Eco n°38 - Supplement competitivite industrielle

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supplément pour l'année de la compétitivité industrielle

Compétitivité

industrielle une montagne d'acteurs en pays de savoie


QUI ACCOMPAGNE L’éCONOMIE DE LA MONTAGNE EN RHôNE-ALPES ? Initié par la Caisse d’ Epargne Rhône Alp es, « La Montagne. Nou velle Définition. » es t le premier programm e œuvrant pour rend re accessible l’univers de la montagne au plus grand nombre, tout en contribuant au développement écon omique de la région Alpine.

PARTENAIRE PAR NAT

URE

Conception : Direction de la communication Caisse d’Epargne Rhône Alpes

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sommaire supplément à Éco des pays de savoie n°38 20 septembre 2013 Directeur de la publication : Alain Veyret AssistantE DE DIRECTION : Rachel Desbenoit directeur des rédactions

5 ÉDITO

49 ILLUSTRATION

6 REPÈRES

50 INTERVIEW

8 COMPÉTITIVITÉ INDUSTRIELLE

54 PRATIQUE

La compétitivité, pas un vain mot !

La compétitivité industrielle vue par Faro

L’industrie des Pays de Savoie en chiffres

et du développement Bruno Chevallet - 04 50 33 11 05 RÉDACTION Tél. 04 50 33 35 31 - Fax 04 50 52 11 06 redaction@ecosavoie.fr rédactrice en chef

Guy Métral, référent industrie pour le réseau et le bureau de CCI France

Y a-t-il une exemplarité savoyarde ?

Sophie Guillaud

Les clés de la compétitivité pour votre entreprise

rédacteur en chef adjoint Philippe Claret Secrétariat de rédaction

14 FILIÈRES

Christine Guillon Journalistes Sylvie Bollard, Sophie Boutrelle, Eric Renevier, Patricia Rey DESIGN ET infographie Tél. 04 50 33 35 32 - Fax 04 50 52 11 06 Olivier Baulet, Sophie Caquineau, Laurent Lamet, Gaëtan Perrotin et Myriam Ripert JURIDIQUE ET ANNONCES LéGALES Tél. 04 50 46 13 68 - Fax 04 50 46 13 75 sopreda-2@wanadoo.fr Habilité pour les départements 73 et 74. Tarif préfectoral en vigueur Responsable : Arnaud Ketterer Secrétariat : Patricia Francony Publicité Tél. 04 50 33 11 00 - Fax 04 50 52 11 06 directrice commerciale Lara Ketterer Responsable du développement commercial Muriel Chevallet-Gros commerciales Nathalie Attinault, Betty Ferrier,

14 Agroalimentaire Un enracinement dans le territoire

24 Énergie Consommer moins, produire plus

39 Bâtiment et grands ouvrages Quand tout va, le BTP va

19 Bois Une branche multiple par essence

29 Électro-intensive Une puissance qui reste fragile

44 Sport montagne Un secteur qui monte, qui monte…

Blandine Mathieu, Aurore Moenne-Loccoz ABONNEMENTS et diffusion Tél. 04 50 33 11 02 abonnement@ecosavoie.fr France et UE, tarif par an Édition 74 : 90 € TTC - Édition 73 : 90 € TTC BP 9017 - 74990 Annecy cedex 9 Tél. 04 50 33 35 35 - Fax 04 50 52 11 06 www.ecosavoie.fr GROUPE DE PRESSE ET D'ÉDITION

Société de presse et d’édition savoyarde, SA à directoire et conseil de surveillance au capital de 665 415 € Président du conseil de surveillance Jean-Michel Delaplagne Président du directoire Alain Veyret Siège social 7, route de Nanfray - 74960 Cran-Gevrier Tél. 04 50 33 35 35 - Fax 04 50 52 11 06 Agence de savoie 18, allée du Lac Saint-André. Savoie Technolac, Immeuble Le Dauphin, 73382 Le Bourget-du-Lac Cedex. Tél. 04 79 62 71 71 - Fax 04 79 62 34 63 Comptabilité Karine Lambert Marie-Françoise Henri Caisse d’Epargne Rhône-Alpes. RIB : 13825/00200/08770436670/60 Crédit Agricole des Savoie RIB : 18106/00019/96711417270/40 FABRICATION Savoy Offset - Annecy-Le-Vieux

Depuis 2005

Commission paritaire Edition Haute-Savoie. 0715 I 79304 - ISSN : 74-1287-4779 Edition Savoie. 0715 I 79305 - ISSN : 74-1287-4787 Photo Une : © Dean Moriarty - Fotolia.com

34 Mécanique Un secteur bien affûté Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

3


membre indépendant du réseau membre indépendant du réseau

NNOTRE OTRE SÉLECTION DE PROGRAMMES BUREAUX NEUFS SÉLECTION DE NOTRE SÉLECTION PROGRAMMES NEUFS EN DE SAVOIE ET HAUTE SAVOIE LOCAUX D’ACTIVITÉ PROGRAMMES NEUFS EN SAVOIE ET HAUTE -OMMERCES SAVOIE BUREAUX  LOCAUX D’ACTIVITÉ  C

COMMERCES EN SAVOIE ETBHAUTE-SAVOIE UREAUX  LOCAUX D’ACTIVITÉ  COMMERCES

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éditorial la compétitivité, pas un vain mot ! Il est des mots qui en leur temps font florès, ils sont sur toutes les lèvres, à toutes occasions, dans tous les discours, à toutes les sauces. Ainsi, les mots, comme la longueur des jupes, peuvent subir les effets de la mode. Je me souviens d’une époque où, ayant créé un cercle écologique, on passait notre temps à expliciter le terme. Aujourd’hui on respire, on boit, on mange écolo, on conduit, on construit, on vote même écologie. On eut aussi une époque où toute somme budgétaire était “cagnotte”, définissant la chose et son contraire ; d’un déficit moins élevé que prévu, on faisait une cagnotte à se distribuer. Puis, plus récemment, vint “la crise”, et sa cohorte d’extrapolations. Bien que substantif, elle se conjugue désormais à tous les temps, sur tous les modes. Un dysfonctionnement quelque part, une erreur, un oubli, un grain de sable dans un rouage et LA crise est appelée à la rescousse ! Aujourd’hui, le leitmotiv national en vogue dans les salons, comme dans les ateliers ou les bureaux, à l’ordre du jour des agendas professionnels comme à celui des députés, objet de l’angoisse des patrons et du cauchemar des syndicalistes, le maître mot aussi des salles de rédaction comme du petit écran, enfin l’insoluble quadrature du cercle du Président de la République, vous l’avez deviné, le dénominateur commun et obsédant, c’est la COMPÉTITIVITÉ ! Le mot est lâché, depuis quelque temps, il chemine dans les esprits, lentement mais sûrement, à tous les échelons de la société. Tout simplement, parce que, même si tout le monde ne veut pas encore en admettre les conséquences, tout le monde, consciemment ou inconsciemment, commence à réaliser que la compétitivité est aussi nécessaire aux entreprises de notre pays que l’air que l’on respire. Pourquoi une telle acuité aujourd’hui ? Pourquoi une telle question de vie ou de mort pour toutes les entreprises de France et de Navarre ? Pourquoi le problème a-t-il supplanté brutalement tous les autres ? Rarement une problématique se trouve aussi simple dans sa définition et aussi complexe dans les modalités pour la résoudre. Il est effectivement assez simple d’imaginer et de comprendre qu’une entreprise, grosse ou petite, qui produit plus cher ou moins bien que ses concurrents, a peu de chances de faire fortune et de se développer. Dès lors, on n’est plus dans un phénomène de mode plus ou moins passager, mais bien dans la rigueur d’une loi à laquelle on ne peut plus échapper. Tant que chacun pouvait avoir son petit territoire privilégié et sa clientèle captive, on pouvait s’en tirer sans trop se soucier de compétitivité. Non seulement la mondialisation est passée par là et le concurrent peut fabriquer aux antipodes, mais avec internet, il peut aussi venir démarcher avantageusement votre voisin de palier quand ce n’est pas vos propres enfants. Dès lors, être compétitif devient un impératif : être moins cher ou plus performant, plus réactif, plus innovant ou disparaître. Le pire est que, dans la plupart des cas, il faut être tout à la fois, moins cher,

plus performant, plus réactif et plus innovant. Et c’est là que les choses se compliquent. En effet, à un endroit donné, la France en l’occurrence, tout chef d’entreprise, si doué, si talentueux, si imaginatif soit-il, n’a pas dans ses mains le contrôle de tous les paramètres nécessaires pour optimiser sa compétitivité. Si le champ de bataille de la guerre économique est aujourd’hui planétaire, les armes, les cuirasses et les munitions dont disposent les entreprises relèvent d’origines nationales ou d’ensembles nationaux tels que la Communauté européenne, rendant les règles du jeu bien aléatoires malgré des arbitres comme l’OMC. Sans parler des mastodontes multinationales qui, de plus en plus, ont tendance à n’obéir qu’à leurs propres intérêts et à s’extraire volontiers des contraintes sociales et fiscales, en en laissant la charge à la piétaille nationale, faussant ainsi la concurrence. Tout cela pour dire que les États se trouvent autant en concurrence que les entreprises, si ce n’est plus. Et qu’un pays qui plomberait son

être compétitif devient un impératif : être moins cher ou plus performant, plus réactif, plus innovant ou disparaître. Alain Veyret Directeur de la publication - a.veyret@ecosavoie.fr

économie et ses acteurs de toutes sortes de taxations, de normes contraignantes, d’une législation sociale aussi tordue qu’absconse, d’une bureaucratie paralysante, de charges diverses et variées à la Prévert, sans compter le dédain et la suspicion en prime à l’égard des milieux économiques, ce pays-là n’aurait plus d’avenir. Et ses entreprises guère plus. Et ses habitants encore moins. Végéter ou partir resterait leur seul dilemme. La France ressemble étrangement à ce portrait-robot. L’obsession de la survie et donc de la compétitivité a beau être dans toutes les têtes, y compris dans les crânes ministériels, les discours en polo marinière ont beau vanter la beauté du «made in France», la coupe reste loin des lèvres. Il est à craindre que pesanteurs sociologiques, vieux réflexes culturels et surtout nécessité mal comprise de toujours nourrir le mammouth de plus en plus obèse, seront encore là pour longtemps. Actons qu’une étape pédagogique a été franchie, entraînant une prise de conscience du plus grand nombre, reste à mettre réellement le mammouth au régime, lui aussi se doit d’être compétitif, plutôt que les entreprises à la diète. C’est pourtant simple. Et vital pour la santé des uns et des autres.

Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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repères

L’industrie des Pays de Savoie en chiffres

Évian-les-Bains Thonon-les-Bains

Genevois 24,8 %

Mécanique 1 460 entreprises en Haute-Savoie soit 34,2 % des entreprises industrielles

Genève

Annemasse

25 463 salariés Saint-Julienen-Genevois

59 entreprises en Savoie soit 2,3 % des entreprises industrielles 5 072 salariés

Faucigny 17,7 %

HAUTE-SAVOIE

Décolletage

Chamonix-Mont-Blanc

677 entreprises en Haute-Savoie dont 62 % dans le décolletage pur, 28 % dans la mécanique industrielle et 10 % dans le traitement et le revêtement des métaux

Annecy Annecy 25,4 %

Rumilly

Ugine

Sport 100 entreprises en Haute-Savoie dans la filière outdoor avec 2 600 salariés

Aix-les-Bains

364 entreprises en Savoie

Albertville

Aix 20,7 %

Agroalimentaire 542 entreprises en Haute-Savoie

Cluses

Chambéry

Tarentaise 12,8 %

Chambéry 24 % Montmélian

Moûtiers

Bois

SAVOIE

2 000 entreprises et 6 800 salariés en Haute-Savoie 830 entreprises et 1 850 salariés en Savoie

Saint-Jeande-Maurienne

BTP 6 129 entreprises et 16 981 salariés en Haute-Savoie 3 939 entreprises et 11 921 salariés en Savoie Données 2011

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ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle

Part des établissements industriels du bassin dans la part totale départementale de l’industrie.

Maurienne 12,08 %


46 600

C’est le nombre de salariés dans l’industrie en Haute-Savoie en 2012. Entre 2007 et 2012, ce nombre a baissé de 11,5 %. En 2012, il a augmenté de 0,9 %.

oids de l’industrie en Haute-Savoie P En établissements, données 2011

21 700

C’est le nombre de salariés dans l’industrie en Savoie en 2012. Entre 2007 et 2012, ce nombre a baissé de 6,4 %. En 2012, il a baissé de 0,7 %.

oids de l’industrie en Savoie P En effectifs, données 2011 48 % services

10 % tourisme

28,5 % Tertiaire non marchand

50,4 % Tertiaire marchand

1,6 % agriculture

13 % btp

6% industrie

11,9 % industrie

23 % commerce

7 198

C’est le nombre d’emplois perdus par la métallurgie en Haute-Savoie entre 2000 et 2010. C’est 50 % des emplois perdus par l’ensemble du secteur industriel départemental sur cette période.

réations d’entreprises en Haute-Savoie C Données 2011

2,3 %

C’est le taux de liquidation judiciaire dans l’industrie savoyarde en 2010. C’est le secteur qui a le taux de défaillance le moins élevé (2,8 % dans le commerce, 3,2 % dans les services et 4,8 % dans le BTP sur la même période).

Poids de l’industrie à l’export en Savoie En millions d’euros, et part dans l’activité, données 2011

55 % services 5% tourisme

14 % btp

7,6 % btp

4% industrie 22 % commerce

8,1 % 183 M€ Métaux non ferreux 5,2 %. 117 M€ Equipements pour automobiles

8,8 % 198 M€ Produits chimiques et plastiques

24,7 % 287 M€ Autres

11,6 % 262 M€ Machines d’usage général 20,4 % 458 M€ Matériel électrique

21,2 % 477 M€ Produits sidérurgiques général

Sources : CCI 73 et 73, BTP 73 et 74, Conseils généraux 73 et 74, Fédération des industries mécaniques Rhône-Alpes, Urssaf 73 et 74

Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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compétitivité industrielle

Y a-t-il une exemplarité savoyarde ? L’industrie se conjugue au pluriel sur un territoire qui sait faire jouer l’esprit de cordée et rester attractif et dynamique. Avec de solides avantages compétitifs, mais aussi des handicaps spécifiques. Par Sophie Guillaud

I

nterrogez un Parisien, un Breton, un Anglais ou un Hollandais sur les Pays de Savoie. Ils évoqueront à coup sûr la neige, le ski, les Alpes et le tourisme. Mais ils penseront peut-être moins immédiatement à l’industrie, même si certains citeront la houille blanche ou le décolletage. Et pourtant, l’industrie joue encore un rôle prédominant dans nos deux départements, même si elle a perdu de nombreux emplois ces dernières années. Ce dynamisme surprend d’ailleurs les étrangers à la région. «J’ai découvert un potentiel, une richesse économique et des réussites industrielles que j’ignorais», avoue ainsi Olivier Salaun, arrivé en Haute-Savoie en 2012 pour prendre la présidence de PSB industries. Rappelons qu’en 1860, lors du rattachement de la Savoie à la France, celle-ci était encore surtout agricole et que sa population avait tendance à diminuer. Le territoire exportait alors non pas ses produits mais sa main-d’œuvre. C’était l’époque des petits ramoneurs savoyards à Paris, celle où certains étaient forcés de quitter leurs vallées pour des terres lointaines comme l’Argentine. Qui aurait parié alors que les Pays de Savoie compteraient un jour plus d’un million d’âmes et gagneraient chaque année plusieurs milliers d’habitants ? Et que leur industrie compterait des leaders exportant leurs produits dans le monde entier, à l’instar de Somfy, NTN SNR, Tefal, Fournier Mobalpa, Salomon, Tivoly, Ugitech, MSSA ou encore Cezus.

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Des facteurs exogènes À quoi tient la compétitivité de ces entreprises ? Elle dépend d’abord de facteurs exogènes liés à l’environnement macroéconomique national, européen et mondial : législation et coût du travail, fiscalité, réglementations, parité euro-dollar, coût des matières premières… Et sur ce chapitre, la plupart des acteurs interrogés s’accordent à recenser davantage de handicaps que d’atouts. Le manque de flexibilité du marché du travail et la multiplication des normes et réglementations ainsi que le poids de la fiscalité sont les sujets qui fâchent le plus. Et cela rejoint les points faibles recensés par le classement annuel des pays les plus compétitifs du forum de Davos. La dernière édition de ce palmarès relègue la France à la 23e place (21e en 2012). Avec en ligne de mire un coût du travail plus haut en France que chez ses grands concurrents, Allemagne ou États-Unis pour ne citer qu’eux. «Et parmi les sujets d’inquiétude les plus récents, observe Bruno Gastinne, Pdg de MSSA et président de la commission industrie de la CCI de Savoie, on peut citer les annonces concernant les préretraites de pénibilité, la fiscalité verte ou encore le remplacement envisagé de l’impôt sur les sociétés par une taxe sur l’excédent brut d’exploitation des sociétés qui pénaliserait de fait leurs investissements.» «Nos marchés sont mondiaux confirme Patrick Lamarque d'Arrouzat, directeur général d'Ugitech : on se bat avec des Chinois et

ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle

Peut mieux faire La France est donc une élève en perte de vitesse en matière de compétitivité selon le Forum économique de Davos. Dans son palmarès 2013, elle pointe au 144e rang en matière d’embauches et de licenciement, au 71e pour l’ efficacité du marché du travail, au 137e pour les incitations fiscales à l’investissement et au 134e pour le taux d’imposition. A signaler quand même quelques résultats excellents : 4e pour les infrastructures, 8e pour la taille du marché, 19e pour l’innovation, 24e pour la qualité de son enseignement supérieur, 17e pour son niveau technologique et même 1er pour l’inflation !

des Indiens qui ont des structures de coût beaucoup plus faibles. On a donc développé des méthodes pour réaliser chaque année des gains de productivité.» Mais la compétitivité de nos entreprises industrielles est aussi liée à de nombreux facteurs hors coût et à des spécificités propres aux Pays de Savoie. Tout d’abord, du côté des atouts, l’industrie locale s’appuie sur une très grande diversité de filières réparties de surcroît sur l’ensemble des bassins de vie des deux départements : agroalimentaire, bois, énergie, électrométallurgie, bâtiment et travaux publics, ou encore montagne. Un atout majeur pour nos territoires qui ont su ne pas s’enfermer dans une monoactivité dangereuse, même si certaines vallées comme la Tarentaise sont hyperspécialisées, ce qui les fragilise davantage en cas de coup dur. «En Haute-Savoie particulièrement, souligne André Montaud, directeur général de Thésame, il y a une véritable diversité industrielle avec des entreprises qui disposent de tout leur environnement à proximité avec, par exemple, de très nombreux bureaux d’études.» Histoire et géographie Tous ces secteurs industriels se sont développés à partir des activités traditionnelles. L’agriculture par exemple a généré, au fil des ans, une véritable filière agroalimentaire. La géographie du territoire a aussi beaucoup compté. C’est, par exemple, la force des torrents de montagne qui a permis de créer une industrie de la houille blanche et de développer les filières métallurgiques et sidérurgiques en Savoie. Et lorsque le tourisme est devenu l’or blanc et que les stations se sont multi-


epuis Cluses, le spécialiste de la D domotique Somfy rayonne sur le monde avec 8 400 collaborateurs et 60 filiales. hez Guichon Valves, l’innovation ne se C cantonne plus à la technologie. Pour être compétitive, l’entreprise propose ses vannes industrielles avec des solutions de financement. résentée comme une pépinière de P projets R&D collaboratifs, la maison de la mécatronique à Annecy-le-Vieux a été inaugurée le 2 septembre par la ministre de la Recherche, Geneviève Fioraso. © PR

pliées, les Savoyards ont su inventer de nouvelles industries pour répondre aux besoins créés par ces nouveaux marchés : skis, matériel d’alpinisme ou encore remontées mécaniques. À cette diversité d’activités s’ajoute un niveau d’infrastructures de transport particulièrement élevé. Réseau autoroutier très développé et renforcé ces dernières années par le tronçon Annecy Genève ; liaisons TGV ; proximité de deux aéroports internationaux : Lyon Saint-Exupéry et surtout Genève Cointrin. Les Pays de Savoie disposent par ailleurs d’un outil de formation très complet. Centres de formation d’apprentis, lycées techniques, université avec des formations du DUT au doctorat en passant par ingénieur. Le niveau d’excellence de filières, comme la mécatronique, stimule aussi la capacité d’innovation des entreprises. «L’université a un lien direct avec notre industrie» se félicite Jean-Pierre Vial, sénateur de la Savoie évoquant la récente inauguration de la maison de la mécatronique, et rappelant le soutien des deux conseils généraux à l’Université de Savoie pour qu’elle conserve son autonomie. La qualité des formations et des relations entre entreprises et établissements de formation est aussi vantée. Céline Hugot, présidente de Viollet industries (Alby-sur-Chéran) et de la Fédération régionale des industries mécaniques souligne que les collaborations se multiplient entre lycées techniques et entreprises et que le nombre grandissant des contrats d’alternance illustre l’adéquation entre les formations et les besoins des entreprises. «Le rôle des IUT est remarquable, insiste André Montaud, ils irriguent le tissu de PME, ce qui est structurant pour leur montée en compétences.» Thierry Perrier, Pdg de Guichon Valves (Chambéry) et président du Critt Savoie, regrette toutefois que certaines filières peinent à attirer des candidats. Patrick Lamarque d'Arrouzat confirme : «la formation est un vrai chantier. Nos jeunes candidats sont souvent trop généralistes alors que nous avons besoin de profils pointus.» «En revanche, souligne Thierry Perrier, nous trouvons en Pays de Savoie du personnel très qualifié, et très sérieux, avec le goût du travail bien fait et très

peu d’absentéisme.» Des qualités qu’il attribue à la culture montagnarde des deux départements. Une tradition de mondialisation Savoie et Haute-Savoie ont une autre spécificité : celle d’être un territoire frontalier. Longtemps la frontière a été un handicap rimant souvent avec montagne et obstacle dur à franchir. Mais elle est aussi synonyme d’échanges, même s’ils furent longtemps difficiles, comme en témoigne l’histoire des colporteurs. Et dans l’agroalimentaire, par exemple, ces échanges entre la France et l’Italie ont favorisé le développement Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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compétitivité industrielle de l’industrie pastière. Cette familiarité de longue date avec la mondialisation explique peut-être aussi pourquoi les deux départements savoyards, et singulièrement leur industrie, sont très exportateurs. Au point d’ailleurs que leur solde du commerce extérieur est excédentaire et qu’on estime que 40 % des salariés de l’industrie hautsavoyarde travaillent pour l’exportation. Autre qualité du territoire, sa capacité à jouer collectif et à se mobiliser sur de grands projets comme la préparation des Jeux olympiques d’Albertville en 1992, ou le combat contre l’adversité en 2008 lors de la crise qui avait frappé le décolletage dans la vallée de l’Arve. Un esprit de cordée probablement lié à la nécessaire solidarité en montagne. «Il y a aussi une forte capacité du territoire à accompagner le développement économique», observe Hervé Laurent, directeur de la création d’entreprise à Savoie Technolac. «L’implication des collectivités sur le champ de l’économie est très forte, confirme André Montaud, et c’est tout à fait remarquable à l’échelle française.» Les stratégies suivies par les deux départements diffèrent, développement de filières comme celle du solaire en Savoie, avec l’énorme travail accompli pour créer l’Institut national de l’énergie solaire, soutien aux entreprises existantes en Haute-Savoie autour de la plateforme technologique Thésame, entre autres exemples. Le fait d’être culturellement armés pour survivre en milieu hostile explique aussi peut-être la grande faculté d’adaptation des Savoyards et, partant, de leur capacité d’innovation. «Nous avons la chance d’avoir l’un des meilleurs pôles de compétitivité de France avec Arve industries», se réjouit Céline Hugot. Enfin les Pays de Savoie ont un atout de choix dans leur jeu, leur très forte attractivité. «Notre environnement est exceptionnel», se félicite Hervé Laurent. La qualité de vie que l’on trouve dans les deux départements est leur premier argument marketing pour faire venir cadres, chercheurs ou patrons. Les Savoie c’est vraiment “small is beautiful”, deux départements à taille humaine avec une qualité de vie remarquable et en même temps un territoire très dynamique et bien positionné dans le sillon alpin. 10

Des faiblesses de taille Pour autant, les Pays de Savoie ont aussi des handicaps. Malgré leur qualité, les infrastructures de transport ont encore deux énormes points noirs : le désenclavement du Chablais reporté une nouvelle fois aux calendes grecques pour cause d’économies budgétaires, et la liaison TGV entre Annecy et Paris. La frontière a aussi des effets pervers. D’un côté le nombre très élevé de frontaliers qui vont chaque jour travailler dans le canton de Genève est une chance pour la Haute-Savoie car c’est un soutien pour l’économie. Mais, dans certains métiers, l’attraction pour la Suisse et ses salaires élevés crée des tensions. «Dans la vallée de l’Arve, c’est une lutte quotidienne pour conserver ses salariés, indique Céline Hugot, et le phénomène s’est accentué depuis la mise en service du tronçon autoroutier Annecy-Genève.» «Certains voient leur

Il y a une forte capacité du territoire à accompagner le développement économique. Hervé Laurent, directeur de la création d’entreprise à Savoie Technolac

salaire net doubler en passant de l’autre côté de la frontière : cela donne à réfléchir», confirme Bertrand de Taisne, Pdg de Rossignol Technology à Scionzier. «Maintenir nos compétences dans la vallée est un véritable enjeu», poursuit Céline Hugot, précisant même qu’une demande a été faite auprès du gouvernement (pour l’instant sans réponse) afin d’augmenter le plafond salarial du CICE en Haute-Savoie. La diversité de l’industrie est réelle, mais certains secteurs restent fragiles et, en premier lieu, la sous-traitance. En Savoie, où elle s’est beaucoup développée autour des grands groupes, elle a créé un tissu de très petites entreprises extrêmement dépendantes de leurs donneurs d’ordre. Le déclin récurrent des grands groupes dans le département entraîne des difficultés pour les entreprises travaillant pour ces grosses

ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle

Industrielle et rentable Notre confrère l’Expansion vient de dresser un palmarès des 194 PME indépendantes les plus rentables (plus de 10 M€ de chiffre d’affaires et plus de 3 % de rentabilité). Parmi elles figurent trois sociétés haut-savoyardes : Anthogyr (49e rang), Somfy (63e rang) et Rossignol Technology (182e rang). Cette dernière, implantée à Scionzier, est leader mondial de la tige de frein automobile avec 40 % du marché. Elle opère pourtant dans un secteur réputé particulièrement difficile, celui des équipementiers automobiles. Rossignol Technology exporte aujourd’hui 95 % de sa production. Son Pdg, Bertrand de Taisne (photo), explique qu’il faut constamment innover et inventer. «Nos clients standards nous imposent des baisses de prix annuelles de 3 % alors que les salaires ne diminuent pas et que les matières premières subissent des variations erratiques, alors on se bat au quotidien pour obtenir des gains de compétitivité et baisser les coûts.» Rossignol Technology automatise, délocalise ainsi ses productions à faible valeur ajoutée (Tchéquie et bientôt Mexique) et propose des prestations de plus en plus pointues à ses donneurs d’ordre. «Il faut sortir du moins disant, commente Bertrand de Taisne, et être un fournisseur confortable pour son client en le suivant au bout du monde s’il en a besoin. Bien sûr, tempère-t-il, il n’est pas question de dire oui à tout, sinon c’est le baiser de la mort !» Résultat : la société qui réalisait en 2011 (date de son rachat par Bertrand de Taisne) un chiffre d’affaires de 9 M€ a une activité aujourd’hui de l’ordre de 15 M€. «Et nous avons toujours 56 salariés, sans compter une bonne douzaine d’intérimaires» précise le Pdg qui se dit convaincu qu’on peut garder des emplois industriels en France. Il a découvert la Haute-Savoie récemment. Il dirigeait auparavant une société en Normandie et ne tarit pas d’éloges sur l’énergie et le dynamisme du territoire. «J’apprécie aussi la culture sécurité des salariés, observe-t-il. Les gens qui le week-end font du parapente ou de l’escalade, savent qu’il est indispensable de vérifier leurs mousquetons avant de partir. Dans notre activité où la sécurité est essentielle, car la tige de frein relie la pédale au système de freinage, c’est très appréciable». Et de conclure, «on va fêter notre 500 millionième tige et jamais aucune n’a cassé !»


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compétitivité industrielle fonctionnent encore avec une culture à l’ancienne très fermée où l’on n’a pas l’habitude d’échanger avec ses voisins. En revanche les sociétés plus modernes n’hésitent pas à jouer collectif en particulier au sein du pôle Arve industries», observe Bertrand de Taisne. Recherche ETI désespérément

’Américain Polaris a L racheté, ce printemps, le constructeur de véhicules sans permis Aixam. L’entreprise savoyarde y gagne une vraie taille critique, mais son centre de décision bascule à Minneapolis.

sociétés. Récemment, les inquiétudes autour de l’avenir de l’usine d’aluminium Rio Tinto Alcan de Saint-Jean-deMaurienne étaient liées, non seulement au nombre important de salariés directement concernés (encore près de 400), mais aussi indirectement par le biais de la sous-traitance avec environ 2 000 emplois recensés. «Ce cas emblématique illustre le fait que de nombreuses entreprises n’ont pas su développer de produits propres, souligne René Chevalier, président de la CCI Savoie. C’est bien d’avoir sauvé l’usine de Saint-Jean avec le projet de cession à l’Allemand Trimet, mais il faut tirer les leçons de cette alerte 12

et encourager les sous-traitants à diversifier leurs activités.» «Il faut effectivement que les sous-traitants interviennent plus en amont dans la conception des produits pour leurs donneurs d’ordre, estime Cyril Gouttenoire, délégué régional BPI France, qu’on évolue davantage vers de la co-conception avec, par exemple, des bureaux d’études étoffés, voire regroupés en termes de synergies.» De même, si l’esprit et la capacité à jouer collectif et à chasser en meutes sont souvent mis en avant par les industriels savoyards, il reste des efforts à faire. «Certaines entreprises

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a Gerbe savoyarde L (Annecy-Meythet) a reconfiguré son outil de production de boulangerie industrielle pour s’adapter à la demande de la grande distribution en pâte surgelée à cuire sur place.

Par ailleurs, comme le reste de l’industrie française, le secteur manque encore d’ETI, ces fameuses entreprises intermédiaires dont tout le monde rêve aujourd’hui. Si l’on en recense un certain nombre en Pays de Savoie, surtout en Haute-Savoie, elles restent cependant minoritaires. «Et ce sont surtout, observe André Montaud, des filiales de grands groupes avec de moins en moins de centres décisionnels sur notre territoire, ce qui est un facteur de fragilité.» Un des enjeux du développement industriel futur résidera justement dans la capacité à attirer des ETI ou à créer les conditions de leur développement. «Et la question est cruciale», observe René Chevalier, évoquant dans le bassin chambérien la récente fermeture du fabricant de véhicules antiincendie Camiva ou la diminution d’activité ces dernières années de l’exVetrotex (devenu OCV reinforcements). «La volonté n’est pas encore assez marquée de constituer des groupes ou des associations entre petites sociétés» note Cyril Gouttenoire. C’est tout le problème de la taille critique des entreprises qui n’ont pas toujours la dimension suffisante pour jouer sur le terrain mondial. Enfin l’attractivité du territoire se paie au prix fort avec la cherté de l’immobilier et la difficulté croissante des salariés à se loger. «Un phénomène très marqué en Haute-Savoie avec des loyers supérieurs à ceux de Lyon», regrette André Montaud. «Même en Savoie, nous sommes beaucoup plus chers que dans le reste de la France, ajoute Thierry Perrier, et je vois souvent des candidats venus d’autres régions repartir en courant une fois renseignés sur les prix de l’immobilier local.» «C’est un vrai souci pour le renouvellement de la main-d’œuvre», conclut André Montaud. Ce que l’on appelle aussi la rançon du succès.


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Filière agroalimentaire

Un enracinement dans le territoire

© Laurent Madelon – Syndicat Interprofessionnel du Reblochon

L’agroalimentaire est un secteur issu des productions agricoles traditionnelles : fromages, salaisons, vins et alcools. Il a donné naissance à de grandes entreprises et de très nombreuses PMI, dont certaines exportent leurs produits aux quatre coins du monde. Performant et innovant, le secteur est aussi confronté à un phénomène de concentration. Par Sophie Guillaud

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ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle


Un secteur majeur L’agroalimentaire est le premier secteur industriel en Savoie avec 32 % des établissements. Et c’est le deuxième en termes d’emplois avec 16 % des emplois salariés. La proportion est moins marquée en Haute-Savoie, avec 7 % des établissements industriels et 9 % des salariés. (sources CCI) Vague de rachats En quelques années, plusieurs PME emblématiques ont changé de mains : Fruité rachetée par l’Anglais Britvic, Péguet salaisons par le Ligérien Rochebillard et Blein, Alpina Savoie par le Breton Galapagos ou Routin par un groupe d’investisseurs. Et puis, bien sûr, le poids lourd Entremont croqué en 2011 par Sodiaal.

Un territoire où il y a à boire et à manger La filière agroalimentaire s’est structurée autour des traditions agricoles des Pays de Savoie.

C

’est naturellement à partir du terroir que s’est forgée l’industrie agroalimentaire. Le fromage est donc son produit phare puisque la production laitière est une spécificité des montagnes savoyardes. Reblochons, tommes et autres abondance sont indissociables de notre territoire. Et ont permis à de nombreuses enseignes de se développer comme Pochat, Chabert, Entremont ou Dominici. Ainsi qu’à des fabricants de yaourts : Baïko, Prairies savoyardes ou encore Savoie yaourt. Il y a aussi les salaisons avec Raffin, ou encore Péguet. Et puis la filière des vins de Savoie. Mais le territoire a aussi nourri d’autres activités. Par

exemple l’industrie des pâtes dont le développement est lié à la proximité de l’Italie et dont il subsiste Alpina Savoie. Ce voisinage a aussi fait jaillir une industrie des boissons : vermouths, autres alcools et sirops avec Dolin et Routin. Et puis les Pays de Savoie sont riches d’une ressource naturelle essentielle : l’eau. Évian bien sûr, mais aussi Thonon ou Aix. Des entreprises se sont aussi tournées vers d’autres créneaux. Traditionnels encore comme Babycoque et sa production d’œufs. Moins directement liés à des produits locaux comme le torréfacteur Folliet dont l’activité d’origine était une épicerie à Chambéry. Ou la boulangerie industrielle comme la Gerbe savoyarde, ou Pati-prestige. Les glaces comme Glaces des Alpes (photo) ou encore les jus de fruit Thomas Le Prince. Beaucoup de ces entreprises ont su jouer avec talent la carte du terroir et

Des produits de qualité AOC, IGP (*) : les Pays de Savoie ont misé sur la qualité pour valoriser leurs productions (fromages, vins et fruits). Et depuis 1974, l’association Marque Savoie, soutenue par l’Assemblée des Pays de Savoie, valorise les produits du terroir local. * A ppellation d’origine contrôlée, Indication géographique protégée

( )

Agri ou agro ? La frontière est parfois difficile à fixer entre agriculture et agroalimentaire. C’est toute la question des liens entre producteurs et transformateurs. Les vins de Savoie, par exemple, font partie de l’agroalimentaire dès qu’ils sont en bouteille et non pas vendus en vrac. Les coopératives laitières en gestion directe qui transforment leur lait aussi. Mais il est très difficile de recenser exactement le nombre d’entreprises et de salariés exerçant dans le secteur.

profiter de l’essor phénoménal du tourisme. Fromages, salaisons, alcools et vins de Savoie ont toujours la cote en stations. Mais l’agroalimentaire savoyard sait aussi franchir les frontières : Routin par exemple est le premier exportateur français de sirops. Le secteur est donc performant et innovant. Mais comme les autres industries, il est confronté à un phénomène de concentration. Beaucoup d’entreprises ont disparu. La conjoncture a aussi été très chahutée ces dernières années : hausses rédhibitoires des prix de matières premières (sucre, blé…) ou encore nouvelles taxes sur les alcools. Il y a aussi la question de la taille critique : rester petit et quasi artisanal sur un marché de niche ou se développer mais jusqu’où ? Un enjeu crucial pour nombre de PME familiales aujourd’hui.

Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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agroalimentaire ILS SYMBOLISENT LA FILIÈRE

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ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle

© Mathieu Garçon

Une eau devenue mondiale Avec 6 millions de bouteilles produites chaque jour (2 milliards par an), à l’usine d’Amphion, la société des eaux d’Évian, propriété du groupe Danone, est bien loin des débuts de la source Cachat et de la création de l’entreprise en 1826. Deuxième exportateur de la HauteSavoie, elle est aussi le premier employeur du Chablais.

L’autre pays des pâtes Crozets, fidés, taillerins… Les Savoie ont inventé leurs propres pâtes. On recense 27 producteurs à la fin du XIXe siècle, puis de véritables industriels : Capitan à Thonon, Bozon Verduraz en Maurienne, Fontanet à Albertville ou Alpina et Chiron moulins de Savoie à Chambéry. Ne subsiste aujourd’hui qu’Alpina Savoie (44 M€ de CA, 140 salariés).

© Marque Savoie

TÉMOIGNAGE Marie-Thérèse Dratz, présidente du Club Agrosavoie «Notre filière est très importante, en Savoie c’est d’ailleurs le premier secteur industriel, mais elle compte beaucoup de très petites entreprises qui sont finalement assez isolées. Il y a un manque en matière d’échanges d’informations et de contacts. Notre principal point fort est la qualité de nos produits unanimement reconnue et qui est d’autant plus importante aujourd’hui que le terroir a la cote auprès des consommateurs.»

Tout est bon dans le cochon Autres spécialités incontournables : les salaisons et charcuteries avec Henri Raffin, Péguet, Mollier, Prévôt ou les Salaisons savoyardes. Saucissons, jambons et autres diots se sont développés notamment parce que le petit-lait était la base de l’alimentation porcine. D’ailleurs dans les années 70, la moitié des laiteries avait sa porcherie !


Fromages : Chabert en fait des tonnes En moins de 80 ans, l’ancien fromager artisanal a pris 30 % des parts du marché des Pays de Savoie.

E

des produits du terroir auprès des consommateurs pour développer la fabrication de fromages traditionnels savoyards : reblochon, tomme de Savoie, abondance… Et elle entame une politique de croissance externe, qui va devenir sa marque de fabrique, en reprenant au fil des ans de nouvelles fruitières. Ce développement a été poursuivi par la troisième génération de Chabert, Luc et Céline, arrivés dans la société au cours des années 90 (la dernière acquisition, la fruitière de Sales, date de 2011).

n 1936, Camille Chabert, qui a fait son apprentissage de fromager à Aussois, se met à son compte comme fromager de la fruitière de Thusel dans l’Albanais hautsavoyard. Celle-ci collecte 500 litres de lait par jour et fabrique une meule d’emmental tous les deux jours. Les meules sont ensuite vendues aux affineurs locaux. Puis, petit à petit, la zone Une entreprise de collecte et la production augmen- restée familialee tent. Dans les années 50, la fruitière produit deux meules par jour ! Puis en Chabert regroupe aujourd’hui une 1956, Camille Chabert rejoint la frui- dizaine de fruitières dans les deux tière de Sur-les-Bois à Annecy-le-Vieux. départements et collecte 90 millions de litres de lait par an La production passe à auprès de 400 producquatre meules par jour ! teurs. La production Le tournant majeur va annuelle atteint 10 000 se produire au milieu Chabert a tonnes de fromages et des années 60 lorsque construit son le chiffre d’affaires, l’usine de lait Mont développement 80 millions d’euros. La Blanc à Rumilly, qui croissance externe a collectait la quasi-tota- en conservant été accompagnée par lité du lait dans l’Alba- le système une politique constante nais, annonce qu’elle va traditionnel d’investissements et s’approvisionner en des fruitières. d’innovations. En 2003, Bretagne, le prix du lait l’entreprise a construit, y étant beaucoup moins cher. Les agriculteurs concernés sur son site de Vallières, l’atelier de décident alors de construire une conditionnement et le laboratoire fromagerie moderne (capacité de d’analyse de toutes les unités du 12 meules par jour) à Vallières. Ils en groupe. Elle s’est aussi adaptée à l’évoconfient le poste de fromager à Camille lution de la distribution : 40 % de sa Chabert. La société démarre en 1967 production est réalisée sous marques avec, grande nouveauté, une cave distributeurs. Chabert a ainsi réussi à d’affinage. Les premières meules de rester une entreprise familiale, fondée fromage marquées du nom Chabert sur le système original des fruitières sont fabriquées en 1972. Puis Gérard, fromagères, tout en se développant le fils du fondateur qui a rejoint son pour être un des leaders en Pays de père en 1965, après des études de Savoie (elle détient aujourd’hui 30 % maître fromager à l’École nationale de du marché !). «Par ce système de fruil’industrie laitière de La Roche-sur- tières nous conservons un lien très fort Foron, prend les commandes de l’en- avec le monde agricole, insiste Luc treprise. C’est le début des années 80. Chabert. C’est essentiel à une époque L’emmental est en perte de vitesse, où la revalorisation des productions mais la société va profiter du succès laitières est un véritable enjeu.»

’est ici dans la fruitière C de Thusel que Camille Chabert a démarré son activité de fromager en 1936.

n 1936, Chabert produisait E une meule d’emmental tous les deux jours, aujourd’hui 10 000 t de fromages AOC et IGP par an.

vec sa sœur Céline, A Luc Chabert, Pdg, représente la troisième génération aux commandes de l’entreprise. Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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agroalimentaire Dolin, une société aux parfums L’inventeur du vermout de Chambéry exporte aujourd’hui 30 % de sa production.

Au fil du temps, cette seconde production va s’étoffer avec une vingtaine de parfums proposés dans les années 70. L’entreprise va, par ailleurs, profiter de l’essor du tourisme blanc en Savoie ’est dans l’Avant-Pays savoyard, pour proposer ses produits aux clients aux Échelles, que le producteur des stations. Le succès est au rendezde sirops et alcools a vu le jour. vous, même si Dolin, présidée par JeanEn 1821, Joseph Chavasse y crée Luc Scapolan (apparenté aux Sevez) en effet une distillerie-liquoristerie. depuis 2000 a choisi de rester d’une Utilisant les plantes et fruits locaux, le taille modeste (une quinzaine de salasucre et la macération, l’infusion et la riés aujourd’hui) jouant la carte du distillation, Joseph Chavasse concocte “small is beautiful” et des marchés de des boissons. La proximité avec l’Italie niche. Mais elle a su aussi exploiter ses lui a fait découvrir le vermouth fabri- atouts à l’international. Et notamment qué à Turin. Il va alors mettre au point ces dernières années. «Nous avons été sa propre recette et invente le vermout confrontés à un recul de nos marchés (sans h) de Chambéry. Une recette plus hexagonaux», reconnaît Jean-Luc corsée que son cousin italien, qui va Scapolan. En cause une conjonction de rapidement faire fureur et susciter de plusieurs facteurs : une certaine désafnombreux émules dans fection vis-à-vis de la le bassin chambérien. consommation d’alcool, On y comptera jusqu’à la hausse des taxes sur une petite vingtaine de ces mêmes alcools, et Le succès producteurs. Car la du vermout l’impact de la situasociété a déménagé à tion économique sur fut tel cette époque (autour de le porte-monnaie des 1840) et s’est installée qu’on compta consommateurs. Le dans la cité des Ducs. jusqu’à une Pdg a donc décidé de Elle est désormais diri- vingtaine de développer la part de gée par le gendre de producteurs l’international dans Joseph Chavasse, Louisl’activité de l’entreà Chambéry. Ferdinand Dolin. prise. Dans les années D’autres alcools sont 2000, il représentait proposés, comme le génépi, qui 5 % des ventes de Dolin, principaledevient vite un produit phare de la ment en Grande-Bretagne, aux Étatsmaison. L’entreprise conquiert déjà Unis et au Japon. «J’ai multiplié les une clientèle étrangère (son vermout voyages, raconte Jean-Luc Scapolan, décroche une médaille d’or à l’exposi- les participations aux salons et les rention de Philadelphie aux États-Unis contres avec les distributeurs.» Et cela en 1876). fonctionne, puisque Dolin exporte aujourd’hui ses boissons dans une L'impact énorme trentaine de pays (toujours beaucoup du tourisme de pays anglo-saxons et aussi Asie et Amérique du sud) et que l’export Dolin, qui est rachetée dans les représente aujourd’hui 30 % de l’actiannées 20 par une famille de négo- vité (3,8 M€ de CA). «Un succès qui ciants en épices, les Sevez, est encore réjouit aussi les salariés de Dolin, se une petite société. Mais elle propose félicite Jean-Luc Scapolan, car ils sont toute une gamme d’alcools (Bonal, fiers de savoir que nos produits fabriChambéryzette, gentiane…) et déjà qués au cœur des Alpes partent à l’autre quelques sirops d’orange et de citron. bout du monde.»

C oseph Chavasse avait le nez J pour élaborer des recettes de liqueur et autres alcools.

e négociant Joseph Sevez L racheta l’entreprise dans les années 20 avec son frère Charles.

ean-Luc Scapolan préside la J société depuis 2000. Il joue la carte de la tradition et du déve­ loppement à l’international. 18

ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle


Filière bois

Une branche multiple par essence La filière bois est un acteur économique important des Pays de Savoie. Royaumes de l’épicéa et du sapin, Savoie et Haute-Savoie comptent plus de 4 000 entreprises dans ce secteur, dont une grande majorité de la seconde transformation. La difficulté principale reste l’approvisionnement en bois local, Par Sylvie Bollard l’accès à la ressource étant souvent difficile dans nos zones montagneuses.

Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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© Bois Qualité Savoie

bois

Le bois abat ses cartes TERRITOIRE BOISÉ DE NATURE, LES PAYS DE SAVOIE SONT RENOMMÉS DANS TOUTE LA FRANCE POUR LEUR PRODUCTION DE BOIS DE CONSTRUCTION.

L

es Pays de Savoie ne manquent pas de bois : la surface boisée totale flirte avec les 400 000 hectares. Elle couvre 32 % du territoire en Savoie et 37 % en Haute-Savoie. Une vieille tradition d’exploitation et de transformation est donc toujours en œuvre, même si le secteur connaît de profonds changements depuis quelques décennies, avec la concurrence des bois des pays nordiques notamment. Une concurrence à laquelle s’ajoutent des difficultés d’exploitation en raison de la topographie du terrain et du grand morcellement des parcelles (pas moins de 100 000 propriétaires en Haute-Savoie, par exemple). Ce qui est facilement accessible est très bien exploité, le reste l’est très peu. Or, la ressource la plus disponible est aussi la plus compliquée à aller chercher. Située sur des versants escarpés, elle nécessite l’utilisation de tech-

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niques spectaculaires et peu répandues, comme le débardage par câble. L’un des enjeux de la filière porte sur l’exploitation de ces zones montagneuses par le biais de techniques innovantes. 4 000 ENTREPRISES La filière bois est traditionnellement divisée en deux grands secteurs : les métiers dits de la première transformation (métiers de la récolte jusqu’à la scierie en passant par la sylviculture) et ceux de la seconde transformation (du charpentier jusqu’à l’ameublement). En Pays de Savoie, 4 000 entreprises sont inégalement réparties entre ces deux secteurs, avec une très forte prépondérance pour la seconde transformation. Et un déclin notoire du nombre de scieries, comme d’ailleurs partout en France. En Haute-Savoie,

ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle

SAPIN ET ÉPICÉA La forêt des Pays de Savoie est composée aux trois quarts de résineux, épicéas et sapins en majorité. Ce bois est essentiellement utilisé comme bois de construction, pour les charpentes et les coffrages. Le bois énergie (bûches, plaquettes etc.) prend une place croissante. 25 % de la production nationale est assurée en Rhône-Alpes. De 2010 à 2011, la consommation totale de bois énergie dans la région est passée de 413 900 t à 462 956 t (+ 12 %). Une tendance qui va s’amplifier et qui pose le problème de l’approvisionnement des nombreux réseaux de chaleur.

LE PÔLE EXCELLENCE BOIS Initié par l’Assemblée des Pays de Savoie, le Pôle excellence bois (Peb) est opérationnel à Rumilly, dans l’exsite Salomon, depuis le mois de mai avec une équipe de six personnes, dont les personnels de la Fib 74 (filière bois) et d’IFB 73 (Inter forêt bois). Les deux organismes professionnels ne feront d’ailleurs plus qu’un dès 2014. Objectif du Peb ? Être un outil d’accompagnement et de développement de la filière, à l’image des pôles de compétitivité. Son premier projet de taille, intitulé “performance bois”, verra la mise en place dans ses locaux, d’ici au premier semestre 2014, de douze maisons en bois employant douze systèmes constructifs différents. «Ce sera un lieu de travail pour les entreprises qui pourront y peaufiner leurs techniques en amont des chantiers», précise Patrick Hure, directeur général. Le pôle travaille sur la réalisation d’un observatoire du bois énergie et sur le recensement des formations existantes. L’objectif est de simplifier l’accès à la formation et de faire monter le niveau de compétences. Le pôle pourra accueillir des formations (sans les dispenser lui-même) dans ses vastes locaux de 5 500 m2.

elles ne seraient plus qu’une vingtaine à avoir une activité régulière. En Savoie, une cinquantaine d’entre elles (dont les scieries mobiles) emploieraient encore 200 personnes. Globalement, la filière représente environ 4 000 emplois en HauteSavoie (et 760 M€ de chiffre d’affaires) et plus de 2 000 pour la Savoie. Les entreprises de la première transformation sont souvent de très petites structures familiales voire unipersonnelles, alors que celles de la seconde transformation (1 500 entreprises et 3 000 emplois en Haute-Savoie) comptent à la fois des PME artisanales et de gros industriels comme Fournier SA à Thônes. Aujourd’hui, la filière se structure autour du Pôle excellence bois (lire l’encadré), porté par l’Assemblée des Pays de Savoie.


TÉMOIGNAGE Jean-Claude Monin, président de Bois Alpes «Nous avons de vrais atouts avec des bois de qualité mécanique équivalente à d’autres régions. Cette qualité a longtemps été sousestimée. Résultat : la filière construction dans les Alpes fonctionne toujours avec 80 % de bois importé. Il faut que la filière continue de se structurer pour faire évoluer les choses.»

construction Les maisons à ossature bois ont le vent en poupe. L’engouement pour ce type de construction a dopé le secteur de la seconde transformation.

© Bois Qualité Savoie

© Laurent Guette - CG 74

© Hobby-One pour Chambéry métropole

Ils symbolisent la filière

BQS Créée en 2006, la marque BQS (bois qualité Savoie) garantit l’origine locale des bois. Quinze entreprises hautsavoyardes sont adhérentes. En 2012, 180 000 m3 de grumes et 100 000 m3 de sciages ont obtenu le label. La prochaine étape, d’ici à la fin de l’année, sera un accord avec la certification Bois des Alpes pour simplifier le message.

Tavaillon Le tavaillon est utilisé en Haute-Savoie, dans les Aravis notamment, pour couvrir les toits des chalets. Ces petites planchettes d’épicéa étaient autrefois réalisées avec le bois prélevé sur place. Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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bois SCIERIE FRISON : INVESTIR POUR SURVIVRE LA SCIERIE FAMILIALE DE SAINT-CASSIN A FAIT LE CHOIX DE L’INVESTISSEMENT POUR POUVOIR POURSUIVRE SON ACTIVITÉ.

explique-t-il. L’effort est certes important pour l’entreprise où travaillent huit personnes (dont trois de la famille) et qui réalise un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros. Mais il semble bien indispensable pour pouvoir tirer son alé dans son fauteuil derrière la épingle du jeu, voire survivre dans un baie vitrée, Jean-Philippe contexte national très défavorable. Frison a une vue imprenable. «Tous les trois jours, une scierie cesse Pas sur le paysage de forêt qui entoure son activité en France. En Francheson entreprise. Mais sur son chariot Comté, c’est une par semaine», déplore à grumes et sa délile jeune dirigeant, bien gneuse. Celui qui se décidé à se battre pour définit à la fois comme faire perdurer le savoir«patron et ouvrier», faire paternel. En Le prix de tient dans une main la la matière Rhône-Alpes, le manette de com- première est nombre d’établissemandes des machines ments de ce type a et de l’autre, pianote trop élevé. diminué de moitié les cotes de coupe sur Toutes les depuis 1990 et d’aule clavier. Le tronc est scieries sont cuns craignent la dispoussé automatique- en train de parition de ce métier. ment vers le chariot disparaître ! La faute à qui ? La qui l’emmène à la scie. concurrence des bois En deux temps et trois du Nord, facilement mouvements, le billot devient poutres, exploitables et donc moins chers, est planches ou bois de palette. Au sui- montrée du doigt, ainsi que le morcelvant. C’est réglé comme du papier à lement des parcelles dans nos régions musique, la mélodie en moins, le et les difficultés pour y accéder. Au vacarme en plus. final, le volume de bois disponible n’est pas si élevé que cela et quand les Automatisation gros scieurs des Savoie et de l’Isère sont passés devant, il ne reste que de Depuis dix ans qu’il a repris les rênes petites – mais chères – quantités pour de la PME familiale, le jeune homme les autres. «Pour dégager de la marge, de 32 ans a projeté la scierie, fondée par on doit donc augmenter notre producson grand-père en 1956, dans le monde tion tout en en faisant baisser les de l’automatisation. À grands coups coûts.» Les effectifs ont évidemment d’investissements : 100 000 euros par eux aussi pâti de cette situation. an en moyenne. «J’ai renouvelé tout le Pourtant, le débouché existe. Les matériel pour être plus performant», 11 000 m3 de grumes locaux (provesouligne-t-il. Déligneuse, broyeur, slab- nant d’un rayon de 30 km autour de beur, chariot à grumes, écorceuse, Saint-Cassin), traités chez Frison chariot de tronçonnage ont été chan- chaque année (50 % d’épicéas et 50 % gés. Et ce n’est pas fini, puisque, dans de sapins), partent pour la construcles deux ans à venir, Jean-Philippe tion (60 % à des négociants en matéFrison a prévu de s’équiper d’un séchoir riaux), vers les charpentiers locaux (200 000 euros) et d’une raboteuse (20 %) et vers les maçons (20 %). La (100 000 euros) dont il ne dispose pas majorité des clients est originaire de aujourd’hui. «Cela nous apportera de la région Paca. Ils apprécient les quanouveaux marchés sur le local et nous lités de robustesse des bois de monpermettra d’ajouter de la plus-value», tagne.

C ne scierie traditionnelle U et moderne à la fois.

ean-Philippe Frison J aux commandes.

1 000 m3 de grumes sont 1 traités là chaque année. 22

ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle


LA RABOTERIE DES SAVOIE PLANCHE SUR LE BOIS LOCAL LA TPE D’ALBY-SUR-CHÉRAN va PROPOSER SES PLANCHERS ET AUTRES LAMBRIS EN BOIS 100 % LOCAL.

M

un peu en dessous», complète le menuisier. Pour y parvenir, Lionel Prunier travaillera avec un scieur bauju qui lui fournira des planches de bois sec. «Nous formons une petite grappe d’entreprises, commente-t-il, il n’y a que comme cela qu’on peut s’en sortir sur ce type de projet.»

arre de découvrir au milieu des paquets de lames de parquet des planches tellement moches qu’inutilisables. À force de Du producteur piquer des colères en trouvant ces au consommateur pièces défectueuses, Lionel Prunier, menuisier agenceur à Bellecombe-en- Dans un premier temps, Lionel Prunier Bauges (société A2BC), s’est sérieuse- table sur une production mensuelle de ment demandé comment remédier au 1 240 m2 de lambris ou bardage, grâce notamment à la profiproblème. Et a déniché leuse de dernière généla solution quand son ration qu’il a acquise genou accidenté lui a Demain, pour l’occasion (le total imposé un repos de habiller sa l’investissement en trois mois. «Au lieu de maison de bois de machines s’élève à ne rien faire, dit-il, j’ai 170 000 euros). Une mis en route un projet local sera production qu’il effecqui me titillait depuis possible. tuera lui-même, un longtemps : celui de créer une fabrique de produits finis de jour par semaine pour commencer, en deuxième transformation en bois local.» marge de sa principale activité. Car Une première du genre en Pays de en parallèle, il continuera avec ses deux salariés (dont son fils), d’exercer Savoie. son métier de menuisier agenceur au Étude préalable sein d’A2BC (220 000 euros de CA approfondie escomptés en 2013). Et si tout marche comme prévu, c’est-à-dire si le carnet Après une bonne année de structura- de commandes de la Raboterie des tion en amont, comprenant notamment Savoie se remplit convenablement, une étude sur les machines, le marché Lionel Prunier y consacrera davanet la rentabilité, la société est sur le tage de temps. «J’en ai déjà parlé avec point de voir le jour d’un point de vue pas mal de constructeurs, détaille-t-il, officiel. La SAS Raboterie des Savoie et tous paraissent très intéressés par sera créée sur le papier cet été. Dans les mon idée. Je pourrais même leur profaits, elle est en cours d’installation à poser des produits spécifiques s’ils le Alby-sur-Chéran, au sein de l’espace souhaitent. L’attrait pour le bois local Leader. Et cet automne, professionnels est réel et se développe.» C’est d’ailleurs et particuliers pourront venir s’y appro- en voyant toutes ces forêts si peu visionner en lambris, bardages, plan- utilisées que l’envie de mettre en chers, balcons, terrasses, volets, bois valeur le bois local a émergée en lui. brossé, bois d’aménagement, profils Un pari qu’il sait difficile, d’autant spéciaux (baguettes d’angles, plinthes, que les pertes sont importantes lambourdage etc.)… en bois local et lorsqu’on travaille le bois local. «Je ne plus précisément bauju. «Mes prix vais pas faire fortune avec ça ! rigoleseront au pire égaux à ceux pratiqués par t-il. Mais dans le domaine du bois les négociants sur leurs produits en bois aussi, on pourra dire : directement du d’origines diverses. J’aimerais même être producteur au consommateur.»

ionel Prunier avait depuis L longtemps envie de valoriser le bois local.

e menuisier travaille L actuellement aux tests sur sa profileuse.

ur le banc de coupe, S les premières lames attendent leur tour. Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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Filière énergie

Consommer moins, produire plus

© Pascal Tournaire - EDF

Indispensable à toute activité, l’énergie constitue un enjeu majeur pour la pérennité des sociétés humaines. Les territoires rhônalpins se sont mobilisés, dans le cadre de la prochaine loi sur la transition énergétique, avec une série de propositions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, Par Sophie Boutrelle développer les énergies renouvelables, maîtriser les consommations.

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ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle


Mobilité Le débat rhônalpin sur la transition énergétique met en avant des projets et/ou des réalisations conduites sur les territoires. En Pays de Savoie, la liaison ferroviaire Cornavin-Eaux Vives-Annemasse (Ceva), qui reliera Annemasse à Genève en 17 minutes, est considérée comme une bonne alternative à la voiture.

a SCDC exploite L le réseau de chauffage urbain de Chambéry.

Débats électriques autour de la transition En rhône-Alpes, Les débats organisés dans le cadre du projet de loi sur la transition énergétique ont rassemblé 10 000 participants.

C

omment sécuriser les appro­ visionnements énergétiques ? Diminuer la part du nucléaire ? Freiner la hausse des consommations ? Favoriser la production d’énergies renouvelables ? Voilà quelques-unes des questions abordées lors des discussions organisées autour de la transition énergétique. La loi, qui devrait être débattue à l’automne au niveau national, a donné lieu à un grand débat dans les Régions invitées à remettre leur copie à l’État le 8 juillet. En RhôneAlpes, les 107 ateliers et 36 conférences organisés ont rassemblé près de 10 000 participants. Depuis 2010, le Conseil régional planche par ailleurs

sur des scénarios prospectifs à l’horizon de 2020 et 2050, permettant de respecter les engagements pris au niveau international et français pour réduire les émissions des gaz à effet de serre (GES). Des domaines stratégiques ont été identifiés pour agir : le bâtiment, qui représente plus de 40 % de l’énergie finale consommée en France, la mobilité (33 %), l’industrie (23 % de la consommation) ou encore l’agriculture (2 % de la consommation, mais un cinquième des émissions). Des pistes pour agir Pour chaque secteur clé, des propositions d’actions émergent comme la rénovation de l’habitat, en commençant par les réalisations les plus anciennes, et la construction de bâtiments énergiquement performants, le développement des modes de trans-

Chauffage Chambéry est, elle, distinguée pour son réseau de chauffage urbain (55 km de long pour 20 000 équivalents logements alimentés). Exploité par la SCDC, celui-ci mobilise différentes énergies : cogénération au gaz, bois, fioul, chaleur produite par l’incinération des ordures ménagères… Méthanisation Dans la région d’Albertville encore, l’EARL Mercier (220 vaches laitières) a investi dans une unité de méthanisation qui valorise ses fumiers et lisiers ainsi que ceux des exploitations agricoles voisines. L’investissement, qui se monte à 1 million d’euros, lui permet de couvrir ses besoins en chaleur et de revendre de l’énergie à EDF.

Des spécificités locales Les Pays de Savoie se distinguent par le poids des entreprises locales de distribution d’électricité (ELD). Sur les 106 recensées au niveau national, 25 sont en Savoie, 5 en HauteSavoie où les régies sont de taille importante. Le territoire se distingue aussi par l’importance de la production hydraulique. Avec une capacité de 7 600 MW (300 prises d’eau, 120 centrales, 132 barrages), l’unité de production Alpes d’EDF (5 départements dont les Pays de Savoie) représente à elle seule un tiers de la production hydraulique française.

port alternatifs à la voiture, une moindre utilisation des engrais azotés, un recours croissant aux énergies renouvelables (pompes à chaleur, solaire thermique, bois). Concernant la production, Rhône-Alpes dispose d’un fort potentiel qui lui permet d’afficher des objectifs ambitieux : d’ici 2020, elle prévoit d’atteindre les 3,4 Mtep (mégatonne équivalent pétrole). L’hydroélectricité et l’éolien devraient générer la moitié des objectifs de croissance avec une hausse de 30 % entre 2005 et 2020, mais le biogaz, le bois, le solaire thermique et photovoltaïque gagneront aussi du terrain. L’ambition affichée est de parvenir, en 2050, à réduire les émissions de GES et à diviser par deux les consommations d’énergie finale. À la fois consommateurs et producteurs d’énergie, les territoires sont au cœur des politiques à mettre en place pour y parvenir.

Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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énergie Ils symbolisent la filière TÉMOIGNAGE Jean-Pierre Vial, sénateur de la Savoie «Il est sûr que la filière solaire a été très chahutée depuis deux ans. Bulle financière, effets du moratoire, dumping chinois… de nombreuses entreprises ont été victimes de ces aléas. Cela montre bien que le passage aux énergies renouvelables requiert des outils d’accompagnement. Aujourd’hui on passe à la deuxième génération avec une industrie qui va devoir être plus compétitive et où la technologie fera la différence. Dans ce domaine la France a des atouts considérables et l’Ines n’y est pas pour rien. C’est un enjeu d’avenir majeur pour la Savoie.»

De nouvelles ressources pour le CIH Le Centre d’ingénierie hydraulique est implanté à Savoie Technolac. Spécialisé dans la conception et l’aménagement d’équipements hydrauliques en France et à l’international, il emploie 918 agents dont 523 en Savoie. Son activité progresse avec la maintenance et la rénovation des installations existantes. 26

ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle

© CNR

© Lionel Astruc - EDF

L’Ines brille en Savoie L’Institut national de l’énergie solaire est le centre français de référence dans le domaine de l’énergie solaire. Initié en 2006, il réunit aujourd’hui 350 chercheurs à Savoie Technolac. À terme, plus de 500 personnes rejoindront ses 22 000 m² de bureaux et de laboratoires dédiés à la recherche, l’innovation et la formation.

La CNR fait le plein d’énergies Concessionnaire du Rhône pour le développement de la navigation, l’irrigation et la production d’énergies renouvelables (hydraulique mais aussi photovoltaïque et éolien), la Compagnie nationale du Rhône (1,4 Md€ de chiffre d’affaires en 2012 avec 1 372 salariés) veut accroître sa production de 2 000 MW d’ici 2015.


Le Syane développe sa fibre optique À l’origine dédié à l’électrification des zones rurales, le syndicat haut-savoyard se positionne fortement sur le numérique.

«L

e Syane est le maître d’ouvrage L des travaux réalisés sur les réseaux des communes sous concession départementale.

n plan de sécurisation des U réseaux aériens basse tension a été lancé en 2010.

Photos © Syane

le pays. Jusqu’en 1980, il joue un rôle moteur dans l'électrification des zones rurales, aux côtés des régies et d'EDF. En 1960, 99,6 % de la population hautsavoyarde est desservie en électricité mais les réseaux, pour l’essentiel construits avant 1935, ne sont pas es débats sur la transition dimensionnés pour faire face à l'essor énergétique n'ont pas suffisam­ du département. En 1985, le syndicat ment pris en compte les ques- devient Seleq 74 (Syndicat d’électricité tions liées au transport et à la et d’équipement de la Haute-Savoie). distribution d’énergie, alors qu’elles Ce changement de nom marque une sont déterminantes si on veut maintenir période charnière : les statuts sont un service public de révisés, le Département l’électricité homogène rejoint les rangs des sur l’ensemble du terriadhérents, les compéLe Syane toire», estime Jean-Paul tences s’élargissent Amoudry, le président porte des alors que les opérations du Syane. Basé à programmes d'enfouissement des Annecy, le Syndicat des d’aménagement réseaux s'accélèrent. énergies et de l’aména- du territoire À la fin des années gement numérique de 1990, un programme pour les la Haute-Savoie repréd'électrification de sites sente aujourd’hui trente énergies et isolés à partir d'énersalariés pour un budget le numérique. gies renouvelables est annuel d’une centaine initié. Depuis les années de millions d’euros. Ses 11 380 km de 2000, de nouvelles orientations sont réseaux électriques basse et moyenne prises pour s’adapter à un paysage tension desservent 239 communes énergétique et réglementaire en pleine sous concession ERDF, représentant mutation. Recentré autour d'une com342 145 usagers auxquels s’ajoutent pétence générale, l'électricité, et de 12 359 usagers du gaz (519 km de cana- compétences optionnelles (le gaz, lisations). l'éclairage public et les télécommuniFortement impliqué au sein de la cations), le syndicat devient Syane Fédération nationale des autorités (Syndicat des énergies et de l'aménageconcédantes et régies, le Syane s’est ment numérique de la Haute-Savoie). rapproché de ses homologues rhônal- Il porte des programmes d'aménagepins au sein de l’Iséra. Fondée début ment du territoire en matière de maî2012, l’entente, qui représente 9 syndi- trise de l'énergie dans les bâtiments cats départementaux, vise à mutualiser publics et l'éclairage public, de sécuriles moyens et à améliorer les contrôles sation des réseaux électriques aériens sur l’exploitation des réseaux dans un ou encore de développement du numéenvironnement qui n’a cessé d’évoluer rique. Au budget 2013, 20 millions au niveau technique, institutionnel, d’euros d’investissement sont prévus législatif, financier. pour la construction du réseau départemental d’initiative publique très haut 63 ans de mutation débit. «Le déploiement de la fibre optique contribuera de manière indirecte à la Le Syndicat intercommunal d’électri- réussite de la transition énergétique, cité de Haute-Savoie a été créé le assure Jean-Paul Amoudry. Il nous 9 décembre 1950 dans le cadre d’un permettra de gérer de manière de plus en mouvement national visant à électrifier plus fine et performante les réseaux.»

e programme Épure L accompagne les communes dans leurs projets d’éclairage. Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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énergie Le SDES monte en puissance Le Syndicat départemental d’énergie de la Savoie s’active sur de nouveaux fronts.

nières années, il a décidé de réviser ses statuts et d'étendre ses missions. Depuis 2012, il intègre ainsi une activité de maîtrise d’ouvrage des travaux de dissimulation des réseaux aériens e SDES (Syndicat départemental pour le compte de ses communes adhéd’énergie de la Savoie) est né un rentes. «Cette évolution permet d’orgabon demi-siècle après son homo- niser en toute indépendance l’assistance logue haut-savoyard, le Syane. Une et le conseil aux communes, mais aussi particularité partagée avec 17 autres de maîtriser les dépenses publiques», départements auparavant classés en note Bernard Soutrenon. 2012 a égalerégime électrique urbain. Ce statut ment été marquée par la mise en place obtenu en 1974 par Joseph Fontanet, d’une gestion complète (perception, alors président du contrôle, versement aux Conseil général et communes) de la taxe ministre, a permis une communale sur la Le SDES se électrification rapide consommation finale des stations de sports dote d’un outil d’électricité. La strucd’hiver. Il confie à EDF- à la mesure de ture s’est encore posiGDF Services Savoie la ses nouvelles tionnée sur le conseil maîtrise d’ouvrage des missions. en matière de dévelopextensions, renouvellepement des énergies ments et renforcements renouvelables, l’assisde réseaux de distribution publique tance aux diagnostics d’économies d’électricité dans une période propice d’énergie et de réduction des gaz à aux investissements, du fait notam- effet de serre… ment des besoins liés aux Jeux olympiques d’Albertville en 1992. «Ce régime Des locaux s’est révélé très intéressant, car il a per- plus adaptés mis d’énormes travaux d’équipement. La Savoie affiche aujourd’hui un taux En mars dernier, le SDES s’est insd’enfouissement des réseaux bien supé- tallé dans de nouveaux locaux amérieur à ce que l’on peut trouver dans nagés dans un immeuble haute d’autres départements», analyse Bernard qualité environnementale, le 3D. Situés à La Motte-Servolex, ses 385 m2 Soutrenon, directeur du SDES. ont fait l’objet d’une forte attention Des missions élargies architecturale : isolations phonique et thermique, parois translucides entre Fondé en 1996, le SDES est respon- les bureaux, détecteur de présence, sable de la distribution publique d’éner- unité de visioconférence, etc. Les gie électrique sur 272 communes dépenses énergétiques devraient, au savoyardes (les 33 autres exploitent final, être divisées par deux par rapdirectement le service en régies et en port aux anciens locaux. Au passage, semi-régies). Il a signé avec EDF-GDF le SDES se dote d’un outil à la mesure Services/Pays de Savoie un contrat de des changements qui s’annoncent avec concession d’une durée de 30 ans. À la la loi sur la transition énergétique et tête d’un patrimoine estimé à 800 mil- la disparition des tarifs réglementés lions d’euros (9 161 km de réseau et jaunes et verts, fin 2015. Il devra alors 5 505 postes de distribution publique), appuyer les collectivités qui auront le syndicat, présidé par Robert Clerc, l’obligation d’acheter leur électricité emploie huit personnes pour un budget par l’intermédiaire des marchés 2013 de 35 millions d’euros. Ces der- publics.

L e poste source L de Lanslebourg.

Photos © SDES

obert Clerc (à gauche) R aux côtés d’une partie du bureau.

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es nouveaux locaux du SDES L sont plus en phase avec ses ambitions. ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle


Filière électro-intensive

Une puissance qui reste fragile Figures de proue du développement industriel des vallées, les électro-intensives demeurent des acteurs économiques de premier plan en Savoie où elles représentent plus de 2 000 emplois directs et un chiffre d’affaires de l’ordre de 600 millions d’euros. Mais elles évoluent dans un contexte de Par Sophie Boutrelle concurrence mondiale où le prix de l’énergie constitue un facteur déterminant.

Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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électro-intensive SYNDICAT PROFESSIONNEL Basé en Savoie, le Spieegs (Syndicat professionnel des industries électrométallurgiques électrochimiques du Grand Sud) rassemble quinze entreprises du secteur électro-intensif représentant plus de 3 000 emplois. Son adhésion à l’UI (Union de l’industrie) Savoie permet d’offrir à ses membres des services de proximité autour de quatre pôles : droit social ; métiers, formation et développement des compétences ; financement et appui en développements industriels ; prévention des risques industriels. «Nous avons aussi une mission de rassemblement, de représentation et de défense de nos industries. Celle-ci nous amène à négocier avec les organisations syndicales, échanger avec les élus et les services de l’État, mais également travailler auprès des prescripteurs et des jeunes afin de leur faire découvrir la diversité de nos industries», explique Pierre Épitalon, secrétaire général de l’UI et du Spieegs.

Les électrointensives sous haute tension PARTICULIÈREMENT REPRÉSENTÉ DANS LES VALLÉES SAVOYARDES, LE SECTEUR ÉVOLUE DANS UN ENVIRONNEMENT DE PLUS EN PLUS CONCURRENTIEL.

L

es industries électro-intensives se sont développées au XXe siècle à proximité des cours d’eau dont elles utilisaient l’énergie pour fabriquer de l’aluminium, du silicium, des produits carbonés, graphites et autres corindons. Malgré les fermetures intervenues ces trente dernières années, elles restent très présentes dans le nord et le sud-est du pays. Positionnée sur différents marchés comme la sidérurgie, la chimie, la fonderie, le photovoltaïque, l’activité génère, au niveau national, un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros avec 5 000 emplois directs, 25 000 emplois indirects.

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Si SGL Carbon SAS (Passy) est la dernière électro-intensive de HauteSavoie, la Savoie reste marquée par cette industrie lourde. Fortes d’une puissance installée de 470 MW, les usines installées en Maurienne et Tarentaise enregistrent un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros (80 % à l’export) avec 2 000 salariés et 10 000 emplois indirects. Elles investissent chaque année 30 millions d’euros auxquels s’ajoute un volume de 20 millions d’euros de sous-traitance. UN ENVIRONNEMENT MONDIAL Acteur économique majeur en Savoie, l'industrie électro-intensive a su évoluer et s’adapter pour rester compétitive sur un marché mondial. Concurrence des pays émergents, impacts des taux de change et de la conjoncture, inflation réglementaire,

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DES RÈGLES COMMUNES À DÉFINIR «En matière de contraintes réglementaires environnementales, techniques ou sociales, les règles du jeu doivent être les mêmes pour tout le monde», martèlent les industriels électro-intensifs en regrettant les fortes disparités subsistant entre l’Europe et les pays à bas coûts, mais aussi au sein même de l’Union européenne. Et de demander la mise en œuvre de «normes ambitieuses mais réalistes pour les industriels».

contraintes environnementales, coût du transport et de l’énergie… les paramètres qui entrent en jeu sont multiples. Beaucoup d’usines se distinguent par des consommations énergétiques aussi fortes que spécifiques. «Leur fonctionnement saisonnier et/ou les arrêts de production lorsque la demande en électricité est forte dans le pays, constituent des atouts importants pour le réseau, car ils contribuent à son bon fonctionnement et à la sécurisation des approvisionnements. Nos entreprises doivent pouvoir bénéficier de mesures compensatrices, à l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays européens», note Francis Rateau, président du syndicat professionnel des industries électrométallurgiques et électrochimiques du Grand Sud (Spieegs), en plaidant pour la mise en œuvre de solutions innovantes permettant un coût de l’énergie compatible avec le maintien des usines sur le territoire.


Ils symbolisent la filière TÉMOIGNAGE Bruno Gastinne, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION INDUSTRIE DE LA CCI 73 «Les entreprises qui se sont installées en Savoie compensaient le handicap logistique par une électricité à bas coût, car elles étaient propriétaires des centrales hydroélectriques. Cet avantage électrique disparaît. Pour le regagner il y a deux pistes. Profiter de l’ouverture de la concurrence de l’hydroélectricité pour s’insérer dans les consortiums qui vont postuler à ces concessions, car on retrouverait une partie de la propriété des outils de production. Participer ensuite aux investissements de jouvence des centrales nucléaires pour bénéficier en contrepartie de tarifs électriques compétitifs.»

CARBONE SAVOIE, LEADER SUR LES CATHODES La Société des carbures métalliques (SCM) a été fondée en 1897 à Notre-Dame-de-Briançon. Également basé à Vénissieux (siège social) et Lannemezan, ce fournisseur de cathodes par aluminium a réalisé en 2012 un CA de 136 M€ avec 563 personnes. L'avenir du site inquiète la CGT qui dénonce le désengagement de Rio Tinto Alcan.

NOUVEAUX HORIZONS POUR MSSA Fondé en 1898 à Pomblière Saint-Marcel, MSSA (CA 2012 : 61 M€ avec 281 salariés), appartient depuis 2011 à la société japonaise Nippon Soda. Ce rachat a permis au producteur savoyard de sodium de développer ses investissements, avec notamment la création d’un atelier de fabrication de méthylate de sodium à La Rochelle.

TRIMET VA RACHETER RTA ST JEAN Après de longs mois d’incertitudes sur le devenir de l’usine Rio Tinto Alcan de Saint-Jean-de-Maurienne, un accord a été trouvé cet été pour la reprise du site. La vente, qui devrait être finalisée à l’automne, va passer par un consortium associant l’allemand Trimet (65 %) et EDF (35 %) qui fournira de l’énergie à un prix attractif. Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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électro-intensive FERROPEM MONTRICHER : UN CENTENAIRE ALERTE LE FABRICANT DE SILICIUM, QUI FÊTERA L’ANNÉE PROCHAINE SES 100 ANS, A INVESTI DANS LA REMISE À NIVEAU DE SON OUTIL DE PRODUCTION.

’énergie consommée par l’usine L Ferropem de Montricher équivaut à la consommation d’une ville comme Grenoble.

estinée à de nombreux D marchés, la production est exportée à 70 %.

près une bonne année 2011, A les niveaux d’activité ont reculé en 2012. Volumes et prix semblent désormais se stabiliser. 32

ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle

mondial de silicium et d’alliages à base de silicium. Également présent dans le secteur minier et la production d’énergie, le groupe a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros avec 3 000 salariés. Environ un tiers de l’activité est réalisé par sa filiale française, algré ses 100 ans et des bâti- FerroPem (450 millions de chiffre d’afments qui ont visiblement faires en 2012 avec 1 000 salariés). vécu, l’usine Ferropem de Basée à Chambéry, l’ex-division électroMontricher est en bon ordre de marche. métallurgique de Pechiney compte six Une aire de stockage et usines en France de transfert des matières (Chateaufeuillet et premières a été aménaMontricher en Savoie, NOS gée, les fours ont été ACTIVITÉS ONT SU Anglefort dans l’Ain, modernisés, le condidans le Gard, PERDURER DANS Laudun tionnement a été refait, Les Clavaux en Isère et les flux ont été redistri- LE TEMPS GRÂCE Pierrefitte dans les bués et, cerise sur le AU SAVOIR-FAIRE Hautes-Pyrénées). gâteau, un petit atelier DÉVELOPPÉ ET Modernisé et optimisé, dédié à la recherche a AU LANCEMENT Montricher (160 salaété créé. «L’usine, qui riés pour un chiffre DE PRODUITS avait été assez bien d’affaires de 70 millions conçue à l’origine, dis- INNOVANTS. d’euros) est plutôt bien Francis Rateau pose d’un fort potentiel placée dans cet de développement», ensemble. Et elle veille assure Francis Rateau, son directeur. La à préserver sa position en conduisant configuration n’a pas toujours été aussi une politique d’amélioration continue favorable. Créé en 1914 par la Société sur différents fronts : sécurité au traélectrométallurgique de Montricher, le vail, qualité, rendements, positionnesite était à l’origine tourné vers la fabri- ment sur des fabrications à forte valeur cation de silicium pour l’usine voisine ajoutée… Les développements réalisés d’aluminium. Durant un demi-siècle, il dans le domaine des panneaux photoévolue au sein du groupe Pechiney avant voltaïques sont très prometteurs même d’être repris en 2003 par Alcan. Il est si le marché du solaire n’est pour racheté en 2005 par l’Espagnol l’heure guère favorable. Autre priorité, Ferroatlantica détenu par le groupe la maîtrise des coûts. Depuis la fin des familial Villar Mir et devient FerroPem années 1980, les fours cessent de proMontricher. Le changement d’action- duire durant les mois d’hiver, lorsque naire s’est révélé salutaire : l’activité qui l'électricité est trop chère pour foncn’appartenait pas au cœur de métier de tionner. Alliée à un dispositif d’interPechiney, encore moins d’Alcan, souf- ruption de la production – et donc de frait d’un manque d’investissements. Les la consommation énergétique à cerprogrammes menés ces dernières taines heures – cette saisonnalité comannées ont permis de procéder à un pense une partie de la hausse des tarifs sérieux rattrapage. de l'énergie. «La filière des électro-intensives, qui repose sur un très solide PREMIER savoir-faire technique, peut constituer PRODUCTEUR MONDIAL un fleuron national et européen, s’enthousiasme Francis Rateau. Mais son Avec quinze usines dans cinq pays, avenir implique un prix de l’énergie FerroAtlantica est le premier producteur compétitif.»

M


SGL CARBON : LA DERNIÈRE DE HAUTE-SAVOIE FONDÉE EN 1896, L’USINE DE CHEDDE PRODUIT DU GRAPHITE PRINCIPALEMENT DESTINÉ AU MARCHÉ DU NUCLÉAIRE.

atteindre les 8 à 12 mois pour des produits de haute qualité. La technologie mise en œuvre consiste à malaxer du coke et du brai. Le mélange obtenu est mis en forme puis cuit et réimprégné à plusieurs reprises. Les graphites de ichée au pied de l’impression- spécialité ainsi produits ont la pronant viaduc des Égratz, dont elle priété d’être de très bons conducteurs a assisté à la construction, SGL électriques et thermiques. Ils sont Carbon est la dernière industrie lourde chimiquement neutres et résistent à de de Haute-Savoie. Elle a changé plu- très hautes températures. Exportée à sieurs fois de nom et de 88 % (Europe, mais production. Fondée en aussi Japon, Chine, 1896 par deux Grenoblois, USA…), la production EXTRÊME­ Paul Corbin et Georges est destinée aux marMENT LONG, Bergès, la Société des chés de la chimie, des forces motrices de l’Arve LE CYCLE DE batteries au lithium, avait une activité tournée PRODUCTION DU de l’électrolyse et survers la fabrication de déri- GRAPHITE PEUT tout, du nucléaire vés chlorés. En 1900, la ALLER DE 8 à 12 avec des contrats long centrale hydroélectrique terme liés à la spécifiMOIS POUR DES de Chedde (Passy) est la cité du process et aux plus puissante des Alpes QUALITÉS TRÈS habilitations exigées. avec 7 MW. L’énergie HAUT DE GAMME. Le site de Chedde qu’elle produit permet de s’étend sur un espace diversifier les productions au sein de la de 14 hectares qui a été réduit suite à Société des électrodes réfractaires de la vente des anciens ateliers de ferroalSavoie (Sers), filiale du groupe liages à l’entreprise Benedetti TP. Entre Pechiney : aluminium, ferroalliages et, 2003 et 2011, il a bénéficié de 4 millions en 1931, graphite. Dans les décennies d’euros d’investissements visant à traisuivantes, l’activité va se spécialiser pour ter les fumées émises par les ateliers. se concentrer, en 1986, sur le graphite. Une enveloppe de 1,35 million est de nouveau prévue cette année pour améUN PROCESS UNIQUE liorer les performances environnementales de l’usine. En 2012, l’activité a En 1993, Pechiney se sépare de sa généré un chiffre d’affaires de 49,3 mildivision graphite qui est vendue à lions d’euros, en hausse de 15 % par l’Allemand SGL Carbon (6 700 salariés rapport à 2011. En revanche, 2013 dans 47 pays). «L’usine a été le moteur s’annonce plus difficile. «Nous traverdu développement dans le fond de la sons une crise mondiale marquée par vallée, rappelle Serge Paget, son direc- une tension sur les prix, estime Serge teur adjoint. Elle a construit tout un Paget. Dans ce contexte, nous nous patrimoine (logements, terrain de foot- appuyons sur les services de recherche ball, église…) dont elle s’est, au fil du du groupe et sur une petite structure de temps, séparée, pour se focaliser sur son développement local pour travailler sur cœur de métier.» des fabrications très haut de gamme.» L’unité de Chedde, qui employait En parallèle, SGL Carbon s’attache à 1 000 salariés au début des années réduire ses dépenses comme ses fac1980, en compte aujourd’hui 180. Elle tures d’électricité et de gaz (environ produit chaque année entre 5 000 et 15 % des coûts de fabrication) en iso7 000 tonnes de graphites spéciaux avec lant mieux ses fours et en optimisant le des cycles de fabrication qui peuvent chargement des matières premières.

N

résidée par Guy Patoine, SGL P Carbon SAS chapeaute SGL Carbon (Passy) et SGL Carbon Technic (Saint-Martin-d’Hères).

erge Paget, directeur adjoint S du site de Passy.

es fours sont utilisés pour cuire L un mélange de coke et de brai. Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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Filière mécanique

Un secteur bien affûté La mécanique de demain s’invente en Haute-Savoie, autour d’un écosystème économique unique en France, celui du décolletage. La Savoie ne joue pas dans la même cour, mais cultive tout de même de belles pépites. Dans les deux départements, les secteurs sont en mutation : en plus de l’excellence technique, il faut Par Patricia Rey et Philippe Claret maintenant proposer la maîtrise managériale.

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ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle


© CTDec

Le décolletage, un modèle toujours renouvelé DEPUIS LA CRÉATION DES PREMIERS ATELIERS DE SOUS-TRAITANCE HORLOGÈRE AU XVIIIe SIÈCLE, L’ÉCONOMIE DE LA VALLÉE DE L’ARVE A SU TRAVERSER TOUTES LES CRISES. MAIS PAS QUESTION DE MOLLIR. De quoi sont spécialistes les HautSavoyards ? De l’horlogerie, de décolletage, de micromécanique, de mécanique de précision ? Ils ont maîtrisé successivement tous ces savoirfaire techniques. Il y a plus de 300 ans, les paysans du (pauvre) bassin de Cluses se mettent à livrer des pièces à façon aux horlogers genevois. Au XIXe siècle, ils sont devenus artisans, créent l’école d’horlogerie, montent en qualité. La Première Guerre mondiale et les crises de l’horlogerie suisse obligent à trouver de nouveaux débouchés dans la technologie naissante du

décolletage. La vallée de l'Arve s'y convertit entre les deux guerres. Les Trente glorieuses sont aussi celles du décolletage haut-savoyard, avec l’émergence de poids lourds (Carpano et Pons, qui donnera notamment naissance à Mitchell et Somfy ; Frank et Pignard… et tant d’autres) et la constitution d’un solide tissu de PME. Le syndicat national de la profession s’installe à Cluses tandis qu’à Annecy, SNR tire parti de cette tradition. À partir des années 1980, le décolletage encaisse régulièrement les crises successives que furent la fin des tours à came, la miniaturisation des pièces, l’hybridation des techniques, la mécatronique, la robotique, l’évolution des marchés… Finalement, plus que techniciens hors pair, les industriels de la vallée de l’Arve se sont révélés experts en sous-traitance. Des entreprises nées dans des garages (Baud Industries, Bontaz, etc.) deviennent des groupes

NOUVEAUX DÉFIS Porté depuis 2011 par le pôle de compétitivité Arve Industries et le Syndicat national du décolletage, le plan Expansion 2020 récapitule le présent et fixe les objectifs pour demain : faire grimper le chiffre d’affaires de deux à trois milliards d’euros, la part à l’export de 35 à 50 %, l’emploi de 14 000 à 17 000 personnes, l’effort de recherche-développement de 0,7 à 2 % de la valeur ajoutée. Cela avec 500 entreprises aujourd’hui, plus d’ETI demain, mais sans casser la formidable machine à créer de nouveaux talents qu’est la vallée depuis trois siècles.

L’AUTRE TRADITION La tradition mécanicienne n’est pas du même ordre en Savoie. Ici, pas d’écosystème industriel comme dans la vallée de l’Arve, pas de spécialisation autour d’un même savoir-faire. Mais quelques belles réussites tout de même : les fabricants d’outils coupants Tivoly, de systèmes d’assemblage Bollhoff Otalu, de roulements SKF Transrol restent des références. À Chambéry, André Payerne a développé – puis vendu – un groupe autour du traitement des déchets métalliques. Les grands groupes métallurgiques ont suscité autour d’eux la création de nombreuses structures de maintenance. D’autres structures ont connu des vies plus mouvementées (Métaltemple, Former, Cellier…) mais n’en ont pas moins irrigué le tissu mécanicien. Plus discret que celui de Haute-Savoie, le tissu mécanicien savoyard n’en continue pas moins à produire de nouvelles entreprises telles Gimeca, créée en 2005 et Burais conception, née en 2011.

internationaux incontournables. Cette belle mécanique menace tout de même de s’enrayer au début des années 2000, lorsque les gros du secteur passent sous le contrôle de fonds de pension ou de banques, qui constatent rapidement que le décolletage est bien un métier de montagnards : énormément d’investissements, de la constance, peu de gains. Depuis, beaucoup de financiers sont partis et la filière s’est reprise. «Nous avons perdu dix ans», soupire un observateur. Des challenges, il en reste à relever. Mais ils sont d’une autre nature : ce n’est plus de la mort du décolletage qu’il s’agit, mais de la mort – ou de la transformation – de la sous-traitance, remplacée par la co-traitance. Cela induit une nouvelle structuration du tissu autour d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) et de PME. De nouveaux défis en perspective. PhC

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mécanique Ils symbolisent la filière

TRADITION Un atelier de décolletage dans les années 1950. Dans la vallée de l’Arve, l’environnement technique est, encore aujourd’hui, intimiment mêlé à l’habitat.

© PSA - communication site de Trnava

© Archives municipales de Cluses

TÉMOIGNAGE Céline Hugot, présidente de Viollet industries et de la Fédération régionale des industries mécaniques «Dans notre filière, nous avons une grande capacité d’innovation par rapport à d’autres départements. C’est particulièrement vrai en Haute-Savoie où les mécaniciennes représentent 34 % des entreprises industrielles (contre seulement 2 % pour la Savoie). Nous sommes aussi très actifs à l’export. Grâce à ce dynamisme, la mécanique se porte bien et continue de recruter. Pour la région Rhône-Alpes nous embaucherons 15 000 personnes par an pendant les cinq prochaines années.»

AUTOMOBILE Même si les crises poussent à la diversification, l’industrie automobile reste, et de loin, le premier marché du décolletage. Combien de pièces issues de HauteSavoie dans ce moteur ? 36

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MÉCATRONIQUE La mécanique connaît des évolutions majeures. Ici, un des tout nouveaux roulements ferroviaires mis au point par NTN-SNR. Ce système ultra-sophistiqué propose une solution mécatronique de diagnostic.


TIVOLY a fait son trou dans le monde LE LEADER FRANÇAIS DES OUTILS COUPANTS A TOUJOURS SU ANTICIPER ET INNOVER POUR S’ADAPTER AUX ÉVOLUTIONS DE SON MARCHÉ.

et la création de Tivoly Tools China à Shanghai, suivie par le rachat, en 2012, de Tivelon Hongkong (centre de design et packaging) pour conforter sa position sur les marchés asiatiques avec une offre complète.

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nstallée à Tours-en-Savoie, Tivoly INNOVER POUR S’ADAPTER appartient à ces entreprises qui font la renommée des Pays de Savoie Aujourd’hui présent sur trois contidans le monde. Créée en novembre nents via cinq sites de production, le 1917 par Lucien Tivoly, la PME est groupe Tivoly, dirigé par Livio Elia devenue le numéro un français des (Jean-Michel Tivoly est toujours préoutils coupants et figure parmi les lea- sident du conseil de surveillance), est un acteur incontournable sur les marders mondiaux du secteur. À l’époque baptisée Manufacture fran- chés de la distribution grand public et çaise de mèches américaines, elle four- professionnelle, et de l’industrie. Ce dernier pesant 50 % nit l’industrie de guerre. des ventes, à grand renElle connaît un rapide fort d’innovations, en essor, mais se retrouve UN GROUPE particulier dans le secen crise au lendemain familial, teur de la mécanique. de l’armistice. Elle INDUSTRIEL, Marché sur lequel 95 % rebondit et investit de des produits vendus nouveaux marchés INTERNATIONAL : sont conçus par Tivoly. comme l’automobile et TROIS MOTS QUI Au fil des ans, le fabril’aviation. Son dévelop- SYMBOLISENT cant savoyard fait des pement s’interrompt à LES VALEURS DE outils spéciaux sa spécinouveau avec la crise de TIVOLY. ficité, en mettant au 1929, puis avec la point des outils réalisés Seconde Guerre mondiale. L’entreprise familiale résiste et dans tous types de matériaux, capables amorce un nouveau virage en 1945. de répondre aux évolutions et aux Lucien Tivoly, victime d’un grave acci- contraintes sévères rencontrées dans dent, se retire de la société (il la louera l’usinage aéronautique. Une stratégie pendant sept ans) avant d’en reprendre porteuse puisque 70 % des outils comles rênes en 1952. En 1961, au décès du mercialisés dans l’industrie sont spéfondateur, son petit-fils Jean-Michel, ciaux, contre 20 % il y a dix ans. Il fut alors âgé de 23 ans, lui succède à la tête d’ailleurs, en 2002, le premier fabricant de l’entreprise de 40 salariés. Il la déve- d’outils coupants français à obtenir loppe, étoffe ses gammes, se diversifie l’Iso9001. Son implication et sa capacité à innover lui valent aussi d’être dans le bricolage. Dans les années 1970, Tivoly multiplie certifié, dans l’aéronautique, fournisles acquisitions (Deltal, Perfor, seur de rang 1 EADS… et de proposer, Cogefom), et par la suite s’internatio- à ce jour, une offre de 12 500 références nalise par le biais de fusions acquisi- dans 19 univers (perçage, taraudage, tions : Tivoly SpA en Italie et Ardatz en fraisage, alésage… et abrasifs). Espagne en 1987, Union Butterfield et Le groupe Tivoly (CA prévisionnel Tivoly Inc aux États-Unis (1989), 2013 de 75 M€, 604 salariés) poursuit NECO en Espagne (1995), Elite son déploiement et vise de nouveaux Tooling Limited en Angleterre (2009). marchés, à l’instar du médical et des 2010 sera l’année des grands investis- énergies renouvelables. sements avec l’intégration de Triplex PR

réation en 3D d’une fraise à rayons C dédiée à l’usinage des alliages de titane. Sa géométrie spécifique permet une meilleure évacuation des copeaux.

ivio Elia, L président du directoire.

abriqué à Tours-en-Savoie, le foret F “Tivoly bleu noir“, robuste et polyvalent pour les aciers faiblement alliés et les fontes, est toujours un best-seller, avec plus de 80 millions de pièces vendues depuis sa commercialisation en 1975. Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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mécanique FRANK & PIGNARD retrouve sa puissance TEL LE PHÉNIX, CE FLEURON DE LA VALLÉE DE L’ARVE RENAÎT DE SES CENDRES ET RENOUE AVEC LE SUCCÈS.

S’ e fonds d’investissement L américain Autocam rachète Frank & Pignard en 1998.

Maike Automotive dispose d’un parc de plus de 2 000 machines-outils.

hilippe Mallet, le président P de Maike Automotive. 38

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(98 licenciements, dont une grande partie au sein de l’ancien état-major). Il est le seul candidat à la reprise. Le pari est audacieux quand le secteur automobile est en pleine déroute. Des investissements conséquents sont programmés : plus de 20 millions d’euros sur cinq ans, dont 12 les trois premières années, «pour moderniser l’outil industriel et conforter la croissance de Frank & Pignard», s’engage Philippe Mallet, son dirigeant et le patron de Maike Automotive, la division automobile du groupe.

il est une entreprise emblématique sur le marché de la mécanique dédiée à l’automobile, c’est bien Frank & Pignard. Fondée à Thyez en 1919 par Marcel Frank et Joseph Pignard, elle vit huit décennies de développement et de prospérité. Mais en 1998, la famille actionnaire, lassée de la pression des donneurs d’ordre, vend l’entreprise en LBO à Autocam, un fonds de pension améri- ÊTRE L’ACTEUR RÉFÉRENT cain, propriété de Goldman Sachs et EN EUROPE Pensk. Si les associés de l’époque (dont Jacques Kielwasser, l’ex-Pdg) font une Avec ses trois sites à Thyez, bonne affaire, pour la société et ses Frank & Pignard développe et produit salariés, c’est le début d’une course des composants et ensembles de direcfrénétique à la rentabilité (le groupe tion assistée, d’injection et de freinage pour les grands vise les 10 % annuels). constructeurs automoLa suite, on la connaît. biles et les équipemenFrank & Pignard est le groupe (Volkswagen, touchée par deux plans pèse 230 millions tiers Renault, PSA, Autoliv, sociaux en 2004 et Behr, Bosch, Delphi…). 2006 : 23 postes sup- et compte Aujourd’hui, la société, primés pour commen- 1800 salariés. qui a “apuré ses cer, puis 139 (dont 70 licenciements) sur les 776 restants, dettes”, revendique 90 millions de pour «réduire les coûts et retrouver un chiffre d'affaires avec 560 salariés. résultat positif en 2007». La direction Depuis quelques années, Maike, toutente de délocaliser une partie de la jours majoritairement contrôlé par son technologie en Pologne et en Inde. Sans Pdg fondateur Barthélémy Gonzalez et par Philippe Mallet, figure parmi les succès. En 2008, le groupe, qui génère des acteurs incontournables du paysage pertes depuis 2005, rencontre de industriel haut-savoyard. Le groupe, graves difficultés financières sur fond qui a racheté une vingtaine d’entrede crise économique. S’ensuit une prises en moins de dix ans, pèse enviprocédure de sauvegarde qui suscite la ron 230 millions d’euros et compte mobilisation des salariés et des syndi- 1 800 salariés (92 % en Haute-Savoie) cats, lesquels dénoncent un système avec des sites de production sur deux ultra-capitaliste basé uniquement sur continents (France, Hongrie, Inde et la rentabilité immédiate au détriment Chine). Il opère dans trois secteurs : la mécanique et le décolletage, les de l’investissement. Ce fleuron de l’industrie automobile machines spéciales et les composants, française voit le bout du tunnel avec et le bois. son entrée dans le giron du groupe PR Maike(*), qui le rachète à la barre du (*) Maike Automotive, la division automobile du groupe Tribunal de commerce en 2009, sauéponyme, comprend quatre entités : Frank & Pignard, EMT, Precialp et Peugeot Japy. vant au passage 517 emplois sur 615


Filière bâtiment et grands ouvrages

Quand tout va, le BTP va

© Adelac - Guerrini

Le dynamisme démographique des Pays de Savoie amène à construire l’équivalent d’une ville de 120 000 habitants tous les dix ans, et les équipements (usines, bureaux, routes, collèges…) qui vont avec, tandis que le secteur de la construction en montagne reste vigoureux. Mais les Par Philippe Claret grands projets d’avenir sont à la peine.

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bâtiment et grands ouvrages

e chantier du L refuge du Goûter.

Les bons plans des constructeurs savoyards AU BORD DES LACS, SUR LES PENTES ET LES SOMMETS : LES BÂTISSEURS ONT PARTOUT IMPRIMÉ LEUR MARQUE SUR LES PAYSAGES DES PAYS DE SAVOIE.

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epuis cent ans, le BTP des Pays de Savoie se nourrit à deux sources : le dynamisme intrinsèque des deux départements et une longue suite d’opportunités historiques que le secteur a su saisir. Dynamisme ? Les deux départements comptaient moins de 600 000 habitants en 1962. C’est le double aujourd’hui (environ 1,2 million). Ce seul succès démographique a porté le secteur du BTP, appelé à construire logements, écoles, collèges, routes, équipements collectifs… Les entrepreneurs ont également su tirer parti de grands programmes d’aménagement, le plus souvent dictés par la géographie même de ces départe-

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ments de montagne. Pendant l’entredeux-guerres, le développement de l’automobile a amené la création d’un réseau technique de routes, ponts, viaducs, tunnels qui feront le bonheur d'un Léon Grosse, par exemple. Dans la même période, et jusqu’aux années 1970, il faut aussi construire les équipements hydroélectriques dont la France a besoin : barrages, conduites forcées, galeries diverses. À partir des années 1960, Savoie et Haute-Savoie bénéficient du plan neige, qui fait sortir de terre, en une trentaine d’années, le premier parc de stations du monde. De véritables villes naissent en altitude. À peine cette manne touristique faiblitelle que la Savoie enfourche un nouveau projet. Ce sera les Jeux olympiques d’Albertville, nouveaux pourvoyeurs de grands travaux : équipements sportifs, d’accueil, mais aussi infrastructures routières, avec le pari – tenu ! – de relier Paris à Moûtiers en deux fois deux voies.

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ARCHITECTURE SAVOYARDE OU ITALIENNE ? Ceccon, Benedetti, Carreta, Oliva, Tondella… l’Italie a fourni à la Savoie la plupart de ses grands noms du BTP. Ils sont généralement arrivés simples maçons, après la Première Guerre mondiale. Dans leurs bagages d’immigrés, ils ont amené leur amour du travail de la pierre et de la terre, éclipsant ainsi la tradition savoyarde du travail du bois. Trois générations plus tard, ils forment encore le principal bataillon des entreprises de BTP des Pays de Savoie.

CULTURE DE L’EXPLOIT Les Pays de Savoie, terres de pionniers ! Les grands chantiers ont façonné une partie de l’imaginaire montagnard. Derrière les infrastructures, il y a de grandes aventures humaines. 600 ouvriers, par exemple, pour construire, entre 1929 et 1937, la route du col de l’Iseran, qui grimpe à 2 764 m. Ils seront plusieurs milliers, les décennies suivantes, à construire barrages et usines hydroélectriques. Et encore plusieurs centaines, dans les années 1960 puis 1980, pour creuser les deux grands tunnels du Mont-Blanc et de Maurienne, encore aujourd’hui les deux principaux ouvrages de franchissement des Alpes françaises. Cette même culture de l’exploit fait encore vibrer les promoteurs du projet LyonTurin (l’ouvrage central est un tunnel de base de 57 km de long). Dès l’origine cependant, mener ces grands chantiers n'a pas été sans susciter des oppositions. Ceux du village de Tignes, dans les années cinquante, par exemple.

PROJETS EN CHANTIER La crise de 1993 entraîne une baisse des commandes. Qu’à cela ne tienne ! En Savoie, les pouvoirs publics lancent le chantier de l’autoroute de Maurienne, le projet Grand lac, un nouveau plan d’accès aux stations, et portent l’ambitieux projet de la liaison ferroviaire Lyon-Turin. Tandis qu’en Haute-Savoie, on se mobilise pour le désenclavement du Chablais et pour une nouvelle autoroute AnnecyGenève. Celle-ci a finalement ouvert en 2008, mais le désenclavement est encore en chantier, sans doute pour longtemps. Et vingt ans après, le tour de table financier n’est toujours pas bouclé pour le Lyon-Turin. C’est qu’au plan national comme local, il est de plus en plus difficile – et long – de mener à bien de grands projets.


Ils symbolisent la filière

TÉMOIGNAGE René Chevalier, président de BTP 73 «En Pays de Savoie nous avons une vraie spécificité liée à la montagne. On a acquis des savoir-faire pour construire vite et bien. Mener un chantier en juin et à Noël, quelles que soient les conditions climatiques, et livrer un bâtiment en temps et en heure, on sait faire. Et c’est une compétence très rare en France.»

OUVRAGES D’ART Ponts, tunnels, paravalanches, itinéraires d’altitude… territoires de montagne, les Pays de Savoie cultivent les ouvrages d’arts exceptionnels.

ÉQUIPEMENTS Le dynamisme des départements amène à adapter régulièrement le parc avec de grands équipements supplémentaires. Hôpitaux (ici, celui de Chambéry), collèges, lycées, usines, bureaux, quartiers d’habitation… il faut toujours construire pour accueillir les nouveaux habitants.

ÉVÉNEMENTS Les Jeux olympiques – ici, la halle d’Albertville – ont aidé à moderniser le parc d’équipements de la Savoie. Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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bâtiment et grands ouvrages DE TONDELLA AU GROUPE SPIE, AU CŒUR DE L’AVENTURE SAVOYARDE COMMENT UN MAÇON A DÉVELOPPÉ UNE PME ATYPIQUE FORGÉE PAR LA SAISONNALITÉ, LES GRANDS CHANTIERS ET LA MONTAGNE.

’entreprise s’est illustrée sur L plusieurs chantiers olympiques (ici, la piste de bob de La Plagne).

ondella a beaucoup participé T à la construction de la station des Menuires.

’hiver, les équipes s’expatrient. L Ici, le site du synchrotron de Grenoble. 42

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En 1989, en pleine préparation des Jeux olympiques, la famille Tondella décide de vendre l’entreprise à un grand groupe français, Spie. La société y trouve les moyens d’emporter plusieurs marchés majeurs (la piste de bobsleigh de La Plagne, en collaborammigré italien, Marius Tondella a tion avec Léon Grosse ; les patinoires créé sa “boîte” dans l’immédiat de Méribel et Courchevel ; le pont de après-guerre, rapidement épaulé par Gilly…). «Les dirigeants ont su vendre son fils René. Cela tombait bien puisqu’il au bon moment», apprécie Yves Michel. fallait reconstruire le département. Très Car après l’euphorie des Jeux vient la vite, il fait le choix des grands chantiers : déprime des années 1990. «Spie hydroélectricité, mais surtout le plan Tondella est restée présente auprès de ses neige. «Tondella a participé à quelques clients historiques, se souvient Yves grandes aventures, raconte Yves Michel, Michel, et s’est diversifiée sur d’autres actuel codirecteur du site chambérien marchés comme le logement social ou le avec Étienne Ducbâtiment industriel, en Jacquet. L’entreprise a Savoie et hors du départrès largement construit tement. Mais la famille Pour la station des Menuires, Tondella comme le par exemple. Construire réussir en groupe Spie sont tombés en montagne et pour le montagne, il d’accord pour conserver tourisme supposait d’in- faut disposer un noyau important de venter un modèle d’entre- d’équipes compagnons, avec la prise original. D’une solide conviction que soudées. part, s’organiser pour pour réussir en montenir les délais imposés tagne, il faut disposer par la saison (chantiers ouverts en mai et d’un vrai outil de production, dont des obligatoirement livrés au 15 décembre), équipes soudées.» d’autre part, trouver de quoi s’occuper Le dernier virage en date est l’élargisl’hiver. C’est ainsi que les équipes ont sement des compétences vers la participé à la construction des centrales conception réalisation et l’accompagnenucléaires dans les années 1970, une ment du client tous corps d’état, grâce activité très formatrice, évidemment.» à la structuration par chefs de projets. D’autres équipes passaient l’hiver dans Une démarche qui a permis de prendre le sud de la France pour servir des pro- sa place dans l’hôtellerie de luxe, de moteurs (dont Pierre et Vacances) grands complexes touristiques de type séduits pendant les chantiers d’été. Club Med, et des bâtiments plus techniques : le Médipôle de Challes-lesCULTURE DU PROJET Eaux, un hôpital de 190 lits à Évian, l’agrandissement du Synchrotron de «Cette histoire a créé une très forte Grenoble… La structure chambérienne culture d’entreprise, assure Yves Michel. emploie 150 personnes, dont Pour tenir ces rythmes, il faut une forte 100 ouvriers et 50 encadrants. capacité d’engagement, une organisation Après avoir vendu la structure au sans faille et un vrai sens du client. groupe Spie, les frères Tondella ont Aujourd’hui encore, le turnover reste très continué à y occuper des postes de faible. Ce qui ne facilite pas l’intégration direction jusqu’à leur retraite, au début des nouveaux venus, d’ailleurs.» des années 2000.

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CECCON FRÈRES, UNE AFFAIRE DE FAMILLE ITINÉRAIRE D’UNE AFFAIRE DE FAMILLE ET DE VILLAGE (CELUI DE SAN NAZARIO) QUI A CONSTRUIT LA HAUTE-SAVOIE DE L’APRÈSGUERRE.

dans l’exploitation de carrières et construit des centrales à béton. CHANGEMENTS DE GÉNÉRATIONS

Changement de génération en 1983, n attendait des bras… il vint lorsque la SARL devient SA. Thierry, des hommes !», écrit le fils d’Aldo, devient Pdg, tandis Savoyard Mino Faïta* en qu’Henri et Alfi, fils d’Alferio, prennent évoquant l’immigration italienne. La la tête des branches “bâtiment/génie formule s’applique parfaitement à la civil” et “travaux publics”. Le groupe famille Ceccon. continue à être de tous les chantiers : Elle vient de San Nazario, dans le Val Bonlieu puis Courier, Siloé, ponts, Brenta, sur la route du col du Brenner. travaux d’adduction d’eau. Thierry Dans les années 1920, par manque de poursuit la diversification des activitravail localement, une poignée tés, se lance dans la rénovation de d’hommes décide de tenter sa chance monuments historiques, rachète vers les Pays de Savoie, d’abord seule- Annecy Bétons, l’exploitant de carment pendant la belle saison, et dans rières et granulats Roudil, le poseur de des conditions épiques : en train jusqu’à réseaux (électricité, fibre optique) Milan, puis à pied. En 1927, François SER 2E… et, en 1989, prend même Ceccon quitte définitivement l’Italie une participation dans la Compagnie pour s’installer avec des bateaux du lac ses quatre fils (Delfino, d’Annecy. Alfério, Siro, Aldo) à groupe de 300 salaCeccon parti- Le Cran-Gevrier, alors en riés voit aujourd’hui la bordure de l’agglomé- cipe au boom des troisième génération ration et près du Fier années Bosson. de dirigeants arriver d’où ils tirent leurs d’abord Charles, aux commandes avec matériaux. La SARL le père, puis Christophe Ceccon, Ceccon frères est créée directeur du service Bernard, le fils. en 1936, dirigée par construction, et qui Aldo, le seul à avoir fait suit les traces famides études supérieures. Les ouvriers ? liales : il est déjà vice-président de la Ils viennent du Val Brenta, et sont sou- fédération départementale du BTP, vent de la famille. Familiers de la que Thierry a présidée dans les années construction en montagne, ils font 1990 (avant d’être appelé à la fédéramerveille dans le bassin annécien où, tion régionale). Et le groupe, qui ça tombe bien, les besoins sont continue de marcher sur ses deux immenses dans l’entre-deux-guerres et jambes (l’extraction de matériaux, la après-guerre. Ceccon participe au construction) étudie son déménageboom des années Bosson – d’abord ment : en 1927, il était à la campagne Charles, le père, puis Bernard, le fils – à au bord du Fier, il est désormais en travers les constructions de la zone de plein cœur d’une ville qu’il a grandeNovel, du stade des sports, du quartier ment contribué à construire ! Sur la de la Manufacture, de la piscine pati- dizaine d’hectares qu’il quitterait pournoire, etc. Elle pense aussi très tôt à rait d’ailleurs naître un éco-quartier. séparer l’activité carrières matériaux de Construit par qui ? la construction elle-même. Lorsqu’elle ité par Roger Bonazzi dans sa «Vie économique et stoppe l’exploitation du lit de la rivière, * Chistoire des entreprises de Haute-Savoie de 1815 à 2012», source principale de l’article. dans les années 1970, Ceccon se lance

«O

Le centre culturel Bonlieu à Annecy…

la station de traitement … des eaux Siloé du bassin annécien…

eux chantiers parmi d’autres menés par l’entreprise D aujourd’hui dirigée par Thierry Ceccon. Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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Filière sport montagne

Un secteur qui monte, qui monte...

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Être à la fois au pied du toit de l'Europe et à portée de spatules de l'un des plus grands domaines skiables du monde, suscite forcément des vocations. L'industrie du sport en Pays de Savoie a donné naissance à des marques mondialement réputées. Mais l'aménagement de la montagne a lui aussi Par Éric Renevier généré un “made in Pays de Savoie” internationalement reconnu.

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© Philippe Devanne - Fotolia.com

Les équipementiers ont atteint les sommets ILS PORTENT HAUT LES COULEURS DES PAYS DE SAVOIE EN MATIÈRE DE GLISSE, D’ESCALADE OU D’ALPINISME. LE SECTEUR A CEPENDANT ÉTÉ CONTRAINT À DE NOMBREUX VIRAGES.

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’est, avec l’agroalimentaire, le seul domaine où le “made in Pays de Savoie” peut se targuer d’une réputation vraiment internationale. Les piolets Simond, les sacs à dos Millet, les skis Dynastar ou les fixations Salomon – liste évidemment non exhaustive – sont étroitement associés à l’histoire des sports de montagne. Une saga que les entreprises régionales continuent d’écrire, mais le stylo a beaucoup changé de mains. Millet (repris par Lafuma) et Eider (d'abord rachetée par des Italiens puis par Lafuma également) sont parmi les

premières sociétés familiales historiques à avoir été vendues. Mais c’est surtout le rachat de Salomon par Adidas en 1997 qui a marqué les esprits : il constitue le point de départ symbolique de la mondialisation en Pays de Savoie. Cette dernière va toucher presque tous les grands du sport de montagne, jusqu'à Rossignol-Dynastar (dont le troisième rachat par des investisseurs étrangers depuis 2005 doit avoir lieu cet automne) ou Lafuma-Eider-Millet, rhabillé par des Suisses (Calida) en début d’année. Dans ce paysage, Fusalp (Joël Gleyze) ou TSL (Philippe Gallay) sont, dans les marques internationalement connues, parmi les derniers indépendants. En parallèle à ces changements d’actionnaires, le marché a aussi connu un profond bouleversement : les ventes de matériel se sont nettement ralenties, conséquence des années

ET EN DEHORS DE LA MONTAGNE ? En dehors de la montagne et de ce qui s’y rapporte plus ou moins (ski et glisse en général, escalade et alpinisme, trail et randonnée, parapente…), difficile de trouver des marques locales. Barnett, qui distribue principalement des articles pour sports de balles, est l’un des rares à avoir su se faire un nom. Grâce au web et aux sports américains (foot US et baseball), sur lesquels il est l’un des premiers équipementiers européens à avoir misé.

OSV L’Outdoor sports valley, qui ambitionne de représenter la filière “outdoor + glisse”, revendique 90 adhérents actifs (entreprises, sur 180 adhérents au total), soit 170 marques en tout pour 3 000 emplois et 1,2 Md€ de chiffre d’affaires. 60 % de ces membres actifs sont basés en Haute-Savoie, département qui réunit 40 % de l’industrie rhônalpine des sports “outdoor” (entreprises et emplois), contre 13 % des entreprises, mais seulement 2,7 % des emplois en Savoie. QUECHUA Filiales du groupe Oxylane-Décathlon, Quechua (randonnée) et Wed’ze (glisse) sont nées à Sallanches en 1996. Elles attendent toujours leur nouveau camp de base à Passy (250 emplois à terme), dont l’ouverture était prévue mi-2012. Le conflit juridique avec le prestataire est réglé. Les travaux reprennent en ce mois de septembre. Simond, marque escalade et alpinisme du groupe depuis 2008, n’est pas concernée et reste aux Houches.

sans neige et du développement de la location. Ces différentes modifications ont entraîné de nombreuses restructurations et de retentissantes fermetures d’usines (Rossignol en Isère en 2006, Salomon à Rumilly en 2008). L'éclosion de multiples marques artisanales et de niche ne compense évidemment pas cette érosion. Pour devenir moins dépendantes des saisons et pallier la décrue des ventes de matériel, les marques s'engouffrent dans “le soft” (accessoires, vêtements, chaussures). Salomon y est parvenu : 55 % du chiffre d’affaires est désormais réalisé dans le “hors ski”. RossignolDynastar ambitionne de le faire. De quoi générer de nouveaux emplois en conception, design, distribution… Mais la filière, même si elle connaît un certain dynamisme, n’affichera plus le niveau d’emplois du temps où la production de matériel était vraiment “made in Pays de Savoie”.

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sport montagne Ils symbolisent la filière

SKIS DYNASTAR Sallanches est, depuis les fermetures des usines Rossignol en Isère (2006) et Salomon à Rumilly (2008), la dernière usine française à produire industriellement des skis (marques Rossignol et Dynastar, plus de 300 000 paires par an, 180 salariés). Un monopole pas vraiment gêné par la pléiade de marques artisanales apparue ces dernières années. 46

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© Dynastar

© Millet

TÉMOIGNAGE Benoît Robert, directeur du Cluster montagne «C’est parce que les Savoie sont la première destination montagne mondiale que toute une industrie s’est structurée autour de ce capital touristique exceptionnel. Les grandes stations tirent l’innovation dans de nombreux domaines comme les remontées mécaniques ou l’aménagement. L’industrie a aussi pu profiter de la proximité de son marché pour tester ses produits : bureaux d’études et entreprises se sont développés à côté des stations. La médaille a son revers : on a mis plus de temps que certains de nos concurrents étrangers à partir à l’export, mais la dynamique se met en place.»

SACS À DOS MILLET Née en 1921 en banlieue lyonnaise, installée à Annecy depuis 1928, Millet a créé les premiers sac à dos pour l'alpinisme dans les année 1950. Elle s'est depuis diversifiée (vêtements, duvets, cordes, chaussons d'escalade, chaussures…), mais en restant toujours focalisée sur la montagne exigeante. Elle appartient au groupe Lafuma depuis 1995.

GAZEX TAS Le groupe MND (Alpespace, Montmélian), a su s'imposer comme un leader de l'aménagement de la montagne à la française : conception, sécurisation, enneigement. Symbole de cette réussite, le Gazex de Tas (filiale de MND), référence incontournable des systèmes de déclenchement préventif d'avalanches, même si d'autres procédés existent.


CILAO GRANDIT LE CŒUR LÉGER LA TPE ANNÉCIENNE POURSUIT SA CROISSANCE en toute legèreté. AVEC POUR INGRÉDIENTS L’INNOVATION ET UNE FABRICATION EN EUROPE.

rage) sur mesure pour les parcours aventure. Tout est fabriqué en Europe, dans l'atelier d'Annecy-Poisy et dans une usine slovaque dédiée (propriété de Marc Ménétrier). «Pas question d'aller sous-traiter en Asie, insiste Gilles Possoz. Soit le client est prêt à accepter n prenant de l'âge, certains la différence de prix parce qu'il la comprennent aussi du poids. Pas prend, soit on arrête le produit.» Cilao, TPE de Poisy qui va fêter Parce qu'il faut bien connaître les proses 10 ans le cœur toujours aussi léger. duits pour bien les vendre, les distribuIl faut dire que le poids est l'obsession teurs sont rares : une vingtaine de de cette spécialiste du matériel d'alpi- magasins en France. «Mais à chaque nisme. fois, ce sont eux qui sont venus vers En 2003, Marc Ménétrier, ancien de nous : ils sont motivés !» Le reste des chez Millet, crée un baudrier nette- ventes se fait directement, sur des évément moins lourd que les modèles nements et par internet. Ce qui permet existants : moins de d'afficher un taux 100 grammes contre d'export de près de 150 grammes dans le 20 %, alors que l'entresoit le meilleur des cas. Une prise ne fait pas de performance qui a Client accepte publicité et n'a aucun d'abord un peu de mal la différence distributeur à l'étranger à passer. Les clients de prix car il (le site web propose une “lambda” se deman- la comprend. version en anglais). dent si la sécurité est soit on arrête Au moment où elle aussi au rendez-vous, célèbre ses 10 ans, commalgré une homologa- le produit. ment Cilao voit-elle son tion (norme CE) et des avenir ? «Le marché des tests qui révèlent, au contraire, une harnais et baudriers va baisser en pourplus grande résistance grâce à l'ab- centage dans notre activité. Car les longes sence de boucles de serrage (ce qui est constituent davantage un marché de aussi à l'origine du gain de poids). renouvellement régulier (tous les 4 ans). Les professionnels, eux, comprennent Et pour les sacs à dos, la clientèle potentout de suite : grâce à son stand à l'en- tielle est plus large : l'ultraléger n'est plus trée de l'assemblée des guides 2003, une niche, les simples pratiquants de Cilao écoule une centaine de ses articles randonnée ont compris que moins lourd en deux heures. «On s'est dit qu'il y signifie aussi plus confortable.» Ce segavait un potentiel», sourit Gilles Possoz, ment des sacs à dos pourrait être d'aupionnier de l'aventure avec Marc tant plus porteur que Cilao s'apprête à Ménétrier. Le bouche à oreille reste, sortir, cet automne, un nouveau concept depuis, le meilleur vecteur de vente. innovant, fruit de trois ans de R&D. L'innovation au service des pratiquants L'ultraléger de la montagne : Cilao poursuit la trace n'est plus une niche entamée par Millet, Salomon, Simond et consorts. Mais ne compte pas les En dix ans, la société a développé de imiter en termes de croissance (la TPE nouveaux harnais : pour les particu- compte trois personnes pour 0,2 M€ de liers, les professionnels, les clubs, les CA) : «Nous voulons rester à taille parcours aventure… Elle propose aussi humaine», conclut Gilles Possoz. Pas des sacs à dos, toujours ultralégers. question, dans ce domaine-là non plus, Ainsi que des longes (cordes d'assu- de prendre trop de poids.

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es baudriers séduisent L grimpeurs et skieurs-alpinistes.

es sacs à dos : un marché L porteur de croissance.

'atelier de Poisy réalise une L partie de la production. Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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sport montagne STRUCTURER LES FILIÈRES, C’EST AUSSI DU SPORT !

© Joly&Philippe

es remontées mécaniques L (construction, installation, maintenance), pilier de la filière.

© Aztec

ztec (siège social : Chavanod) A a relancé la production de dameuses en Rhône-Alpes.

© Cluster montagne

LA MONTAGNE A PERMIS À L’INDUSTRIE LOCALE DE SURFER SUR DEUX PISTES : L’ÉQUIPEMENT SPORTIF DE LA PERSONNE, MAIS AUSSI L’AMÉNAGEMENT DES SITES.

e cluster montagne a réuni L ses 200 adhérents lors de son assemblée générale, fin juin. 48

ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle

Sporaltec, le cluster Cim a fusionné avec l’association France neige internationale. La nouvelle entité, baptisée cluster Montagne, est depuis le printemps 2012 le seul porte-voix d'une filière qui pèse, en France, 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires avec tructurer les différentes filières 300 entreprises (5 000 salariés). 43 % montagne, c’est du sport ! Et ce des sociétés adhérentes sont basées en n’est pas le Savoyard Jacky Savoie, 25 % en Isère et 16 % en HauteBrossard qui dira le contraire. Dirigeant Savoie. fondateur de Ceres Contrôle (La Motte- Derrière quelques groupes internatioServolex), spécialisée dans le contrôle naux (Kässbohrer-PistenBully, Pomasécurité des installations sportives et de Leitner…), ce sont surtout des TPE et loisirs, il avait accepté la présidence du des PME dynamiques qui œuvrent pôle de compétitivité Sporaltec, né en dans les différents domaines de l’amé2005 à Saint-Étienne. Mais après nagement de la montagne : conception quelques années, il a jeté l’éponge. de domaines et urbanisme, études «J’étais un peu usé, (faisabilité, risques, confie-t-il. On passait environnement…), traplus de la moitié de plus de sept vaux (pistes, gros notre temps à tenter de entreprises œuvre, remontées…), maintenir notre statut aussi fabrication du secteur sur mais de pôle de compétitivité et entretien d’équipe(NDLR : finalement dix affichent ments (transports par perdu en 2010). Ou à une activité câbles, enneigement essayer d’obtenir des en hausse. artificiel, dameuses, subventions. Et puis, il systèmes de billetterie, y avait le cluster des industries de la de sécurisation, d’information…). montagne (Cim), animé par la CCI de Point important, dans cette filière, il n'y Savoie. En tant qu’élu à la chambre, a pas eu d'avalanches de délocalisation j’étais partisan d’une fusion Cim- de la production dans les pays à bas Sporaltec, comme le président d'alors coûts. Et, cerise sur le gâteau, selon (Jean-Pierre Hugueniot), mais la nou- l’observatoire mis en place par le clusvelle mandature a suivi une autre voie.» ter Montagne, le secteur d’activité est en forme : deux entreprises sur trois Un secteur en forme comptent embaucher en 2013, plus de sept sur dix affichent une activité en Autre déception : en 2009, Sporaltec hausse ces cinq dernières années. assiste à la naissance, à Annecy, d'OSV, Il faut dire qu’avec ses 230 stations, la qui revendique, comme lui, la tutelle France offre un marché intérieur de sur la filière “outdoor”. Depuis, malgré premier choix. De plus, le savoir-faire les discours de façade et les déclara- tricolore est très coté à l'international, tions de bonne volonté, les deux struc- où près de huit entreprises sur dix tures se titillent, sur fond de rivalités nourrissent d'ailleurs des ambitions politiques et territoriales voire person- (toujours selon le cluster). Dans leur nelles (Région de gauche contre viseur, les Alpes, la Scandinavie ou Département de droite, Saint-Étienne l’Amérique du Nord. Mais surtout, les contre Annecy…). Une situation qui a territoires vierges ou presque en achevé de décourager Jacky Brossard. matière de ski : Caucase, Chine, Toutefois, revers positif de la médaille, Amérique Latine… Là-bas aussi, la faute d’un rapprochement avec montagne, ça les gagne.

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ilustration La compétitivité industrielle vue par Faro Pour le dessinateur de presse Faro, la dérision humoristique sur les filières industrielles des Pays de Savoie est le moyen de montrer que l’on peut aborder la compétitivité sous un autre angle !

Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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interview

Guy Métral : «La France a oublié son industrie pendant des décennies et doit se réveiller !» Guy Métral, référent industrie pour le réseau et le Bureau de CCI France a été chargé, à l’automne 2012, d’animer le projet “2013, année de la compétitivité industrielle”. À la veille de l’université d’été des CCI à Bordeaux, il nous délivre son analyse sur la compétitivité industrielle. Propos recueillis par Bruno Chevallet Vous avez été missionné sur l’année de la compétitivité industrielle par le président de CCI France ? Est-ce une reconnaissance pour la compétitivité des filières industrielles savoyardes ? Pour toutes mes actions nationales, mes repères sont dans les Pays de Savoie. La dynamique de la région Rhône-Alpes donne une dimension intéressante à mon action. Le président de CCI France, André Marcon, et le président de la CCI Rhône-Alpes, JeanPaul Mauduy, m’ont accordé leur confiance pour animer cette thématique. Et il s’agit d’une thématique stratégique car la France a oublié son industrie pendant des décennies. Dans les Pays de Savoie en revanche, ces filières retiennent l’attention des pouvoirs publics depuis longtemps. On parle souvent de notre territoire comme un modèle… C’est la compétitivité des entreprises et des territoires qui permet la création de richesses. Dans nos Pays de Savoie, l’économie est tirée par des entrepreneurs travailleurs, courageux et qui ont appris à jouer collectif, d’où l’émergence de nos pôles de compétitivité, clusters ou des structures d’innovation. Ici, ce qui est remarquable, c’est qu’on décloisonne les secteurs, qu’on s’enri50

chit de la diversité des expériences, ce qui permet d’optimiser notre économie. Pensez-vous qu’on inculque suffisamment aux futurs jeunes managers cette notion de productivité ou de compétitivité ? Inculquer les notions de productivité et de compétitivité est impératif car, naturellement, le manager qui n’est pas dans cet esprit ne tiendra pas. Celui qui n’a pas le goût du travail, ni la volonté de développer son entreprise, ne peut pas réussir. Ceci est vrai aussi pour celui qui ne se remet pas en cause en permanence, il ne peut pas réussir non plus, pas plus que celui qui n’a pas l’esprit d’ouverture sur le monde et sur l’innovation. C’est d’ailleurs la philosophie de l’École des managers à Annecy où l’on inculque aux jeunes repreneurs des méthodes, mais surtout des savoirêtre et des savoir-faire. La France est en perte de vitesse en termes d’indices de compétitivité, 23e selon le World Economic Forum... Considérez-vous que ce déclin est irrémédiable ? Tout est possible, mais il faut se réveiller et réveiller la France. On a oublié que l’industrie c’est la croissance ; que les investissements, que l’exportation, c’est l’industrie.

ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle

Université d’été de CCI France Plus de 800 responsables chefs d’entreprises et collaborateurs des Chambres de commerce et d'industrie viendront de toute la France, pour ce rendezvous de travail à Bordeaux les 19 et 20 septembre 2013. L'université d'été de l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie traitera de “l’année de la compétitivité industrielle”. Des politiques et des industriels tireront le bilan des actions menées dans le cadre de l'année de l'industrie : les partenariats mis en place avec les fédérations au niveau local ont-ils été fructueux ? Les campagnes de promotion du secteur ont-elles rendu les métiers de l'industrie plus attractifs ? Un livre blanc de la compétitivité sera également présenté par les CCI fin 2013.

On a oublié que c’est l’industrie qui forme beaucoup de jeunes et que ce sont les industriels qui ont enrichi la France. Et puis, faut-il rappeler que notre patrimoine économique, qui a assuré la prospérité de notre pays, est basé sur l’industrie. La France se trouve prise en tenaille entre la compétitivité-prix du sud de l’Europe et la compétitivité-qualité du nord de l’Europe. Il n’y a pas de recette miracle mais voici quelques idées qui doivent nous guider : la différenciation par l’innovation, par l’apport de services nouveaux, et l’optimisation de la productivité par les réseaux (relations fournisseurs, partenaires). Le modèle des ETI (Entreprise de taille intermédiaire) doit aussi être notre priorité. En clair, soyons agressifs à l’international avec de bons produits ! La crise suffit-elle à expliquer le déclin rapide de la compétitivité industrielle ? La crise nous vient de l’endettement des États. La montée en flèche des charges sur les entreprises ne donne plus de marge de manœuvre aux entreprises et annihile les efforts impératifs de rentabilité. Rappelons que les plus faibles rentabilités par le poids des charges sont en France et la crise ne peut qu’accélérer ce phénomène. De ce fait, l’entreprise se trouve entre deux feux : la mondialisation et ses coûts faibles et les charges qui viennent asphyxier le développement économique. Le modèle social et économique français est-il adapté à une économie mondiale ouverte ? En dehors des charges que je viens


La montée en flèche des charges annihile les efforts impératifs de rentabilité de nos entreprises. La BPI joue-t-elle son rôle ? Là aussi, c’est trop tôt pour le dire mais, sur le fond, elle est un assemblage de différents outils dont fait partie Oséo, qui jouait déjà bien son rôle auprès des entrepreneurs, espérons que cela s’amplifie ! J’insiste sur le fait que la BPI, sur notre territoire, doit servir également aux TPE. N’oublions pas que tous ces outils sont inefficaces sans un ingrédient essentiel : la confiance. Car c’est notre confiance en l’avenir qui va créer de l’investissement. La BPI sera utile à ce moment-là.

d’évoquer, il manque à notre système la flexibilité et l’adaptabilité. Il faut revoir les conventions collectives qui datent de 1936. Malgré l’accord avec les partenaires sociaux de 2013, le coût du travail reste un frein à la compétitivité et à la création d’emplois. La Suisse travaille 42 heures par semaine, inspirons-nous de ce modèle qui n’est pas contraire à un équilibre vie professionnelle/vie personnelle.

Quel bilan faites-vous du plan compétitivité du gouvernement ? Il est encore trop tôt pour en tirer toutes les conséquences. Le CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) est un bon début, mais si d’autres taxes viennent s’ajouter, cela annule les bienfaits de l’outil. Je pense qu’il serait peut-être utile de suivre les bonnes pensées du rapport Gallois.

Faut-il réduire davantage les charges des entreprises exportatrices pour leur donner l’oxygène financier suffisant pour augmenter l’investissement productif ? Il faut réduire les charges de toutes les entreprises. Il est certain que ce problème de coût du travail se traduit fortement quand on est sur le marché mondial face à des produits indiens, chinois, des pays de l’Est où le coût du travail est moindre. Un double avantage devrait être accordé pour les entreprises qui exportent à un seuil important de leur chiffre d’affaires. Pour les entreprises exportatrices, il faut aussi augmenter les soutiens des garanties et des assurances prospections, notamment via la Coface, et pointer des aides complémentaires aux exportateurs. Il n’y a pas de croissance durable, ni d’emploi dynamique, sans une industrie prospère... Il faut continuer à baisser le coût du travail, ainsi les entreprises auront plus de moyens en R&D et pourront être vecteurs d’emplois supplémentaires. Quand on voit la réussite de Sophia Antipolis (Région Provence-Alpes-Côte d’Azur - plus de 1 400 raisons sociales, Compétitivité industrielle - ECO DES PAYS DE Savoie n°38

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interview 5 000 étudiants et 30 000 emplois), il faut encourager plus encore les liens universités-entreprises. Les Pays de Savoie pourraient s’inspirer de cet exemple pour aller plus loin encore. Le label Origine France garantie est-il pour vous un outil intéressant pour certaines entreprises industrielles pour pénétrer de nouveaux marchés ? Indéniablement, c’est un avantage que les entreprises communiquent mieux sur leurs produits fabriqués en France, tout comme il est important qu’elles communiquent auprès de leurs salariés sur le fait que leur emploi dépend de ces productions françaises. Motiver la production de qualité en France pour conquérir des marchés extérieurs est sans nul doute un bon moyen aussi pour convaincre le personnel à acheter français. En Haute-Savoie, l’exemple est porté par Bourgeois, première entreprise à avoir obtenu le label Origine France garantie pour ses produits. Encourage-t-on suffisamment l’innovation dans les PME afin d’atteindre un niveau de productivité et d’économie d’échelle pour une meilleure réactivité au marché mondial ? Oui et non ! Des dispositifs existent aussi bien au niveau des aides, du crédit d’impôt que de l’accompagnement, celui des CCI, de Thésame entre autres acteurs. Ce qui se fait dans le cadre des pôles et des clusters est stratégique, mais il est nécessaire d’agir encore sur deux leviers. Le premier, la diffusion de l’esprit de l’innovation : dans les écoles et le lien entreprises-chercheurs notamment dans le cadre des pôles et clusters ; et le second, la facilitation du financement de l’innovation (fiscalité, financement par la BPI, fonds d’amorçage…). Êtes-vous partisan de la stratégie haut de gamme en misant sur la R&D afin de proposer des produits plus innovants et de maintenir une production locale ? Je suis partisan de ne pas tout miser sur les innovations technologiques : combien de brevets ou de résultats de R&D sont aujourd’hui inexploités ? Développons aussi l’innovation par les 52

usages, par les besoins clients et aussi l’innovation dans les organisations, dans les pratiques managériales, dans l’environnement de travail. Dans ce cadre, on pourra bénéficier de sacrés atouts pour maintenir une production locale. Pour plusieurs secteurs industriels des Pays de Savoie, le coût d’accès à l’énergie est un élément clé de la compétitivité. Dans ce contexte, le gouvernement voulant accélérer la transition énergétique et descendre la part du nucléaire dans la production énergétique à 50 %, cela va pénaliser certaines industries avec une augmentation de la facture énergétique en période de croissance faible… Le coût de l’énergie est déterminant pour l’industrie, qui est forte consommatrice. La trajectoire proposée par le gouvernement sur les énergies renouvelables semble peu réaliste et me paraît difficilement compatible avec un retour à une croissance forte. Combiné au refus d’aborder la possibilité d’exploitation propre des gaz de schiste, cela nous conduira sans doute à une hausse de la facture énergétique. Encore un point de moins pour la compétitivité de notre industrie. Que nos politiques aient le courage de travailler sans a priori sur les moyens propres pour explorer le gaz de schiste. Le principe de précaution est poussé à son paroxysme. Sur les bases de ce principe, comment aurions-nous pu construire les barrages et bénéficier de l’énergie hydroélectrique qui a permis à des fleurons de l’industrie savoyarde de se développer ici en Pays de Savoie ? Pourriez-vous, en quelques mots, expliquer ce qui caractérise l’état d’esprit des industriels savoyards, et qui fait qu’ils sont toujours là debout même en période de tempête ? Entreprenants, courageux, pleins de convictions et solides, les montagnards ne se laissent jamais abattre ! Ce sont eux qui créent l’emploi et la richesse et qui font la fierté de notre département et de notre pays. Notre rôle est plus que jamais de les mettre en avant car beaucoup ont oublié de le faire.

ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle

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* Les actions collectives sont soutenues financièrement par la Région Rhône-Alpes, la Directe et l’Europe.


pratique Les clés de la compétitivité pour votre entreprise ous souhaitez consolider votre V entreprise par un renforcement de fonds propres et de la trésorerie. CICE Accessible à toutes les entreprises françaises, le CICE permet de réaliser une économie d’impôt substantielle. Pour 2013, elle équivaut à 4 % de la masse salariale, hors salaires supérieurs à 2,5 fois le SMIC. Et à partir de 2014, ce taux sera porté à 6 %. Les premiers résultats sont d’ores et déjà visibles, selon l'Insee, après intégration du CICE, le coût du travail, salaires et charges des secteurs marchands non agricoles a reculé de 1,9 % au premier trimestre, en données corrigées des variations saisonnières par rapport au trimestre précédent. Contact http://cice.bpifrance.fr/ Fonds de garantie pour le développement industriel : garantir les opérations de crédit à moyen et long terme : La garantie s'adresse aux entreprises industrielles dans la métallurgie, l'électricité, l'électronique, le plastique et de manière plus sporadique le textile et l'habillement. Crédits : moyen terme (2 à 7 ans), innovation (2 à 5 ans), long terme (8 à 10 ans), prêt d'honneur, de consolidation, (2 à 5 ans). Les dossiers de demande de crédits sont instruits par les chargés d'affaires de Somudimec. Ils passent ensuite en comité technique auprès de la Région pour bénéficier de la co-garantie Somudimec/Région Rhône-Alpes. Contact Région Rhône-Alpes, direction de l'économie et de l'emploi spernette@rhonealpes.fr Tél. : 04 26 73 62 80 Contact Somudimec - Polytec Tél. : 04 76 41 49 49 ou 04 78 77 06 45 p.jourdain@somudimec.fr - www.somudimec.fr FSI Régions Société de gestion, filiale de CDC Entreprises et d’Oseo, FSI Régions est un acteur de financement en fonds propres, spécialisé dans l'investissement en minoritaire dans les PME de croissance. Doté de 800 millions d'euros, FSI Régions finance les PME dans leurs projets de croissance (interne et externe) et de transmission, les entreprises en sortie de crise (restructurations faites), dans la plus grande partie des secteurs d'activité. FSI Régions a également pour rôle d'accompagner les PME et d'orienter les entre-

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ECO DES PAYS DE Savoie n°38 - Compétitivité industrielle

prises en recherche de financement. FSI Régions intervient en fonds propres et en quasi-fonds propres (financement "mezzanine") en investissement minoritaire jusqu'à 4 millions d'euros, en co-investissement avec des partenaires privés et régionaux et pour des PME de plus de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires. Contact bpifrance Rhône-Alpes, direction régionale Alpes Tél. : 04 76 85 53 00 - http://www. bpifrance.fr/en_region/nos_equipes_en_region/ rhone_alpes ous avez des projets innovants pour V assurer votre développement. Crédit Impôt Recherche Le crédit d’impôt recherche (CIR) est une aide fiscale destinée à encourager les efforts des entreprises en matière de R&D. Il s'agit d'une réduction d'impôt calculée en fonction des dépenses de R&D de l'entreprise. Si le montant du CIR est supérieur à l'impôt dû par l'entreprise, celle-ci peut mobiliser sa créance sur l'État. Le dispositif a été considérablement renforcé, simplifié et déplafonné. Il est assis uniquement sur le volume de R&D déclaré par les entreprises, et le taux du CIR accordé aux entreprises est de : • 30 % des dépenses de R&D pour une première tranche jusqu'à 100 millions d'euros ; • 5 % des dépenses de R&D au-delà de ce seuil de 100 millions d'euros. Le crédit d’impôt vient en déduction de l’IR ou de l’IS dû par l’entreprise au titre de l’année où les dépenses ont été engagées. L'entreprise doit déposer auprès de l'administration fiscale un formulaire spécifique (imprimé n° 2069-A-SD Cerfa n° 11081*14-2012, en ligne sur http://www.impots. gouv.fr/). Pour s’assurer de l'éligibilité de ses dépenses de R&D dans le cadre du CIR, l’entreprise peut déposer une demande d’avis préalable (appelé "rescrit fiscal", cf. site du ministère) auprès de la direction des Services fiscaux, ou auprès de l'un de ces trois organismes : ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), Agence nationale de la recherche (ANR) ou Bpifrance. Les entreprises doivent déduire de l’assiette du CIR les aides directes – avances remboursables et subventions (aides à l'innovation de Bpifrance) – perçues au titre d'un projet de R&D, l’année de leur encaissement. En cas de succès du projet d'innovation, l’avance est remboursée et réintégrée dans les bases de calcul du CIR l’année du remboursement.

Aide aux projets d’innovation stratégique industrielle (ISI) Le programme ISI concerne des projets collaboratifs stratégiques rassemblant au moins deux entreprises et un laboratoire. Ce dispositif constitue l’un des programmes de soutien de Bpifrance aux projets innovants menés par les entreprises. Le programme ISI concerne des projets d'innovation collaboratifs stratégiques industriels rassemblant au moins trois structures dont 2 entreprises, incluant la société chef de file du projet (celle qui en a l'initiative). L’aide ISI est accordée dans le cadre d’un projet collaboratif d’innovation stratégique industrielle présentant : • des ruptures technologiques ou sauts technologiques significatifs, • des innovations majeures en termes d'offre au consommateur, au marché, • des objectifs industriels (produits, procédés, services) certes risqués mais prometteurs. Le montant d’une aide ISI accordée par projet est compris entre 3 millions d'euros et 10 millions d'euros. Les taux d’intervention en subvention varient entre 25 et 45 %. L’équilibre entre subventions et avances remboursables dépend de la dimension exploratoire du projet et de sa distance au marché. http://www.bpifrance.fr IDéclic Innovation - Accès au marché C’est un dispositif imaginé par la Région RhôneAlpes et Oseo Innovation pour répondre à ces besoins. Les projets visés doivent concerner la préparation au lancement industriel et la mise sur le marché de l'innovation, en lien direct avec le programme d'innovation soutenu par Oseo ou la Région Rhône-Alpes. L'aide prend la forme d'une avance remboursable, spécifiquement dédiée au projet, et d'une subvention pour le recrutement d'un cadre. Contact Délégation Deux Savoie BPI Innovation Tél. : 04 50 23 50 26 Contact Région Rhône-Alpes, direction du développement économique et de l'emploi Tél. : 04 26 73 61 09 - Email : adefour@rhonealpes.fr Propriété intellectuelle La propriété intellectuelle a pour vocation de protéger l’innovation dès le stade de la conception d’une invention. Elle a également pour objectif de permettre aux titulaires de droits de propriété industrielle (entreprises, inventeurs indépendants) de valoriser et d’optimiser les revenus tirés de l’exploitation de leurs inventions. http://vosdroits.service-public.fr/professionnelsentreprises/N10734.xhtml


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