Sparse 08 (sep. 2014)

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sparse guide moderne de dijon | gratuit

www.sparse.fr • gratuit • lavage à 30°

sparse | numéro 08 | trimestriel | sep. oct. déc. 2014

immersion LE CINTRA, KARAOKÉ ZINZIN ENQUÊTE LA FAC ET L’OEUVRE D’ART PROFANÉE REPORTAGE UN DIMANCHE AU SALON DU CHIOT RÉCIT AU COEUR DE LA COMMUNAUTÉ DES MORMONS diaporama Les châteaux d’eau, MERVEILLES DE BÉTON PRÉDICTION ET SI JEAN-PIERRE MARIELLE ÉTAIT RESTÉ À DIJON ? INTERVIEW james murphy, interview pinard + NOUVEAUTÉ : PAGE SHOPPING ! bistrot quentin fenc/s arnaud montebourg mode roman-photo guestlist courrier Des lecteurs


vous invite au théâtre mansart vendredi 19 décembre 2014


« Tu penseras à payer ta note avant qu’on ferme mon grand ? » Raf, taulier du Cappuc’.

édito.

S

alut, c’est Sparse. François ne reviendra pas, l’automne est déjà là avant même l’arrivée de l’été. Les impôts sont tombés alors ton compte en banque pisse déjà le sang depuis ta semaine dans cette villa espagnole avec piscine que tu as cru que tu pouvais te permettre de louer pour impressionner tes potes qui essayent, comme toi, de se faire passer pour des gens qui ont les moyens. Pour parfaire la liste des sales nouvelles, tu viens d’apprendre que le Cappuccino, ton cocon, le diamant de la rue Berbisey, le temple du terroir, un des seuls lieux du centre-ville où s’opérait encore un certain mélange des styles, va fermer fin septembre pour cause de propriétaire de l’immeuble voulant vendre au plus offrant. Qui nous transformera ça en banque. Fumier. La seule satisfaction de ta rentrée va encore une fois être de retrouver ton mag’ chic et choc. En plus de mes excellentes punchlines distillées avec humour et finesse tout au long des ces pages, tu t’apprêtes à découvrir dans ce numéro des sujets déviants à souhait parce que le bonheur, c’est banal et vulgaire : des mormons, du karaoké, des animaux domestiques, des corps nus malmenés... Un numéro qui ne fait que 60 pages parce que ces feignants de rédacteurs n’ont pas livré leurs articles à temps. Sparse, ta gourmandise qui, bien qu’allégée, conserve toujours son petit goût de reviens-y. Chablis Winston


sommaire amuse-bouche 3. édito 6. guestlist 8. CONTRIBUTEURS 10. COURRIER DES LECTEURs 11. LA PHOTO DU TRIMESTRE 12. the pulitzer sessions 13. SHOPPING 14. RETOUR SUR CES TROIS DERNIERS MOIS

ours Ce magazine est édité par Sparse Média. Siret : 750 725 806 00012 - APE : 9499Z www.sparse.fr - contact@sparse.fr Directeur de publication et rédacteur en chef Pierre-Olivier Bobo Contributeurs Arthur Gérard, Chablis Winston, Estelle Vonfeldt, Franck Le Tank, Jeff Buckler, Fabrice Magniez, Lilian Elbé, Louise Vayssié, Marie Tello, Martial Ratel, Melle Caleuleu, Mr. Choubi, Nicdasse Croasky, Paul Ficcione, SuzyOh, Tonton Stéph, Valentin Euvrard, James Granville forever Direction artistique internetinternet

PhotographIes Alexandre Claass, Louise Vayssié Illustrations David Fangaia, Estelle Vonfeldt, Hélène ‘Microbe’ Virey, Pierre Roussel DÉVELOPPEMENT COMMERCIAL Romain Calange RELECTURE Aurore Schaferlee, Chantal Masson, Sophie Brignoli Couverture Malinky Tattoo / Dijon Photo : Alexandre Claass Un grand merci à Séb, Flo et PM Imprimeur Chevillon Sens Dépôt légal : à la sortie du magazine ISSN : 2260-7617 La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, cellesci n’engagent que leurs auteurs. Tous droits réservés © Sparse 2013-2014 Merci à nos partenaires et annonceurs, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui ont permis la réalisation de ce numéro. Prochain numéro : décembre 2014

récit AU COEUR DE LA COMMUNAUTÉ DES MORMONS

16.

Voyage au paradis, avec l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.

ENQUÊTE 20. CALVAIRE, L’OEUVRE D’ART PROFANÉE

Le jour où les services techniques de la fac foutent à la décharge... une oeuvre d’art.

reportage 24. UN DIMANCHE AU SALON DU CHIOT

Husky de Sibérie, chien-loup tchécoslovaque, teckel...

LA PAGE MODE 28. RETOUR VERS LE FUTUR DIAPORAMA 30. LES CHATEAUX D’EAU

Merveilles de béton et légendes.

PRÉDICTION 36. ET SI JEAN-PIERRE-MARIELLE ÉTAIT RESTÉ ICI ? immersion 40. « PUTAIN, IL RESTE PLUS QUE LE CINTRA À CETTE HEURE-LÀ ! » Bienvenue dans le karaoké le plus zinzin de Dijon.

INTERVIEW 44. JAMES MURPHY

Entretien pinard avec le leader de feu LCD Soundsystem.

ROMAN PHOTO 48. FAIT DIVERS post coïtum dessert 52. la page de marie et pierre We are happy from... Perrigny-lès-Dijon.

SÉLECTION MUSICALE CRASH-TEST Tu t’es vu quand tu écoutes... ? 56. MISE À NU Ta sueur colle à ma langue. 58. CARTOGRAPHIE 54. 55.



GUESTLIST PAR la rédaction photos : philippe malet, DR

JÉRÔME TRUBLET Bistrot Quentin / Dents de Loup

fenc/s

romain moretto

Pierre, Théo, Florian, Thomas et Anthony Sortie de l’EP « Haze » prochainement

Artiste dramatique / « Visite guidée de Jardin de poche » et « Grande valeur sentimentale »

Un resto mexicain ouvrira prochainement rue Bossuet. T’aimerais bouffer de la graille de quel pays, toi ? Je suis gourmand, j’aime la bouffe de tous les pays !

Il paraît que la chouette, symbole de Dijon, serait un putain de hibou finalement. Votre réaction ? On n’est pas surpris, on lui a toujours trouvé un petit côté Amanda Lear.

Le dernier concert que tu as kiffé à Dijon ? Booba au Zénith.

La Colombière, les allées du Parc, le lac Kir… c’est trop convenu pour faire du footing. Toi t’es un original, t’as pas un autre spot à nous proposer ? La vallée de l’Ouche ou le plateau de Chenôve.

Dernier film vu dans une salle dijonnaise ? Le dernier film, sans te mentir, c’était Les Gardiens de la Galaxie. Mais la claque de l’année revient à Inside Llewyn Davis. Ça compense, non ?

À ton avis, c’est quoi la Maison de Rhénanie-Palatinat ? Une espèce de Kommandantur déguisée d’Angela Merkel ? Des agents infiltrés.

Votre mag préféré à Dijon, c’est Sparse. Mais sinon, vous lisez quel journal et écoutez quelle radio ? Si on dit Magma, Campus et Le Mouv’, ils feront un petit topo sur nous ?

Un argument en défaveur du concert de rentrée, s’il te plait ? Vivement que cette place redevienne un parking, on ne sait plus où marcher avec tous ces gens qui attendent devant le concert de rentrée !

Vous en pensez quoi de la fête de la musique, honnêtement ? C’est dommage que toutes les scènes soient aussi proches. Tous les lives sont parasités par le son d’autres groupes qui jouent en même temps : en une soirée tu fais plus de featurings que n’en ferait Pharrell Williams dans toute une vie. Sauf que toi t’as pas le choix, ni les royalties.

Tu as traîné où cet été ? Je n’ai pas bougé, j’adore le mois d’août à Dijon et les touristes qui touchent la chouette avec la main droite sans savoir que de grands malheurs vont s’abattre sur eux !

Paraît qu’avec le réchauffement climatique, les zones favorisées pour faire du pinard seront davantage dans le nord. Mais il leur restera quoi, à ces pauvres Beaunois, au final ? Mc Do sur le bord de l’autoroute ! Tu as traîné où cet été ? En Espagne et au café de la place, à Eygalières (Provence). T’es plutôt DFCO, JDA, DBHB, CDB, ou Dijon Hockey Club ? JDA quand il y avait Skeeter Henry. Où peut-on acheter des Crocs à Dijon ? À la Toison, demandez Rodolphe ! Invente un nom de rue qui n’existe pas encore à Dijon. La rue de la Soif. T’es plutôt Yves Jamait ou Daniel Fernandez ? Fernandez, olé ! Le dernier concert que tu as kiffé à Dijon ? The Rapture.

À la place du magasin Gap rue de la Lib’, on va avoir droit à une nouvelle banque : ça se fête, non ? On ne fêtera rien tant que la boutique Ünkut rue Chabot-Charny ne sera pas remplacée par une société d’assurance. Euh, ils sont pas un peu élevés, les prix des loyers d’appartement à Dijon quand même ? Si, mais le must reste quand même le loyer des studios de répèt’ locatifs. C’est plus cher qu’un appart à louer, et il n’y a même pas de kitchenette intégrée !

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Au restaurant Pourquoi pas, rue Monge, ils font semblant d’être tout le temps complets pour se faire mousser ou il y a vraiment la queue ? Vivement que ce quartier devienne piéton, on ne sait plus où marcher avec tous ces gens qui attendent devant le Pourquoi pas !

Ton quartier préféré à Dijon, c’est quoi ? Rue de la chouette pour voir les grands malheurs s’abattre ! Le truc le plus ridicule dans cette ville ? J’aime beaucoup le parcours santé de la coulée verte, en direction du lac kir. Certains appareils ressemblent à des appareils de tortures. Qui sont les Dijonnais qui vont au magasin Hollister à la Toison, quels sont leurs réseaux ? Les étudiants Eramus hawaïens de l’université de Bourgogne. Quelle main faut-il placer sur la chouette pour que ça marche ? Main droite (hi hi) !


SEPTEMBRE

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SCÈNE DE MUSIQUES ACTUELLES DE BESANÇON

LA RODIA - BESANÇON

Informations et réservations www.larodia.com - La Rodia 4 av. de Chardonnet à Besançon - 03 81 87 86 00

Création graphique et mise en page

21/09 18H PRÉ DÉTONATION : SOHN + YOGGYONE + CONFÉRENCES, ÉMISSIONS RADIO, STAND PHOTOS, POSTERS ...

/ Illustration Jeff Pourquié - La Rodia 2014 / licences n°1-1042326 / n°2-1038813 / n°3-1038814

CRÉATION MAPPING PAR SPOT LIGHT

CATS ON TREES I ÁSGEIR I PARA ONE I JAMAICA SHIT ROBOT I PEGASE I THE ACID I THE BELLRAYS I BOBMO BOMBAY SHOW PIG I LA FINE ÉQUIPE I KAROL CONKA DJ FLY I CARTE BLANCHE AU CONSORTIUM I COELY + ...


contributeurs PAR LA rédaction photos : DR

Fabrice Magniez Fabrice a réussi à embrouiller son monde avec ses articles alambiqués. Tout le monde fait croire qu’il a compris et qu’il a bien aimé ses articles pour ne pas passer pour un con. Alors que personne ne comprend. Et que ça ne veut certainement rien dire...

Aurore Schaferlee Ne demandez pas comment se prononce ce nom de famille. Ni d’où ça vient. Aurore n’écrit pas dans Sparse. Mais comme d’autres, qu’on vous présentera dans les prochains numéros, elle relie et corrige le ramassis de conneries prétentieuses écrit par les sous-journalistes de Sparse. Ce qui est très important. Et dur. Parce qu’autant vous dire que je ne m’emmerde pas à me relire quand je sais que quelques esclaves vont le faire après moi. On est une équipe, bordel. Estelle Vonfeldt et Hélène Virey Estelle/Hélène sont peut-être une seule et même personne. Elles illustrent les pages de Sparse quand l’article n’est pas assez intéressant pour se suffire à lui-même. Donc souvent. Personne ne les a jamais vues à part le rédacteur en chef. D’ailleurs, peut-être même que c’est lui... Tyler Durden... Fight Club.

Arnaud Montebourg Maintenant qu’il a du temps libre, il tient la rubrique sexo dans Sparse. Qui ne sera pas publiée encore cette fois-ci. Trop hot, trop dérangeante. Redressement trop productif.

Franck Le Tank Les jeunes veulent faire du gonzo ? Bien. Ils rejoignent l’équipe de Sparse. Mais ils ne s’emportent pas trop et ils nous ramènent des infos, pas seulement leurs expériences avec les drogues pour se moquer des gens moins hype qu’eux... Ok ? Autrement, Franck fait de la pop à bonnet.

Pierre-Olivier Bobo Le rédac’ chef de ce magazine galère pendant trois mois pour récupérer des articles qui n’arrivent jamais. Alors pour se détendre, il tente d’aller en club à Berlin où il se fait refouler par Sven, le vieux physio, qui n’apprécie visiblement pas son look de trucker soigné. Ça passait mieux au Hit Club.

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courrier des lecteurs

Merci pour toutes vos lettres d’amour ou d’insultes. ÉCRIVEZ-NOUS : CONTACT@SPARSE.FR

« Bonjour, On a un groupe de reggae festif avec des potes : les Skaglingos. On vient de sortir un EP. Comme j’ai vu que vous vous intéressiez à la scène locale, estce que vous voulez faire une interview ? » Kayan M. (Velars-sur-Ouche)

Réponse de la rédaction Merci à toi pour l’intérêt porté à notre magazine mais nous ne pouvons répondre favorablement à ta demande. Cijoint les coordonnées du Rézo’Fêt’Art : 3 rue Blairet, Dijon (03.80.31.05.81)

« Salut les hipsters, Est-ce que vous pourriez m’éclairer ? Tout le monde appelle « hipster » les gens qu’ils détestent, mais qu’est-ce que ça veut dire exactement ? J’ai honte. Je ne sais pas » Solange P. (Sombernon)

Réponse de la rédaction Solange, visiblement tu t’es encore endormie en lisant le Sparse N°6. Il est vrai qu’il y a beaucoup de textes entre les photos. Si tu avais lu la page 81, tu ne te poserais pas cette question récurrente. Bonne nuit.

Réponse de la rédaction

« Salut la presse locale, Vous rester apparemment le seul magazine où on peut encore critiquer le gouvernement sans se faire virer. Si vous voulez, je peux vous obtenir des infos de première fraîcheur. Ça vous intéresse ? » Arnaud M. (Frangy en Bresse)

Merci Arnaud, tu as su déceler le côté apolitique de notre magazine. Tes infos intéresseront certainement le courageux gouvernement de réforme et son flamboyant ministre du Travail, toujours irréprochable. Tu peux nous faire parvenir tes scoops au 0800 21 3000.

« Sparse, J’essaye de te joindre sur ton portable depuis deux semaines, impossible... Il te reste pas quelque chose comme la dernière fois ? Y’a moyen de faire cred’ ? Vianney S. (Dijon)

Réponse de la rédaction Vianney, primo passe ton bac à Montchapet. Secundo, t’as pas lu la une du quotidien local concernant la vente de produits illicites dans l’agglomération. Tertio, oublie-moi, je sais où t’habites.

« Salut Sparse, J’ai créé un blog gonzo dans lequel, comme vous, je me moque de ceux qui n’ont aucun style. Peut-on envisager un partenariat ? Kevin T. (Dijon)

Réponse de la rédaction Sache, cher Kevin, que la rédaction de Sparse ne cherche nullement à se moquer gratuitement des gens. C’est des mecs comme toi dont on se moque. Ceux qui sont incapables de faire la différence entre no style et normcore. Va me soigner cette vilaine peau et ensuite tu te permettras.

« Madame, Monsieur, Vous êtes redevable d’une somme de 845 euros pour stationnement gênant répété au 113 avenue Rolland Carraz à Chenôve, devant le lieu dit : « La Dérobade ». À défaut de règlement, le procès-verbal est transmis au Procureur de la République dans un délai de 2 mois et vous serez alors redevable d’une amende forfaitaire majorée, recouvrée par le Trésor Public d’un montant de 1800€. Cordialement. Brigadier R. (Dijon)

Réponse de la rédaction Monsieur l’agent, désolé pour les désagréments causés par ce véhicule. Nous vous informons que cette voiture de modèle Renault Clio (couleur blanche) a été cédée le 05/04/2014 à M. Alain M. pour la modique somme de 137.500 €. Veuillez vous adresser à son secrétariat au 0800 21 3000.

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LA PHOTO DU TRIMESTRE le cappuccino (1986-2014) photos : alexandre claass

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shopping PAR TONTON STÉPH

Ton mag’ te rencarde sur les meilleures affaires dénichées dans l’agglomération.

Carré Hermès «Ex-Libris» 1200 euros Carré en mousseline de soie, brodé à la main de pois en petits sequins (90 x 90 cm) Hermès, 6 place Grangier - Dijon

Nike Tuned 1 «Requin» 99 euros Première chaussure Nike à être dotée de la technologie Tuned Air permettant à l’air de circuler entre plusieurs coussins d’air répartis dans la semelle intercalaire pour optimiser l’amorti et la protection contre les chocs. Foot Locker, centre commercial de la Toison d’Or - Dijon

Bière Amsterdam Maximator 1,40 euro Bière de type strong lager à fermentation basse. Au-delà de la puissance de son degré d’alcool, elle dégage un arôme de houblon extrêmement prononcé où l’amertume et la profondeur dominent. Supérette Berbisey, 94 rue Berbisey - Dijon

Tonfa «GK Defender» 56 euros Poignée latérale ergonomique. Le surmoulage en Sentoprène permet une meilleure absorption/répartition des chocs pour se faire respecter en fin de soirée au centre Dauphine. Stock Américain, 134 rue d’Auxonne

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Pneu Michelin Primacy III 78,95 euros Meilleures performances pour l’arrêt sur sol sec, sur sol mouillé ainsi que pour l’adhérence sur sol mouillé. Norauto, ZAC des Charrières Quetigny

DVD Arabesque - L’intégrale 12 saisons 299,90 euros Auteur à succès de romans policiers, Jessica Fletcher a le chic pour se mêler à toutes sortes d’événements qui mettront à l’épreuve ses fantastiques dons de criminologue. Cultura, centre commercial de la Toison d’Or - Dijon


CE QU’IL NE FALLAIT SURTOUT PAS RATER CES TROIS DERNIERS MOIS

par TONTON STÉPH & PIERRE-OLIVIER BOBO

Vendredi 18 juillet

Mercredi 02 juillet

En Inde, un voiturier explose contre un mur la Lamborghini à 250.000 euros d’un client de son hôtel. Une info qui laisse songeur tous ceux qui grillent régulièrement la priorité au tram dijonnais en faisant vrombir le moteur de leur poubelle.

La presse locale, visiblement émue par les nombreux drames relayés actuellement, décide de titrer sur l’essentiel : « Bruno Boulisset, le désormais ex-candidat montcellien de L’amour est dans le pré, revient sur son aventure et ses rapports difficiles avec Émeline, l’éleveuse de lapins du Gers. »

Jeudi 03 juillet

Samedi 19 juillet

Annonce de la SPA des Cailloux : « Ils attendent un maître ou seront euthanasiés dans les trois semaines à compter de cette date ! Triska : certains abandons semblent plus cruels que d’autres. Cette chienne, croisée griffon blue et tan, très câline, née en 2001, a été abandonnée en mars 2014, alors qu’elle voyait à peine, à cause d’une cataracte. Depuis, elle est devenue aveugle, mais elle surmonte très bien son handicap. En bonne santé, vaccinée contre toutes les maladies courantes de son espèce et identifiée, Triska espère que quelqu’un voudra bien lui faire oublier l’injustice dont elle a été victime. » (03.80.66.30.17)

Une foule de gens sales et chevelus sont prêts à dormir devant la librairie Grangier. Il ne vont pas y chercher un roman de Dostoïevski, pas un essai d’Artaud, ni une biographie de Trotsky. Non, ils y vont pour voir un vieux dont les bouquins ont engendré une série cool d’heroïc fantasy.

Mardi 08 juillet

Privés de soleil en ce début de vacances, les Dijonnais n’abandonnent pas pour autant le désir de faire des barbecues. Ainsi de ces deux résidents de Talant qui foutent le feu à un chat. Idée grillade, Alf likes this.

Jeudi 24 juillet

Jeudi 10 juillet

Peur sur la ville. Ah ben non en fait, peur sur les patelins paumés vers chez Sauvadet. Le même jour, le tabac-presse de Vitteaux se fait braquer, ainsi que la baraque à frites du Lac de Grosbois. « Les voleurs sont entrés par effraction dans l’établissement au cours de la nuit de mardi à mercredi et ont emporté des boissons, des denrées alimentaires et la friteuse du restaurant. » Gros gueuleton de potatoes et de glaces Miko en perspective.

C’est la chienlit à l’UMP, où le nombre hallucinant de scandales quotidiens fait rire toute la France. Pris d’une verve comique décidément irrésistible, le bureau politique national en profite pour investir le truculent Alain Houpert aux prochaines sénatoriales. A-t-il des factures d’hélicoptère, lui aussi, comme François Fillon ? Quant à Rémi Deux Lattes, il annonce qu’un nettoyage en profondeur aura lieu dans la fédération de Côte-d’Or.

Lundi 28 juillet

Un accouchement mouvementé a eu lieu dans le véhicule-même des pompiers, à Epoisses. L’histoire ne dit pas s’il s’agit bien d’un authentique fromage Berthaut. Poussez, madame.

Samedi 12 juillet

À Ménessaire, patelin situé à la limite des départements de la Nièvre et de la Saône-et-Loire, un couple décide de faire sensation en arrivant à son mariage à dos d’éléphant. Génial mes parents divorcent. L’ours Pompon peut souffler un peu, merci pour lui.

Dimanche 03 août

52 kg de cocaïne dérobés en plein 36 Quai des Orfèvres, la jeunesse dorée dijonnaise est en effervescence.

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Samedi 16 août

Jeudi 07 août

À Bèze, comme tous les ans, on célèbre la reine de l’andouille et le roi du cornichon. On apprend chez nos confrères du Bien Public que le vainqueur, Ludovic, est un habitué : il a déjà rafflé cette année le prix du meilleur éplucheur d’oignon à Pontailler-sur-Saône et se tourne désormais vers le concours de la plus grande saucisse de Pluvet. Pendant ce temps-là, toi, t’étais à la Route du Rock. Pauvre naze.

La direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de la Côte-d’Or veut prévenir les usagers de la LINO après une série de signalements : celle-ci n’est pas en mesure d’accueillir des piétons. Voilà qui va singulièrement compliquer ta p’tite promenade dominicale consistant à chiller le long de la route.

Dimanche 17 août

Que pouvait-on faire dans le huit-neuf ce dimanche ? À Appoigny, chansons d’été à l’auberge des Rouliers à 21h avec DeNDuM et Géhel (entrée libre). À Migé, visite du moulin à vent, de 14h30 à 18h30 (2 euros). À Saint-Florentin, visite de l’église à 15h30 (2 euros). À Vergigny, animation à la réserve ornithologique de Bas-Rebourseaux l’après-midi (gratuit).

Samedi 09 août

L’empereur de la lose est de passage à Dijon. Lionel Jospin est aperçu au Rich’Bar, place de la Lib’. Ton BP, cruel, rajoute : « À noter que d’autres personnalités étaient déjà venues boire un café au Rich’bar, comme l’animateur TV Magloire, ou le présentateur JeanMarc Morandini. » Journée de guedin : Mac Lesggy vu du côté de Semur-en-Auxois !

Lundi 11 août

Des hurluberlus décident de jeûner contre le nucléaire de Valduc. La réaction la plus adaptée est sur Twitter. @stephauge : « #Dijon #valduc J’irais bien manger ostensiblement une glace au Spéculoos devant les jeûneurs... »

Lundi 18 août

Mardi 12 août

C’est le bordel en Irak, en Ukraine et dans la bande de Gaza. Le virus Ebola se propage aussi vite qu’un coup de tête de Brandao dans un vestiaire. La chouette de Dijon serait en fait un hibou. Bref, c’est la merde à tous les niveaux. Alors pour se détendre, on file tout droit sur le Twitter d’Afida Turner qui nous régale de clichés en direct de SaintTropez. Feeling relax, comme elle dit.

Le Saône-et-loirien Antoine Griezmann sera bien dans FIFA15 et balance sur Twitter des images de sa tronche modélisée pour le jeu vidéo. Avec une coupe de cheveux dégueulasse ? Avec une coupe de cheveux dégueulasse.

Mardi 19 août

Mercredi 13 août

Un Creusotin de 14 ans gratte une médaille d’argent aux championnats du monde junior de bridge. À Nevers, un retraité ramasse une courgette de 6 kg dans son jardin pendant que le PDG de Coca-Cola est en visite à Dijon. La Bourgogne vous marche tellement dessus.

Jean-Christophe « Jicé » Péraud se confie au Journal de Saône-et-Loire, quinze jour après sa deuxième place sur le Tour de France. Le cycliste, toujours licencié au Creusot, en place une pour ses potes du 7-1 : « Mes rapports avec Creusot cyclisme sont extrêmement amicaux. Bien sûr, on se voit beaucoup moins souvent que lorsque je travaillais à Creusot forge, mais je sais que tous sont d’excellents amis et aussi de fervents supporters. Je suis vraiment très heureux de pouvoir venir le 3 septembre pour les revoir tous. » Prenez, ça le SCO Dijon et l’ASPTT Dijon Cyclisme.

Mercredi 20 août

Où l’on apprend, en fait, que le big boss de la marque américaine de soda, Muhtar Kent, a snobé tout son monde. Pour sa venue, 30.000 canettes colorées avaient été disposées dans l’allée centrale du Carrefour Toison d’Or, de façon à ce qu’on puisse lire «Partagez un Coca-Cola». Manque de bol, ce bon vieux Muhtar ne daignera même pas se rendre dans le centre commercial. Bide magistral.

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IMMERSION

un dimanche au paradis Récit de mon voyage chez les Mormons, à Dijon, au coeur de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Merde, même le nom ressemble à une mauvaise traduction d’un film d’action avec Mark Dacascos.

PaR Franck Le Tank photos : Alexandre claass

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immersion

I

l est mardi, j’essaye de me respecter en courant mes 10 bornes hebdomadaires quand une p’tite meuf au style aussi pérave qu’un mauvais ersatz de La petite maison dans la prairie se met à courir à côté de moi et me tend ce foutu tract : « Jesus is our Lord. He can save you » qu’elle me dit. Mouais. Plus soucieux de mes perfs sur Nike+, je me trace en fourrant le tract dans la poche de mon survet’ à trois bandes. Je dois le dire, ces Mormons m’inspirent autant de sympathie qu’un témoin de Jéhovah pubère qui essaye de me refourguer des livres sur l’apocalypse. Bref, je zappe ce bout de papier pour retourner à mes occupations et à mon train-train quotidien. Le lundi suivant, après un week-end pas piqué des hannetons en célébrations diverses et une gueule de bois digne de John McLane, un jeune homme entame la conversation avec moi dans le tram. D’un naturel méfiant envers les conversations gratuites (surtout à Dijon), l’accent amerloc’ de mon interlocuteur m’engage à ouvrir la conversation en anglais. Après quelques banalités, je remarque un petit badge ainsi que le prénom du garçon. Un certain John. Ni une, ni deux, je reconnais le style mormon et j’ai à nouveau droit à mon tract de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Avec deux tracts en une semaine, je commence ma collec’. À y regarder à deux fois, tout blaire dans ce tract : le titre, la photo type Panini de Jésus et surtout l’exemplaire gratuit du DVD du Messie, à récupérer façon jeu concours sur une boîte de Corn Flakes (10 timbres et une enveloppe pour récupérer le Saint Graal). Même si à ce moment-là je suis plus proche de la crise de foie que d’une épiphanie mormone, je suis toujours étonné par ce genre de coïncidences. Après deux rencontres en une semaine, j’engage alors mes recherches sur cette église. GENÈSE ET STREET CRED’. Ce qui m’a toujours fasciné dans les religions, c’est la genèse du truc. Comment un mec plus grande gueule, voire plus illuminé qu’un autre, réussit à rallier d’autres mecs à sa cause. Dans ce cas, un certain Joseph Smith fait office d’élu, en 1830 à Fayette, dans l’État de New York. Du haut de ses 14 ans et avec sa licence de liseur de hiéroglyphe en poche, c’est lui qui traduit les saintes écritures. Lors d’une balade en forêt, il met la main sur des plaques d’or gravées de hiéroglyphes. Manque de bol, avant de les faire fondre pour s’en faire des dents en or et révolutionner le rap game, le mec paume les

les plaques. Ces écrits annoncent que Jésus et ses potos israélites auraient ressuscité et vécu aux States avant les Amérindiens. Joseph Smith se doit de fonder une église, et en outre, il est temps pour lui d’arrêter de prendre du crack. Bon, niveau histoire, je ne suis pas Père Castor, mais j’y crois déjà moyen. Le problème pour eux vient de leur street cred’ : les mormons ne sont pas les bienvenus dans le paysage culturel du XIXème siècle outre-Atlantique. Il s’en suit alors une chasse aux sorcières et plusieurs exodes dans des états voisins, voire même jusqu’en Europe pour les plus courageux. Après quelques années d’errance, Salt Lake City devient en quelques sortes leur fief, grâce au leadership de Brigham Young, nouveau chef spirituel. J’arrête ici mon exposé façon cinquième car je commence à perdre tout le monde, et puis je vais bientôt passer pour un exalté de l’Église des Saints des Derniers Jours. Le genre de mec qui a découvert la foi en écrivant cet article dont l’objectivité frise le zéro pointé. De façon purement objective, je cale un peu l’affaire à l’issue de cette genèse abracadabrantesque.

Le fameux tract scanné, avec toutes les informations nécessaires pour trouver la foi.

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ENTRE CONFUSION ET FANTASME. Cependant, ces histoires continuent à me trotter dans la tête comme un refrain merdique de Jenifer. J’aimerais bien en savoir plus, ce qui m’amène à me tourner rapidement vers mes amis pour savoir si à leur tour, ils se sont fait ambiancer par les Mormons. C’est là que je me rends compte que j’ai littéralement ouvert la boîte de Pandore : entre ceux qui confondent les Mormons avec les Amish (les pécores qui vivent sans électricité), et ceux qui pensent qu’ils sont tous polygames (seuls quelques irréductibles le sont encore), c’est du grand n’importe quoi. Un pote, plus au fait que les autres, me renseigne un peu sur leurs us et coutumes. Le café, la clope, l’alcool et le sexe avant le mariage sont interdits. Merde, on dirait bien que je viens de faire un strike… Dimanche 10 août, je dois finir ce maudit papelard. Pas le choice, comme on dit, je prends ma gueule de bois (causée par un nombre conséquent de Kiss Cool ingurgités la veille) et je me pointe à l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours à 10h. L’endroit est plutôt sympa, posé dans un quartier calme près de la combe Persil à la Fontaine d’Ouche. L’édifice ressemble davantage à un pavtar cossu qu’à une église, mais passons ces détails chiants. Il n’y a pas vraiment de comité d’accueil à l’entrée de l’établissement, je rentre donc comme un habitué et je me pose dans une salle où les gens sont en train de débattre sur Jésus et la venue au temple. J’essaye de raccrocher au wagon et


l’église des saints des derniers jours

« Jesus is our Lord, He can save you » Une jeune fille me rattrapant pendant mon footing hebdomadaire et me tendant un tract mormon.

de capter quelques choses mais mes années de catéchisme sont loin. Et de toute façon, je n’en ai jamais rien eu à carrer étant donné que j’ai attendu jusqu’à la communion uniquement pour avoir un walkman, mon Saint Graal des années 90. SEPT À LA MAISON. Les minutes passent, les gens prennent la parole à tour de rôle pour donner leur avis sur la présence de Jésus dans leur vie et citer des passages saints. À ce niveaulà, pas de changement avec les chrétiens, je me fais méga chier. J’observe les gens présents, nous sommes une trentaine dans ce qui s’apparente à une salle de classe. Tous les âges sont représentés, du bambin qui shoote dans la parole d’évangile au nonagénaire soucieux d’être du bon côté quand la grande faucheuse se pointera, jusqu’à la famille propre du genre Sept à la maison (ne t’excite pas, pas de Jessica Biel à l’horizon). Détail amusant, tout le monde à l’air de se connaître. Ce qui veut dire que niveau

discrétion, je suis bien entendu tricard, tout cela sans parler de mon style vestimentaire qui dénote de la sempiternelle chemise blanche à manche courte, collection été 97, du Mormon. Ma présence n’a pas l’air de les gêner, mais j’essaye tout de même de rester le plus discret possible au fond de la salle. Le cours se finissant, les fidèles arrivés plus nombreux se réunissent dans la salle de culte. J’en profite pour essayer de retrouver les missionnaires que j’ai rencontrés à plusieurs reprises lors de mes pérégrinations mais ils ne sont malheureusement pas là. Les Mormons ont droit aussi à des vacances apparemment. C’est d’ailleurs amusant comme les missionnaires mormons vont systématiquement au devant des gens dans la rue (c’est un principe fondamental qui leur est inculqué pendant leur mission) et comme ils restent entre eux dans leur lieu de culte. Personne ne m’a adressé la parole durant tout le temps où je suis resté à l’église. La messe paraît interminable. Assis dans le fond de la salle, je suis d’une oreille distraite les prêches,

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psaumes et autres chansons louant la parole de Jésus et autres prophètes de l’Église des Saints des Derniers Jours. Quand je regarde les gens de plus près, je me rends compte que venir à la messe le dimanche, ce n’est pas pour faire péter le coolomètre avec sa nouvelle Ford Mondeo devant les autres familles se traînant en BX, mais plutôt parce que les Mormons sont « habités » par l’église. On sent une ferveur incroyable dans leur foi qui, au-delà du prêche dominical et du shabbat, est un véritable mode de vie. On mange Mormon, on boit (pas d’alcool) Mormon, on dort Mormon, on (ne) baise (pas) Mormon... Je quitte le lieu de culte avant la fin de l’office. Je ne me sens finalement pas vraiment proche des valeurs prônées par les Mormons, et rester plus longtemps serait comme traîner dans un peep show à Bangkok : au bout d’un moment, c’est glauque. Sur le parking de l’église, mon cerveau est proche de l’implosion. Une chose est sûre, un Aspartam me fera davantage de bien que la louange de Jésus-Christ aujourd’hui… // F.L.T.


enquête

calvaire l’oeuvre d’art profanée

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PaR lilian elbĂŠ photos : alexandre claass, Chantal masson

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enquête

Salut, toi l’étudiant de psycho, ou toi qui a fait une licence de droit il y a dix ans mais qui continue de lire cette revue pour faire jeune. Aujourd’hui, comme un hommage à tes années de branlette intellectuelle, j’ai envie de te parler d’art. Et plus précisément d’une œuvre située sur le campus que tu côtoies tous les jours sans même t’en rendre compte. Si si, celle sur laquelle tu t’assoies avec ta guitare et grattes les sept premières notes de White Stripes pour épater ton auditoire tabagique à la pause de 10h. Mais si, celle sur laquelle tu t’es soulagé un soir de mai 2008, forcé à une pause pipi salutaire jusqu’à ta résidence U après un long retour à pattes du SéBar. Tu vois de quelle œuvre je veux parler ? Des gros cailloux empilés sur l’esplanade Erasme, entre la BU et l’extension Lettres ! Car malgré les apparences, en plus d’être véritablement une œuvre d’art dont on a tous oublié qu’elle en était une, son histoire est pour le moins mouvementée. En effet, celle que vous voyez n’est en réalité qu’une refabrication de la première, détruite dans l’ignorance générale par des tractopelles il y a quinze ans.

là. La suite peut se raconter sous une forme narrative plus directe : Bernard, le chef de chantier commence à faire le con, enlève son casque et fait mine de soulever un des blocs à mains nues. Ça fait bien rire Robert, qui parie que son nouveau tractopelle Caterpillar peut en soulever un, lui. Il démarre l’engin et ça fonctionne. Cool, on va pouvoir dégager le passage ! En deux coups de vérin, les blocs sont bennés au fond du campus dans la décharge le long de l’autoroute, sauf un qui servira de barrière pour empêcher les gens du voyage de stationner sur le campus. Un gros doigt à l’Art majeur, mais un bon point pour le CAT 438C de 90 chevaux. Seulement voilà. En 1999, Alain Kirili, artiste illustre, se voit proposer d’exposer ses œuvres sur les Champs-Elysées. Se souvenant du bel effet de sa sculpture Calvaire et peu rebuté par les problématiques de transport, il dépêche deux déménageurs pour monter les cailloux à la capitale. En arrivant sur le campus, les deux larrons demandent à tout le monde, mais point de pierres en vue. Ils appellent l’artiste qui leur demande de mieux chercher et finissent par tomber sur la décharge remplie de cailloux cassés. Ils prennent une photo, l’envoient à Kirili vivant alors à New-York (en argentique et par la poste hein, pas un Snapchat), qui reconnaît immédiatement les restes de l’œuvre. C’est le début du scandale.

« Je n’allais pas demander le remboursement de la valeur commerciale de l’œuvre » Oui, du scandale. Car ça la fout un peu mal pour une université jugée en avant-garde de la promotion d’artistes et de l’art contemporain en général d’oublier jusqu’à l’existence d’une œuvre et la détruire ! Le Figaro publie la photo de la scène de crime et ça bourdonne jusque dans les bureaux du ministère de la Culture. Claude Patriat était vice-président de l’université de Bourgogne délégué à l’aménagement du campus puis président du FRAC au moment où l’œuvre a été déposée, mais plus lorsqu’elle a été détruite. Il se souvient aujourd’hui de la « profanation », qu’il qualifie surtout d’une « méprise due à une faute de la part des services techniques ». Mais celle qui parle de profanation surtout, c’est la victime elle-même. Joint par téléphone, Alain Kirili, confie un « choc terrible quand il a découvert le pot aux roses ». Il le qualifie même d’acte de barbarie, « parce qu’on ne peut pas oublier qu’une œuvre existe, elle a du être enregistrée, elle est dans les dossiers. Oublier EST l’acte de barbarie ». Alors les avocats respectifs de l’université et de Kirili commencent à échanger quelques courriers très sérieux jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé : « Je n’allais pas demander le remboursement de la valeur commerciale de l’œuvre, se souvient l’artiste. Mais j’ai exigé que l’université paie la matière première, les coûts de fabrication d’une nouvelle sculpture et qu’un catalogue des œuvres disponibles sur le campus soit produit ». →

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etour sur le campus, en 1992. Toi le plus jeune, tu n’as qu’à imaginer l’esplanade Erasme en moins sale, avec des arbres moins hauts, sans la Maison de l’étudiant ni celle de l’université et surtout avec plus de places de parking. Cette année-là, l’artiste Alain Kirili décide d’installer gratuitement en dépôt une de ses dernières œuvres, Calvaire. Esthétiquement similaire à celle que tu connais aujourd’hui, elle représente une disposition de sculptures abstraites, évoquant des sortes de menhirs carrés. L’œuvre reste là, sagement, pendant quelques années, le temps que tout le monde l’oublie... Y compris les services techniques de la fac. Nous sommes maintenant en 1997, en pleins travaux de construction de la Maison de l’université. Pour manœuvrer, les ouvriers sont bien embêtés par la présence de gros cailloux gênant le passage. C’est lourd, personne ne sait ce que ça fout 22


l’oeuvre d’art profanée

À gauche : Calvaire, à la décharge (photo d’époque). À droite : la deuxième oeuvre, Improvisation Tellem, en 2014.

« Bordel, ils m’emmerdent ces gros cailloux. Ils gênent le passage. Robert ? Ramène le tracto ! » exclamation fictive de Bernard, le chef de chantier célébrant un geste extrêmement premier de la sculpture, d’empilement d’une pièce sur l’autre. Celui des anciens hommes, de Carnac, des guerriers Dongo du Mali, dont les pierres ont la même couleur que leurs œuvres ». Et ce à quoi tu ne t’attends pas, c’est qu’il a tout à fait conscience que tu ne respectes pas son art en grimpant sur un des blocs de pierre. Plus encore, c’est même selon lui un signe de son succès : « La sculpture a été pensée comme une création qui soit la plus empathique possible, pour se l’approprier, inventer une relation avec. C’est donc une réussite sur le plan de l’interactivité ! »

Quelques mois passent, le temps pour Kirili de donner les derniers coups de burin à sa nouvelle sculpture. Il faut croire qu’il n’est pas rancunier ou alors très pressé : il se contente d’envoyer le plan de l’installation et l’œuvre sera érigée par ceux qui avaient benné la première. Tranquille. Et le 6 mai 2000, en grande pompe et à l’occasion d’un très opportun colloque sur la place de l’art contemporain dans les universités, Improvisation Tellem - ou Calvaire 2.0 - est inauguré. Ce jour-là, les 14 blocs de pierre de Bourgogne sont très mal vus par quelques associations étudiantes, assez mécontentes que tout l’argent du 1% artistique de l’époque (une obligation de décoration des constructions publiques, via des commande d’œuvres d’art à des artistes) y soit passé.

Voilà donc pourquoi il est vital de jouir de la présence d’œuvres d’art sur le campus : « Je considère avec mon expérience américaine que si des étudiants ont de l’art contemporain dans leur environnement, ces innovations, ces propositions créatives stimuleront et participeront à leur propre recherche universitaire. Et ça enrichira leur vie quotidienne, faisant d’eux des gens plus ouverts plus tard ». En espérant que cette anecdote t’aidera à pécho entre deux cours, la prochaine fois que tu demanderas du feu à une étudiante de LEA. Ne nous remercie pas. Bises. // L.E.

Et le sens de l’œuvre alors ? Laissons Kirili en parler luimême : « Il s’agit d’une œuvre abstraite, très ouverte, sans commencement ni fin, tout à fait dans le même esprit que la première. Les éléments les uns par rapport aux autres n’ont pas été disposés de façon précise, mais sous la forme d’une improvisation spontanée, évoquant une certaine verticalité 23


reportage

ma journĂŠe en chien un dimanche au salon du chiot

PaR valentin euvrard photos : V.E. et dr

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reportage

Dimanche. Qu’est-ce qui est plus chiant qu’un dimanche ? Il se déroule forcément de deux manières possibles : A. Après une dizaine de mensonges éhontés, vous ne trouvez plus de prétextes pour éviter ce repas familial à Plombières-lès-Dijon. B. Vous avez mal aux cheveux, une nausée qui refuse de disparaître et un appart’ à ranger. Et parfois, il y a le plan C. C comme chien. C comme chat. C comme salon du chiot et du chaton.

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irection le salon des expositions de Dijon aka la plus grande animalerie du département pour le week-end. Dans la file, pratiquement que des couples dont l’amour pour le meilleur ami de l’homme n’a d’égal que celui pour leur moitié. Vous voyez cette meuf embarassante sur votre Facebook, celle qui partage ses photomontages Paint en faveur d’une meilleure considération des bêtes ? Celle qui est devenue végétarienne depuis l’affaire Findus ? Celle qui dit que les dauphins sont de véritables personnes à part entière ? Hé bien elle et toutes ses semblables étaient réunies là. Toutes dans cette queue où un compteur à l’ancienne affichait le nombre de chiens et de chats qu’il restait à vendre à l’intérieur. Marchandise. Le premier truc que tu vois après la caisse, c’est ce putain de rayon d’accessoires en tout genre. Besoin d’une laisse rose fluo au motif Hello Kitty pour aller faire chier son

clébard au square des Ducs ? N’oubliez pas de lui prendre un petit manteau aux couleurs de la collection automne/hiver pour les prochaines semaines. Ha, et n’hésitez pas à acheter ce petit porte-monnaie chihuahua pour être en totale connexion avec votre chien ! Au fond de moi, j’étais persuadé que personne ne faisait ce genre d’achat futile, jusqu’à ce que je vois ce préado, casquette swag et débardeur large, avec sa chiure de Shih Tzu dans les bras, en train de faire ses emplettes. OKLM mon gars. JACK RUSSELL ET CHIENS NUS DU PÉROU. Une odeur légèrement musclée nous entraîne un peu plus loin de cette triste vision, vers des dizaines de stands d’éleveurs. « Ooooooh, il est trop chouuuuu ». Bienvenue au coin des bébés Jack Russell, où autant de mains sont tendues pour les caresser que de smartphones pour prendre un Snap. C’est vrai qu’ils sont trop mimis. Mais question confort, on repassera. Les chiots ont une litière faite de

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bandes de journaux déchirés et tournent en rond dans leurs boxes. Et comme on dit que les maîtres ressemblent souvent à leurs chiens, je suis allé à la recherche de celui ou celle qui dresse les chiens nus du Pérou. Bon, pas de chance, c’était un type et il était habillé. En revanche, il était très cool et m’expliquait que les individus de cette variété de cabot n’avaient pas forcément de poils sur eux. Il en saisit un dans l’enclos et me l’apporte. Les seules touffes sont sur son museau et sur le bout de ses pattes. Le vrai chien punk. « Ça ne le gêne pas de ne pas avoir de poil, mais il faut prendre soin de son cuir. L’été, il faut lui appliquer une crème solaire pour que sa peau brunisse, tandis que l’hiver il vaut mieux lui appliquer une crème chauffante », détaille-t-il. Mettant moi-même de la crème Nivea et saisissant combien les enjeux dermatologiques sont importants de nos jours, je me décide à caresser la bête. C’est pas trop désagréable, sa peau est brûlante et assez douce. Par contre il tremble. →


le salon du chiot

Baromètre « Sparse » du chien (2014 - tous droits réservés)

Shih Tzu Douceur : 2/10 Virilité : 0/10 Raison de l’achat : avoir plus de 55 ans.

Teckel Douceur : 6/10 Virilité : douteuse Raison de l’achat : aimer la chasse.

Husky de Sibérie Douceur : 9/10 Virilité : 7/10 Raison de l’achat : partir en expédition polaire, ou être un beauf.

Border Collie Douceur : 8/10 Virilité : 6/10 Raison de l’achat : être berger dans le Languedoc.

Chien-loup de Tchécoslovaquie Douceur : 5/10 Virilité : 10/10 Raison de l’achat : vivre dans la forêt.

Corgi aka Doge Douceur : 10/10 Virilité : 10/10 Raison de l’achat : Internet.

« Oh, ça ? C’est normal, tous les petits chiens sont comme ça ». #fragile. « ELLE EST JOUEUSE LA MÈRE, HEIN ? » Un peu plus loin, on tombe sur un autre type de chien : des loups. Le vieil éleveur à l’épaisse moustache blanche les regarde avec plein d’affection dans les yeux pendant qu’ils jouent à celui qui arrivera à prendre la tête de l’autre en entier dans sa gueule. « Elle est joueuse la mère, hein ? » Ouais, plutôt, mais ils sont plus proches du chien ou du loup ? « Élevés, ce sont comme des chiens. Il faut juste continuer à les dresser comme tels. Ils ne sont pas spécialement sauvages ». J’essaye tant bien que mal d’en attirer un mais tout ce qu’effleure ma main, c’est le doux mur de l’indifférence canidée. Qu’importe, je m’imagine déjà le promener rue Berbisey. « Il leur faut beaucoup d’espace, c’est pas vraiment un chien d’appartement. Et si vous passez vos week-ends derrière un écran, ça ne sert à rien d’en avoir

un. Il faut bouger avec eux ». Ok, next. C’est le salon du chiot, certes, mais aussi du chaton. Il y en a beaucoup moins. Ils sentent moins fort et dorment tous. En plus, impossible de les caresser. Quelle misère. LES CONSEILS DE ROYAL CANIN. Heureusement, il y a ma star à moi : un corgi, le seul du salon. Internet l’a érigé en mème (ndlr : phénomène repris et décliné en masse sur le web) : des t-shirts sont à son effigie et il est même devenu l’ambassadeur du Dogecoin, le concurrent du Bitcoin. Le chien ultime, surtout que la dresseuse rajoute « qu’il est un quart chien, pour le côté joueur, un quart humain, pour sa grande intelligence, un quart singe, pour son agilité et un quart chat, parce qu’il est rusé ». Quatre animaux en un. Terrifiant. Le chien, lui, s’en branle complètement. Il est en train de mettre son museau dans la litière et de mordre bêtement le plancher. Un quart humain, c’est ça ? On a

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les yeux qui piquent un peu, ça sent mauvais, on tombe nez à nez sur deux ânes au milieu de ce bordel. On sature et on se dirige vers la sortie. « Hé bien madame ? Vous ne voulez pas toucher mes chiens ? Oooh, allons bon, ça ne fait rien de toucher des puces ! Bientôt votre homme en aura, il faut vous y habituez ! », alpague sauvagement un éleveur de Yorkshire. On passe devant un grand stand Royal Canin où je prends note de fameux conseils. « S’il a moins de 10 mois, il lui faut des croquettes small, puis passé sa première année donnez-lui des croquettes medium âge 3, puis des medium âge 7 et finalement des senior + ». Bizarrement, mon chien a inlassablement le même carton de bouffe depuis des années. Et puis, juste avant de quitter le salon, je tombe sur deux boîtes de chips pour clebs. La première est au goût jambon, la deuxième au saucisson. L’homme et le chien, best friends forever. // V.E.


la page mode Ci-dessus Legging : or massif à braguette intégrale T-shirt : trop court Tatouage : illuminati Chaussures : creepers zébu À droite Legging : violet Robe : noire trop longue Bracelet de force : kryptonite Pendentif : raëlien Lunettes : infrarouge (prends ça Google Glass) Pose : tendancieuse en arrière plan


Photos : Vincent Arbelet Modèle : Fluokid (Suzy-Oh) Accessoires : Temple des mille Bouddhas Série réalisée au Jardin de l’Arquebuse (Dijon)


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par MARTIAL RATEL PHOTOS : ALEXANDRE CLAASS

Châteaux (d’eau) et légendes. Patrimoine industriel.

Béton. Courbes. Lignes droites. Hauteur. Rupture de la monotonie. Il y en a environ 16 000 en France. Pour alimenter en eau potable mais aussi pour laisser de la place à des délires architecturaux. Sur une plaine agricole, le château d’eau est un intrus. Verticalité urbaine au milieu d’un espace plat morne et rural. Symbole d’une modernité parfois anachronique, les réservoirs en forme de château datent de l’antiquité romaine. Ils font leur réapparition au 19ème pour assurer une pression et une distribution régulière de l’eau, mais surtout pour alimenter les trains à vapeur. Le château d’eau est tout simplement le point de rencontre entre le besoin technique des ingénieurs et la folie de techniciens du béton. Il y en a peu dans les grandes villes car on utilise des réservoirs enterrés pour alimenter le réseau. Il se murmure que Dijon pomperait l’eau directement dans le lac Kir... De nombreuses croyances sont d’ailleurs associées à ces constructions quasi telluriques, nous allons vous en rendre compte.

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les châteaux d’eau

RÉSERVOIR MONTMUZARD

Le « creux d’enfer », boulevard de Strasbourg. Ceux qui font du vélo le savent. On est seulement à la moitié de la côte et ça tire sur les jambes. Il ressemble à un petit château. À ses pieds, il n’est pas rare de voir des jeunes s’ébattre. De là à parler de château d’O... Un mythe de la blogosphère wargame to geek raconte que certaines scènes de Kaamelot ont été tournées ici, notamment la fameuse scène de l’épisode 22 dans la saison 4. Construit en 1845, sur sa porte, une inscription postérieure nous informe que « les hommes lumineux ont pris possession du château ». Qu’ils pensent à éteindre en sortant. Il est également inscrit « zone antifa ». Cela signifie sûrement qu’en cas d’accession de l’extrême droite au pouvoir, les habitants du château seront protégés de tous les pogroms et autres rafles.

Château de Dijon en Béton Château d’eau à béton tendance 2014. Paradoxe, il est tout en tôle. Aucune croyance associée à cet édifice. Ici, on a les pieds sur terre.

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LONGVIC

Le champignon berlinois. Avec ses lignes verticales et son orientation est-ouest, on le trouve beau et en plus on est sûr qu’il permet de communiquer avec les planètes.

Château d’eau Bénite (Église)

Une toute petite fontaine à l’intérieur, un tout petit filet d’eau stagne, il faudrait revoir la canalisation, il y d’évidence un problème de pression. Attire les grenouilles.

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les châteaux d’eau

La Torche

C’est dingue comme le peintre de cette fresque devait être joueur ou ésotérique pour associer l’eau et le feu. En effet, on le voit difficilement mais une fresque main-torche orne le bâtiment. Phare dans l’espace sidéral, les extraterrestres ne manqueront certainement pas ce spot pour leur premier atterrissage. Tim Burton aurait tourné ici une scène de Mars Attacks hélas coupée au montage.

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DOMOIS

Le château d’eau comme on l’aime : autour, c’est plat. Le pic de la platitude. Mies Van Der Rohe, ou son cousin germain cultivateur à Domois, aurait supervisé sa construction. Pur style Bauhaus, oppositionassociation des courbes et des lignes. Petits rectangles en verre, puits de lumière pour l’escalier, il n’attend que vous pour la reconversion en immeuble d’habitation. Pour l’instant, il est bardé de câbles et sert de relais téléphonique.

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les châteaux d’eau

JARDIN DARCY

Bon, on reconvertit une photo d’une ancienne série, c’est vrai. Mais aviez-vous retenu que ce bâtiment avait été construit à la place de l’ancien château d’eau de Dijon ? Vous rappeliez-vous que le nom du parc vient d’un célèbre (en tout cas au 19ème siècle) ingénieur dijonnais : Henry Darcy. Wikipédia nous informe qu’en 1856, « il publie son traité sur Les Fontaines publiques de la ville de Dijon, où apparaît la formule qui porte désormais son nom. Une unité de mesure en découle : un darcy correspond à la perméabilité d’un corps assimilé à un milieu continu et isotrope au travers duquel un fluide homogène de viscosité égale à celle de l’eau à 20°C (une centipoise) s’y déplace à la vitesse de 1 cm/s sous l’influence d’un gradient de pression de 1 atm/cm ». On n’a pas compris mais les étudiants des Ponts et Chaussées viendraient régulièrement s’adonner à des sabbats diaboliques pour obtenir leur année.

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prédiction

Êtes-vous content d’être là ? « Non, je m’emmerde ! » Jean-Pierre Marielle, invité chez K6FM début 2013 pour la sortie du film Max.

zouk-dubstep d’un berlinois quelconque ! À l’aise. Pendant le festival Dièse, il papoterait avec JeanPaul Brenelin (cf. Sparse N°04) et se trémousserait sur la zique d’un obscur groupe de synth-pop irlandais boutonneux à la chanteuse semigothique, pendant que tu irais lui chercher une bière chaude. Il serait ravi, c’est évident. Même si notre bonhomme est plutôt féru de jazz. Mais c’est de la fiction de toute façon, on dit ce qu’on veut. Pour le coup, il ne serait jamais venu chez K6FM faire son interview. Ben non. Il saurait. Tu l’aurais accompagné naturellement à Radio Campus. À force d’ailleurs, il aurait certainement animé une émission, nous montrant ainsi son amour pour la Cité des Ducs. « Marielle Dijon ». De 11h00 à midi. Tous les dimanches. Bénévole le J-P. Il aurait également son compte Twitter et se clasherait allègrement avec Lanaud du Gray. Ça le ferait marrer ! Il organiserait aussi un festoche à l’Eldo, en l’honneur de son pote Joël Seria. En gros, il serait devenu la caution culturelle de la ville. En son honneur, tous les Ibis du coin offriraient à leurs clients une robe de chambre violette. Parfait. Sans oublier le stade Gaston Gérard, où on le verrait bouffer des saucisses, encourager le DFCO. Un nouveau groupe de supporters se serait créé : les Marielle’s boys ! Prêts à en découdre. C’est sur que dans cette petite pochade, on a plus à faire à un Jean-Pierre Marielle de 40 ans qu’à l’actuel de 82 balais. Pour être tout à fait honnête, s’il revenait régulièrement, on ne le verrait jamais. Au théâtre un peu, à l’Auditorium souvent. Chez Billoux ou à la Charme, à Prenois. Surtout, il ne bougerait pas de sa baraque de la Vallée de l’Ouche. Il serait citoyen d’honneur de la ville, en espérant qu’il vote à gauche et un arrêt du tram porterait son nom. Ou peut-être une crêperie. Il serait éventuellement invité pour un Des Racines et des Ailes spécial Bourgogne. C’est tout. Fin des divagations.

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Au lieu de ça, ben le J-P, il s’en fout de Dijon. Royalement. Il y est donc né, a fait ses études à Carnot, pour partir ensuite à Précy-le-Sec. Dans l’Yonne. Ça, ça craint. Mais c’est pas grave. On l’aime Jean-Pierre. Ensuite, Paris, le conservatoire, Bébèl, Séria, etc. Après pratiquement 50 ans de carrière, la belle Dijon, il a dû un peu l’oublier. Mais alors, doit-on lui reprocher cette indifférence ? Doit-on se vexer, comme certains avec la boutade de Foucault ? Sauf que le pépère ne représente que lui-même. C’est sûr qu’on aimerait bien qu’il parle de nous le Jean-Pierre, parce qu‘il est cool. Et tout le monde se diraient : « Ils doivent être cools les Dijonnais ! » Comme lui. Mais bon, à l’inverse, Bayonne se serait bien passé d’un Félicien et Auxerre d’Emile Louis. Pourtant, il y a de la tête d’affiche, là ! Finalement, qu’est-ce que ça dit sur nous et notre ville, ces stars, ces acteurs, ces groupes, ces peoples qui en sont issus et qui réussissent à Paname ? Noir Désir et Gamine sont de Bordeaux, Gold et Jean-Pierre Mader de Toulouse. Quelle conclusion en tirer ? Qu’il y a plein de bons profs de zique qui boivent du Saint-Émilion et que Marc Toesca a maintenant un putain d’appart dans la ville rose ? Ovidie a vécu à Tours et PPDA est de Reims. Y’a plein de sex-shop dans l’une et de perruquiers dans l’autre ? Ce sont juste des trajectoires personnelles, comme tous les millions de provinciaux habitant Paris qui ensuite se targuent vite d’être de la Capitale et certainement pas des bouseux de province. Le J-P, ça a dû lui faire la même chose. On ne va pas le blâmer. Reste où tu es Jean-Pierre, on t’aimera quand même. Alors non, on ne le verra jamais siroter un petit blanc à la buvette du marché et encore moins traîner au concert de rentrée. Y’a Jamait qui revient au Grand Théatre en septembre, c’est déjà pas si mal. Une certaine idée de notre ville, en quelque sorte. // M.C.


Ville de Quetigny

SAISON

culturelle

graphisme : Livia Marchand/ studio IndĂŠlebil

sept.>> fĂŠvr. 15


IMMERSION

«putain, il reste plus que le cintra à cette heure-là» par paul ficcione photos : alexandre claass

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immersion

Il ne manque pas au constat du Dijonnais averti que, passé 2h du matin, si vous ne souhaitez pas vous frotter aux videurs balkans du Chat Noir, peu de lieux de débauche vous sont offerts pour acter votre cirrhose naissante. “Mais là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve”, dit le poète. C’est donc du côté de la seconde zone la plus infecte de la ville, vers la gare, que tu trouveras une atmosphère chaleureuse, à défaut d’être internationale. Celle du karaoké le plus zinzin de Dijon : le Cintra.

S

i vous adorez passer le créneau 2h-5h à boire de la Despé-rondelle et que, par ailleurs, il vous arrive de pousser la chansonnette sous votre douche, voire vous êtes dépressif, n’en jetez plus ! Vous êtes ici chez vous. Si en plus vous débarquez avec vos cinq potes de Longecourt-en-Plaine, alors vous êtes un Cintriste en puissance. On ne vous la fera pas, quand on vous dit karaoké, vous pensez « beauf », « Miss Camping », « Kronenbourg » et « Patrick Sébastien ». Vous n’avez que partiellement raison, ce n’est que la face visible de l’iceberg, car avant tout, le karaoké, c’est la sensualité, la tendresse et la nécessaire catharsis de ce monde de la nuit où tant de violence finit dans le journal local... Dès que vous pénétrerez dans l’établissement, après que le charmant majordome de l’entrée (qui sera toujours deux fois plus grand que vous, qu’importe votre taille) vous ait laissé entrer (ce qui se produira à coup sûr, c’est chaud de se faire refouler de ce boui-boui), vous découvrirez une salle simple, un personnel roux et souriant, et au fond de la pièce, une scène. Le logo de l’établissement, dépeint sur le mur du fond, exhibe fièrement son adresse mail Wanadoo, gage de tradition et de dynamisme. Installez-vous confortablement dans un siège. Ici, personne ne vous dévisagera, chacun étant fasciné par le spectacle. « Venez comme vous êtes » est le credo de vos voisins de table, venus en famille ou entre amis en costards Kiabi du samedi pour goûter au frisson du centre-ville. À votre entrée, c’était un septuor qui enflammait les planches à coup de Nuit de Folie. La prestation finie et les mains engourdies par les applaudissements nourris

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que vous avez concédés, savourez votre Despé à sept boules en attendant fiévreusement la suite. Là, un habitué qu’on surnommera Serge Cafard, en hommage au personnage de Kad et Olivier, monte sur le plateau. Peu importe le soir où vous viendrez, il sera là, avec sa coupe mulet pour chanter avec la plus profonde émotion un sentiment à michemin entre la souffrance et le chagrin sur des titres oubliés de Johnny Hallyday. Sauf que, dans

Que vais-je chanter ? Qu’est-ce que je fous ici ? Qui suis-je ? Quelle heure est-il ? la salle, tout le monde s’en fout. La moitié profitera de l’accalmie de décibel pour discuter de plaquettes de frein, de salopette en tergal, ou pour demander à leur mioche fatigué de 8 ans de fermer sa gueule pendant que « le monsieur chante ». Le reste de l’assemblée aura les yeux rivés sur les divers écrans de la salle, essayant d’associer des mots aux sons que produit le gars sur scène, un peu comme si on regardait Alerte Cobra en VO, avec les sous-titres en allemand, les grosses cylindrées en moins. Toutefois, ne vous fiez pas trop à l’écran. Soyez vigilant, car les clips n’affichent pas que les paroles des chansons. Parfois vous serez bombardés de dizaines d’images du Cap ferret, procédé odieux de neuromarketing « Pierre et Vacances ». Et pour →


le cintra

« And no one, no one, no one... Can get in the way of what I’m feeling » Alicia Keys - No One (2007, J Records/ Sony/RCA)

d’autres titres, comme par exemple Est-ce que tu viens pour les vacances de David et Jonathan, vous verrez un dessin de mouche violette aux ailes jaunes et un micro bleu à la main, dont on n’a pas vraiment saisi le sens, mais qui doit ressembler à ce que Nadine Morano dessinerait si on lui demandait de représenter la théorie du genre. Normalement, c’est à peu près à ce moment-là que vous vous posez la question : « Vais-je chanter ? » (La seule question devant être : « Qu’est-ce que je fous ici ? ») C’est une interrogation légitime. Après tout, n’avez-vous pas passé déjà plusieurs heures à écouter d’autres que vous exécuter, parfois au sens propre, vos titres préférés ? Et puis, de toute façon, ce n’est pas parce que ce soir vous avez déjà entendu huit fois la même chanson d’Indochine (la SACEM se rincera bien ce soir, merci le Cintra !) que vous ne pouvez pas en proposer une interprétation différente. Et briller ainsi sur la scène. Allez, c’est décidé, vous chanterez Dernière danse de Kyo juste après le petit monsieur payé pour meubler quand personne n’est chaud. Aïe... En fait, il s’agit d’un serveur de l’établissement. Sa voix cristalline et son interprétation juste feront passer votre « show » pour un banc d’essai d’aspirateur Moulinex, le larsen en plus. Le gars passé avant lui, père de famille, et qui n’était pas peu fier d’être au moins monté sur scène, reçoit finalement une leçon de chant. Humilié devant femme et enfants. Impitoyable star system. De toute façon, n’essayez pas de lutter : face à lui, vous serez toujours monté trop fin. Passez votre tour, gardez votre dignité. La dignité ? Votre seule présence en ces murs indique qu’elle est perdue de vue depuis un bail. Pour la retrouver quasi intacte, voici quelques conseils si jamais vous souhaitez vraiment sauter le pas. 1. Préparez vous bien. La première marche de la scène, c’est le point de nonretour, vous ne pourrez plus reculer. 2. Regardez uniquement l’écran, pas le mec à moitié ivre qui fait un strip-tease quasi-intégral au pied de la scène. Ne l’encouragez pas. 3. Ne chantez surtout pas un tube de Garou, à moins d’être Québecois et d’avoir une thrombose mal soignée, auquel cas vous excellerez dans la prestation. 4. Les chiottes sont en bas. Allez vous foutre un coup d’eau sur la gueule et quittez l’établissement tout de suite. 5. Si vous tenez finalement à rester et si vous êtes venu accompagnés, ne chantez pas. Tout simplement. Soyez pas cons. Laissez faire vos voisins de table.

Ils sont en week-end. Ce sont de sacrés fêtards ! Cet ultime conseil n’est pas à prendre à la légère, sinon il risque de vous arriver la même chose qu’à Kevin et Marie (ndlr : les prénoms n’ont pas été modifiés). Déjà, venir au Cintra avec des visées sur la seule fille du village relativement bonnasse, c’est un choix risqué. Mais si en plus vous rappliquez à la soirée avec un survêt’ bleu estampillé « France » dans le dos, il y a intérêt que le ramage soit plus classe que le plumage. Mais, quand vous êtes sur scène avec la petite Marie, pour chanter en duo Sous le Vent de Garou et Céline Dion en gazouillant avec une voix d’enfant de chœur, c’est de l’inconscience. D’ailleurs, personne n’a été étonné de voir qu’à sa sortie, Kevin s’est pris un râteau magistral, jetant sa Despé au sol de colère tout en jurant. Un geste de virilité provoqué par un trop-plein d’émotion. Quelle tristesse. Marie, c’est sur scène qu’il fallait l’épater, c’est là qu’il fallait être un mec, un vrai, un dur. Qu’il fasse demi-tour, le Cintra sera toujours là pour lui remonter le moral, à grands coups d’interprétations dissonantes de Shy’m, accompagnés d’un passage à tabac des tubes du Top 50. À regarder sans oser être à leur place, ceux qui font don de leur audace. // P.F.

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Vous aimez la Despé, vous poussez la chansonnette sous la douche, vous êtes dépressif... Vous êtes ici chez vous : vous êtes un Cintriste !


interview

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james murphy

Rencontre avec le gourou de DFA – LCD Soundsystem : James Murphy, lors de son DJ set au Consortium en juin dernier. Rangé des voitures depuis un petit moment, depuis qu’il a lui-même mis la clef sous la porte de LCD, James Murphy traîne sa bonhommie et sa -très- bonne humeur un peu partout sur la planète. Loin, mais alors très loin, des clichés branchouilles et nouveaux riches de la musique qu’on nous avait annoncés. Le gars James était à la cool, après un repas à la bonne franquette sur un coin de table avec toute l’équipe technique. Et après, surtout, une bonne partie de l’aprem’ à arpenter les vignobles de la Côte de Nuits.

par martial ratel, avec SOPHIE BRIGNOLI & mister b au consortium illustrations : estelle vonfeldt

James, est-il vrai que Liquid Liquid est un de tes groupes préférés ? (ndlr : Sal P, chanteur percussionniste de Liquid Liquid, était aussi présent ce soir-là pour passer des disques) Liquid Liquid est tout simplement un de mes groupes préférés. Je les adore. C’est aussi simple que ça. Dès la première fois que je les ai écoutés, leur musique m’a touché. Des bons rythmes, de la bonne musique pour le corps. Comme un bon gâteau, leur musique est délicieuse ! Tu es trop jeune pour avoir connu Liquid Liquid en activité au début des années 1980. Que représente alors pour toi ce groupe, cette période ? C’est vrai que kid, début 1980, j’écoutais plein de punk. Je devais avoir 10-12 ans quand ils étaient en activité mais cette période-là, post-punk, était vraiment excitante : plein de choses

nouvelles pouvaient être inventées, un peu comme à la Renaissance. À l’époque, il n’y avait pas Internet donc personne ne savait vraiment ce qui était en train de se passer. Les choses se faisaient mais un peu dans le vide. C’est pour ça que cette période est importante pour moi. De nouveaux enregistrements de Liquid Liquid vont-ils sortir un jour sur DFA ? Moi, je n’en sais rien. On a enregistré des choses avec Liquid Liquid, il y a un bon moment maintenant, c’était d’ailleurs très drôle. Le seul truc qui soit sorti jusqu’à présent, c’est Bellhead, sur une compilation du label en 2004. Pour le reste des enregistrements, on avait dû se dire : « On n’aime pas ce qu’on vient de faire. » Ces enregistrements doivent se trouver quelque part dans le monde, on ne les a pas détruits mais je n’ai aucune idée

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d’où ils se trouvent ! Ils doivent être enfermés dans une cage ! Tu as fait des descentes de caves cet aprem’. Apparemment, tu connais un vignoble à Nuits-Saint-Georges ? Il y a quelques années je buvais pas mal de vin. Le vin, c’est vraiment quelque chose que j’adore et auquel je fais attention. Et à Copenhague, dans le restaurant Kadeau, le sommelier Rasmus Kofoed m’a fait découvrir des Bourgogne, notamment ceux faits par Pierre Roch (ndlr : l’orthographe est approximative. Comment vous écrivez le son « rock » alors qu’il est prononcé par un new-yorkais ? Merci d’écrire à la rédaction) et notamment la première cuvée de Yann Durieux, la Black Pinot. L’étiquette ressemblait à une jaquette de Daft Punk et le vin était très cool. J’en ai parlé à mes copains new-yorkais qui importent du →


interview

« Il ne faut pas oublier ça : saouler, c’est la fonction première du vin. Tout le reste est secondaire. C’est pour cela que ça a été inventé, pas pour être délicieux : d’abord te retourner le crâne et ensuite être délicieux ! » James Murphy, visiblement lucide.

vin, en leur disant « quand vous ferez des voyages en France, goutez celui-là », et ils sont devenus ses importateurs à New York. Du coup, quand on a calé la date ici, on m’a demandé ce que je voudrais faire la journée et j’ai évidemment répondu : « Pouvez-vous, s’il vous plaît, m’obtenir un rendez-vous avec Monsieur (en français) Durieux. » On est allés chez lui, dans ses vignes pour regarder la terre, sentir les arômes des grappes, c’est la période de floraison et les odeurs sont vraiment particulières. On a parlé vin et on s’est saoulés ! Il ne faut pas oublier ça : saouler, c’est la fonction première du vin. Tout le reste est secondaire. Le premier truc, c’est que tu sois un peu saoul. (Rires) C’est pour cela que ça a été inventé, pas pour être délicieux : d’abord te retourner le crâne et ensuite être délicieux ! Comment tu trouves le Bourgogne, par rapport au Bordeaux ? Ah... tu ne vas pas aimer ma réponse... Si ta question est « lequel je préfère ? » c’est le Bourgogne, largement, je ne suis pas grand fan de Bordeaux. Mais... Mon vin préféré, c’est le Jura. Ensuite, je mets le vin de Loire. Et en troisième, c’est le Bourgogne. Le Jura est un vin vraiment étrange, inhabituel. J’aime le Poulsard, c’est mon raisin préféré parce qu’il est âcre, inhabituel, c’est un rouge très léger. La Loire,

c’est un terroir moins cher que les autres. Du coup, les gens peuvent être plus aventureux, moins productivistes. Ils peuvent ne pas utiliser de produits chimiques ou de souffre, ça c’est plus difficile en Bourgogne parce qu’il y a trop d’argent en jeu. Et aussi, en Bourgogne, il y a comme une mafia du vin...(Il s’adresse à nous) Oh, on dirait que tu n’es pas d’accord avec moi ! Et sinon, tu te sens comment depuis que tu as arrêté LCD Soundsystem ? Ça fait quelques temps maintenant, c’est vraiment passé ? Je pleure tous les jours et j’attends la mort. J’attends la mort avec patience et résolution parce que je sais que je suis fini. Merci de m’y faire repenser. Est-ce que tu t’éclates avec ton label DFA ? Je ne m’occupe plus de DFA. C’est mon associé Jonathan Galkin qui gère parce que je suis assez souvent et assez longtemps absent. Ce serait comme revenir à la maison et dire à son frangin de retourner dans sa chambre : « Je suis de retour, tire-toi ! » Alors je fais d’autres choses : je fais du café (ndlr : il en importe et va ouvrir un salon de café), je bois du vin, je fais de la musique pour les films, je fais le DJ... et j’attends la mort. Des fois je meurs, en attendant je fais de petits projets. (Rires)

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Dans les années 1990, tu étais l’ingénieur du son du groupe de rock-punk-grunge Six Finger Satellites. Est-ce que tu avais déjà en projet de faire tout ce que tu as réalisé avec ton propre groupe, ton label ? Non absolument pas, j’étais ingé son et je faisais de la musique, c’est tout. Mais au fond de moi, mais alors vraiment bien au fond, je devais être sacrément prétentieux et je devais me dire : « Je dois faire quelque chose ». Ce soir tu vas jouer uniquement du vinyle ? Je ne joue pas que des vinyles mais en majorité, je suis plutôt sur ce support c’est vrai. Et j’en prends comme ça (il mime une grosse poignée avec la main). Je ne sais pas combien de disques ça représente mais c’est mon gabarit, entre mon pouce et mes doigts. En général, je pioche dans mes vinyles sans regarder ce que je prends. J’ai un coin dans mon appartement pour mes disques « DJ », et je tape dedans. C’est lorsque je joue le soir que je découvre et je trie. Mais tu sais pourquoi je fais ça comme ça ? Parce que si mon set n’est pas parfait, personne ne va mourir ! Je ne suis pas un docteur mais un DJ ! Si c’est trop bizarre, les gens s’en vont et c’est tout. Je passe les disques qui me font plaisir. // M.R. avec S.B. et M.B.







LA PAGE DE MARIE & PIERRE par MARIE TELLO illustrations : pierre roussel

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sélection musicale par arthur gérard

NICKI MINAJ – ANACONDA. J’aurais beau m’inquiéter des récents remaniements ministériels, de l’usure de la Vème République, de la progression inquiétante d’ISIS en Irak et en Syrie. Finalement je ne sais qu’une chose, je n’ai qu’une certitude, il n’y a qu’une seule vérité, qu’une ligne d’horizon au milieu de tout ce merdier : le cul de Nicki Minaj qui fait de la wobble bass. Semblant être doués d’une conscience propre, ses deux astres de chair qui oscillent et se percutent l’un l’autre font l’objet de l’hymne Anaconda, soit la chanson la plus con mais la plus bluffante du moment, comme un gros doigt rageur dressé à toutes les fesses plates.

Flavien Berger – Mars Balnéaire. Je ne ferai jamais partie des touristes terriens sur Mars. Non pas à cause des 500 jours d’ennui promis pendant le trajet Terre-Mars. Mais je refuse de foutre le pied sur cette planète, après avoir été marqué dans ma jeunesse par la tronche en ébullition de Schwarzenegger à la fin de Total Recall, lorsqu’il teste malgré lui les effets d’une planète sans atmosphère sur le corps. Flavien Berger, optimiste convaincu du potentiel touristique de la destination, y imagine l’été idéal et se voit rouler toute sa putain de vie sur la route 666 martienne. Franchement, il aurait pu aller à Knokke-le-Zoute, c’est aussi bien.

SOPHIE – LEMONADE. J’ignore pourquoi il y a cette kabbale autour du Dr Pepper. C’est clairement l’un des meilleurs sodas qui existent. Pourtant, certains trouvent ça infect et lui opposeront toujours le Coca comme une valeur sûre. Sérieux ? Essayez d’expliquer le goût du Coca, vous aurez l’air bien con les mecs. Le Dr Pepper n’a pas beaucoup plus de sens, mais c’est précisément l’absurdité de son goût que j’adore. Ecouter Sophie chanter Lemonade équivaut au plaisir coupable de couper un Côte de Nuits avec votre soda préféré. C’est totalement injustifiable et pourtant une fois essayé cela devient parfaitement indispensable. J’crois.

LINKIN PARK - The Hunting Party. Andrew a 15 ans. Il est au sol. Il reprend conscience péniblement, a un peu de terre dans la bouche. Désorienté, il comprend qu’il s’est fait bien mal. Un de ses doigts, pété, se plie selon un angle étrange, et son incisive cassée lui cisaille la langue. Merde. Il se relève, voit qu’il y a du monde autour de lui, une foule même. Peu à peu, il se rend compte qu’autre chose est en jeu. Andrew comprend qu’il s’est fait bastonner dans un pogo d’un concert de Linkin Park, et il revient à lui alors que le chanteur décide de relever le Ice Bucket Challenge devant une foule en délire. La vie est une grosse, grosse pute.

TOPS – Picture You Staring. Imaginons un instant qu’un gentilhomme, éduqué aux raffinements des arts nobles, et vivant au XVIIIème siècle, atterrisse en 2014. Quelle serait sa réaction à l’écoute de la production musicale de notre ère ? On peut parier qu’il se taperait une bonne crise de spasmophilie fatale. Je veux néanmoins croire que la naïveté indie d’un groupe comme TOPS puisse l’émouvoir autant que ses jams préférés au clavecin. Que les titres de TOPS, portant tous sur l’amour, lui évoquent une version kikoo de la Carte du Tendre. Qui sait, peut-être même qu’il songera ensuite à se faire soigner cette vilaine chaude-pisse so 1712 ?

FRANCKY VINCENT – COULEUR FRANCKY. 2013 a été l’année où je me suis littéralement chié dessus, deux fois. Je commençais un stage à Paris. Ce que j’ai cru être causé par le stress des débuts s’est avéré être la gastro la plus carabinée de ma vie. Imaginez-vous être pris de vertiges sous la douche tout en vous vidant, l’eau chaude achevant d’exhaler le fruit pourri de vos entrailles. Deuxième fois : Fête de la musique. Combo mauvais alcools, groupes nuls, embrouilles flippantes à tous les coins de rues. À 200 mètres de chez moi, mon sphincter ne répond plus. J’aimerais dire que tout ça est du passé, mais le dernier album de Francky me rend bien trop patraque :(

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crash test par jeff buckler photo : dr

Tu t’es vu quand tu ÉCOUTES... ? Descriptif faussement sociologique et non exhaustif de différents styles musicaux qui inondent tes écouteurs ou ta chaîne Hifi tout au long de ta journée. Musique à papa ayant traversé le dernier siècle ou sonorité du troisième millénaire, chacun son style. Sache, lecteur de Sparse, que « sans musique la vie serait une erreur » (Friedrich N.) du jazz

DU reggae Parce que t’es cool. Parce que le contretemps. Parce que t’as pas encore arrêté de fumer, facile. Parce que tu couperas jamais tes dreads, respect. Parce que tu cherches encore Babylone sur une carte. Parce qu’un band de petits blancs et six vieux chanteurs jamaïcains qui tournent sur la même scène à 30€ l’entrée, tu connais. Parce que t’es homophobe. Parce que I&I, Jah man, peace, big up, unity for broda & sista, bless ya. Tu es : Brother Jacques. Ou Jah Baptiste.

Parce que t’es chiant. Parce que t’es arrogant. Parce qu’en France y’a plus de festivals de jazz que de mecs qu’écoutent du jazz. Parce qu’en sortant du conservatoire, t’as vite compris les musiques qui palpent un max. Parce qu’A Love Supreme et Kind of Blues c’est quand même de la bombe. Parce que c’est la source de plein d’autres styles musicaux. Parce que t’as l’impression qu’à « D’Jazz dans la ville » c’est toujours les mêmes groupes qui jouent, peut-être que oui, peut-être que non ? Tu es : « D’Jazz au jardin» . Ou « D’Jazz à la plage ».

DU metal

du hip-hop

Parce que noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Parce que t’as passé ton adolescence entre tes Chroniques de la lune noire et tes Warhammer. Parce que t’es plus hardcore mélodique que deathgrind, chochotte. Parce que le public metal, il est vraiment sympa. Parce que le public metal achète encore des disques, lui. Parce que t’es obligé de passer un week-end à Clisson en Loire-Atlantique pour voir tes groupes préférés, musique ghetto. Parce que Keanu Reeves dans Matrix, lifestyle. Tu es : Apolzébech_21. Ou Mordor666.

Parce que tu viens de loin, les States. Parce que tu viens de la rue, wesh gros. Parce qu’East Coast ou West Coast, t’as pas à choisir. Parce que les Grésilles ou Fontaine-lès-Dijon, même combat, what the fuck ? Parce que ton idole est morte par balle ou d’overdose après un seul EP. Parce que c’est toujours le gangster qui contrôle l’affaire. Parce qu’enfin un rappeur milliardaire, merci Apple. Parce que le slam c’est de la chanson. Parce que c’est de la contre-culture... Parce que c’était mieux avant. Tu es : S.E.A.R mon gars. Ou Shendy.

de l’ÉLECTRO

de la pop

Parce que « Prends-en, tu vas voir c’est super ! » Parce que faut vivre avec son temps, surtout entre 2 et 5 heures du mat’. Et 110 et 140 BPM. Parce que tu t’en tapes des paroles. Parce que ton rêve c’est de te faire refouler à l’entrée de toutes les boîtes les plus sélect’ du monde. Parce que t’as connu l’An-fer. Parce que t’as pas connu l’espace Grévin. Parce que musique des villes, club et musique des champs, teknival. Parce que de nos jours les musiques électroniques sont une fierté nationale, la French Touch. Tu es : Dj Speed. Ou Speed, le chien du Dj.

Parce que tu aimes flirter avec la variété. Parce que tes parents écoutaient les Beatles et les Stones, putain de centristes. Parce que tu kiffes être le seul mec à un concert, veinard. Parce que pour toi un bon tube te fait forcément chialer, sensible. Parce que tu es introspectif, mélancolique, indécis, tiraillé et schizophrène... Mais toujours sensible. Parce que tu es stylé, à Londres. Parce que tu es déguisé, à Genlis. Parce que Fauve, tu pars en couille. Tu es : Seul. Ou en train de splitter.

de la world

DU ROCK

Parce que tu aimes les voyages, surtout dans les pays ou ton RSA te confère un agréable niveau de vie. Parce que la musique est une richesse mondiale. Enfin... Après le pétrole, la drogue et les armes. Parce que lors d’un concert de world music, de nombreuses communautés sont représentées, sur scène. Parce que c’est vrai, la cumbia, la salsa, le maloya, l’afrobeat, le merengue, c’est sacrément plus festif que la pop. Parce qu’un peu de soleil au cœur de l’hiver ça fait jamais de mal, prends ça le smog dijonnais. Tu es : Pieds nus.

Parce que le reste c’est de la merde. Parce que t’entends plus rien. Parce que t’as déjà eu au moins cinq groupes dans ta vie, voire plus. Parce que t’as la vie qui va avec : sexe, drogue et rock & roll. Ou qui allait avec, t’es aujourd’hui marié avec deux gosses, triste. Parce que c’est pas mal ce qu’ils font les petits jeunes, ça te rappelle les Cramps en moins bien. Parce que tu te souviens du concert des Magnetix au Deep Inside un dimanche soir, on était trois. Et t’as vomi. Tu es : roadie. Ou lighteux.

PS : Notre honneur nous a imposé de ne pas vous parler ni de la musique contemporaine, ni de la chanson française.

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mise à nu

ta sueur colle à ma langue par FABRICE MAGNIEZ illustration : hélène virey

Avertissement Nous nous mettons à nu une seule fois. Passé cet exercice de promotion publique, corps et psyché s’évanouiront au regard prochain. Par suite nous deviendrons transparents, forme synthétique de l’anonymat après le renversement dialectique de toute publicité. Et cette entreprise produira assurément mépris et reconnaissance, moquerie et sympathie. Nous l’assumerons. I. Je me souviens de ce pouvoir immense que procuraient la beauté formelle et la fulgurance intellectuelle, confondues en un charme que je croyais alors éternel, aussi stable et pérenne qu’une règle arithmétique. Conquérir et être conquis. Il n’était pas de plus doux combats que ceux-là, dont les bénéfices qualifiaient notre orgueil. Et cet orgueil était encore un objet de vérité. Et ce mouvement trouvait son plus puissant écho, source et résonance, dans un principe de raison suffisante. Nous habillions nos vingt ans d’amours irrésolus. II. Le regard fait tout. Traduction du désir des âmes nées pour l’amour. Les yeux, le regard, les joues qui rosissent. Les joues de C. rosissaient à l’instant de la jouissance, comme l’expression dernière d’une pudeur dévoilée. « Le cœur parle », dit-on... Abstraction ! Nul sentiment. Mais la sensation, cause de la valeur et moyen de communiquer entre les corps. Des yeux, des joues, un visage. Puis des seins, puis des fesses, un ventre. Un corps. Ferme et entier. Puis mon sexe. Les fesses de C. rosissaient quand paume de main droite les innervaient par des caresses circulaires. Un corps pour nous. Deux corps pour soi. Réflexion du multiple dans l’un égoïste. Réflexion de soi à travers une dualité objective. Pour un retour à soi. Égotisme. Et relire Stendhal. III. Ce qu’il y a de plus profond en l’homme, c’est la peau (Paul Valéry, L’Idée fixe, La Pléiade, Œuvres II) Mais ta sueur colle à ma langue, ma poule, et ton sel est ma drogue désormais. Ton appartement de la rue Monge est en feu, en cette mi-juin. Tu t’appelles E. et ton corps-liane gît sur le sofa bleu que tes parents t’ont offert pour ton emménagement. Mes doigts courent sur ton ventre chaud. Ta sueur colle à ma langue, ma poule, ton sel... Ma drogue... Nos vingt ans sont une fête, nos tête-à-tête des têtes à culs et à queue. Morphine et Spain jouent des airs lascifs sur ton poste hifi d’adolescente, et rythment des baises joyeuses et vraies. Sueur colle langue toujours tounuits. J’écris ton corps-liane comme tes cuisses ceignent mon cou, quand je lape ton autre visage; bientôt je serai loin de toi, loin de Dijon... Et ton image provoquera masturbation. Ta vie colle à ma vie, ma poule, et nous touchons le même rêve. Doigts dessus, doigts dessous, mes mains flânent par les rues chaudes de ta peau, soufflant les braises qui allument ton cœur. Ton corps prolonge mon corps en une extase muette. Mais ta sueur colle à ma langue, ma poule, et ton sel est ma drogue, désormais. 56


IV. La tentation de la poésie (A.) Tu nageais dans une mer de lavande rose et nue sous le Ventoux Deux étoiles tes seins accrochaient tous yeux paysans et miens Quand tendre sourire comprit mon désir influent vers toi, Instance insolite d’une respiration liquide, Tu m’invitas à danser et me présentas tes amis en salamandres et chacals, Puis plongeas dans cette mer de lavande rose et nue sous Ventoux lune À jamais profonde, En abysse violet, Et ne te revis plus. V. Vos jolies jambes brunies au soleil de la Grèce avaient éveillé en moi une curiosité du plus solide aloi, ma chère, dont vous sûtes bientôt son effet pour vous. Vous pratiquiez le tennis quand je ne jouais alors à rien d’autre qu’à vous séduire et être séduit par vous. Au bout de quelques semaines d’observation assidue, vous passâtes un soir vos bras autour de mon cou, et soufflâtes à mon oreille des mots obscènes. Vous m’aviez harponné. Suivirent les heures fabuleuses où j’attrapais votre hanche souple et ronde, vous cueilliez mon épaule dure et osseuse, nous promenions nos cœurs légers parmi les rues de Dijon nuit. Et nous escaladions les portiques verts des jardins publics pour des prouesses amoureuses urgentes et précises. Puis nous rentrions chez vous, où nous nous entretenions de la dialectique de la marchandise en cuisinant des bettes et des poivrons. Fut-ce l’été 1996 ou 1997 ? Les nuages dessinaient votre prénom quand Bécaud le chantait, sur le transat en bord de piscine, dans la moiteur d’un après-midi, pouce et majeur vagabondaient sur votre maillot de bain, lentement, vous me prîtes dans votre bouche sur le tapis du salon parental contemporain, puis nous montâmes dans votre chambre de petite fille afin d’engager un combat dont vous remportâtes la victoire in extremis... J’avais entravé vos poignets, vous en souvenez-vous ? Époque bénie, temps révolu. Nous nous aimâmes comme passe le vent, sans espoir de construction, sans le motif d’un contrat qui eût gâté notre passion. Chère amie, vous qui aimiez les chiffres, avez-vous jamais su combien mesurait ma bite, quand je vous pénétrais encore à l’aube noire de l’hiver, avant que de gagner les salles moribondes de la faculté d’économie ? À lire, à entendre et à boire Nos corps, Georges Moustaki, in Concert, Polydor, 1973. De l’Amour, Stendhal, Flammarion, 1993. Les Amours, Pierre de Ronsard, in Œuvres Complètes tome I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1938. Savigny premier cru Les Talmettes 2010, domaine Louis Chenu et Filles. Les Myrs 2012, domaine Danjou-Banessy. 57


cartographie

Ces bons plans brocantes et vide-greniers

Louesme

21 sept. (à partir de 7h, entrée gratuite)

Bellenod-sur-Seine

21 sept. (1€ le mètre linéaire, café et brioche maison offerts à chaque exposant)

Montbard

29 sept. (centre social, attention : 20 articles maximum par personne physique présente)

Villy-en Auxois

Selongey

14 sept. (place du pâtis, 1€50 le mètre linéaire, par l’association du troisième âge)

14 sept. (1€ le mètre linéaire, buffet, buvette, organisé par la société de chasse de Selongey)

Fontaine-Française

11 oct. (salle polyvalente)

Époisses

18 oct. (espace rencontres et loisirs, antiquités, réservé aux professionnels, prix visiteurs : 2€)

Dijon

Braux

21 sept. (quartier des antiquaires, réservé aux professionnels, entrée gratuite)

12 oct. (accueil des exposants à partir de 5h30, placés par ordre d’arrivée)

28 sept. (place de la mairie, 50 exposants maximum)

Couchey

12 oct. (remballage à partir de 17 h, emplacement laissé propre de tout)

Saulieu

21 septembre (bourse aux collectionneurs, 3€ le mètre linéaire)

Oisilly

Longchamp

28 sept. (place du château, buffet, buvette, gauffres)

Arconcey

Arnay-le-Duc

28 sept. (salle des fêtes, places limitées dans la salle, possibilité d’exposer à l’extérieur)

04 oct. (petite maison de la RN6, exposition de voitures anciennes, motos, camions)

Aiserey

05 oct. (salle polyvalente, réservation conseillée, un café offert par exposant)

Seurre

Champdotre

14 sept. (route de trouhans, 2€ le mètre linéaire, 8€ les 5 mètres)

21 sept. (étang rouge, ouverture pour les exposants à 6h, ni neuf ni alimentaire)

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J’ai trop peur qu’il soit épuisé très vite dans les points de distribution habituels. La petite Sharon, que je désire depuis le collège, refuse de me parler si je ne le fais pas. Je préfère dépenser de l’argent, le gratuit c’est tellement vulgaire. Tous les médias sont à la solde du grand complot capitaloilluminati-judéo-maçonnique, sauf Sparse. C’est moins cher que du PQ. C’est le meilleur magazine du monde.

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SEPT. -> JANV. 2015

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SAM.20 SEPT.

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MER.24 SEPT.

C’EST LA RENTRÉE DU T.U.D PAR LE THÉÂTRE UNIVERSITAIRE DE

UN PROJET DE THOMAS DE POURQUER

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MAR.30 SEPT. JOURNÉE CULTURE DE L’UB

1ER LUNDI DE CHAQUE MOIS

LES LUNDIS EN COULISSES

PAR L’UNIVERSITÉ DE BOURGOGNE

LA CIE LES ENCOMBRANTS + GUESTS

MER.1ER ET JEU.2 OCT.

BRICOLEZ ! C L E

JEU.16 & VEN.17 OCT.

LA

FOCUS DANSE

UN PROJET DU LAB / LIAISONS ARTS

BOURGOGNE

VEN.28 NOV.

CABARET CIRQUE IMPROVISÉ (OU PRESQUE)

IE

ES

NCOMBRANTS

JEU. 6 NOV. JE VAIS RÉSOLUMENT M’ÉGARER PAR LA COMPAGNIE JE RESTE

DU

LUN.1ER AU MER.3 DÉC.

QUINT’EST

UNE CARTE BLANCHE À VINCENT REGNARD

JEU.11 ET VEN.12 DÉC.

RÉSEAU GRAND-EST DU SPECTACLE VIVANT

TOUTES DES ALICES D

VEN.19 DÉC.

SPARSE AWARDS

PAR SPARSE

LUN.26 JAN. IM-POSTURE PAR FABRICE LAMBERT

PAR PERSPECTIVES DE LA

ANSE

MAR.20 JAN. GUERRIERI E AMOROSI PAR LA COMPAGNIE AFFARI ESTERI

JEU.22 JAN. YOUR GHOST IS NOT ENOUGH PAR FRANK MICHELETTI

JEU.29 JAN.

MES MAINS SONT PLUS ÂGÉES QUE MOI PAR DANYA HAMMOUD

photo © Ana Dias / Portfolio Big Girls Donʼt Cry - www.anadiasphotography.com



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