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ROWAN ZORILLA Loïc Benoit

Alors qu’il pleut sur Paris depuis déjà pas mal de temps, les différents teams présents sur la capitale profitent d’une petite accalmie pour se retrouver, un peu par hasard, aux fameux plans inclinés de Créteil. Au milieu du brouhaha collectif, le jeune Rowan trouve le moyen d'ouvrir une nouvelle voie sur ce spot qui a déjà vu passer un bon paquet de tricks. Cerise sur le gâteau, après quelques essais en poussant, un « jeune des cités » bien cool, qui passe par là avec sa mobylette des temps modernes, lui propose même de le tracter. Trois essais de plus et le ollie est rentré ; les « Hell yeah ! » ou encore « Awesome ! » pleuvent par milliers… 13


Feeble


3-6 flip

donne souvent des gens introvertis qui manquent de confiance en eux, qui restent chez eux, qui ont du mal à communiquer… C’est un problème d’éducation je pense. Je connais plein de skateurs de 18 ans qui ne sont jamais sortis de Belgique, c’est fou, nous, on prenait le train juste pour aller skater en Allemagne ou ailleurs, aujourd’hui j’ai l’impression que les jeunes ont beaucoup plus de mal à se bouger. Heureusement, il y a quand même quelques jeunes belges comme Trevor (Cappon) et quelques autres qui se bougent et qui commencent à faire parler d’eux… REVENONS UN PEU EN ARRIÈRE ET PARLONS BRIÈVEMENT DE CETTE PÉRIODE OÙ TU FAISAIS PARTIE DE CETTE POIGNÉE DE SKATEURS EUROPÉENS SPONSORISÉS PAR ZERO…

C’était vraiment hallucinant pour moi de me retrouver là ! Ce sont de très bons souvenirs, notamment le fait d’avoir pu skater avec Jamie Thomas, je me souviens notamment d’une session avec lui dans un park où il applaudissait nos tricks, pour moi c’était vraiment quelque chose d’incroyable… Qu’un mec comme ça, avec tout ce qu’il a accompli en skate, tout ce qu’il a pu voir… puisse apprécier ce que tu fais, c’était vraiment une grosse source de reconnaissance.

IL N’Y A PAS VRAIMENT EU DE DÉSILLUSIONS POUR TOI AVEC CES EXPÉRIENCES OUTRE-ATLANTIQUE ?

Non, pas vraiment. Il faut bien comprendre que l’atmosphère et l’univers du skateboard aux EtatsUnis sont complètement différents de ce qui existe en Europe. Tout est beaucoup moins axé sur la compétition chez nous, alors que là-bas c’est tout l’inverse, ils sont à fond compétition. C’est vraiment une autre mentalité… À partir du moment où tu as compris ça, tu n’abordes plus les choses tout à fait de la même manière lorsque tu es là-bas… C’est aussi pour ça, je pense, qu’il y a encore une différence de niveau entre l’Europe et les States. Honnêtement, moi je n’ai jamais eu cette approche-là, je n’ai pas skaté sur un curb pendant des heures pour apprendre un nouveau trick parce que d’autres savaient le faire, j’ai fait du skate parce que j’aimais les sensations que ça me procurait et je me suis amélioré petit à petit à force d’en faire tous les jours parce que j’adorais ça… Même si des fois j’ai pu me faire mal en me jetant sur des gros gaps, c’était quand même d’énormes sensations, l’adrénaline… C’est ça que je recherchais avant tout, c’est vraiment addictif…

paramètres qui entrent en compte aujourd’hui qui n’étaient pas là avant. Par exemple, je vais beaucoup plus penser aux risques et aux conséquences si je me blesse, par rapport au boulot… Aussi, en vieillissant, après toutes les boîtes que tu as prises, tu n’es plus aussi inconscient qu’avant et tu n’oses plus faire certains trucs que tu aurais faits direct quelques années plus tôt… POUR CONCLURE, AVEC LE RECUL ET L’EXPÉRIENCE, SI TU DEVAIS DONNER UN CONSEIL À LA NOUVELLE GÉNÉRATION…

Amusez-vous et quoi que vous fassiez, faites-le parce que vous aimez vraiment ça… Je crois pas mal au « Karma », du coup j’aurais tendance à conseiller de bien se comporter avec les autres…

AUJOURD’HUI, TA MANIÈRE DE FAIRE DU SKATE A PROFONDÉMENT CHANGÉ ?

Psychologiquement ça devient plus dur de faire du skate comme avant pour moi. Il y a tout un tas de

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Taildrop to smithgrind

SALUT JARNE, QUOI DE NEUF ?

Ça pourrait aller mieux parce que je viens juste de me casser la main. Je saurai cette semaine si je dois me faire opérer ou non, à part ça tout va bien !

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T'AS FAIT LA FÊTE HIER SOIR ? ON TE CROISE SOUVENT EN MODE « GROSSE TEUF », COMBIEN DE FÊTES TU FAIS PAR SEMAINE ?

Ah ah, non, même pas, j'ai passé ma journée dans le canapé, à essayer de faire repousser mes os et ensuite je me suis couché tôt. Je me dis que ça peut aider. Mais, pour en revenir aux soirées, c’est vrai que si on se voit quand on est sur la route pour un event ou une tournée, là oui, c'est party time !

ÇA N'A PAS L'AIR D'AFFECTER TON SKATE EN TOUT CAS !

Parfois c'est cool de skater avec la gueule de bois parce que j'ai l'impression que mon cerveau fonctionne différemment et que mes muscles sont plus souples. Du coup, je suis plus détendu et je ne pense pas trop au danger. Mais ce n'est pas tout le temps le cas, après deux jours avec la casquette en plomb, tu commences à trembler et à perdre le contrôle. Quel qu’il soit, je pense que tout abus est néfaste.


Frontside 180 to switch crook

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WILLIAM MONERRIS Backside smithgrind

BRIAN PEACOCK Backside 180 fakie nosegrind

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Après une journée bien remplie et pas mal d’images filmées pour la prochaine vidéo Hélas, on se dirige vers un petit marché, histoire de se ravitailler en cochonneries en tous genres et en jus hyper caloriques. Et c’est finalement là que nous finissons la soirée car en plus de la nourriture et des boissons,

Nous avons d’abord essayé de skater ce spot situé à l’entrée d’un centre commercial durant la journée, mais le rail venait d’être peint et le vigile qui gardait les lieux faisait plutôt bien son travail. Nous y revenons régulièrement, histoire de nous confronter aux différents gardiens qui ont des seuils de tolérance variables. Certains se montrent conciliants, d’autres intransigeants et d’autres enfin plutôt curieux. Lors d’une première session dans la pénombre, William rentre un 50-50 puis un five-0 avant de conclure par un frontside tailslide. Il nous faudra revenir encore plusieurs fois pour immortaliser ce backside smithgrind et une nouvelle couche de peinture ne sera pas de trop, histoire d’effacer les traces de notre passage…

il y a tout ce qu’il faut pour bien s’amuser : un polejam, des curbs et un manual pad, tout ça sur le même trottoir. Bien que le spot se situe dans la zone commerçante, personne ne vient nous en déloger et il est même suffisamment éclairé, ce qui est assez rare ici pour être souligné.


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Nollie heelflip 44


JUSTEMENT, SANS JAMAIS QUITTER PERPIGNAN, TU AS RÉUSSI À TE FAIRE UN PETIT NOM…

Disons que j’ai toujours eu mes attaches ici, j’ai voyagé, j’ai fait plein de trucs, mais je revenais toujours ici, c’était mon point de chute. Parce que mes amis et ma famille sont là. Et puis, pour le skate, c’est quand même cool, y’a plein de spots, on est à une heure et quart de Barcelone… On s’est même motivé pour construire un spot dans un vieux hangar abandonné « La Morgue » pour les jours de pluie. On voyait que les Toulousains se bougeaient à bloc et construisaient leur propre spot, du coup, avec Nathan [Tailpied], on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse pareil, à notre sauce. On a dû mettre une bonne année à tout construire, on a fait des courbes, des curbs… On était à fond dans ce délire, à tel point qu’on n’allait plus trop skater en ville. À une époque on était tout le temps fourré là-bas, maintenant on n’y va plus trop… Les époques se sont enchaînées, plein de choses se sont passées, mais j’ai toujours été bien ici. Jusqu’à présent je n’avais pas vraiment de raisons de partir. Aujourd’hui j’ai 29 ans, j’ai envie de vivre d’autres choses, de me projeter…

LA SCÈNE DE PERPIGNAN EST TOUJOURS RESTÉE UN PEU DANS L’OMBRE...

Oui, alors qu’il y avait pas mal de monde de motivé à une certaine époque. Julio [Julien Sola] avait monté un skateshop, Supply, et ça avait vraiment dynamisé la scène. Tous les kids étaient opérationnels, en parallèle l’association s’occupait des jeunes, tout le monde skatait ensemble… Aujourd’hui il n’y a plus de skateshop où tu peux chiller, où tu donnes rendez-vous à tes potes avant de partir skater. Du coup la scène est moins unie aujourd’hui qu’elle ne l’était à une certaine époque. Mais ça n’empêche pas qu’il y a plein de gars forts à Perpi. Y’a un projet de vidéo avec Max [Geronzi] qui est en train de bien prendre forme, ça va tuer ! Il motive tous les jeunes, c’est un truc de fou… Certains gars qui ont son niveau ou sa notoriété s’en foutraient de tout ça, mais lui il est à bloc, il motive tout le monde, il organise les sessions et part filmer avec les kids… DU COUP ON VA AVOIR DE VOS NOUVELLES TRÈS BIENTÔT…

Ouais, on est trop chaud ! Max nous motive tellement… C’est vraiment cool de mener des projets avec les potos. Et puis on skate tous les deux pour Official… J’en profite pour remercier Mat’, qui ne m’a jamais lâché. On est un bon crew en tout cas, la vidéo va défoncer !

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