SuGaR #138

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SKATEBOARD MAG

L 15375 - 138 - F: 4,95 € - RD

Alex Maison, kickflip par Clément LeGall



Des photographies d’action, des ambiances noir & blanc et un texte d’Alex Pires, des ambiances couleur et une introduction de Luidgi Gaydu.

Un peu partout en France, nous avons eu droit à un printemps particulièrement maussade. Notre nouvelle équipe au chevron avait besoin de soleil et nous avons donc choisi de partir à Alicante, cité portuaire bordée par la méditerranée. C’est une ville très touristique, peuplée d’un peu plus de 300 000 habitants et qui remplit son rôle à merveille en nous offrant un bon bol d’air et de soleil, tout ce dont nous avions besoin ! Nous avons pu découvrir l’Espagne sous un autre angle, en visitant une région différente de la désormais classique Catalogne et du traditionnel Pays Basque. Installez-vous confortablement, voilà le récit de nos dix jours passés dans la province d’Alicante. Enjoy !


Tu es, depuis peu, officiellement chez Cliché. Comment es-tu entré dans le team ?

En fait je skatais pour Alaï, une marque espagnole, depuis pas mal de temps et, avec l’arrivée de la crise, la situation devenait de plus en plus compliquée. Un jour, je parlais de ça avec Javier Mendizabal et il m’a dit que les choses se passaient plutôt bien pour Cliché et que si je voulais, il pourrait parler de moi à Jérémie [Daclin]. Il me semble que Luigi, le gars qui s’occupe du marketing en Espagne, a, lui aussi, parlé de moi aux gars de Cliché et quelque temps après, j’ai appris qu’ils étaient chauds pour me prendre dans le team. J’étais à bloc ! Lorsque j’étais jeune, Cliché était l’une de mes marques préférées. En plus, le fait que ça soit une marque européenne, qui avait été créée en France, rendait le truc encore plus fascinant. Ce n’était pas juste une marque américaine de plus, mais une compagnie qui venait de “chez nous”.

“Dans ma vie, je ne suis pas sûr d’avoir toujours pris les bonnes décisions, mais aujourd’hui, je suis content d’être là où je suis…” Du coup, tu es allé faire un petit tour à Lyon, où la marque a son QG…

Oui, ils avaient organisé un petit trip avec le team international, c’était bien cool. On a visité les bureaux, rencontré Jérémie, Al, Flo, Boris, Adrien… que des bons gars ! On est resté là-bas une semaine ou deux, je ne sais même plus… On a filmé, fait quelques photos… on s’est surtout bien marré ! Un petit clip est sorti sur le net avec quelques images… D’autres images ont été mises de côté pour la prochaine grosse vidéo qui devrait sortir cette année. Je me souviens qu’il y a vraiment pas mal de bons spots à Lyon et dans ses environs. J’étais rassuré de voir que je m’entendais bien avec tous les autres gars du team. Et puis il y avait toutes ces boulangeries, avec tellement de bons trucs à manger à l’intérieur… J’espère y retourner bientôt, je suis chaud ! Tu as déjà visité un endroit que tu as préféré à Cadiz ?

Je ne me suis jamais trop posé la question… Je ne sais pas trop en fait. J’ai voyagé dans beaucoup d’endroits magnifiques, des villes où je pourrais vivre, sans aucun problème, mais le lieu ne suffit pas toujours, j’accorde beaucoup d’importance aux gens qui m’entourent. À Cadiz, je connais tout le monde, j’ai de nombreux amis là-bas et toute ma famille aussi… Ça compte beaucoup !

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Tu te souviens de tes débuts sur un skate ?

J’ai grandi avec mes amis d’enfance, on habitait tous dans la même rue. Plusieurs d’entre-nous avaient des grands frères qui ont fait du skate à un moment ou à un autre, donc il y avait quelques planches qui traînaient dans nos garages. Petit à petit, on les a sorties et on a commencé à en faire sans vraiment se mettre à fond dedans. À un moment, on a tous plus ou moins laissé tomber. J’ai délaissé nos vieilles boards et j’ai commencé à jouer au foot… Quelque temps après, ma sœur avait des potes skateurs et, lorsque je les ai rencontrés, ça m’a remotivé pour m’y remettre, plus sérieusement cette fois. Dans ma vie, je ne suis pas sûr d’avoir toujours pris les bonnes décisions, mais aujourd’hui, je suis content d’être là où je suis, si tout était à refaire, je ne changerais rien ! Justement, que serait devenue ta vie sans le skate ?

On ne peut jamais trop savoir… Ça dépend de tellement de choses… J’aurais pu faire du skate jusqu’à ce que je rentre à la fac, où je me serais consacré uniquement à mes études. J’aurais peutêtre pu devenir ingénieur et faire un métier “normal”, j’espère au moins que j’aurais été bien payé ! [rires] Si le skate n’avait jamais croisé ma route, je me serais peut-être mis à fond dans un autre sport et qui sait, j’aurais pu faire carrière… J’aurais été une autre sorte d’athlète ! [rires] Tu rentres tout juste d’un tour du monde, tu peux nous parler un peu de cette expérience ?

C’était incroyable de visiter autant d’endroits d’une seule traite. Ça accentue encore plus les différences de culture entre chaque étape. Ce genre d’expérience donne pas mal à réfléchir sur notre quotidien, c’est quelque chose qui m’a beaucoup apporté. C’est le magazine de skate espagnol Dogway qui a organisé cette expédition. Ils se sont débrouillés pour financer la totalité du tour, avec l’aide des sponsors de chaque participant. On est passé par le Qatar, New Delhi, Bangkok, Melbourne, Sydney, Honolulu, Los Angeles, San Diego puis San Francisco. On est resté plus ou moins une semaine par étape, mis à part le Qatar où on ne s’est arrêté qu’une seule journée vu que l’on avait raté notre correspondance. On a tout de même bien pu profiter de cette étape forcée, rajoutée à la dernière minute. Vu que l’on avait une journée complète sur place, on a pu visiter quelques spots, faire plusieurs photos et filmer quelques images. Quels sont les endroits que tu as préférés ?

Je dirais Hawaii et la Thaïlande… pour diverses raisons. La Thaïlande est une destination très intéressante et surtout très surprenante. La vie y est vraiment bon marché et j’aime beaucoup la nourriture thaï donc ça joue aussi. Certains ont même prolongé leur séjour là-bas, pour visiter des îles paradisiaques. J’imagine qu’ils se sont bien éclatés… En ce qui concerne Hawaii, c’était vraiment relax, on a fait plein de trucs complètement différents et c’est ce qui m’a plu. On a bien skaté, fait un peu de surf, passé du temps dans la nature, à promener dans les montagnes, se baigner aux pieds des cascades... Chaque jour était différent du précédent… C’était exactement ce dont on avait besoin à ce moment-là, c’était vraiment chouette.


Frontside pop shove-it.



Barcelone, 6 mai 2012, le team Etnies Europe, à savoir : Willow, Barney Page, Albert Nyberg, Axel Cruysberghs et Julian Furones, accompagnés de José Rojo, Devine Calloway et le très attendu Ryan Sheckler signaient des autographes dans un magasin de la ville. Une fille sort en courant, un poster signé par son idole à la main, et crie à qui veut l'entendre “C’est comme si je venais de rencontrer Justin Bieber !”. C'est ce que Ryan Sheckler est pour ces filles qui s'amassent au milieu de quelques skateurs dans des files d'attente, une version plus abordable de Justin Bieber. Un rapide rappel historique : Ryan Sheckler est un skateur talentueux et largement “marketé”, qui est apparu pendant trois saisons dans une émission de télé-réalité sur sa propre vie de 2007 à 2009. Aujourd'hui, Ryan a (un peu) mûri et skate mieux que jamais, mais il reste la proie des fans de télévision du monde entier qui le poursuivent aussi bien dans la vraie vie que sur instagram. Cette tournée d’une semaine à Barcelone suivie de trois jours à Milan était ponctuée de grosses séances d'autographes de la star et, accessoirement, du reste du team. Sur le vol entre l'Espagne et l'Italie, même le steward demande un autographe et une photo à Ryan. Je n'ose même pas imaginer ce qui se passe lors d'une tournée avec lui aux Etats-Unis. D'ailleurs 50% des fans qui sont venus chercher religieusement leur autographe lors des trois séances officielles n'ont probablement jamais posé un pied sur un skateboard. Ils sont simplement fans, fans de la gloire, de l'argent et de stars californiennes qui vivent de manière démesurée… Nous reviendrons à Ryan un peu plus loin… Par Éric Antoine


Quand as-tu pris conscience que le skateboard pourrait un jour devenir ton “travail” ? Lorsque l’un de mes sponsors m’a appelé et m’a dit : “Eh Ryan, on aurait besoin d’une photo de toi pour faire une pub…”. Pour toi, quels sont les bons et les mauvais côtés du statut de skateur pro ? Le bon côté c’est bien sûr de pouvoir skater tous les jours ou, du moins, dès que l’on en a envie, être tout le temps avec ses potes. Pour les mauvais côtés, il n’y en a pas vraiment… Ah si, parfois, être tout le temps en voyage, loin de chez soi, ça peut être pénible. Surtout lorsque tu te retrouves dans des endroits où tu n’as pas forcément envie d’être…

Il y a quelque temps, tu es venu en Europe. Tu as passé quelques jours en France, c’était comment ? C’était vraiment cool ! Mais on est juste resté dans les environs de Lyon, on n’a pas vraiment eu le temps de visiter votre pays. J’ai été vraiment frappé par les paysages, les montagnes… On a fait quelques démos et les gens avaient l’air vraiment à bloc que l’on soit là. Quels sont les skateurs français que tu surveilles du coin de l’œil ? Bastien Salabanzi ! Je l’ai rencontré il y a quelques années pendant le Dew Tour. C’est quelqu’un d’assez incroyable, il est tellement à fond… Quelle est la pire question que vous avez l’habitude d’entendre avec ton frère ? “Lequel des deux est le plus fort ?” Il faut vraiment être bête pour nous demander ce genre de trucs. Avec ton frère, vous n’avez que quelques sponsors en commun. Vous préférez faire chacun votre truc de votre côté ou vous aimeriez skater pour les mêmes marques ? Disons qu’on laisse les choses se faire naturellement. On skate tous les deux pour Arnette, pour la nouvelle marque d’accessoires AWSM et pour Red Dragon. C’est vraiment bien d’avoir des sponsors communs, ça nous permet de voyager ensemble et de bien nous marrer. Lorsque l’on skate tous les deux, on se met la motive et on est plus productif.

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Décris-nous une journée type… J’essaie de faire trois vrais repas, de ne pas faire n’importe quoi au niveau de la bouffe. Je skate tous les jours, ou presque, jusqu’à ce que je n’aie plus de force dans les jambes ou plus d’essence pour bouger sur un autre spot… [rires] La journée se finit généralement autour d’une ou deux bières fraîches… Les limites de ce qu’il est possible de faire avec un skateboard sont sans cesse repoussées, comment vois-tu l’avenir ? Des rails encore plus longs ? Des tricks encore plus techniques ? Le skateboard évolue de manière naturelle, chaque skateur passionné contribue à faire progresser le skate dans son ensemble. Je pense que ce n’est pas seulement le skateboard qui évolue, mais plutôt les skateurs. Aujourd’hui, je ne ressens pas le même feeling qu’hier lorsque je saute douze marches en frontside flip. C’est dans l’ordre des choses de progresser et d’avoir envie de refaire ses tricks sur des spots toujours plus gros. Si tu fais toujours les mêmes genres de tricks sur les mêmes genres de spots, tu finis par te lasser. Le fait de se dépasser permet de progresser, mais aussi de prendre du plaisir en apprenant des nouveaux tricks ou en essayant ceux que l’on maîtrise déjà sur des spots plus engagés. Quel trick te paraît vraiment impossible ? Tous ceux de Danny Way ! [rires] Parlons un peu de la vidéo Darkstar qui sort le mois prochain. Cela fait combien de temps que tu filmes pour ce projet ? Ça ne fait pas si longtemps que ça en fait. Là, ça doit faire à peu près un an que j’ai filmé les premiers tricks. En fait, j’ai commencé à filmer pour cette vidéo juste après avoir fini ma vidéo-part pour les X-Games Real Street 2011.


Nollie flip


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Des photographies de ClĂŠment LeGall (sauf indiquĂŠ), quelques ambiances et un texte de Damien Marzocca*.


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Histoire de se réunir pour partager du bon temps sur nos skateboards et manger un peu de béton entre “team mate” comme on dit dans le jargon, nous avions choisi de déserter la France pour délaisser, le temps d’une semaine, nos diverses activités extra-skateboardistiques. Direction le pays de la bonne bière et des “fricadelles sauce dallas” ! Enfin, ça c’est ce qui était prévu à la base, mais comme dit le proverbe : ce sont toujours les moments imprévus qui sont les plus intenses et les plus drôles à vivre. Changement de direction à la dernière minute donc, pour découvrir l’Andalousie comme il se devait : sous les tentes !!!


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