L 15375 - 128 - F: 4,95 â‚Ź - RD Nabil Slimani, frontside flip, par Pierre Dutilleux.
Daniel Cardone, Nabil Slimani, Alex Mizurov, Sammy Winter, Bastien Duverdier, Brian Delatorre, Michael Mackrodt, ‌
Lo誰c Benoit
Bastien Duverdier Australie nous voilà ! Dans un petit skatepark en banlieue de Camberra, Bastien se met en tête de passer par-dessus un muret qui serpente sur une plate-forme. À la surprise générale, malgré la longueur à sauter, le ollie est rapidement rentré. Au lieu d’aller siester avec le reste de notre équipe, Mr Duverdier décide de se lancer dans la réalisation d’un complexe et dangereux footplant. Devant une telle galère, la plupart des skateurs aurait lâché l’affaire, mais lui s’acharne et ça finit par payer !
Par Charley
Samuel Stambul
Stéphane Flandrin
Une des rares exceptions à ce phénomène a été le skatepark du Prado à Marseille, réalisé en 1991 par notre confrère, prédécesseur et architecte, Jean-Pierre Collinet. Il avait, lui aussi, cette double casquette : architecte et skateur.
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Sam Sté
Sté
On a créé le bureau d’études en 2005, en plein pendant nos études. À cette époque, skatepark rimait avec modules en bois ou en plastique déposés n’importe comment sur une dalle. On savait qu’il y avait quelque chose de différent à proposer.
Sam
Samuel, 26 ans, j’ai commencé le skate en 1997, lorsque j’avais 12 ans. Stéphane fait partie de la seconde génération de skateurs, plutôt axés bowls et courbes, quant à moi je fais partie de la troisième vague, à fond de street ! Après le BAC, j’ai enchaîné directement vers des études d’archi, c’est là que l’on s’est rencontré avec Stef. On était les deux seuls skateurs de l’école…
Vous aviez déjà une idée derrière la tête à ce moment-là ? Oui, je construisais déjà des skateparks à partir de moules. Je voulais me rapprocher de l’architecture, de la maîtrise d’œuvre et de la conception pour proposer quelque chose de plus complet.
Sam
Une petite présentation s’impose… Honneur aux anciens ! Je m’appelle Stéphane, j’ai 37 ans et je skate depuis 1986. Niveau études, j’ai commencé par m’orienter vers du Génie Mécanique puis j’ai lancé Constructo en 2000 pour construire des skateparks en béton avec mes bétonnières et mes grues…. Par la suite je me suis installé à Marseille et j’ai repris des études afin de devenir architecte, 6 ans plus tard.
Sté
Stéphane
Les chances que vous n’ayez jamais mis les pieds dans un skatepark sont aussi minces que celles qui vous auraient fait poser ces mêmes pieds sur la lune. Vous savez donc que, comme pour les chasseurs, il a les bons et les mauvais skateparks. Depuis quelques années, la qualité de ces espaces qui nous sont officiellement dédiés s’est considérablement améliorée et les gars de Constructo y sont pour beaucoup… Vous avez beaucoup hésité avant de vous lancer ? Pas vraiment, on avait envie de skater des skateparks différents. Il y avait quelques exemples de parks en béton comme Hyères, mais ils n’étaient pas très réussis. La première des choses que l’on a voulu faire, c’est éradiquer la notion de module et créer un environnement urbain dédié aux skateurs en mettant en avant les notions de formes de trajectoires… Chaque projet que nous proposons est unique, il n’y a pas de catalogue Constructo. Depuis que l’on a créé le bureau d’études, on ne fabrique plus de skateparks nous-mêmes, on fait de la maîtrise d’œuvre, c’est à dire que l’on dessine un skatepark puis on le fait construire par une autre entreprise.
Du coup, vous êtes presque en situation de monopole ? Non, parce que tout le monde peut se prétendre
construire de A à Z, fidèle à ce que l’on a dessiné. Ceux qui construisent nos skateparks n’ont aucune notion de skate mais ce n’est pas ce qu’on leur demande. Ils ont juste un épais cahier des charges à respecter. Du coup, le fait de ne pas passer par une entreprise, soi-disant spécialisée en skatepark, mais par une boîte de BTP permet d’obtenir des prix très intéressants pour une réalisation précise. Sam
Sté Sté
Sam
Quel a été votre premier « vrai » projet ? Pendant nos études, une entreprise de conception avait obtenu le marché du skatepark de Valenciennes et elle cherchait quelqu’un pour le dessiner. C’est comme ça que l’on s’est lancé, on a monté le bureau et on a imaginé le park. Ça a plutôt bien marché…
Vous proposez un projet « clés en main » ? Non, un architecte ne commence à travailler qu’à partir du moment où on lui a confié la mission de le faire. Le phénomène est assez recent, mais, fort de l’expérience des villes qui sont déjà passées par là, de plus en plus de municipalités commencent maintenant par missionner des architectes qui vont plancher sur un projet et englober toutes les problématiques du chantier et des procédures avant de faire construire n’importe quoi n’importe où par n’importe qui.
Généralement ce sont des entreprises locales qui répondent aux appels d’offres. Chaque semaine,
Le titre d’architecte est protégé mais pas celui de maître d’œuvre. Aujourd’hui Constructo est une société d’architecture, on a fait chacun six années d’étude pour en arriver là. Quel est le cheminement classique de la naissance d’un skatepark ? En tant qu’architectes, nous répondons à des commandes. On ne fait aucune démarche commerciale, notre meilleure publicité, c’est justement les skateparks que l’on a déjà créés. Tout commence par un appel d’offre lancé par une municipalité afin de mettre en concurrence les différents projets. On produit alors un dossier présentant notre démarche, notre manière de travailler…
Le vrai problème c’est que les skateparks sont considérés comme des travaux d’infrastructure donc il n’y a pas besoin de permis de construire ni d’architecte pour effectuer la construction. Donc en France n’importe qui peut créer un bureau d’études et construire des skateparks ? Par chance, la loi impose que, lorsque l’on fait de la maîtrise d’œuvre, on doit être totalement indépendant des entreprises que l’on va faire travailler pour la construction. Ce qui est notre cas, bien sûr.
on part aux quatre coins de la France pour visiter des chantiers, ça fait partie du boulot de l’architecte, s’assurer que tout est conforme au cahier des charges. Sté
Sam
maître d’œuvre et faire construire un « pseudo park » par une entreprise de maçonnerie.
Sté
Vous n’étiez pas encore architecte à ce moment-là ? Non, pas encore. En fait, n’importe qui peut monter un bureau d’études, se prétendre « expert en skatepark » même s’il n’a aucune notion d’architecture et qu’il n’a jamais mis les pieds sur une board. C’est un peu ça le problème aujourd’hui.
Sté
Sam
Sté
Sam
Saint-Étienne, juillet 2011
Tout doit être respecté à la lettre : les dimensions, les différentes qualités de béton en fonction de ce que l’on veut faire, les finitions... Et puis, en tant qu’architecte, le sommet de la pyramide, c’est nous. Si on doit faire refaire un élément plusieurs fois jusqu’à ce qu’il soit parfait, on le fait. Le résultat doit être irréprochable, c’est notre image de marque qui est en jeu.
Vous répondez à un appel d’offre pour dessiner un park et vous en lancez un autre pour déterminer qui va le construire, c’est bien ça ? Exactement. Et c’est précisément ça qui fait la qualité d’un projet. Un fabriquant de modules va avoir tout un tas de contraintes par rapport à ses moules ou à ses formes préexistantes, ce n’est pas notre cas. Nous, on ne se fixe aucune limite, on crée un espace dédié aux skateurs et on cherche qui va le
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Ca y est, nous y sommes ! Ce que nous attendons toute l'année… L'été est là ! À nous les piscines, barbecues et autres petites escapades entre amis, à la recherche d'un coin ombragé, au bord d'un lac. Baignades & apéros ! Ces premiers instants, où la chaleur se fait vraiment ressentir dans la ville, où tout le monde donnerait tout pour prendre une voiture et filer au bord de la mer, nous en avons profité pour aller nous balader dans Lyon. Sammy Winter est ici en transit pour quelques jours, Max Génin profite de son habituel séjour de deux jours dans mon canapé et Nabil fête sa venue dans la vie lyonnaise. Du coup, nous avons tous décidé de partir à l'assaut des rues, sans trop d'ambitions, mais avec l’envie de profiter des beaux jours. On se munit d'une paire de ciseaux afin de transformer en short le jean que l'on ne mettait plus, on ressort nos plus belles lunettes de soleil et nous voilà partis en rois de la drague, de la rigolade, rouleurs flambeurs parlant aux petits vieux ! Le récit que j'aurais pu vous faire de ces deux jours, à traîner dans la rue aurait pu être rempli d'anecdotes croustillantes, de phases de bastons entre clochards ou d'histoires avec des mecs de la sécurité mais, par chance, rien de tout ça ne suivra dans les prochaines pages. Nous avons skaté, cruisé dans les rues comme des gamins, découvert de nouveaux spots, bu des cafés en terrasses, discuté des différentes options prises par chacun lors de la soirée de la veille, et aussi fait quelques photos… Par Pierre Dutilleux
Tailgrab one foot !
Albert Nyberg
Avec le visionnage intensif de ta vidéo-part, des choses inattendues sont aussi arrivées dans ta vie… Oui, par exemple, un jour, je me suis levé et on m’a dit que Steve Berra avait écrit sur son Twitter qu’il m’invitait aux Berrics. Le message disait : « Quiconque connaît Albert Nyberg, contactezmoi ! » Tout d’abord, mes amis m’en ont parlé et je n’y croyais pas une seconde. Puis Steve Berra a vraiment pris contact avec moi et m’a invité aux Berrics, pour de vrai. Alors je suis allé en Californie où je n’étais allé qu’une fois étant très jeune. Je suis parti avec Lomar, un ami filmeur, chez des potes suédois qui nous ont amenés sur tous les spots, c’était génial. Nous sommes allés aux Berrics plusieurs fois, nous avons skaté des supers spots de street et avons traîné dans des fêtes de facs ! J’ai observé la culture américaine d’un peu plus prés et c’est assez intéressant. Comment était ce « Game Of Skate » avec PJ Ladd ? J’étais tellement nerveux… Peut-être même plus que PJ. Tout ceci est si nouveau pour moi, tous ces pros autour de moi. Je ne suis pas habitué à ça. Je tremblais littéralement, c’était assez irréel comme expérience. Tout est allé si vite…
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« Steve Berra a vraiment pris contact avec moi et m’a invité aux Berrics, pour de vrai. » Et l’interview avec Reda ? Oh non… J’étais comme évanoui, je ne voulais pas répondre, je n’avais pas envie de dire quelque chose de stupide alors j’ai préféré me taire et faire profil bas. Je ne voulais pas qu’on perçoive les Européens comme des attardés… Est-ce que tu as une opinion sur une organisation comme les Berrics ? Je dirais que c’est « fun » , moi-même je vais sur ce site chaque jour. Je n’y réfléchis pas trop. C’est dans la tendance du moment, le monde du skateboard a le regard tourné vers ce hangar rempli de modules, mais bientôt on passera à autre chose. Les Berrics donnent aux gamins ce qu’ils attendent tout en rapportant beaucoup d’argent. Tout le monde est satisfait.
Tu as pratiqué beaucoup de skateparks quand tu étais plus jeune. Est-ce que ça vient du fait que streeter à Linköping n’est pas une mince affaire ? Oui, bien sûr. Il fut un temps où nous n’avions pas de skatepark alors on roulait juste dans la rue et on faisait plein de manifestations et interventions à la mairie pour avoir notre skatepark. C’est finalement arrivé, alors nous en profitons autant que possible.
Hardflip backside tailslide bigspin out
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Il est important de préciser que personne ne change ses bonnes habitudes en un claquement de doigt. D’après mes informations, Claude a la fâcheuse manie de se déglinguer en début de tournée. On m’avait pourtant prévenu, « Attention à Claude ! ». Ne souhaitant pas jouer le rôle du casse-burnes de service, je le laisse, comme un grand garçon, essayer un nollie flip drop-in. Le problème c’est qu’un rocher est planté au milieu du plan incliné et doit être sauté après avoir plaqué le nollie flip. Malheureusement pour Claude, l’action se termine
sur son épaule et sur son arcade sourcilière. Cette mésaventure l’handicape lourdement pour les jours à venir… L’avant-dernier jour, nos déambulations nous amènent à un rail où la prise d’élan pavée fait jubiler notre éclopé de ser vice. Le spot est situé sur un rond point du quartier des affaires de Düsseldorf. Entre chaque essai nous pouvons apprécier un panel de voitures toutes plus grosses et luxueuses les unes que les autres. Pierre fait un peu de circulation, et joue avec un automobiliste qui n’apprécie que très moyennement son humour. Il donne le feu vert à Claude pour un ollie par dessus le rail, la poubelle et les plots. Après quelques chutes bien mutilantes, c’est dans la boîte. Un grand merci Claude pour ta volonté ! 75
Un portrait de Cédric Viollet, des propos recueillis par Mackenzie Eisenhour et le reste à proximité des fameux tricks.
« Bonjour, nique ta mère, merci salope, au revoir ! » soyez pas choqués, ces mots représentent la totalité du vocabulaire français maîtrisé par Daniel. Ce n’est certes pas suffisant pour entamer un long débat philosophique mais c’est largement assez pour faire une forte impression auprès des Françaises croisées en soirée ou pour déclencher une bonne bagarre. Daniel a grandi à Fontana, en Californie, dans une banlieue où l’utilisation de chaque mot doit être pesée sous peine de finir entre quatre planches. À neuf ans, il s’est fait braquer sa première board, difficile de se défendre lorsque l’on est menacé avec un flingue à cet âge-là. Quelque temps plus tard, il a troqué ses shoes Hawk et ses boards Birdhouse contre des Lakai et des Chocolate dont il a officiellement intégré les rangs. Après avoir créé la surprise l’année dernière en rejoignant le team Cliché, il repousse aujourd’hui les limites de la nonchalance et fait partie des amateurs les plus doués du moment. Nous avons pu joindre Daniel sur le portable de Jérémie Daclin alors que toute la troupe partait en Allemagne pour une petite tournée. Merci salope ! Ne
Brian Delatorre, ollie.
En arrivant, nous sommes forcés de constater que mes qualités de team-manager ne sont pas encore au point. En effet, avant de partir, j’ai réservé un peu hâtivement un appartement sur internet et, une fois sur place, il s’avère que nous louons à Belzebuth en personne. Murs recouverts de scènes macabres de fornication au fusain, devant des idoles païennes dessinées par le maître des lieux, peaux de bouc disséminées un peu partout, crânes de chèvre, lumière rouge dans certaines pièces, un serpent albinos, épées et autres casse-tête traînant dans tous les coins, un autel où déposer des offrandes à une divinité non identifiée mais clairement du côté obscur de la force, des chandeliers à foison, toiles d’araignées en veux-tu en voilà, une pièce laissée fermée à clef sans raison particulière, et une bibliothèque remplie exclusivement de livres sur l’occulte, les sociétés secrètes, la sorcellerie, la nécrophilie zoophile et plus généralement la destruction imminente de la civilisation par l’intervention musclée du démon. Tout cela serait passé pour presque rigolo si le bailleur avait affiché une dégaine clownesque à grand renfort d’accessoires gothiques ridicules. Mais là, pas du tout, type tout à fait banal, propre sur lui, vous promenant là-dedans tout sourire, comme s’il était parfaitement normal de vivre dans un antre satanique pareil. Autant vous dire que nous l’avons payé rubis sur l’ongle et lui avons rendu sa grotte infernale brillante comme un cul de bébé. Grâce à ces précautions de bon sens, aucun envoûtement diabolique n’est à déplorer dans nos rangs pendant les deux semaines de notre séjour.
Plutôt que de vous ennuyer avec le récit de nos exploits tout relatifs, je profite de cette tribune pour faire un encart culturel sur les « zaméricains » (ce sont les meilleurs). Si vous n’avez jamais eu la chance de côtoyer du « caincs », il y a quelques petits trucs à savoir pour éviter les mauvaises surprises. Pour l’amerloque, en gros (et Dieu sait qu’ils peuvent l’être), tout ce qui n’est pas américain ne compte pas vraiment. Dans leur esprit, le reste du monde dans son ensemble nage dans une sorte de flou uniforme et vaguement répugnant, composé au pire d’un tas de pauvres, au mieux d’un amoncellement de vieilles caillasses pittoresques peuplé de pédérastes. Les gens de la première catégorie, le ricain ne communique avec eux qu’à coup de M16 pour leur apporter la liberté en échange de toutes leurs ressources naturelles. En tant que Français, nous avons la chance d’appartenir à l’autre groupe, ce qui nous permet d’envisager un dialogue quasiment pacifique avec le Yankee ( je dis quasiment parce que ce n’est pas l’adjectif qui définit le mieux la politique étrangère du pays depuis un demisiècle). Mais ne vous y trompez pas, il existe une barrière mentale très puissante qui sépare les « caincs » du reste de la planète et qui les pousse à considérer « l’étranger » comme un être humain de seconde catégorie. La chose n’est pas toujours évidente au premier abord, mais si vous roulez un peu votre bosse, vous ne tarderez pas à identifier ce qu’on pourrait appeler « le syndrome américain » : une sorte d’indifférence teintée de condescendance plus ou moins inconsciente mais systématique à l’égard de tout ce qui ne vient pas de chez eux. Il est ainsi extrêmement difficile pour les ricains de se rappeler le nom et les caractéristiques d’un non-américain. Ils vous demanderont mollement où vous habitez à chacune de vos rencontres et auront l’air de vous voir pour la première fois alors même que vous les avez quittés la veille, meilleurs amis au monde. À partir du moment où vous n’avez pas un ZIP code à leur fournir (l’équivalent du code postal français aux Amériques), vous êtes estampillé « international » (qui se traduit littéralement par « reste du monde hors USA »). Que vous soyez Cambodgien, Finlandais ou Saoudien, c’est la même merde pour tout le monde.
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