, on n’a pas le choix alors on hausse les épaules et on dit « fuck it ». Le concept du « fuck it » est très important dans ce genre de situation où l’on n’a aucun contrôle sur les choses, rien ne sert de stresser. Par exemple, Niku, la sœur d’Ati, a vomi sur mes shoes dans le bus... Fuck it. C’est donc parfaitement utile pour résoudre toutes sortes de problèmes, dès que quelqu’un constate que quelque chose ne va pas, il suffit de dire « fuck it », d’en rire un bon coup et tout est déjà oublié, dans le monde merveilleux des tours de skate. Chloé Bernard – BS Smithgrind – Jungle bowl, Goa © Sonia Ziegler.

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OSCAR CANDONAFFICHE

LA COULEUR

Texte : Fredd.

OSCAR CANDON S’EST VU OFFRIR LA POSSIBILITÉ DE CHOISIR SA COULEUR DE CHAUSSURE CHEZ SON SPONSOR UN « COLORWAY » QU’ON APPELLE ÇA. IL A PRIS UNE SORTE DE MARRON/BEIGE ASSEZ SOBRE ET PASSE PARTOUT CE QUI EST TOUT À SON HONNEUR. LE « COLORWAY » C’EST L’ÉTAPE AVANT LE PRO MODEL ET C’EST EN GÉNÉRAL CE QU’UN EUROPÉEN PEUT ESPÉRER DE MIEUX SAUF EXCEPTION. DANS CE CAS PRÉCIS IL PARTAGE L’AFFICHE AVEC DEE OSTRANDER ET BOO JOHNSON QUI AVAIENT EUX AUSSI PU CHOISIR LEUR PROPRE COULEUR DE « CHINO » (BIZARRE DE DONNER UN NOM DE PANTALON À UNE CHAUSSURE). ILS ÉTAIENT DONC TOUS LES TROIS EN TOURNÉE EUROPÉENNE RÉCEMMENT POUR PROMOUVOIR LEURS COULEURS. IL Y AVAIT AUSSI DANE VAUGHN VENU AMUSER LA GALERIE ILS SONT ALLÉS DE PARIS À BARCELONE EN PASSANT PAR AIX-EN-PROVENCE ILS SE SONT BIEN AMUSÉS ET ILS ONT MÊME FAIT DU SKATE. IL EST SUR UNE BONNE LANCÉE EN CE MOMENT OSCAR. KR3W ET SUPRA LE TRIMBALLENT UN PEU DE PARTOUT IL COLLECTIONNE LES PARUS DANS LES MAGS AMÉRICAINS ET BREF IL SEMBLE LOIN LE TEMPS OÙ IL ÉTAIT LA MASCOTTE OFFICIELLE DU TOUR SANS FIN. À CAUSE DE CE FAMEUX « COLORWAY » CES DERNIERS TEMPS ON A VU FLEURIR DES INTERVIEWS DE LUI ABSOLUMENT PARTOUT SUR TOUS LES SITES TRAITANT DU SKATE DE PRÈS OU DE LOIN PRESQUE JUSQU’À L’OVERDOSE. J’ÉTAIS MÊME SURPRIS QU’IL ACCEPTE ENCORE DE ME RÉPONDRE APRÈS LES DIZAINES D’INTERVIEWS QU’IL AVAIT DÉJÀ DÛ DONNER. C’EST VRAIMENT UN CHOUETTE TYPE CE OSCAR , IL Y AURA TOUJOURS UNE PLACE POUR SES BONELESS DANS SOMA !

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Nikwen m'a dit que ce tour Supra était un des meilleurs qu'il ait fait. En quoi c'était mieux qu'un Tour Sans Fin, franchement ?

Ha ! C’était presque aussi bien qu’un Tour Sans Fin ! On n’était pas beaucoup à voyager c’est pour ça qu’on s’est autant marré, souvent on est en Tour avec deux vans, du coup, tout le monde se disperse en plusieurs groupes. J'ai l'impression que tu es toujours en trip ces derniers temps, tu n’en as pas un peu marre parfois ?

C’est plutôt de ne pas vraiment avoir de chez soi en rentrant qui est le plus dur. C’est comme ça depuis des années maintenant. Du coup je suis en pleine recherche d’appartement en ce moment.

FS Boneless © Nikwen. Je crois que tu t'es beaucoup calmé sur la fête. Ras le bol ?

C’est simple, tu plantes des graines de merde, tu vas récolter de la merde... Je fais encore la fête, mais plus jusqu’à 10 heures du mat’. Un colorway chez Supra, c’est une sorte d’aboutissement dans ta carrière de skateboarder ou c’est juste un super moyen d’avoir des chaussures à la bonne couleur ?

Ah ah ! Écoute, je ne me suis jamais vraiment fixé d’objectifs dans le skate du coup je vois ce colorway comme un bonus plutôt qu’un aboutissement. Je ne me suis jamais jeté sur un spot en me disant « allez celui-là c’est pour le colorway » ah ah ah ! J’en suis tout de même très content.

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Greco, Ellington, Penny, Candon… T’as l’impression d’être à ta place chez Supra, ou il y a des fois où tu te dis que tu vas te réveiller ?

Lors du premier tour que j’ai fait avec tous ces gars, je dois avouer que j’étais plutôt mal à l’aise. J’ai grandi en regardant leurs video-parts et même si je ne les ai jamais vraiment idolâtrés, je ne faisais pas trop le malin dans le van. Mais au fil des Tours j’ai appris à les connaître et je me suis rendu compte qu’ils étaient comme toi et moi , ils ont leurs problèmes eux aussi, ils pissent et ils chient comme toi et moi et certains sont même devenus de bons amis... Du coup, de voir écrit "Greco, Ellington, Penny, Candon » ensemble je suis d’accord pour dire que cela n’a pas de sens, je ne contribuerai jamais autant au skateboard qu’eux ont pu le faire ou le font encore, j’ai beaucoup de respect pour ces gars et je suis vraiment content de faire la session avec eux, mais non, je ne me demande jamais si je vais me réveiller. Ça se passe plutôt vachement bien pour toi en ce moment, on te voit un peu de partout, dans les mags US, etc. Et pourtant, il y a eu des longues périodes de blessures où tu as dû te poser quelques questions sur ton avenir. Peux- tu nous en dire plus s’il te plait ? Même s’il ne te plait pas d’ailleurs.

Oui, je me suis même juré une fois que j’arrêtai le skate pour de bon, j’étais par terre en train d’attendre les pompiers, je n’avais pas pu skater pendant des mois à cause d’un genou et au bout d’une semaine ou deux de skate, je me pète le péroné… Trois mois de plus. J’ai vraiment une relation compliquée avec le skateboard, ah ah. Petit à petit, je commence à moins me blesser, j’ai arrêté de skater avec la gueule de bois et ça aide déjà beaucoup. Mais

50/50 to fakie 50/50 to fakie © Loïc Benoit.

si je ne skatais pas les spots que je skate par peur de blessures, je n’aurai sûrement pas la chance de vivre du skate aujourd’hui. Je pense que les os cassés en valent la peine pour l’instant. J’aurai pu facilement éviter certaines blessures, mais bon... J’ai tendance à refaire la même connerie plusieurs fois avant de vraiment être sûr que c’est une connerie. Qu'est-ce qui s'est passé avec Frank ?

On a des points de vue différents sur pas mal de choses avec Dallas (Rockvam) et j’ai simplement décidé de suivre un autre chemin. J’ai pas encore décidé où j’ai envie d’atterrir, je suis patient, j’ai envie d’être sûr d’être quelque part où je suis heureux. Qu’est ce que tu as de prévu cette année ?

J’ai jusqu’à avril pour finir une petite interview et une video-part pour Thrasher sur laquelle je bosse depuis un petit bout de temps déjà. Après ça, rien de sûr pour l’instant. Et tu viens au Soma Skate Rock en avril ?

S’il y a encore de la neige, et qu’on se prévoit une journée à la montagne pour faire du snowboard comme la dernière fois, je prends mes billets direct !

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Destruction i M M i N E N T E 10 ANS DU D.I.Y. DE CLÉRÉ

Texte et photos : Nico Boutin (sauf indiqué).

Vincent Coupeau - Wallride pull out.

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A

lors que j’étais en vacances dans les Alpes, parce que c’est pas la crise pour tout le monde, un événement Facebook annoncé pour le 24 janvier et au titre évocateur, attire mon attention : « 10 years DIY CLÉRÉ Last session before DESTRUCTION ! ».

«

Jo Dezecot Feeble to fakie.

moins dangereux, ou tout du moins disons que ça s’éloigne un peu trop du cadre légal.

C’est ainsi que par un beau matin, le maire a appelé Jo pour lui demander ce qu’on comptait faire. Est-ce qu’on avait le courage de tout remettre en état pour que Putain dix ans ! Difficile de croire le spot soit à nouveau sans danger, ou fallait-il envisager que ça faisait déjà dix ans qu’on d’avoir recours à la pelleteuse ? Vu l’ampleur des travaux s’était mis à construire notre spot en qui se profilaient à l’horizon et l’insistance des lettres du béton. C’est fou comme le temps service des normes, Jo a donc pris la douloureuse décision de mettre un terme à la belle avec l’aide précieuse de la C’ÉTAIT DEVENU L A FÊTE DE L’ANNÉE aventure, mairie qui s’engageait à prendre en la totalité de la destruction. À CLÉRÉ ! IL Y AVAIT PRESQUE DE charge Pour la petite histoire, un an plus tôt, a construit une courbe à Tours, QUOI FAIRE DE L’OMBRE AU on sous un pont, avec mon frère et un On a pris 1400 euros d’amende « GIGOT-BITUME » ANNUEL DU pote. en grande partie à cause des coûts éleVILL AGE VOISIN... » vés de destruction/remise en état. Bon, il est vrai qu’on avait fait sauter un trottoir au marteau piqueur, passe vite quand on s’amuse. Une entaillé le goudron à la disqueuse et qu’on bossait avec vraie histoire de familles ce spot, les une bétonnière thermique... Tout ça pour dire que les ouvriers bénévoles étant principale- frais de destruction peuvent très vite grimper ! Il est vraiment les frères Dezecot, les frères ment sympa ce maire. Vollet et les frères Boutin... Jusqu’en 2012 ça n’a pas cessé de Pour revenir à l’événement du bowl, cette dernière sess’agrandir et à la fin, on avait carré- sion, dont vous pouvez voir les photos dans cet article, ment l’aval du maire de Cléré les c’était franchement génial. Des potes du Mans, de Paris Pins (37). Il a même financé une (Chelles) et de Rennes avaient fait la route, il y avait aussi partie du matos, ce qui était assez des copains Tourangeaux qui ne skatent plus trop par les temps qui courent, pas mal de jeunes motivés et bien sûr, inattendu et plutôt bienvenu. des villageois étonnés de voir tant de monde… C’était Avec le temps cependant, le béton devenu la fête de l’année à Cléré ! Il y avait presque fissure, des endroits s’affaissent, des de quoi faire de l’ombre au « gigot-bitume » annuel du margelles se décollent… Et ça finit village voisin... petit à petit par devenir plus ou Après un séchage, essuyage, nettoyage du spot en bonne et due forme, la construction de quelques extentions éphémères en bois et la réparation rapide des parties les plus abîmées, il fût temps de lancer les hostilités.

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Momo Dezecot - Slob air.

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© Jo dezecot.

Un barbecue pointa alors le bout de son nez, on y vit quelques merguez sauter, quelques bières se faire siffler avec plus ou moins de modération et de franches tranches de rigolade éclatèrent çà et là. S’en suivit l’ultime session avec des tricks de haut vol et quelques lourdes chutes. On vit aussi un feu de joie atteignant trois bons mètres de haut quand un canapé peu prudent s’est un peu trop approché du foyer. Et puis re-barbec’ et re-sifflage de mousses… Quelques coups de massue plus tard, nous avions récupéré les copings et les margelles et puis la soirée s’est terminée par un splendide feu d’artifice professionnel financé par Jo (16 800 euros tout de même) (bien sûr que non). C’était une bien belle cérémonie mortuaire. Un enterrement comme on n’en fait plus. Que les âmes sensibles se rassurent, les copings et les margelles ne finiront pas à la déchetterie, on ressort les truelles au plus vite ! <#>

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DE PARIS – OF LONDON – AUS BERLIN YEARBOOKS

UNEMPLOYABLE 30 YEARS OF HARDCORE, SKATE AND STREET par John Boulter

Alerte aux skate-nerds, il va falloir faire de la place dans votre bibliothèque pour ce gros pavé rouge de quatre kilos cinq-cent. Ça ne saute pas aux yeux au premier abord, je dois même vous avouer en toute honnêteté que quand j’ai entendu parler d’un bouquin sur l’histoire de Globe, je me suis dit que c’était cool pour eux, les mecs de Globe, mais ça n’éveillait en moi qu’un intérêt très relatif. En gros, et malgré tout le respect que j’ai pour eux, je n’étais que moyennement emballé à l’idée de revoir des vieilles photos de Rodney Mullen, Chet Thomas, Gershon Mosley et Tas Pappas. Disons que ça ne me faisait pas vraiment vibrer… Et pourtant, j’ai clairement pris une claque en découvrant la bête. Ce livre retrace l’histoire passionnante des trois frères Hill qui sont donc à l’origine de Globe, mais qui sont surtout les principaux acteurs du skate en Australie depuis les années 70. Pionniers du skateboard dans leur pays, ils y ont construit les premières rampes, créé la plus grosse boîte de distribution de matériel de skateboard, fait venir les pros américains à leurs contests pendant des années, avant de racheter Dwindle (Enjoi, Cliché, etc) et bref, ce livre est un vrai livre d’histoire du skateboard et il vaut vraiment le coup d’œil, malgré une partie « street wear » dont on aurait pu se passer, mais ça fait aussi parti de l’histoire des trois frères, alors on ferme les yeux (littéralement).

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Comme vous pouvez le constater, la success story des Almanachs du skate continue puisqu’ils ajoutent une ville à chaque nouvelle édition. Ce qui, si vous me permettez de donner mon avis, est une excellente chose. Après London, la nouvelle élue est donc Berlin, une mégapole Allemande célèbre pour un mur qui n’existe plus et ses karaokés en plein air. Autre nouveauté cette année, c’est ce bon Nico Malinowsky (le gars de Chill) (entre autres choses) qui a pris les commandes sur le plan graphique. Attendez-vous donc à une maquette pile poil dans la tendance de l’air du temps actuel, limite carrément en avance. À l’origine de toute cette aventure, Thomas « Zeb » Busuttil, que vous avez adoré dans la pub Orange « la surprise », s’est occupé de sélectionner les meilleures photos shootées à Paris en 2015, Alex Irvine, le gars de Witchcraft, s’est chargé de Londres et Jan Kliewer qu’on ne présente plus, a couvert la partie Berlinoise avec l’aide de son ami et néanmoins photographe Henrich Biemer… Ça s’annonce donc plutôt très bien. Les trois volumes seront dispo courant juin, surveillez leur site pour ne pas les louper : deparisyearbook.com.

LA COUVERTURE À LAQUELLE VOUS AVEZ ÉCHAPPÉE On était parti sur cette photo de Remy Taveira. C’était chouette, le trick était chaud patate, la photo était belle comme une camionne, les étoiles étaient alignées, c’était celle-là et pas une autre ! Et puis, ça faisait plaisir de mettre une photo signée Thibault Lenours en couv’. C’est un bon ce Lenours. Mais ça, c’était avant qu’on découvre que Free avait utilisé une photo du même trick dans ses pages. En fait, le jour de la photo, il y avait aussi Max Verret qui shootait et suite à un léger manque de communication, sa photo s’est retrouvée chez Free. C’est pas grave, ça arrive tout le temps ces trucs, mais sur le coup, ça gratte un peu… Histoire d’en remettre une couche, Max nous a envoyé dans la foulée une photo de Joseph qu’on a fini par utiliser pour faire la couv’. Figurez-vous que Jojo s’est spécialement dégotté « des trucks d’enfants », les plus étroits qu’il ait trouvés, pour aller défourailler ce spot à la Défense. Ça valait le coup, la photo est chouette, le trick inédit et puis il est en couv’ de Soma (c’est pas Free mais c’est déjà pas mal…). Donc en conclusion, Max Verret a non seulement grillé la cover de Thibault Lenours avec sa photo dans Free, mais il lui a en plus pris sa place sur notre couv’… Voilà, c’était juste pour fout’ la merde...





Joseph BIAIS Ollie BS Wallride LA DÉFENSE - PARIS © Maxime VERRET

« Evolution inéluctable qui, parallèlement à ce grand courant partant du singe pour aboutir à l'homme, part de l'homme pour aboutir à l'imbécile. »

Boris VIAN


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