SKATEBOARD MAG
Allen
L 15375 - 139 H - F: 4,95 â‚Ź - RD
Matt Miller, backside smithgrind par Dave Chami.
DAVE CHAMI
Charley
Max Geronzi
Ce jour-là, Max n’était pas parti pour skater. Il avait pris soin de ne pas emporter sa board et c’est chaussé de tongs qu’il nous a rejoints, en mode « décontracté ». Pourtant, Max a rapidement participé à la session en empruntant une planche et en sautant ce street gap, pieds nus, first try. Je lui propose alors de faire la photo, mais le Perpignanais ne compte pas en rester là : « Ok, mais si on fait une photo, j’essaie un vrai truc ! ». La suite, vous l’avez sous les yeux un peu plus haut, un backside flip, rentré après une dizaine d’essais infructueux, les pieds en charpie, réparés à l’aide d’un vieux kleenex et d’un lacet... Sacré Max !
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Lucas a déjà tué ce spot de la gare de Milan dans de nombreuses vidéos et notamment une des plus influentes de ces dix dernières années. Comme souvent, le spot est moins évident à skater qu’il ne paraît en vidéo… Pour corser encore un peu la chose, un couple de SDF/gypsy/crackhead a élu domicile sur le spot. L’endroit fait donc office de chambre, toilettes, salon… avec tout ce que vous pouvez imaginer de pire… Le switch tailslide switch heelflip out relève donc bel et bien de l’exploit !
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Frontside noseslide
Frontside flip
« … il faut que le skate reste un jeu et que l’amusement soit toujours la priorité. » Salut Andrew, tu es prêt à parler en français ? Oui, bien sûr ! « Puis-je tailler mon crayon, s’il vous plaît ? » [en français dans le texte] Ah ouais, quand même… On va tout de même continuer en anglais, ça sera plus simple pour nous deux. Tu as voyagé cet été ? Je suis juste allé à Denver, dans le Colorado, pendant deux semaines, pour une tournée Anti Hero. On a skaté beaucoup de skateparks dans le coin… Là, j’ai pas mal d’autres voyages en prévision… On va peut-être venir quelque temps en Europe, pour filmer pour la prochaine vidéo Vans. J’essaie de ne jamais rater l’occasion de bouger ! Bon, du coup tu vas aller aux X-Games de Los Angeles, j’imagine… [rires] Non, je préfère rester bien calé chez moi et regarder le contest à la télé. Tu surfes toujours ? Ouais, c'est l'été donc j’essaie d’aller à la plage le plus souvent possible, au moins pour me baigner, mais, s’il y a des vagues, j’en profite !
Pour toi, le skate et le surf sont des activités proches ? Évidemment, il y a beaucoup de similitudes. Lorsque tu droppes une vague, c’est un peu la même sensation que de dropper d’un quarter. Et puis, tu carves un peu de la même manière, que ça soit sur l’eau ou sur du béton… Mais il y a aussi des aspects très différents : le surf se pratique en pleine nature alors que l’on skate dans un environnement urbain voire fabriqué spécifiquement pour ça. De ce point de vuelà, ça n’a plus rien à voir. Les surfeurs considèrent leur passion comme une véritable religion. Selon toi, devrions-nous prendre le skateboard aussi sérieusement ? Oui, bien sûr. De toute évidence, le skateboard prend une place énorme dans ma vie. Tout tourne autour du skate, c’est comme ça. Lorsque je marche dans la rue, je vois les choses à travers mes yeux de skateur : les spots, les gens… Pas mal de sports prennent beaucoup de place dans la vie de ceux qui s’y adonnent, mais le skateboard est tellement libre que ça va bien au-delà d’une simple passion. Le fait qu’il n’y ait aucune règle rend la chose incroyablement prenante. J’espère que ça sera toujours le cas, il faut que le skate reste un jeu et que l’amusement soit toujours la priorité. Vous attrapez votre board, et c’est parti !
Tu sembles avoir beaucoup été influencé par Anthony Van Engelen, autant pour les tricks que pour le style vestimentaire. Tu fais partie de ses fans ? Évidemment, c’est l’un de mes skateurs préférés et maintenant, on est devenu de très bons amis. En grandissant, c’est quelqu’un que j’ai toujours admiré, son style de skate me plaisait énormément et il m’a beaucoup influencé. Et puis, j’aime bien avoir les cheveux tirés en arrière, me laisser pousser la moustache et porter des chinos bon marché [rires]… Anthony est le pionnier du style hesh/tech, à l’époque il faisait déjà des switch frontside crooks habillé comme un skateur de pool ! C’est exactement ça ! Et ça vient de lui, c’est sûr… Et puis, c’est comme ça que s’habillent la plupart de mes potes, donc forcément, j’ai suivi… Tu connais bien Jason Dill aussi. Tu as des bonnes histoires à son sujet ? J’aime beaucoup passer du temps avec Dill. C’est un gars assez excentrique, qui n’a jamais peur de partager son opinion et de dire ce qu’il pense vraiment des choses ou des personnes. À chaque fois que j’entends sa voix, ça me fait marrer. On avait partagé une chambre pendant quelque temps en Australie, c’était il y a plusieurs années. Il était là, à lire ses journaux en fumant et il racontait des trucs insensés… Je cherche une anecdote en particulier, mais il y en a tellement…
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ANGLETERRE – FRANCE En différé de Londres
Par notre envoyé spécial Kévin Métallier.
En cette période particulièrement riche en événements sportifs incontournables et ô combien médiatiques, à l’instar du tour de France à bicyclette, de l’Euro de Football ou encore des Jeux Olympiques, les Hautes Instances Européennes du Skateboard Professionnel (HIESP, dont le siège est à Bucarest) ont décidé, elles aussi, de créer un rendez-vous sportif majeur, à la fois novateur et fédérateur. C’est de cette idée qu’est né The Skate Match. Un véritable championnat européen réunissant les meilleurs cascadeurs sur roulettes du vieux continent, tous triés sur le volet et sélectionnés après de longs tests physiques, techniques, psychologiques et arithmétiques, afin d’offrir au public le meilleur du skateboard. Sponsorisés par les dentifrices Colgate, la mayonnaise Amora, l’ANPE, Etam Lingerie et le magazine Téléstar, voici en avant-première mondiale, le premier épisode de The Skate Match : Angleterre – France, en différé de Londres.
Arbitre de la rencontre Jean-Luc Orrompu (Moldave). Terrain Streets of London. Spectateurs 3 millions d’habitants.
Scott « Horsey » Walker, frontside nosepick "tirette"
Le règlement Chaque équipe nationale se compose de deux joueurs (pas de remplaçant). Chaque match se déroule dans une capitale européenne, avec un temps réglementaire de jeu de deux jours (soit deux mi-temps). Chaque fois qu’un trick est exécuté, l’équipe marque un point. Si le trick a déjà été effectué sur le même spot auparavant, le point n’est pas comptabilisé (hors jeu), si le trick n’est pas cor-
rectement exécuté et validé par la vidéo, le point est refusé. L’équipe qui marque le plus de points l’emporte. En cas de mauvais comportement sur le terrain, de tentative d’escroquerie, de retard, d’agression sur l’arbitre, de consommation de substances illicites ou de manque de fair-play, le joueur peut être pénalisé par un carton jaune, voire expulsé de la rencontre par un carton rouge.
Rock to fakie
À quoi tu pensais durant tout le temps où tu grindais ? Je ne sais pas trop, au début je me disais juste : “Reste bien droit, le corps bien au-dessus de la board, garde l’équilibre !”. Après avoir grindé les trois quarts, je pensais : “Allez, encore un peu, tiens le coup... ”, et puis la fin arrivait, je ne voulais pas tomber en replaquant : “Merde, je suis au bout, c’est la fin, il faut plaquer !”. Sur la vidéo, on voit bien que tu es content de l’avoir rentré... Oui, je ne pouvais plus me contrôler ! Je suis comme ça, je n’arrive pas à dissimuler mes sentiments, il faut que ça explose ! J’ai du mal à rester indifférent, il faut que ça sorte...
Qu’est-ce que tu as fait après avoir pété ta board et filé un coup de pied dans la barrière ? Ce jour-là, je m’étais déjà pris des bonnes boîtes. Je suis tombé en skatant le rail, mais aussi sur d’autres spots que l’on avait skatés plus tôt dans la journée. Du coup, j’étais un peu rincé, je suis rentré chez moi et j’ai maté un film. C’est marrant, un skateshop te propose de filmer une petite vidéo et tout à coup, tu te retrouves partout dans Thrasher, et tu pars aux États-Unis... Comment c’était là-bas ? C’était vraiment à la cool, sans prise de tête. Maintenant, je vais régulièrement aux States. Lorsque je suis là-bas, je skate beaucoup et je rencontre pas mal de monde avec qui je m’entends bien... C’est le top ! Quel est le voyage qui t’a le plus marqué ? Je dirais San Francisco, on a vraiment passé du bon temps là-bas...
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Ollie drop-in
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Jack Fardell 路 Noseblunt 路 Canberra, Australie 2007 Dave Chami 路 Polaroid
DAVE CHAMI
Une fois que l'on a décidé de se lancer à corps perdu dans la photo de skate, tout n’est plus question que de motivation. C’est cette même motivation qui va déterminer la durée d’une carrière et qui va faire en sorte que le travail d’un photographe sera reconnu des années durant ou tombera rapidement aux oubliettes, après seulement quelques bons clichés. Le plaisir du photographe est intimement lié à celui du skateur, l’un ne peut fonctionner sans l’autre et, bien entendu, c’est très bien comme ça. Dave est né en Nouvelle-Zélande, à plus de 11000 kilomètres du centre névralgique du skateboard et cela ne l’a pas empêché de devenir l’un des photographes les plus reconnus. De la motivation, il en a à revendre et son parcours a été long et sinueux avant qu’il n’atterrisse à San Francisco, son lieu de résidence actuel. Sa route a aussi bien croisé celle des gars de Lakai qui filmaient leurs dernières images pour la vidéo Fully Flared en Chine que celle de Matt Munford, haut perché en stalefish, sur un hip perdu dans l’arrière pays australien. Dave savoure chaque seconde qu’il passe derrière l’objectif, peu importe où il est et avec qui, c’est toujours avec plaisir qu’il se charge de capturer ces instants privilégiés. Aujourd’hui, sa productivité force le respect : il shoote des gars de tous horizons et dans des formats sans cesse différents. Il est la preuve vivante que le plus dur est de trouver sa voie ; après, le talent et la motivation s’occupent de vous mener à bon port. Merci pour toutes ces années d’inspiration ! Oliver Barton