SuGaR #132

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L 15375 - 132 - F: 4,95 € - RD

Seb Simon, Flo Mirtain Wes Kremer, Sam Partaix, Ben Gore, Julien Bechet, Joachim Fromant, Nestor Judkins…

Seb Simon, flip, par Charley.


Flip to fakie


Crooked grind, frontside nollie flip out

Et le reste de l’année ? Le reste de l’année, ça va, heureusement ! En fait, ce qui est cool à la Réunion, c’est les microclimats. Il peut pleuvoir chez toi, mais si tu bouges à trois ou quatre kilomètres, tu peux trouver du ciel bleu. Bon, parfois tu ne trouves que des nuages et de la pluie, mais souvent ça fonctionne. L’île ne fait que 200 kilomètres de circonférence, ce n’est pas énorme. C’est marrant qu’il puisse y avoir des conditions météo différentes au sein même de cette petite superficie. Il y a pas mal de villes tout autour de l’île, proches de l’océan, mais aussi dans les hauteurs, là où la végétation devient plus sauvage. En fait, la densité de la population est assez élevée : plus de 800000 habitants pour 2500 km2.

Vous vous déplaciez en bus ? Un petit peu, mais c’est assez mal desservi et il n’y en avait que 3 par jour alors il valait mieux ne pas les rater ! On faisait pas mal de stop pour rejoindre nos potes. Nous, on habitait à Petite-Île, dans le sud sauvage. Il y avait de quoi skater, mais on partait souvent au nord ou à l’ouest où il y avait quand même plus de spots. Il y a un état d’esprit propre aux Réunionnais ? Oui, la mentalité créole est vraiment sympa. Les gens sont super positifs, ils adorent faire la fête, ils sont très avenants et très accueillants. Tu peux te retrouver à boire des coups chez des amis que tu connais depuis seulement un quart d’heure, c’est assez marrant…

« Il peut pleuvoir chez toi, mais si tu bouges à trois ou quatre kilomètres, tu peux trouver du ciel bleu. »

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Je redoutais le moment où j’allais devoir écrire un truc pour introduire Ben. Pourtant, je savais que, tôt ou tard, ça arriverait car il fait partie de ces personnalités atypiques que l’on aime bien avoir dans le mag. Ben, c’est avant tout un personnage hybride : la motivation d’un kid de 15 ans à la généreuse estime de soi montée sur une silhouette lugubre, mixant allègrement plusieurs langues pour communiquer à haut débit avec son environnement. C’est aussi quelqu’un de sincère et attachant, parfois pénible, souvent remonté et toujours impliqué dans dix-mille projets en même temps. Il est unique, ne fait jamais rien comme tout le monde et c’est tant mieux : pas sûr que l’on puisse en supporter plusieurs des comme lui ! Il y a plusieurs années, il avait eu droit à quelques pages dans un Freestyler et l’entretien s’était finalement transformé en exécution sommaire. Ben est un très bon client en matière d’interview et tend régulièrement le bâton pour se faire battre, paré à rendre les coups. Cette fois-ci, on lui donne sa chance… Des actions de Julien Deniau, un portrait et des propos recueillis par Charley.


Quels souvenirs gardes-tu de ton enfance ?

De la joie, j'ai toujours gambadé partout. Ça bougeait beaucoup à la maison et, de toute façon on n'a jamais été une famille « normale ». Avec mes frères, on délirait à pêcher à la main, ma grande sœur nous emmenait tous dormir dans la cabane, en cachette, en plein hiver. Une vraie famille de trappeurs. Avec mon père c’était spéléo, escalade, montagne, canyoning… Je me souviens en spéléo, mon père me faisait entrer dans des petits trous, pour voir s'il y avait un passage et quand j'étais coincé il me tirait par les pieds pour ressortir. J'ai toujours été en contact avec la nature et mes parents m'ont enseigné leur connaissance des champignons, des cristaux, des oiseaux, de la géologie… que j'utilise maintenant et je les en remercie. À quoi ressemble ta vie au quotidien ?

Quand je me lève le matin, je décide de l’orientation de ma journée : je gueule « Aujourd'hui, j' suis heureux ! », ça me met la patate ! Pour ce qui est de mes rapports avec les autres, j'essaie toujours de donner le meilleur de moi-même et puis je sais que chaque personne a une vérité qui lui est propre, je ne juge jamais les gens. Je pense aussi que la 68

parole est une forme de magie : blanche ou noire. Ce qu'on dit aux autres est super important. Dans mon évolution personnelle, j'essaie de vivre au maximum le moment présent : ce n’est pas parce que le passé est merdique, ou qu'il y a des problèmes à résoudre, qu'il faut rater le présent, il faut créer du positif. Et puis je fais confiance aux gens, sans arrière-pensée, et ils me le rendent bien ! Je pense que notre société actuelle est en fin de vie, c’est un monde de pouvoir et de matérialisme. Certaines personnes ne sont pas conscientes que le monde est vaste et qu’il existe d’autres choses que la consommation et les prises de tête. J’essaye de créer mon rêve personnel, dès que je me connaîtrai vraiment, je pourrai donner le meilleur et le faire partager. J’essaye de m’ouvrir à un monde énergétique et spirituel.


« …ce n’est pas parce que le passé est merdique, ou qu'il y a des problèmes à résoudre, qu'il faut rater le présent… »

Tu es une des rares personnes que je connaisse à faire autant attention à son alimentation…

J'aime bien faire attention à ce que je mange, je trouve que les aliments renferment des informations. Pour les légumes, c’est où ils ont poussé, qui les a faits pousser, dans quel environnement... Pour la viande, l'environnement compte aussi, la manière dont les animaux ont été nourris, et surtout la manière dont ils ont été traités puis abattus. Je pense que le corps ressent et utilise toutes ces informations. Il est donc important de connaître ce que l’on mange. Je pense qu'une grande partie de la nourriture actuelle est envahie par les engrais, les pesticides, les OGM et que c'est néfaste. La nature fait bien les choses, on devrait lui foutre la paix. Quels sont tes autres centres d’intérêts ?

Je m’exerce à la musique, plus précisément la guitare et un peu de didgeridoo, j’aimerais apprendre le piano. Ma mère joue du piano et du violon, elle me donne envie de m’y mettre. Le piano est un instrument qui permet d’exprimer ses sentiments plus facilement. La musique permet de rassembler les gens et de passer de bons moments. Je crois au fil conducteur de la musique vers la bonne humeur. J’ai envie de créer un savoir musical qui me per-

mettra d’atteindre le summum du ressenti d’une note de musique ! Mais pour cela il faut encore beaucoup de travail. Le secret est de ne jamais se prendre la tête, si je commence à m’énerver, j’arrête et je laisse les choses apprises entre-temps s’imprimer, pour y revenir plus tard. Quels sont tes projets ?

cains. Il faudrait qu'ils puissent venir en France à leur tour... En décembre, c'est le grand saut pour l'Inde avec plusieurs potes. 15 jours pour skater à New Delhi, et 15 jours de vadrouille pour découvrir le pays. Peut-être les Philippines en février… J’ai envie de continuer à me balader pour voir mes potes et approfondir ma vision du skate. Ma démarche m'amène à travailler mentalement ma façon de skater, pour rentrer de nouveaux tricks et éviter les boîtes ! Une conclusion ?

« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l’argent ne se mange pas ! » Proverbe d’un indien Cree.

Pour les mois à venir, je repars au Maroc, à Agadir. Ça va être super de retrouver les skateurs maro69



Il faudrait vraiment établir une théorie qui expliquerait pourquoi les skateurs les plus forts viennent de villes où il n’y a pas de spot. Charles Collet, Fred Demard et Maxime Genin viennent de Grenoble. Je ne sais pas si vous avez eu le malheur de vous retrouver là-bas, mais c’est la pire ville du monde en ce qui concerne le skate, pourtant les Grenoblois sont trop forts. Avec

Des photographies de Pierre Dutilleux, une introduction et des propos recueillis par Arthur Derrien.

Gap c’est le même principe, mis à part le fait que la ville fout un peu moins le cafard. Fred Pellenq est un surdoué du skate, et Florent, comme vous allez le voir dans les pages qui suivent est plus ou moins l’un des meilleurs skateurs français du moment. Comment un mec qui faisait des flips Indy en coupe de France, il n’y a pas si longtemps, se retrouve à partir en tournée avec Chico Brenes ? Et comment un gars, dont la timidité est quasi maladive, arrive-t-il à s’entourer d’autant de gens de confiance dans ce milieu ? En tout cas j’espère que ces quelques pages vont vous aider à découvrir ce curieux personnage, parce qu’il y a de grandes chances que ce soit la seule occasion que vous aurez d’entendre ce qu’il a à raconter !


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