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Jonathan Jean-Philippe, Javier Sarmiento, Mike Anderson, Seb Simon, Fabian Verhaeghe, Lucas Puig, Raven Tershy, Adrien Coillard…

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Lors d’une session ordinaire, nous allons faire un petit tour sur ce célèbre spot allemand sans réelle intention d’y faire une photo.Tobi se lance dans quelques tentatives de smithgrind mais l’élan est bien trop court pour placer ses pieds et le rail bien trop long pour tenir la distance. Une simple 50-50 fera l’affaire… Sauf qu’il ne l’entend pas de cette oreille et y rajoute un lipslide, histoire de finir en beauté. Une séquence d’Hendrik Herzmann.



Des photographies et un texte de Cédric Viollet.

Passer du bon temps dans un tour de skateboard ne tient pas à grand chose : la durée des transports, les conditions climatiques, les spots… Mais le facteur décisif reste le groupe avec lequel on décide de partir. Quelques mois avant le départ, j’ai eu vent de quelques noms sensés être de la partie mais sans réelle certitude. Le moment venu, devant le van encore vide, garé en face du nouveau bureau Cliché, les noms se précisent : Charles Collet arrive tout droit d’un tour où il s’est fait une grosse entorse, John Tanner a débarqué de Londres hier soir, Lucas Puig est fatigué après une nuit de retard dans les aéroports, Louie Barletta et son p’tit sac à dos sont également avec nous, tout comme Boris Proust et ses 40 kilos de matériel vidéo « fait main », Jérémie Daclin prend la place du pilote infatigable et Adrien Coillard, la toute nouvelle recrue du team, s’installe à l’arrière.


Dennis Klüssendorf, kickflip drop-in.

La corruption en promo…

Voici une petite recette locale que nous avons pris soin de tester pour vous. Prenez un van de location, neuf places, peu importe la marque du véhicule. Mettez un Belge, un Slovaque, deux Allemands et trois Français à l’intérieur (veillez à bien respecter les doses, c’est important d’un point de vue gustatif). Secouez le tout, et balancez cette mixture sur un périph’ de type huit voies, avec des voitures qui doublent allègrement à droite et à gauche, le tout à une vitesse moyenne de 120 km/h (le temps de cuisson est ici très important). Pour l’esthétique, prenez soin de rajouter des lignes blanches à gogo et saupoudrez le tout de flèches en pagaille. Relevez ça avec une direction introuvable. Enfin, ajoutez l’ingrédient indispensable : deux traficos pas trop frais (le trafico est une variété d’agent de la circulation, qui pousse principalement en Amérique Latine, et qui ressemble grossièrement à un mélange entre un ASVP et un policier municipal grabataire, mais particulièrement efficace en termes d’arnaques). Avec la combinaison de ces ingrédients, nous avons toutes les chances de réussir à merveille cette recette, qui est l’une des spécialités de la région. Si tout se passe bien, votre van ne devrait pas tarder à faire un demi-tour malencontreux assez serré ; pour la rigolade veillez à bien faire crisser les pneus et à franchir 7 ou 8 lignes continues, ça fait plus professionnel. Là, vous devriez entendre l’équivalent de 250 décibels de klaxons, c’est le signal, vous êtes cuit ! Votre demi-tour achevé, deux hommes en jaune (les traficos…) vont immédiatement se présenter à vous, et se charger de vous faire déguster tout ça. Il vous en coûtera au mieux 10 minutes de blabla incompréhensible où sont brièvement énoncées d’autres recettes, comme celle d’un petit-déjeuner en prison (celle-ci est de loin notre préférée, à ne pas manquer si vous en avez l’occasion, ça va sans dire…). Dès que vous commencez à être un peu gavé, vous n’avez qu’à filer 400 pesos à celui des deux qui parle le plus, généralement le petit gros, et vous pourrez alors sereinement aborder la phase de digestion, avec la délicieuse sensation de vous l’être fait mettre bien profond. Dernière petite chose, il est important de déguster ce plat à jeun, sinon la recette peut nettement se compliquer, et vous risquez la crise de foie…

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Les taxis pirates…

Le moyen de transport le plus pratique pour se déplacer à travers la capitale demeure, sans aucun doute, le taxi. Ils sont, selon les dernières estimations, près de 92000 à arpenter les rues de la ville. Il en existe plusieurs sortes, les plus courants, de couleur bordeaux et dorée, les taxis « authorizados » ou les Bochos (ceux-là sont toujours des Coccinelles VW), possèdent des licences délivrées par le ministère des transports, et coûtent l’équivalent de 3 ou 4 euros pour traverser le centre-ville. Sachant que la taille de l’agglomération de Mexico correspond plus ou moins à la distance entre Bordeaux et Biarritz, ça reste un tarif relativement bon marché. Il existe aussi les taxis « seguros », qui appartiennent à des sociétés privées, que vous commandez par téléphone et qui vous amènent d’un point à un autre. Ceux-là sont particulièrement sûrs mais plus onéreux. Une autre option consiste à prendre les mini-bus, les « peseros », qui sera définitivement une expérience unique, surtout si vous n’aimez pas voyager seul… Dernière petite chose à savoir lorsque vous décidez de prendre le taxi pour vous déplacer, sachez qu’il y a toujours un risque que le chauffeur qui vous conduit, ne soit en fait pas plus taxi driver que vous ingénieur en aéronautique. Par conséquent, l’issue de votre course pourra, parfois, s’avérer légèrement différente de ce que vous aviez initialement envisagé. Disons que vous pourrez, par exemple, vous retrouver à poil à l’autre bout


Paco Elles, gap to backside five-O.

de la ville, ou le corps criblé de balles dans une benne à ordures, ou encore un poumon en moins, victime du trafic d’organes organisé… Bref, rien de bien méchant, et je vous rassure, il arrive aussi que vous arriviez sain et sauf à votre destination. Pas de panique donc, tout est juste une question de chance, un peu comme le tiercé à Vincennes, des fois on gagne, des fois on perd, mais quoiqu’il arrive, il faut savoir rester bon joueur, même si, avec un poumon en moins, c’est un peu moins évident, je vous le concède…

La Lucha Libre…

Il est relativement difficile de décrire l’univers décalé de la Lucha.En gros,c’est un peu comme si la plupart des lutteurs avaient été recrutés lors du casting d’un film X pour super héros. Le genre de Flash Gordon, sans le haut, avec du monoï plein le torse, et ayant pour sobriquet un truc du genre « Métro » (probablement en rapport direct avec la notion de métrosexuel…). La seule certitude, c’est que Métro partage son temps entre les salles de sport et les salons d’esthéticiennes, il est d’ailleurs mieux épilé que la plupart des Mexicaines. Mais l’avantage avec la Lucha Libre c’est que c’est un spectacle qui ravit tout le monde. Les hommes se délectent entre chaque combat du défilé de bombas féminines qui arrivent à moitié à poil sur le ring, faisant un petit tour, histoire de bien montrer au public leur recto-verso dénudé à

360°, lequel public en redemande. À ce moment précis de la soirée, l’ambiance atteint son paroxysme dans la salle, tout le monde siffle et hurle, c’est probablement le moment de la semaine où les spectateurs sont le plus heureux, difficile de repartir à la fin du combat avec mémère à la maison… Les femmes, quant à elles, se réjouissent en secret d’apprécier les catcheurs virils parader dans l’arène, vêtus de leurs ridicules pantalons moulants en lycra flashy, avec d’impressionnantes tignasses à faire flipper Rahan lui-même. Ajoutez à cela leur panoplie de muscles tout huilés, et les petits cris d’orangs-outans, légèrement castrés, qu’ils poussent à répétition pour le côté bestial de la chose, et vous obtenez un spectacle unique, qui pourrait presque se dérouler dans les rayons d’un magasin « Jouet Club » de province, où tous les gamins seraient, eux aussi, à fond. Masques en tous genres, tenues de super héro, chorégraphies approximatives, mises en scène hasardeuses, rock’n’roll bon marché, spot lights dans tous les sens, ralentis sur écran géant, pop corn et litres de bière… Tout y est, bienvenue à la Lucha Libre, le rite du vendredi soir pour des milliers de Mexicains…

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Un portrait de Charley, des photographies d’action de Guillaume Anselin (sauf indiqué), des ambiances de Jean Feil et des propos recueillis pas Vivien Feil.

Léo Valls ne danse pas sur des ledges en combo de lipslide, Léo Valls ne fait pas de flip-in/flip-out, Léo Valls ne fait pas de nosegrind en bowl et Léo Valls ne saute pas sur des spots dangereux qui font peur. Bref, il ne rentre pas dans le moule bien cadré du skateur sponsorisé français en 2010. Si dans son jeune âge, on a pu le voir sauter par dessus des marches et faire des switch flip grind reverse, Léo a décidé au fil des années d’opter pour un skate plus instinctif et ludique, moins conventionnel et il est vrai aussi, moins spectaculaire. Pourtant, il est l’un des rares skateurs français qui fait parler de lui non seulement au bled mais aussi en dehors des frontières de l’hexagone. À croire que tout le monde n’est pas persuadé que seule la performance est digne d’intérêt dans le skateboard. Léo ne se préoccupe pas des controverses de ce genre et il n’a pas spécialement envie d’en parler, tout concentré qu’il est à terminer sa part pour la vidéo « Minuit » de son pote Yoan Taillandier et de vivre sa vie, tranquillement. Mais en bon journaliste fouille-merde hargneux, je ne l’ai pas lâché jusqu’à ce qu’il accepte de nous dire ce qu’il pense de tout ça en détails. Ladies and Gentlemen, voici l’interview de Léo Valls qui parle, entre autres, des sujets qui fâchent.



Sam Comme vous pouvez l’imaginer, une tour-

29 née avec plus de vingt personnes va forcé-

MAI ment poser des problèmes de logistique. Le premier problème à résoudre est de réussir à réunir tout le monde quelque part, surtout lorsque ce « quelque part » est Aberdeen, lieu qui n’est pas particulièrement central. Pour la première journée de cette tournée, il ne faut donc pas imaginer faire grand-chose d’autre que patienter en attendant que tout le monde arrive. Heureusement pour ceux d’entre nous

qui arrivent les premiers, il y a une petite place plutôt sympa juste à côté de l’hôtel, l’occasion pour notre équipe de se détendre un peu les jambes engourdies par le décalage horaire. Lorsque tout le monde est arrivé, on décide d’aller jeter un petit coup d’œil au skatepark couvert où une démo est prévue pour demain. L’endroit est super grand, très bien conçu, avec pas mal de modules divers et variés et quelques trucs un peu plus originaux. On ne peut pas résister très longtemps à la tentation d’aller skater ce park. Après avoir mangé quelques pizzas, assis sur la table centrale, on

réattaque la session, jusqu’à ce que Bobby, par mégarde, ne déclenche l’alarme incendie. Nous quittons les lieux discrètement dès que les pompiers arrivent : désolés les gars ! Ricardo Paterno, fakie flip switch 5-0 revert. Mike Anderson, backside 50-50.

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