SuGaR #129

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Torey Pudwill, Hugo Liard, Walid Mamine, Lucien Clarke, Sewa Kroetkov, Nico Rouquette, Mark Frölich…

L 15375 - 129 - F: 4,95 € - RD

Ricardo Paterno, switch backside flip, par Cédric Viollet.


Charley

Sewa Kroetkov À la base, on n’était pas du tout parti pour aller sur ce spot. La journée avait commencé plus tard que prévu, à Créteil. Sewa a fait quelques essais de hardflip backside revert sur le double set, mais la flemme de Bebert à gérer la circulation à la replaque l’a quelque peu découragé, tout comme la cinquantaine de skateurs allemands qui vadrouillaient sur la place. Après la visite d’un rail, sans conviction, le soleil commence déjà à décliner et on se rabat sur le spot de la mairie d’Ivry, une valeur sûre. Sewa rentre chez lui demain matin et entend bien rentabiliser sa dernière journée à Paris. Plusieurs combinaisons de manual sont envisagées et c’est finalement un nollie hardflip nose manual nollie flip out qui sera rentré en urgence, deux fois, pour cause de chipotage…


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Comme à la maison… Par Benjamin Deberdt

Pierre-André Senizergues et Gil Le Bon Delapointe se croisent par et pour une planche depuis un bout de temps… Pierre-André est, depuis, devenu Monsieur Sole Tech, l’une des rares marques de chaussures fondées et toujours gérées par des skateurs, et Gil développe son coup de crayon en touche à tout curieux, toujours à la poursuite du projet suivant. Les deux viennent d’en réaliser un, et pas n’importe lequel : la PAS House, ou le rêve de tout skateur coincé entre quatre murs… L’excuse pour finalement passer du fantasme à la menuiserie en chambre aura été Public Domaine, l’exposition qui se sera tenue à la Gaîté Lyrique à Paris jusqu’au 7 août. L’occasion de mettre en volume l’idée, toute simple, que les skateurs ont souvent une autre vision de la réalité, même s’il s’agit de celle de leur maison idéale. Voici donc une rapide discussion entre deux passionnés, autour de l’idée que la nécessité est mère de toutes les réalisations, même les plus incongrues...

Je viens de la première vague, je suis venu au skate par le surf, très rapidement, vers 1976. J’étais du Sud-Ouest, donc on avait notre propre scène, mais, de temps en temps, on montait à Paris, et on passait au Trocadéro, évidemment ! De là, on s’est toujours vu régulièrement. En 1985-86, j’ai créé une petite marque de fringues, Gatzby, et l’on a réussi à sponsoriser Pierre qui était déjà parti faire les compètes aux États-Unis. Moi, j’étais devenu freelance designer… Lors d’une soirée de skateurs à Paris, j’avais rencontré Yvon Rautureau qui voulait créer une marque de chaussures et cherchait un graphiste

qui serait un skateur. C’est comme ça que je me suis retrouvé à travailler pour Etnies en 1986, au tout début. On va accélérer un peu le temps et aller directement à vos collaborations sur les « special projects » comme vous les appelez vous-mêmes. P.A

P.A

On s’est rencontré vers 1978, quand j’ai commencé… Lui, il skatait déjà. Gilles était l’un des premiers skateurs sponsorisés en France, par Sims. Je le voyais dans les magazines ! [Rires]

Gil

Vous vous connaissez depuis un bout de temps, non ?

Depuis l’an 2000, je voulais développer des projets un peu à part de Sole Tech, j’avais besoin d’une unité de recherches en dehors de l’industrie du skate, pour pouvoir penser différemment. On a commencé ce studio de création, sous le nom d’Alternative Development Offering. Et l’environnement était l’un des thèmes principaux. L’idée était de développer des projets qui puissent inspirer des gens, mais avec des choses concrètes, que l’on puisse voir et toucher. Et donc, entre autres, on a commencé à parler d’une maison skatable, et aussi de meubles.


Gil

Les meubles, c’est venu du fait que j’aidais Pierre à décorer sa nouvelle maison, et l’on a vite eu cette discussion sur le fait qu’il n’existait rien chez lui faisant penser qu’il venait du skateboard. À ce moment-là a commencé à mûrir l’idée de faire quelque chose qui refléterait chez Pierre-André le milieu d’où il vient. Chez moi, j’avais une copie d’une chaise IMS et un jour j’ai réalisé que de derrière, le dossier était une planche de plywood incurvée qui ressemblait à une board. C’est parti de là. J’ai présenté un premier projet de trois pièces à Pierre et ça s’est développé avec de plus en plus de pièces, sous le nom de SkateStudyHouse

P.A

Pourquoi acheter des trucs déjà faits, pourquoi ne pas les créer et faire des choses qui représentent notre lifestyle ? C’est toujours cette idée de Do It Youself !

Gil

Comment passe t-on de l’idée de faire des meubles à en réaliser ? Je ne viens pas du meuble, mais en tant que designer et skateur, on a déjà passé tellement d’heures à examiner une planche que l’on connaît cette matière, cette forme, et je pense qu’elle nous inspire beaucoup. Je suis toujours parti du principe que si tu sais faire du graphisme, tu peux quelque part tout faire. Ma formation, c’était graphiste designer, mais c’était juste avant l’ordinateur ! Peintre en lettres, les dessins académiques, les logos, c’était une super école, tout à la main !

Alex Ribeiro, frontside blunt. 37



Si, de nos jours, on s’imagine mal être privé d’Internet, l’industrie de la musique se serait bien passée de ce média responsable de l’effondrement des ventes de disques. Du coup, il faut mouiller le maillot pour se faire une place parmi ceux qui vivent de leur musique et chaque sortie d’un nouvel album est accompagnée d’une rude tournée pour en faire la promotion. Dans le cas présent, les gars d’Antiz se doutaient bien que ça ne serait pas les ventes de leur dernier opus « O.A.F », qui allaient leur assurer une retraite sous les cocotiers. Leur seule chance de s’en sortir riches et célèbres était de partir tailler la route pour assurer la promotion de leur dernier album, et c’est précisément ce qu’ils ont fait. Les maisons de disques n’étant plus ce qu’elles étaient, le soutien financier d’une marque de boisson, si possible non alcoolisée par souci d’image, était plus que nécessaire. C’est donc Monster qui a joué le rôle de mécène officiel du tour et qui a permis à la troupe de donner près d’une vingtaine de représentations à travers l’Angleterre, la France, la Belgique, la Hollande, la Suisse et l’Italie, le tout en un mois, jour pour jour. Voici donc les aventures de Sam Partaix, Samu Karvonen, Hugo Liard, Gabriel Engelke, Michel Mahringer, Julien Bachelier, Paul Labadie, Julian Furones et Rémy Taveira, qui ont accompagné deux groupes de rock : Cortona et Ta Gueule, des vrais, aux cheveux sales et dégueulasses, dans ce petit tour d’Europe… Des photographies et un texte de Fabien Ponsero, le tout introduit par Charley.



Un portrait d’Éric Antoine, des photos d’action d’Oliver Barton et des propos recueillis par Mackenzie Eisenhour.

En moins de deux ans, c’est la troisième fois que j’interviewe Mike et je dois dire que je suis de plus en plus rassuré quant à l’avenir de sa carrière. Sa dernière vidéo-part en date, dans la “Not Another Transworld Video”, sortie cet été, a fait forte impression en confirmant le potentiel de celui qui répond au sobriquet de Manderson. Bien qu’aujourd’hui le skateboard n’ait jamais autant ressemblé à un sport “grand public”, à grands coups de Street League et autres Maloof Money Cup, Mike représente le vrai skate, celui qui se pratique dans la rue, loin des projecteurs. Il est un peu le croisement entre Julien Stranger et Mark Gonzales, une espèce rare, qui remet au goût du jour ce qui se faisait de mieux à l’époque, le tout avec vitesse et créativité. Mike est assurément un bon gars, tous ceux qui l’ont rencontré vous le confirmeront. Il s’est volontiers prêté au jeu des questions/réponses, en direct de la plage de Ventura, on pouvait même l’entendre décapsuler des bières en direct !


Gauthier Rouger, switch pop shove-it.

Le guĂŠpard et le paresseux Ă trois doigts 58


L

es tournées de skate sont l’occasion de drôles de mélanges de caractères. Si les deux Allemands précités sont compatibles en tous points, le binôme Gauthier Rouger/ Mark Frölich est des plus improbables. D’un côté, nous avons la personnification humaine de l’animal dont le nom savant est Bradypus Tridactylus , plus connu sous le nom de paresseux à trois doigts.Voici d’ailleurs la définition officielle de l’animal en question : le bradypus tridactylus est doté de membres longs et faibles, avec des extrémités antérieures près de deux fois plus grandes que les postérieures. Sa queue et ses oreilles externes sont très peu développées, et sa tête est légèrement arrondie

avec un nez émoussé. Le cou du paresseux tridactyle est formé de neuf vertèbres cervicales, qui lui procurent son extrême flexibilité. Il se déplace très lentement : moins de dix mètres à la minute dans les arbres (soit 0,6 km/h). En fait, cette lenteur est son meilleur camouflage, il échappe ainsi à la vue perçante de ses prédateurs. Certaines études ont montré qu’il dort environ 18 heures par jour… Bref, ça ressemble à peu de choses près à Gauthier et il devient donc un des mammifères les plus opposés au Frölichus Bangerus.

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Afin

de situer un peu l’histoire, sachez que toutes les images que vous allez découvrir, au fil de ces

quelques pages, vont vous transporter dans un des environnements les plus exotiques, hostiles et sauvages que j’aie eu l’occasion de côtoyer : j’ai nommé le Sud de la France. Ce coup-ci, DVS a choisi de nous parachuter au beau milieu d’un torrent d’anis infesté de cigales et d’une multitude de tribus dont le point commun est un accent à couper au couteau. Volontairement placés dans un environnement sauvage, notre mission est de retrouver la civilisation en moins de dix jours. Pour cela, nous avons à notre disposition : deux camions tout terrain, une équipe de jeunes aux pieds affûtés, quelques cordages et autres toiles de parachute. Par chance, chaque membre de l’équipe possède suffisamment d’expérience dans différents domaines pour assurer la survie de la collectivité…

Par Cédric Viollet


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