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H O R S S É R I E
SPÉCIAL GENÈVE
SOMMAIRE
5/
94 /
EDITO Lara porteuse
Satir vers le haut
6/
AGENDA Fêtes & Festivals de l’été
24
16 /
PAS DE QUARTIER ! Indestructibles Grottes
88
24
30 /
JEUX DE PISTE Mystères & Toblerone
46
94
/ USINE KUGLER Point de jonction
52 /
MAMCO
REYNALD AUBERT Dessein de papier PHLIPPE CRAMER Cramer contre Cramer
68 /
CLAUDIO COLUCCI Soleil levant
128
RITA & ZIA
124 /
FABIENNE VUILLEUMIER
128 /
TIFFANY ROWE
134 /
ISABELLE HOFFMANN
140 /
MATHILDE PETIT
146 /
MONTRE & VOUS
152 /
PORES D’ENCRAGE
156 /
SACRÉ SUCRÉ
160 /
À LA PAGE
164 /
HUMOUR
166/ 170/
ASTROLOGIE
Hyper créatiff
80 /
ANTOINE BORDIER C’est à c’t’heure-ci que tu rentres ?
Genève se livre
85 /
HEAD Inspir... action ! LUKA MAURER D’ici & tailleur
Le critique d’art devenu une œuvre Snack King
MIKE & MIKE
Double Je
74
118 /
Genève, la belle en clock
62 /
88 /
FABRICE SCHAEFER
Petit bijou autour du cou... cou
58 /
74 /
112 /
Chapeau bas, Zabo !
L’art mur
62
HEIDI RŒTHLIN
Quand les contraires s’attirent...
Du carcan à l’ornement
Vous êtes bien urbain ! Tous aux abris !
106 /
Positive attitude
32 / GREETERS 58
EGEA
Le seigneur des anneaux
/ BAINS DES PÂQUIS Des gars, des eaux !!
38 / ATOMIQUES !
100 /
Mon fil, ma bataille
10 /
LÉMAN CITÉ Home Swiss home
SATIR
La France ne laissera pas Genève en rade...
156
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LARA PORTEUSE
Lara Ketterer, rédactrice en chef
Photo de couverture : © Victor Zastol’skiy - Fotolia ACTIVMAG (supplément mensuel d’Eco des Pays de Savoie) Les Papeteries - Image Factory - 3 Esplanade Augustin Aussedat - 74960 Cran-Gevrier - Tél : 04 50 05 64 30 I Directrice de la publication, rédactrice en chef : Lara Ketterer - l.ketterer@activmag.fr I Secrétaire de Rédaction : Victoire Barrucand - v.barrucand@activmag.fr Design, maquette, montage PAO : Sophie Caquineau, Pauline Lebeau, Olivier Baulet I Directeur Commercial : Pierre-Jean Nemoz 04 50 33 35 30 I Attachées commerciales Haute-Savoie : Muriel Chevallet-Gros 06 07 54 24 90 - Blandine Mathieu 06 60 60 24 94 - Sabine Long 06 61 06 24 31 I Attachées commerciales Savoie : Marjorie Lesca 06 60 08 24 92 - Agnès Desplantes 06 51 01 20 58 - Nathalie Attinault 04 50 33 11 04 - Sandrine Etard 06 61 06 24 34 I Rédaction : Emmanuel Allait - Victoire Barrucand - Diane Boccador - Virginie Bosc - Frédéric Charpentier - Pascale Chatillon - Agnès Gasiot - Christine Gil - Pascale Godin Mélanie Marullaz - Sophie Parmantier I Impression Imprimerie Brailly (69) I Distribution : Supp. de l’hebdo. Eco des Pays de Savoie. Marchands de journaux I ACTIVES SAS filiale de SOPREDA 2 SA Edition, rédaction, publicité - B.P. 9017 - 74990 ANNECY cedex 9 I
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MUSIQUES EN ÉTÉ
ESTIVALES EN SAVOIE
Du 3 juillet au 19 août, sur la scène Ella Fitzgerald au coeur du Parc La Grange ou dans la Cour de l’Hôtel de Ville, 36 concerts alterneront jeunes talents et artistes confirmés dans des styles aussi variés que le jazz, le classique, l’opéra de chambre et la country, la soul, le swing ou encore le rap.
Cerrone, père de l’électro moderne, ouvrira le festival. Se succèderont Christopher Cross, John McLaughlin, Earthwind&Fire Experience Featuring Al McKay Allstars, Ailey II (compagnie de danse new-yorkaise), sans oublier les locaux, Oskar&Viktor.
1ère édition de ce festival, en lieu et place des Noctibules. Un itinéraire de balade ponctué par quinze haltes artistiques et poétiques : construction monumentale en bambous, dîners improvisés dans différents parcs, concerts, cirques, œuvres, spectacles...
DU 3 JUILLET AU 19 AOÛT GENÈVE
DU 5 AU 22 JUILLET CHAMBÉRY
DU 9 AU 23 JUILLET ANNECY
De 10 à 40 CHF www.musiquesenete.ch
Gratuit www.estivalesensavoie.fr
Gratuit www.bonlieu-annecy.com
JAZZ, CLASSIQUE, OPÉRA, SOUL, RAP...
ELECTRO FUNK, THÉÂTRE MUSICAL, DISCO FUNK, POP ROCK, GROOVE...
DEAMBULE ARTS DE RUE
AGENDAS des Fêtes et Festivals GUITARE EN SCÈNE
MONTJOUX FESTIVAL
PALÉO FESTIVAL NYON
CHANSON FRANÇAISE, POP, ROCK, ELECTRO, FUNK
GROOVE, SOUL, REGGAE, ROCK, HIP HOP, ELECTRO...
Un anniversaire décennal pour ce festival, rencontre de talents entre ultimes tournées et jeunes artistes. Status Quo, Santana, Europe, Twisted Sister, Joe Satriani, Steve Vai, Dweezil Zappa, Shakra, Johnny Gallagher, Janice in the Noise...
3 soirées consacrées aux groupes actuels, internationaux ou de l’hexagone. Tryo, The Optimists, L.E.J., Moonroad, Culottes Courtes, Jetlakes, Brigitte, Cœur de Pirate, Jack’s Sound, Mickey3D, Lady Bazaar, Selah Sue.
Muse, Iron Maiden, The Chemical Brothers, Michel Polnareff, Massive Attack, Louise Attaque, Bastille, Les Insus, The Lumineers, Alain Souchon & Laurent Voulzy, Francis Cabrel, Boys Noize, Ibrahim Maalouf, Louane seront à l’affiche résolument éclectique du 41ème Paléo Festival Nyon.
DU 13 AU 17 JUILLET SAINT-JULIEN-EN GENEVOIS
DU 14 AU 16 JUILLET THONON-LES-BAINS
DU 19 AU 24 JUILLET NYON
De 30 à 250 e www.guitare-en-scene.com
De 26 à 78 e www.montjouxfestival.com
De 60 à 390 CHF www.paleo.ch
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PLEINS FEUX FESTIVAL
FOLK, BLUES, ROCK, HIP HOP, JAZZ, FUNK, WORLD MUSIC Abyssinie Club, Malted Milk&Toni Gree, Deluxe, The Two, Eric Bibb&JJ Milteau, Johnny Gallagher&the Boxtie, Charlie&the Soap Opera, Inna Modja, Caravan Palace.
PALP FESTIVAL
ROCK’N’POCHE
Cuvée exceptionnelle avec Arno, Mark Lanegan, Gui Boratto, Stephan Bodzin, Gregor Tresher, The Young Gods, Vieux Farka Touré, Coroner, La Yegros, Systema Solar, Jello Biafra, Beckers, Bye Beneco, Yellow Teeth, Charlotte parfois, Hannibal Slim & Captain Boogie, The Mondrians et bien d’autres.
Révélations de la scène française ou en passe de le devenir, compositions aux influences africaines, ou electro... Collectif 13, Hyphen Hyphen, Arno, Joey Starr and Nathy, The Bloody Beetroots, Debout sur le Zinc, Sinsémilia, Alborosie, Asian Dub Foundation...
TRADITIONS, CONCERTS, SPECTACLES...
ROCK, REGGAE, ÉLECTRO, DJ SET, PUNK, HIP HOP, WORLD MUSIC
DU 21 AU 23 JUILLET BONNEVILLE
DU 22 JUILLET AU 27 AOÛT MARTIGNY
DU 29 AU 30 JUILLET HABERE POCHE
Gratuit www.pleins-feux-festival.com
Gratuité selon activité www.palpfestival.ch
De 27 à 50 e www.rocknpoche.com
AGENDAS des Fêtes et Festivals LA ROCHE BLUEGRASS FESTIVAL
GENEVA LAKE FESTIVAL
FETE DU LAC
SPECTACLE PYROTECHNIQUE
Le meilleur du Bluegrass européen et des Etats-Unis dans les Alpes françaises. Rob Ickes & Trey Hensley, Front Country, Rapdigrass Quintet, Watson Bridge, Candy floss, West Wend, Covered Grass, Red Herring, East West, Cheerful Diligence, Mudd y Hill Boys…
Les Fêtes de Genève vous proposent un nouveau concept. Pendant 10 jours, le bord du lac rassemble le meilleur des soirées genevoises, une cuisine du monde pour ravir vos papilles et des attractions suscitant l’émerveillement des petits comme des grands. Le grand feu d’artifice du samedi 13 août à 22h offrira lui aussi son bouquet de nouveautés !
Annecy deviend la plus grande toile de projection pour cette nouvelle édition de la Fête du lac consacrée au 7ème art, celui de l’art cinématographique. Place à l’émotion, en revisitant les chefsd’œuvre du cinéma par des innovations pyrotechniques,
DU 4 AU 7 AOÛT LA ROCHE-SUR-FORON
DU 4 AU 14 AOÛT GENÈVE
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Gratuit www.larochebluegrass.fr
Gratuit, sauf feu d’artifice de 34 à 79 C www.fetesdegeneve.ch
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Crédits photo : © GAELLE LE BOULICAUT/ MAISON DE VACANCES
Mise en scène des créations
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5 rue de la poste . 74 000 Annecy Tél. +33 (0) 450 46 96 68 Du mardi au samedi : 10h - 12h / 14h - 19h . Parkings de la Poste ou de la Gare
www.scenedevie.com
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LÉMAN CITÉ
HOMESWISS AU CLASSEMENT MONDIAL DE LA QUALITÉ DE VIE, GENÈVE N'OCCUPE QUE LA 8ÈME PLACE. ET, HUMILIATION SUPRÊME, LOIN DERRIÈRE LA NUMÉRO 2, LA GRANDE RIVALE HELVÈTE, ZURICH L'ALÉMANIQUE. THE ECONOMIST EN FAIT MÊME UNE DES 3 VILLES LES PLUS ENNUYEUSES DU MONDE EN 2015, AVEC VANCOUVER ET VIENNE. BREF, UNE « ESCALADEV» DE QUALIFICATIFS PEU « VALAIS-RISANTS » POUR LES HABITANTS DE LA CITÉ DE CALVIN ! DE QUOI FAIRE UN « BERNEOUT ». SANS VERSOIX DANS LE GENÈVE-BASHING, L'OCCASION EST TROP BELLE ICI DE TORDRE LE COU À CES PRÉJUGÉS !
Par Emmanuel Allait
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©Leonid Andronov
ne austère Kalvingrad ? Ce surnom est apparu il y a quelques années quand des fermetures en série ont frappé la scène alternative genevoise. Une Genève nocturne, où les bars tirent le rideau tôt, et où les fêtards au visage plein de Cern se feraient rares. Une autre forme de la « fête du sleep »… l’alliance de l’austérité calviniste et soviétique. Dédé Hédiger, l’ancien maire communiste de Genève n’y est pour rien ! En revanche, la présence du réformateur protestant français au XVIème s’est traduite par un nouvel ordre moral et politique, souhaité sans doute par la bourgeoisie locale, mais peu propice aux bacchanales. Une ville « qu’a le vin », mais où l’ivresse est punie, les jeux et les danses interdits. Une ville où la lutte contre « la paillardise et la fornication, l’adultère, l’infanticide et la sodomie » est féroce… N’en jetez plus ! Une ville pasteur-isée qui, en plus, célèbre un jeûne annuel ! Qui Hallyday de faire de Genève
l’idole des jeûnes ? Cette tradition remonte au XVIème siècle, mais n’est pas particulière à la cité lémanique. Le Valais aussi se prive chaque année de « colla-Sion ». Finalement, là où il y a Gen’ève, il n’y a pas de plaisir… Pour The Economist, cela n’est guère surprenant. “Les villes qui tentent d’offrir une meilleure qualité de vie deviennent moins intéressantes”. Du coup, Genève souffre d’une représentation figée, entre parcs, jets d’eau, horloge florale et ONG. La ville est également réputée chère, aux loyers prohibitifs, et même jugée dangereuse par un magazine zurichois. UN « GEN’VOIS STAÏLE » ? Et du côté des habitants, le portrait ne semble pas très flatteur non plus. D’après une étude suisse, les Genevois seraient snobs, les Valaisans bornés, les Neuchâtelois peu sûrs d’eux. Et si Fri-
« Geneva has long suffered from its reputation as a somewhat dull, austere and arrogant city, partly as a result of its rich past. Yet, it is definitely worth visiting, and not only because of its water jet, its watchmakers or its chocolates… Those who take the time to appreciate it will discover a unique and peaceful atmosphere, an ideal setting for strolling. To put it in a nutshell: a top destination for a city break! »
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LÉMAN CITÉ
bourg est considéré comme le canton le plus accueillant pour les familles, après le Tessin, Genève se retrouve dernière du classement sur ce point ! Les humoristes ne se privent pas, d’ailleurs, de plaisanter sur ces stéréotypes, à l’instar de Laurent Nicolet, qui, parodiant le célèbre coréen Psy, a chanté le « Gen’vois staïle ». Le Genevois serait bavard, et râleur, notamment contre ce « 74 » qui provoque des embouteillages. Mais le reste de la Confédération pointe surtout l’ego surdimensionné des Genevois. “Il y avait autrefois un zoo à Genève. On a dû le fermer car les crocodiles déprimaient de ne pas avoir la plus grande gueule”, entendon parfois du côté de Lausanne, au fond d’un carnotz et, après quelques décis de Chasselat. Arrogants, hautains, donneurs de leçon, les héritiers de Calvin passent aussi pour coincés et avares. Sur le net, dans les forums, les blagues vont bon train. “Un sucre ou aucun ?”, demanderait la Genevoise de bonne famille quand elle offre une tasse de thé. Il faut dire que la cité-Etat, qui a toujours lutté pour son indépendance, détentrice d’une supériorité morale calviniste qui a rayon-
né sur une partie de l’Europe, est aujourd’hui une des principales villes internationales, abritant le deuxième siège de l’ONU. Sans parler de ce jet d’eau phallique géant qui jaillit à 140 m, véritable emblème de la ville. De quoi choper le melon, non ? DOLCE VITA VERSION SUISSE Emprisonnée entre Salève et Jura, la cité de Calvin est en effet « la plus petite des grandes métropoles », une « Calvin klein »... De la SDN et du fameux « esprit de Genève » cher à Aristide Briand, à l’ONU et l’OMC, en passant par les ONG et la Croix Rouge, la ville est une capitale diplomatique de premier plan.
“
LÀ OÙ IL Y A GEN’ÈVE, IL N’Y A PAS DE PLAISIR… POUR THE ECONOMIST, CELA N’EST GUÈRE SURPRENANT : “LES VILLES QUI TENTENT D’OFFRIR UNE MEILLEURE QUALITÉ DE VIE DEVIENNENT MOINS INTÉRESSANTES.
©Elenarts
”
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© Leonid Andronov
LÉMAN CITÉ
Une image internationale particulièrement soignée avec la future rénovation du Palais des Nations. Sans oublier le foisonnement artistique du quartier des Bains ou le réputé Mamco. Même le foot genevois revit depuis que le « Servette-éponge » ses dettes et retrouve des couleurs. Pour qui sait l’apprécier, Genève révèle toutes ses qualités, hyper reposante, calme, pleine de mouettes et de lieux branchés, mais pas trop. “Elle peut se comparer à une petite friandise délicate et rare”, écrit Titane Lacroix dans le livre « Genève à croquer en 7 balades ». On ne parle pas ici de la fameuse tarte aux pruneaux dégustée lors du « jeûne-vois ». Le city-break idéal. Flâner le long
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des quais, déambuler dans les parcs, humer l’atmosphère de la vieille ville... “De toutes les villes du monde, a dit Jorge Luis Borges, Genève me semble la plus propice au bonheur”. Un lieu romantique et paisible parfait pour les amoureux. Victor Hugo avait été séduit par Genève « admirablement située, et où il y a beaucoup de jolies femmes ». En somme, une ville accélérateur de « partie-cul », tant on est ici « Cern-é » de « plein pas laids »… Autant d’atouts qui contribuent au charme discret de la métropole helvétique. Les petits « Rousseau » font bien les grandes rivières. Dans le cercle des expatriés, ne dit-on dit pas “qu’on pleure en arrivant à Genève et qu’on pleure en la quittant” ?
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INDESTRUCTIBLES
PAS DE QUARTIER !
COINCÉ ENTRE LES VOIES FERRÉES DE CORNAVIN ET LA REMUANTE RUE DE LA SERVETTE, LE QUARTIER DES GROTTES EST CONVIVIAL COMME UNE ÉTREINTE DE RUGBYMAN, PALPITANT COMME UN CŒUR QUI EXULTE ET COMBATIF COMME UN IRRÉDUCTIBLE GAULOIS. POPULAIRE, CHAMARRÉ ET PITTORESQUE, C'EST AVANT TOUT UN QUARTIER EXTRÊMEMENT HUMAIN.
Par Mélanie Marullaz Photos: www.preenbulle.ch
GROTTES
Stuck between the busy Cornavin Railway Station and the hectic rue de la Servette, the area called « les Grottes » is a colourful, pittoresque working-class area. As friendly as a rugby player’s hug, it pounds like a buoyant heart and fights like an indomitable Gaul. It is, above all, very generous.
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PAS DE QUARTIER !
UN ENSEMBLE SCHTROUMPFEMENT AUDACIEUX
En 1981, au coin des rues Louis-Favre et Grand-Pré, un surprenant concept sort de terre et de la tête de l’architecte Christian Hunziker. Un château de sable tout en terrasses et en rondeur, inspiré de Gaudi : les Schtroumpfs. Ce surnom lui est donné par les habitants eux-mêmes qui trouvent conviviale et rigolote cette architecture en demi-lune, cette végétation, ces moulages et cette ferronnerie laissés à l’imagination des artisans, ces appartements tous différents. Rebecca Pittet, présidente de l’Association des Habitants des Schtroumpfs, y vit depuis 20 ans : “Quand je suis arrivée, on m’a dit : si vous laissez votre
P
Charlotte Floris
our rien au monde elle ne quitterait ce quartier. Charlotte Floris a 90 ans, elle n’est pourtant pas née dans les Grottes, n’y a pas vécu toute sa vie, mais « ce quartier, ça a été ma chance ». A son retour forcé d’Egypte, après la prise de pouvoir par Nasser, des amis lui trouvent un logement rue Chouet. Elle s’y plaît tant qu’elle en épouse la cause et cofonde, en 1976, l’Action Populaire au Grottes (APAG) : “Gfeller (ndlr : architecteurbaniste à la ville de Genève de 1974 à 2000) est venu nous dire que tout allait être rasé. Il fallait faire quelque chose, alors je suis allée frapper aux portes des gens pour leur expliquer. On a fait une maquette du projet qu’on a exposée sur la Place des Grottes pour faire comprendre à la population ce qui allait se passer”. Le projet ? Un ensemble hyper moderne type La Défense, de grandes tours et d’immenses dalles sous lesquelles se seraient organisés des routes, des parkings et la gare routière. Mais la résistance s’organise. L’APAG fait ouvrir les logements vides - près de 350 dans le quartier à l’époque - propriétés de la municipalité, et y installe illégalement des familles. A cette époque-là, Rémy Pagani, actuel conseiller administratif de Genève en charge des constructions et de l’aménagement, est assistant social employé par la Ville : “je devais m’occuper du déménagement des habitants des Grottes, mais beaucoup étaient âgés, il fallait les sortir de leur milieu, ce n’était pas convenable”.
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linge dans la machine à laver commune, en bas, vous verrez, vous le retrouverez pré-plié. Et c’est vrai ! C’est un quartier où les gens se parlent, sont ouverts sur les autres. Il y a un système d’échange : quand une famille s’agrandit, elle peut emménager dans l’appartement d’une autre famille dont les enfants ont quitté le foyer. Les gens ne veulent pas en partir… ou peut-être pour aller à la campagne, mais retourner dans un appart’ carré, c’est impossible! ” Les Schtroumpfs
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PAS DE QUARTIER !
Il quitte donc son poste pour militer aux côtés de Charlotte. “On a passé 10 ans extraordinaires, se rappelle-t-il, on a développé une crèche, mis en place un marché aux légumes, un bistrot… on a reremplit le quartier, en exigeant que les gens qui s’installent paient un loyer sur un compte bloqué, à disposition de la municipalité”. Les expulsions sont médiatisées, l’APAG sait communiquer, commence sérieusement à gêner. “Aux conseils municipaux, j’étais « la Dame en Vert », j’avais le droit d’écouter, mais pas de parler, raconte Charlotte Floris, j’enregistrais tout, mais on m’envoyait la police pour prendre mon enregistreur, on nous traitait comme des bandits, des criminels !” La mobilisation porte pourtant ses fruits : en plus d’initier un mouvement plus général de squats à Genève, l’APAG obtient le rejet du projet de plateforme en béton et la mise en place d’une stratégie de rénovation. TAUDION OU BASTION ? Ce n’est pas la première fois que les Grottes échappent à la démolition. Ebauché en même temps que la première gare Cornavin au milieu du 19ème siècle, le quartier est très vite considéré comme insalubre. Dès 1930, il n’est plus possible d’en déplacer la moindre pierre, car sa destruction est annoncée comme imminente. La municipalité s’est rendue propriétaire de tous les immeubles, afin de les raser et de les transformer en un centre d’affaires. Mais rien ne se fait. La gare, elle, est entièrement reconstruite, isolant encore davantage le quartier derrière la barrière ferroviaire. Il se développe alors sur lui-même à l’écart du centre, comme un village. Il passe au travers des projets de « réaménagement de taudis », réclamés par la classe ouvrière - à tel point que même le chauffage ne peut y être installé - et au travers des volontés de tracer de grands axes de circulation. On reparle ensuite de le faire disparaître dans les années 60. Les habitants restent pourtant stoïques, ils savent qu’à chaque élection, le devenir de leur quartier est remis sur le tapis, sans qu’aucun projet ne prenne sérieusement forme. Mais les constructions se détériorent. Dans les actualités de l’époque, cet ensemble « lépreux et misérable », avec ses ruelles étroites et ses maisonnettes délabrées, est comparé à Naples ou à un quartier louche de Marseille. Les années 70, leur projet béton pharaonique et la résistance qu’il suscite marquent donc un tournant décisif : oubliée la destruction, place à la rénovation. L’inventaire fait par l’APAG
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GROTTES ET DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE
Les habitants des Grottes savent faire entendre leur voix, c’est clair. Mais en 2009, la ville leur propose de s’impliquer plus encore avec la mise en place d’un contrat de quartier, une occasion d’exprimer leur vision, de réfléchir et de proposer des solutions pour améliorer le quartier. “On s’est pas mal impliqué dans l’aménagement des rues, des feux rouges, des patrouilles scolaires”, explique Sébastien Cramer, représentant des habitants. “On a régularisé le marché tous les jeudis de 4 à 8 et le réaménagement de la Place des Grottes suit son cours... au-delà de l’effervescence des projets, on reste tributaires du bon-vouloir de l’agenda politique.”
Rémy Pagani, passé aujourd’hui de l’autre côté des urnes, et grand défenseur de la démocratie participative, en voit lui aussi les limites. Il a lancé un concours pour l’aménagement d’un terrain vague, rue Louis-Favre : typologie des appartements, ouverture ou non des cuisines, les habitants ont été consultés sur tout, mais ils ont tiqué sur la hauteur du bâtiment prévu à 10 étages. Le conseiller administratif descend à 7, ils demandent 4, et refusent de voter à 5. Il jette l’éponge. La parcelle, qui devait être aménagée par la Ville de Genève est finalement allouée à la Fondation pour le Logement Social. “Aujourd’hui, les habitants seraient d’accord pour 5 étages, sourit Rémy Pagani, mais le projet n’est plus entre mes mains.”
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PAS DE QUARTIER !
pointe les constructions pourries et celles qui pourraient être rénovées, en ajoutant l’eau, le gaz et l’électricité parfois. “La volonté était de le sauvegarder comme valeur patrimoniale, résume Rémy Pagani, de préserver l’habitat populaire. Et c’est encore le cas aujourd’hui, avec une gérance immobilière municipale, les loyers sont modérés, et les critères d’entrée et de sortie très stricts.” DAVID ET GOLIATH Les années 80 voient la fin du mouvement de contestation et l’édification du nouvel ensemble, très étonnant, des Schtroumpfs (voir encadré). Les Grottes vivent alors quelques décennies de tranquillité. Mais en 2009, alors que les résidents viennent d’être incités par la Ville, via un projet pilote de contrat de quartier (voir encadré) à donner leur avis, ils sont alertés des intentions des CFF (les Chemins de Fer Fédéraux) d’agrandir la gare du côté de la Place de Montbrillant. Un projet qui entraînerait la démolition de 40 immeubles, 385 logements et la décomposition des Grottes. Le Collectif 500, émanant des habitants, voit alors le jour, et propose un projet alternatif de gare souterraine, imaginé par un expert ferroviaire domicilié lui-même dans le quartier. En 2014, le Conseil d’Etat annonce son soutien ferme et définitif à cette initiative, faisant plier le Goliath des réseaux ferrés : l’extension
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de Cornavin sera souterraine ou ne sera pas. Une fois de plus, les Grottes ont résisté… A quand la prochaine attaque ?
Didier Arnoux & Sébastien Kramer
UN QUARTIER COMBATIF, OUI, MAIS FESTIF SURTOUT !
Si le combat a renforcé la cohésion du quartier, la fête l’a rendue plus solide encore. Dès les années 80, y règne une ambiance décalée. Mais depuis 2000, LE grand moment de rencontre dans les Grottes, c’est « Jours de Fête », un week-end de mai pendant lequel les habitants sont invités à descendre dans la rue, pour se l’approprier et l’animer. “Dès le début, il y a 16 ans, entre 20 et 25 associations du quartier ont participé ”, se rappelle Didier Arnoux, animateur permanent de Pré en Bulle, l’association pour l’animation du quartier. “De par son histoire et les enjeux de démolition, le tissu associatif est très présent. Nous, on est le trait d’union et la logistique, c’est donc une fête autogérée à 70% ”.
Les équipes de Pré en Bulle investissent aussi le quartier tout au long de l’année, vont à la rencontre des habitants, prennent les enfants en charge sous les préaux après l’école et apportent un grain de loufoquerie : soirées Grottesques, Tiercé des Grottes, Tour du quartier en ski de fond… les Grottes ne s’enterrent pas !
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Par Pascale Godin
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©Fausto Pluchinotta
and je suis là, tu vois, je me sens en vacances !” Serge balaie la rade d’un geste de la main. La buvette des Bains est bondée, une foule multicolore babille sur la jetée. Un saxophoniste susurre quelques notes près de l’eau. Des djembés rythment la mélodie, étouffée par les rires des baigneurs. Les Bains des Pâquis flottent sur le quai du Mont Blanc, ils appartiennent à l’histoire de la ville. Et revendiquent leur dimension populaire depuis le 19ème siècle. Mais ils nagent à quelques encablures des hôtels luxueux. Et dans les années 80, ils peinent à se maintenir à flots. Une belle occasion pour Nessim Gaon. Le promo-
teur, propriétaire du Noga Hilton, rêve d’en faire un lieu prestigieux. Seulement voilà. Le projet, restaurant chic et piscines chauffées, jette la convivialité populaire avec l’eau des Bains. LES GENEVOIS FONT DES VAGUES … Pas question. Un groupe d’usagers s’organise autour d’un référendum, les Genevois battent le pavé des rues, pêchent les signatures. Philippe Constantin, Coordinateur de l’Association des Usagers des Bains des Pâquis (AUBP), se jette à l’eau. Il n’est pas le seul : “Beaucoup de Genevois
Both summer and winter, The Bains des Pâquis is one of the most popular spot in Geneva. The baths have been saved in the eighties by an association of residents. Since then, the spot lives all year long with leasures, exhibitions and festivals. And is both a socialising and cultural venue.
se sont mobilisés. Et beaucoup d’artistes, des gens du cinéma, du théâtre, des graphistes, des musiciens… ”. Le Conseil Municipal oppose à l’AUBP l’état déplorable des structures. Affirme qu’il vaut mieux détruire pour reconstruire. Pas dupe, l’association contre-attaque, s’entoure d’un groupe d’architectes et d’ingénieurs. Rénover, c’est possible. Et moins coûteux. Au final, le résultat du référendum noie le projet de destruction. 72% des habitants votent pour la préservation. Son esthétique années 30, son parfum populaire survivront. L’AUBP en reprend la gestion en 1987, et embarque les riverains pour une autre croisière. 7 jours sur 7, 365 jours par an, les Bains des Pâquis mettent le cap sur les loisirs, le sport, la culture : “Du jour au lendemain, les politiques sont venus avec les clefs des bains et nous ont dit « vous voulez les Bains ? Allez-y !”, s’amuse Philippe Constantin. “Au début, on nous appelait le village des indiens ! Personne n’avait les compétences dans l’association, personne n’était formé à gérer un tel endroit !” 6500 m2, un sacré paquebot. Pas sûr que la croisière s’amuse.
©Ian Ashford
BAINS DES PÂQUIS
Au début, les Bains nagent en eaux troubles. L’association des usagers doit diriger des courants contraires dans la même direction. Pas évident. Ses membres doivent apprendre à gérer un budget, à coordonner des travaux, à créer un planning d’activités. Philippe Constantin relativise les difficultés : “Il y a eu des périodes de crises, des querelles, des moments épiques !”. Il hausse les épaules. “Mais c’est la vie d’une association. Dans le comité de gestion, il y a un grand banquier, des personnes au RMI, des retraités de professions libérales et de professions ouvrières ! Un tel panachage amène forcément des divergences. Mais au final, nous parvenons toujours à un consensus.” L’AUBP ouvre un premier sauna, organise peu à peu les Bains autour d’un programme. Les habitants ne se doutent pas de l’ampleur de la tâche. Ils savourent un précieux souvenir sauvé des eaux, les Bains sont à eux. Vicky, habituée des premiers jours, évoque une ambiance joyeuse, festive : “On venait jouer à la pétanque à l’automne, on se faisait masser en hiver, c’était nouveau ! Et surtout, nous avions preservé l’esprit des lieux, c’était vraiment la fête !”
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©Fausto Pluchinotta.
…ET L’ASSOCIATION MOUILLE LE MAILLOT
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BAINS DES PÂQUIS
LE GRAND BAIN La fête perdure. Désormais inscrits à l’Inventaire suisse des biens culturels, les Bains godillent entre farniente et manifestations. Expositions, concours littéraires, apéros poétiques, aubes musicales, les bénévoles de l’AUBP pêchent l’art de vivre à l’épuisette. Sans jamais s’épuiser: “Cette dimension bénévole est une exception !”, se réjouit Philippe Constantin. “De grandes plumes, des photographes et des illustrateurs célèbres collaborent à notre journal sans être payés. Et ça n’est qu’un exemple ! Les gens savent que nous tenons grâce au bénévolat”. Il faut bien vivre. Payer les manifestations, entretenir les lieux. Pour un budget de fonctionnement d’environ 1,8 million, les Bains perçoivent
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240 000 francs de la ville de Genève. Restent les levées de fond, les cotisations à l’association, l’accès payant aux Bains. 2 francs pour les adultes, 1 franc pour les enfants. Une paille : “Nous sommes allés à contre courant en réduisant le prix de l’abonnement saisonnier. Et ça a cartonné, nous avons gagné de l’argent ! C’est une volonté, il faut que les Bains soient accessibles à tous. C’est une question d’équité !”. 24 000 fans sur les réseaux sociaux, 1 million de visiteurs par an, une mixité à tous les étages. A 69 ans, Vicky savoure sa retraite de fonctionnaire au soleil des Bains pendant que Serge, banquier, picore sa salade grecque à la buvette. Sous la cravate, la plage. + d’infos : www.bains-des-paquis.ch
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MYSTÈRES &TOBLERONE JE SUIS RESTÉE GAMINE. LA BALLE AU PRISONNIER, QUEL PIED ! LES CHASSES AUX TRÉSORS, J'ADORE ! LES JEUX DE PISTES, JE KIFFE. Y'A-T-IL DONC OCCASION PLUS RÊVÉE POUR MOI QUE DE DÉCOUVRIR GENÈVE À L'OCCASION D'UN JEU ? MISS MARPLE, VÉRA DINKLEY ET JENNIFER HART SONT AVEC MOI. PERCERONS-NOUS LE MYSTÈRE : « GENÈVOULU QUE TOI » ?
Par Mélanie Marullaz
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JEUX DE PISTE
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endez-vous sur les marches de l’Uni, en plein cœur du Parc des Bastions. Le soleil brille, les oiseaux chantent et les futures mariées enterrent leur vie de jeune fille en résolvant des énigmes dans les rues de Genève. Les quatuors d’enquêteurs sont déjà formés, mais un consortium MSF-OMS, composé de l’Américaine Kate, la Canadienne Stéphanie, la Berrichonne Juliette et l’Annécienne Elsa, m’accepte en son sein. Notre équipe prend le doux nom de Zika, déformation professionnelle. Les organisateurs de QVP Genève (Qui veut pister Genève ?) nous confient alors une sacoche équipée d’une paire de jumelles, d’une loupe, d’un mètre et d’un miroir pour suivre les aventures amoureuses et malheureuses de Jenny Vah - clin d’œil appuyé - dans la Vieille Ville et les Rues Basses. Le pitch : Jenny est à la recherche de l’âme sœur et fait appel aux services de Claire, une spécialiste du cœur. Cette dernière l’aide en effet à trouver l’homme de ses rêves, mais leur histoire tourne au vinaigre et Jenny vient de déposer une plainte au commissariat. Qu’a-t-il donc bien pu se passer ? Tenues en haleine par ce suspens insoutenable, nous écoutons d’une oreille distraite les dernières consignes : “n’appelez qu’en cas d’extrême urgence ou il vous en coûtera 5 points ; ne sollicitez pas les commerçants, de toute façon, ils n’ont pas les réponses ; ne traversez pas en dehors des passages piétons…” - et nous nous lançons, sans courir non plus, sur les traces de Jenny Vah. Nous sommes là pour nous amuser tout en nous promenant, alors que certaines équipes, à l’esprit de compétition bien plus affirmé, combinent enquête et course de fond, ne nous laissant apercevoir qu’un nuage de poussière à l’horizon. ENQUÊTE EXCLUSIVE Road book en main, GPS à l’écran - non ce n’est pas de la triche, c’est juste pour ne pas se perdre, nos investigations nous mènent du Victoria Hall à la Synagogue, du cimetière des Rois à Plainpalais jusqu’à la Place du Bourg-de-Four et la Cathédrale St Pierre, de la
Place du Môlard au Conservatoire de Musique… Tout en apprenant des faits marquants de l’histoire genevoise, nous découvrons des trésors cachés, des détails insolites, comme la charmante petite Place Bémont ou cette mosaïque représentant Poséïdon, au pied du Passage des-degrés-de-Poule. Le nez en l’air, nous collectons quand même des informations sur notre suspect, sa taille, sa chevelure, ses signes distinctifs et la nature de son méfait. Nous nous trouvons extrêmement perspicaces à chaque nouvelle découverte et finissons pas nous prendre vraiment au jeu : nous ne nous arrêtons pas trop longtemps devant un indice, car les autres nous talonnent, nous baissons la voix quand ils approchent, nous hésitons à leur communiquer une information qui nous a fait gagner un temps précieux… Faisant fi des consignes de sécurité et de la rigueur helvétique, nous traversons même la rue comme des furies en dehors des passages piétons - avec 3 Françaises sur 5 membres, notre équipe ne peut pas non plus être totalement disciplinée… CACHE INVESTIGATION Assoiffées, affamées, un peu fourbues, mais plutôt satisfaites de notre prestation, nous retrouvons l’animatrice du jeu et le reste des troupes après 2 heures de promenade et de réflexion… Mais l’équipe des marathoniennes nous a mis plus d’une demi-heure dans la vue, tant pis pour le bonus temps. Notre vivacité d’esprit ne fera pas non plus la différence, elles gagnent le défi haut la main. Autour d’un verre, nous profitons de la vue sur la promenade de la Treille et ses 126 mètres de banc - le plus long au monde ! J’aurais au moins retenu ça - et nous accordons toutes sur un point : si Jenny Vah ne nous a rien appris sur les hommes, elle nous a révélé certains secrets d’une ville que nous pensions connaître, mais qui n’a décidément pas encore fini de nous étonner… + d’infos : www.quiveutpistergeneve.ch Jeux de piste pour découvrir Genève de façon ludique, destinés aux adultes tous les samedis après-midi, sur inscription, seul ou en groupe, 20 CHF par participant.
I am still such a kid… playing dodge ball I have a ball, playing red rover I roar with laughter, for a treasure hunt, i might pull a stunt… Would there then be any better way than a game for me to discover Geneva city ? Miss Marple, Velma Dinkley and Jennifer Hart are with me, we are going to solve a swiss mystery…
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VOUS ÊTES BIEN URBAIN !
LE TOURISME PARTICIPATIF ESSAIME À GENÈVE. LE PHÉNOMÈNE GREETERS
BAT LE PAVÉ DE LA VILLE ET CRÉE DU LIEN EN VALORISANT LE TERRITOIRE. POUR UNE FOIS QU'ON ADORE SE FAIRE BALADER ! Par Pascale Godin
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GREETERS
1992
la New-Yorkaise Lynn Brooks est frustrée. Sa ville a mauvaise presse. Son image inquiète les touristes, ils rechignent à s’écarter des trottoirs battus. Mais Lynn adore la diversité de sa mégapole. Pour faire découvrir son New-York intime aux visiteurs, elle fonde « Big Apple Greeter » avec quelques amis. Et aujourd’hui, une cinquantaine de destinations, dont Genève, se regroupent sous la bannière du Global Greeters Network.
LE FEU AU LOCAL
© Shaider
“Bienvenue à Genève !” Plantés dans la chaleur de l’île Rousseau, Silvia et Nicolas amorcent la balade : “La ville souffre de préjugés”, confie Silvia. “La plupart des gens pensent que les Genevois ne sont pas sympas. Mais quand tu traverses une ville au pas de course avec un tour operator, quand est-ce que tu rencontres les autochtones ?”. L’association « Geneva Greeters » compte aujourd’hui 25 bénévoles de tous âges et de toutes professions. Des passionnés,
Greeters are volunteers that love their city so much that they want to show their place to you. In Geneva, as everywhere, Greeters can show you special places that have a personal meaning to them. They can also show things visitors specifically ask for such as parks, the best shopping spots, architecture marvels or city specific hidden treasures. For free !
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GREETERS
“
LES GUIDES PROFESSIONNELS TRAVAILLENT AVEC DES GROUPES, ILS APPORTENT DES CONNAISSANCES HISTORIQUES SUR LA VILLE QUE NOUS N’AVONS PAS. NOUS, LES GREETERS, C’EST LE CÔTÉ HUMAIN.
”
Silvia, greeter, avec des touristes d’Afrique du Sud
réunis par Alain Hirt, un jeune cadre de 32 ans. Passé par l’EM Lyon et les grandes entreprises, il découvre le phénomène greeters au cours d’une formation tourisme. Un vrai déclic : “Le nouveau luxe est d’avoir des expériences immersives. Se sentir comme un local. Aujourd’hui, les gens veulent découvrir cet aspect social. Et les habitants ont envie de partager leur expérience. Je pense qu’impliquer la population participe au succès d’une ville”. VALORISER UN TERRITOIRE En organisant leurs propres jeux de pistes, les greeters boostent des zones oubliées des guides touristiques. Là où la vraie vie s’anime. A Carouge, Nicolas préfère la brasserie populaire aux petits cafés hipsters. L’étudiant en architecture pointe du doigt les bâtiments modernes : “Cette zone est architecturalement très parlante, elle marque la jonction entre le Carouge bohème et le Carouge des grands ensembles. Ce point montre une évolution. Il y a peu de chances que des touristes le découvrent par eux-mêmes ! ” Des guides d’un nouveau genre ? Oui. Et non. Les greeters ne remplacent pas les guides professionnels, Silvia clarifie la polémique : “Les guides professionnels apportent des connaissances historiques que nous n’avons pas. Nous, c’est le côté humain. On nous pose très vite des questions du quotidien. Où je fais mes courses, où je paie mes impôts, comment je fais pour aller travailler… C’est d’autant plus clair que nous n’avons aucune obligation de rendement !
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COCORICO ! En termes d’accueil touristique, la réputation des Français penche plutôt du côté obscur de la force. Mais côté greeters, l’hexagone est l’un des pays les plus actifs du globe !
• 1 250 greeters bénévoles • 41 villes/régions de France • 9 300 demandes de balades reçues • 5 300 balades effectuées • 13 000 visiteurs accueillis
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GREETERS
Notre balade est une rencontre informelle et amicale”. Amicale, et totalement gratuite. Pas question de faire circuler du cash, libres aux « greetés » de faire un don à l’association : “On ne veut surtout pas de cash, ça tuerait l’esprit !”.” EN ROUE LIBRE ! Les greeters consacrent le temps qu’ils veulent à leurs visiteurs. Silvia va rarement au-delà d’une visite par mois. Sauf si elle découvre un profil qui lui plaît vraiment : “Tous les cas de figures sont possibles, ça marche comme ça ! Et c’est aussi du lien entre nous. C’est pour cette raison que nous ne souhaitons pas que l’association grandisse trop. Au-delà d’une cinquantaine de greeters, on ne se connaîtrait plus…”. Nicolas et Silvia glissent une boîte de chocolat sur la table. Suisse, évidemment. Leur cadeau de bienvenue. La terrasse du café s’anime, l’heure est douce, la bière fraîche. Bienvenue à Genève... + d’infos : genevagreeters.ch I lyoncitygreeter.ch I globalgreeternetwork.ch
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CAMPEUR ET SANS REPROCHES ! Le tourisme participatif s’oppose au tourisme de masse. La population contribue aux activités touristiques du territoire et implique les visiteurs dans la vie locale. Le sens de l’hospitalité prévaut. Et tisse du lien entre résidents et voyageurs. Le gamping (contraction de « garden » et « camping »), ou comment accueillir des touristes dans son jardin, est une autre forme de tourisme participatif. A Vallorcine, en Haute-Savoie, Samuel met son terrain à disposition des randonneurs de passage et pour lui, c’est une évidence : “C’est dans l’ordre des choses ! Je suis sur un site de gamping et j’ai mis un panneau devant la maison. Les randonneurs peuvent planter leur tente dans le jardin, il y a des boissons fraîches dans le bassin, des légumes dans le potager. Ils se servent et s’ils veulent laisser quelque chose, il y a une boîte de conserve à l’entrée du terrain. On passe des soirées sympas ! ” + d’infos : www.campedansmonjardin.com
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Par Mélanie Marullaz
Cheese, chocolate and fallout shelters are Switzerland’s cornerstones. With 1,14 sheltered place for every citizen, the country could accommodate more than its own population. Worrying music, hypnotic black and white spiral, try this speculative fiction exercise : you live in Geneva, it is the end of the World, welcome to the Twilight Zone.
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ATOMIQUES !
L
SANG-FROID ET DISCIPLINE Hypothèse : si le nombre de pièces habitables de votre logement était inférieur à 5, si vous n’aviez pas de sous-sol, ou si le devis de votre abri privé dépassait les 5% du prix de construction de votre maison, vous n’auriez pas d’abri, et vous rejoindriez l’un des nombreux abris publics que votre contribution de remplacement aurait servi à financer. Mais ce n’est pas le cas. Votre sous-sol en béton armé, validé par les équipes d’Alain Bajulaz, est parfaitement aux normes : 2,5 m3 par personne, même si le petit dernier
©Mélanie Marullaz
a sirène retentit. Nous ne sommes pas le 1er mercredi de février, il ne s’agit pas d’un test du réseau - premiers réflexes avant de céder à la panique : écouter la radio, par laquelle seront données toutes les consignes, ne pas téléphoner, puis se diriger vers son abri. “Avant, il y avait des abris partout, à la maison, sur les lieux de travail”, explique Alain Bajulaz, responsable constructions et alarmes, Secteur Protection Civile pour le Canton de Genève. “Mais au milieu des années 90, il a été décidé d’en construire uniquement sous les lieux d’habitation”. Sur le canton, il se construit entre 2 et 3000 places d’abri par an. Le citoyen suisse n’est pourtant pas plus parano que ses voisins, mais il a l’obligation légale de « disposer d’une place protégée dans un abri situé à proximité de son lieu d’habitation et atteignable dans un délai raisonnable », c’est la loi fédérale qui le dit*. Il a bien été question de lever cette obligation en 2011, mais la catastrophe de Fukushima a remis la Protection Civile au centre des préoccupations. Dans une version allégée de la législation, les propriétaires doivent donc continuer à construire des abris dans les zones qui en manquent. Car malgré l’excellent taux de couverture à l’échelle nationale, quelque 900 communes accuseraient actuellement un déficit, dont Genève : “le taux de couverture ici avoisine les 75%, précise Alain Bajulaz, car les vieux bâtiments ne sont pas pourvus d’abris et les vraies normes datent de 1966, avec les portes blindées et les appareils de ventilation”. Plan-les-Ouates
ne prend pas autant de place, un ventilateur et un filtre à gaz, des couchettes en bois, qui servent actuellement d’étagères, et des toilettes sèches. Il vous faudra quelques heures pour le préparer, car pour le moment, il fait office de garage à vélos. “Ce n’est pas un espace vide, c’est avant tout une pièce utilitaire, rappelle Alain Bajulaz, un dépôt, une cave, peut-être une buanderie, qui se transforme en cas de nécessité.” Pendant que vous y vérifiez les provisions pour 14 jours, la mallette de secours, les piles, les bou-
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ATOMIQUES !
gies, les équipes de la Protection Civile s’organisent. Comme au PC Jacques-Grosselin de Carouge. Cuisine, réfectoire, sanitaires… ce poste de commandement et d’attente, de 700 m2, construit en 1974, est prévu pour accueillir une cinquantaine de personnes, notamment les « pionniers », qui se rendront sur les décombres pour porter assistance à la population. “Ils viennent en formation chaque année”, explique Thierry Pasche, responsable de l’Office de la protection civile de Carouge, “et nous nous réunissons chaque mois ici pour contrôler les lieux, effectuer la mise à jour du matériel, nous assurer que le PC reste en veille.” Sur les murs, les dessins de l’illustrateur Carougeois Gérald Poussin apportent une note de gaité, mais c’est une exception. Pas de fantaisie dans les abris, même celui de la résidence du Roi Fadh, sur-dimensionné sa chambre seule pourrait accueillir 50 personnes, n’est pas peint, car la peinture cacherait d’éventuels fissures, ou agrémenté de doreries, qui représenteraient un danger en cas de déflagration. A CHACUN SA PLACE Mais le PC Jacques-Grosselin n’est pas un centre de secours. Les blessés, eux, seront re-dirigés vers l’un des 5 centres sanitaires protégés, comme celui de Plan-les-Ouates. Des hôpitaux de dimensions restreintes : 128 lits en moyenne, équipés d’un bloc opératoire, de lits médicalisés, permettant ainsi de pratiquer des interventions chirurgicales simples. Il y a aussi les grosses unités d’hôpital protégées sous les HUG par exemple, pour les cas plus sérieux, et la PBC, Protection des Biens Culturels, comme l’herbier sur 3 niveaux du Jardin Botanique, qui n’accueillera jamais des personnes, mais abrite déjà plusieurs variétés de plantes. Bref, toute une vie, qui s’organise en souterrain. Conclusion : en tant que voisin suisse, vous méritez donc que nous vous ménagions, car en cas de 3ème Guerre Mondiale, d’éradication de toute forme humaine à la surface de la planète, il ne restera que vous pour la repeupler. Mais ce n’est qu’un exercice de spéculati-fiction… * Loi Fédérale sur la Protection de la Population et sur la Protection Civile (LPPC) du 4 Octobre 2002
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Le Null Stern Hotel de Teufen converti en musée.
ABRIS RE-QUALIFIÉS
Si les particuliers sont autorisés à transformer leur abri privé en cave ou même chambre forte, à condition que le dispositif soit agréé par l’Office Fédéral de la Protection Civile, certains ont poussé l’aménagement plus loin. En 2009 à Teufen, dans le Canton d’Appenzell, un abri a été converti en hôtel « eco-luxury » : entre tourisme et concept artistique, cet établissement « Zéro Etoile » (Null Stern Hotel) se voulait une réponse à la folie du luxe et au gigantisme de l'hôtellerie « avec beaucoup d’étoiles ». Il est aujourd’hui devenu un musée. Dans une version beaucoup plus terre-à-terre, pendant l'hiver, certains abris de la Protection civile accueillent des personnes sans domicile fixe (1200 en moyenne chaque année) qui viennent y passer la nuit au chaud et prendre un repas. Mais depuis 2015, l’afflux de demandeurs d’asile a abouti à l’ouverture de six autres PC à l’année. Ces ouvertures suscitent des polémiques à la fois du côté des requérants, qui réclament de meilleures conditions d’accueil, et des partis radicaux de droite, comme le MCG, qui demandent leur évacuation, craignant un accident nucléaire du côté de la centrale du Bugey.
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L'USINE KUGLER S'EXTIRPE DE SON PASSÉ INDUSTRIEL. APRÈS UNE LONGUE BATAILLE, ELLE ABRITE AUJOURD'HUI 9 ASSOCIATIONS D'ARTISTES. ENTRE PRESSION IMMOBILIÈRE ET DIFFICULTÉS FINANCIÈRES, ELLES SE FÉDÈRENT POUR CONSERVER LES LOCAUX.
Par Pascale Godin - Photos : Estelle Perdu
POINT DE JONCTION
L
a vieille cheminée de brique indique l’emplacement du trésor. Entre le Rhône et l’Arve, à la pointe de la Jonction, l’usine Kugler troque son passé industriel contre un présent d’artistes. Plus de 200 d’entre eux créent dans les murs de l’ancienne fabrique. Des plasticiens, des photographes, des peintres et des sculpteurs, des graphistes, des stylistes. L’entrée rue de la Truite éclaire des murs écaillés, des plantes vertes, un sol inégal. Un dédale de couloirs et de passerelles chemine autour de la cheminée fétiche. Mais l’ambiance paisible, studieuse, masque un futur incertain. Kugler est un colosse fragile.
Kugler factory is not what it seems. More than 200 artists work today in the old building. The story starts in 1996. Since then, art is growing around the old industrial chimney. But the struggle to keep the factory is not over. 9 associations fight today, hand in hand, to stay indoor.
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USINE KUGLER
DU SQ U AT DAN S LES TU YAU X En 1996, la famille Kugler vend son usine de robinetterie à l’Etat de Genève. La ville attribue une partie des locaux à 2 associations, une autre à l’Ecole supérieure des beaux-arts de Genève. Mais toute la partie avant, la plus délabrée, reste vide, inutilisée. Une porte ouverte aux squatters. Ils s’installent, la situation dégénère. Grandes fêtes, musique et bruits à tous les étages, le quartier gronde. En 2002, un incendie minime, mais très opportun, stoppe net toutes les activités de la Kugler. L’Etat de Genève sécurise les lieux et les barricade. Un bras de fer s’engage avec les squatters, qui se fédèrent en 6 associations pour mieux combattre. L’union fait la force. Et sous la pression du collectif, l’Etat accepte de leur louer les locaux pour un bail renouvelable. LES AR TS ET LA N ÉCESSITÉ Le bâtiment est brut, sans aménagement, jonché de détritus. Pendant des mois, les nouveaux résidents nettoient, récurent, consolident. Ils cloisonnent pour diviser les espaces, détournent les souffleries de l’usine pour installer l’eau chaude et le chauf-
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fage central. A leurs frais. Le statut d’artiste enfouit peu à peu celui de squatter. Les relations avec les habitants de la Jonction s’améliorent, les créateurs multiplient les rencontres, organisent des expositions. Harry Janka, peintre et président de l’association Cheminée Nord, souligne l’importance du chantier : “Tout l’ensemble devenait un projet global, on en oubliait notre propre travail ! Kugler est un des derniers bastions de ce genre. A Genève, mais aussi dans toute la Suisse !” L’ancienne usine devient un village. Un labyrinthe où les arts croisent le fer avec l’industrie. Et la famille Kugler, enchantée que son nom perdure à travers les artistes, soutient les associations. U N FU TU R FR AG ILE Pour l’artiste, Kugler est vital. Maria Bill, peintre et vice-présidente de Cheminée Nord, en précise l’importance : “Le collectif rompt la solitude, les échanges sont stimulants. La pluridisciplinarité permet de confronter des points de vue différents, et l’aspect brut de l’usine aiguise l’imagination. Nous investissons beaucoup d’énergie pour le faire vivre et nous sentir à l’aise.” Oui mais. La
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USINE KUGLER
situation géographique du bâtiment en fait un enjeu immobilier important. Des projets essaiment régulièrement, sans aboutir. La presqu’île gorgée d’eau, entre l’Arve et le Rhône, complique la donne. Récemment, le projet d’un parc dans la continuité des berges du Rhône retient l’attention des résidents. Il préserverait l’usine et ses activités. Mais le danger immobilier persiste. FO N DR E PO U R R ASSEM BLER En 2011, la Fédération des Artistes de Kugler (FAK) ouvre la Fonderie, un vaste espace culturel. En développant des expositions ouvertes au public, des concerts, des performances, en favorisant les rencontres pluridisciplinaires, la Fonderie tente de pérenniser les bâtiments et de préserver l’activité artistique de Kugler. Enthousiasmant, mais compliqué : “Le fonctionnement coûte globalement 40 000 francs et nous avons très peu de subventions”, déplorent Stéphanie Prizeni et Chloé Peytermann, membres du bureau de la Fonderie. “En étant dans des locaux appartenant à l’état, nous sommes hybrides et c’est compliqué pour la ville de nous subventionner. Mais nous sommes reconnus comme acteurs culturels à Genève et nous sommes aujourd’hui en dialogue”. Tout en préservant son principe fondateur, la Fonderie s’ouvre
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à des activités plus accessibles. Et le marché des créateurs attire les Genevois : “Nous aimons ce mélange d’évènements conceptuels et d’activités plus « populaires »”, s’enthousiasment Stéphanie et Chloé. “Tout le monde est bienvenu, ça rassemble et ça nous ressemble ! ” L’enjeu est important, il contribue à la visibilité du lieu. Et établit un véritable lien entre les artistes et les Genevois. Un trésor fédérateur autour d’une grande cheminée, un vrai symbole. + d ’infos :www.usinekug ler.ch
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MAMCO
LE MAMCO EST À L'AISE DANS L'ANCIENNE USI NE SIP. EN DÉMOCRATISANT L'ART MODERNE, EN DÉSACRALISANT LES ŒUVRES, LE MUSÉE SÉDUIT LES GENEVOIS DEPUIS 22 ANS. Par Pascale Godin
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n 1973, Genève boude l’art contemporain. Pas par choix, pas par réticence. Simplement, la ville n’en saisit pas encore tout le potentiel. Mais pour Charles Goerg et Reiner Michael Mason, c’est une erreur politique. En l’exposant au musée Ratt, les conservateurs du Musée d’Art et d’Histoire et du Cabinet des Estampes sortent l’art moderne de la marge. Affaire d’intellectuels passionnés ? Pas seulement. Le public plébiscite l’exposition, il en redemande. Charles Goerg et Reiner Michael Mason se frottent les mains. En créant l’Association pour la création d’un Musée d’Art Moderne (Amam), ils transforment le succès en projet.
Museum of Modern and Contemporary Art is situated in a 4 stories building, originally a physical laboratory, remade into a museum in a little untraditional way. The museum is stylish, modern, different. Dragging the viewer inside of the artist’s world, inducing him to new points of view and new perspectives and making him wonder.
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MAMCO
“
L’ART CONTEMPORAIN NE SE DONNE PAS, IL SE PREND ! LA FABRIQUE DE L’ART
Créer un musée, d’accord. Mais où ? Les locaux de la SIP (Société d’Instruments de Physiques), une friche industrielle en plein cœur de Genève, incarnent un certain idéal. Une évidence pour Françoise Ninghetto, directrice-adjointe du Mamco et membre de l’association : “Au début des années 80, l’art contemporain s’exposait fréquemment dans ce type de bâtiment, il lui fallait de l’espace. Et certains courants, l’Arte Povera ou l’Art Minimal, créaient avec des matériaux industriels. Il y avait une cohérence”.
L’association se bat pour que la ville rachète la friche. Pas évident. Genève se fait tirer l’oreille. Mais l’Amam obtient gain de cause sur une anecdote. Françoise Ninghetto en sourit encore : “Un conseiller municipal possédait une collec-
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”
tion de voitures. Il pensait qu’une partie du bâtiment pourrait l’abriter. C’est ce qui a fait pencher la balance ! Il y a donc eu, pendant quelques années, un musée de l’automobile, de la moto et du cycle dans les locaux de la SIP !” L’aménagement du bâ-
timent reste à la charge de l’association, il faut pêcher des capitaux. En 1991, la création de la Fondation Mamco réunit 7 partenaires privés. Dont Philippe Nordmann, Président de la holding Maus Frères SA. Tous sont amateurs d’art et de culture : “Mais ils étaient d’abord des citoyens, impliqués dans la vie de la cité, convaincus de l’importance de cette structure pour la ville !”, se souvient la directrice-adjointe. “Ils ont avancé l’argent, payé les transformations et les salaires.” En 1994, la
Mamco ouvre ses portes, l’Amam devient Amamco. Le public genevois découvre enfin son musée d’art contemporain. Et applaudit.
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MAMCO
L’ACCES, PAS L’EXCES
Le Mamco reste un cas à part. Le bâtiment sent l’huile, les traces des anciennes machines rayent le sol de béton, des éclats de fer poinçonnent les escaliers sous les horloges industrielles : “Dans les années 90, beaucoup de musées ont été créés autour de gestes architecturaux. L’objet, et son architecte, en étaient les stars. Le Mamco prend le contrepied”, précise Paul Bernard, Conservateur au Mamco. “Christian Bernard, son Directeur, était anti « white cube ». Il ne voulait pas de salle blanche immaculée, pour montrer un chef-d’œuvre devant lequel on vient se recueillir”. Volonté assumée. Pendant 20 ans, Christian Bernard
plie les 3500 m2 du musée à sa vision. Il n’aime effectivement pas l’idée de chef-d’œuvre. Il pense plutôt le bâtiment en succession d’appartements, aménage même un atelier pour l’artiste plasticien Sarkis. L’art déborde sur 4 étages, dans les escaliers, dans les couloirs, jusque dans les toilettes. Désacralisées, accrochées à hauteur d’homme, les œuvres tutoient le spectateur : “le propre d’une œuvre aboutie réside dans sa capacité à dialoguer de différentes façons”, poursuit Paul Bernard. “L’art contemporain ne se donne pas, il se prend !” AUX ARTS, CITOYENS !
L’art contemporain sort donc de l’obscurité. Il prend des chemins de traverses, devient facile. Question d’éducation. En organisant des rencontres avec les enfants ou les personnes âgées, en travaillant avec les enseignants ou le secteur social, le « Bureau des transmissions » de la Fondation construit des passerelles. Le musée convie des personnalités atypiques. Hors du champ de l’art, elles évoquent leurs perceptions de néophytes, devant un public de plus en plus nombreux. L’ensemble est une flânerie, un jeu de pistes de 4000 œuvres. En janvier 2016, Lionel Bovier remplace Christian Bernard à la direction. Il décloisonne désormais l’art avec des artistes plus internationaux, une exposition moins dense, plus didactique. Un retour au cube blanc, en somme. Le Mamco est le plus grand, le plus jeune et le plus contemporain des musées d’art en Suisse. Il pousse au cœur de Plainpalais depuis 22 ans. Mais surtout, il bat au cœur des Genevois : “Nous avons un public fidèle, un public amoureux du lieu”, se réjouit Françoise Ninghetto. “Il vient systématiquement, à chaque nouvelle expo. Pas pour une affiche glamour, mais parce que c’est le Mamco !”. + d’infos : www.mamco.ch
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DESSEI N DE PAPIER
REYNALD AUBERT NE TIENT PAS EN PLACE. L'ILLUSTRATEUR GENEVOIS CROQUE LE CHEMIN DE VIE QU'IL S'EST RÊVÉ DANS L'ENFANCE. ET LE PETIT GARÇON D'HIER ROULE AUJOURD'HUI SA BILLE AUTOUR DU MONDE.
Par Pascale Godin
Reynald Aubert is kind of a dreamer, but his feet are deeply anchored on earth. The painter / drawer travels to catch moments of life. He dreamed his life long time ago. He could have drawn comics. But he’s not patient enough, he prefers give us sketches picked-up around the world. And nothing is serious but freedom and encounters.
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REYNALD AUBERT
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TROP DE MATÉRIEL TUE LA SENSATION, LA SIMPLICITÉ EMPÊCHE LE MENTAL DE PRENDRE LE DESSUS.
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uton, tatami, musique en sourdine, ambiance ras du sol. Le petit appartement, à l’ombre de la cathédrale, ronronne dans une atmosphère japonisante. Reynald Aubert prépare le café, passe de la cuisine à la pièce, s’assied, se relève. La moustache sur le fil des lèvres complète un trait de barbe fin, une allure de mousquetaire baroudeur s’épanouit derrière un sourire discret. Accrochés aux murs, des croquis racontent ses destinations lointaines. Cuba, New York, la Thaïlande. Il rentre d’Abu Dabi, où il expose. Travaille à l’organisation d’un stage de dessin au Japon. Volubile, chaleureux, l’illustrateur entre en conversation comme on entre en BD. Case après case. L’ENFANCE DE L’ART Dessinateur en culottes courtes, Reynald Aubert se rêve un destin d’artiste reconnu. Il s’imagine célèbre, exposé dans des pays lointains. Et griffonne, croque, crayonne d’enfance en adolescence. Il s’oriente naturellement vers les Arts Décoratifs, expérimente toutes les techniques. Le croquis, l’aérographe, l’aquarelle,
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l’acrylique, tout y passe. Il s’amuse, son public apprécie. Il vend déjà quelques œuvres. Et sa notoriété le suit quand il s’installe avec sa famille dans un village de Haute-Savoie. Il s’intègre rapidement, organise des stages de bricolage pour les enfants, donne des cours à la maison de retraite. Et découvre la profondeur de la peinture : “Il y avait quelques cas psy dans cette maison de retraite. Un jour, une vieille dame a pris des gros pinceaux, du noir, du rouge, pour peindre en force une créature animale assez effrayante, du pur art brut ! Cette peinture avait sa place au Musée de Lausanne ! Quelques semaines plus tard, j’ai appris que cette dame disait qu’elle avait un animal en elle. Et depuis qu’elle peignait, elle n’en parlait plus. Elle l’avait sorti sur la feuille, il avait cessé de la hanter… Si la peinture peut servir à ça, c’est simplement génial !” Il abandonne le croquis, se tourne vers l’art abstrait. Et le mélange de peinture, de matière et de sable séduit un galeriste de Lausanne. VOYAGER LÉGER 2001, crise de milieu de vie, crise de famille. Reynald veut faire le point, il part en Namibie pour 2 mois. Un choc. L’immersion dans le désert réveille le virus du croquis, noyé pendant 10 ans dans la peinture à l’huile. Et fait émerger des paysages, des scènes de vie d’inspiration BD. L’illustrateur repart en 2004, direction le Cambodge. Au retour, il expose son carnet dans une librairie de voyage, en édite quelques exemplaires que le public s’arrache. Accro aux horizons, sa vie balance désormais entre Genève et l’ailleurs. Il crée des stages de dessin dans sa ville. Mais aussi à Istanbul, à Marrakech, à Kyoto. Pour voyager, pour transmettre :
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REYNALD AUBERT
“Un croquis, c’est beaucoup plus personnel qu’une photo. Beaucoup de gens aiment dessiner, ou ont toujours voulu le faire. Les stages à Genève servent de tremplin pour apprendre les bases. J’aime cet aspect de transmission, j’aime les rencontres, découvrir les points de vue des gens, voir le plaisir de dessiner grandir. Tout le monde peut le faire, du moment que l’envie est là !” Le Genevois voyage minimaliste. Un sac, un stylo, des feuilles volantes. Pour ne pas s’encombrer, précise-t-il en souriant : “Trop de matériel tue la sensation, la simplicité empêche le mental de prendre le dessus”. Il capte en noir et blanc, colorise les dessins plus tard. Au calme, il fait émerger un second voyage : “Les sensations reviennent quand je mets les couleurs, je ne réfléchis pas. Et celles qui apparaissent sont celles de mon interprétation, de mes émotions personnelles, elles ne sont pas forcément identiques à la réalité vécue”. CROQUER LA VIE A Genève, Reynald s’installe au café Remor, il a ses habitudes. Il croque les clients de l’établissement mythique, se fait discret pour mieux capturer leurs attitudes. Il observe, saisit l’instant, s’immerge : “Ma façon de dessiner évolue, elle s’affine. Elle va plus au fond des choses. Maintenant, je me donne des challenges. Dessiner vite, pour aller à l’essentiel. Et si ça ne me satisfait pas, je balance ! Quand on n’a rien à perdre, on lâche tout, on est plus libre !” La liberté. Un trait de caractère récurrent, qui le pousse à toujours explorer les techniques. Parce qu’il s’ennuie vite, aussi. Et qu’il est impatient. Son style particulier se case souvent côté BD, même si le genre ne l’attire pas : “C’est beaucoup trop long, il faut une année et c’est un travail de moine. Je me connais, je n’aurais jamais la patience ! Par contre, je suis partant pour illustrer des bouquins !” Ce qu’il fait à l’occasion d’un livre sur le rattachement de Genève à la Suisse. Ou d’un petit guide de 7 balades en cœur de ville. A plus de 60 ans, l’illustrateur garde un esprit en culottes courtes, il dessine, voyage, expose. Rêve tenu. + d’infos : www.reynaldaubert.ch
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CRAMER CONTRE CRAMER IL AIME LE BOIS, LA PORCELAINE ET LES CRISTAUX. PHILIPPE CRAMER RACONTE, EN OBJETS, LES HISTOIRES QU'IL RÊVE, OSCILLANT CONSTAMMENT ENTRE LA FONCTION ET LA NARRATION. Propos recueillis par Pascale Godin - Créateur découvert par Actives en avril 2006
Fauteuil Bellerive en noyer
Philippe Cramer
Philippe Cramer was born in New York and grew up in Geneva. He graduated from Parsons The New School for Design. He founded his own design company (Cramer + Cramer) and his own brand (Philippe Cramer) in 2001. The Philippe Cramer brand provides a broad range of services, bringing art form to life through product design, interior design and jewellery design. His work affirms his place in the circle of Switzerland’s leading designers.
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Tapis cible Philippe Cramer pour Bespoke Edition
Monsters bagues 3 tables Tinted Woods
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iplômé en histoire des Arts Décoratifs et de la Parson’s School of Design à New York, le plus américain des designers suisses ne jure que par l’excellence d’un artisanat helvétique, qu’il confronte aux techniques contemporaines. Il parle posément, définit son travail avec une exquise précision, refuse de prendre position entre l’art et le design. Dans son showroom à deux pas du MAMCO, Philippe Cramer s’adonne avec passion à sa double nature.
Sils vase argent
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PHILIPPE CRAMER
Activmag : Philippe Cramer, votre design est-il typiquement suisse ? Que ce soit dans le domaine du meuble, de l’architecture ou de la typographie, le design suisse possède une sorte de fil rouge, moins frivole que les autres types de design. Qui va peut-être plus directement à l’essentiel, et qui utilise des matériaux « honnêtes ». Mon travail se détache un peu de cela, dans le sens où j’ai développé un monde plus onirique, moins concentré sur la fonction pure de l’objet.
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Vous êtes principalement sur des pièces uniques. Pourquoi ? J’ai essayé de lancer un petit département d’objets en séries. Mais j’ai réalisé assez vite que la distribution était un métier en soi, dans lequel je n’excellais pas ! Cela nécessite également des investissements importants, créer du stock, tout ça engendre un processus qui ne me correspond pas. Je suis constamment en recherche ! Et la pièce unique ou la petite série me permettent de me tourner rapidement vers un nouveau projet. Et de rester en lien permanent avec les artisans ? Oui. La dimension artisanale est une partie très importante de mon travail. C’est magnifique de travailler avec des artisans, de comprendre comment ils évoluent, d’intégrer ce que nous nous apportons mutuellement. La brodeuse au fil d’or, avec laquelle je crée mes tentures murales, ne travaillait que les habits de clergé, les vestes d’académiciens et la haute-couture. Je lui ai proposé quelque chose de différent. Elle est sortie de son contexte habituel, et de mon côté, j’ai appris de nouvelles techniques. Comment s’articule votre processus créatif ? J’ai plusieurs approches. Je pars souvent d’une forme, sans savoir ce qu’elle va devenir. C’est un processus viscéral qui imprègne l’objet final. Et je pense que cela se ressent, même inconsciemment. Mes créations peuvent aussi naître d’une rencontre. C’est le cas avec cette brodeuse. Ou d’un graveur sur pierres fines qui
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m’a donné envie de créer des bijoux. Enfin, je peux décider de travailler à partir d’un matériau ou d’une technique. C’est un processus vaste ! Quels sont vos objets emblématiques ? Les lampes « Randogne », qui ressemblent à de grands cyclopes, sont très caractéristiques. Je me sens proche d’elles parce qu’elles ont rencontré un grand succès. Du coup, j’ai beaucoup vécu avec elles ! Mon tabouret Baar est également assez emblématique, on me parle souvent d’inspiration japonaise, ou africaine, mais aussi suisse, parce qu’il ressemble à un botte-cul pour traire les vaches. Et il y a un peu de tout ça dans Baar, sa narration est transgénérationnelle et transculturelle. Et cela me correspond. Mais ce sont les objets derniers-nés dont je me sens le plus proche. Ma récente collection de meubles en bois incrustés de cristaux m’imprègne. Avec leur côté pur, leur signification forte, les cristaux symbolisent une pureté céleste, facettée de façon très mathématique. Leur mariage avec le bois, opaque, terrien, aléatoire dans ses dessins, possède beaucoup de force.
Bague Algorithmic quarz
Bague Sculpted flower
Bague Sculpted dog
Table à manger Carats en noyer
Vous cultivez votre propre jardin ? C’est votre crédo ? Je crée en lien avec ma personnalité, avec mes besoins et mes rêves. Davantage comme un artiste, en fait ! Un designer industriel n’a pas d’input émotionnel, répondre à un besoin prédomine. Je suis plutôt entre 2 chaises, ni designer industriel, ni artiste, dans le sens où toutes mes créations ont une fonction. Aujourd’hui, j’étudie une façon de créer des objets, qui s’intègrent dans une œuvre globale définitive. Une console qui devient un élément graphique de l’architecture, par exemple. Mais pour répondre plus précisément à votre question, je dirais que l’ensemble de mon travail se rapproche du monde des « Oneiroi », ces demidieux ailés personnifiant les rêves… Luminaires Randogne
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CLAUDIO COLUCCI
SOLEIL LEVANT CLAUDIO COLUCCI EST UN TOUCHE-À-TOUT DE GÉNIE. UN GRAND GAMIN, AUSSI. UNE SORTE DE PHILÉAS FOGG VERSION DESIGN. QUI FERAIT LE TOUR DU MONDE EN 80 PROJETS. OU PLUS. BOULIMIQUE ? SANS AUCUN DOUTE. LE CRÉATEUR EXERCE SON ART SUR DES HORIZONS PLURIELS. OBJETS, ARCHITECTURE, SCÉNOGRAPHIE, PACKAGING, TOUT Y PASSE.
Claudio Colucci
Propos recueillis par Pascale Godin Créateur découvert par Actives en avril 2012
Claudio Colucci studied graphic and industrial design in Geneva, Paris and London and now works as an interior architect and furniture and product designer. His global, dynamic style is inspired by numerous projects in Japan (including projects for IDIDEE and Philippe Starck). Objects created by Claudio Colucci tell stories - with a touch of humour in a contemporary language of form. Always seeking contrasting cultural experiences, he divides his time between Paris and Tokyo.
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Sofa Joly Cœur
S
es références parlent pour lui. Passé par les Arts Décoratifs de Genève et l’ENSCI de Paris, le designer suisse collabore avec Ron Arad, Philippe Starck et Pascal Mourgue, avant de co-fonder les RADI designers en 1998. Elu « Meilleur designer de l’année » au salon du Meuble de Paris en 2000, il fait le grand écart entre son bureau de Tokyo et celui de Paris, revient poser ses bagages à Genève. Il avoue sa passion déraisonnable pour la science-fiction, « Blade Runner» est sa référence ultime. En escale à Shanghai, Claudio Colucci répond aux questions d’Actives avant de repartir ailleurs. Après tout, son nom japonais ne signifie-t-il pas « L’homme qui descend des nuages » ? Actives : Claudio, qu’est-ce qui explique votre boulimie protéiforme ? Claudio Colucci : Je ne veux pas être confiné dans un domaine particulier. J’aime l’aventure, les gens, les voyages. Et j’arrive
Carafe Un Verre
rarement à dire « non ». Je m’embarque dans des aventures incroyables, du dessin de la fourchette à celui d’une maison, je vogue dans plusieurs dimensions. Si je dessine des couverts, j’aime aussi imaginer la table, les chaises, le décor et le lieu qui vont avec, et le tout devient une histoire. Je me compare souvent à un réalisateur qui met en scène les objets qu’il crée.
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CLAUDIO COLUCCI
Vous vous partagez notamment entre le Japon et la France. Dans quelle mesure une culture nourrit-elle l’autre ? 2 pays, 2 modes de vie aussi différents créent un choc. Les objets et les usages sont très différents les uns des autres, il faut les transformer. Pour acquérir une nouvelle identité, le produit du mélange entre les cultures européenne et asiatique. Puis, j’ajoute de l’humour et de la couleur à l’objet. C’est ce que je nomme le « morphing ». Attoll, tapis
Lov Lov Cake
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Le risque n’est-il pas d’engendrer un parti pris de design trop global, en gommant les spécificités d’une culture ? Aucun risque. Je considère que nous sommes une « agence internationale locale ». Avec une vision globale, mais qui respecte l’identité propre de chaque ville et de chaque pays. Les échanges sont intéressants et enrichissent les cultures de nouveaux concepts, sans pour autant gommer les préexistants. Le design joue un rôle en constante mutation, mais l’essentiel demeure : trouver des solutions à des problématiques, pour apporter quelque chose à l’homme. On a dit de vous que vous étiez atteint du syndrome de Peter Pan. Vous confirmez ? (Rires). Pour vous faire un aveu, je fais encore des rêves dans lesquels je vole. Dans mon travail, ma vision est volontairement infantile, pour retrouver l’émerveillement que les enfants éprouvent devant le monde. Il suffit de se placer autrement pour voir les choses, il y a souvent une autre dimension, cachée dans des objets très simples. Si l’on pouvait avoir cette même puissance d’émerveillement, cette même concentration que les enfants ont sur les objets les plus simples, ce serait merveilleux.
CLAUDIO COLUCCI
Exposition « We do not let children play with matches »
Votre scénographie « we do not let children play with matches » (nous ne laissons pas les enfants jouer avec des allumettes) est un manifeste ouvert contre le nucléaire, en lien direct avec la catastrophe de Fukushima. Comment a-t-elle été reçue ? Ce sont des vases transparents, en forme de champignon atomique et destinés à recevoir des fleurs. J’ai dû changer le titre de base, qui disait clairement « non au nucléaire ». A cause de ce premier titre, l’exposition a été refusée dans pratiquement toutes les galeries au Japon. Le message était trop direct, et les grands groupes pro nucléaires ont beaucoup d’influence. Je suis donc parti sur ce titre qui est un emprunt à Hubert Reeves, qui décrivait l’énergie nucléaire comme une très belle énergie, mais qu’il ne fallait hélas pas donner aux hommes. C’était comme mettre des allumettes dans les mains des enfants. Peut-être que nous sommes plus subversifs en France. Au Japon, on ne manifeste pas, ou très peu. Les designers ont-ils un rôle politique à jouer ? Oui, je pense que le designer a cette vocation à être manifeste, moraliste en quelque sorte, à travers les objets. Mais pas seulement. Le message est à 2 volets. Cette expo, par exemple, repose sur une signification claire. Ce qui n’empêche pas de commercialiser les vases, qui véhiculent un message de paix plus effacé. Mettre une fleur dans un champignon atomique, c’est plus subtil.
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Tatami Chair
Quel objet auriez-vous aimé inventer ? Il y en a tellement ! J’aurais aimé créer quelque chose liée au transport. Une fusée, un objet volant, une locomotive. Au début du 20ème siècle, quand les moyens de locomotion se sont étendus, des gens comme Raymond Loewy ont dessiné des projets incroyables. C’était la post révolution industrielle, les pièces mécaniques devenaient invisibles sous des lignes épurées. J’aurais aimé participer à cette aventure. Vous êtes un homme heureux ? Absolument. Quand j’étais petit, je voulais faire tous les métiers du monde, et le design m’apporte cette possibilité. Je suis cuisinier, pilote, je prends l’habit de plusieurs professions quand je travaille. Et c’est merveilleux. + d’infos : www.colucci-design.com
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telier ? Laboratoire ? Difficile à dire. A l’entrée de l’usine Kugler, le bureau des Mike cache mal ses étagères bourrées d’objets hétéroclites. Trophées du quotidien, dépouillés de leur fonction, ils s’entassent derrière des vitres un rien poussiéreuses. Pas d’ordinateur, pas de planche de dessin. Un gentil chaos grimpe au sommet d’une volée d’escaliers en métal, les marches inégales sont un chouia trop hautes. Un chouia trop raides. Et dans l’espace confidentiel, Mike révèle quand Mike se cache. Le double-je vitaminé pratique un double jeu malin, il ne choisit jamais vraiment son camp.
X-Ray (Distributeur à capsules) Photophore qui révèle l’image quand il y a de la lumière.
Mike and Mike play with form, fonction and emotion. The brand sometimes gets into schizophrenia with a great sens of humour. What is what ? Hard to tell. Does an object deliver a message ? Might be. The double game is smart and drives us on the border, between art and design.
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MIKE & MIKE
33 tours - Plateau et centre de table réalisés à partir de disques 33 tours.
UN DOIGT DONNEUR Des doigts de couleurs sortent d’un mur. L’un d’entre eux tend une veste, une écharpe pendouille sur un autre. Petit frisson. Mister Mike aurait-il emmuré le cobaye du Docteur Mike ? Mike en suggère une autre : “Voyez-le plutôt comme un doigt de secours. Dans la vie, nous faisons tout avec nos doigts. « Finger » est une patère qui signifie que le doigt peut aussi porter un habit”. Tout l’esprit est là. Pas prise de tête pour 2 sous, le monde des Mike tourne autour de clins d’œil. Un sens de l’humour parfois grinçant. Et quand le duo propose à Nestlé, son distributeur à capsules Nespresso en forme de tube digestif, l’entreprise ne digère pas forcément le projet. Lequel des 2 a eu cette idée saugrenue ? “C’est Mike !” répond Mike. DOUBLES JEUX Viscéralement complémentaires, l’un se définit comme une balle magique qui rebondit, pétille entre mille idées, commence tout et ne finit rien. Et l’autre se charge de le rattraper en vol et de lui imposer, en douceur, une direction achevée. Mike est la tête, Mike est les jambes. Et inversement, histoire de ne pas avoir à dire qui fait quoi. Ou qui est qui. Ni l’un ni l’autre n’ont l’intention de délimiter les univers, ils préfèrent arpenter la ligne floue : “De nos jours, l’art et le design sont devenus vraiment borderline. Nous fonctionnons comme des artisans, quand le designer va conceptualiser devant son ordinateur. Mais nos objets sont faits pour être
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produits en série et ils sont fonctionnels. En devenant industrialisés, ils passent de l’art au design”. Mike décrypte, Mike renchérit : “nous n’avons pas de cahier des charges. Nous ne nous concentrons pas sur un objet à faire, comme une poignée de porte ou une chaise. Nous expérimentons simplement des possibles avec les moyens du bord”. Et pour s’assurer de ne pas avoir à choisir entre l’un et l’autre, Mike travaille aussi la scénographie avec d’autres artistes. Quand Mike invente « Poustache », un petit miroir adhésif en forme de moustache, fonctionnel et rigolo, Mike crée une robe Loukoum en silicone pour la performance de l’artiste Geneviève Favre Petroff.
Robe Loukoum - Pour Geneviève Favre Petroff
Fauteuils LC2 Le Corbusier, Cassina Fauteuils Fauteuils LC2 LC2 Le Corbusier, Le Corbusier, Cassina Cassina Fauteuils LC2 Le Corbusier, Cassina Fauteuils LC2 LePerriand Corbusier, Cassina Tabourets Charlotte Tabourets Tabourets Charlotte Charlotte Perriand Cassina Cassina Perriand Cassina Tabourets Charlotte Tabourets Charlotte Perriand Cassina Perriand Cassina
MIKE & MIKE
Ashtray - Cendriers réalisés à partir de cartes téléphoniques usagées.
LES MOYENS DU BORDERLINE Un four de cuisine cuit les céramiques que Mike façonne, une presse détournée emboutit les vinyles que Mike réinvente, une ancienne salle de compresseurs à air (dé)construit les objets que Mike détourne. Les moyens du borderline. L’humour n’est pourtant qu’apparence, il cache une véritable réflexion. Et délivre un message. « Save », une tirelire en bois à usage unique, rappelle le cochon d’autrefois que l’on devait briser : “Une tirelire qu’on ouvre facilement, c’est de la triche. On finit toujours par piocher dedans !”, s’amuse Mike. « Ashtray », cartes téléphoniques métamorphosées en cendriers, suscitent un souvenir au-delà de la fonction première. Une émotion du passé. Et les carreaux de porcelaine de « Tiles » inventent un plafond en massif du Mont-Blanc inversé : “S’ils sont posés dans une salle de bain, c’est amusant de voir les gouttes de condensation tomber de la pointe du Mont-Blanc”. Pour suggérer la fonte des glaciers sur fond de maquillage matinal ? Peut-être, peut-être pas, tout l’art de Mike and Mike est là. + d’infos : www.mikeandmike.ch
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Save - Tirelire en bois. Pour l’ouvrir, scier en suivant les pré-découpes
TILES - Composition de 12 carreaux de porcelaine en 3D
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ANTOINE BORDIER
C'EST À -CI C'T'HEURE
QUE TU RENTRES ?
CONSULTANT EN DESIGN À GENÈVE, ANTOINE BORDIER A COMMENCÉ À DÉVELOPPER, IL Y A SIX ANS, UNE LIGNE D'OBJETS PLUS PERSONNELLE. DES OBJETS SIMPLES, AVEC DU CARACTÈRE, DE L'HUMOUR ET DE LA POÉSIE, MAIS TOUJOURS AU SERVICE D'UNE FONCTION. Par Mélanie Marullaz - Créateur découvert par Actives en novembre 2014
Portemanteau Peggy
Already a design consultant in Geneva, Antoine Bordier started creating a more personal collection of objects six years ago. Simple objects with personality though, a touch of humour and poetry also, but which always have a fonction.
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Table de jardin Kona
Mangeoire Birdy
Table basse Rockwell
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ormé à l’Art Center College of Design de Vevey, Antoine Bordier a très vite traversé l’Atlantique pour faire ses premières armes auprès du géant canadien des transports Bombardier. Los Angeles, Hawaï, New York, c’est après plus de 10 ans aux Etats-Unis qu’il a regagné sa Suisse natale pour ouvrir le studio ABDC. Il visait Paris, mais la lourdeur administrative française l’a convaincu de poser ses valises à Genève. De sa jeunesse américaine, il garde une approche « marketing » du design, “on voit avant tout à qui le produit peut s’adresser avant de le lancer, avec un focus sur un modèle bien précis”, et des influences : Raymond Loewy (à
qui l’on doit le design de la bouteille de Coca, du paquet de
Lucky Strike ou le logo LU), Luigi Colani et les arrondis de son bio-design ou encore Achille Castiglioni, rencontré lorsqu’il était étudiant. “Lors de la conférence, il avait balancé une de ses chaussures en disant : « C’est ça le design, il faut que ça pète ! »” L’objet phare de sa ligne, c’est le portemanteau « Peggy », créé pour les Design Days de Genève en 2013, entre le balai ensorcelé de Fantasia et la mégère apprivoisée, on l’entend presque dire : « C’est à c’t’heure-ci que tu rentres ? !! »... et on lui glisserait bien un rouleau à pâtisserie dans la main ! « Birdy », sa mangeoire pour oiseaux, met les volatiles en cadre, pour une toile vivante et poétique. Quant à la table de jardin « Kona », elle intègre un bac pour cultiver les herbes aromatiques.
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ANTOINE BORDIER
Toujours en contact avec les nouveautés outre-Atlantique, Antoine Bordier a intégré, au plateau de sa table basse en bambou « Rockwell », une couche de stratum, un matériau écologique encore peu commercialisé en Europe, composé de papier recyclé compressé auquel on ajoute de la résine et qui ressemble, à la vue comme au toucher, à de l’ardoise. Aujourd’hui, Antoine Bordier trouve son inspiration dans les nouvelles technologies. Il réfléchit à une ligne d’objets connectés à usage sportif, pour permettre aux adeptes du stand-up paddle ou du fitness par exemple, de mesurer leurs performances. Fasciné par la robotique et les avancées incroyables des Japonais dans ce domaine, il travaille également sur un concept de magasin où les clients seraient reçus et guidés dans leur shopping par des robots type Nao (le petit robot humanoïde d’Aldebaran). Mais l’évolution des techniques lui a surtout permis de s’intéresser de plus près aux bijoux, au point de s’amuser avec le plus helvétique de tous les symboles, la croix suisse, et de lancer une petite ligne de pendentifs. Dans les années à venir, il aimerait s’installer dans un atelier plus vaste pour créer sans gêner son voisinage, « se lâcher » et s’adonner à son autre passion : la peinture, avec une idée, “lier le design 3D et le tableau… il y a un manque entre les deux.” + d’infos : www.antoinebordier.com
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La Croix Suisse
Twist pendant
l’excellence sinon rien*
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HEAD TOI, le ciel t’aidera ! A Genève, les stylistes nous emballent sous toutes les coutures, les joaillers nous embijoutent aux doigts et à l’œil, les designers nous réinventent un quotidien en Léman plus fort. Du style, un point c’est tout !
They fall HEAD over heels with creation ! In Geneva, designers, fashion designers and jewellers are redefining our world as they define theirs. And seduce us with talent, poetry and humour.
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©Olivier Borgognon
Bijou : Tiffany Rowe
HEAD
INSPIR...
ACTION !
Création Maxime Rappaz
NAÎT-ON CRÉATIF ? LE DEVIENT-ON PAR L'APPRENTISSAGE ? A FORCE DE TRAVAIL ? SOMMES-NOUS TOUS CRÉATIFS ET SUFFIT-IL SIMPLEMENT DE NOUS RÉVÉLER À NOUS-MÊME...ET AUX AUTRES. LA HEAD DE GENÈVE FORME LES STYLISTES DE DEMAIN ET SON CURSUS S'INSCRIT RÉSOLUMENT DANS UNE DÉMARCHE DE RÉVÉLATEUR DE TALENTS.
Création Jasmina Barshovi
Par Agnès Gasiot Sujet paru en septembre 2012
Engaged in an ongoing dialogue with the art scene and the regional economic fabric, HEAD – Genève is constantly evolving and has already established itself as one of the foremost art and design schools in Europe. It revealed talented fashion designers as Maxime Rappaz and Jasmina Barshovi.
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un film polyester métallique. Au final, des silhouettes phagocytées par d’immenses structures aériennes. “Cet exercice leur permet d’aborder le Design Mode en s’émancipant des coutures, pour exprimer librement le volume et la forme”, explique le professeur Bertrand Maréchal. C’est aussi en première année que la HEAD devient le théâtre de bien étranges phénomènes… Un grand feu se déclare dans la cour, serait-ce un barbecue géant organisé par les étudiants ? Non. Mais un four pour cuire des bijoux dans la terre. Mais d’où sort ce jeune homme avec son petit arrosoir ? D’un nouveau département paysagiste ? Vous n’y êtes pas. C’est encore un étudiant de la section mode qui expérimente ! La HEAD se revendique donc comme un espace de liberté totale pour ses étudiants. Réinterpréter des basiques tel le jean ou le t-shirt est un autre sujet d’étude qui les autorise à se réapproprier une icône de la mode et pare d’un éventail de vertus la notion de subversion. Atelier « Big », création Elodie Collet
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i certains artistes géniaux bénéficient d’une créativité quasi spontanée, pour la plupart des autres, le processus est plus complexe, entre travail, recherches et introspection. La HEAD, Haute école d’Art et de Design, a été créée en 2006 par la fusion de l’Ecole supérieure des beaux-arts et la Haute école d’arts appliqués, toutes deux plus que bicentenaires. Situé à Genève, au cœur de la ville, son département mode occupe un bâtiment historique et compte encore s’agrandir pour accueillir un master cet automne. Avant qu’ils ne se confrontent à l’univers magique, mais aussi au monde impitoyable de la mode, qu’ils trouvent leur place et un maximum d’espace dans l’enfermement des pressions mercantiles, l’école fait plancher ses étudiants dans une série de « work shop ». Le but du jeu : les libérer, dans un premier temps, de toutes contraintes afin de les aider à définir leur propre style, puis les confronter à une série de problèmes à résoudre par l’expérimentation pour développer leur autonomie.
LA BOÎTE À IDÉES Ainsi, dans l’atelier expérimental « Big », la matière première n’est ni de soie ni de fil blanc cousu… Les étudiants doivent travailler
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INSPIRATION : MOUVEMENT INTÉRIEUR, SOUFFLE CRÉATEUR… Après la phase expérimentation, tel un grand bol d’air, à l’intérieur de soi, vient l’Expiration. En dernière année, les étudiants présentent leur collection devant plus de 2000 invités. La révélation. Car c’est bien en allant chercher au fond d’eux-mêmes la conceptualisation de leurs émotions qu’ils expriment des choses, personnelles et différentes selon les tempéraments. Ainsi, pour Jasmina Barshovi, ce sont les réminiscences de l’été de ses 16 ans qui se sont révélées à travers sa collection pour homme « The birds are silent » (Bachelor de la HEAD Genève, elle a obtenu la mention bien). Une collection inspirée de ses souvenirs flous de corps de garçons, images que l’on retrouve transposées en imprimés sur ses jeans et t-shirts… Pour Maxime Rappaz (mention TB et sélectionné au concours Art of Fashion de San Francisco), c’est une sorte de quête de pureté absolue qui a mu en des silhouettes diaphanes, sur lesquelles des à-plats monochromes turquoises viennent partiellement occulter le corps. Tous deux ont été sélectionnés au prestigieux festival de la mode de Hyères, concours international dédié aux jeunes talents.. Au final, Head toi, le ciel t’aidera.. + d’infos : www.hesge.ch
decembre 2015 et garantis jusqu’au 31 juillet 2016 avec TVA 20 % incluse. Sous réserve d’erreurs ou d’omissions. Ne pas jeter sur la voie publique. CERALP SA – Siret 314747890 – sec@ceralp-sa.com – Crédits photos : Fotolia, Thinkstock, Essilor, Arnaud Garrabey, Alexandre Pinard, Ceralp, BLI/DBP, Zenka, Groupe Oxibis, X.
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LUKA MAURER
D'ICI & TAILLEUR LUKA MAURER AIME LES LIAISONS DANGEREUSES. LE DESIGNER COUD, SUR L'ÉLÉGANCE MASCULINE, LES CODES D'UN 18ÈME SIÈCLE AMBIVALENT. EN TAILLANT UN COSTUME 3 PIÈCES AU SIÈCLE DES LUMIÈRES, IL REND À L'HOMME D'AUJOURD'HUI LE SUBTIL ÉROTISME DU PASSÉ. Par Pascale Godin - Créateur découvert par Actives en septembre 2012
L
uka Maurer revient de Berlin. Aujourd’hui assistant pédagogique à l’HEAD, il a vécu 3 ans dans la capitale allemande. Une ville échevelée, un carambolage de contrastes. Là-bas, l’est et l’ouest s’accordent au rythme binaire de la force et de la délicatesse. Et les créations du jeune designer sont un écho fidèle de cette double identité. Luka, c’est aussi l’antithèse du styliste mondain. Un sourire franc, une barbe soigneusement négligée, un regard un soupçon étonné, une voix douce. Il ne se la raconte pas. Et c’est tout ce qu’on aime.
Luka Maurer lives a dangerous liaison with the 18th century. His ambivalent talent brings to masculine style both a romantic spirit and an assumed virility. With « Garnison », his new brand, the young designer explores new territories and gives back to men the subtle eroticism of the past.
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LUKA MAURER
LE CHOIX DES ARMES Luka Maurer n’est pas tombé dans le stylisme en enfance. Un sacré coup de crayon, une tête fourrée dans l’histoire, un goût prononcé pour la science-fiction, les talents du jeune Suisse sont passés par d’autres courants, avant de plonger dans le grand bain fashion. Ses collections présentées à l’HEAD incarnent un point de convergence. Le Luka Maurer protéiforme n’aime pas les costumes étriqués. Son identité passe par la solide connaissance d’un design plus global. Où la mode n’est qu’un chemin parmi d’autres : “J’ai d’abord voulu faire de la BD, puis j’ai envisagé une carrière dans le design industriel. Le design, c’est une philosophie. Une fois qu’on en a intégré les tenants et les aboutissants, je crois qu’on peut tout faire. Et à l’HEAD, j’ai réalisé que la mode, où le côté poétique finit toujours par l’emporter, incarnait parfaitement mes fantasmes. J’ai choisi cette voie en toute logique”. Dont acte.
“
EN COMBINANT LES TISSUS TRADITIONNELS ET LES MATIÈRES CONTEMPORAINES, EN SOULIGNANT LA LIGNE DES MUSCLES, JE CHERCHE LA MISE EN VALEUR DU CORPS MASCULIN. L’ÉROTISER, TOUT EN LUI CONSERVANT SA VIRILITÉ DE L’HÉROÏQUE À L’ÉROTIQUE
”
« Haidouks », la pré-collection de diplôme qu’il présente fin 2010, surprend ses professeurs. Mais elle révèle son potentiel. Luka puise dans ses racines croates et revisite la tradition balkanique en drapant de lainages un barbarisme viril. Il ceinture les guerriers de kilts de cuir, il plonge l’ensemble dans un courant fantastique. Son goût prononcé pour la science-fiction fait mouche, il tire jusqu’au dernier fil de cet univers héroïque, avant de s’immerger dans un autre fantasme. Et présente au
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diplôme « Manhood Legacy », un dandysme un peu maniéré, chargé d’esthétique punk et gothique : “Au 18ème siècle, les hommes étaient aussi sophistiqués que les femmes. La dentelle, les broderies faisaient partie de leur garde-robe. Vers 1850, cette élégance érotique a disparu et l’homme s’est enfermé dans le carcan du costume 3 pièces, qui n’a pratiquement pas évolué depuis. J’essaie de retrouver cette sophistication passée, en l’adaptant à l’homme d’aujourd’hui. En combinant les tissus traditionnels et les matières contemporaines, en soulignant la ligne des muscles, je cherche la mise en valeur du corps masculin. L’érotiser, tout en lui conservant sa virilité”. La collection remporte un succès immédiat, Luka Maurer obtient son diplôme, mention « très bien ». Mais quand d’autres chercheraient d’emblée à intégrer l’équipe d’un grand créateur, lui veut prendre son temps.
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LUKA MAURER
MY TAYLOR IS RICH Londres, Savile Row, automne 2011. Luka arpente les trottoirs de la Mecque des maisons de confection. Il sait que la base est là, qu’il lui faut maîtriser ce savoir-faire ancestral que les maîtres-tailleurs se transmettent. Mais n’entre pas à Savile Row qui veut ! Luka est trop jeune, trop inexpérimenté, il n’essuie que des refus. Courtois, parfois teintés d’un brin d’arrogance. Les artisans gentlemen sont jaloux de leur tradition : “A Savile Row, le savoir-faire ne se donne pas au premier venu ! A fortiori s’il n’est pas anglais !” se souvient le jeune Suisse avec un léger sourire. Sa pugnacité le mène sur les pas d’Ozwald Boateng, qu’il croise au détour d’une rue. Et qu’il a le culot d’aborder.
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Le maître-tailleur dit banco. Mais Luka n’apprendra pas grandchose : “J’ai tout plaqué au bout de 15 jours, je ne trouvais pas ma place. Quand on sort d’une école où tout est fait pour vous apprendre à développer votre personnalité, c’est compliqué de se fondre dans une marque. J’étais trop frais, trop jeune pour endosser une telle pression”. Il ne revient en Suisse que pour apprendre que la Fashion Week de Berlin réclame « Manhood Legacy ». Luka Maurer peaufinera son apprentissage dans la capitale allemande. Il travaille désormais au lancement de son label : “Je vais créer des séries. Mais je suis très attaché au rapport privilégié qui existe entre 2 personnes. Je veux créer un univers, une communauté, des séries limitées, amener l’exclusivité autrement qu’à travers le surmesure. Je poursuis mes recherches sur cette sensibilité de l’homme du 21ème siècle. Je vais explorer le drapé, je crois que l’homme est prêt pour ça. « Garnison » sera lancée en janvier 2017”. Et les garçons pourront aller se rhabiller. + d’infos : lukamaurer.tumblr.com
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CLAIREMENT
UN
IDENTIFIABLE
PAR DES IMPRESSIONS DIGITALES OÙ L'ACCESSOIRE DEVIENT LE CLUTCH DU SPECTACLE. Par Virginie Bosc et Agnès Gasiot Créatrice découverte par Actives en mars 2011 Photos : Charles-Elie Lathion
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SATIR
Sladjana Antic
SATIR
T U A H E L S R VE
L
ancée en 2005, la griffe Satir est d’abord le fruit d’une rencontre entre Sladjana Antic et Suzanne Schmidt sur les bancs de la Haute école d’art et de design de Genève. Alors que la mode tend à une certaine sobriété (pour ne pas dire morosité), Satir fait figure d’enfant terrible. Elle se joue des contrastes, conjuguant l’élégance au graphisme, créant une mode à la fois pop et romantique, qui va rapidement séduire les acheteurs anglais, japonais et américains.
1+1= 2-1= UNE Le succès est au rendez-vous, les coupures de presse affluent… Un travail acharné qui finira par avoir raison de Suzanne, laquelle décide de quitter l’aventure après seulement 4 collections. “Il faut dire que l’investissement en temps était énorme, on passait
des heures incalculables à l’atelier au détriment de notre vie privée ! Le problème, c’est qu’à l’école, on vous apprend à construire une collection, mais pas vraiment à lancer une marque”, explique Sladjana. Un défi qui n’effraie pas la jeune styliste bien décidée à continuer de développer la marque en solo. IDENTITY REPORT Comme une évidence, Sladjana est armée d’une détermination à toute épreuve. Ses origines serbes et les effets d’une guerre désastreuse n’y sont sans doute pas étrangères... “Oui, je crois que cela m’a servi. Je vois toujours dans les difficultés des étapes, des raisons de continuer d’avancer !”, assure-t-elle. Sladjana quitte la Serbie à 24 ans pour venir s’installer en Suisse “parce que je n’étais pas libre de m’exprimer, et c’était une vraie souffrance...
Slatjana Antic is a very talentuous fashion designer. Her clothing and accessories collections are marked by her specific view. With contrasts as a trademark, she creates original printed motifs to which none can be insensible.
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Heureusement, mon père et mon frère vivaient déjà en Suisse, ce qui m’a permis d’obtenir un visa sans trop de difficulté. Quand je suis arrivée, je n’avais vraiment que mes rêves et un sac à dos !” Et, bien sûr, un certain talent qui ne demandait qu’à éclore, a-ton envie d’ajouter... En 2012, elle est finaliste du L’Oréal Fashion Awards. Car s’il est une chose qui ne s’apprend pas, c’est bien cette vision très personnelle du créateur qui, seule, peut forger une identité. Or, une création Satir ne se confond pas. Avec le contraste comme marque de fabrique, elle combine avec talent le formel et l’univers du sport, la chaleur de l’été aux frimas de l’hiver… Les lignes strictes côtoient des impressions oniriques, le nylon se frotte à la soie… BONNE IMPRESSION Ses imprimés uniques sont dessinés par la créatrice, elle-même. “J’ai suivi une formation en design de tissu à l’université de Belgrade. Alors les matières et le dessin sont des éléments importants dans mon travail. Je n’ai pas peur des couleurs, ni des motifs, j’ose !”
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SATIR
Designer textile, Sladjana laisse éclater sa créativité comme un feu d’artifice. Son univers est très visuel, une explosion chromatique alliée à une recherche graphique pointue. Un travail de la couleur qui claque ou s’impose comme à travers un kaléidoscope. Petit à petit, Sladjana se spécialise dans l’accessoire qui lui offre un espace de liberté plus important et entend décliner le prêt-à-porter de plus en plus en séries limitées. LE MONDE COMME SOURCE D’INSPIRATION… La jeune femme, curieuse par nature, ne se lasse pas d’explorer le monde qui l’entoure. Elle aime voyager, courir les expos, lire pendant des heures, chiner aux puces, dévorer des films, les sources d’inspiration sont donc intarissables. “J’ai besoin de nourrir ma réflexion, d’un point de vue créatif, avant de me lancer dans une collection. Je m’imprègne d’univers très différents et c’est seulement après une lente maturation, qui peut durer quelques semaines, parfois même quelques mois, que je peux concevoir mes modèles !” La collection intitulée « Bolchoï Garden » ne déroge pas à la règle, puisque c’est aux danseurs du célèbre théâtre qu’elle empruntera sa légèreté. Des collections qui puisent tour à tour leurs origines dans le monde des origamis, celui d’Andy Warhol, de Michel Ange et la dernière dans celle des timbres de Genève des années 60 où l’on peut reconnaître notamment la cathédrale Saint-Pierre. FUTURE IS NOW Mais au-delà de ses univers référents, Sladjana a aussi la faculté à pressentir la mode de demain : “j’ai travaillé dans un bureau de tendances, et je suis toujours à l’affût, ça développe une espèce de sixième sens !” Distribuée aujourd’hui à Londres, Milan, Paris, Dubaï, Genève ou encore Chicago, Sladjana peut s’enorgueillir d’avoir réussi à séduire des femmes de cultures très différentes. Et avec l’ouverture prochaine d’un site marchand vendant exclusivement ses accessoires - foulards en soie, pochettes en néoprène et clutchs griffés - Satir n’a pas fini de voyager. + d’infos : www.satir.ch
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MON FIL, MA BATAILLE NATHALIE EGEA REMET LA FEMME À SA PLACE. D'UN ORIENTALISME DISCRET QUE LA SOIE MAGN IFIE, LA GENEVOISE ENVELOPPE UN COMBAT QUI RÉSONNE ÉVIDEMMENT COMME UNE QUÊTE DE SOI. Par Pascale Godin – Créatrice découverte par Actives en mars 2015
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lle exhibe, dans un grand éclat de rire, ses cartes de visite flambant neuves. Egea, logo simple, noir sur fond blanc. Graphique. Nathalie Egea frissonne d’adrénaline. « BeOne », sa 1ère collection haute-couture, défile enfin sur 2015. Et la jolie brunette rayonne. Ses longues phrases enthousiastes, son timbre haut perché, sa volubilité trahissent une légère nervosité, qu’elle tempère d’un « je suis bien entourée ! » confiant. Elle déroule son chemin de vie en touillant son infusion d’une main délicate, on la sent prête au lendemain. Mais c’est en fouillant son passé que la collection prend du sens.
Nathalie Egea
Nathalie Egea travelled around the Globe to discover new fabrics, to draw inspiration and feed her passion for creation. She wants women to feel confident, lead their own destiny with elegance. Her daily curiosity drives her insatiable fascination for what is to come. The fashion designer innovates and creates a future that is deeply anchored in the present. EGEA brings a feminine universe that is strong and elegant to all women. Each creation is an exclusive and poetical experience.
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101 ©Alex Pittet
EGEA
UNE CLAQUE, UN DÉCLIC
ET DEVENIR PATRON
Nathalie Egea n’a pas toujours été styliste. La bonne élève passe plutôt sa jeunesse au fil des maths et des sciences. Elle coud de temps en temps, c’est vrai. Une fibre artistique qu’elle étouffe un peu. Pas question de gâcher un avenir professionnel prometteur pour un bout d’étoffe ! Mais en 1996, la tête bien faite prend une claque bien pleine lors d’un voyage en Inde : “A Calcutta, j’ai découvert la place de la
Pas si vite. A son retour, Nathalie termine ses études, elle devient Secrétaire Générale d’« autisme Suisse Romande ». Seconde claque. Elle côtoie l’univers des familles, des dures réalités, des conséquences de la maladie. Elle reste 2 années, elle s’enrichit. Humainement. Mais son hypersensibilité la plombe : “Un soir, je
femme. Si elle n’a pas un élément masculin à ses côtés, un mari, un frère, un oncle, elle ne pèse pas lourd. J’avais 20 ans, j’ai eu un choc. Moi, Genevoise issue d’un milieu privilégié, j’ai soudain pris conscience de ma chance. Je peux faire des études, épouser, ou pas, qui je veux, je peux choisir de travailler et d’avoir une famille. J’ai cherché du sens à tout ça. Si je ne pouvais rien changer à cette situation, je me devais de saisir les opportunités qui se présentaient à moi. Par respect pour la liberté dont je jouis, par respect pour ces femmes. Je me devais de réaliser mes rêves.”
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suis montée dans ma voiture et je me suis posée. Je n’étais ni au bon endroit, ni à la bonne place. Cette hypersensibilité était une faiblesse que je devais transformer en force. Je prenais des cours de couture depuis des années, j’ai compris que je devais intégrer un milieu artistique. Faire jaillir ce que j’avais en moi depuis toujours”. Nathalie repense sa
vie, la taille à sa mesure. Elle quitte son job, se forme aux textiles, peaufine ses connaissances dans la couture industrielle et surmesure. Achète de la soie. Parce que c’est doux, léger, luxueux. Et fait coudre ses créations en séries par une femme entrepreneur indienne. Sur le marché de Carouge, tous les samedis, la créatrice trace désormais sa « route de la soie ».
le look Patrizia
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QUE LA FORCE SOIT AVEC SOIE
MILITANTE, NATHALIE EGEA ?
Un vol contrarie l’envol en 2010. La remorque et le matériel de la styliste disparaissent, ne restent que les étoffes. Elle pourrait se lamenter. Penser qu’elle fait le mauvais choix. Mais elle réfléchit autrement : “J’ai plutôt vu ça comme un signe. Il
Délicatement. En rappelant que ses modèles, uniques, ne s’adressent pas à toutes les femmes, on la taquine un peu. On s’interroge sur ce militantisme doux, plutôt ciblé. Nathalie ne s’en offusque pas, elle aimerait démocratiser son savoir-faire. Plus tard : “Vous savez, la mode à grande échelle est avant tout un
fallait que j’aille plus loin. J’ai développé le conseil en image, tout en orientant mon activité sur le sur-mesure. En connectant le côté analytique au côté artistique, j’ai trouvé l’équilibre parfait. Je pénètre une part de l’intimité des femmes en les conseillant, je découvre ce que peut être la Femme en majuscule. Elle a une force unique, une capacité de résilience extraordinaire. En même temps qu’elle ressent un sentiment d’imposture, surtout dans les hautes sphères. Comme si elle devait toujours faire mieux que les hommes pour prouver ses capacités”, s’étonne-t-elle. “Avec ma collection, je veux leur dire qu’elles ont cette force, qu’elles doivent saisir leurs opportunités et en être fières !”
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business, une industrie polluante qui utilise de la main-d’œuvre à bon marché. Je ne souhaite pas me lancer dans une telle démarche. « BeOne » est ma première collection, je laisse mûrir. Mais si des investisseurs veulent créer une marque propre et éthique, je serais ravie de collaborer. Je suis certaine que ça viendra !” Nathalie
prend désormais son envol. Au mois de juin dernier, « Take Off », sa nouvelle collection, est présentée à Moscou. Et en anglais, « Take Off » signifie décollage. + d’infos : www.egea.ch
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QUAND LES
CONTRAIRES S'ATTIRENT... 106
HEIDI RŒTHLIN
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Heidi Rœthlin JUSTE À CÔTÉ DU MUSÉE D'ART MODERNE DE GENÈVE, UN BÂTIMENT AUX ALLURES D'USINE DÉSAFFECTÉE REGROUPE UNE QUARANTAINE D'ARTISTES. PARMI LES STYLISTES, PHOTOGRAPHES, GRAPHISTES, CÉRAMISTES, OU SCULPTEURS QUI L'OCCUPENT, HEIDI RŒTHLIN CONFECTIONNE DES BIJOUX
Fil rouge
AUX LIGNES ÉPURÉES, AÉRIENNES, ÉQUILIBRÉES, ET DONT L'EXTRÊME SOBRIÉTÉ EST NÉANMOINS VECTEUR DE SURPRISES... Par Virginie Bosc - Photos : Nicolas Robel Créatrice découverte par Actives en septembre 2009
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n fil rouge accroché sur le col d’un chemisier noir, voilà à quoi peut ressembler un bijou signé Heidi Rœthlin. Evidemment, vos amis passeront la soirée à tenter d’ôter l’intrus... sans succès, puisque le fil est fixé à un pin’s ! Audelà du clin d’œil, “c’est justement la réaction qu’il suscite qui est intéressante. J’aime qu’un bijou soit vivant !”, s’amuse Heidi.
Heidi Roethlin plays with transparence, light and contrasts. Her work is an art inspired by nature. The jewellery becomes a sculpture, grown up with the stength of metal and the fragility of the glass. The artist doesn’t tell stories. She creates a deep relationship between her pieces of jewellery and customers.
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HEIDI RŒTHLIN
Attrape-rêves bagues en argent blanc et noirci
ETRE LÀ OÙ L’ON NE L’ATTEND PAS ! Sous ses airs espiègles, juvéniles, Heidi Rœthlin m’invite à entrer dans son atelier où elle règne en maître, au milieu d’innombrables engins... Les machines à couper, scier, marteler, percer, polir, laminer, font de ce lieu un véritable petit laboratoire ! Rien d’étonnant puisque, chez Heidi, la création va de pair avec la recherche : “J’éprouve autant de plaisir à créer qu’à résoudre les défis techniques liés à mon imagination. Par exemple, j’aime beaucoup l’opposition du verre et du métal, mais ce sont des matières très difficiles à travailler ensemble, elles ne se rétractent pas de la même façon. Le verre ne résistait pas à cette tension. J’ai mis du temps, mais j’ai quand même fini par trouver un moyen de les assembler !” Jouer avec les contraires, réinventer les formes, comme cette bague dont l’anneau dédoublé s’insère entre l’index et le majeur : le procédé est déroutant mais, oh combien, séduisant... Cultiver l’art du paradoxe est une sorte de signature chez Heidi :
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“Après tout, je suis aussi comme ça dans la vie. Un jour très sobre, le lendemain avec une perruque rose sur la tête !” Elle aime les contrastes, rendre fragile ce qui paraît solide, à l’image de ces boucles d’oreilles ciselées aussi finement qu’une dentelle ! L’artiste étonne par les alliances improbables que seul son talent rend possibles...
“
PARADOXALE, APRÈS TOUT, JE SUIS AUSSI COMME ÇA DANS LA VIE. UN JOUR TRÈS SOBRE, LE LENDEMAIN AVEC UNE PERRUQUE ROSE SUR LA TÊTE !
”
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Du plus loin qu’elle se souvienne, Heidi a toujours aimé bricoler. “Petite, je collectionnais un tas de choses, ce qui désespérait ma mère quand elle allait ranger ma chambre ! Je ramassais tout et n’importe quoi, et j’assemblais ensuite tous mes trésors. Je me souviens aussi avoir fait pas mal de couture, car la mode ne correspondait jamais à mes envies... ou alors mes envies n’étaient jamais en phase avec la mode !” Si Heidi n’est pas devenue styliste, “c’est peut-être parce que la mode est toujours soumise à des tendances. Je trouve que ça limite pas mal la création, contrairement aux bijoux qui n’obéissent à aucune règle. De fait, ils sont aussi moins éphémères...”.
pendentifs. J’ai coupé des fioles de verre que j’ai assemblées à des cônes miniatures. Les séries peuvent être très courtes comme elles peuvent durer des années ! Quand une série est finie, j’écris souvent un texte pour l’accompagner, et je lui donne un nom. La série intitulée « Au bout du fil » est née d’une correspondance avec deux amies artistes. A partir d’un fil rouge, chacune a créé une pièce dans son propre univers artistique. Cela a donné une installation sonore pour l’une, une gravure pour l’autre et un bijou pour moi”. Fascinée par les lichens, qu’elle décline sous l’angle d’une certaine géométrie fragile, la créatrice surprend. Et séduit la galeriste Annick Zufferey, qui l’expose dans son espace de Carouge. Le bijou est une sculpture contemporaine, un art véritable. Même s’il ne raconte pas forcément une histoire. Heidi pense même qu’il doit rester « ouvert », pour être chargé par celui qui le porte. “Un jour, j’ai vu une femme porter une boucle d’oreille que j’avais réalisée avec du crin de cheval. Sur elle, cette boucle prenait une dimension incroyable, comme si elle l’avait remplie de sa propre histoire. Jamais je n’aurais imaginé que cette pièce pourrait avoir autant de force ! Je m’aperçois que mes bijoux sont portés par des femmes très différentes, et c’est une vraie reconnaissance, mais je crois qu’il y a quand même un point commun entre elles, celui d’assumer pleinement leur personnalité...” La démonstration est faite que l’habit peut parfois faire le moine !
CHÈRE LIBERTÉ... Liberté d’expression et de création, voilà les moteurs qui font avancer Heidi. Les collections n’obéissent à aucun calendrier, et naissent au gré d’une inspiration qu’elle a fertile. Sous l’influence de Dame Nature (elle voue une véritable fascination aux méduses, notamment pour leurs effets de transparence), ses créations sont le fruit d’une longue maturation : “je ne dessine pas immédiatement, je m’imprègne de ce que je vois, mais quand je suis partie, c’est sans limite ! A partir d’une seule pièce, je peux parfois en créer une vingtaine différentes... J’ai du mal à me canaliser ! Les bagues en forme de cône ont donné, par exemple, naissance à des
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FABRICE SCHAEFER
LE SEIGNEUR DES ANNEAUX LES ANNEAUX DE FABRICE SCHAEFER ONT UN ÉCLAT FURTIF ET FULGURANT. COMME UN MINERAI MINIATURE, IL SE FRAIE UN PASSAGE AU CŒUR D'UNE MATIÈRE BRUTE CISELÉE. LA NATURE INSPIRE L'ARTISTE, IL ENROULE AUTOUR DE NOS DOIGTS UN ÉTRANGE BESTIAIRE ET DES POINTES DE FLEURS PRISONNIÈRES DU MÉTAL. INTRIGUANT. Par Pascale Godin Créateur découvert par Actives en mars 2011
Fabrice Schaefer
Rings are the essential jewels for Fabrice Schaefer and a jewel doesn’t really count for him unless it caresses the skin. As an alchimist, the jeweller works on mysterious process, a combinations of metal and beauty. Wrapped around the finger, the ring becomes the expression of a particular intimacy or a memory, an alliance.
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es mains sont nues, sans bijoux, il parle bas. Fabrice Schaefer touille paisiblement son café, dans l’intimité confidentielle de son atelier/Galerie. Ici, c’est le vieux Genève. Pierres apparentes, lignes métalliques, couleurs sobres, le lieu reflète l’artiste. Comme une allégorie de son travail. L’esthétique contemporaine de ses bijoux heurte en délicatesse des échos extirpés de l’histoire. Et le maitre en métamorphose, enseignant à la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève, explore la matière première comme on entre en aventure.
1. Bague titane et diamants - 2. Bague titane - 3. Bague entre chien et loup 2012 titane, or 750- 4. Bracelet champs titane forgé et coloré à la flammee - 5. bracelet titane grenats
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FABRICE SCHAEFER
Contenant n°3 titane forgé, or jaune 750/000
Bague «strates» or 750/000 écrin en chêne et acier inox
UN TRAVAIL D’ALCHIMISTE Fabrice Schaefer est un alchimiste. Même s’il se définit comme un bijoutier/designer, il se réclame aussi de l’ancestrale discipline. Un peu mystérieuse, un peu occulte, la transmutation des métaux traverse les siècles et renait sans cesse : “Nous sommes les descendants des alchimistes, dans le sens où nous transformons les matériaux vils en matériaux précieux”, précise Fabrice Schaefer dans un sourire. Aucune affectation chez l’artiste. Dont les mains déstructurent l’aluminium, le titane, l’or et le fer. Réduits à l’essentiel pour revivre sous d’autres formes. Ils deviennent poudre, poussière, brindilles, tordus, pulvérisés au feu. Forgées par ce traitement en force, les bagues ont sur l’œil un effet presque tellurique. Une impression subjective que Fabrice Schaefer nuance : “Formellement, il n’y a pas de lien, ça n’est pas voulu. Cette dimension ancienne, archaïque, vient de la transformation que les métaux ont subie. Les textures brutes font sans doute référence à des choses anciennes, forgées, qui ont connu l’épreuve du temps. Mais la comparaison s’arrête là, la pièce exprime une idée, et un principe d’expérience”.
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LA BAGUE À L’ÂME Expérimenter tout, transformer toujours. Fabrice Schaefer tire de ses erreurs la grâce d’une révélation concrète : “J’ai récemment réussi à faire des projections d’argenture sur le titane. Ce qui me permet de faire des dessins assez précis. C’était un accident d’atelier qui me gênait au départ, parce que ça laissait des traces sur le titane. A force d’expérimentation, j’ai transformé cette gêne en technique”. Le créateur s’impose des thématiques. Dont il ne sort que lorsqu’il a la sensation d’en avoir épuisé la substance : “Je m’inspire des fleurs, des animaux, de certains ornements particuliers. Comme ce travail autour des feuilles d’olivier en or brodées sur les vestes des Académiciens. La pièce doit avoir un véritable sens à l’intérieur de son thème. Pour rappeler que les Académiciens se nomment « les immortels », j’ai choisi des matériaux immortels : le titane et l’or pur.” Certainement immortelles, les bagues de Fabrice Schaefer ne sont jamais des objets éphémères. Bijoux précieux, expressions d’un geste et d’une émotion sertis dans l’anneau, elles ont une vocation de transmission. Le cercle de métal trituré, incrusté de nielle ou d’or, le cercle qui étreint l’améthyste, la topaze ou le saphir est LA parure essentielle, l’ornement/lien par excellence de la peau et du geste. Le plus signifiant de tous les bijoux. Et cet anneau qui parait si lourd surprend par sa légèreté de coquillage. Un trompe l’œil entre aspect brutal et délicatesse.
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HEAVY METAL Le créateur n’aime pas les matériaux mous. Même si l’artiste s’évade parfois en pliant et en laminant des feuilles d’argent vermeil, pour parer de cœurs stylisés l’oreille des amoureuses. Il préfère ceux qui lui résistent : “J’aime confronter les métaux de natures différentes, la dureté du titane et la mollesse de l’or. Le lien entre eux est forgé, littéralement. Il y a donc un geste, un mouvement, une action perceptible dans le résultat. Mais le métal demeure mon matériau de prédilection. Avec lui, on peut se tromper, recommencer, le transformer encore. Il convient mieux à ma spontanéité.” Sans délaisser son travail de bijoutier, Fabrice Schaefer voit aujourd’hui plus grand. Il façonne d’autres objets, coupes en titane piquées de fleurs gracieuses, encerclées d’or. L’artiste dit de son travail qu’il lui prend toute sa vie : “Pour être un bon bijoutier, il faut être passionné. C’est quelque chose qui vous anime constamment. Ça ne me quitte jamais vraiment, c’est mon monde et mon univers”. Et quand la main montre la lune, Fabrice Schaefer, lui, regarde le doigt. + d’infos : www.fabriceschaefer.ch I www.tactile.ch
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“C’ÉTAIT UN ACCIDENT D’ATELIER QUI ME GÊNAIT AU DÉPART, PARCE QUE ÇA LAISSAIT DES TRACES SUR LE TITANE. A FORCE D’EXPÉRIMENTATION, J’AI TRANSFORMÉ CETTE GÊNE EN TECHNIQUE”.
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ATTITUDE SANDRINE BARABINOT A L'ART D'ENFILER LES PERLES. DEPUIS 2006, AVEC SA MARQUE GENEVOISE RITA & ZIA, LA FRANÇAISE REVISITE LE PORTEBONHEUR EN VERSION GYPSET & ROCK. UNE ACCUMULATION DE BIJOUX INTEMPORELS, PRÊTS À PORTER OU SUR MESURE, QUI FAIT LE BONHEUR DES FASHIONISTAS.
Sandrine Barabinot
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autoirs, bracelets et bagues longues s’inspirent de symboles positifs d’amour, sérénité, paix et chance. Des lignes recréées chaque année dans l’atelier de la maison mère, à Genève, où les « enfileuses » de la marque Rita & Zia assemblent matières nobles et amulettes des collections d’accessoires de mode. Depuis la première rencontre d’Activ’ avec la créatrice Sandrine Barabinot, en 2012, la marque n’a cessé de grandir tout en se recentrant sur l’essentiel : « une fabrication authentique, à la main, dans un esprit de famille ».
CRÉE, CROIS, AIME Famille, sérénité, amour, paix, chance… sont ses crédos depuis que la Genevoise d’adoption a remis en question sa vie toute
Par Christine Gil et Virginie Bosc Créatrice découverte par Actives en mars 2012
tracée d’acheteuse pour de grandes maisons de prêt-à-porter, en 2005 : “A 35 ans, j’ai décidé de prendre une année pour réfléchir... Six ans auparavant, j’ai eu un grave accident et suis restée entre la vie et la mort durant cinq jours. J’ai eu la chance de m’en sortir...” Depuis qu’elle a vécu un petit miracle, elle sait que rien n’arrive par hasard et voit la vie différemment : “J’ai eu envie de me lancer dans la création en apportant un esprit positif avec ces porte-bonheur.” L’idée d’associer perles et symboles lui a été inspirée par la vision d’un mala tibétain (sorte de chapelet de 108 perles de bois), acheté à l’île Maurice et posé sur un meuble de son salon à Genève... Le déclic ! Elle le démonte et le remonte en introduisant des protections car elle est devenue superstitieuse. Ses amies adorent ! Ses premiers assemblages sont des
Since 2006, the Geneva brand Rita & Zia founded by Frenchwoman Sandrine Barabinot has revisited charms in a boho style. She produced bestseller jewelry ready to carry or customized by craftwork for fashonista’s delight. Love, serenity, peace and luck from Switzerland.
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RITA & ZIA
trèfles à quatre feuilles en plaqué or associés à des perles en bois d’ébène. Peu à peu, d’autres symboles apparaissent, les perles se diversifient et les combinaisons se multiplient. Sa première collection Rita & Zia - la sainte des causes désespérées & son surnom d’enfant - voit le jour en 2006. Après des débuts difficiles pour convaincre les boutiques de la distribuer, la marque explose ! SE PORTER COMME UN CHARME Ce succès, Sandrine Barabinot le doit à sa puissante inspiration positive. Une véritable philosophie de vie ! Fer à cheval, croix, cœur, tête de bouddha, tête d’indien, troisième œil, crâne, infini... des talismans que la jeune femme réinterprète avec magie en les mêlant à des pierres semi-précieuses. Ainsi les feuilles du célèbre trèfle prennent subtilement la forme d’un cœur, la main de Fatima s’orne d’une fleur orientale, tandis que le symbole Peace se voit dédoublé. Et la bague longue recouvrant la phalange porte un sortilège ciselé dans sa dentelle d’argent. A chaque symbole, une signification : certains élèveraient l’âme, d’autres protègeraient et porteraient chance... “Pour la saison 2016, j’ai revisité Sérénité et la feuille de palmier... le papillon pour la liberté...” Elle s’inspire également de la mode et du design pour la couleur et le style de sa collection thématique annuelle : une même symbolique déclinée dans des matières et des tonalités différentes, en janvier et en septembre : “J’ai été inspirée par l’esprit de liberté de la muse du couturier Saint-Laurent, Loulou de La Falaise.” Des tonalités pastel, corail et turquoise devenant bleu, gris anthracite... pour la collection d’hiver. L’incontournable bague longue se zèbre et les grands chapelets s’ornent d’une dent de requin et de l’universelle Sérénité, en version XXL. Un univers hippie chic en harmonie avec les valeurs fondamentales de la marque !
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RITA & ZIA
BONHEUR ON THE ROCK Aujourd’hui diffusée dans 150 points de vente dans le monde, quatre boutiques (Genève, Lyon, La Clusaz et Dubaï), auxquels s’ajoute un nouvel e-shop, Rita & Zia produit près de 20 000 pièces par an. Cependant, la créatrice a su rester fidèle à son idée du business : “Il est important de garder la même ligne de conduite... je préfère rester une entreprise artisanale : une petite équipe indépendante dans une forme de travail participatif où la dimension humaine prime.” Sandrine version rock ! Une détermination et une énergie que l’on retrouve dans sa collection précieuse Black Line ornée de la Vanité sur or et diamants noirs ou dans la chevalière incrustée d’un scarabée que s’est approprié la clientèle masculine à laquelle elle consacrera prochainement une collection. “Je ne m’interdis pas, ponctuellement, des pièces en séries limitées si une idée me vient.” Des porte-bonheur faciles à porter, en phase avec la personnalité de chacun. + d’infos : www.rita-zia.com
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DU CARCAN À L'ORNEMENT FABIENNE VUILLEUMIER EST UNE PERSONNALITÉ INTRIGANTE. L'ARTISTE GENEVOISE, QUI REFUSE DE SE DÉFINIR COMME TELLE, CRÉE DES BIJOUX TRANSLUCIDES À PARTIR D'UN MATÉRIAU SURPRENANT QU'ELLE SORT DE SON CONTEXTE. PLUS ARCHITECTE QUE BIJOUTIÈRE, ELLE RÉVÈLE À TRAVERS SES CRÉATIONS DES ÉMOTIONS INTIMES INSOUPÇONNÉES. Par Pascale Godin Créatrice découverte par Actives en mars 2011
Fabienne Vuilleumier Boucle d’oreille
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n grand écart rythme la vie de Fabienne Vuilleumier. Un pied dans la vie d’artiste, un autre dans son métier très sérieux de physiothérapeute. Paradoxalement, le secteur médical, dans lequel elle a baigné dès l’enfance, l’a menée doucement sur les chemins de l’art. Et depuis, elle mêle étroitement les 2 facettes, en empruntant à l’un ce qui nourrit l’autre.
She doesn’t pretend being an artist. Fabienne Vuilleumier is both a physiotherapist and a jeweller, she doesn’t want to choose. She admires Brancusi, she likes architecture and design, her work combines strenght and fragility. And through her creations, she reveals an ambivalent personnality.
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L’ORFÈVRE ET LA DENT A l’adolescence, Fabienne Vuilleumier aime les objets. Pas forcément les bijoux, elle oscille déjà entre la fonction ornementale d’une pièce et sa signification profonde. Souvent, elle aide son dentiste de père à démouler les empreintes, la matière dont elles sont faites l’intrigue. Elle apprend, en autodidacte, la technique de la cire fondue. Et commence à fabriquer de petites pièces. Après tout, formellement, une bague et une dent, c’est pareil ! En tout cas, le procédé est le même, et elle dispose de tout le matériel nécessaire. Ses parents ne voient pas forcément cet engouement d’un bon œil. Ils estiment la vie d’artiste peu sécurisante, poussent Fabienne à poursuivre des études scientifiques. Ce qu’elle fera de bon cœur, sans toutefois oublier sa passion. Pendant ses études de physiothérapie, elle continue de réaliser de petites pièces en cire, prend des cours du soir, et passe le concours des arts décoratifs. Qu’elle réussit, évidemment. En 1999, elle obtient son diplôme médical. Mais sent qu’il lui manque quelque chose. Elle refuse de choisir, intègre la Haute école d’art et de design de Genève. Et choisit pour objet d’étude un matériau à usage médical dont la texture l’intrigue, un polymère « laid et
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lourd », réservé aux corsets et aux atèles. Elle l’extrait de sa fonction, détourne ce matériau inventé pour contraindre les corps. DE LA DOULEUR À LA DOUCEUR En 2007, Fabienne Vuilleumier sort de l’HEAD riche d’un nouveau savoir. A partir de cette date, elle va se partager entre ses deux activités : “Mon métier de physiothérapeute me permet de vivre au quotidien, de fonctionner à mon rythme. J’ai parfois des périodes très denses, d’autres beaucoup plus calmes, ce qui me donne le temps de développer mes projets et de ne pas penser en termes de rentabilité”. Les deux activités se répondent, difficile de ne pas faire le lien entre le polymère/carcan, créé pour contenir la douleur, et le polymère/ornement, vécu comme un objet exprimant la douceur : “Mes pièces naissent de l’observation d’une situation vécue, d’une émotion qui peut survenir au quotidien, même dans mon activité médicale, elles expriment un sentiment”, précise la jeune femme. Elle travaille le plastique aux limites de l’étirement, physiothérapeute, en quelque sorte, de la matière qu’elle triture. Elle y incruste les pierres, les perles ou le métal. Sertis dans un corset semi-transparent, lisse et doux, leurs angles se polissent
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FABIENNE VUILLEUMIER
MATIÈRES À RÉFLEXIONS
Bracelet argent
et leur éclat se voile, sans jamais disparaître. L’un et l’autre sont indissociables, aucun ne prend le pas sur l’autre, matières précieuses ensemble. Des bijoux ? “Non, pas vraiment”, répond-elle avec beaucoup de douceur : “C’est un objet qui touche par ses volumes, je ne le vois pas comme un simple accessoire. En tout cas, ça n’est pas ma démarche”.
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Admiratrice de Brancusi et de ses formes épurées et directes, la jeune femme délaisse, le temps d’une collection, ces pièces qu’elle refuse de réduire à l’état de futile. Elle signe avec Maud Schneider, une céramiste suisse, une ligne qui s’étire entre objet fonctionnel et matière à réflexion. Des cuillères épurées, double fonction. Elle s’oriente désormais vers des matières plus pérennes. Détourne le motif traditionnel suisse du cœur pour l’étirer, pour en transposer l’âme dans des bijoux de plexiglass et d’argent. Un univers floral, végétal, proche de l’Art nouveau : “Avec le recul, je pense qu’il faut revenir à l’élégance que j’avais perdue en creusant mon histoire. Je reviens au thème de la nature, de la fragilité, je parle de la temporalité à travers des matériaux qui traversent le temps !” Elle sourit, refuse poliment l’appellation d’artiste : “Beaucoup de bijoutiers contemporains pensent que le bijou rejoint l’art, mais je n’arrive pas à considérer mon travail comme tel.” Curieuse et intriguée, fascinée par les matières qu’elle bouscule et qu’elle explore, Fabienne Vuilleumier n’a pas fini de surprendre, et de nous intriguer à son tour. La boucle est bouclée. + d’infos : www.pinterest.com/source/atelierfv.ch
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TIFFANY ROWE
NON DÉNUÉE D'HUMOUR BRITISH, LA STYLISTE SUISSE TIFFANY ROWE S I GNE DES PARURES SCULPTURALES. DES B IJOUX TELLES DES ŒUVRES D'ART CONTEMPORAIN ! CHAQUE PIÈCE DE CREA-TIFF EST UNIQUE ET EXPRIME LE FRUIT D'UNE RÉFLEXION SCIENTIFIQUE HAUTE COUTURE.
Par Christine Gil et Virginie Bosc Créatrice découverte par Actives en septembre 2009
HYPERCREATIFF D
epuis les dernières rencontres d’Activmag avec la charismatique Tiffany Rowe, en 2009 et 2011, à Genève, ses créations n’ont cessé de confirmer un travail de plasticienne du bijou, hors des sentiers battus : “Toujours dans l’esprit de faire des parures originales pour les femmes qui osent ! J’utilise de préférence des matériaux peu vus en bijouterie.” Plastique, porcelaine, fil électrique, aliment… Rien ne rebute la biologiste formée aux sciences du comportement animal qui rêve de découvrir un jour ses œuvres dans les pages de Vogue. Art, science et mode, trois passions pour une personnalité atypique !
Tiffany Rowe
Tiffany Rowe is an eccentric scientific english woman who loves art and fashion. She grew up in Geneva where her fascinating jewels crea-tiff are designed. Nature, material, feeling or contemporain artists inspired her original necklaces or earings. For ladies who dare !
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ŠOlivier Borgognon
TIFFANY ROWE
Tiffany est toujours au max ! Boulimique de travail, elle réussit la performance d’augmenter régulièrement la volumétrie de ses compétences. Enseignante en éthologie et en informatique, elle assure également des formations sur les réseaux sociaux, tout en donnant des conseils en communication à ses pairs, en marketing personnel et en droits d’auteur – elle a été chroniqueuse pour la radio et la télévision romande afin de promouvoir les artistes indépendants. A cela s’ajoute les multiples créations de bijoux. Sans oublier les cours de couture pris l’été dernier pour sa ligne de sacs pliage qu’elle compte bien développer avec des robes et des colliers textiles ! En 2011, déjà, elle ne laissait « aucun temps mort dans son emploi du temps, au grand dam de son entourage impuissant ». On se demande ce qui provoque une telle hyperactivité créative chez Tiff. Sans doute le plaisir de maîtriser de nouvelles technologies participant au processus de recréation. Car elle aime donner un second souffle aux objets qu’elle questionne et détourne de leur fonction première. Elle s’amuse avec la matière comme avec les formes qu’elle préfère exhubérantes. A l’image de sa nature excentrique : “Des pièces imposantes, sculpturales pour des artistes ou des personnalités médiatiques et pour des photoshootings de mode ou d’art.”
©Darrel W. Hunter
WONDERWOMAN
Pour Tiffany, rien ne se jette, tout se récupère. L’observation de la nature, une émotion, un objet chiné à l’occasion d’un voyage… ses sources d’inspiration sont inépuisables. Une visite à Zermatt
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©Olivier Borgognon
TRANSMUTATION
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©Sonja Haueis
TIFFANY ROWE
(Matterhorn origami), l’influence d’artistes (Splash) ou un désopilant geko (Animal attraction) seront le point de départ d’une de ses créations ambivalentes, entre attraction et répulsion. Car la provocation est un des moteurs de sa personnalité fantasque : “J’aime que mes bijoux « engagent la conversation » !” Le temps d’une rencontre, quelquefois éphémère, avec une idée, une situation, le temps d’une séance photo : “j’ai beaucoup aimé faire des coiffes et couronnes - en fil de fer, en papier et même en sachets plastiques ! Cela demande une étroite collaboration avec photographes, stylistes et mannequins et ce travail en équipe me stimule énormément.” Des créations artistiques parfaites pour accompagner les défilés haute couture, les photos des magazines d’art contemporain, ou participer à un concours international sur le thème « la mort vous va si bien ! » : “Cette année mes bijoux
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paraissent dans un troisième livre sur le design en bijouterie. J’en suis fière !” DÉCLINAISON Plus sages, les pièces vendues en ligne, dans les boutiques indépendantes ou les galeries de bijoux d’art ne cèdent pas pour autant au consensuel : « confortables, mais qui attirent le regard... » Le processus semble toujours le même. Après la phase « d’amassement » pendant laquelle Tiffany trouve ou achète des matériaux qui lui plaisent, suit une phase de création directement sur mannequin. Au final, des collections « capsules » de quelques dizaines de pièces seulement. Plusieurs par saison. Elle décline aussi les couleurs de ses pièces « phares » (Recto Verso) ou imagine des
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TIFFANY ROWE
variantes : “En principe, je ne crée jamais de pièces en série. Faire des copies ne m’intéresse pas. Je me laisse guider par les matériaux à disposition qui m’inspirent, et quand je n’en ai plus, la collection s’arrête !” Pour cet été, Sun star, alliant minéraux et métallurgie, lumière et obscurité, nous propulse dans une galaxie acidulée où « cailloux » et projections de matières métalliques en fusion s’organisent en grands colliers et boucles d’oreilles satellites. Tandis que les boucles fines Bon Bon, jouent l’asymétrie avec délicatesse de part et d’autre du lobe d’oreille. Des bijoux surprenants ! La résultante de l’imaginaire fantasmatique de Tiffany Rowe, une styliste décomplexée.
©Olivier Borgognon
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SINCE 1959
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NICOLAS HOFFMANN LEMOIGNE ISABELLE
CHAPEAU BAS, ZABO!
CINQ ANS, NOUS AVIONS DÉCOUVERT ISABELLE HOFFMANN,
ALIAS
ZABO,
DANS
SON
PETIT
ATELIER DU VIEUX CAROUGE, CELUI DES ARTISANS. UN DRÔLE D'UNIVERS PEUPLÉ DE COUVRE-CHEFS QUI DÉCOIFFENT ! ALORS, LA CRÉATRICE EN A-TELLE TOUJOURS SOUS LE CHAPEAU ?
Par Virginie Bosc et Pascale Chatillon Créatrice découverte par Actives en septembre 2011
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Isabelle Hoffmann alias Zabo
P
lus que jamais ! Avec un tout nouveau projet de collaboration et, depuis mai 2016, cerise sur le chapeau, le prix du prêt-à-porter du fameux musée de Chazelles-surLyon. Mais reprenons l’histoire depuis le début… SE LANCER SUR UN « COUP DE TÊTE » Dans les années 90, le chapeau était limite « has been ». Et pourtant… Isabelle avoue avoir démarré sur un caprice. “Une nuit, je me suis vue en train de vendre des chapeaux ! Le lendemain, j’ai dit à ma grand-mère que j’allais en faire mon métier. Evidemment, elle m’a mise en garde, arguant du fait que plus personne n’en portait, ce à quoi j’ai répondu : « Et bien, ils en mettront ! »” S’imaginant déjà réaliser une série de modèles en feutre moulés, la jeune femme court à Berne visiter une fabrique. Elle en sort troublée. “Il fallait compter un moule par forme, sans parler des problèmes de taille, cela me semblait vraiment trop contraignant !” Zabo ne tarde donc pas à imaginer une autre façon de
les travailler, et c’est à coup de fil et d’aiguille qu’elle donne vie à son premier chapeau. “Un grand mot ! ironise-t-elle, en fait, ça ressemblait davantage à un bonnet auquel j’avais ajouté LE détail : un énorme bouton rouge !” De tentatives (plus ou moins réussies !), en stages de couture, les modèles « Zabo » acquièrent un style bien à eux. Vendus d’abord sur les marchés, ils seront, dès 1995, exposés dans l’actuelle boutique-atelier de Carouge où trônent désormais 4 machines à coudre différentes, dont deux véritables vestiges historiques. L’une, quasi centenaire, servant à coudre la fourrure. L’autre, à l’origine réservée aux tresses de paille… CONTINUER DE N’EN FAIRE QU’À SA TÊTE Aujourd’hui, « Zabo », ça marche, c’est connu comme un style « à part » et c’est même reconnu comme une ligne « portable ». C’est d’ailleurs ce que le Musée du Chapeau a récompensé en mai dernier avec le Prix du prêt-à-porter (« chapeau
Since 1995, in her workshop in Carouge, Isabelle Hoffmann develops « Zabo », her brand of very personal hats. Her style : no molded models, only « couture » creations, enterely sewn, easy to live and to wear as you like. In 2016, « Zabo » has been rewarded by the French Hat Museum.
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ISABELLE HOFFMANN
dont les caractéristiques permettent une fabrication en petite série ou une adaptation qui lui permettrait une fabrication en petite série »). Donc, la chapelière a toutes les bonnes raisons de rester dans son inspiration et son mode de fabrication. Pas de chapeau moulé donc mais des créations couture. Du coup, les chapeaux « Zabo » ont toujours la même particularité, celle d’être totalement malléables, quelles que soient leurs formes. Ils se portent selon l’humeur, de biais, à gauche comme à droite, en avant ou en arrière. Du coup également, loin d’être un accessoire « de grandes occasions », un chapeau Zabo est prévu pour être mené à la dure, se rouler en boule, être piétiné… et retrouver toujours sa forme originelle. Du coup enfin, l’audace n’est plus accessoire. Pour ses « Zabo », Isabelle n’hésite pas à mixer les coutures de matières et de détails ludiques, ruban enroulé, tissu plissé, couleurs… A partir de grosse laine, d’organza, de coton, de
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soie… Quant aux formes, elles peuvent tout aussi bien s’inspirer des canotiers que des bonnets de lutin. “J’adore cette forme qui monte vers le ciel, un peu comme une antenne !” A se demander si les chapeaux « Zabo » n’auraient pas, en plus, la faculté d’élever les esprits… A propos d’ouverture d’esprit justement, Isabelle se prépare à partager, dès septembre, son atelier avec Inge Sjollema. La créatrice de la marque « Label Etoffes », destinée à défendre et promouvoir l’artisanat textile issu des coopératives de femmes d’Inde, du Maroc et d’autres parties du monde. Un échange stimulant de diversité qui promet de faire tourner encore bien des têtes… Pas en rond évidemment ! + d’infos : www.zabo.ch I www.labeletoffes.ch
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PETIT BIJOU
AUTOUR DU
COU... COU
MATHILDE PETIT
Mathilde Petit IL EN VA DES SYMBOLES COMME DES PLATS TRADITIONNELS : LES REVISITER
IMPLIQUE
TOUJOURS
UNE PART DE RISQUE. MAIS SI L'ON EN RESPECTE L'ESSENCE, L'AUDACE PEUT TOTALEMENT LES SUBLIMER. C'EST AINSI QUE MATHILDE PETIT S'EST ATTAQUÉE À L'UN DES PILIERS DE LA TRADITION SUISSE : LE COUCOU. Par Mélanie Marullaz
D
ans le Troisième Homme, Orson Wells fait dire à Harry Lime, son personnage : « Sous les Borgias, l’Italie a été pendant 30 ans en proie à la guerre, à la terreur et aux massacres. Ça a donné Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. Les Suisses eux, ont connu cinq siècles de démocratie, de paix et de fraternité. Et qu’est-ce que ça a donné ? Le coucou ! » Symboles de la pérennité des traditions helvétiques, quartz ou mécaniques, sculptés ou en forme de chalet, avec ou sans mouvement musical, plusieurs centaines de milliers de coucous seraient vendues chaque année en Suisse. En moderniser l’image et le replacer dans un contexte contemporain, en sachant préserver sa qualité principale - celle de raconter une histoire tout en égrenant les heures avec un chant régulier -, tel est le défi lancé, par le designer Claudio Colucci aux étudiants de la HEAD en 2014.
Symbols are like traditional dishes : giving them a contemporary twist is always risky. But if their fundamental idea is respected, restyling them can only be magnifying. With respect and audacity, young designer Mathilde Petit, based in Geneva, has thus tackled one of Switzerland’s most traditional items : the Cuckoo Clock.
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MATHILDE PETIT
COUCOUROUCOUCOU Mathilde Petit y suit alors un bachelor en design bijou et accessoires. Elle s’associe, pour ce projet, à Roland Kawczynski, formé à la joaillerie. Certains étudiants le déstructurent, n’en extraient que l’oiseau, d’autres en font un objet minimaliste, “Moi, je voulais le mettre en valeur ; mettre également en valeur l’art de la poya, du papier découpé, et utiliser le contraste entre la matière et la manière de l’approcher, d’où cette dentelle de métal”. Le coucou miniature de Mathilde et Roland se porte près du cou en début de journée et descend au fil des heures, jusqu’à devenir un sau-
Nom
Collection Baroc
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toir en soirée. L’oiseau est une perle fine qui apparaît toutes les heures. Une horloge est placée au dos de la pièce. “C’est donc la preuve qu’on peut prendre des influences de l’horlogerie et les transposer au bijou.” PAS COUCOU-RANT Métisser les éléments, c’est ce qui plaît à Mathilde Petit. “J’ai toujours eu un esprit de composition, j’aime jouer avec les matériaux, les changer de contexte. Quand on arrive à prendre deux choses et à créer une connexion entre elles, ça donne forcément quelque
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MATHILDE PETIT
“
DANS MA FAMILLE, ON M’A TOUJOURS DIT QU’IL FALLAIT SE DIFFÉRENCIER !
Collection Baroc
chose d’intéressant.” A l’image de sa collection « Baroc », des lunettes composées de ses matières fétiches, acétate, béton perlé, qui font également office de boucles d’oreilles ou tiare, pour être différentes. “Dans ma famille, on m’a toujours dit qu’il fallait se différencier. Tu passes le bac, ok, mais tu fais du chinois, et du latin, et des arts plastiques, pour arriver à te créer tout un tas de cordes. C’est ce qui apporte un twist, une différence.” COUCOU-RONNÉE DE SUCCÈS Mais aujourd’hui, c’est dans la montre joaillière que Mathilde Petit aimerait se spécialiser. “J’ai commencé avec le bijou contem-
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”
porain, en me disant que le luxe, finalement, c’est toujours pareil, que les montres se ressemblent toutes, mais plus on avance, mieux on connaît, plus on respecte le travail derrière.” Pendant qu’elle complète sa formation par un Master of Arts & Design à Milan, son Coucou Bijou, lui, qui n’est encore qu’un prototype, fait le tour de l’Europe, d’exposition en exposition. “Il faut qu’il se fasse voir”, insiste-elle. Et s’il représente, comme le veut la tradition, la simplicité de la vie dans les montagnes, il est à lui seul, un coucoulant - et oui, le Coucou coucoule - hommage à la minutie et à la précision des savoir-faire suisses. + d’infos : www.mathilde-petit.ch
GENEVE LA
BELLE EN CLOCK
L'HORLOGERIE GENEVOISE REMET LES PENDULES À L'HEURE. DÉVELOPPÉE AU 16ÈME SIÈCLE, ELLE RÈGLE SON TEMPO SUR L'HISTOIRE DE LA CITÉ. MAIS SES
Par Pascale Godin Esquivillon Frères & Dechoudens (vers 1775-vers 1800), Genève, vers 1800 Montre savonnette en forme de papillon en or, émail, perles, pierres précieuses. Mouvement à échappement à roue de rencontre. Long. 3.7, larg 2.8 cm
Geneva is the birthplace of the Swiss watchmaking industry, over 4 centuries of history. And although it is no longer a prime manufacturing centre, it is still closely associated with luxury watches and clocks.
Photo : Dominque Cohas / © Inv. H 2001-28, Collections du Musée d’art et d’histoire de Genève
QUALITÉS DEMEURENT INTEMPORELLES.
MONTRE & VOUS
Veigneur Frères (Genève, 1770-1796), Genève, vers 1775 Montre de poche et sa châtelaine, en or, émail, roses de diamants et perles, mouvement à échappement à roue de rencontre Haut. 7.25, diam. 5.5, ép. 2 cm (montre) Photo : Maurice Aeschimann /Inv. H 2001-28, Collections du MAH de Genève
L
’horlogerie de luxe, la faute à Calvin ? Le paradoxe est surprenant, il n’empêche. Au 16ème siècle, le réformateur raye les babioles d’un trait d’austérité. Il demande à la population genevoise de « s’habiller simplement, sans apparat ridicule ni quête de gloire humaine ». En d’autres termes, soyez modeste ! Le ciel vous le rendra. En 1556, le règlement des orfèvres de la Genève calviniste interdit la fabrication des bijoux. Coup de tonnerre chez les joaillers. Comment faire perdurer leur savoir-faire ? Et surtout, comment survivre ? Le règlement ne concerne pas les montres, les artisans s’engouffrent dans la brèche. Et transfèrent leurs compétences à l’horlogerie. Malin.
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MONTRE & VOUS
“
CALVIN INTERDIT LA FABRICATION DE BIJOUX. LE RÈGLEMENT NE CONCERNE PAS LES MONTRES, LES ARTISANS S’ENGOUFFRENT DANS LA BRÈCHE. MALIN !
”
Heil & Hess (horloger), Jean Duret (monteur de boîte), Pierre-Amédée Champod (1834 Genève - 1913 ?) (peintre sur émail), Genève, vers 1870 Montre savonnette en or, avec portraits peints sur émail Haut 5.67, diam 4.01, ép 1.22 cm Photo : Maurice Aeschimann /Inv. H 2001-28, Collections du MAH de Genève
IL EST L’HEURE, MONSEIGNEUR La montre devient le bijou qui ne dit pas son nom. Ciselée, gravée, sertie de pierres précieuses, ornée de perles, elle désigne la classe sociale, tout en contournant l’interdit. Nobles et bourgeois s’entichent soudain du temps. Et pour Gregory Gardinetti, historien de la Fondation de la Haute Horlogerie à Genève, le commerce extérieur fait le reste : “La demande intérieure suisse étant restreinte par manque de cour royale ou princière, les ventes à l’extérieur des frontières étaient la seule possibilité d’écouler la production. Et les exportations étaient facilitées par la situation de Genève, sur l’une des routes les plus fréquentées de l’Europe centrale.” Dans la plupart des pays d’Europe, le protestantisme n’a pas bonne presse. Un euphémisme, qui pousse les joailliers huguenots français, mais aussi anglais, allemands et italiens vers la Suisse. Ils apportent leurs connaissances et leurs réseaux. Idéalement placée, à égale distance des grands centres commerciaux d’Allemagne, du midi de la France et de l’Italie du nord, Genève s’impose en grand centre européen de fabrication. Autour de 1775, 4000 horlogers produisent annuellement 85 000 montres par an ! L’économie prospère. Et l’horlogerie de luxe devient sa marque de fabrique.
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ORIENT EXPRESS Technique et esthétique sont dans un bateau… Qui vogue vers le Proche-Orient au 18ème siècle. La concurrence est rude. L’Angleterre cabote dans le sillage de la Suisse : “Mais de nombreuses montres vendues aux Turcs par les horlogers londoniens étaient en réalité fabriquées à Genève !”, rappelle Gregory Gardinetti. Montres en pendentifs, rondes, ovales, carrées, de poches, en broches, en boucles de ceintures, elles emprisonnent le temps et le noient sous les décors floraux d’un orientalisme fantasmé. Les techniques d’émaillage se développent. Scénarios, portraits, tableaux antiques se lâchent sur des boîtiers précieux, un romantisme à la Rousseau s’épanouit sous les émaux. Et le mécanisme sophistiqué des oiseaux chanteurs roucoule le passage des heures. Les cours orientales succombent en 2 temps, 3 mouvements. Et la cité de Calvin devient le 1er fournisseur de la Chine.
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Antoine Tavan (1749–1836), Genève, 1804 Modèle d’échappement de démonstration, « à patte d’écrevisse », d’une série de 10 modèles Haut 5.4, diam 8.5 cm Photo : Maurice Aeschimann /Inv. H 2001-28, Collections du MAH de Genève
Bordier frères (1787-1815), Genève, vers 1770 Montre de poche en or, à triple boîte, avec miniature sur émail, strass et vernis Martin Haut 6.25, diam 4.6, ép 2.9 cm Photo : Nathalie Sabato /Inv. H 2001-28, Collections du MAH de Genève
GENEVE PERD SON TEMPS Sans contrefaçon, ce serait trop bon. La concurrence ternit l’aura de Genève, qui ne produit plus que le tiers des montres suisses en 1850. Les cantons de Neuchâtel, de Vaud et du Jura tournent aussi dans le sens des aiguilles d’une montre. Genève réagit. Gregory Gardinetti en décortique les rouages : “Face aux abus de certains fabricants, tant suisses qu’étrangers, il fallait protéger l’appellation « Genève ». En 1886, le Grand Conseil de la République et Canton de Genève crée un Bureau de contrôle facultatif des montres genevoises. Il est chargé d’apposer le poinçon officiel de l’état sur les montres présentées par des fabricants exclusivement établis dans le canton. D’autre part, il délivre des certificats d’origine en conformité avec les exigences techniques du règlement”. Si l’horlogerie de luxe swiss made s’étend aujourd’hui sur l’ensemble de l’arc jurassien, Genève conserve une place à part. Son Ecole d’horlogerie demeure la plus ancienne, l’HEAD ouvre même, en septembre dernier, une chaire en design horloger. La tradition perdure. Le poinçon de Genève estampille Cartier, Vacheron-Constantin, Chopard et les autres… Sa part immatérielle traduit un héritage historique et culturel. Mais il caractérise d’abord son savoir-faire, son excellence, sa fiabilité, sa précision. Les marqueurs du luxe. A Genève, être à l’heure demeure la politesse des rois. Calvin doit apprécier. + d’infos : www.patekmuseum.com
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Touchon & Co, Genève, vers 1920 Montre de poche en or et quartz facetté, mouvement à échappement à cylindre Haut. 8, diam 5.34, ép. 2.27 cm Photo : Nathalie Sabato /Inv. H 2001-28, Collections du MAH de Genève
LES COULOIRS DU TEMPS Genève abrite, outre les importantes collections publiques d’horlogerie, émaillerie et bijouterie conservées au Musée d’art et d’histoire, plusieurs espace privés dévolus au patrimoine historique et artistique horloger. Parmi eux, le musée Patek Philippe, ouvert en 2001 dans le quartier de Plainpalais, retrace l’histoire de l’horlogerie européenne, suisse et genevoise. Sur 4 étages, le musée explore les couloirs du temps à travers plus de 2000 pièces de collection exposées.
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LE CRITIQUE D'ART DEVENU
UNE ŒUVRE
ETIENNE DUMONT, JOURNALISTE GENEVOIS AU
MAGAZINE
ÉCONOMIQUE
BILAN,
A
FAIT COULER BEAUCOUP D'ENCRE POUR PRODUIRE SES MILLIERS DE CHRONIQUES. ÇA, C'EST SUR LE PAPIER. SUR SA PEAU, L'ENCRE RECOUVRE LA QUASI-TOTALITÉ DE SES 1M65 ET IL COLLECTIONNE LES MODIFICATIONS CORPORELLES EN TOUT GENRE. UN PERSONNAGE HORS DU COMMUN, DIFFICILE À DÉMASQUER.
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Par Sophie Parmantier Découvert par Actives en Mars 2015
N
é en 1948 d’un père historien et d’une mère chimiste, il a mélangé les deux solutions pour écrire sa propre histoire, à l’encre, à même la peau et parfois plus en profondeur. Pourtant, ces tatouages n’ont pas été choisis pour leur symbolique, seul leur aspect esthétique importe. Inspirations tribales, cyber, estampes d’Hokusai, les formes et les couleurs s’entremêlent pour former un confondant puzzle.
HISTOIRE DE L’ART Juriste de formation, Etienne n’a jamais exercé. Il travaille comme journaliste dès 1974 à la Tribune de Genève. Autodidacte, il se spécialise dans l’histoire, dans l’art, dans l’histoire de l’art et plus particulièrement l’époque de la Renaissance. La renaissance, plutôt symbolique pour un homme comme Etienne.
Etienne Dumont, Swiss journalist and art critic in Geneva, is the most tattooed man in the world. His body is fully covered - apart from his hands and genitals - with tattooes and body modifications that create a colorful puzzle leaving no one indifferent.
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154 ©Gabriel Asper
PORES D’ENCRAGE
Pendant son temps libre, on trouve Etienne Dumont aux puces ou aux enchères. Il chine, mais ne s’échine pas. “Je guette…”. Difficile de l’imaginer tapis dans l’ombre ! Il est peut-être l’homme le plus « modifié » au monde. Pourtant, quand il conte son histoire, tout semble juste… tout à fait normal. En cherchant loin, reste imprimée dans sa mémoire la première fois qu’il entr’aperçoit un tatouage. Il a 15 ans, est assis à bord d’un train en Allemagne. Sur le quai, un homme. “Il portait une marque sur son bras. C’était bleu”. Presque 15 ans plus tard, Etienne rend visite à une connaissance qui ouvre le premier salon de tatouage lausannois. “A l’époque, on travaillait en chambre, il fallait gratter à la porte”. Etienne se lance. Un aigle, une croix. Depuis, il est resté à la même enseigne avec toujours plus d’idées de modifications. Après le tatouage, un labret - hublot transparent entre la lèvre et le menton - des scarifications africaines, des boules sous la peau du crâne, un nostril (barrette dans le nez), des cerceaux de plexiglas dans les lobes des oreilles, des anneaux sous la peau des mains. C’est un tourbillon, un tour du monde ethnique. “Il n’y avait pas de plan défini. Ça s’est fait au fur et à mesure. Pas comme une Brésilienne qui aurait un plan de chirurgie esthétique sur 10 ans !” 30 ans, 450 heures, à raison d’une séance par semaine, le tableau est achevé. Il recouvre 95 % de la surface de son corps, seules ses paumes de mains, plantes de pieds, paupières et parties génitales sont restées vierges. NU, PAS MIS À NU. PERCÉ, PAS À JOUR En 2009, c’est la consécration. Sujet d’une exposition photo à Genève pour fêter ses 60 ans, il s’offre aux objectifs de 12 photographes et expose à nu ce corps que tous voulaient voir pour apprécier l’œuvre dans son ensemble. Mais pour découvrir l’histoire de cette transformation détonante, c’en est une autre… Et la douleur ? “Oui, enfin, un coureur a aussi mal aux jambes après la course”. Et L’addiction ? “Non, pas plus qu’autre chose. Moins que la course à pied, un peu plus que le chocolat…”.
Chercher les motifs profonds d’Etienne Dumont est comme tenter de trouver la sortie du labyrinthe de ses tatouages. On s’y perd. On suit une route qui nous emmène ailleurs. On reste bloqué. On repart à contre sens, on cherche une autre sortie. Journaliste chevronné, il est coutumier des « interrogatoires ». Où ? Pourquoi ? Comment ? On aimerait pouvoir le percer, nous aussi, pour savoir ce qu’il cherche à exprimer au travers de toutes ces modifications. “On parle bien pour ne rien dire, pourquoi ne pourrait-on pas faire des modifications corporelles pour ne rien exprimer ?” Et la suite ? “Tout ça prend du temps : la séance… la cicatrisation… Certains le font pour combler un vide. Moi, je ne ressens pas le besoin de meubler mon temps”. RÉFLEXION DU MIROIR Etienne Dumont est un véritable champ d’expérimentation du lien social. “Le contact avec les gens se crée rapidement, puisqu’il y a un sujet de conversation tout prêt. Ça provoque de moins en moins de réactions. A une époque où l’on a accès à toutes sortes d’informations, les gens sont devenus imperméables, moins sensibles au différent”. Il semble presque déçu. Il évoque le terrorisme du politiquement correct. “On ne dit plus : « Oh tu as vu la petite grosse ! » C’est l’ère de la grande hypocrisie !” Certains sont complices, “ça ne me touche plus du tout”, d’autres marquent l’approbation, “c’est leur problème, pas le mien”. Les enfants et personnes âgées sont eux plus spontanés. “Je n’aime pas les jeunes gens : ils m’ennuient”. Son franc-parler, son attitude revêche pourraient le rendre désagréable, mais c’en est tout autrement. Le personnage est accessible et attachant. Critique d’art, parfois redouté, que dirait Etienne s’il devait rédiger sa propre critique ? “On voit que ça a été fait il y a longtemps, il y a quelques incohérences dans le sujet et dans l’échelle des motifs”. S’il pouvait changer de peau, ne serait-ce que pour recommencer ? Il hésite. “Eh bien, je ne recommencerais pas tout…”. Difficile de changer la toile, dans le fond. Pas de peau !
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SNACK KING
UN MILLEFEUILLE DE 1221 MÈTRES DE LONG, UNE MOSAÏQUE DE 22 500 ÉCLAIRS... DERRIÈRE LE GIGANTISME DE CES RECORDS GOURMANDS, UN HOMME : GILLES DESPLANCHES. GASTRONOME, MAIS PAS RIPAILLEUR, AMBITIEUX MAIS MESURÉ, TRADITIONNEL À L'AFFÛT DES TENDANCES, LE MAÎTRE PÂTISSIER-CHOCOLATIER-CONFISEUR-HOMME D'AFFAIRES A POUR PROJET DE REDONNER SES LETTRES DE NOBLESSE AU SNACKING.
Par Mélanie Marullaz
Who is the man behind the 1221-meter long millefeuille or the mosaic made of 22 500 chocolate eclairs ? The pastry chef/chocolatier Gilles Desplanches is. A food lover who is not greedy, an ambitious but moderate businessman, a forward-looking traditionalist, his project is to turn fast food into a healthy, gourmet option.
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SACRÉ SUCRÉ
FAST - GOOD - FOOD
Gilles Desplanches
S
i le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, les boulangers, pâtissiers et autres artisans de bouche en possèdent une sacrée part. Debout depuis 4h30, même s’il ne pâtisse plus beaucoup aujourd’hui, Gilles Desplanches a gardé, de ses années entre pâtons et macarons, un rythme soutenu… et l’amour de la matière. “Quand on plonge les mains dans un bac, on sent la froideur de la farine, aussi douce que de la soie, elle contraste avec le chocolat à 38°C, sa moiteur, son onctuosité ; ce sont deux matières magiques, et quand je vais au labo, j’ai toujours besoin de les toucher.” A 16 ans pourtant, fasciné par les chiffres, il se destine à la comptabilité, mais un stage en boulangerie révèle un gourmand atavisme : son grand-père était pâtissier dans le Nord de la France, son arrière-grand-mère également. Il l’ignorait. “Ma mère n’en n’avait jamais rien dit, car elle trouvait que c’était un métier trop dur.” Mais les gènes parlent et Gilles Desplanches sait désormais que, pour gagner sa vie, il nappera, confira, caramélisera ou sablera, à condition d’être très vite son propre patron. “Je voyais mon maître de stage décider le nombre de pièces ou la couleur des glaçages, et je trouvais ça incroyable de pouvoir choisir tout ce qu’on faisait !” A tout juste 23 ans, il reprend donc une première boulangerie à Hermance.
29 ans plus tard, avec quatre enseignes, déclinant des concepts différents, sur deux magasins haut de gamme, un bar à chocolat et douze espaces de restauration rapide, dont trois estampillées « cuisine organique/biologique », Gilles Desplanches a bâti un empire. Une pièce montée de produits locaux, un pain-surprise de sandwiches sans trop de matières grasses, une farandole de desserts sans trop de sucre, le tout accompagné de conseils nutritionnels, conjuguant ainsi snacking, diététique et gastronomie : “On peut être rapide, mais bien manger, ça ne doit pas être un sacrifice. Tout a commencé avec le Comte de Sandwich, amiral de la flotte anglaise, un homme d’Etat qui voulait manger de manière informelle. Aujourd’hui, on fait la même chose en beaucoup plus évolué, avec une offre de restauration décomplexée”. Pour une clientèle qui zappe en alimentation comme elle le fait avec la mode, qui peut, comme lui, être raisonnable la semaine et beaucoup plus gourmande le week-end, et qui vit avec les nouvelles technologies. Parce que « finalement, si on est derrière des écrans, même au café, on socialise, peut-être pas avec son voisin direct, mais on communique ». EXPLOITS ET CHOCOLAT Si Gilles Desplanches se lève encore aux aurores, ce n’est donc plus pour chablonner des fonds de tarte - enrichis, toi auchi ton petit lexchique de pâticherie : chablonner consiste à passer une
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SACRÉ SUCRÉ
fine couche de chocolat fondu sur le fond de la pâte pour qu’elle la renforce en refroidissant, donc en durcissant - mais pour vérifier l’achalandage de ses boutiques, puis filer au labo déguster des essais de bûches de Noël, discuter ensuite matières premières, organiser l’ouverture de deux nouveaux magasins en Suisse Alémanique avant le déjeuner, revoir les responsables de ses magasins dans l’après-midi… Avec tout ça, l’homme pourrait être inaccessible, pressé, blasé… Il est courtois, calme, enthousiaste et accepte même de re-recevoir, 2h30 après le rendez-vous fixé initialement, une journaliste française que son GPS a égarée dans les ruelles de la Vieille Ville… Et ces records, alors ? L’envie de voir son nom dans le Guiness, ce n’est pas un peu mégalo ? Evidemment, ils ont fait beaucoup parler de lui, mais il préfère mettre en avant ses équipes, les bénévoles ou le côté très humain des VIP (Président de l’union des Banques Suisses, Zep…) qui ont donné de leur temps pour ces événements festifs et caritatifs. Les 121 000 CHF de la vente du mille-feuille géant, fabriqué en 2012 pour les 25 ans du groupe, ont été entièrement reversés à une association de lutte contre le cancer du sein. Idem pour les éclairs au chocolat : la mosaïque pâtissière multicolore de 80m2 à l’effigie de Titeuf, assemblée à Cornavin l’année dernière, a été vendue au profit du Groupe Sida Genève pour un projet de prévention VIH auprès des jeunes. Un autre défi se profile gentiment à l’horizon des 30 ans de la société, l’année prochaine, mais Gilles Desplanches ne veut pas en dire plus. DEMAIN SERA BIEN, DEMAIN SERA SAIN Et en dehors d’un irrépressible besoin de se fixer des défis pour avoir à les relever, qu’est-ce qui le meut ? “La curiosité ou l’anticipation. J’aimerais être « futurologue », quelqu’un qui imagine les tendances de demain, pour définir comment les gens vont vivre ou manger. Aujourd’hui, manger sain est presque un acte responsable, mais je suis quasi sûr que dans 30 ans, même si on ne prendra pas plus de temps pour le faire, on mangera encore plus sain, et beaucoup de produits consommés aujourd’hui seront décriés. Les gens comme nous devons être en mesure de répondre à ces futurs besoins”. + d’infos : www.gillesdesplanches.com
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À LA PAGE
FRANKENSTEIN OU LE PROMÉTHÉE MODERNE (Mary W. Shelley, 1818)
Le bon docteur Frankenstein habite Cologny, la banlieue chic de Genève. Ce qui ne l’empêche pas d’aimer la couture et les puzzles. A temps perdu, il ravaude des tibias, découpe des membres qu’il assemble, coud des boulons sur une grosse tête qu’il a trouvée dans une poubelle. On ne s’en rend pas compte au 1er coup d’œil, mais le bon docteur vit avec un intense sentiment de frustration. Il voudrait être Dieu. Un soir de tempête, après un coup de fendant de trop, il balance 370 000 volts dans les boulons de sa créature. Qui s’allume comme une ampoule. Victoire, Victor. Pour fêter ça, la créature va faire la foire à Plainpalais, écrabouille un petit garçon, écartèle 2 ou 3 passants, trouve une fiancée et s’enfuit au Pôle Nord. Mais comme le Dr Frankenstein lui a cousu le pied droit à l’envers, il tombe dans une crevasse et meurt. C’est la vie.
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CALVIN RÉUNIT LE CERN, UN CHIRURGIEN, UNE JOURNALISTE, UNE CRÉATURE MYTHIQUE ET LE PRINTEMPS DE PRAGUE. ET BEAUCOUP BEAUCOUP BEAUCOUP D'AMANTS. PROMIS, ON TOUCHE À PEINE À LEURS HISTOIRES... Par Pascale Godin
ADULTÈRE (Paulo Coelho, 2014)
Le bon docteur Linda, une journaliste genevoise, n’aime plus son mari (beau et riche). Ses enfants (beaux et intelligents) l’ennuient, elle déteste sa maison (belle et spacieuse). Un jour, la nounou philippine rate les toasts et Linda plonge dans la dépression. Elle (belle et rebelle) erre dans les rues de la ville, s’achète de couteuses babioles rue du Rhône, conduit une voiture sans permis quai Wilson. Elle mange même un kebab rue de Berne. Bref, ça ne va pas fort. Quand elle croise Jacob, un amour de jeunesse (beau et riche), elle se dit que bon, ça suffit comme ça la déprime. Du coup, ils n’arrêtent pas de coucher ensemble, ils dansent un peu le tango, mais ça finit toujours par déraper côté matelas (beau, ferme, épais). Et ça, c’est la vraie vie. A la fin du livre, Linda habite toujours dans sa maison avec son mari et ses enfants. Et la nounou philippine rate toujours les toasts.
© david_franklin
GENEVE SE LIVRE
GENÈVE INSPIRE LES ÉCRIVAINS. EN 5 ROMANS, LA CITÉ DE
CHALET OUVERT TOUTE L’ANNÉE
Un décor chaleureux, une cuisine authentique, ici, les produits locaux s’allient pour poursuivre le bien-être des cimes.
Photos : © Studio Marc Muller
Blottie entre les Alpages du Plateau de Beauregard et la chaîne des Aravis, cette ferme surgit comme dans un conte de fées.
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À LA PAGE
L’INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L’ÊTRE (Milan Kundera, 1985)
C’est le printemps de Prague. Tomas et Tereza jettent des papiers sur les membres du gouvernement communiste. Un jour, ils manquent de papier et filent à Genève pour racheter quelques ramettes. Et décident de rester un peu. Le climat est bon pour les bronches et Tomas, chirurgien, en connait un rayon question santé. Grave erreur. Tomas s’entiche de Sabina, une fille légère qui batifole aussi avec Franz, un professeur d’Université marié qui se balade dans les parcs genevois et boit l’eau des fontaines quand il a soif. Au final, Tereza retourne à Prague avec une ramette de papier, Franz quitte sa femme, Sabina jure qu’elle ne le fera plus, Tomas décide d’être fidèle à Tereza, mais il est un peu tard, mon ami, ça t’apprendra à jeter des papiers sur le gouvernement communiste.
ANGES ET DÉMONS (Dan Brown, 2000)
Le pape est mort, personne ne rigole. Sauf les scientifiques du CERN qui découvrent l’antimatière et boivent un bon coup de champagne pour fêter ça. Les Illuminati aussi, d’ailleurs. La puissante société secrète dérobe l’antimatière au CERN (du coup, les scientifiques la déclarent en pertes et profits, bien que perdre de l’antimatière soit, en soi, relativement improbable). Un peu plus tard, la garde suisse du Vatican reçoit une vidéo dans laquelle le chef des Illuminati menace de tuer les cardinaux et de faire exploser l’antimatière. Le pape reste mort. Tout le monde pétoche et Robert Langdon, un professeur qui se prend pour Sherlock Holmes, tombe dans une crypte. Mais comme il est accompagné de l’arrière-arrière-arrière-arrière petite-fille de Jésus, il s’en sort et personne n’explose. L’accélérateur de particules du CERN fond 20 ans plus tard, dans un film ouzbek présenté au Festival de Cannes.
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BELLE DU SEIGNEUR (Albert Cohen, 1968)
Grâce à son boulot à la Société des Nations, à Genève, Solal mute son sous-fifre à l’étranger pour séduire Ariane d’Auble, son épouse. Côté job, il n’en fiche pas une rame, ce qui l’autorise à mettre le paquet sur la séduction. Il kidnappe Ariane, le couple s’enfuie dans le sud de la France. Les amants profitent du soleil, mangent de la tapenade dans un hôtel de luxe et écoutent le chant des grillons. Adrien Deume, le sous-fifre, tente de se suicider près du jet d’eau de Genève pendant qu’ils boivent du pastis au bord de la mer et louent la maison d’un nabab pour abriter leurs amours coupables. A la fin du livre, Solal et Ariane ont une furieuse envie de fondue et une épidémie décime les grillons. Ils rentrent à Genève et s’installent au Ritz. Quand ils découvrent qu’il n’y a pas de pastis dans le minibar de la suite, ils se suicident. BONUS BD
ASTÉRIX ET OBÉLIX CHEZ LES HELVÈTES
A la demande de Panoramix, Astérix et Obélix cherchent un edelweiss pour soigner le foie d’un quêteur romain. Pendant ce temps, le gouverneur de Geneva organise des orgies du tonnerre, mais se plaint que les sols soient trop propres. Quand un convive fait tomber son bout de pain dans la marmite à fondue, des numides le fouettent, le jettent au fond du lac et tout le monde rigole. Astérix et Obélix rencontrent Petisuix, un aubergiste très pointilleux sur les horaires, et se cachent dans un coffre du banquier Zurix. Après un passage remarqué au palais des conférences internationales, ils plongent dans le Léman, confondent l’edelweiss avec une algue et c’est bien la honte pour Panoramix.
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HUMOUR
LA FRANCE NE LAISSERA PAS GENÈVE EN RADE ... AMIS GENEVOIS, SAVIEZ-VOUS QUE C'EST JULES CESAR QUI AURAIT CHOISI « GENUA » - « EMBOUCHURE » EN LATIN - POUR NOMMER VOTRE VILLE ? ENSUITE PENDANT QUELQUES SIECLES, ÇA A ÉTÉ LE GRAND GAME OF (T)RHÔNE, AVEC EN PRIME UN FLIRT TRES POUSSÉ AVEC LES DUCS DE SAVOIE... CONCLU PAR LA FAMEUSE « ESCALADE » QUI A MIS LE FEU AU LAC ! Par Frédéric Charpentier - Illustration Sophie Caquineau
C’
était en 1602, et ce fût LE moment glorieux où vous repoussâtes (j’utilise cette conjugaison démodée avant qu’elle ne soit bannie par la prochaine réforme de l’orthographe) les troupes du Duc Charles-Emmanuel qui voulait vous rattacher à la Savoie. C’est pourtant Napoléon 1 qui en 1798 vous fit la plus belle des faveurs en créant POUR VOUS le « Département du Léman » qui couvrait, excusez du peu, l’Ain, le Faucigny et le Chablais ! Or vous, ingrats, vous profitâtes (j’adore cette langue) des petits problèmes de retraite (déjà) de Russie de l’Empereur, pour vous jeter derechef en 1814 dans les bras de la Suisse en devenant le 22ème canton… Ce sera bien le seul épisode où Genève aurait mieux fait d’avoir le moral en Berne ! Mais « ALLELUIA », comme aurait dit Calvin, car actuellement l’Europe étudie discrètement le possible retour de Genève dans le doux giron de la France, au titre que c’est Napoléon qui avait créé la République Helvétique ! Et alors que l’Angleterre aspire au coming-out sous forme de Brexit, Genève, elle, risque de faire son come-back en bleu-blanc-rouge ! Enorme non ? La France serait-elle aussi douée pour la cuisine interne européenne que pour les manifs ? Ne tremblez pas amis Genevois, ne chargez pas encore vos matelas dans vos Mercedes pour repasser en zone libre à Versoix, regardez plutôt tous les avantages que vous allez en tirer. Vous
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qui êtes un peuple fier et généreux, vous le serez plus encore (fier) quand vous saurez que le contenu des coffres de vos banques va servir à effacer la dette française, et cela d’autant plus que l’honnêteté, votre plus grande qualité, était mise à mal depuis des années par un « $uppo$é » blanchiment d’argent sale. Vous serez réhabilités, la rade ne sera plus la machine à laver de la planète, bravo, une nouvelle vie commence ! Faisons péter les bouchons aux frontières, la France va vous ouvrir les bras. A vous l’hexagone dont vous allez devenir le cinquième coin ! Partageons nos plages et vos Pâquis, et pas que ! Paris, Lyon, Marseille, la gastronomie, le foie gras, les escargots, les étoiles Michelin, vous allez (re)découvrir le bien-manger et le bien-contester, le farniente dans le sud, la culture du râleur, les votations inabouties et visiter le trou de la Sécurité Sociale. Nous allons marier votre rigueur et notre créativité, votre chocolat et nos fruits de mer, nos bijoux et vos montres ! Ah zut, j’y pense, une chose dans laquelle nous allons devoir investir ensemble : un sous-marin nucléaire pour surveiller la frontière sur le Léman, car les Lausannois risquent de nous chercher des crosses et pas seulement avec les patins aux pieds, vu que vous serez devenus des Frouzes… !
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ASTRES & DESASTRES
PAR DIANE BOCCADOR
Bélier
(21 mars-20 avril)
JUILLET : Durant la 1ère quinzaine de juillet, on vous sent un peu allergique au « vivre ensemble » ainsi qu’aux contraintes des vacances en famille, aux bavardages inutiles et aux embrouilles régulières. Il vous faut du fun, des fêtes, du monde à brasser, des vacances branchées et pouvoir sortir votre panoplie de séductrice… Ok, c’est ce que vous réservent les planètes en Lion en 2ème partie de mois, youpi ! AOÛT : 1er décan : un brin d’exotisme, un peu d’aventure, de découverte, surtout rien de trop organisé et non merci au farniente ! Ce sera votre programme d’août. 2ème et 3ème décans : pour vous, août est un mois plus calme (peut-être trop calme…). Pas de surprise, pas de méprise : on fait la crêpe, on papote, on lit, on se ressource, on marche, on nage un peu et on revient de vacances bien requinquée.
Gémeaux
(21 mai - 21 juin)
JUILLET : Après le 13 juillet, vous prenez seulement la vie du bon côté, vous optez pour le mode « vacances fun et olé olé ». Pas de corvée, pas d’horaires : on sort, on claque, on s’éclate. Plus il y a de copains, plus on rit : la joie de vivre en version hypertrophiée ! Ambiance conviviale pour Gémeaux ultra-plébiscités. Côté cœur, vous vous sentez sexy, libérée, prête à toutes les rencontres… AOÛT : Les planètes en Vierge sont pour vous rabat-joie… Ça bugge ou ça floppe mais y’a toujours quelque chose qui ne va pas. Pas assez de soleil (ou une canicule étouffante), une compagnie casse-pieds, une location décevante, un chéri absent ou fuyant (que vous avez trop souvent envie de houspiller), quelques imbroglios. Ouh que c’est énervant !
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Taureau (21 avril - 20 mai)
JUILLET : Durant la 1ère quinzaine de juillet, vous vous déplacez en clan, vous profitez davantage des enfants ou vous roucoulez avec le chéri. Le feeling est là, votre fibre familiale s’épanche à bon escient. En 2ème partie de mois, pas moyen de gérer l’organisation sans jouer au gendarme, ça part dans tous les sens, on se couche trop tard et le chéri se défile à pleintemps. Vacances cool ? Pas du tout ! AOÛT : Les planètes en Vierge tombent à pic pour vous aider à vous ressourcer vraiment. Se vider la tête, se mettre au vert, manger bio, se refaire tranquillement une santé… Se balader, visiter, prendre le temps d’échanger. Vous vous rapprochez du chéri en pratiquant un loisir en duo. C’est plan-plan mais c’est sain et ça booste la qualité de vos liens.
Cancer
(22 juin - 22 juillet)
JUILLET : Durant la 1ère quinzaine de juillet, la famille vous cause du souci et même si vous avez envoyé les enfants chez les grands-parents ou en colonie, vous vous inquiétez aussi. Vous avez envie d’être libre comme l’air mais vous vous sentez en manque d’affection... Humeur capricieuse, désirs changeants, tempérament lunatique : notre Cancer n’en fait qu’à sa tête. AOÛT : Objectif « Bien-être » ! La montagne, ça vous gagne ; l’air de la mer, ça régénère ; marcher, c’est le pied ; bien dormir, c’est du délire ; profiter pleinement du chéri, ça n’a pas de prix… Retrouver une bonne hygiène de vie, se détendre, bien s’entendre. La « zen attitude » en intraveineuse tous les jours : c’est exactement ce dont vous aviez besoin !
Lion
(23 juillet - 22 août)
JUILLET : Après le 13 juillet, du plaisir et des plaisirs. Avec les planètes dans votre signe, les petits coups de folie sont permis, vous êtes aussi drôle que sexy, les coups de cœur relancent vos ardeurs, faire la fête est votre dernière conquête, la « frime » est la recette anti-déprime... Vous rayonnez, vous vous émancipez, vous êtes ultra-convoitée. Notre Lionne fait des ravages (ou au moins l’unanimité). AOÛT : 1er décan : crapahuter, barouder, découvrir, voyager… Notre Lionne veut du dépaysement sinon rien ! C’est l’effet Mars en Sagittaire. 2ème et 3ème décans : vous vous la jouez plus cool. Une ambiance paisible, les idées claires, des relations plus sincères, des balades en plein air : retrouver une bonne hygiène de vie, ça fait aussi du bien (vous en conviendrez, c’est certain).
Balance
(23 septembre - 22 octobre)
JUILLET : Jusqu’au 15, la famille vous rase, le chéri vous barbe, vous avez envie d’autre chose… Ça tombe bien : c’est prévu en 2ème partie de mois. Budget chic pour envies choc ! Quoi de mieux qu’une formule « club tout compris » pour profiter pleinement de la vie ? Pas de prise de tête, pas de contrainte : être prise en charge, c’est tout bonus. Ambiance festive, amours sélectives, loisirs à volonté : des vacances en or. AOÛT : 1er décan : maintenant, vous avez besoin d’évasion ou de faire du sport. Notre Balance se transforme en globe-trotter, en compétitrice effrénée. 2ème et 3ème décans : planning cool, plages de détente à volonté. Ne pas faire grand-chose permet de décompresser et de passer du temps avec le chéri. C’est toujours ça de pris.
Vierge
(23 août - 22 septembre)
JUILLET : 1er et 2ème décans : jusqu’au 10, c’est surtout votre petite tribu qui trouve grâce à vos yeux. Pas besoin d’aller chercher très loin pour être heureux. Les chouchouter et vous sentir tendrement aimée : c’est si rassurant ! 3ème décan : vivre tout intensément, c’est tellement passionnant ; se donner à fond, c’est trop bon. Côté cœur, estival rime avec canicule sentimentale (jusqu’au 13). AOÛT : 1er décan : jusqu’au 15, c’est la loose. Ambiance cassante et décevante, impondérables très énervants. Le chéri vous snobe, les événements vous mettent sur les dents. 2ème décan : entre le 7 et le 22, vous avez la tête ailleurs, vous côtoyez des langues de vipères, vous ne pouvez vous reposer sur personne. 3ème décan : un voyage fantastique et/ou des amours idylliques (après le 15). C’est le nec plus ultra.
Scorpion
(23 octobre - 21 novembre)
JUILLET : Jusqu’au 15, on privilégie les liens authentiques, les gens positifs, les ambiances familiales et rassérénantes. Vous envoyez de bonnes ondes et vous êtes bien dans votre petit monde. Après le 15, place au mode « trop » : trop de fêtes, trop de prises de tête, des amis trouble-fête, trop de calories, un chéri qui laisse traîner ses yeux ou qui n’en fait pas une… Vous avez le mauvais rôle et ça n’a rien de drôle. AOÛT : En août, vous vous la coulez douce. Avoir le cœur et l’esprit légers en priorité. Objectif « repos à tout prix » ! Vous optez pour une vie et une nourriture équilibrées. C’est cool, c’est sain. Bains de mer, bains de soleil (et surtout pas bains de foule). Dévorer de bons bouquins, retrouver un chéri aux petits soins : c’est simple mais divin.
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Sagittaire
(22 novembre - 20 décembre)
JUILLET : Après le 13 juillet, vous mettez le feu, vous créez l’événement autour de vous, vous êtes au centre de tout, votre séduction marche à tout les coups. Popularité gagnée d’avance, look stylé, destination et soirées branchées, rencontres millésimées. C’est grisant, vous vous lâchez et vous êtes la reine de l’été. Pas moyen de vous ennuyer et c’est exactement ce que vous recherchiez ! AOÛT : 1er décan : jusqu’au 15, l’ambiance retombe comme un soufflé… De l’ennui et quelques ennuis : le soleil et les gens vous tapent sur le système, les sentiments vous minent. 2ème décan : entre le 7 et le 22, les choses vous échappent souvent, le chéri est faux jeton, les gens sont de mauvaise foi. 3èmedécan : après le 15, vive les excès ! Ambiance surchauffée, amours délurées ou rapports de force à volonté, organisation qui laisse à désirer. C’est un peu le boxon !
Verseau
(20 janvier - 18 février)
JUILLET : Après le 13 août, vous râlez parce que les vacances sont arrivées mais que vous vous ramassez toutes les corvées. Il faut tout gérer, recadrer les indisciplinés, faire toute seule le marché (parce que les autres sont des marmottes invétérées), empêcher le chéri de se défiler… Ça va à volo et vous en avez surtout plein le dos. C’est l’effet sur vous des planètes en Lion. AOÛT : Joindre l’utile à l’agréable, ne plus vous mêler de tout et penser d’abord à vous seront sans doute vos résolutions bien avisées de ce mois d’août. On fait un peu le vide, on s’accorde des grasses matinées puis on sort la bicyclette, on mange équilibré et on fait de la marche à pied. Des vacances « remise en forme » bien méritées.
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Capricorne
(21 décembre - 19 janvier)
JUILLET : En 1ère partie de mois, vous êtes d’humeur bilieuse, vous supportez mal la compagnie, vous vous angoissez pour tout et rien, vous avez d’autres chats à fouetter et vous aimeriez bien un peu plus de liberté. Côté cœur, vous vous posez trop de questions : s’il n’est pas là, vous redoutez qu’il aille voir ailleurs et s’il est là, vous lui en faites voir de toutes les couleurs… AOÛT : 1er et 2ème décans : ouf ! Les planètes en Vierge vous soufflent des envies de bien-être, de vous octroyer de vraies vacances (pour le corps et l’esprit). S’oxygéner, se détendre. Un programme de remise en forme ? Pourquoi pas. Ne négligez pas les bienfaits d’un SPA : un peu de fitness, beaucoup de massages… C’est le pied ! 3ème décan : en 2ème partie de mois, ça roule comme sur des roulettes. Un voyage qui vous en met plein les mirettes et/ou des amours pleinement à la fête.
Poissons
(19 février - 20 mars)
JUILLET : 1er et 2ème décans : un petit plan « cocooning sympa » en famille, ça vous dit ? Sûrement dans la 1ère quinzaine. On se fait cordon-bleu pour les chouchouter, on se promène main dans la main. Le feeling passe, on rêvasse, on se prélasse… 3ème décan : nuits chaudes pour amours endiablées ! Avant le 13, les câlins pimentés, ce sera quand vous voulez… AOÛT : 1er décan : jusqu’au 15, vous vous ennuyez, vous trépignez, une mauvaise nouvelle casse l’ambiance, vos amours vous font grincer des dents… 2ème décan : on teste le chéri car il n’est peut-être pas blanc bleu… Les copains, il ne faut pas trop compter sur eux. 3ème décan : des impairs dans l’organisation, des dépenses pas très légitimes, des excès en tout genre… C’est dans l’air en 2ème partie de mois.
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* Absent du bureau WEDNESDAY Agency- 44 - 44 552 RCS PARIS WEDNESDAY Agency GLGL 552 116116 329 329 RCS PARIS -
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G A L E R I E S L A F AY E T T E A N N E C Y 2 5 AV E N U E D U PA R M E L A N
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