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CHRIS PFANNER DVL

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Généralement, la plupart des skateurs attendent le dernier jour d’un tour pour se frotter aux spots les plus risqués. Pfanner procède différemment… Il se balargue dès le premier jour, comme ça c’est fait. La seule chose qui l’inquiète vraiment sur ce spot, c’est la petite bande de pierres serties dans le béton, à la replaque. Un coup à se couper en glissant dessus… Et Chris avait vu juste, dès le premier essai de gap to 50-50, il laisse traîner une main qui finit en sang. De quoi clôturer la session pour le commun des mortels, sauf que nous sommes ici en présence d’une sorte de guerrier barbare qui ne baisse jamais les armes avant de parvenir à ses fins. Pas la peine de vous faire un dessin quant à la suite des évènements !


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Max Geronzi, boardslide

Dan Z


DES GARS DE CLICHÉ ENTASSÉS DANS UN VAN, UN ITINÉRAIRE ALÉATOIRE, UNE QUINZAINE D’EUROS PAR JOUR POUR « SURVIVRE », DU CAMPING SAUVAGE, DES DOUCHES IMPROVISÉES, UN INVITÉ SURPRISE ET UNE SÉRIE DE DÉFIS POUR AUGMENTER LE POUVOIR D’ACHAT DE CHACUN... VOUS CONNAISSEZ SÛREMENT DÉJÀ LE CONCEPT DES GITANS TOURS « SKATE OÙ TU VEUX, DORS OÙ TU PEUX » ET, COMME VOUS VOUS EN DOUTEZ, ILS ONT DÉCIDÉ DE REMETTRE LE COUVERT ET MÊME D’ARTICULER LA PROCHAINE VIDÉO CLICHÉ AUTOUR DE CETTE AVENTURE UN PEU FOLLE. VOICI DONC, DANS LES PAGES QUI SUIVENT, UN RÉCIT EN IMAGES DE CE QUE VOUS ALLEZ BIENTÔT RETROUVER SUR VOS ÉCRANS… GYPSY LIFE, BABY ! Des ambiances de Dan Z, David Broach, Florian Lanni, Jérémie Daclin et des illustrations de Chet Childress


Backside smithgrind transfer

TU N’AS JAMAIS CONSIDÉRÉ LE SKATE COMME UN GAGNE-PAIN ?

Ça a pourtant été le cas pendant quelques années… Je gagnais suffisamment d’argent avec le skate pour payer mon loyer, la nourriture… pour mettre même un peu d’argent de côté de temps en temps. J’ai connu de belles années ! [rires]

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C’EST PARFOIS PROBLÉMATIQUE ?

ET APRÈS…

Disons que, dans ma vie, tout s’articule autour du skate. Ça peut parfois saouler mon entourage, ma famille notamment, mais ça fait tellement longtemps que j’en fais… Avec le temps, ils ont compris que la démarche était positive : j’ai des photos dans les magazines, je pars en voyage, je passe du temps à construire des spots et les gens s’y intéressent… Pas forcément que des skateurs d’ailleurs. Mais, à côté de ça, ils m’ont toujours sensibilisé au fait qu’il fallait que j’assure mon avenir professionnel avant tout. Et ils ont eu bien raison !

Après, il y a eu cette fameuse crise. Il a fallu s’adapter… Les marques sont devenues moins nombreuses, du coup, quand tu perdais un sponsor, c’était aussi plus compliqué d’en trouver un nouveau. J’ai commencé par trouver un petit boulot pour compléter… Et puis tout a rapidement évolué, dans les bons comme dans les mauvais côtés. En quelques temps, plein de gars sont devenus ultra forts, le niveau est monté d’un coup. Ça devenait de plus en plus compliqué de s’en sortir, financièrement parlant. Il fallait faire des choix. J’ai préféré bosser et être plus à l’aise, quitte à skater un peu moins, mais dans de meilleures conditions. J’aime autant travailler et avoir une voiture pour aller skater, être autonome pour bouger sur les spots


Switch crooked

plutôt que de ne pas bosser et être en galère. Si c’est pour skater tous les jours au park… Autant skater moins souvent, mais sur des vrais spots. Tout est une question de choix… À l’époque où je vivais du skate, j’habitais Montpellier et je n’avais pas le permis de conduire. Avec le recul, je me rends compte que je m’emmerdais plus à cette époque-là qu’aujourd’hui.

lin. On a bien accroché, on avait pas mal de points communs, notamment le goût des DIY, des spots cagneux… [rires] C’était important pour moi de skater pour une marque qui a une vraie dimension humaine, un truc simple, où on me demande juste de skater les boards, sans pression… On est tous impliqué dans la marque, les collections… UNE VIDÉO EST PRÉVUE POUR BIENTÔT, C’EST BIEN ÇA ?

TU SKATES POUR UNE MARQUE ALLEMANDE, RADIO. COMMENT ÇA S’EST GOUPILLÉ ?

Au début ça s’est fait par le biais du distributeur français. Lorsque le shop qui me sponsorisait commandait des boards, la marque en filait en plus dans le colis pour moi. L’idée ne m’emballait pas vraiment, ça m’emmerdait un peu que le shop soit obligé de commander des planches pour que je puisse en avoir. D’autant plus que je consomme pas mal de boards… Même si je fais gaffe, il m’arrive de remonter des vieilles boards pour éviter d’en monter une neuve… Bref, j’ai demandé le contact direct des gars de Radio, ils ont voulu me rencontrer et, à la première occasion, je suis parti les voir à Ber-

Oui, pour la fin du printemps… On est en train de réunir toutes les images. Ça fait deux ans que je filme, j’aimerais aussi sortir une seconde video-part en parallèle de la vidéo Radio. J’essaie de répartir les images au mieux…

TU AS TOUJOURS ÉTÉ RELATIVEMENT SÉRIEUX ENVERS TES SPONSORS…

Disons que, dès que l’on te donne quelque chose, que ça soit du matos, de l’argent ou l’opportunité de voyager, tu te sens un peu redevable de cette chance. Donc, en ce qui me concerne, oui, j’ai essayé de jouer le jeu du mieux que je pouvais. J’ai toujours essayé de faire le job, que l’on n’ait pas à me rappeler à l’ordre. Et j’ai gardé ce rythme-là : filmer, faire des photos… Et puis ça me plaît de faire ça ! C’est toujours plus intéressant de se lancer des défis, que ça soit pour faire des images, construire des spots ou juste skater. C’est ce qui permet de rester motivé.

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Adrien Bulard, gap to wallride

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Et le skateboard dans tout ça ?! Est-ce qu’on a beaucoup skaté ? Est-ce qu’on se fait souvent virer des spots ? Est-ce qu’il y a plein de trucs cool à skater là-bas ? Est-ce qu’on doit autoriser les greffes de visages sur les têtes de cons ? Ah pardon, celle-là n’a rien à foutre ici… Donc, oui, tout le monde a beaucoup skaté, avec une mention spéciale à Adrien qui a, une fois de plus, tout cassé (y compris mon cerveau). La concentration de spots est assez impressionnante, surtout à San Juan qui est la ville où l’on a passé le plus de temps en compagnie de notre guide local et ami Alberto Santiago, qui nous aura permis de skater tout un tas de spots géniaux que l’on n’aurait probablement jamais trouvés sans son aide précieuse. Concernant les agents de sécurité, vu leur degré moyen de débilité, il y a fort à parier que eux aussi aient été directement importés des States. Du coup, ils peuvent parfois s’avérer particulièrement hostiles à la pratique de la planche à roulettes, question d’habitude… D’ailleurs, d’après nos sources, près de 50% des agents de sécurité du pays auraient subi une greffe du visage entre août 2013 et octobre 2014, pour faire face au nombre critique de « têtes de cons » parmi eux…

Je sais ça peut paraître beaucoup, mais c’est une info Fox News donc fatalement… véridique ! En même temps il fallait bien trouver une solution à ce problème insoluble et comme le dit si bien mon pote Momo : « quand on peut pas y aller par quatre chemins, autant prendre un raccourci ! » Il est bon ce Momo, il a un humour bien gras, en même temps c’est normal, lui aussi il est obèse ! Voilà, rendez-vous le mois prochain pour un nouveau reportage sensationnel, en Papouasie Nouvelle Guinée cette fois, où l’on tentera de répondre à d’autres questions que tout le monde se pose : Comment les poissons apprennent-ils à nager ? Est-ce que quelqu’un qui pète plus haut que son cul a le dos qui pue la merde ? Ou encore, y’a t’il des gens constipés quand il fait un temps à chier ? Sur ce, je vous laisse il faut que j’aille finir ma bouteille de rhum portoricain…

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VINCENT COUPEAU Frontside rock’n roll stall Guillaume Périmony



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