Sparse 32 (déc. 2020)

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Magie, Tinder et champignons

76 pages de secrets bien gardés

+ Josiane Bost et son vélo Un petit tour à Tchernobyl L’espace est une poubelle L’AOC Bourgogne en danger ? Les street-runners

sparse magazine mieux

sparse | numéro 32 | trimestriel

déc. jan. fév. 2020-2021 • www.sparse.fr imprimé à énormément d’exemplaires à lire aux toilettes

GRATUIT • BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ



édito. Est-ce qu’on n’aurait pas été trop gentil ? On a bien sagement écouté toutes les demandes. Toutes les recommandations avaient du sens. On a tout fait pour ne pas tomber dans le complotisme. On a tout fait pour ne surtout pas donner de grain à moudre au virus. Et puis, bidonnés, on a découvert que les attitudes sociales et morales préconisées par le gouvernement, les ARS et les préfectures, c’était n’importe quoi. Le COVID se combattait bien avec des mesures sanitaires mais on a redécouvert que la sagesse ne payait pas en retour, plus on est sage et moins on est écouté. Les librairies et les disquaires d’abord fermés et les lieux de culture ré-ouverts bien après les lieux de culte. L’Église et ses militants en chemise vichy, col claudine, robe de bure et pompes à glands ont plus de droits que nous. Alors, on ne nous y reprendra plus. Pour faire valoir nos droits à la fête, aux concerts, aux spectacles, aux découvertes, pour le droit au plaisir d’être fraternellement ensemble, œcuméniquement liés par la force du culturel, on aurait dû brailler comme des grenouilles de bénitier. On a aussi des envies de culture irrépréhensibles ! Hélas, on a été trop éduqués, bêtement respectueux de la République. Les agités du goupillon, eux, n’ont jamais eu ce souci-là. C’est juste une question de principe : 30 pélos dans une église et, dans le même temps, zéro dans un théâtre ou une vaste salle de concert, non mais sérieux, on est où là ? C’est l’annexe du Vatican ? Méthode pour le prochain confinement : fini les discussions interminables dans les ministères, organisation « sous forme de manifs » des concerts sauvages sur les places publiques, réunions « sous forme de rassemblements » devant les salles de spectacles, sittings devant les mairies avec concerts de percus (on est bien méchants, là !), sous le nom Par Pierre-Olivier Boboquelconque. d’une congrégation spirituelle Si ça se Photo trouve,: Alexandre c’est plus Claass simple de se faire reconnaître en Préfecture comme groupe religieux que de monter une association ou de demander une licence d’entrepreneur de spectacle. Vive le culte de $PAR$E ! Le culte du bon goût (et de l’arrière-goût), de la culture ouverte 24h sur 24h. Le RIB de votre nouvelle croyance est en fin de magazine, merci de soutenir. Vivement le prochain confinement. Par Martial Ratel Photo : Alexandre Claass


sommaire 3. ÉDITO

ours

6. CONTRIBUTEURS

Ce magazine est édité par Sparse Média. Siret : 750 725 806 00038 - APE : 5814Z www.sparse.fr - contact@sparse.fr media.sparse.fr - boutique.sparse.fr

10. LA

DIRECTEUR DE PUBLICATION Pierre-Olivier Bobo RÉDACTEUR EN CHEF Antoine Gauthier CONTRIBUTEURS Badneighbour, Pierre-Olivier Bobo, Sophie Brignoli, Nicdasse Croasky, Cédric de Montceau, Delphine de Petro, Charlotte Félix, Gainsbarré, Arthur Guillaumot, Yannick Grossetête, Franck le Tank, Martial Ratel, Ladislas René, Édouard Roussel, Augustin Traquenard, Louise Vayssié, Chablis Winston, James Granville forever. DIRECTION ARTISTIQUE INTERNETINTERNET

PHOTOGRAPHIES Alex Claass, Cédric de Montceau, Mathilde Leconte, Édouard Roussel, Diego Zébina. ILLUSTRATIONS Mr. Choubi, Cédric de Montceau, Yannick Grossetête, Michael Sallit, Hélène Virey.

BD - LA LECTURE TITRAILLE 12. CINÉ CULTE 14. GUESTLIST

8.

EMBROUILLES GRANDS CRUS SONT CUITS

16. LES

LÉGENDE 22. JOSIANE

BOST FAIT DU VÉLO

BRAQUAGE BASSE SUR LES CHAMPOTES DU JURA

28. MAIN

DIAPORAMA MICHELOT A TCHERNOBYL

32. LAURENT

INTERVIEW 40. POUBELLES

SPATIALES

RENCONTRE MAGICIEN OSE

44. LE

TESTING 50. TINDER

SURPRISE

COMITÉ DE RELECTURE Florentine Colliat, Marion Godey, Julian Marras, Aurore Schaferlee.

54. JOGGING

COUVERTURE Photo : Mathilde Leconte

60. ROMAN-PHOTO

IMPRIMEUR Estimprim (25) Dépôt légal : à la sortie du magazine ISSN : 2260-7617 Tous droits réservés © 2020-2021 Merci à nos partenaires ainsi qu’à celles et ceux qui ont permis la réalisation de ce numéro. Prochain numéro : mars 2021 Sparse bénéficie du soutien du Ministère de la culture et de la communication, fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité, et de la DRDJSCS au titre du Fonds de développement de la vie associative (FDVA)

LOISIRS DANS LA VILLE

64. DESTINÉES

D’ENTREPRENEURS PAGE MODE 68. HOROSCOPE 70. COURRIER DES LECTEURS 72. ABONNEMENT 74. BOUTIQUE 66. LA


Festival

Ies VIAAILLEURS Dans le cadre de la saison Africa2020 Spectacles Concerts Documentaires Conférences Ateliers Expos

21 FÉVRIER 9 MARS BELFORT Toutes les infos

www.viadanse.com

© Laurent Philippe Manifestation organisée dans le cadre de la Saison Africa2020

Comité des mécènes de la Saison Africa 2020


contributeurs

Par Chablis Winston Photos : DR

Louise Vayssié | Pierre Tchernia Le XXe siècle, le vidéo-club, la moquette orange, le gérant qui fume des clopes à l’intérieur, les amendes parce que t’as pas rembobiné, le rayon Jean-Paul Belmondo... Tout ça, c’est fini. Mais Louise a braqué le stock de K7 à la faillite du Vidéofutur. Elle mate tout ça pour toi sur sa vieille Grundig et t’explique pourquoi le cinoche c’était mieux avant... ou pas. En tout cas, avec moins d’explosions et moins de pognon.

Yannick Grossetête | Observateur de détresse humaine Yannick est acteur, réalisateur et pratiquant d’arts martiaux. Il connaît le succès national en Belgique comme lutteur et bodybuilder puis remporte le titre de « Mr. Belgium ». En 1982, il émigre aux ÉtatsUnis afin de poursuivre une carrière au cinéma et connaît le succès... Ah bin non, merde, ça c’est JeanClaude Van Damme. Alors attends, que je regarde mes fiches...voilà. Yannick est un gars de Saulieu réfugié à Bruxelles (le pays de Jean-Claude, comme quoi tout se recoupe). Actuellement, il marche sur la gueule de la BD francophone, en toute humilité.

Arthur Guillaumot/Diego Zébina | Elite d’Agence Un shooting urgent ? Besoin d’un modèle aux yeux de braise ? Arthur et Diego te magnifient le plus vil des survèt’ Rivaldi grâce à leurs photos de mode extrêmement soignées. Un duo au service de la toilette, comme on dit dans le milieu. Les positions les moins naturelles du monde, les fringues les plus éclatées, les attitudes les plus blasées : la mode ! La vie de Diego et Arthur est un putain de catwalk permanent. La beauté ? Rien à foutre. Ce qu’il nous faut, c’est du style. Du style que diable !

Charlotte Félix | Millésimiste Au moment de choisir sa voie dans la vie, Charlotte a hésité. La mécanique ? Le free fight ? Tellement de possibilités pour une fille ouverte comme elle. Sur les recommandations du conseiller d’orientation de son collège, elle choisira l’alcool. Mais attention, pas une vulgaire 8.6 sur un banc à l’arrêt de bus. Charlotte a un peu de classe et de distinction quand même. Madame fait dans le Pinot, le Gamay, le Chardonnay. Le nectar des dieux. Circuit court.

Jean-Pierre Pernaut | Papy gâteau Après 32 ans passés à faire la même chose tous les midis, à vanter les mérites de la France éternelle, à cracher son amour de l’ordre et de valeurs telles que le travail ou la famille, Jipé a eu besoin d’un break. D’un virage à 180°. Jipé doit expier tout son passé. Nouvellement arrivé chez Sparse pour sa nouvelle vie, il est devenu chef de la rubrique ‘anarcho-libertaires et lieux autonomes’ du magazine. Et il va nous faire vivre ça avec passion.

Pierre-Olivier Bobo | R&D Toujours dans la recherche de progrès et de performances, Pierre-Olivier vient de développer un vaccin contre la COVID-20. Ouais, la COVID-20, le gars vit dans le futur. Son téléphone est connecté à la 6G et sa bagnole roule au plutonium. Quand se rendra-t-il compte que le futur, c’est des chasseurs-cueilleurs armés jusqu’aux dents errant sur les ruines du capitalisme ? Je t’y offrirais un stage de survie à celui-là ! Parce qu’il est loin d’être prêt pour le moment où tout va péter.

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Musée du château des ducs de Wurtemberg

Montbéliard

Antoine ETEX : L’Amour piqué par une abeille (colorisée), 1860 - Marbre : Collection Musées de Montbéliard - Photo : Jack Varlet - Conception :

les collections beaux-arts revisitées TRISTAN FELLMANN

Licences : 1/L-D-20-729 – 2/L-D-20-730 – 3/L-D-20-731

WWW.POUDRIERE.COM

ITIONS RÉPÉT

Dualités À partir du 19 septembre 2020

RTS CONCE

Service Culturel du CROUS Bourgogne Franche Comté


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la titraille

Par Franck Le Tank

Toujours plus loin, toujours plus haut, jusqu’au bout de l’info.

« Pourquoi les petites bites pourraient revenir à la mode ? » Vice Magazine (monde entier)

• Ah bon c’était pas hype ? Bon ben bye-bye François Saga •

« De la discothèque au foodtruck à couscous » Sud Ouest (Eysine-Le Haillan, Gironde)

• Au Macumba, c’est merguez tous les soirs ! •

« Reconfinement : est-il possible d’aller à la cueillette aux champignons ? » La dépêche.fr (secret défense)

• Rien n’empêche jamais d’aller aux champignons, ok ?! Rien j’te dis ! •

« Elle allume un barbecue dans son appartement » Le Bien Public (Dijon, France)

• Ben quoi ? Ça caille beaucoup trop fin octobre. Et avec ce brouillard, faire un barbec’ dehors... •

« Cet homme s’est fait greffer des crocs pour devenir un orc »

« Elle met sa petite-nièce sur un site libertin car elle ne l’aime pas » L’Est Républicain (Pontarlier, France)

• Je je suis libertine, Ma grande-tante est une catin, M. Farmer de Pontarlier •

Ulyces Trends (Iguatemi, Brésil)

• Faut-il vraiment sauver Willy, là ? •

« Le suspect a-t-il crié Allah Akbar ou Carambar ? » La Voix du Nord (Mons-en-Baroeul, France)

• Non mais comme j’articule moyen des fois, on ne me comprend pas toujours •

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SAISON DE L’AUDITORIUM 2020/21 CONSERVATOIRE DU GRAND CHALON « L’équipe de Trump se trompe de Four seasons et réunit la presse sur le parking d’un paysagiste »

PRENEZ PLACE

Euronews (Philadelphie, USA)

• Confondre un hôtel de luxe et Gamm vert, un bien beau bouquet final pour cette campagne présidentielle. Dumb & Dumber •

« Il donne un coup de couteau et arrache l’œil de sa collègue » Le Bien Public (Dijon, France)

Maous

dès 6 ans

HIP-HOP & CONTEMPORAIN

MER. 20 JAN. 19h AUDITORIUM

• Œil pour œil chez les employés des pompes funèbres. L’adaptation de Six Feet Under dans la Cité des ducs s’annonce un poil plus trash •

« Son chien mord un gendarme à l’entrejambe, il le félicite » Le Journal du Centre (Nevers, France)

• ACAB •

Antigone is not dead THÉÂTRE

JEU. 4 MARS 20h GRAIN DE SEL BILLETTERIE

Conservatoire du Grand Chalon 1, rue Olivier Messiaen - 71100 Chalon s/Saône

Tél. 03 85 42 42 67 // conservatoire.legrandchalon.fr


ciné culte

Par Louise Vayssié

Rappelle-toi tes « fiches profils », pour préparer le bac. Tout était résumé. On n’avait pas besoin de lire les bouquins pour en parler. Chez Sparse, c’est pareil pour le cinéma : on a regardé des classiques pour toi. Plus besoin de t’emmerder à mater ces trucs trop lents alors qu’il y a plein de super films avec des explosions sur Netflix. Ne passe plus pour un inculte mais deviens un vrai usurpateur grâce à Sparse et fais croire à tout le monde que tu as vu ces bijoux du 7ème art. Attention maxi spoiler !

La fiche pour briller en société (n°2)

Le port de l’angoisse (To Have and Have Not), 1944 Réalisateur : Howard Hawks. Genre : Film en noir et blanc avec Bogart. Durée : 100 minutes tout rond.

LE CONTEXTE La légende veut que l’idée du film est venue au cours d’une partie de pêche entre Ernest Hemingway et Hawks. Ils sont potes, ils boivent des bières et Hawks essaye de convaincre l’écrivain de venir faire du cinoche à Hollywood. Il le taquine: « Vas y ! Choisis ton plus mauvais roman et je l’adapte à l’écran ! » Hemingway amusé, désigne To Have and to Have Not comme son pire bouquin. Un truc sur la guerre. Ça tombe bien, on est en plein dedans. Hawks s’exécute. Et bim ! Le film devient un des films cultes du cinéma noir des années 40.

LE CASTING Premier rôle de Lauren Bacall. Elle a 18 ans, elle est mannequin et s’appelle encore Betty Joan Perske. Mais Hawks ne supporte pas sa voix, trop haut perchée et lui fait prendre des cours chez un moniteur vocal. Elle en reviendra avec cette voix rauque et suave qui ne la quittera plus. Hawks lui fera changer son nom et confiera à sa femme le soin d’en faire une fille élégante, sophistiquée et sexy. Patriarcat, quand tu nous tiens. En fait on ne sait pas pourquoi Hawks a gardé Bacall si c’était pour la métamorphoser. Autant prendre quelqu’un d’autre, franchement. Mais faut reconnaître, le résultat est magique. Hawks vient de créer Lauren Bacall. Elle joue Marie, jeune femme fatale, paumée et fauchée, débarquée de nulle part. Humphrey Bogart, on ne le présente plus. Il est déjà la caric’ de lui-même, avec sa belle gueule, son air sombre et énigmatique, ses clopes, sa voix nasillarde et son borsa rivé sur sa tête. Bogart fait du Bogart. Et quand on lui demande s’il n’en a pas marre, il répond : « Oui, je fais du Bogart, mais c’est moi qui le fais le mieux ». D’autres questions ? Il joue le Captain Morgan, Américain exilé un poil cynique qui gagne sa vie en emmenant d’autres plus friqués que lui à la pêche au gros. On est en Martinique, cocorico, et pour faire vrai, Hawks embauche des Français. Coup de chance, Marcel Dalio, acteur en pleine ascension, vient de fuir la France pour cause de ‘trop Juif pour les Allemands qui squattent à Paris’ et traîne ses guêtres à Hollywood. Il incarne joliment Frenchy, patron de l’hôtel et fervent gaulliste.

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LE PITCH Pendant la Seconde Guerre mondiale, sur l’île de la Martinique occupée par Vichy, un capitaine américain, alcoolique sur les bords, loue son bateau à quiconque lui verse le prix. D’abord réticent, il prend part au conflit aux côtés de la Résistance, embarquant avec lui une jeune paumée dont il tombe amoureux.

LE FILM L’intrigue n’est pas passionnante et on se doute déjà que les gentils gagnent à la fin. Mais on plonge dans une ambiance couvre-feu et fumée de cigare plutôt enivrante. Le noir et blanc de l’époque, le décor en carton-pâte bien kitch et les costumes ‘colons et gentils sauvages’ plantent une atmosphère colonialiste, exotique, désuète et attendrissante. Faut aussi le voir comme un livre d’Histoire. Le bar de l’hôtel, point de rencontres des personnages, sent la sueur, le whisky et les airs de jazz (typiquement ce qui nous manque en ce moment). Tout semble un peu lent et empesé, mais pas déplaisant. Débarque alors Marie, qui vient éclairer le film. Bogart aussi, elle l’éclaire. Parce que là c’est carrément le coup de foudre entre le vieux loup de mer acariâtre et la belle gamine ténébreuse. Hey, mec, t’as vu son âge ?! Maintenant ça donnerait un procès, ou au moins la Une de Closer, mais à l’epoque, ça derange personne. Pis y’a prescription d’t’façon. Prends ça #metoo. Il n’empêche que Bogart emballe Bacall en deux-deux. Et réciproquement. “If you want me, just whistle. You know how to whistle, don’t you, Steve? You just put your lips together and blow. »* Une drague comme on n’en fait plus. Et avec l’amour revient l’espoir. C’est d’ailleurs cette rencontre qui fait basculer le film dans un rythme plus effréné, vu qu’avoir une meuf semble donner des ailes à Bogart qui finit par se bouger un peu le cul au lieu de faire que boire du tord-boyau, et rejoindre la résistance, après avoir refusé plus d’une fois. Mais avec une belle à sauver et un peu de fric à la clé, c’est plus facile de faire le beau. Allez, Boggy, résiste, prouve que tu existes. Transformé en James Bond, il n’a plus une minute à lui. Il récupère en scred un chef résistant ici, va le soigner là-bas, embrouille la milice pétainiste du coin, obtient des laissez-passer et sauve tout son petit monde en moins de deux. Le tout en allumant une clope par plan, ce qui donne très envie de s’y remettre. Balèze. Il trouve même le temps de punchliner : « You save France, I wanna save my boat ! ». Bogart qui parle de la France, ça fait toujours quelque chose. Et malgré la noirceur de l’époque, on n’échappe pas au happy end de rigueur, où le marin désabusé devenu héros amoureux s’en va heureux, sa blonde sous le bras, sur une petite musique pleine de l’espoir d’un monde meilleur. À la fin du film, vous aurez envie de fumer des clopes, de boire du ‘sky, de taper des Allemands et de recoloniser les Antilles... Ah ben non, elles le sont encore en fait. — * « Si tu me veux, tu n’as qu’à siffler. Tu sais siffler, n’est-ce pas Steve ? Tu mets tes lèvres ensemble et tu souffles »

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guestlist

Par Pierre-Olivier Bobo & Chablis Winston

Elise Aebischer Femme politique, Besançon

Conseillère régionale et Adjointe en charge des relations aux usagers, des ressources humaines, de l’égalité femmes-hommes à la ville de Besançon, Elise marche sur Twitter et traîne les ponts à vélo. C’est chacun son truc.

Pourquoi les gens se ruent sur le PQ à chaque début de confinement alors qu’il n’y a jamais de rupture de stock ? Parce que justement ce comportement amène des ruptures de stock. Il y a un truc irrationnel à l’idée d’être enfermé. Perso pour le premier jour de confinement, j’avais acheté 2kg de falafels. T’es encartée chez Génération.s, le mouvement de Benoit Hamon. Comment ça va chez les islamo-gauchistesbisounours du lobby pro-LGBT ? On est encore minoritaires dans la société mais on travaille à la conquête du pouvoir. C’est bien déjà, à gauche tout le monde dit qu’il faut s’unir sans faire le premier pas. Et n’oubliez pas de dire qu’on est féministes, j’y tiens. Tu bossais pendant le confinement, toi, ou tu bingewatchais des séries ? Je bingewatchais des réunions Zoom à longueur de journées et soirées. Running de confinement ou squats devant l’ordi ? Je suis une geek, comme beaucoup de gens j’ai acheté Ring Fit sur Switch pour ne plus du tout y retoucher au déconfinement.

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On peut te croiser où à Besançon ? Sur un Vélocité à l’arrêt sur un pont pour prendre une photo de Besançon, pour pouvoir la poster sur mes réseaux sociaux et dire que j’habite la plus belle ville. Il faut qu’on sache : comment porter son masque avec classe ? Sur le nez c’est le B.A-BA. Après il faut oser porter le masque à motifs, personnellement mon préféré c’est le « Ici c’est Besac ». Tu tweetes beaucoup, Elise. Si on devait suivre absolument un profil sur Twitter, ça serait lequel ? J’aurais pu vous faire une réponse partisane et réchauffée mais j’ai envie de vous faire découvrir un vrai beau compte. @JulesGrandin, responsable cartographie et infographie passé par plusieurs grands médias, il est très drôle et montre des anecdotes géographiques passionnantes. Parce que mon premier amour avant la politique, c’était la géographie. Claquettes/chaussettes ou espadrilles ? Espadrilles, parce que comme c’est le cadeau banal pour Noël pour mon père, ça m’évite de me creuser la tête.


Claire Jachymiak

Photographe, Alise-Sainte-Reine

Photographe pour Le Monde, Libé, Télérama et tout ce que la presse nationale compte de grands journaux. Portraitiste émérite mais pas que, Claire crèche à Alise-Sainte-Reine dans l’Auxois qui, n’en déplaise à quelques rageux jurassiens, est le site historique d’Alesia. Point barre.

Un disque ou un artiste à nous conseiller en ce moment pour lutter contre le bordel anxyogène ambiant ? 24.000 Baci d’Adriano Celentano, chanson de circonstance, Tumbalalaïka des Barry Sisters, Insane in The Brain de Cypress Hill. Avec toutes ces théories du complot qui affluent de partout, est-ce qu’on ne devrait pas supprimer Internet une bonne fois pour toute ? Oui ! Mais je serais bien embêtée pour envoyer mes photos. Claire, le sport en confinement, ça se passe comment pour toi ? Marche quotidienne avec ma chienne, yoga quand j’ai le courage. Un spot secret/caché à nous conseiller dans l’Auxois ? Les sources de la Douix à Darcey au printemps. Une Morteau, c’est combien de centimètres de bonheur déjà ? Euh… 17 cm ?

Est-ce que t’irais à la messe si on pouvait nous aussi boire le pinard dans la coupe du curé ? Oh que non, j’aime trop le bon vin pour vouloir goûter à la piquette de la coupe du curé et puis je ne vais pas à la messe. Alibaba, le géant chinois du commerce en ligne, a réalisé un chiffre d’affaires de 74 milliards de dollars lors de la dernière Fête des célibataires, le 11 novembre dernier. Un avis ? Wouah, c’est triste, non ? C’est quoi ton excuse quand tu vas boire l’apéro chez un pote en période de confinement ? Je bois l’apéro chez moi en famille. On ne s’en battrait pas un peu les couilles du Vendée Globe ? Je ne me sens pas vraiment concernée, c’est sûr et puis je ne peux même pas concevoir de me retrouver seule au milieu de l’Atlantique, la flippe totale.

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Un minar... euh non, un clocher.

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Appellation d’Origine Compliquée

Par Charlotte Félix, en Bourgogne Photos : BIVB / armellephotographe.com

C’est quoi l’embrouille avec l’AOC Bourgogne ?

La question identitaire semble être à la mode et le milieu du vin en est un reflet lumineux. Le Bordelais s’illustre avec ses châteaux, la Champagne rayonne avec ses maisons tandis que la Bourgogne resplendit avec sa kyrielle de terroirs, dont ses fameux climats. Sauf que dans notre région, depuis 20 ans, le torchon brûle entre les viticulteurs, pour savoir qui, sur un territoire réparti entre Chablis et Villefranche-sur-Saône, a le droit de produire un vin en « AOC Bourgogne ». On la joue à la courte paille ou bien ?

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L’

œil vif et l’air vaillant, la gouaille affutée et le verre plein, le viticulteur est un paysan comme les autres, sa terre c’est sacré et il aimerait bien pouvoir l’exploiter et la valoriser au mieux auprès du consommateur. Entre terroir et délimitation, entre origine et réglementation, ça sert à quoi une « appellation d’origine » ? In vino veritas Divin nectar que le monde nous envie, valeur dispendieuse qui, depuis quelques années, s’envole de façon stratosphérique, le bourgogne envoie du rêve, même pour les locaux dont la bourse se réduit comme peau de chagrin. Mais la qualité et la provenance sont-elles si importantes ? Plus que jamais ! Révolu le temps où l’on buvait du vin de table pour se rincer le gosier à toute heure de la journée, et à tous âges. L’eau, ça rouille. Oubliée l’époque du tout-venant pour conjurer les périodes de disettes et de rationnements. Depuis les années 1960, puis, par la suite, avec l’avènement de l’agroécologie, la notion d’ « origine » tend à se développer et à s’imposer. Le consomma(c)teur soucieux de sa santé et de l’économie locale recherche des produits sains et authentiques, issus d’une région, marqueurs d’une identité. Les appellations d’origine « contrôlées » pour la France (AOC), « protégées » pour l’Europe (AOP), permettent de valoriser la qualité d’un produit qui est définie selon son aire géographique délimitée en tenant compte, pour sa production, sa transformation et son élaboration, de facteurs naturels et humains. En clair, les appellations n’ont d’existence qu’à travers la reconnaissance d’un terroir. C’est quoi « l’effet terroir » ? Entre approche naturaliste et approche historique, le terroir est un concept typiquement français – qui n’a aucune traduction à l’étranger et dont la définition fluctue. Souvent fantasmé par de nombreuses personnes, surtout les consommateurs à qui on envoie parfois de la poudre (pardon, de la terre) aux yeux, il est devenu comme le « bio », un élément marketing (souvent fallacieux) que les industriels et certains producteurs essaient de valoriser à tous crins. Pour qui sait l’apprivoiser, il peut alors s’exprimer avec plus ou moins de poésie dans la bouche (et dans la poche) de celles et ceux qui en apprécient les fruits. Parce que oui, le bourgogne ce n’est pas seulement une histoire de passionnés et de happy few qui connaissent les « meilleurs » producteurs de la région, c’est aussi une question d’identité géographique, culturelle et sociale qui s’est faite sur plusieurs siècles selon les aléas politiques et économiques. Le folklore retiendra que les moines du Moyen Âge goûtaient la terre pour estimer la valeur d’un terroir, fadaise ! Aujourd’hui, avec le développement des sciences humaines et sociales qui élargissent les champs d’investigation des sciences naturelles, le « terroir », est défini à partir de facteurs environnementaux : géologie, climat, exposition, et humains : savoir-faire. Le terroir, c’est avant tout un sol vivant que la nature et l’Homme entretiennent. Symphonies d’expériences pour les œnologues, les sommeliers, les chefs-cuisiniers, relation charnelle entre le sol et celui/celle qui le fertilise, le terroir n’est pas un territoire, ni une juridiction, c’est un espace géographique non circonscrit… et c’est justement là où le bât blesse.

Le terroir est un concept typiquement français qui n’a aucune traduction à l’étranger.

Made in… Bourgogne Parmi les vins de Bourgogne, on compte 84 AOC réparties sur un peu plus de 30.000 ha de vignes entre l’Yonne, la Côte-d’Or et la Saône-et-Loire (cf. page 21). Le classement de chaque appellation se fait en fonction de critères définis, depuis 1935, par l’Institut National des Appellations d’Origine (INAO) : le cépage, le rendement, le degré d’alcool et la délimitation géographique. Au niveau topographique, les AOC grands crus et premiers crus sont en général à mi-pente sur les coteaux, pour bénéficier d’un meilleur ensoleillement entre autres, tandis que les AOC régionales sont plus bas, autour des villages. Sauf que ces dernières se trouvent, pour la plupart, dans une zone grise. Et pour cause, depuis 1937, la question de la délimitation des communes et parcelles pouvant produire de l’AOC Bourgogne n’est pas encore tranchée officiellement, ce qui n’empêche personne d’en produire, c’est la légitimité qui pose problème. En 2000, l’étude du dossier a été relancée par les viticulteurs bourguignons, mais les choses n’ont toujours pas évolué depuis. L’INAO refuse de prendre en compte l’historique de la région et les usages de production des bourgognes. La délimitation géographique de l’AOC Bourgogne qui permet d’identifier une origine à travers l’étude du terroir reste laborieuse. Pourquoi ? Selon le syndicat des bourgognes, « les réponses seront difficiles à avoir ». S’agit-il d’un dysfonctionnement de l’établissement public dont les missions sont justement d’encadrer, de gérer et de protéger les appellations d’origine en France ? Ou des intérêts privés, et autres susceptibilités, sont-ils à préserver ? Le ministère de l’Agriculture botte en touche sur la question épineuse renvoyant la patate chaude à l’INAO qui tergiverse encore. Le serpent qui se mord la queue !

Manif ’ de gilets oranges.

© Sébastien Abry pour le CAVB


Un statu quo interminable Le 24 janvier 2020, l’INAO propose de « sortir » par décret 64 communes de l’aire de production de l’ « AOC Bourgogne » répartie sur 7.000 ha, tout en conservant 43 communes du Beaujolais. Pas évident à comprendre. Parmi les communes évincées, le vignoble des Ducs ou le Dijonnais, Talant et les Marcs d’Or par exemple, le Châtillonnais qui produit du crémant de Bourgogne, le Chablisien qui produit essentiellement du chablis, n’auraient pas cette légitimité historique et d’usages de produire de l’AOC Bourgogne. Sur 5.500 ha plantés, la capacité de production des vignerons bourguignons serait revue à la baisse au profit de ceux du Beaujolais qui, eux, peuvent et pourraient encore plus produire des vins d’appellation AOC Bourgogne. On déshabille Paul pour habiller Jacques ! Tollé chez les viticulteurs bourguignons qui attendent enfin le Jugement de Salomon. Si certains s’en frottent déjà les mains, d’autres s’insurgent, et pas seulement pour une question identitaire. Retenons que la production d’AOC Bourgogne représente environ 50 à 60 millions de bouteilles par an sur environ 200 millions produites dans la région. Des conséquences économiques considérables pour les viticulteurs : vins déclassés, dégradation du niveau de qualité perçue, baisse des ventes, dévaluation du foncier sur certains secteurs, etc. Aussi, le 6 février 2020, la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB) a décidé de mobiliser les acteurs de la filière, viticulteurs et élus, pour aller manifester devant le siège de l’INAO à Montreuil. 450 d’entre eux ont fait le déplacement pour défendre le dossier qui a été négligé depuis 80 ans ! La menace du coronavirus n’aura pas eu raison de ce rassemblement urbain qui a surtout permis de médiatiser le débat latent sur les AOC régionales et le rôle désinvesti de l’INAO sur le sujet. Aujourd’hui encore, d’après le syndicat des Bourgognes, « l’INAO ne semble pas favorable à trancher la question de la délimitation, sauf pour reconnaître les communes délimitées dans la région ». Pour éviter toute discrimination et discréditer un « rapport d’experts orienté », les syndicats espèrent un changement de la commission d’enquête à l’INAO et une nouvelle expertise pour la délimitation des AOC régionales.

Parmi les vins de Bourgogne, on compte 84 AOC

« Fiers d’être Bourguignons ! » L’INAO reconnaît qu’un terroir se distingue par son originalité, qu’il engendre une typicité et que cela détermine la réputation d’un produit qui est originaire d’une zone géographique. Dans ce cas, pourquoi ne peut-on délimiter une AOC Bourgogne sur les « simples » frontières de la région ? Probablement parce que si l’on s’en tient aux cépages (chardonnay, pinot noir et aligoté, fleurons de la Bourgogne viticole), toutes les régions peuvent en produire. Cela ne confère en rien une identité singulière. Typicité oui, originalité, non. Côté géographie, c’est plus compliqué : le vignoble bourguignon a deux types de

Comment peut-il y avoir une reconnaissance de l’identité d’une appellation si les autorités administratives ne tranchent pas la question géographique ?

BEAUJOLAIS

contours. Administratif, d’abord : 6 zones de production dont Châtillonnais, Chablisien/Auxerrois/Vézelien, Côte de Nuits/ Côte de Beaune et leurs Hautes-Côtes, Côte chalonnaise/ Couchois, Côte mâconnaise. Géographique, ensuite : on ajoute le Beaujolais et le Nivernais. À côté de ça, deux interprofessions sont compétentes pour gérer la production des appellations de vins de Bourgogne : le Bureau interprofessionnel des Vins de Bourgogne (89, 21 et 71) et l’Interprofession du Beaujolais (71 + 69). Côté Nièvre, c’est l’interprofession des Vins du Centre-Loire qui s’en charge. Subtil n’est-ce pas ? Pour faire simple, le Beaujolais s’étend entre le sud de Mâcon et le nord de Lyon et produit à 90 % du gamay depuis une quinzaine d’années du chardonnay, ce qui fait grincer des dents les viticulteurs bourguignons. Le Beaujolais n’est pas en Bourgogne, ce n’est pas non plus du bourgogne. C’est justement dans cette zone grise, de non-droit, que se trouve la pomme de discorde, soit la question historique du rattachement du Beaujolais à la Bourgogne. Une vision

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Yvan Colonna était planqué à Pommard.


transfrontalière d’une identité viticole qui semble difficile à cerner dans le temps et dans l’espace ; cela semble aussi compliqué à accepter pour les producteurs de beaujolais qui ont, rappelons-le, traversé une crise identitaire au milieu des années 1990 : le Beaujolais ce n’est pas que le beaujolais nouveau, d’accord, mais en quoi aurait-il plus de légitimité à produire de l’AOC Bourgogne que le Dijonnais, le Châtillonnais, le Chablisien ou l’Auxerrois ? Contacté, l’organisme de gestion et de défense (ODG) des crus du Beaujolais n’a pas souhaité se prononcer.. Contacté, l’Organisme de Gestion et de Défense (ODG) des crus du Beaujolais n’a pas souhaité se prononcer. Sujet sensible... On ne s’étonnera donc pas de découvrir toute la complexité de l’instruction d’un dossier sur la délimitation des aires de production d’une AOC. Comment peut-il y avoir une reconnaissance de l’identité d’une appellation si les autorités administratives ne tranchent pas la question géographique ? Quoi qu’il en soit, les vins de Bourgogne peuvent se vanter de toujours susciter l’envie et la curiosité au-delà des enjeux politico-économiques d’une région qui doit dorénavant composer avec la Franche-Comté. En attendant de nouvelles concertations courant 2021 avec l’INAO, rebaptisée récemment Institut national de l’Origine et de la Qualité (sic !), le débat reste ouvert… On ne fait pas du vin avec des feuilles, dit-on dans le milieu, on ne le valorise pas non plus avec une origine indéterminée, au risque d’être frelatée. // C.F.

Depuis 1937, la question de la délimitation des communes et parcelles pouvant produire de l’AOC Bourgogne n’est pas encore tranchée officiellement.

© INAO

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Lobby LGBT.


Texte : Cédric de Montceau, à Parigny-lès-Vaux (58) Photos : Marcel Guerard ; collection privée

LA FEMME ARC-EN -CIEL Josiane Bost est une championne et tous les champions sont éternels. Championne du monde de cyclisme sur route en 1977, c’est surtout une performance de courage qu’il faut saluer. À l’époque, pas de sponsors, pas d’équipes pros, pas d’aides des instances du cyclisme féminin. Une entrevue confinée tout en humilité et en rire communicatif avec la Bourguignonne. 23


je represente le cyclisme feminin francais dans un sens. C’est pas Longo qui va le faire, aller a l’enterrement de Raymond Poulidor. Josiane Bost, championne cycliste 24


Il se passe quoi quand tu rentres en France ? Je suis accueillie par la télévision, je rencontre le président Valery Giscard d’Estaing, je descends les Champs-Elysées, c’étaient de beaux moments. J’étais très sollicitée mais je suis une fille simple du Charolais. Les journalistes parisiens me sautaient dessus. J’ai été correcte et j’ai répondu mais j’ai favorisé les journalistes régionaux, je les ai fait passer en premier. Bon, c’est vrai que j’ai fait la Une de Paris Match, Ici Paris, Jour de France et j’en oublie sûrement. (rires) pparemment, t’es une fille des corons bourguignons ? Ah oui, je suis née à Rozelay en 1956 sur la commune de Ciry-le-Noble, pas loin de Montceau-les-Mines. Mon papa était mineur, comme beaucoup à cette époque sur le bassin minier, c’était la vie dure.

A

Tes premiers coups de pédales ? J’ai commencé le vélo à 14 ans et j’ai été championne de Bourgogne dès la première année ! J’étais licenciée au Vélo Club Montcellien. J’étais la seule femme au club, je m’entraînais avec les garçons. C’était vraiment super. Il y avait une bonne équipe, l’ambiance était vraiment bonne. Je me défendais déjà pas mal, y’a des gars que je lâchais parfois. (rires)

Jeannie Longo, tu as couru avec elle ? Elle a 3 ans de moins que moi, j’ai dû faire trois courses avec elle. J’ai commencé à 14 ans mais elle, elle a commencé à courir très tard. Elle est tombée à la bonne époque, aujourd’hui y’a pas grand monde sur route. En VTT, c’est pas mal avec Pauline Ferrand-Prévot, championne du monde et d’Europe cette année. Les filles sont quand même aidées maintenant. Elles ont un mois fixe, elles sont équipées par les sponsors. Moi à l’époque je payais tout. Pendant 10 ans j’ai couru la coupe de France, et c’était tout à mes frais.

Y’avait beaucoup de courses féminines ? Beaucoup non, mais il y en avait bien-sûr. Par contre, il fallait aller très loin. Dans le Limousin, l’Orléanais, du côté de Grenoble. On devait se déplacer et à l’époque c’était plus compliqué. J’y allais avec mes parents. Ma mère faisait des heures de ménage pour payer l’essence. Souvent on partait le matin de bonne heure et on rentrait le soir. Rien n’était payé, on sortait tout de notre poche ! Pour une première place je gagnais environ 150 francs, avec des primes allant de 200 à 300 francs, c’était bien moins que les garçons. On avait du mal à joindre les deux bouts. Mes parents m’ont beaucoup soutenue alors qu’ils n’avaient rien. Les titres sont vite arrivés ? À 14 ans, je vais aux championnats de France et je fais 24ème mais je gagne les championnats de Bourgogne. En 1972 je fais 2ème du championnat de France à Vitteaux et là, je suis sélectionnée pour les championnats du Monde. Je rentre en équipe de France, j’y reste jusqu’en 78. On était 6 filles sélectionnées dont ‘Gambi’ (Geneviève Gambillon) avec qui je me suis beaucoup bagarrée. 1977, c’est l’année de ton titre mondial, c’était une surprise ? Je vais à San Cristobal au Vénézuela pour les championnats du Monde et je gagne parce qu’on roule pour moi. Il faut savoir que j’aurais pu être championne du monde l’année d’avant. En 76, je roulais pour Gambillon, je l’ai emmenée au sprint mais elle n’a pas pu prendre ma roue. On s’en est rendues compte trop tard et on a perdu le titre. L’année d’après, il était entendu que les filles de l’équipe roulaient pour Gambillon et moi. C’était la première de nous deux qui tentait quelque chose qu’il fallait servir et je suis partie à micourse donc elles ont roulé pour moi.

Le Tour de France s’arrête au Creusot en 2021, on t’y verra ? La société du Tour De France devrait m’inviter je pense, oui! Il passe par Autun, où j’ai vécu et ils montent Uchon mais je ne sais pas si je vais y aller là-haut parce que le maire, aujourd’hui, c’est mon ex-mari. (rires) En tous cas, c’est sûr, ce sera une belle étape. La région est splendide.

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a lire

Roger Joigneaux Josiane Bost, l’arc-en-ciel de Bourgogne Préface de Bernard Thevenet et Daniel Pautrat (auto-édition, 2020)

Josiane Bost et 3 fans : Thévenet, Hinault, Poulidor.


Tu es toujours présente dans le milieu du vélo ? J’essaye ! Disons que je représente le cyclisme féminin français dans un sens. C’est pas Longo qui va le faire, aller à l’enterrement de Raymond (Poulidor, ndlr). C’est aussi l’occasion de revoir tous les anciens copains quoi ! D’ailleurs c’est un gars du cru, Bernard Thévenet, vainqueur du Tour de France 75 et 77, qui a préfacé mon livre. Ton livre sort pour les fêtes, 43 ans après ton titre. C’est Roger Joigneaux, ancien chef des sports du Journal du Centre qui l’a écrit. C’est mon compagnon aujourd’hui. Après tout ce temps, je suis quand même bien contente qu’on s’occupe de moi. Je suis bien entourée. À l’occasion du livre, j’ai revu tous mes titres et les photos, ça fait quelque chose... J’avais mis tout ça dans un coin. J’ai retrouvé des articles et celui qui les a écrits et qui m’a prise en photo, c’est Roger. Il m’aimait déjà sûrement en secret à l’époque. (rires) Au mois de mars, je voyais qu’il tournait en rond alors je lui ai dit : « Roger pourquoi tu ferais pas un livre ? ». Du coup, il s’est mis dedans. Le livre est né du confinement. C’est ton année, Josiane, le livre et aussi une rue à ton nom à Perrecy-les-Forges ? J’étais surprise, ça m’a serré la gorge, les larmes sont venues. Lorsque je suis devenue championne du monde, Robert Delès, le maire de Perrecy à l’époque m’avait dit: « On mettra une rue à ton nom ». Tu fais encore du vélo aujourd’hui ? Je fais du vélo, mais électrique parce que j’ai des problèmes de genoux. Cet été, tous les jours, je faisais 50 kilomètres. Je fais beaucoup de bois, je me balade avec mon sac à dos et je ramasse des champignons. Vraiment, le vélo électrique, c’est ce qui m’a remise en selle. C’est Miguel Martinez (champion olympique et champion du monde de VTT en 2000, Nivernais lui aussi, ndlr) qui m’a dit d’en faire, il m’a dégotté un vélo. Tu respectes le rayon d’un kilomètre ? Là, j’en fais moins mais je marche pour aller aux champignons. Il faut faire attention parce qu’ici dans la Nièvre il y a des amendes, hein ! J’ai eu au téléphone JeanFrançois Pescheux (sous-directeur du Tour De France, ndlr), son fils s’est fait prendre par la patrouille, il était dans les bois et c’est un hélico qui l’a repéré ! Nous, on va nous mettre 135€ et puis les chasseurs, eux, ont le droit, c’est ridicule. Tu vas aux champignons ? Gourmande et gourmet, tu faisais comment à l’époque où tu courrais ? Je faisais attention ! Il n’était pas question d’aller au bal mais je me suis rattrapée depuis. (rires) Quand il y avait un mariage, on n’y allait pas pour éviter les tentations. Je roulais souvent et je me privais beaucoup. Fallait pas manger de plats en sauce, ne pas boire d’alcool. Mais bon dans le fond, je l’ai bien vécu, je voulais gagner donc je mettais toutes les chances de mon côté. Mais après j’ai eu un dégoût et je ne

je suis devenue factrice, ca m’allait bien, j’etais tranquille sur mon velo Josiane Bost, cycliste reconvertie

voulais plus toucher le vélo. Maintenant je suis contente de le reprendre. Je vis à Parigny-les-Vaux au nord de Nevers, il y a beaucoup de nature et plein de forêts. Je suis une fille de la campagne, on va plus me voir dans les bois que dans les dîners en ville et puis j’ai horreur des magasins. Je vais aux champignons, à la pêche, aux pissenlits, ramasser du muguet. Quand j’étais à Perrecy et à Autun j’étais bien aussi ! Autun avec le Haut-Folin, c’est quand même magnifique. J’étais factrice plus de 20 ans dans le Morvan, j’étais heureuse comme tout ! Factrice, tu étais donc une femme de lettres mais tu n’as pas eu de propositions à l’époque ? Tu n’as pas eu envie d’entraîner ? Je devais avoir une place avec Edwige Avice, ministre déléguée à la jeunesse et aux sports. Je devais rentrer au sport-étude à Château-Chinon mais bon des jaloux m’ont mis des bâtons dans les roues. Et puis, je suis devenue factrice, ça m’allait bien, j’étais tranquille sur mon vélo. Ensuite j’ai eu l’auberge à Uchon. Mais la bonne à tout faire est partie avec mon mari ! (rires) 2020 n’était pas si moche finalement, Julian Alaphilippe est devenu champion du monde. J’ai très heureuse de le voir gagner, surtout qu’il habite pas très loin d’ici. Il est limitrophe à la Nièvre. Il est très connu à Nevers. Il est fantastique mais quand il a levé les bras sur le Liège-Bastogne-Liège, j’ai été déçue. Je ne comprends pas qu’un gars de ce niveau-là puisse faire ça ! Il est un peu foufou quand même. Quand on a un maillot de champion du monde sur le dos, on a des responsabilités. Il passe pour un ridicule du coup, c’est dommage pour son image. Malgré tout, on est tous très fier de lui. // C.d.M.

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La guerre des champotes Comment lutter contre le pillage massif des lactaires dans le Jura ? Depuis 8 ans, des cueillettes organisées clandestinement par des entreprises espagnoles embauchant des travailleurs roumains se répètent chaque automne dans le Jura. Le précieux se nomme lactaire sanguin, champignon délaissé par les locaux mais très prisés chez nos voisins du sud pour agrémenter leurs potages. Depuis 2019, les communes regroupées dans un triangle entre Poligny, Champagnole et Arbois tentent une contre-attaque en organisant un ramassage légal. La guerre des champi’ aura-t-elle lieu ?

Clandés saisonniers, locaux agacés. Piller les ressources à l’étranger est un sport international prisé. En France, on a des idées, comme interdire de filmer la police en train de tabasser des manifestants, mais pas de pétrole. La convoitise de nos voisins espagnols ne se niche donc pas dans les hydrocarbures absents de notre sous-sol

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mais dans... des champignons présents dans l’humus des forêts jurassiennes. Pas de quoi déclencher un conflit géostratégique mais une situation qui agace les élus et les habitants des communes impactées par des cueillettes répétées et intensives, et qui laissent des traces dans les forêts : « Chaque année, on ramasse entre 7 et 8 m3 de déchets », indique André Jourd’hui, adjoint à la mairie de Poligny. Cabanes de chasses squattées et dégradées voire brûlées, camping sauvage. En 2019, « 150 à 200 cueilleurs roumains se regroupaient le matin au centre-ville de Poligny ». Patrons de bar excédés par les travailleurs clandestins qui défilent pour faire leur toilette, caissiers de supermarchés paniqués par les suspicions de vols, accusations de recrudescence de prostitution, difficile de démêler préjugés et réalité. Cependant, le phénomène est indiscutable et assez massif : Claude Giraud, vice-président

Par Augustin Traquenard, dans le Jura Illustrations : Yannick Grossetête

de l’agglomération ChampagnoleNozeroy-Jura, indique dans les colonnes de L’Hebdo 39, en octobre dernier, « l’arrivée de 400 à 600 cueilleurs clandestins chaque automne (...) À Montrond, on compte une centaine de fourgonnettes tous les jours, pendant environ 2 mois ».

Trimer dans les forêts, se faire tabasser. Le travail ingrat et souvent sous-payé des immigrés dans les champs en Europe ne fait pas la une de la presse. Pourtant, en période de COVID, l’Italie a dû régulariser en urgence 200.000 étrangers pour la cueillette des légumes. En Espagne, ils sont officiellement 150.000 étrangers employés temporairement dans le domaine de l’agriculture. La France n’est pas en reste : dans l’Ain en 2018, un réseau de travail agricole dissimulé employait des Polonais payés 5 euros de l’heure. Droit du travail


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« à Montrond, on compte une centaine de fourgonnettes tous les jours, pendant environ 2 mois » CLAUDE GIRAUD, VICE-PRÉSIDENT DE L’AGGLOMÉRATION CHAMPAGNOLE-NOZEROY-JURA, DANS LES COLONNES DE L’HEBDO 39.

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inexistant, conditions d’hébergement précaires, l’exploitation des travailleurs clandestins apporte son lot de misère et de situations dramatiques inhabituelles dans les petites communes jurassiennes, plus habituées à voir passer des touristes hollandais en camping-car que des travailleurs roumains en estafette. Une habitante de la région polynoise témoigne : « une année, une amie d’origine roumaine a été contactée par la gendarmerie de Poligny pour la traduction des propos d’un jeune travailleur clandestin qui souhaitait porter plainte : il disait faire partie d’un groupe de cueilleurs roumains et se plaignait de maltraitances, d’être régulièrement battu. On l’a finalement hébergé quelques jours afin de trouver une solution en lien avec une association pour qu’il soit finalement rapatrié ».

La comcom contre attaque. En 2019, à l’instar d’expériences ayant déjà été menées en Bourgogne ou dans l’Ain, les élus des communes et communautés de communes d’Arbois-Poligny-Salins-Cœur du Jura et Champagnole-Nozeroy-Jura, en lien avec l’Association des communes forestières du Jura tentent d’organiser la cueillette légale des lactaires pour contenir « l’invasion roumaine » : il s’agit de recruter une armée locale en délivrant des « permis de cueillir ». Délivrés en mairie, gratuits pour tous, l’obtention se fait en échange d’un justificatif de domicile ainsi que d’une photo et d’une pièce d’identité. En lien avec une entreprise vosgienne, La Forestière du Champignon, chargée de commercialiser les récoltes, les points de collecte, notamment à Champagnole, permettent de convertir la récolte en cash (4 à 6 euros le kilo selon les prix du marché). Une offre alléchante puisque les bonnes années,

DROIT DU TRAVAIL INEXISTANT, CONDITIONS D’HÉBERGEMENT PRÉCAIRES, L’EXPLOITATION DES TRAVAILLEURS CLANDESTINS APPORTE SON LOT DE MISÈRE ET DE SITUATIONS DRAMATIQUES INHABITUELLES DANS LES PETITES COMMUNES JURASSIENNES. l’abondance de lactaires permet de ramasser 40 à 50 kilos par jour et par personne assez facilement.

La main invisible du marché. Dans la guerre jurassienne du lactaire, les bons vieux axiomes du capitalisme vont assez vite se rappeler aux élus et aux habitants épris de justice et soucieux de défendre l’intégrité des forêts contre les pillards. Dès le mois de novembre 2019, La Forestière du Champignon jette l’éponge. Les clandés revendraient les lactaires à bas prix (2 euros le kilo), ce qui plomberait le marché. Pas question cependant pour les élus de lâcher l’affaire, on cherche des solutions pour les années à venir. La solution, selon Dominique Bonnet, maire de Poligny, passerait aussi par « faire

peur aux organisateurs », d’autant que « les points de regroupement du trafic sont parfaitement connus de toutes et de tous », explique-t-il à L’Hebdo 39. Cet automne 2020, confinement oblige, la guerre du lactaire est en pose. Pas sûr que l’espoir rêvé par certains de saisir l’opportunité de la crise du COVID pour transitionner vers un monde fait de sobriété et de solidarité qui prendrait ses distances avec le consumérisme et le capitalisme sauvage se concrétise. En attendant, les forêts jurassiennes ont été désertées par les promeneurs et les cueilleurs de champignons... laissant le champ libre aux chasseurs qui eux, sont autorisés à « réguler » les populations de cerfs, chevreuils et sangliers. Monde d’avant, quand tu nous tiens. // A.T.

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«"Officiellement, Tchernobyl, c’est 31 morts..."… »

Avril 1986. Quand le réacteur n°4 de la centrale nucléaire Lénine explose, en URSS, Laurent Michelot a 13 ans. Passionné d’histoire contemporaine et de science-fiction, le Bisontin est tellement fasciné par l’événement qu’il met le 79ème visionnage de L’Empire contreattaque sur pause. Dans les années 2010, il balade son appareil photo sur le site de la catastrophe et en tire le livre Tchernobyl, visite postapocalyptique. Publié à la rentrée, il dévoile, à travers 150 clichés irradiants de beauté étrange, que l’hiver nucléaire a de la gueule. Par Ladislas René Photos : Laurent Michelot

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Chef, y’a Bestelle, il a branché le réacteur sur sa CB et ça a fait pffft.

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C

eux qui l’ont vécue s’en souviennent : l’année 1986 aura brassé le cool – l’arrêt de Bats contre Zico, au Mundial – et le moins cool : la mort de Balavoine, un râteau avec Claudia W. au CM1 et, cerise sur ce gâteau de merde, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril. A l’époque, les mômes se frottent la peau avec des fleurs de pissenlit pour jouer aux irradiés. De son côté, Laurent Michelot, alors ado, bingewatche les infos dans le salon familial, à Besançon. « J’ai tout de suite été aspiré par l’événement, notamment l’épisode du nuage radioactif stoppé à la frontière », se remémore-t-il.

Curie de biche

C’est en 2014 que le graphiste et beauzardeux – aujourd’hui Bruxellois – se rend une première fois dans la zone d’exclusion de 30km autour de Tchernobyl. « J’y suis allé, à l’occasion d’un séjour chez les parents d’Olga, mon épouse ukrainienne, explique-t-il. Sa famille habite à 500 km de la centrale (restée en service jusqu’en 2000, ndlr). Sur place, le lieu, très calme et silencieux, m’a magnétisé. C’est une capsule temporelle : cahiers d’écoliers, jouets, bureaux… rien n’a bougé. Sauf ce qui a été pillé. Longtemps, il a été possible de trouver des pièces pour voiture, du cuivre ou des radiateurs pas chers sur les marchés de Kiev. La zone est aussi devenue une réserve naturelle de fait. Les animaux et la végétation y reprennent leurs droits. Enfin presque : il y a pas mal de braconnage. » Paraît qu’il faut un estomac slave pour digérer le gibier sauce curies & becquerels. Par la suite, Laurent retourne à Tchernobyl deux fois par an, appareil photo en main. « Je voulais laisser une trace de ces paysages qui s’effacent, faute d’entretien, évoque-t-il. Par exemple, quand j’ai photographié la salle de contrôle

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du réacteur n°4, on m’a donné 10 minutes. Le problème, ce n’est pas les radiations – j’ai toujours un compteur Geiger sur moi –, mais l’immeuble qui risque de s’écrouler. »

Traumatisme 2020

Au fil des expéditions, l’idée d’un livre finit par germer. Laurent contacte des éditeurs. Le succès de la série Chernobyl sur HBO fera le reste. « L’idée n’était pas de publier un simple portfolio, souligne-til. Je voulais aussi partager des témoignages d’anciens habitants de Pripyat, la ville-fantôme située à côté de la centrale. Ils parlent de leur quotidien, d’avant la catastrophe. En quittant leur domicile, ils ont dû tout abandonner. Pour eux, le traumatisme reste présent, aujourd’hui. Il y a aussi les conséquences sanitaires. Un proche d’Olga a fait partie des liquidateurs qui ont nettoyé le site sur plusieurs années, sans réelles protections. Comme beaucoup d’entre eux, il est tombé malade. Mais ce n’est pas évident d’établir un lien avec les radiations. Officiellement, Tchernobyl, c’est 31 morts… En réalité, c’est sans doute plusieurs dizaines de milliers, dans les années qui ont suivi. »

Nuclear Valley en BFC

La parution du bouquin, en septembre, n’a pas empêché Laurent de retourner dans la zone, le mois suivant. « C’est plus fort que moi, même si ce n’est plus pour alimenter le livre », explique-t-il. Pour donner une suite éventuelle à son travail, 58 réacteurs attendent près de chez nous. À noter aussi que le Pôle de Compétitivité de la filière nucléaire française est implanté entre Bourgogne-FrancheComté et Auvergne-Rhône-Alpes. Cette structure s’appelle Nuclear Valley. Ça ferait un chouette nom pour un livre. // L.R. Tchernobyl, visite post-apocalyptique, aux éditions du Chêne (29,90 €).


Le cours de pilates est reporté à mardi.

Suite parentale avec SdB. Prévoir travaux.

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Quetigny, Côte-d’Or. Au fond à droite, le Zénith.

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L’important, c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.


Quitte à niquer l’ambiance, rappelons que les enfants constituaient un tiers de la population de Pripyat, en 1986.

Nathanaël, va ranger ta chambre !

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Les usines Lada et leurs vĂŠhicules hybrides.

Commerce non-essentiel.

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D&CO.

Ă€ rempoter au printemps.

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in outer Par Sophie Brignoli, quelque part Illustrations : Michael Sallit

space

2 02 0 , S T E H C É D LE S D E L’ ES PACE L’espace est devenu un dépotoir. Deux chercheurs bisontins planchent sur la question pour tenter d’endiguer ce phénomène. Rencontre.

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L’espace est pollué, et la terre ceinturée de débris spatiaux. Les dernières données en la matière sont vertigineuses : 130 millions de débris de moins de 1 mm, 900.000 entre 1 et 10 cm et 34.000 de + de 10 cm. A tel point que demain, la fiction du film Gravity pourrait devenir réalité. Mais alors que le New Space connaît un développement fulgurant, comment faire pour rendre l’exploitation spatiale durable ? Trois économistes français se sont posés la question. Entretien avec l’un des co-auteurs de l’étude*, Marc Deschamps, chercheur au Centre de recherche sur les stratégies économiques (CRESE) de l’université de Franche-Comté pour parler syndrôme de Kessler, harponnage de l’espace et taxation. Marc Deschamps, serait-il possible de vivre demain sans satellite ? Non, mais c’est la bonne question à se poser. On pourrait très bien se dire que c’est fini, qu’on a pollué là-haut, perdu un territoire et décidé de ne plus s’en servir. Hélas on ne peut pas faire sans, c’est de plus en plus important notamment du fait des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Et l’on voit bien que les nouveaux acteurs du secteur veulent déployer encore plus de satellites notamment pour un internet plus f luide et disponible sur l’ensemble de la planète. Comment expliquer cet engouement actuel du secteur privé pour l’espace ? Les raisons sont technologiques : il y a eu des progrès du côté des scientifiques sur la façon de construire des satellites et sur leurs méthodes d’envoi. Ça a fait baisser le coût d’accès à l’espace et rendu possible son exploitation par des sociétés privées, ce qui auparavant n’était réservé qu’à un tout petit nombre de puissances étatiques… Le New Space se développe depuis une dizaine d’années, notamment avec le développement des CubeSat (nanosatellites) et SpaceX qui a mis au point des fusées réutilisables. SpaceX, Blue Origin et OneWeb prévoient d’envoyer

Personne ne peut empêcher quiconque d’envoyer quelque chose dans l’espace. Après ce n’est qu’une question d’argent. 42

en orbite basse 16.000 satellites, c’est 8 fois le nombre actuel de satellites présents dans l’espace… Et ça c’est a minima, il y a d’autres projets de constellations qui sont en discussion. Il n’y a donc aucune forme de régulation à l’heure actuelle ? Absolument aucune. Actuellement personne ne peut empêcher quiconque d’envoyer quelque chose dans l’espace. Après ce n’est qu’une question d’argent. Donc oui, c’est un enjeu. Mais bien que tout le monde puisse le faire, tout le monde n’en est pas capable. Vous allez devoir passer par des sociétés qui ont pignon sur rue et qui ont des comptes à rendre sur ce qu’elles envoient, dans les États où elles sont implantées. Disons que c’est surveillé, mais pas régulé. N’y a-t-il pourtant pas des risques géopolitiques ? Vous avez entièrement raison. Les technologies spatiales relèvent des technologies duales ; il y a à la fois des aspects civils et militaires et c’est la raison pour laquelle les États se sont quasiment tous dotés de divisions qui traitent ces questions. La France l’a fait très récemment en créant un commandement spécialisé, pour éviter que nos satellites soient attaqués. On a même vu l’Inde, récemment, tirer des missiles du sol pour détruire certains de leurs satellites, de façon à envoyer un message clair, ce qu’avaient déjà fait les USA, la Russie et la Chine. Vous parlez du syndrome de Kessler et évoquez également un deuxième syndrome de Kessler “économique”, de quoi s’agit-il ? L’idée de ce syndrome est la suivante : à un moment donné, il y aura trop de débris dans l’espace et par réaction en chaîne ces débris n’arrêtant pas d’entrer en collisions entre eux, rendront impossible l’exploitation spatiale. C’est le syndrôme de Kessler avancé par un astrophysicien dès les années 70. C’était un cas théorique mais ça a permis de soulever la question et de montrer qu’il y avait un seuil à partir duquel ce ne serait plus possible. Des collègues économistes - Nodir Adilov et ses co-auteurs - ont montré récemment que finalement, si on tenait compte justement des coûts et de la rentabilité des satellites, on pourrait avoir un syndrôme de Kessler économique qui arrive avant le syndrôme de Kessler, physique. Car si vos satellites sont détruits par exemple une fois sur deux, est-ce encore rentable d’en envoyer ? Des projets comme Remove Debris s’intéressent au traitement des débris. Qui finance cette initiative ? Il y a des entreprises privées qui financent mais c’est surtout l’agence spatiale européenne qui est leader sur ces questions. Aujourd’hui on a plusieurs technologies qui se font concurrence pour éliminer ces débris spatiaux. Ceux qui mesurent entre 1 et 10 cm posent problème car on ne sait pas les traiter. Et alors là c’est prodigieux, car nos collègues scientifiques font preuve d’une imagination absolument incroyable : certains imaginent des filets,


Vous donnez des pistes de réflexion, notamment l’éventuelle mise en place d’une taxe forfaitaire… L’objectif de notre étude a été de montrer comment faire, sans casser la dynamique spatiale, pour nettoyer l’espace et baisser la probabilité de collision. L’idée est que nous pourrions fonctionner par un système de taxes. D’un côté la taxe forfaitaire : chaque fois que vous envoyez un satellite vous payez x euros et puis on pourrait avoir des taxes progressives : vous envoyez un satellite, ça vous coûte x euros, pour 2 satellites ça vous coûte 4 x euros… Vous finissez l’article ainsi : “nous croyons que la tragédie n’est pas inévitable”, vous restez optimistes ? Oui, si l’on travaille sur ces questions c’est parce qu’on a le sentiment qu’on peut trouver des solutions. Si un problème n’a pas de solution ce n’est pas un problème : il n’y a rien à faire. On a l’impression qu’on peut faire des choses et contribuer à l’amélioration du monde. Enfin pas nous spécifiquement, mais que collectivement, par nos décisions, on peut améliorer la situation. // S.B.

* Sylvain Béal, économiste, directeur du CRESE à l’université de Franche-Comté et Hervé Moulin, mathématicien et économiste à la Adam Smith Business School de l’université de Glasgow ont co-écrit l’étude avec Marc Deschamps.

d’autres des harpons... Ils ont envoyé un minisatellite en 2018 pour tester différentes technologies de collecte, c’est réellement un essai par apprentissage. On devrait avoir les premiers résultats fin 2020. Comment expliquer le fait que la France s’intéresse particulièrement à cette question ? Je pense que c’est dû au fait que le CNES (Centre national d’études spatiales, ndlr) est une belle institution. Ils tiennent les deux bouts : avec une compétence opérationnelle claire en envoyant des choses dans l’espace et en même temps, des gens qui prennent leur temps, réf léchissent et anticipent les problèmes. Ils ont pris très tôt conscience de cet enjeu et ont réussi à convaincre l’Etat. Sauf erreur de ma part, la France est le seul pays où une loi traite explicitement de la question des débris spatiaux. Vous dites qu’il serait impossible d’envisager un nettoyage total de l’espace, pourquoi ? Actuellement c’est impossible parce que les technologies sont encore expérimentales et coûtent très cher. Selon Wiedemann et ses co-auteurs ce serait de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros pour retirer 5 débris mesurant entre 1 et 10 cm ! L’idée étant évidemment que plus on développe cette technologie, moins elle sera coûteuse.

À un moment donné, il y aura trop de débris dans l’espace et par réaction en chaîne ces débris n’arrêtant pas d’entrer en collisions entre eux, rendront impossible l’exploitation spatiale. 43


MAGIC

CHRIS 44


Menant une vie bourguignonne discrète, Christian Cécile cache bien son jeu et crée de l’incroyable mais vrai pour les plus grandes vedettes, de notre Johnny national à David Copperfield. Voici comment un magicien-illusionniste bourguignon a tracé sa route vers la piste aux étoiles.

Par Delphine De Preto, à Saint-Vallier (71) Photos : Cédric de Montceau, DR

C’est dans le 71, sur une fête foraine de Montchanin, que le petit Christian Cécile alors âgé de 6 ans, vit sa première transe. Scotché par le numéro pas très pédagogique d’un magicien : «Il faisait avaler un œuf à sa partenaire, puis prend son chapeau, lui glisse sous les fesses et boum ! l’œuf tombe dans le chapeau ». Le môme se dit : « Ça c’est de la vraie magie ! » Qui de l’œuf ou de la poule tracera son destin ? Depuis ce jourlà, dans la tête de Christian, ça mijote magie. « Tout l’temps, tout l’temps. » Niché sur les hauteurs de l’étang du Plessis, dans un quartier de Saint-Vallier, notre magicien-illusionniste partage la vie comme la scène avec Françoise. Le voilà qui nous ouvre, grand sourire, regard pétillant, et déjà bavard, son portail coulissant. Nous découvrons la mystérieuse fabrique. Il faut l’avouer, c’est bien le bordel ! Mais Christian ne se la raconte pas, c’est un vrai magicien ! Vise un peu toutes ces baguettes étalées partout ! Ok, c’est du pain pour les canards.

Originaire d’Autun, Christian est parachuté à Schneiderville (au Creusot). Pour la faire courte, l’industrie Schneider, c’est 1 : l’innovation technique reconnue à un haut niveau mondial (fabrication de la première locomotive française et invention du

marteau-pilon). 2: l’innovation sociale (un des premiers et plus cohérents système paternaliste : gratuité des écoles, logements, soins). 3: la réalisation d’un des complexes industriels les mieux intégrés du monde. On s’est rendu compte depuis que c’était pas le paradis, mais pour Christian, c’est Poudlard ! Il fréquente les écoles Schneider (à complet contre-pied du système laïque) depuis son jeune âge. Il sera formé à la pointe de la technologie : aciers, gammes d’usinage, perçage. En gros, aux expertises techniques de son futur métier (mais ça, il ne le sait pas encore). « Quand on va aux écoles Schneider, forcément ensuite on est sensé travailler chez Schneider », se souvient Christian. Mais en 1970, les écoles du maître de forges ferment et tombent dans les rouages de l’ Éducation Nationale. Interrompue dans son cursus à un niveau équivalent de la seconde, le jeune disciple (toujours aussi Schneider à fond) se retrouve sur le carreau. Fini l’école. Pour notre Houdini en herbe, c’est quand même une aubaine : « Moi je n’avais qu’une idée en tête, c’était d’faire d’ la magie ! ».

Les paillettes et l’audace, Christian les cultive déjà (depuis l’œuf) : « Môme, je fabriquais mes petits tours et puis je les

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Coeur de meules.

« Une illusion c’est le matériel, la magie c’est l’emballage » CHRISTIAN CÉCILE montrais à mes copains ! ». Privé de petit écran, il apprend tout seul grâce aux livres et aux revues d’escamotage. Ultra motivé et à présent libre de créer son avenir, l’apprenti magicien compte bien faire de son rêve une réalité ! Remonté comme une horloge, du haut de son 1m85 et de ses 16 ans, il tente un tout pour le tout : cartes du «professeur Magic » en poche, l’ado fait feu sur la capitale prêt à dégommer les portes enchantées de sa vocation chérie. Le « professeur Magic », c’est Dominique Webb, une star à l’époque. C’est l’illusionniste précurseur des premières émissions françaises consacrées à la magie. Ça se passe comme ça : « de la gare de Lyon, j’ai fait tout à pieds, je ne savais pas prendre le métro ! J’ai marché et je demandais aux gens de me renseigner, je suis arrivé rue des dames devant la porte de Dominique, j’ai frappé ». Abracadabra, le sésame s’ouvre avec un Webb au top : «En ce moment, je suis en spectacle à l’Olympia, installe-toi chez moi, tu dors là ! Y’ a des nouilles, mange tout ce que tu veux ! ». Spectacles, cabarets, célébrités, Christian fait amiami et pétille au sein du gratin : « Et quand je suis rentré, je disais à ma mère que j’avais vu Nicole Croisille ! ».

Thanksgiving dans les 90’s.

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Avec un Webb bien intentionné, Christian a de la chance, car dans le milieu à l’époque, il n’est pas rare quand on est jeune de devoir passer à la casserole dans le lit du mentor si on veut décoller. « Avec Dominique, rien de tout ça. Par contre Majax... Enfin lui, c’était une princesse... », nous éclaire Christian. Il a aussi la chance de rencontrer son bon pote Karadji. « Karadji, c’était le champion du monde des fakirs, comme il faisait des tournées, je logeais chez lui à Paris ! » Veinard. Car quoi de mieux qu’un pied-à-terre gracieux in the place to be quand on sait évidemment que tout se passe à la capitale ? Christian multiplie alors les allers-retours Le Creusot-Paris et développe son réseau. Lorsqu’il retrouve sa province, il fabrique des tours et fait du close-up (de la micromagie, genre tour de carte au plus près des gens) afin d’épater les jeunettes du Creusot.


Attention, Christian va faire disparaître Johnny !

À ce stade, notre illusionniste en devenir est en quête d’une complice: « Au début, je prenais des filles que je rencontrais et puis elles devenaient mes partenaires ! ». Il lui faudra moult philtres et élixirs d’amour pour faire chavirer le cœur de Françoise, celle qui deviendra sa favorite car « elle n’était pas très branchée ». Un rythme de vie intense s’organise pour la compagnie dans le milieu des années 80, assuré par les demandes des comités des fêtes, des écoles et des mairies. Françoise n’a pas bien le choix que de suivre son étonnant mari dans ses tournées, disposée à apparaître, disparaître, se faire transpercer, découper, ou encore tourner la tête à 360° devant un public ébahi. Le camion est chargé du sol au plafond, les boîtes cubiques et mystérieuses voisinent avec les colombes et de mois en mois, de régions en régions, de salles des fêtes en salles des fêtes et d’années en années, l’équipe sillonne la France : « On vivait bien mais quand on revenait, on avait tout bouffé! ». Fin 90, Christian s’associe à Marc-Antoine, un magicien honoré du Grand Prix de la Fédération internationale des sociétés magiques en 2003). Ensemble, ils montent un spectacle qui tournera plusieurs années au théâtre de Blois jusqu’à ce que le parc Astérix rachète le bâtiment et les magiciens avec ! Au pays des Gaulois et sous la houlette d’un metteur en scène, ils travaillent 7 ans pour le parc, assurant jusqu’à 4 représentations

Fin 90, il aide David Copperfield, pour faire léviter la voiture. quotidiennes. « C’ était tout bien ! » Le Futuroscope sent la bonne affaire et tantôt illusionniste, tantôt consultant, il participe à la construction de leurs spectacles.

Christian nous explique les spécificités de son métier. « Une illusion, c’est le matériel, la magie c’est l’emballage. » Un spectacle de magie, c’est surtout des machines, des outils, des objets et des décors qui créent l’illusion. Son job, en tant qu’illusionniste, c’est d’imaginer des effets et d’inventer les

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tours pour les matérialiser (c’est là que les écoles Schneider lui sont salutaires). En parallèle à ses activités, Christian s’investit dans d’autres projets pour lesquels il conçoit, expérimente, usine, bricole, teste dans son atelier. Côté déco, Christian fait appel à des artistes pour peindre en trompe l’œil. Au final, les machines doivent fonctionner et « donner l’illusion » pour émerveiller le public. C’est ainsi que, reconnu dans le monde du spectacle pour ses effets magiques et ses constructions soignées, il crée depuis son atelier des tours sur-mesure pour les plus grands prestidigitateurs, personnalités du théâtre ou du cinéma qui visitent régulièrement la bourgade Saint-Vallérienne. Guillotine infernale, ventilateur géant, lévitation… La liste est longue. « Françoise le dit tout le temps, un jour il faut que je note quel magicien n’est pas venu ici ! »

Son amitié avec Christian Fechner (scénariste, réalisateur, producteur entre autres de Mes meilleurs copains ou Navarro et prestidigitateur à ses heures) lui vaut de se faire commander des tours par le gratin. Par exemple, en 1992, il fait apparaître Johnny Halliday dans un ascenseur lors de ses shows au Parc des Princes, à Bercy ! Entre nous, le rockeur n’était pas au top : « C’était la période Adeline ». Fin 90, il aide David Copperfield, pour faire léviter la voiture du XXIIème siècle (un prototype Renault : panneaux solaires, intérieur pressurisé, caméras). Du délire ! « Il fallait la montrer à personne et tout le monde venait et se prenait

Christian Cécile, David Copperfield et leurs lutins.

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Françoise n’a pas bien le choix que de suivre son étonnant mari dans ses tournées, disposée à apparaître, disparaître, se faire transpercer, découper, ou encore tourner la tête à 360° devant un public ébahi.


« Tu me vois, tu me vois plus ! »

en photo dedans ! », se souvient Christian. Il réalise également, et toujours grâce à Fechner, des trucages pour le cinéma. Dans Ma vie est un enfer de Josiane Balasko (1991), il fait léviter Daniel Auteuil et dans Un amour de sorcière de René Manzor (1997), il donne l’ illusion qu’un pistolet sort du bras de Jean Reno. Dans le genre phénoménal, en 2000, il fait tout simplement exploser Richard Trivino, footeux vainqueur de la coupe de la Ligue avec le FC Gueugnon, devant la passerelle de Montceau, puis revenir en moto. En 2011, il fait traverser le béton de la coupole de Helfaut (bunker nazi près de SaintOmer) à Alexis Hazard, le Copperfield du ch’nord. Il bosse aussi pour ses confrères Gérard Majax et Dominique Webb, mais aussi l’acteur-humoriste Rufus, l’homme de théâtre Jean Lambert Wild (qui crée entre autre la Coopérative 326 basée à Belfort), le magicien-comédien Thierry Collet et bien d’autres !

Derrière les spotlights, le modeste technicien de l’ébouriffant se fait bien presser le citron par des clients impatients comme des gosses réclamant un nouveau joujou : « Quand je travaillais pour le Puy du Fou, un jour le téléphone sonne : Bonjour, c’est M. de Villiers, je vous appelle pour savoir quand est-ce que vous aurez terminé. Mais je viens de commencer ! ». Mais après avoir créé des montagnes de matos en France ou à l’étranger et être passé par Vegas - « un magicien, ça va à Las Vegas comme un musulman va à la Mecque» -, ce grand calme est désormais à la retraite. Conscient d’avoir profité de la bonne époque, il savoure ses incroyables aventures, appréciant la tranquillité de sa vie bourguignonne. Pour Christian, imitant E.T., la priorité aujourd’hui c’est : « Rester maison ! » // D.d.P.

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Sex & the Covid L’amour au temps du corona.

Comment on match en période de COVID ? Qu’est-ce qui est plus important : le masque ou la capote ? La drague survivra-t-elle à la pandémie ? J’ai enquêté sur les mystères de l’Amour et la manière de pécho sur Tinder pendant le confinement. Par Gainsbarré, sur Tinder Illustrations : Hélène Virey

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«

T’as pas le COVID, j’espère ? ». Nathalie* n’attend pas ma réponse et se jette sur moi pour me rouler une pelle goulûment. Ses précautions hygiénistes sont toutes relatives. Après m’avoir fait des choses que la morale m’empêche d’évoquer ici, elle essaye de me monter dessus sans préservatif. Le coronavirus l’inquiète apparemment plus que le SIDA. Je dégaine quand même le latex : j’ai déjà eu le COVID-19, je ne tiens pas à avoir le VIH. Enfin équipé, je lui retourne ses baisers. « M’embrasse pas putain ! » Cette scène de sexe cru, c’est l’aboutissement de mon enquête pour Sparse. Lorsque le rédacteur en chef m’a demandé de sonder les corps et les âmes en temps de pandémie, j’ai accepté le challenge et j’ai mouillé le maillot.

Le COVID a-t-il tué la drague ? Comment se rencontre-t-on en période de pandémie ? Faire connaissance avec un inconnu est-ce encore possible ? Le COVID-19 va-t-il tuer la drague ? Pour le savoir, je suis allé discuter avec des filles sur Tinder. Oui, moi, c’est avec les filles que je vais discuter sur Tinder, chacun son truc. Premier constat, il y a pas mal de monde qui a eu la même idée. En temps normal, les applis de rencontre, c’est pour ceux qui veulent draguer sans sortir de chez soi et éviter de se prendre un vent trop humiliant. Donc, ça concerne déjà pas mal de monde en temps normal. Alors quand en plus sortir de chez soi est interdit, c’est l’explosion. Pour beaucoup, la soirée typique de novembre 2020 a l’air de se résumer à chiller devant Netflix et papoter sur Tinder en attendant des jours meilleurs. Les profils n’évoquent pas trop la pandémie : tout au plus une ou deux filles posent avec un masque. Pas de psychose en tous cas. « Je n’y étais pas avant et je m’y suis mis pendant le premier confinement », m’explique Angèle*, 30 ans avec pour profil, une photo de lune mystérieuse qui cache bien son jeu. Et elle n’est pas la seule. Si les libraires ou les petits cafés trinquent, Tinder sabre le champagne. La pandémie et le confinement, les interactions sociales bridées et lieux de rencontres fermés font le bonheur du capitalisme de la séduction. Les recettes générées par Tinder ont ainsi augmenté de 15 % au cours du 3ème trimestre. Et Match Group, la maison mère qui abrite aussi Meetic ou Ok Cupid, compte 1,2 millions d’abonnés de plus que l’année dernière. Le marché du désir ne connaît pas la crise.

« Je ne vais pas m’arrêter à cause du COVID » Deuxième constat : globalement, les filles s’en fichent du COVID. Angèle rencontre pas mal de mecs en période de pandémie. « Je ne suis pas une grosse flippée du Corona. Je ne vais pas m’arrêter de vivre à cause du COVID »,

avoue-t-elle. « Après, si le mec me dit qu’il est infirmier en service de réanimation, ce n’est pas sûr que j’y aille. Encore que ce qui me ferait le plus chier, c’est de prendre une amende : 135 euros, ça fait cher le date. On aurait pu aller au resto à la place. » Maïwenn*, aussi, est assez à l’aise. Elle m’envoie deux smileys lorsque je lui propose de prendre un café et de signer son autorisation de sortie pour « rendez-vous Tinder ». « Pas de souci pour venir, mais ce sera un thé pour moi ! ». J’essaie d’être rassurant à propos du COVID : je l’ai eu il y a moins d’un mois, peu de chance que je l’attrape une 2ème fois. « T’inquiète, je flippe pas des masses, faut bien apprendre à vivre avec ça. Sinon, ça risque de devenir la psychose. » C’est bien la première fois que mon statut de séropositif rassure les filles. Oui, séropositivité se dit aussi avec le COVID-19.

Pour beaucoup, la soirée typique de novembre 2020 a l’air de se résumer à chiller devant Netflix et papoter sur Tinder. Corona lovers Mais tout le monde n’est pas aussi à l’aise. Noémie* a un profil avec des photos de coucher de soleil, une autre un livre à la main et une troisième en train de faire du cheval. Comme son profil, elle semble bien sage. Et quand je l’invite, elle esquive : « je parle à des gens longtemps avant de les rencontrer, donc ça évite les malaises. Je sais que je n’ai pas envie de faire venir chez moi quelqu’un que je ne connais pas. Mais ça me fait des contacts pour après ». Smiley. En résumé, plus de monde sur les applis, ça ne veut pas forcément dire que c’est plus facile de choper. La mort qui rôde et l’atmosphère de fin du monde ne provoquent pas un sentiment d’urgence érotique, ni de libération sexuelle. Pas de déchaînement lubrique, ni d’orgie pandémique. Dommage.

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Tinder monde Sur Tinder, il existe une option pour aller matcher dans le monde entier. Elle est payante, mais les frais de l’enquête sont pour Sparse ! À défaut de pouvoir voyager pour de vrai, je parcours le monde à travers les photos Tinder. Et je prends un gros shoot d’exotisme. Je constate que les Colombiennes ont nettement moins froid aux yeux que les Bourguignonnes. D’une conversation chaleureuse, elles sont plus adeptes du string ficelle que du masque chirurgical. Les Russes ont une plastique magnifique, mais le sourire rare. Je suis un beau gosse au Cameroun, mais invisible au Danemark. J’en profite pour matcher à Pyong Yang et commence à discuter avec des filles d’Alep. Plutôt sympas, elles discutent facilement et me font des déclarations. « I’d like to come to Paris, I’d love to see France », me dit l’une, alors que je suis bien incapable d’en placer une sur leur pays… Pas de string ficelle ici, mais des regards de braises sous le voile (quand on voit leur visage bien sûr). Le charme oriental, c’est de laisser place à l’imagination. Un peu comme toutes les filles que je croise dans la rue depuis mars. Le masque souligne les yeux et cache les boutons d’acné. La pandémie, c’est Les Milles et une nuits en sortant dans la rue. Mais vu ce qui se passe en Syrie, pas sûr que l’impact du COVID sur la drague soit la préoccupation principale des filles d’Alep. Alors j’arrête de me prendre pour Aladin et je retourne à mes Françaises.

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Les recettes générées par Tinder ont ainsi augmenté de 15% au cours du 3ème trimestre. Et Match Group, la maison mère qui abrite aussi Meetic ou Ok Cupid, compte 1,2 millions d’abonnés de plus que l’année dernière.


La revanche des Cyrano Le lieu reste une question. Avec le confinement, où prendre le risque de la rencontre avec l’inconnu ? Fini le café, cet endroit neutre de la drague. Aller plus loin si le feeling est là ou s’enfuir en cas d’incompatibilité. Cette étape, Angèle l’a sautée allègrement. « Un mec a bravé le confinement pour venir me voir : ça faisait deux semaines qu’on discutait tous les jours. Quand il est venu, je me suis dit, il vient à mon appart, si ça se passe mal : comment je fais pour le foutre dehors ? » Mais finalement, ça a été et il a passé le week-end chez moi. » Les mecs qu’elle rencontre n’ont pas envie d’attendre et s’en foutent du confinement. « Il manque la magie des premiers rendez-vous : c’est un peu curieux. Mais je le fais pas avec n’importe quel mec. Il faut que j’ai confiance un minimum et qu’on ait pas mal communiqué avant et appris à se connaître. Après quelques messages, je passe au téléphone, la voix est très importante pour moi. » Le confinement sonne-t-il la revanche des Cyrano sur les beaux gosses ? Pas sûr, j’ai zappé plein de petites grosses (désolé c’est la vérité) qui auraient pu me séduire dans la vraie vie, et je ne compte plus les vents de filles que j’aurais certainement réussi à baratiner en vrai.

Tinder surprise D’ailleurs, pour pallier le manque d’interactions sociales, Tinder a développé des appels vidéo. C’est comme ça que j’ai rencontré pour la première fois Nathalie. Elle avait une explication très sûre

« Si le mec me dit qu’il est infirmier en service de réanimation, ce n’est pas sûr que j’y aille. Encore que ce qui me ferait le plus chier, c’est de prendre une amende. » ANGÈLE*, SUR TINDER pour la pandémie. « Le virus, c’est une création pour mater les gilets jaunes » : simple et efficace, ça m’a séduit. Tant qu’à ressentir le frisson d’une rencontre interdite, autant qu’elle soit fugace et complotiste. Un instant « hold up » aussi exotique qu’une Colombienne ou une fille d’Alep. Ce qui est rassurant d’une certaine manière : la vie et le désir continuent. Malgré la pandémie, on peut continuer à fantasmer et à draguer. Juste pour le plaisir. // G. * Les prénoms ont été modifiés.

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VIE DE BETON MAIS POURQUOI CERTAINS PRÉFÈRENT COURIR SUR LES TROTTOIRS ?

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Ils sont partout ! Parmi la foule piétonne des centresvilles, entre les promeneurs qui flânent dans les parcs ou le long des boulevards bordés de vénérables platanes, les coureurs de villes sont partout. Il y a 15 ans, ils étaient peu sur les trottoirs, maintenant ils sont partout. Pendant que tout le monde marche le nez au vent, eux courent dans leurs flamboyantes panoplies : legging moulax à liserets fluos, baskets tellement compensées qu’ils pourraient marcher sur l’eau avec, smartphone accroché au bras et airpods vissés dans les oreilles ; cette curieuse manie de courir sur le bitume soulève cette question existentielle : mais putain pourquoi ?

Texte et photos par Édouard Roussel, à Dijon

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O

n les à tous croisés en ville, se dandinant sur les trottoirs, étincelants de sueur, étonnants de fraîcheur ou soufflant comme des asthmatiques qui voudraient raviver les braises d’un barbecue éteint. Parfois, on les a même surpris en train de sautiller frénétiquement sur place au passage piéton à attendre que le bonhomme passe au vert avec la même grimace qu’un bébé pris de coliques. Pour moi qui n’ai jamais couru de ma vie pour des raisons sportives, les gesticulations de ces fouleurs de bitume me laissent songeur. Mais qu’est-ce qui peut bien pousser des êtres sains d’esprit à s’infliger ça ? « Les bénéfices sont multiples, explique Thibaut Baronian, trailer pro de la team Salomon et kinésithérapeute à Besançon. Ça peut être cardiovasculaire, physiologique et c’est même bon pour la santé mentale. Par contre, pour perdre du poids, ça ne marche pas, prévient Thibaut. Disons que pour maigrir, il est indispensable de faire du sport mais il faut absolument que ce soit couplé avec une nutrition raisonnée. » Toutes celles et ceux qui vont courir le dimanche pour rattraper leurs excès de la veille sont des mythos ; ils feraient tout aussi bien de se flageller à coup de nerf de bœuf pour se faire pardonner d’avoir cédé à la raclette.

LE CONFORT URBAIN Christophe Robert, gérant du magasin Endurance Shop à Dijon spécialisé dans le running, le trial et rando, voit passer une clientèle hétéroclite. « On a vraiment des gens de tous les âges, explique le commerçant, marathonien sur son temps libre. Ça va des étudiants jusqu’aux sexagénaires pour du running, les plus âgées vont plutôt pratiquer de la marche nordique. Beaucoup considèrent le running comme une pratique plus loisirsanté et pour destresser un peu. » Hommes, femmes, jeunes et vieux, sociologiquement, le running brasse large. Jacob, infirmier dijonnais de 32 ans, a lui commencé à courir quand il était étudiant en STAPS : « Au début je n’aimais pas trop ça et j’y allais à reculons genre 10 minutes deux fois par semaine. J’ai bien mis trois, quatre mois à m’y mettre plus sérieusement. Et puis à un moment, c’est devenu facile. Alors j’ai commencé à faire des séances plus intenses pour améliorer le cardio ou faire des séances d’explosivité. » Des séances pour améliorer le cardio, logique, tout le monde fait ça… Le running est un sport très facile à pratiquer : on a juste besoin d’enfiler une paire de pompes et de sortir de chez soi, contrairement à un sport collectif, on n’a pas à réfléchir à ce qui se passe autour de nous. Le but, c’est de se vider. « Je n’aimais pas du tout courir en ville, se souvient Jacob. Je n’avais pas envie de croiser

les gens qui vont au travail ou faire les boutiques pendant que je courais et puis en ville ce n’est pas forcément agréable : ce n’est pas beau, c’est toujours plat. Je trouve que certains runners se comportent comme de vrais trous de balle, genre attention poussez-vous je passe. Ils doivent croire que parce qu’ils courent, ils sont prioritaires. Je pense que ceux qui font leur running dans les centres-villes c’est soit qu’ils n’ont pas d’autres choix, soit qu’ils ont envie de se montrer. Moi, je ne courais pas pour m’afficher, avoue Jacob, je le faisais pour l’effort, me dépasser et me détendre. Je préférais faire 30 minutes de vélo pour aller à la campagne et faire ma course. » Et pourtant ils sont de plus en plus nombreux à pratiquer le city run. « Il y a des villes qui sont assez sympas quand même, avance Thibaut. J’aime bien aller dans une ville que je ne connais pas pour faire un city run découverte. Lyon par exemple, c’est une ville où il y a pas mal de dénivelés et plein de petites ruelles à explorer, ça donne des parcours assez joueurs. Après, ça a ses limites, s’entrainer tout le temps dans une zone urbaine, c’est sûr que c’est lassant à la longue. Et malheureusement, c’est vrai que certains coureurs sortent rarement de leurs schémas habituels ; ils font tout le temps la même boucle. Nous, les trailers, on essaye de les emmener sur d’autres parcours et les sortir un peu de leur confort urbain. »

« Déjà il faut se demander pourquoi tu cours. Pour te transformer physiquement ? Pour t’afficher ? Pour aller plus vite que ton voisin ou pour apprendre à te dépasser toi-même ? » JACOB, INFIRMIER

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« Où est-ce que j’ai foutu mon téléphone ? »

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Rien à foutre du couvre-feu.

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« J’ai l’impression que les gens ne prennent pas trop de plaisir à courir en ville. Ils ont le regard vide, complètement focus sur leurs applis » THIBAUT BARONIAN, TRAILEUR PRO

Aussi indispensable qu’une bonne paire de chaussures, tous les runners urbains vont courir avec leur téléphone. Ceux qui n’en ont pas sont considérés comme des papys et les quelques têtus qui n’ont pas succombé aux airpods font carrément figure de rebelles. Le coureur contemporain aime à s’enfermer dans sa petite bulle technologique en écoutant sa playlist méticuleusement choisie pour être plus performant. Franchement, ça m’étonnerait beaucoup qu’ils courent avec une sonate de Chopin dans les oreilles. On doit être quelque part entre Summer de Calvin Harris ou Boss B*tch de Doja Cat. Ok c’est sale, mais c’est légal. Mais est-ce qu’écouter de la musique est une forme de dopage ? « L’intérêt, c’est que le cœur va se calquer sur le rythme de la musique, continue Jacob. Alors c’est sûr qu’une musique rapide ça peut aider mais ça ne change pas grand-chose. Par contre ça te coupe du monde, tu fais beaucoup moins attention à ce qui t’entoure, aux lieux que tu traverses ou aux gens que tu croises. Moi je ne supportais pas. » Le runner aime aussi taper un petit selfie qu’il balancera en story avec les hashtags #runningmotivation, #runhappy ou #iloverunning. Chez certains, ça a même déjà viré à la pathologie : les Yourunners, ces gens qui se filment en courant pour leur chaîne

YouTube. Mais qui va regarder ça ? BIG DATA Le nombre d’applications disponibles pour les runners est juste phénoménal : Strava, Runtastic, Runkeepeer, PumaTrac, Nike+ Running et j’en passe. Il n’y a pas si longtemps, la mode était aux applis de GPS drawing. Cela consiste à courir selon un parcours pour tracer un dessin inspirant sur une carte, genre une fleur, ou une bite. « Moi, je me sers surtout d’OpenRunner pour tracer mes parcours sur des fonds de carte, après je les envoie dans mon téléphone et je regarde ma montre GPS pour voir la route à suivre. Quand je cours je n’ai pas envie d’être pollué en permanence par des informations sur mon running. Si on va dehors, ce n’est pas pour être connecté à son téléphone », explique Thibaut. Ces applis affichent en temps réel la distance parcourue, à parcourir, le dénivelé, le rythme moyen de votre course, la vitesse de pointe, le nombre de calories brûlées. Certaines ont même une option coaching : une petite voix artificielle pour vous encourager pendant votre effort. Et en plus, ces applis stockent toutes les stats, vous pondent des graphiques pour admirer votre progression ascensionnelle et offrent la possibilité de partager tout

ça sur les réseaux sociaux. « J’ai essayé ces applis pendant 6 mois et notamment la cardiofréquence, se souvient Jacob. C’est chiant parce que ça ne t’apprend pas à te concentrer sur tes sensations. Quand t’es dans le dur, normalement tu le sais. T’as pas besoin d’une montre pour le dire. Je pense que la première chose que les runners devraient apprendre, c’est de s’écouter. Il n’y a que les athlètes de haut niveau qui peuvent en avoir vraiment besoin. » Thibaut est lui plus enthousiaste, car il est officiellement athlète de haut niveau : « La fréquence cardiaque est quand même un outil très intéressant, explique Thibaut Baronian, ça aide les débutants à mieux se connaître et à cibler les zones d’entraînement. Après, les autres applis, c’est un peu superflu. Il m’arrive de balancer mes parcours ou mes chronos sur Strava et de les poster sur les réseaux sociaux. L’idée, c’est plus de donner envie aux gens de courir ou de faire découvrir des coins ». Le manque de temps, la flemme ou la peur de crotter leur paire de Nike sur des chemins bourbeux, voilà donc les banales raisons qui font cavaler ces runners sur les trottoirs. Peut-être sont-ils le next-step d’une évolution urbaine du sport obsédé par une idée un peu trop spartiate du bien-être à mon goût. // E.R.

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s t e e r t s e h t in s l e b e R Le présent dans cette chienne de vie. Le mi-confinement règne sur la Bourgogne-Franche Comté. Cette période étrange où le Xanax est roi. Où on peut sortir pour tout, sauf pour boire des coups avec les copains, parce que sinon on les tue, pas cool. La rédaction de Sparse, si avide de rencontres et de moments de partage, vit dans la tristesse des visios Zoom insipides. Mais ne saurait tarder à craquer et entrer dans l’illégalité. Cette série palpitante est réalisée par des professionnels, ne tentez pas de boire autant, de porter vos masques ainsi ou de sortir sans autorisation, à part si vous êtes vraiment scrèd’.

Franck le Tank et Antoine cherchent à communiquer.

Ambiance western sur les trottoirs en terre battue des faubourgs dijonnais... Pas âme qui vive en ce second confinement. La vie s'écoule comme un long dimanche d'automne*.

Ouais, tu m’entends ? Francky ? Allo ?

Antoine ? Merde ! Allume ta caméra… *Balade/Saucisse de Morteau/Sieste/Stade 2/Faites entrer l'accusé.

Ça va toi ? Tu vis toujours en survet’ ?

Putain j’en peux plus ! Faut qu’on se voit et qu’on trinque ! Allons runner (ça veut dire courir en anglais) .

Vain dieu ! Branche ton micro !

Je fais des puzzles, j’en peux plus, je suis passé aux 2500 piè...rrrzzzzh

On se retrouve à l’angle de la 6ème et de Broadway dans 1h. Charge ton sac à dos.


J’ai l’impression d’être Lino Ventura dans L’Armée des ombres...Ou Jean Lefebvre dans La 7ème compagnie... Ausweis ! Papirrr !

Voilà, discret, naturel. Il peut rien t’arriver mec. T’as ton attestation, t’es serein… Bonjour madame ! Oh putain elle va me dénoncer…

Comment qu’y va ? T’es très elegant dans ton legging, ça met en valeur ton paquet.

Merci je m’applique. Oh j’ai envie de chialer... Te voir en vrai, je peux te toucher... ?

Ok mais mets du gel.

Pfff... Voilà, faut pas se tuer... Faut faire du fractionné : 3 minutes de course, 1 bière, 3 minutes de course, 1 bière. Etc.

C’est une bonne tactique, file moi le ravito, j’suis fébrile, je sens une petite douleur à l’aine là.

Force pas mec.

J’en profite pour me reprendre en main. Je mange des trucs sains, je jardine, je lis…

Je regrette de pas bosser sur les chantiers. Les gars ont la belle vie. Boulot/cannettes, drifts en utilitaires.

Ouais tu te fais bien chier quoi… Ah mais j’ai un plan boulot pour toi : un cachet pour le montage d’un spectacle. Ah ouais ?

Ouais grave.

Non, j’déconne… C’est fini les spectacles. Ah ouais je suis con.

Moi pareil... Mais en plus je fais des séances de cardio-boxe sur Internet, j’me dégoûte. HEY, VOUS !


Mais on fait du fractionné en fait.

Vous vous fractionnez surtout la gueule j’ai l’impression.

Police ! Alors, on fait du sport en groupe en stagnant et en buvant ? Serait-ce interdit ? La tuile. Filme-le ! Et floute-le hein, sinon c'est pas légal toi-même tu sais.

Oulah ! Tu serais pas islamo-gauchiste toi avec tes histoires de liberté et d’interdit ?

Pourquoi là ? Pourquoi toi ? Pourquoi maintenant ?

Non mais c’est pas dangereux, on remet le masque après les bières.

Je m’en fous des masques. Ça sert à rien.

Ahah qu’est-ce que vous êtes crédules vous les moutons de gauche !

En tant que représentant de la loi, je suis pas sûr que ce soit bien de dire ça, enfin je dis ça…

Attends il va nous parler 5G sous peu.

Le virus a été inventé par le mari d’Agnès Buzin dans un labo en Chine pour mieux nous asservir, vous le saviez pas ?

Ah ouais ça se tient ! Mais je vais quand même vous mettre un petit 135 euros chacun pour le plaisir et parce que c’est la loi. Et confisquer ce pack. Merci. Moyen cool...

La violence policière s’exerce au coeur de nos quartiers mon pote. Le drame de nos vies. C’est là, faut taper le code. 2 coups courts et 1 coup long... Je crois. Toc toc toc On va être obligé de passer chez Sophie, elle vient d’ouvrir un clando.

Foutu pour foutu.

C’est la dictature qui nous y oblige.

Madame ?

...Mais rentrez au lieu de squatter devant putain ! Vous allez me faire repérer !


Quelques verres plus tard…

Manger c’est surfait, ce qu’il faut c’est cuisiner des trucs compliqués pour avoir du like.

J’y mets plutôt un peu de beurre dans le fond. Mais je fais croire que c’est un truc végétal pour pas que les gens me culpabilisent.

Manger c’est tellement XXème siècle.

Bah t’as meilleur temps.

Moi je ne cuisine plus que pour foutre des photos sur Instagram, je mange même plus ce que je fais.

Je vais quand même pas péter avec une fourchette un truc que j’ai mis 4 heures à bien faire avec un glaçage ultra travaillé. Putain de rustres !

Bam bam !!! Ouvrez !!

En tout cas c’est bon de pouvoir venir boire un coup à un comptoir à nouveau...

C’est pas un problème de rester là 3 jours.

Je vous préviens, vous sortez pas d’ici tant que j’ai pas vos test PCR négatifs, ça peut prendre 3 jours. Et vous avez intérêt à consommer.

Encore ? ! Mange la came Francky ! Ingère- là !

Ils vont nous LBDiser les yeux ! j’ai vu un reportage !

Excellent humour d’actualité. Bravo. Qu’est-ce que tu veux ?

Je suis venu chercher cette épave là au fond.

Planquez-vous derrière le bar, vite !

Je suis pas assez souple.

Bam bam bam !!! Contrôle de police, ouvrez !

Ah je vous ai bien eus hein ! C’est ma meilleure blague le coup des flics.

Ma mère mange, c’est une habitude de génération.

Ah je l’avais oublié cui’là. Ah te voilà toi ! C’est pas trop tôt... Faut qu'on aille en cours Kévin, y'a science nat' en présentiel aujourdhui .

Réalisation : Pat Le Guen Franck Le Tank - Framboisier Antoine - Eric Sophie - Hilgueugueu La police - René L'épave - Rémi La blagueuse - Minet Une production Sparse Média, en collaboration avec AB Productions


destinées d’entrepreneuses

Par Franck Le Tank

Virgin’Ink, l’effaceuse Demain tous tatoués, après-demain tous effacés. Virginie est une personnalité atypique dans le monde du tatoo, elle a commencé le job dans les années 70 dans un milieu exclusivement masculin : « Aujourd’hui on te parle de parité et d’une véritable identité féminine dans le monde du tatoo, mais quand j’ai commencé c’était un vrai monde de bonhomme, bien macho ». Virgin’Ink, comme on l’appelle dans le milieu, a débuté sur le corps des Outlaws, c’est à dire les bikers, gangsters et acteurs porno. « Le tatouage, c’était un truc de bad boys et de bad girls, je tatouais des larmes, des messages d’amour pour les mamans sur des grands gaillards. » Le tatouage, comme toute forme de mode, a évolué avec le temps. Il s’est inséré dans d’autres strates de la population en touchant dans un premier temps les gens à la marge puis les stars et enfin le commun des mortels. « On a commencé à voir les fans de Johnny débouler pour faire comme lui. Et puis un jour j’ai vu des dizaines de jeunes blancs-becs revenir de voyages pseudo-initiatiques en Asie avec des tatouages tribaux odieux, les choses étaient clairement en train de changer dans le business du tatoo ! » Au mitan des années 2000, Virginie a son idée de génie en voyant débarquer un client avec le menu d’un restau chinois tatoué dans le cou : « Je voyais bien que tous ces blaireaux le regretteraient un jour. Je me suis dit qu’il devait y avoir un truc à jouer ! » Elle se forme alors à l’effacement des tatouages. Autre constat, effacer un tatoo est bien plus lucratif que d’en réaliser un.

Un business juteux

On se fait un tatouage par plaisir, on l’efface par bon sens. « J’ai multiplié mon bénéfice par 4 rien que la première année, et je me suis payée une grosse Harley ! Quand les gens veulent passer à autre chose, autant te dire qu’ils y mettent l’oseille. Il vont faire des crédits pour ça. » Merci qui de faire tourner l’économie française en ces temps de crise ? Le mot circule vite dans la rue : « Va voir Virgin’Ink, elle fait des merveilles pour repasser les tatoos ! » On commence d’ailleurs à l’appeler l’Effaceuse (clin d’œil racé au film avec Schwarzenegger). C’est à partir de ce moment qu’elle commence à voir les pires tatouages de sa vie. Entre amour désavoué, croix gammée et autres erreurs de jeunesse, Virgin’Ink développe une connaissance encyclopédique du tatouage raté et a ouvert dernièrement son École supérieure de détatouage à Chatillon-sur-Seine. Aujourd’hui, Virgin’Ink est devenue une pointure, du même niveau que Tintin ou Amy Mymouse. Cependant, son art à

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elle consiste à effacer un peu de l’histoire d’un individu. Des gens du monde entier se pressent chez elle pour éclipser les histoires douloureuses du passé. Quand on lui demande ce qu’elle a préféré faire dans sa carrière, Virginie n’en oublie pas son côté rebelle : « Comme je suis devenue leader dans l’effacement, je suis sollicitée désormais par les stars. J’ai réussi à soutirer 10.000 euros à Matt Pokora pour lui retirer une étoile dans le cou. Tu te rends compte ? J’ai bouclé la boucle ». // F.L.T.

« Si ton amoureuse s’est tirée avec le voisin, c’est moi que tu viens voir pour enlever son nom de ton avant-bras ! » Virgin’Ink, aka l’effaceuse.



la page mode

Virginia Wernovskaïa, le célèbre top canadien, ne jure déjà plus que par sa laine polaire Winch chinée dans ce temple de la mode qu’était Kiabi.

Attention !

Une laine polaire prend très rapidement feu. Une boulette et elle s’enflamme, avec vous dedans. il est donc conseillé d’avoir toujours une bouteille d’eau avec soi.

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Par Chablis Winston Photos : Diego Zébina Modèles : Noélie Desalles, Romain Bouvier, Diego Zébina

LA LAINE POLAIRE

Jean-Jacques Wayne, star montante de la musique, a opté, lui, pour une polaire modèle « Cheyenne » designée par Christian Lacroix lui-même. 7.800 euros HT. Le prix de la classe.


La mode est un éternel recommencement. On revenait aux 70’s dans les années 90 avec des pattes d’eph’, on s’est imposé le jean slim 80’s à la Ramones dans les années 2000, le sweat chauve-souris est revenu dans les années 2010. Plus le temps passe, et plus les styles sont mélangés pour créer sans cesse la nouveauté. Il n’est pourtant pas toujours facile de distinguer ce qui est tendance ou complètement démodé. Sparse t’explique ce qui va être la hype chez toi sous peu, et ce qui l’est déjà dans les endroits les plus sélect’ du fashion world : le retour de cette bonne vieille laine polaire !

La polaire est

certainement revenue grâce au confinement. Tout comme le survet’ et la charentaise. C’est l’ère du pratique. Une laine polaire, soyons clair, ça sert à « ne rien branler chez soi » comme le disait si bien le regretté Karl Lagerfeld.

Le secret de la classe de la laine polaire ? Pas de forme, surtout pas de forme, sinon c’est triché. Il s’agit de ne surtout pas trop paraître apprêté. Tout en s’apprêtant. C’est du pur normcore, mouvement lancé à l’époque par ces fashionistas du groupe Salut c’est cool. Prendre le soin de s’habiller comme quelqu’un qui ne prendrait aucun soin à s’habiller. Prendre du temps à faire croire qu’on en n’a pas pris. Du génie. Donnez du non-sens au sens, c’est là le but ultime d’une mode qui se donne les moyens d’emmener les clients au bout de leurs rêves.

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horoscope Par Nicdasse Croasky et Chablis Winston Illustrations : Mr. Choubi

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Horoscope d’avant, horoscope d’après… Même ta rubrique préférée est contaminée par cette période pleine de doute, à la recherche de changements en mieux, pour pas dire de désirs d’avenir… Soyons clairs, si vous comptez sur cet horoscope pour vous aider, c’est que vous êtes le genre de champion qui a acheté 10 % des actions Eurotunnel, ou que vous croyez encore au projet de GPS français qui va casser Waze… Bref, restez sur terre et sachez juste que les recommandations ci-dessous sont garanties 48h.

Sale période. Vos projets n’avancent plus et il semblerait que ce soit à cause de vos proches qui vous prennent trop de temps. Les astres n’y sont pour rien ! C’est le moment de faire un choix : éliminez vos projets ou vos proches ! Parce que faut pas faire les choses à moitié. 2ème décan, dîtes-vous que vous ferez le bon choix, ça aide.

Admettez donc que vous avez fait de bonnes affaires grâce à Jupiter ces dernières semaines et que vous allez pouvoir claquer beaucoup de pèze sans culpabiliser ! Si ce n’est pas le cas (le 27 ou les deux tiers du premier décan), attendez l’horoscope suivant et patientez en augmentant le temps de mastication de votre steak de 350 %.

Vous répétez sans arrêt que vous vous ennuyez ? Lisez Sparse les jours de pleine lune pour redéfinir un angle dans vos relations avec vos amis et changez d’hygiène de vie. Par exemple, en vérifiant la fraîcheur des aliments dans votre frigo. (Attention : l’alcool ne se périme pas, il vous périme juste plus vite.) Ne dites plus MERCI !

La concurrence fait rage entre les planètes qui s’arrachent du Cancer en veux-tu en voilà, ce trimestre. Croyez-moi, vous avez la cote ! Demandez une augmentation, changez de partenaire, allez claquer votre paie au casino de Lons-le-Saunier, ou faîtes des tours de circuit à Dijon-Prenois au volant d’une grosse cylindrée, tout vous sera pardonné.

Les emmerdes sont dans l’air. Période pourrie avec tous vos plans cul. Vous vivrez vos amours dans le caniveau. Moment idéal pour éviter toute transaction financière. En famille, personne ne tiendra compte de votre avis. Restez fermé à l’idée de toute négociation. Votre santé vous importe peu, vos pieds sont sales. Mais restez zen.

Amis Vierge, Pluton veille sur vous. Que dire de plus ? Pluton ça rime avec Tonton, un siphon-fon-fon, saison, Japon, sans-façon, manque d’inspiration etc.


Reposez-vous. Ne vous embarquez pas dans des projets trop ambitieux : vos proches verront dans cette suractivité une fake news et vous serez la risée de Twitter en quelques heures. Côté vie privée, dites-vous que savoir apprécier les qualités de ses amis plutôt que de ne voir que leurs défauts est la marque des gros nazes qui se font toujours avoir à la fin par plus malin qu’eux (3ème décan).

Vous rêvez de solitude dans le désert. Faites donc comme Djony Depp, l’acteur inspiré, dans la pub au parfum sauvage. Sortez de la ville au volant de votre bagnole en faisant des zigzags, croisez une vache solitaire, jetez vos bagouses dans la poubelle jaune, et asseyez-vous à côté de votre tente Quechua© fraîchement plantée dans le désert, du côté de Genlis (1er décan) ou de Nevers (le 12) : #la_vraie_vie

Dans l’environnement, tout fout le camp ! Votre climat astral est pas mal pollué et c’est néfaste à la circulation sanguine. Si vous souffrez de troubles de l’érection, ne négligez pas cette possibilité. Fortifiez donc vos artères en croquant régulièrement de l’ail cru, et fluidifiez votre sang en mangeant souvent du poisson, par exemple du saumon ou un Filet’O’fish. À part ça, tout va bien.

« Apparemment tu m’aimes pas, c’est une autre que t’aimes. Tu parles avec une Anissa, mais moi j’m’appelle Wejdene », nous chantait le grand prophète. Une leçon à retenir au moment de choisir votre prochain/e mec/meuf sur Tinder. La lune est alignée avec la planète Vega pour tous les Capricornes ces trois prochains mois. C’est le moment de matcher.

On va être honnêtes les Verseaux, vous avez le cul bordé de nouilles. Départ de Jean-Pierre Pernaut, énergies célestes en osmose avec l’origine cosmique de la force, et des réduc’ jusqu’à moins 20 % chez Sephora. Ça n’augure que du bon. C’est le moment de prendre des grandes décisions dans la vie. Alors, on l’achète ce Captur ?

Rien. Rien pendant trois mois. Sans déc’. Faut pas être vexés et le prendre comme une mauvaise nouvelle. Rien, c’est mieux qu’une avalanche de merde. Rien, ça repose. Alors, profitez de ce calme ambiant pour vous ressourcer et faire le plein de PQ à l’Auchan. Parce qu’il va falloir retourner au charbon sous peu.

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courrier des lecteurs Christine |

Valentigney (25)

Ça va vous ? RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Merci Christine, ça fait plaisir d’avoir quelqu’un qui demande. Franchement ça va pas trop mal. C’est pas la fête mais on s’en sort, en survet’ à la maison. Tu as le magazine entre les mains alors ça veut dire que ça va. On a hâte de retrouver les copains c’est tout. Parce que nous en général on bosse surtout pour que les gens se retrouvent... Enfin on se plaint pas. Et toi Christine, est-ce que ça va ? La famille et tout ?

Julia |

Sens (89)

Salut les soit disant cool, pourquoi que c’est que les hobby qui nous gouvernent ? C’est tous des salauds ! RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Alors, tu dois confondre avec les lobbys, parce que Hobby, c’est le fils de Mitch Buchanon dans Alerte à Malibu. Les lobbys, c’est des gens qui se regroupent pour faire valoir leurs intérêts communs auprès des gens qui décident. Toi quand tu allais voir le directeur de la colo avec 3 ou 4 potes pour avoir double ration de goûter, tu étais dans un lobby. Certes, il y a des lobbys que je qualifierais de gros bâtards, comme celui de l’industrie pharmaceutique ou de l’agrochimie, mais il existe aussi celui des producteurs bio, ou des féministes, que j’estime plutôt comme allant dans le bon sens. Le truc c’est surtout que certains se font plus entendre que d’autres... Par exemple, je peux clairement te dire que le lobbys des organisateurs de spectacles est beaucoup moins influent que celui des chasseurs en ce moment. Un lobby, c’est un outil. C’est neutre. Ça dépend de qui tient le manche.

Riton |

Pesmes (70)

Bonjour la Bible. Je voulais savoir si Gérald Darmanin tourne toujours malgré la crise du Covid ? Sa tournée, elle continue ? Parce que je suis fan de ses spectacles mais j’ai jamais pu le voir en vrai. Son sketch sur la sécurité globale est hilarant et celui sur les violences policières : « C’est moi qui m’étouffe quand j’entends ça ! » Ahahah ! Impayable le Gégé. Filez-moi les dates. Big Kiss. RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Avec Gégé, ça tourne sans pause depuis quelques années. Il a trouvé l’inspiration comme d’autres trouvent la foi et est parti en croisade depuis ! Ses spectacles sont gratos, petit veinard de Riton. Tu peux les suivre sur les chaînes infos à tout moment : c’est coupé par quelques pubs mais ça vaut le coup, parce que pour pas un rond, tu as aussi les sketchs de Christophe Barbier et ceux d’Eric Zemmour. Signalons encore que ces grands humanistes sortent d’ailleurs ensemble le DVD de leur dernier show : Tolérance ? Non, j’déconne, aux éditions Mâle blanc en danger.

Raillane |

Fontaine-Française (21)

Salut, excusez mais il paraît que Zola a grandi à Lure en Haute-Saône ? C’est vrai ? RÉPONSE DE LA RÉDACTION

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Oui, c’est vrai. On parle du vrai Zola, le rappeur, pas l’écrivain, hein ? Il a passé son adolescence et a eu son bac à Lure. Real ghetto life. C’est comme ça que c’est devenu un vrai thug respecté. Tu ne le vois pas faire 7-0 avec ses doigts dans les clips ? Bisou Zozo. C’est comme ça qu’on l’appelait à l’époque.


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CrĂŠdit photo : Jacques Blanchard - Conception : digitalconcept.fr - novembre 2020

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