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Genève, le 14 décembre 2011
Mme Elena Stefanova Historienne 26, Chemin des Clochettes CH-1206 Genève elenastefanova@yahoo.com
Objet > série «Complications & Femmes»
Chère Elena, J’espère que tes fêtes s’annoncent bien. Voici un petit récapitulatif de ton incroyable contribution aux magazines Heure Suisse et Heure Schweiz en 2011. Avec mes remerciements les plus sincères. Salutations les meilleures. Joël A. Grandjean be@therightplace.ch
Les journalistes de TàG Press +41, agence de presse indépendante, fournissent des contenus à une vingtaine de médias dont 10 sont orientés horlogerie.
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SUISSE
Sous la Loupe: JACOB & CO
HEURE SUISSE EST SUR IPAD
JOURNAL SUISSE D’HORLOGERIE
N O 110 - MARS- AVRIL 2011 / EUR 7.– / CHF 12.–
PAGES SPECIALES
DOSSIERFEMMES
LA MONTRE COMPLIQUÉE: À LA CONQUÊTE DU CŒUR DES DAMES…
Auprès des femmes, la complication horlogère s’appuie, à travers l’historique de son existence, sur la légitimité: racines, destinée, statut, complexité de réalisation, défis techniques et esthétiques, et critères d’expression subtils. Tour d’horizon: des grands exemples du passé aux expériences récentes des manufactures horlogères suisses de renom. Par Elena Stefanova, scientifique, historienne, spécialiste produits horlogerie et joaillerie
L
a femme aime connaître le cœur des choses. Souvent touchée par la magie qui lie le moteur et la scène, elle tombe
amoureuse du spectacle, le gardant pour la vie. Qu’est-ce qui se cache au dos d’un boîtier, ou à l’intérieur si la montre est pourvue d’une glace? Simple curiosité… Une gravure de la marque ou des numéros obligatoires, une inscription, un message, le mouvement, un secret? Nourri par le savoir, ce fil émotionnel traverse l’histoire passionnée et quasi ininterrompue des femmes avec les montres mécaniques. Centrées sur les valeurs ancestrales cultivées par les manufactures, les créations horlogères récentes confirment que l’art et la finesse des métiers nobles s’accordent à la féminité. Chargées des dernières avancées mécaniques, pétries de fierté technique et de modernité, ces montres mécaniques sont capables d’atteindre les cœurs féminins de manière universelle. Elles sont la constante invitation à connaître, apprivoiser et entretenir une valeur transmissible, à l’enseigner, la faire aimer. Un cycle perpétuel, comme le confirment les exemples historiques.
NAISSANCE DE L’HORLOGERIE, OBJETS PRÉCIEUX À USAGE EXCLUSIVEMENT FÉMININ
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Dès son apparition, l’univers horloger génère des objets rares, précieux ou pour initiés. L’Occident médiéval et l’époque de la Renaissance célèbrent le génie humain par la science et les développements artistiques et intellectuels, par des constructions novatrices: architecture, médecine, voyages, techniques de guerre et, bien sûr, perfectionnement de la mesure du temps. Les inventions aboutissent à des œuvres mécaniques horlogères exceptionnelles. Certes de dimensions encore assez importantes, telles les premières horloges astronomiques. Vers le milieu du XVe siècle, l’invention du ressort servant de force motrice rend possible la diminution des dimensions. Dès lors, la noblesse
Révélée par l’exposé de ce sujet lors d’une Journée d’étude de la SSC, Société Suisse de Chronométrie, Elena Stefanova est redoutable de connaissances en matière de montres dame et joaillerie. Cette spécialiste produits, ayant développé pour plusieurs grandes marques horlogères une gamme féminine et joaillière, est également historienne et diplômée en art. Ses recherches sur la place des femmes dans l’histoire des complications horlogères
européenne s’empare de la maîtrise du temps, symbole de pouvoir, de prestige et… de modernité.
ont valeur de référence, puisque reprises par plusieurs publications telles que Chronométrophilia. ■ J. Grandjean
ELENA STEFANOVA
LETTRES D’HEURES Depuis la fin du Moyen Âge et surtout à l’époque de la Renaissance, les femmes issues de la noblesse se sont approprié le patronage des arts précieux et de l’écriture par leur influence dans la création d’ouvrages manuscrits, durant les troiscents ans de cet âge d’or. Hautement cultivées, discrètes, elles rythment le temps en égrenant des prières issues de leurs
Charles V et l’impératrice Isabella. Peter Paul Rubens, début du XVIIe siècle (d’après une peinture de Titien, env. 1584, aujourd’hui disparue).
Les Très Riches Heures du duc de Berry, mois d’Avril. Frères de Limbourg, 1412/16 (ensuite Jean Colombe, 1485/89).
livres d’heures – Horae – personnels. Ces manuscrits sont les best-sellers de la production artistique et artisanale dans l’Europe du milieu du XIIIe au milieu du XVIe siècle. Commandés, offerts, écrits et peints de main propre, achetés et collectionnés par la noblesse européenne, ces livres à la valeur inestimable sont le fruit d’un concentré d’artisanats. Au-delà de l’objet de prière, ils indiquent, dans les cours des XIVe et XVe siècles, le statut social et le degré de fortune. Finesse de l’exécution, cherté et rareté des matériaux, or et bleu (le pigment extrait du lapis-lazuli), richesse des éléments représentés et élégance des postures sont les symboles de l’excellence et du luxe. C’est exactement en cette époque que sont
créées Les Très Riches Heures du duc de Berry, qui sont, en somme, un calendrier. L’avènement de l’imprimerie sonne le glas de cette magnifique production. Reste que les livres d’heures ont ouvert la voie à la possession d’objets à haute valeur symbolique, artistique, mais également scientifique. Leurs trésors d’orfèvrerie, de gravure, de joaillerie et d’horlogerie se reportent sur des pièces d’horlogerie mécanique, ultime symbole, dans les cours de France, d’Italie, d’Allemagne ou d’Autriche, d’une appartenance à un rang élevé.
Horloge en forme de tour. Heures sonnantes, cadran à une seule aiguille. Valentin Goedicke, Berlin, 1584.
HORLOGES ET STATUT SOCIAL D’ailleurs, les formes des premières horloges de table rappellent l’architecture des chapelles princières, le décor des pages enluminées des livres d’heures. Ces petits ou grands «édifices du temps», inspirés encore de la symbolique religieuse, sont de fascinantes pièces uniques, symboles exclusifs du savoir et du pouvoir d’une nouvelle ère. En témoigne la peinture, comme ce portrait officiel de Charles V et de son épouse, réalisé par Peter Paul Rubens. Il montre le couple attablé, fixant une horloge en forme de petite tour. Probablement un rarissime exemplaire en bronze de la première production berlinoise, env. 1584, avec des heures sonnantes et cadran à une seule aiguille. L’horloge se trouve devant le couple impérial, une place de premier ordre, sans équivoque. A la même époque, les portraits de nobles dames accompagnées d’horloges de ce type se multiplient. L’archiduchesse Maria-Magdalena d’Autriche (15891631) fait réaliser son portrait par Giusto Sustairmans, env. 1625, sa main tenant une lettre, posée près d’une horlogekiosque aux heures sonnantes, alarme et
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cadran à une seule aiguille. Une femme importante a toujours besoin de la mesure du temps. Il légitime la pérennité de ses actes. La complication est un service.
COMPLICATIONS Les XVIIe et XVIIIe siècles sont empreints de plusieurs inventions majeures qui permettent aux horlogers d’installer des mesures de plus en plus précises: les lois du pendule par Galilée, le ressort spiral réglant par Cristiaan Huygens, en 1675, le calibre Lépine qui permettra d’aplatir les montres. De multiples complications voient le jour pour mesurer les éléments de la nature comme les vents ou les marées hautes, apparaissent l’équation du temps et les premières heures universelles. Suivent les répétitions qui, dès les XVIIIe et XIXe siècles, rencontrent un grand succès auprès des femmes, pour «écouter» l’heure lors des salons, aussi la nuit…
ELISABETH IRE D’ANGLETERRE, PREMIÈRE MONTRE-BRACELET? Selon le témoignage d’un moine, Elisabeth Ire d’Angleterre aurait été vue lors d’une cérémonie, en 1571 ou 1572, avec un bracelet en or auquel pendait un «oriolo». Cette montre ronde, incrustée de diamants, était suspendue à un «armlet». La reine portait une horloge miniature que l’on pouvait suspendre au poignet. C’est probablement la première attestation d’une montre-bracelet portée par une femme. La miniaturisation apportée par l’invention du ressort n’enlève pas à l’objet son caractère de fragilité, de rareté. Elisabeth Ire d’Angleterre, adepte d’horlogerie fine, posséde déjà, peu avant 1570, une montre miniature posée dans une bague, munie d’un curieux système d’alarme silencieuse qui tapotait le doigt de la reine à l’heure voulue, en toute discrétion. Deux-cent-cinquante ans plus tard, Abraham Louis Breguet utilisera ce système pour ses bagues-alarmes. ■
LES GRANDES DAMES E ET L’HORLOGERIE AUX XVIII ET XIXE SIÈCLES
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Pierre Auguste Caron de Beaumarchais, horloger, inventeur, dramaturge, financier et homme d’Etat, présente à Madame de Pompadour une montre-bague, la plus petite jamais exécutée, d’une construction simplifiée, dotée d’un crochet saillant remplaçant la fonction de clef une fois tiré avec l’ongle. L’influente mécène des intellectuels, des lettres et des arts porte l’ultime objet d’invention mécanique. Le roi Louis XV a voulu en posséder une semblable, ses courtisans aussi. Plus tard, une autre femme influente se passionne pour l’exploit horloger: Marie-Antoinette, dont la passion pour les montres
Madame de Pompadour. François Boucher, env. 1750.
signées Breguet l’incite à commander, en 1783, l’ouvrage horloger le plus compliqué au monde (retrouvé récemment): une montre de poche au cadran transparent (terriblement actuel!), laissant apparaître toute la splendeur du mécanisme «à remontage automatique, perpétuelle à répétition minutes, quantième perpétuel complet, équation du temps, réserve de marche, thermomètre métallique, grande seconde indépendante à volonté La reine Marie-Antoinette, à la rose. Elisabeth-Louise Vigée-Lebrun, 1783.
le monde auprès de rois, empereurs ou diplomates. A la même époque, Catherine II, impératrice de Russie, commande régulièrement des pièces horlogères à Paris et, très probablement, à Genève, pour son usage personnel mais aussi pour des besoins diplomatiques. Voltaire en atteste dans une lettre écrite à Sa Majesté depuis son domaine de Ferney, le 18 juin 1771. Dans son rôle du parfait conseiller qui réussirait à livrer des quantités excédantes doublant la recommandation! Prestige de la production horlogère, cette horlogerie, visiblement émaillée et probablement
Montre dite «Montre Marie-Antoinette». Abraham Louis Breguet, 1783/1827.
sonnante, nourrit les échanges diplomatiques au plus haut niveau. En phase avec les progrès techniques de l’époque, le mode de vie des personnalités influentes vire à la découverte de la vie en plein air, des parcs et de la musique, de la valse et d’une mode ludique teintée de pastel, le style Rocaille. Ce courant esthétique longe le XVIIIe siècle jusqu’aux années 80. Les portraits de Madame de Pompadour et de Marie-Antoinette le montrent. Accrochées à la taille et richement décorées, sonnantes et bien visibles sur leur fond d’étoffes nobles, ces montres sont
encore de grande dimension, à l’exception des montres miniatures, le «hightech» de l’époque. On les suspend à des châtelaines (chaînes ornées) joaillières. Leurs boîtiers sont le support de l’art pictural, elles permettent de porter l’art sur soi. A l’image des livres d’heures du Moyen Âge et de la Renaissance, les miniatures émaillées reproduisent des portraits de famille, des scènes mythologiques ou religieuses. Une très grande production, surtout à Genève, à Augsbourg en Allemagne, à Paris et à Londres, est alimentée par de nombreuses commandes privées.
Ci-dessus et ci-contre: Flore dans son jardin, couronnée par Amour. Montre «bassine», émail peint en camaïeu bleu cobalt, artiste inconnu, attribuée à un atelier huguenot anonyme. Mouvement signé Henry Grendon, Londres 1645/50.
et petite seconde trotteuse, échappement à ancre, spiral en or, double pare-chute, tous les frottements, les trous et les rouleaux en saphir sans exception, boîte en or, cadran en cristal de roche, aiguilles d’or et d’acier». Achevée plus de quarante ans plus tard, en 1827, la montre n’a jamais été présentée à sa commanditaire. Marie-Antoinette a contribué au rayonnement de l’horlogerie en Europe et dans
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DOSSIERFEMMES
FIGURATIVES REPRÉSENTATIONS Peu à peu, les œuvres horlogères se compliquent, tant par leurs fonctions et leurs dimensions que par leurs décors, plus joailliers et colorés. Poétiques, portées en pendentif à la taille Astucieuses et joviales, ces créations déclinent les fruits connus ou exotiques, des insectes, papillons, fleurs, oiseaux mais aussi toutes les formes d’objets d’usage luxueux comme des éventails, miroirs, crayons porte-mines, télescopes, nécessaires de dame et, enfin, broches et bagues. Outre les complexes boîtiers figuratifs aux systèmes d’ouverture et de fermeture «à secrets», ces montres sonnent et bou-
La Harpiste. Les Genevois Piguet & Capt fabriquent, au début du XIXe siècle, «La Harpiste», une bague avec automate et «Le Pompon», une montre-broche au balancier visible. Déjà la troisième dimension dans son boîtier rectangulaire allongé à pans coupés! La technicité, dans les ouvrages féminins et «légers», est le signe du statut d’initié et d’élite. Bague automate avec musique. Mouvement signé Isaak-Daniel Piguet, Genève, env. 1810.
gent. L’art de l’automate servira cette riche production de miniatures horlogères qui s’étendra des cours européennes aux
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Le Carquois. Montre nécessaire de dame. Mouvement non signé, Genève, env. 1815/20.
ou suspendues en médaillon, elles s’enrichissent d’automates.
palais orientaux jusqu’au milieu du XIXe siècle, apportant à l’horlogerie sa gloire internationale. Les dimensions de ces curieux objets qui donnent l’heure diminuent, leurs mécanismes se perfectionnent, réduisant le poids. On les porte désormais en pendentif ou en broche, à hauteur de poitrine ou à portée d’épaules. Ils recèlent de mystère mécanique. Les automates miniatures ludiques et les montres à complications, comme celle commandée par la dernière reine de France, cohabitent. L’heure est à la complexité et à la maîtrise technique totale, qui permet toutes les exubérances. Et on laisse visibles certaines parties du mouvement. En Orient surtout, la pratique perdure encore, les hommes les portent aussi.
REINE DE NAPLE Caroline Murat Bonaparte commande à Abraham Louis Breguet, le 8 juin 1810, l’une des premières montres-bracelets. Le pouvoir se mesure alors à la dose d’exploit horloger, de raffinement, d’utilité ou de rareté des complications. Modèle de forme oblongue, à répétition, tour d’heures excentré et thermomètre, monté sur un bracelet en cheveux entrelacés de fils d’or. Aujourd’hui, la marque Breguet y puise encore son inspiration pour sa collection Reine de Naples. Une année plus tard, pour les besoins de ses fréquents déplacements, Caroline Murat commande une des célèbres horloges de voyage, incorporant toutes les fonctions utiles au voyageur, dont Abraham Louis Breguet a fait l’invention. La reine de Naples est amenée à voyager durant toute sa vie. Le 18 mars 1812, elle acquiert pour 4000 francs une horloge de voyage avec répétition de demi-quarts, réveil, calendrier digital quadruple, phase et âge de la lune avec 8 jours de réserve de marche. Ces horloges de voyage se sont également trouvées propriété d’autres femmes de pouvoir de la même époque. La grande duchesse de Toscane en acquiert une, le 26 août 1813, pour la même somme. Une autre devient la propriété de la reine Elisabeth, la reine mère, puis sera vendue au prince régent en août 1814 pour la somme de 4600 francs. Cette pièce se trouve encore aujourd’hui, héritée, en possession de la reine Elisabeth II d’Angleterre. ■ A gauche: Caroline Murat, reine de Naples, et ses enfants. François Gérard, 1809/10. A droite: horloge de voyage. Breguet et fils, 1812.
duw XIXe siècle incitent les concepteurs à rivaliser d’ingéniosité pour construire des pièces d’une complexité inouïe. Les montres
A L’ORÉE DE L’ÈRE INDUSTRIELLE Sans
discontinuer
jusqu’aux
années 30 du XIXe siècle, la montre est un objet précieux, d’art, unique, personnalisé: montres automates à répétitions à quarts, bijoux bagues ou pendentifs laissant apparaître le balancier et montres squelettes aux heures sonnantes au passage ou à la demande sur un timbre. Breguet fabriquait des montres miniatures à remontage et mise à l’heure au pendant. Ces pièces pouvaient être incorporées dans un bracelet. Deux d’entre elles se trouvent aujourd’hui dans la collection du Musée Patek Philippe. L’une date de 1831 et a un cadran excentré; l’autre, datant de 1835, est une montre squelette, savonnette à double boîtier. Le poids de son mouvement est de 1,8 g. Une montre-bracelet féminine ovale, datant des alentours de 1830, fait partie de la collection du Musée de l’horlogerie Beyer, à Zurich. Elle affiche un cadran des heures et des minutes excentré, en émail blanc et de parfaite lisibilité, ainsi qu’un grand balancier visible. Son dos porte les instructions de remontage gravées. Ce type de montre restera rare dans le courant du XIXe siècle. Suite à l’invention, quelques décennies auparavant, du calibre à ponts par Jean-Antoine Lépine, il est désormais possible de construire des montres bien plus plates et de débuter la production d’ébauches en série. Le début de l’industrialisation, la diminution du commerce avec l’Orient, la démocratisation de la technique, l’invention de la photographie sont parmi les facteurs importants qui freinent progressivement l’exubérances des formes et l’imagerie des décors. Une nouvelle ère pour l’horlogerie trace sa route. Les montres changent. Les horlogers travaillent de plus en plus en association pour répondre à la demande d’innovations techniques, à la quête de l’exploit et du prestige scientifique. Les expositions universelles de la seconde moitié
de poche sont le support idéal. L’air est à la précision absolue. Ainsi les chronomètres sont très recherchés dès les années 40.
LA REINE VICTORIA, PREMIÈRE MONTRE SANS CLEF Parmi les inventions qui datent de cette époque, on trouve le nouveau système de remontage, par une couronne, à la place de la clef, breveté par Patek Philippe & Co, à Genève. Et c’est une femme très haut placée, une femme symbole, la reine Victoria d’Angleterre, qui reçoit la première pièce équipée de cette invention, une magnifique montre-pendentif de type «découvert», en or et émail bleu, à remontage et mise à l’heure au pendant, le 18 août 1851 au cours de la «Great Exhibition» de Londres au Crystal Palace, Hyde Park de nos jours. Lors de l’exposition, la reine achete encore une autre montre d’exécution similaire mais à la mise à l’heure par une clef et également, pour son mari, Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, une montre chronomètre de poche avec échappement à détente et mécanisme à répétitions des quarts. C’est l’objet à la mode et un des derniers cris de la science horlogère. Ci-dessus: la montre de la reine Victoria (portrait ci-dessous). Patek Philippe & Co, Genève, 1850/51. Montre «découverte», à remontage au pendant, accompagnée par sa broche. Brevet d’invention gravé à l’intérieur.
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Victoria est une des plus importantes et influentes femmes de son temps. Admiratrice des arts, elle se déplace aussi personnellement chez les artisans. Ainsi, jeune, Victoria visite l’atelier de l’horloger-joaillier genevois Jean-François Bautte (le fondateur de l’actuelle manufacture Girard-Perregaux), dont la clientèle européenne compte des personnalités telles que Mademoiselle Mars, l’une des plus grandes actrices de l’époque et protégée de l’empereur Napoléon 1er, le comte Alfred d’Orsay, célèbre dandy français, son amie Lady Marguerite Blessington, et également de nombreuses têtes couronnées, parmi lesquelles le prince Joachim Murat, roi de Naples et beau-frère de l’empereur, la grande duchesse de Schleswig-Holstein ainsi que la duchesse de Clermont-Tonnerre. Cette dernière adresse à Bautte, en 1830, ces quelques lignes éloquentes quant au savoir-faire du fameux horloger-joaillier: «Nous voudrions donner un bijou tout nouveau et qui n’ait jamais été vu de personne, dans un style inconnu jusqu’à ce jour. Vous voyez, Monsieur, qu’avec ces prétentions, vous êtes seul en Europe à qui nous puissions nous adresser.» L’époque a changé, le patronage des femmes royales, leur valeur symbolique et leurs relations avec les horlogers restent constants. Les couleurs et les matériaux d’ailleurs aussi; on trouve toujours le bleu royal aux cotés de l’or finement gravé.
AUTOUR DE 1900 Les montres pendentifs précieuses aux remontoirs au pendant vont revivre, destinées aux dames à l’époque symboliste, avec les courants du Jugendstil, ou Art Nouveau. Son esthétique s’adaptant parfaitement aux savoir-faire horlogers et joailliers, les créations horlogères s’étendent rapidement en Europe. La flui-dité des formes, la transparence de l’émail, le raffinement extrême et la nature symbolisée font le vocabulaire de ce nouveau style. Les grandes secousses politiques et économiques du début du XXe siècle mettent par contre rapidement fin à ce début d’expansion précieuse, qui se réincarnera bien plus audacieusement dans les traits géométriques et francs de l’Art Déco. La recherche s’oriente vers l’industriel, les arts décoratifs se tournent vers les objets utilitaires, la fonction détermine la forme. Progressivement, suivant l’exemple de l’architecture, les objets de l’habitat deviennent des véhicules du style industriel. La notion de «design» est née. Apparaissent de nouveaux matériaux: bakélite, chrome, laques, radium. Le style Art Déco aura une très grande importance stylistique pour l’horlogerie durant tout le XXe siècle et spécialement pour l’horlogerie féminine portée au poignet. Apparaissent également de nouvelles formes de montres pour dame, ornées de joaillerie fine, émail bleu turquoise et diamants, telles les montres-pendentifs de style «Guirlande» ou les «Boules
Montre-bracelet Art Déco. Audemars Piguet, Le Brassus, 1919.
de Genève». La montre est de plus en plus un bijou très délicat et petit. Elle est portée en pendentif, en broche ou en bracelet. L’heure est à l’épurement et à la discrétion. La couleur noire est largement utilisée pour les bracelets en satin. Elégante, contrastée et graphique. Une très belle pièce, montre joaillerie Art Déco, réalisée en 1919 par Audemars Piguet, est vendue cinq ans plus tard à Paris. En harmonie avec son temps de création et avec l’élégance intemporelle, cette magnifique montre à la destinée inconnue se trouve aujourd’hui dans le musée de la manufacture au Brassus. L’horlogerie-joaillerie pour dame est désormais ouverte à un plus large spectre de femmes. Les personnalités royales sont
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DOSSIERFEMMES
toujours bien présentes, mais, parmi les femmes influentes, se positionnent de plus en plus les femmes artistes et icônes de style, telles les actrices du cinéma muet. Mais bien sûr aussi les personnes anonymes. Le «high-tech» est dans les moindres dimensions, et c’est bien cette époque qui voit naître des icônes de l’horlogerie moderne. Parmi elles, le calibre 101 de Jaeger-LeCoultre, en 1929. D’une longueur de 14 mm, pour une largeur de 4,8 mm, d’une hauteur de 3,4 mm et un poids d’environ un gramme, il reste le chef-d’œuvre de la miniaturisation mécanique dont les performances défient le temps. Peu sont les horlogers capables d’assembler les 98 composants de cette exquise minia-ture. Les fines montres rectangulaires de la première moitié du XXe siècle doivent leur existence et leur succès à ce mouvement exceptionnel. Et c’est la reine Elisabeth II qui le portera le jour de son couronnement, le 2 juin 1953. C’était toujours le «must» technique et esthétique de l’époque. ■ Montre-bracelet, cal. 101. Jaeger-LeCoultre, Le Sentier, 1938.
A SUIVRE, PROCHAINES DIFFUSIONS «Naissance des montres à complications féminines modernes» puis parcours récents au cœur d’«une décennie de montres à complications féminines». Plus proches de nous, les mécaniques compliquées de marques actuelles telles que Girard-Perregaux avec sa Cat’s Eye Tourbillon sous Pont d’Or (2005), sa Cat’s Eye Petite Seconde (2011) ou son calibre GP 4000 Seconde Folle (2009) habitant une montre Boucheron figurative et joaillière, Jaeger-LeCoultre avec sa Squadra Lady Duetto (2008), la Chronographe Flyback pour dame de Blancpain (2000), la Reine de Naples chez Breguet (2002), le calibre chronographe CH29-535 PS, la Calatrava Travel Time Lady ou la référence 4937 (2005) chez Patek Philippe, les Royal Oak Offshore pour Dames (2003 à 2008) ou la Millenary Tourbillon Calcédoine d’Audemars Piguet, la L.U.C Tourbillon Lady de Chopard (2009), la montre Le Pont des Amoureux de Van Cleef & Arpels (2010), la Lady Z (2008) et la Diane Répétitions Minutes (2008) chez Harry Winston, la RM 019 Nœud Celtique de Richard Mille, etc. ■ 62
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JOURNAL SUISSE D’HORLOGERIE
N O 112 - JUILLET-AOÛT 2011 / EUR 7.– / CHF 12.–
PAGES SPECIALES
DOSSIERFEMMES
LA MONTRE COMPLIQUÉE: À LA CONQUÊTE DU CŒUR DES DAMES…
Dans un premier épisode (Heure Suisse N° 110), l’historienne Elena Stefanova nous faisait vivre l’histoire de la complication horlogère auprès des femmes. De la naissance de l’horlogerie, à travers des objets précieux à usage exclusivement féminin, à l’orée de l’ère industrielle, en passant par les grandes dames des XVIIIe et XIXe siècles. Voyons ce que l’histoire plus contemporaine nous réserve. Par Elena Stefanova, scientifique, historienne, spécialiste produits horlogerie et joaillerie
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ELENA STEFANOVA
ue devient l’intérêt des femmes
pour les montres à complications au cours du XXe siècle? Tandis que la montre-bracelet à complications se généralisera pour les hommes, elle restera représentée dans une moindre mesure pour les femmes. Car elle nécessite des dimensions importantes, contraires au style à la mode.
NAISSANCE DES PREMIÈRES MONTRES À COMPLICATIONS FÉMININES MODERNES
Révélée lors d’une Journée d’Etude de la SSC, Société Suisse de Chronométrie, Elena Stefanova est redoutable de connaissances en matière de montres dame et joaillerie. Cette spécialiste produits, ayant développé pour plusieurs grandes marques horlogères une gamme féminine et joaillière, est également historienne et diplômée en art. Ses recherches sur la place des femmes dans l’histoire des complications horlogères ont valeur de référence. ■ JG S’apparentant au bijou, la seule complexité d’une montre féminine demeure l’ultrapetit. Les horlogers se préoccupent donc de miniaturiser les calibres, à de rares exceptions près, comme, en 1911, la montre-bracelet pour dame N° 13 931 d’Audemars Piguet: une montre à répétition minutes décorée et sertie de diamants, équipée d’un calibre de 10 lignes entraînant une aiguille des secondes au centre. Elle fut vendue à Berlin. En 1920, la manufacture réalise une deuxième montre à répétition minutes, cette fois avec un mouvement de 8 lignes. Elle se portait au poignet, sur une broche ou encore sur un collier, comme un bijou. En 1915, Patek Philippe fabrique la première montre-bracelet dame de style moderne à complication: répétition à
Montre-bracelet à répétition minutes et seconde au centre, cal. 10 lignes – Audemars Piguet, Le Brassus, 1911.
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cinq minutes, bracelet fin et ajouré, anneaux entrelacés d’inspiration moderniste. Visible au Patek Philippe Museum. Côté masculin, à partir des années 20,
Montre-bracelet dame à répétition à cinq minutes – Patek Philippe, Genève, 1915.
toujours de la même marque, il y aura une montre-bracelet à répétition minutes pour dame, cette fois logée dans un boîtier de forme. En règle générale, durant tout le XXe siècle, les montres à complications pour dame, parfois ornées de diamants, seront relativement de petite dimension, arborant des calibres d’une certaine épaisseur, de forme ronde et d’apparence classique. A gauche: Montre-bracelet à répétition minutes, cal. 8 lignes – Audemars Piguet, Le Brassus, 1920. A droite: Première montrebracelet à quantième perpétuel pour femme, réalisée à partir d’une montre-pendentif, mouvement 12 lignes – Patek Philippe, Genève, 1925.
Patek Philippe développera une riche production de montresbracelets à complications, relevant les défis de miniaturisation des mouvements. Une production hélas en déclin, suite à la crise économique de 1929 et durant les années 30. Les inventions pour les montres d’exception compliquées résisteront cependant, comme la triple date, le quantième perpétuel à guichet avec phases de lune et répétition minutes. Apparaîtront également les
ANNÉES 30 ET 40, RETOUR DE LA COMPLICATION UTILE Durant les périodes Art nouveau et Art déco, les montres dame sont plus complexes que compliquées. La complication fonc-
mécanismes aux heures universelles, dus au Genevois Louis Cottier. Les manufactures dont les noms créent l’avant-scène de l’horlogerie de notre temps cherchaient la prouesse des mouve-
tionnelle se perd au profit de l’artistique. Il faut attendre les années 40, avec l’apparition des montres d’infirmières, pour que reviennent les complications fonctionnelles. La complication
ments à fonctions complexes, de petites dimensions et les plus plats possible.
devient instrument, elle se démocratise. Marquées par la première grande crise de 1929 et ensuite celle
Les années 20 voient aussi l’apparition des premières montresbracelets à quantième perpétuel pour femme. A l’instar de ses
de la Seconde Guerre mondiale, les années 30 et 40 voient la création et l’expansion de l’une des complications horlogères les
prédécesseurs masculins qui passent de la poche au poignet, la première montre-bracelet pour dame à quantième perpétuel Patek Philippe, datant de 1925, était à l’origine une montre-
plus convoitées par les femmes: le chronographe. Emblème d’une nouvelle époque, dynamique, indépendante, jouant librement des styles, la femme moderne se déplace en conduisant,
pendentif, dotée d’un mouvement de 12 lignes. Puis, en 1928,
porte des coiffures coupées court, ose le pantalon et sillonne les
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artères des grandes cités. Le monde masculin entre dans les garde-robes féminines, il définit une nouvelle silhouette. C’est le style sportif. Un temps idéal pour les montres-bracelets de nouvelle génération et pour les complications utiles. Citons les montres chronographes modèles Compax et Compur pour dame réalisées par Universal dès 1934. En 1937, les Compax pour femme nouvellement lancées sont les plus petites au monde, avec un mouvement de 10½ lignes.
MONTRES D’INFIRMIÈRES Les grands noms du chronographe conjuguent les formes géométriques, comme Universal et Rolex: carré franc et design pur, style contemporain. Le contraste entre la forme du boîtier et le mouvement circulaire exprime technicité et audace. Le chronographe fut également fortement utilisé par une profession largement féminine: les infirmières. Dotée généralement d’une seconde morte indépendante pour la mesure des pulsations cardiaques, dispositif qui permettait de stopper ou d’enclencher l’aiguille sans perturber le mécanisme de base, la montre d’infirmière s’ouvre ensuite à d’autres fonctions: asthmométriques pour la mesure des respirations ou, plus rarement, tachymétriques, liées à la pratique du sport. Telle cette En haut: Chronographe manuel pour dame, diamètre 25,6 mm, mouvement 10½ lignes – Universal, années 1930-40. A droite: Montre-bracelet Jules Audemars à répétition minutes carillon pour dame, cal. 2873, diamètre 22,3mm, épaisseur 4,8 mm – Audemars Piguet, Le Brassus, 1998-2000. Ci-dessous: Chronographe pulsométrique et tachymétrique pour dame, mention «base 20 pulsations» – Girard-Perregaux, 1945.
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DES ANNÉES 50 AUX ANNÉES 80 Si les années 50 et 60 sont propices à la montre mécanique, elles le sont moins aux montres compliquées, synonymes d’un grand luxe qui s’efface face aux objets du design contemporain propre à cette période de recons-
truction: l’électroménager pour tous, le style au service de la fonction. Puis, la crise liée à l’arrivée du quartz réduit la période des montres à complications. Il faudra attendre la fin des années 1980 pour en saluer le retour. ■
Ci-contre: Montre-bracelet à quantième perpétuel automatique pour dame, cal. 2132/2805, diamètre 26 mm, épaisseur 8,05 mm – Audemars Piguet, Le Brassus, 1991. Ci-dessous: Montre-bracelet calendrier extraplate pour dame – Blancpain, Le Brassus, 1984.
pièce pulsométrique et tachymétrique pour dame du patrimoine Girard-Perregaux. Utilisée en temps de paix lors d’activités sportives ou même, comme l’illustre le portrait d’une jeune infirmière envoyée sur les lieux du débarquement en Normandie le 9 juin 1944, en temps de guerre. Le chronographe pour femme définit un style dynamique, à la fois franc et secret. La dualité féminine y trouve parfaitement son image; elle peut être sportive et précieuse, généreuse et discrète. Le chronographe peut se transformer de mille façons dans l’univers féminin. Il domine les segments sport-chic féminins des marques horlogères contemporaines, indémodables. Reste une question: à quelle fréquence une femme déclenche les compteurs et pour quelle raison? Mystère...
DE L’APRÈS-CRISE DU QUARTZ À NOS JOURS… Déjà, certaines manufactures traditionnellement réputées pour leur savoir-faire mécanique à complications relèvent le niveau. En 1978, Audemars Piguet réalise un mouvement quantième perpétuel à remontage automatique, cal. 2120/2806, 28 mm de diamètre et 4 mm d’épaisseur, le plus plat de son temps, un vrai exploit technique. Il faut toutefois attendre treize ans pour voir la première montre féminine automatique à quantième perpétuel de la marque, arborant le calibre 2132/2805, 26 mm de diamètre et 8,05 mm d’épaisseur. A mentionner aussi, la plus petite montre-calendrier, une ultraplate, réalisée en 1984 par Blancpain,
22,3 mm de diamètre et 4,8 mm d’épaisseur. Clairement destinée aux dames, elle reste la seule de son genre à être toujours en production. Elle fait la fierté de la maison par sa rareté. Car les montres qui sonnent, plus discrètes que les complications à forte valeur visuelle, ont besoin d’un public averti.
A L’ORÉE DU XXIE SIÈCLE Dès 2003, les montres féminines à «petites complications» sont présentes dans la collection de Patek Philippe. La référence 4858 représente un véritable exploit en matière de miniaturisation. Grâce à une construction ingénieuse et à l’utilisation du calibre 16-250 à remontage manuel, le plus petit mouvement mécanique honoré du Poinçon de Genève, Patek Philippe parvient à intégrer l’indication des phases de lune dans un profil remarquablement plat; elles s’affichent dans un guichet d’une grandeur inhabituelle pour une montre dame. Le mécanisme se Montre-bracelet dame avec phases de lune et petite seconde, cal. 16-250 – Patek Philippe, Genève, 2003.
avec phases de lune, jour, mois et date. A la même époque, une première mondiale, Audemars Piguet réussit brillamment l’ultime miniaturisation du tourbillon à remontage automatique ultraplat. La cage est la plus petite jamais réalisée, 7,2 mm de diamètre, le poids du tourbillon comportant plus de 70 composants différents est de 0,134 g. Non spécifiquement destiné à une clientèle féminine, cet ouvrage l’y prédispose néanmoins, avec son boîtier de forme coussin, son cadran précieux de marqueterie et de nacre. Suit, en 1998, une Jules Audemars, la plus petite répétition minutes carillon, affichant aussi les secondes, pour dame,
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Montre-bracelet dame avec phases de lune et réserve de marche, cal. 1410 – Vacheron Constantin, Genève, 2005.
distingue par son exceptionnelle précision: il lui faut centvingt-deux ans pour dévier d’un seul jour par rapport au véritable cycle lunaire! Dans le même style classique précieux et raffiné, la manufacture genevoise Vacheron Constantin crée, en 2005, le petit modèle Malte Phases de Lune, 32 mm de diamètre: mouvement à remontage manuel, cal. 1410 affichant heures et minutes, réserve de marche et phases de lune – positionnée à un endroit inhabituel, dans un guichet vertical situé entre 8 h et 9 h. Les mêmes diamants qui parent la lunette, le boîtier et les cornes ou
COMMENTAIRES: UNE DÉCENNIE DE MONTRES À COMPLICATIONS FÉMININES Les horlogers imaginaient l’an 2000 comme l’ère des très hautes technologies, des matériaux inédits, de l’ultrarésistant, de l’ultraperformant, des montres-concepts, des fonctions nouvelles et de plus en plus compliquées. En fait, de l’ultime petit, l’horlogerie s’est tournée vers l’extragrand, l’extrarobuste, l’extraléger aussi, vers l’affichage 3D et le contenu 4D… Ainsi, la première décennie du XXIe siècle a rajouté une fantastique couche à l’édifice des inventions horlogères. Plus que jamais, la complication horlogère est le champ d’exploration et d’expression du génie horloger ou du génie concepteur. A une créativité sans limite, probablement comparable à celle des XVIIe et XVIIIe siècles, s’est ajoutée une conjoncture favorable: un tissu de clients fortunés et connaisseurs qui franchissent quotidiennement les limites géographiques, des collectionneurs avertis faisant corps avec manufactures et créateurs pour s’adjoindre les derniers chefsd’œuvre uniques ou en série ultralimitée. De manière inattendue, sur ce fond «high-tech», s’est créé le segment de la nouvelle montre à complications féminine. Très visuelle, de proportions de plus en plus généreuses, elle s’est adjoint une dimension poétique et émotionnelle, empreinte parfois d’historicisme ou de lyrisme, intemporelle. Les matières de cette nouvelle gamme sont encore
ceux indiquant les heures, se trouvent également sur le disque de la lune. Subtil jeu d’épaisseurs…
TROIS TENDANCES, VOIRE QUATRE La montre compliquée pour dame suit trois lignes de conception et d’expression. D’abord, la féminine par excellence, puis celle qui exprime l’ultime savoir-faire horloger et joaillier, enfin, la ludique et briseuse de codes conventionnels, qui légitime l’entrée de la joaillerie dans l’horlogerie sophistiquée. Une quatrième, inclassable, semble plébisciter l’exploit technique et conceptuel qui prévaut dans la création d’un mouvement à complications destiné à une montre féminine. Les exercices de grande envergure dans ce champ, débutés dès l’an 2000, proviennent des manufactures Breguet, Blancpain et Girard-Perregaux.
LA MONTRE À COMPLICATIONS, MONTRE FÉMININE PAR EXCELLENCE Pour la manufacture Breguet, la parfaite légitimité de cette démarche remonte aux créations qu’Abraham Louis Breguet fit pour ses illustres clientes, surtout pour Caroline Murat, reine de Naples. La montre-bracelet qu’il réalisa pour elle inspire
des matériaux traditionnels, des pierres précieuses, nacre, diamants, or et l’imagination des créateurs… On est loin tout de même des automates, de la peinture à l’émail, de la musique et des heures sonnantes. Et la toute dernière volée y rajoute des matières précieuses d’un nouveau type. Bâtie souvent sur des calibres à complications empruntés au monde masculin, la montre à complications féminine retourne les sens communs, usant ingénieusement de l’exactitude des mesures et des composants mécaniques. Qui a dit que les femmes regardaient le même monde que les hommes mais voyaient différemment? Dans les mains des créateurs de mouvements à complications, la réalité
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change, joue, communique, au gré du langage figuratif, comme un tableau ou une pièce de théâtre. ■
Montre-bracelet Reine de Naples, mouvement à remontage automatique avec phases de lune, réserve de marche et date – Breguet, L’Abbaye, 2002.
Montre-bracelet Chronographe Flyback pour dame, automatique, cal. Blancpain F185, diamètre 26,2 mm, épaisseur 5,5 mm – Blancpain, Le Brassus, 2000.
directement la nouvelle ligne de la marque, présentée en 2002 à la foire de Bâle: la collection de montres joaillerie Reine de Naples. Montre-bijou et à complications, avec un mouvement à remontage automatique, affichant les phases de lune, la réserve de marche et les secondes. Sa forme inhabituelle, «oblongue», fidèle au modèle originel de Caroline Murat, transforme l’ovale d’un œuf en enjeu technique lié au positionnement de la réserve de marche et de la phase de lune. L’esthétique du décor, les teintes de la nacre, les maillons joailliers du bracelet et le sertissage expriment la continuité du langage raffiné hérité du grand passé de Breguet. Avec la noblesse
cations de petites dimensions, les allures
son cadran peu ajouré, peu convention-
féminines habillent les mouvements automatiques chronographe Flyback, GMT ou quantième complet avec phases
nel pour un chrono, il joue de façon libérée avec les chiffres des quatre axes majeurs du temps. Statut de manufac-
de lune. Une gamme complète jouant de la douceur des teintes, Blancpain fut
ture et portefeuille rarissime de mouvements, Girard-Perregaux démontre ainsi
une des premières à proposer la couleur blanche en total look féminin.
sa capacité à développer des produits adaptés aux femmes, chronographes et tourbillons compris. Certainement la
INFINIES CAT’S EYE DE GIRARDPERREGAUX Dès l’année 2000, le modèle Petit Chronographe de Girard-Perregaux permet de proposer le mécanisme roue à colonnes sans doute le plus petit en production aujourd’hui, 10½ lignes. Avec
seule manufacture à avoir placé, grâce à des années de création et de recherche, la quasi-totalité de son savoir-faire au service de montres féminines à complications. Le modèle Cat’s Eye, présenté en 2004 au SIHH, à Genève, montre ovale, aussi bien à la verticale qu’à l’horizontale, offre la possibilité de déploiement de toute une panoplie de mouvements compliqués, propriétés de la manufacture. A remontage automatique: date, réserve de marche et petite seconde; phases de lune et petite seconde en 2004; tourbillon sous pont d’or à remontage manuel en 2005 et une version joaillière à trois ponts d’or; birétrograde, seconde rétrograde et indicateur rétrograde des jours de la semaine, date et phases de lune en 2006; calendrier
pour mot d’ordre, Reine de Naples se
annuel et zodiacal en avant-première
décline richement au féminin. Elle incarne le mieux le mariage entre féminité et sophistication mécanique.
2009. Autre complication horlogère, connue des recherches des années 30 du XXe
Si Breguet développe l’aspect joaillerie et haute joaillerie, ainsi que l’art ancien de la camée, dans l’évolution de sa collection, optant pour une complication dans les limites du «raisonnable», Blancpain et Girard-Perregaux construisent une histoire féminine à succès exclusivement basée sur des mouvements à complications. Chez Blancpain, faisant valoir un riche héritage dans l’élaboration de mécanismes à compli-
Montre Cat’s Eye Tourbillon sous Pont d’Or, mouvement tourbillon à remontage manuel – Girard-Perregaux, La Chaux-de-Fonds, 2005.
siècle, mais aux antécédents bien anté-
GRANDES TAILLES, LE DÉBAT Les femmes portent de plus en plus des montres de grandes dimensions, voire des montres pour homme. Certes, le phénomène est là, la montre aurait tendance à devenir objet unisexe. Toutefois, de la même manière qu’elle se glisse dans un tailleur style homme, la femme porte une montre masculine par volonté de différence. L’affaire est bien plus subtile et difficilement maîtrisable. L’important est de créer cette différence en la faisant évoluer constamment. Preuve en est la pluralité des exemples qui démontrent l’attrait des femmes pour les objets précieux, rares, uniques et à la valeur authentique. ■
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rieurs, les Heures Universelles s’adressent pour la première fois aux femmes en 2007, avec la montre 24Hours Shopping de Girard-Perregaux. Sous un air extrêmement précis, les noms des rues-paradis du shopping se substituent à ceux des villes. Le temps changerait de dimension et de durée, selon la chance, et avec le sourire. Pour tout autre usage, les indications peuvent reprendre leur cours sérieux. C’est l’une des plus grandes montres compliquées pour dame, 41 mm de diamètre, conditionnée par les
A SUIVRE: PROCHAINE ET DERNIÈRE DIFFUSION DANS LE NUMÉRO 113 DE HEURE SUISSE
dimensions du mouvement, mais bien en adéquation avec une époque où le grand prime. ■
Cette saga historique «La montre compliquée à la conquête du cœur des dames» est la version magazine d’une publication d’Elena Stefanova, présentée pour la première fois sous forme de conférence lors de la Journée d’Etude de la SSC, Société Suisse de Chronométrie, en septembre 2009 (www.ssc.ch, commandez les «Actes»). Le prochain épisode traitera de ce thème sous l’angle de «l’utilité et le raffinement» ou des «complications poétiques, nouvelles lectures du temps». Y seront commentés quelques modèles contemporains: Girard-Perregaux GP 4000 Seconde Folle (2009), JaegerLeCoultre avec sa Squadra Lady Duetto (2008), le calibre chronographe CH29-535 PS, la Calatrava Travel Time Lady ou la référence 4937 (2005) chez Patek Philippe, les Royal Oak Offshore pour Dame (2003 à 2008) ou la Millenary Tourbillon Calcédoine d’Audemars Piguet, La L.U.C Tourbillon Lady de Chopard (2009), la montre Le Pont des Amoureux de Van Cleef & Arpels (2010), la Lady Z (2008) et la Diane Répétition Minutes (2008) chez Harry Winston, la RM 019 Nœud Celtique de Richard Mille, etc. Puis, la rédaction commentera quelques modèles découverts lors des derniers salons horlogers, arrivant
Montre Cat’s Eye Petite Seconde, mouvement à remontage automatique 11½ lignes, petite seconde et date – Girard-Perregaux, La Chaux-de-Fonds, 2011. Girard-Perregaux ouvre également une nouvelle voie dans l’interprétation de l’affichage des complications. En minireliefs et en adoucissant les formes, des appliques jouent des épaisseurs, des découpes des guichets et des brillances de façon plus spontanée que stricte, bien que préservant l’exactitude des fonctions. Le mariage avec les matériaux nobles du cadran et le choix des teintes renforcent l’expression féminine. Ces aspects ont sans doute attisé l’intérêt grandissant des femmes pour la belle mécanique horlogère. L’approche stylistique, l’utilisation de la complication horlogère pour la transformer en élément de design à part entière, par exemple une étoile filante pour indiquer la réserve de marche, est aussi originale et intimement adressée à l’imaginaire féminin.
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sur les marchés lors du second semestre 2011. Sans omettre de présenter quelques montres compliquées féminines créées par des femmes. Comme Les 8 Lunes (ci-dessus) de la jeune horlogère-conceptrice Saskia maaike Bouvier (www.saskiamaaikebouvier.ch) ■
SUISSE
Sous la Loupe: PATEK PHILIPPE
HEURE SUISSE EST SUR IPAD
JOURNAL SUISSE D’HORLOGERIE
N O 114 - NOVEMBRE 2011 / EUR 7.– / CHF 12.–
PAGES SPECIALES
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LA MONTRE COMPLIQUÉE: A LA CONQUÊTE DU CŒUR DES DAMES…
Troisième et dernier épisode: l’utilité et le raffinement. Dans deux précédentes éditions, l’historienne Elena Stefanova nous a fait découvrir la place des femmes dans l’histoire de la montre compliquée. Cette incroyable saga historique touche à sa fin et nous permet d’enchaîner sur quelques regards féminins actuels. Par Elena Stefanova, scientifique, historienne, spécialiste produits horlogerie et joaillerie
S
i plusieurs manufactures de renom ne se sont pas concentrées exclusivement sur la complication féminine, elles lui ont dédié des pièces marquantes et certains de leurs chefs-d’œuvre en termes de réalisation horlogère et joaillière. La complication horlogère est un service, une fonction qui informe. Les gardetemps aux dimensions confortables et utiles, alliées à une expression féminine, sont depuis toujours prisés par les femmes.
FEMMES VOYAGEUSES
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Ainsi, un des plus rares mécanismes mis au point par Jaeger-LeCoultre pour les dames, la Reverso Duetto Duo, l’est dans une montre avec fonction jour/nuit et deux fuseaux horaires exprimés sur ses deux faces. Plus récemment, en 2008, il y a aussi la nouvelle et très féminine Reverso Squadra Lady Duetto, dont la subtile fonction jour/nuit prend position au centre du cadran. La récente création de Patek Philippe pour les femmes qui voyagent ou qui partagent leur vie entre deux points du monde est la Calatrava Travel Time Lady. Le cœur de cette montre est complexe, un mécanisme hautement fonctionnel, le calibre 215 PS FUS, à remontage manuel. Comportant 178 composants, son grand balancier Gyromax bat à 28 800 semioscillations par heure (4 Hz) afin d’assurer la stabilité requise. Il a été développé pour contenir tous les raffinements d’un
Patek Philippe, 2009. Ladies First Chronograph. Mouvement chronographe à remontage manuel, cal. CH 29-535 PS.
Audemars Piguet, Le Brassus, 2008. Royal Oak Offshore Chronographe pour Dames. Mouvement à remontage automatique.
mouvement Patek Philippe. Son assemblage demande un travail complexe et assidu de plusieurs mois. Fort appréciables pour les femmes contemporaines, souvent en mouvement, le confort et l’aisance de maniement et de lecture des fonctions s’allient aux traits féminins de la montre.
CHRONOGRAPHES AU FÉMININ Allant plus loin dans sa démarche, Patek Philippe a conçu tout récemment un nouveau modèle chronographe précieux pour dame, le Ladies First Chronograph. Cette première est aussi accompagnée du lancement d’un nouveau mouvement chronographe de la manufacture, le calibre CH 29-535 PS, pour la première fois au cœur d’une montre féminine. Ce mécanisme hautement sophistiqué contient six innovations brevetées et arbore le nouveau Poinçon Patek Philippe. En réétudiant les
composantes de base du mécanisme chronographe, Patek Philippe offre à sa clientèle féminine une très claire déclaration de prestige et de soins extrêmes: plus de précision, de fiabilité, de robustesse et de confort à l’emploi. L’utilité, la lisibilité et la fonctionnalité au bénéfice des femmes sont ici conjuguées dans une esthétique rétro-chic rappelant les meilleurs exemples de chronographes féminins des années 30 du XXe siècle. Un cadran rond, aux compteurs soulignés d’un effet «excentré», est logé dans un boîtier de forme coussin dont le rehaut renferme un trésor tout en diamants sertis sous la glace. Donner un statut de noblesse aux nouveaux matériaux, à l’esthétique attrayante et demandant une haute maîtrise technique est chose bien ancrée aujourd’hui, essentiellement dans le domaine des chronographes. Lorsqu’il s’agit de chronographes féminins, la couleur est incontournable, comme le démontre la collection de montres chronographes Royal Oak Offshore pour Dames d’Audemars Piguet, avec ses premières versions qui apparaissent dès 2003. C’est toutefois à partir de 2005 qu’elles connaissent un fort développement. Sous les traits mythiques de la première montre de luxe industrielle, la Royal Oak, et se servant du langage très sportif de son évolution Royal Oak Offshore, le Chronographe pour Dames prend une autre allure, à la fois intemporelle, mode et joaillière. Cette icône du design permet de jouer, avec le plus grand respect, des matériaux nobles et industriels, de les mélanger en créant une nouvelle image à chaque fois. De l’or serti de diamants, de la nacre gravée, du caoutchouc immaculé ou des couleurs franches ou pastel. Jusqu’au carbone forgé, innovation récente de la marque en termes de nouveau matériaux. En complication utile, le chronographe a donc pris l’identité de la montre dame de style sportif et élégant. L’esthétique «chrono» est désormais devenue le symbole d’une montre à la mode. Les raisons de cette démocratisation et cette accessibilité, quoique relatives suivant les modèles, seraient une étude en soi.
UNICITÉ ET QUÊTE DU COMPLEXE Durant la dernière décennie, les thèmes de prédilection de la montre à complications féminine ont surtout été le calendrier et le tourbillon, sur fond de pluie d’étoiles. Avec son calendrier annuel référence 4937, destiné aux femmes dans son boîtier de 37 mm de diamètre, serti de diamants, Patek Philippe offre aux femmes un mouvement mécanique à remontage automatique, jour et mois par aiguilles, date par guichet, phases de lune et seconde au centre. En 2007, Audemars Piguet présente une collection de montres à complications uniquement féminines, la Millenary Ciel Etoilé.
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Patek Philippe, Genève, 2005. Montres à complications pour dame, calendrier annuel. Référence 4937. Mouvement à remontage automatique, calendrier annuel: jour, mois, date, phases de lune et seconde.
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Le concept est créé sur la base du nouveau mouvement automatique 3123/3908 avec phases de lune, réserve de marche, seconde au centre et date à aiguille. Constituée de deux versions, une «diurne», l’autre «nocturne», l’esthétique est guidée par le choix des matières et l’imagerie de la représentation. Entre montre à complications classique, tableau peint et pièce de joaillerie, nous pouvons dire qu’il s’agit ici d’une véritable œuvre d’art. Les matériaux nobles sont choisis pour le fond du «ciel», ainsi représenté en aventurine pour le cadran nocturne et en nacre blanche pour la version de jour. Le tout parsemé de minuscules appliques symbolisant les étoiles, qui renforcent l’aspect de profondeur donné par les éclats naturellement présents dans l’aventurine. Les fonctions prennent aussi des allures symboliques, une étoile filante ou une étoile-edelweiss naissante pour les réserves de marche, un soleil franc pour le compteur de la date.
HAUTE JOAILLERIE ET COMPLICATION, ALLIÉS INDÉFECTIBLES La haute joaillerie et la complication sont de forts alliés lorsqu’il s’agit de concevoir des pièces exceptionnelles. Et ceci aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Dans ce registre, de nombreuses maisons ont apporté leur pierre à l’édifice. Blancpain, avec son Tourbillon Diamants à remontage automatique, première apparition du nouveau mouvement cal. Blancpain 25A en 2007, Hublot en 2009 et sa One Million Dollar Black Caviar, avec tourbillon volant 60 secondes, Jaeger-LeCoultre avec ses Master Tourbillon artistiques dont les versions s’échelonnent de 2009 à 2011, ainsi que Chopard en 2009 avec la L.U.C Tourbillon Lady, parfait alliage des deux pôles créatifs de la maison, la haute joaillerie et l’horlogerie. Entre l’exploit technique, la sublime esthétique et la rareté d’une telle montre, il n’y a qu’un mot pour exprimer la réalité: unique.
nature, la surprise, l’amour… – selon la fonctionnalité choisie et érigée en rôle principal. Les visions poétiques des joailliers de la maison sont transcrites par les horlogers-concepteurs des manufactures suisses de renom. Ou alors, elles sont le fruit d’associations avec des horlogers avant-gardistes. Chaque métier a sa juste valeur, comme c’était d’ailleurs le cas dans la pratique, entre les ateliers genevois d’horlogers, émailleurs et joailliers.
Chopard, Genève, 2009, L.U.C Tourbillon Lady. Mouvement à remontage manuel, tourbillon et petite seconde, cal. L.U.C 4T.
A-t-on atteint le sommet? Tant que le moteur sera la quête du complexe, le défi et la nouveauté, le sommet ne fera que s’éloigner de plus en plus.
POÉSIE, UNE AUTRE LECTURE DU TEMPS Dans le premier épisode de ce dossier «La montre compliquée: à la conquête du cœur des dames», il était question des messages et des versets codés dans les montres émaillées genevoises du XVIIIe siècle. La montre était alors un messager; le commanditaire faisait part de ses joies, espoirs, souhaits du moment en les «inscrivant» pour de longues années dans des garde-temps précieux. Cette valeur symbolique et intime a été transcrite en un conte enchanteur que le joaillier parisien Van Cleef & Arpels a su animer à travers les garde-temps à complications.
IDERRIÈRE LA POÉSIE, LA COMPLEXITÉ La liberté d’esprit des créateurs joailliers, qui peuvent recréer la nature, s’est approprié la formidable scène que leur présentait l’horlogerie. Comme dans une pièce de théâtre, chacune des Complications Poétiques fait vivre et revivre son thème – la
Audemars Piguet, Le Brassus, 2007. Millenary Ciel Etoilé. Mouvement à remontage automatique 3123/3908, seconde au centre, phases de lune, date et réserve de marche.
MÉTIERS D’ART ET SOPHISTICATION TECHNIQUE La complication féminine exprime, en cette fin de décennie, des valeurs suprêmes, fruits de la synthèse des savoir-faire séculaires, des métiers d’art, de la maîtrise des hautes technologies, aussi bien horlogères que de taille de diamants et pierres précieuses de couleur et du sertissage. Pas étonnant que la taille baguette prime, s’adressant aussi bien aux femmes qu’aux hommes. La haute performance est le résultat d’une volonté de dépassement des contraintes, de conceptions ingénieuses et d’un outil technique de pointe, plus le fait d’oser. La plus grande fierté est de maîtriser la totalité de ces opérations à l’interne. Ce type de produits renforce l’identité de manufacture. Ce sont des emblèmes. ■ 35
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côté de la courbe du temps. La preuve par l’image et la mécanique, assortie aux techniques picturales les plus raffinées, permettent à la maison parisienne de rester fidèle aux plus beaux messages. Ici, c’est l’ancienne technique de l’émail en grisaille mariée à la haute précision horlogère. Le tout en parfaite harmonie et au service du rêve. Comme en témoigne d’ailleurs la collection Les Voyages Extraordinaires, créée en 2011 pour unir les chemins de la joaillerie et de l’horlogerie poétique de la maison.
ARTS DE LA MÉTAPHORE ET DU SONORE La fin de cette première décennie du XXIe siècle a vu aussi s’ouvrir d’autres chemins pour la montre à complications féminine. Elle semble fasciner les concepteurs horlogers avant-gardistes, car il est bien évidemment possible d’explorer des horizons autres. Une différente vision créative, celle de la maison Harry Winston a contribué à développer des complications à valeur métaphorique. La première montre pour dames en zalium, matériau extrêmement difficile à travailler, la Lady Z, joue de deux aspects de la Lune. Inspirés par une figure mythologique, la déesse Luna, le design et la fonction de la Lady Z évoquent la dualité de la femme associée à la Lune: lumière et obscurité, force et subtilité. Réinventant ses codes esthétiques, la maison Harry Winston, Van Cleef & Arpels, Paris, 2010. Le Pont des Amoureux. Mouvement mécanique rétrograde.
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La particularité de cette production exclusive est le soin extrême à repousser les contraintes des épaisseurs pour créer une image sculptée, d’entrelacer les subdivisions du temps pour nous faire entrer dans quatre saisons qui semblent s’unir en une vision paradisiaque et ludique, de nous inviter à suivre le vol des danseuses sous un rideau tombant ou nous promener dans les rues d’une ville aux étoiles… Paris! Et tout cela, porté au poignet. On détient un secret, un tableau, un poème, tout en images. Cette galerie de miniatures rêveuses nous rappelle l’inestimable trésor du patrimoine horloger et joaillier du passé. Trésor en est le mot clé, le vestige. Car chaque réalisation est un exploit en soi. Dans sa récente réalisation horlogère, Le Pont des Amoureux, qui pousse encore plus loin l’imagination et le récit, Van Cleef & Arpels met en scène l’histoire d’une rencontre amoureuse et… son éternel recommencement. En effet, le mouvement rétrograde derrière ce tendre récit fait se rapprocher les deux amoureux selon le rythme des heures et des minutes. Et une prouesse technique de plus crée leur union dans un baiser qui dure une minute, puis les amoureux de repartir simultanément chacun de son
Harry Winston, Genève, 2008. Lady Z. Mouvement à remontage automatique, double phase de lune et petite seconde.
Van Cleef & Arpels, Paris, 2011. Cinq Semaines en Ballon. Collection Les Voyages Extraordinaires. Mouvement mécanique rétrograde.
dans un registre différent, ramène de loin deux aspects si chers aux femmes des XVIIe et XVIIIe siècles, le son et l’automate. Pour le modèle Diane Répétition Minutes, s’inspirant du monde sauvage de la déesse de la chasse Diane, les designers ont créé une nouvelle chasseresse. Sous des allures de fleur carnivore, aux courbes et couleurs douces dues à un sertissage fait de diamants et rubis en dégradé, se cache une des plus belles complications, la répétition minutes, dotée d’un automate. Les concepteurs ont inspiré vie mécanique hautement sophistiquée à cette nouvelle création féminine, bijoumontre ludique et chantant. Pour donner un maximum de qualité au son, le boîtier a été élargi au maximum possible, bien galbé et fait d’or gris, pour gagner en résonnance. Le but était de créer une montre à très forte identité pour femmes. Le résultat, une création spectaculaire.
Boucheron, Paris, 2009. Caméléon. Collection Ronde Bestiaire Seconde Folle. Mouvement à remontage automatique, seconde à disque, cal. GP4000.
BOUCHERON ET GIRARD-PERREGAUX, L’ANIMALERIE PRÉCIEUSE 2009 a été une année de grande créativité mécanique aussi pour la maison de haute joaillerie Boucheron, avec sa collection Ronde Bestiaire Seconde Folle. La féminité des garde-temps qui interprètent le bestiaire joaillier cher à la maison parisienne s’appuie, cette fois, sur le savoir-faire mécanique de la manufacture GirardPerregaux, qui a développé le mouvement automatique GP 4000 «Seconde Folle». Sa base mécanique, déjà connue des adeptes de belle horlogerie, est associée à un module permettant le renvoi de la trotteuse de seconde, initialement centrale, en un point placé vers 7 h sur le cadran. En outre, l’habituelle aiguille est remplacée par un disque très léger et d’une grande finesse, effectuant une giration complète en une minute. En recréant son propre univers et en lui apportant sa signature, Boucheron est solidement assise sur cette légitimité horlogère. Les créateurs et maîtres joailliers ont pu exprimer toute leur fantaisie à travers les complications horlogères. Le langage horloger est transformé en un conte enchanteur, figuré par des animaux sculptés Harry Winston, Genève, 2008. Diane Répétition Minutes. Mouvement à remontage automatique, répétition minutes avec automate.
dans de l’or et sertis de pierres précieuses de couleur. Nous sommes devant une interprétation nouvelle et symbolique d’un bestiaire amusant et rêveur… ■ 37
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SYMPHONIE DE MATIÈRES, JUSQUE DANS LES ROUAGES La troisième dimension, la transparence, les matières rares et précieuses ont été tentées par les horlogers artisans du début du XIXe siècle. Le cristal de roche ou l’ivoire ont été essayés pour être substitués au métal au cœur des mouvements. La nouvelle génération d’horlogers, armés de technique sophistiquée et du même rêve des défis, s’y est attaquée à nouveau. La joaillerie y est pour beaucoup. Et si les rouages du mécanisme étaient faits de pierres naturelles? La réponse par Richard Mille et Boucheron. Pour relever le défi, Richard Mille associe son talent à celui de la célèbre maison joaillière Boucheron, pour la création d’une montre unique qui couronne les 150 ans de la maison parisienne. La haute joaillerie et la haute horlogerie d’avant-garde. Précurseur, Richard Mille a réinventé la haute horlogerie en utilisant de nouveaux matériaux, de nouvelles formes et de nouvelles techniques. La RM 018 Tourbillon Hommage à Boucheron n’est pas forcement une pièce féminine, mais elle joue du langage d’une joaillerie très féminine. Les roues sont réalisées en pierres précieuses et semi-précieuses – œil de tigre, jaspe, onyx noir. Cette transcription audacieuse à la vision poétique sensibilise les femmes. Les 30 pièces de cette édition limitée auront toutes les caractéristiques d’une pièce unique, car, à chaque fois, les combinaisons de pierres précieuses et semi-précieuses seront différentes. Comme en haute joaillerie, c’est la pierre qui guide. Trois ans de développement et de tests pour l’usinage des roues, afin d’arriver à parfait résultat. Un vrai défi technique, scientifique et esthétique qui, en utilisant des matériaux naturels traditionnellement utilisés dans la joaillerie, les transforme en «high-tech facts» d’une nouvelle époque.
Richard Mille, 2009. RM 019 Nœud Celtique. Mouvement à remontage manuel, tourbillon avec réserve de marche.
En 2009, cette fois ouvertement pour les dames, Richard Mille crée la RM 019 Nœud Celtique, une montre à complications. La symbolique du nœud celtique, le lien à l’infini, est ici un bijou serti de diamants qui, placé à l’intérieur du mouvement, relie dans un cycle sans fin le barillet, l’indicateur de réserve de marche et le tourbillon. Vieux d’un millénaire, le nœud celtique place le temps dans un cycle sans fin et à éternel recommencement. La platine de la montre est en onyx noir, une gemme considérée comme une pierre qui protège et qui apporte équilibre et inspiration. Le mouvement possède un balancier à inertie variable qui garantit une plus grande fiabilité lors du montage ou démontage du mouvement, comme lors de chocs éventuels. Il améliore, en outre, la précision sur le long terme. Pour ajouter une touche technique et esthétique à la fois, le contre-pivot du pont de tourbillon, en céramique, réduit l’usure à long terme en diminuant le frottement. La RM 019 possède un indicateur inédit de réserve de marche, fondé sur un système d’engrenage différentiel directement relié au barillet. Par l’entremise d’une ligne rouge, il est possible de vérifier, d’un simple coup d’œil, l’état de la réserve de marche.
Audemars Piguet, Le Brassus, 2009. Millenary Tourbillon Calcédoine. Mouvement squelette à remontage manuel, tourbillon avec réserve de marche, balancier à inertie variable.
PIERRES NATURELLES ET USINAGES VIRTUOSES Les pierres naturelles ont été un centre de recherche technique très important chez Audemars Piguet (Renaud et Papi) depuis plusieurs années. Ainsi sont nés les mouvements avec platine en quartz rutile pour une montre Tourbillon Edward Piguet en 2001 et en agate mousse pour une autre Edward Piguet, créée en 2005, habitée par un mouvement tourbillon avec petite seconde, aux ponts sculptés. Continuant la recherche, cette fois orientée vers les
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montres féminines, les concepteurs Renaud et Papi travaillent la calcédoine (Millenary Tourbillon Calcédoine), avec ses tonalités bleues changeantes, ou l’onyx noir. Usiner des platines en pierre naturelle est un défi majeur. Un usinage moyennant des meules en diamant serait bien trop agressif pour une matière naturelle qui n’est pas uniforme. Les risques seraient multiples, la pierre naturelle peut se briser ou bien on peut découvrir, après l’usinage, des microfissures qui rendent la matière instable aux chocs mécaniques ou thermiques. Pour résoudre ce problème, les horlogers-concepteurs ont développé des moyens techniques spécifiquement destinés à l’usinage de pratiquement toutes les pierres naturelles. Ainsi, le pari d’une valeur perçue élevée est-il gagné en préservant la beauté de la pierre naturelle. Défi technique et esthétique relevé.
LA MONTRE COMPLIQUÉE A-T-ELLE CONQUIS LE CŒUR DES DAMES?
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Ce que nous pouvons dire et défendre est qu’elle a probablement conquis tous les cœurs, aussi biens ceux des dames que ceux des messieurs, surtout des messieurs concepteurs. Car il est encore peu commun d’offrir une montre à complications à une femme, à la place d’un bijou par exemple. C’est bien plus risqué. Mais cela relève de l’initiation. Et les femmes qui ont mis à leur poignet, ne serait ce qu’une fois, un des exemples que nous avons cités dans notre exposé, en tombent souvent amoureuses. Car c’est un objet précieux, un objet d’art qui contient un cœur de très haute valeur, il est plein de secrets. Et ça, ça plaît aux femmes. Même si l’économie peut freiner les moyens par moments, le génie horloger et créateur saura s’adapter et repoussera toujours les limites. Cette force vive, capable de briser les conventions et traverser les brouillards, a été nourrie par des centaines d’années de défis et de générations éprises de la même quête de la perfection et de l’ultime. Le monde fascinant de l’horlogerie a apporté un plus significatif durant cette première décennie du XXIe siècle en s’exprimant avec le langage de la plus haute sophistication horlogère dans le registre féminin. L’objet précieux que reste la montre à complications féminine a permis de relever de multiples défis d’un nouveau genre. Tandis qu’une réalité industrielle plus performante était, dans le passé, défavorable à la production artisanale, de nos jours, c’est bien le contraire. Comme nous l’avons constaté, l’outil industriel est un des meilleurs alliés pour la réalisation de ces garde-temps d’exception. La technologie sophistiquée a permis de créer des machines capables de façonner aussi bien les alliages les plus durs que les matériaux les plus nobles. Et dans toutes les opérations, la place primordiale de l’horloger,
ELENA STEFANOVA Cette spécialiste produits, ayant développé pour plusieurs grandes marques horlogères une gamme féminine et joaillière, est également historienne et diplômée en art. Ses recherches sur la place des femmes dans l’histoire des complications horlogères ont valeur de référence depuis que, le 16 septembre 2009, face à un parterre d’environ 700 professionnels de l’horlogerie, elle les a présentées en conférence dans le cadre de la Journée d’Etude de la SSC – Société Suisse de Chronométrie. En version magazine, sous la forme d’une saga historique en trois épisodes et en complément de la publication intégrale proposée par la SSC (sous le nom de «Actes»), ses recherches sont publiées en anglais dans le magazine Swiss Watch Makers ainsi qu’en français et en allemand dans vos magazines Heure Suisse et Heure Schweiz. ■ JG de l’artisan et de l’artiste est préservée. Tout comme la beauté d’un design raffiné allié à un cœur complexe. Ce sont des montres qui incarnent le rêve, celui des professionnels de tous les métiers associés à l’horlogerie; ce sont aussi des créations qui peuvent jouer des registres sérieux ou ludiques, briser des codes sans jamais les quitter… Une montre à complications féminine peut se permettre toutes les allures, même les plus exubérantes, mais sera toujours soutenue par la juste mesure de ses fonctions, qui sont son «centre de gravité», ou de vérité. Lorsqu’elles sont faites avec le plus grand soin, avec amour et une touche de bonne humeur… ■
FEMMES D’AUJOURD’HUI: DES COMPLICATIONS ET DU STYLE
Laissées-pour-compte momentanées de l’histoire des complications qui pourtant leur doit tant, les femmes ont une revanche à prendre. Certaines marques s’y emploient, car elles le valent bien… Par Albert J. de Buttes-LaCôte / TàG Press +41
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cause d’elles, pour répondre à leurs désirs d’élégance, de discrétion ou leurs caprices, des générations d’horlogers se sont remué les neurones. Leurs exploits ont été à la hauteur des exigences les plus folles et ont notamment mené à la maîtrise de la miniaturisation, source de nombreuses avancées techniques. Puis, les femmes ont été un peu délaissées et les modes récentes – qui arrangeaient bien les marques horlogères – leur ont fourgué d’abord des montres hommes, dont les tailles étaient revues à la baisse, puis des montres hommes tout court. Ou alors des montages bardés d’empierrages et de brillances, habités par ces mouvements à quartz qui autorisent les petites tailles faciles, celles qui font l’économie des arts de la miniaturisation mécanique. Dans cette morosité chronique, la démarche de Saskia maaike Bouvier a des allures d’éclaircie, même si elle s’appuie sur le trend des grandes tailles qui habillent tout de même si bien les dames. Il s’agit de complications nouvelles, spécifiquement
Saskia maaike Bouvier, une horlogère poétesse ès complications.
créées pour des femmes. Cette horlogèreconceptrice, formée à l’issue de son écolage horloger à quelques enseignes prestigieuses, se la joue solo depuis l’âge de 30 ans, en 2004. Partant de l’idée que «la femme est naturellement influencée par la Lune et
Héra Tourbillon par Boucheron, avec le mythique mouvement Sous Trois Ponts d’Or de Girard-Perregaux.
Saskia maaike Bouvier, collection Les 8 Lunes, présentée à Baselworld 2011: des garde-temps mécaniques à remontage automatique, dédiés à l’éphéméride lunaire et aux visions nocturnes.
sensible à ses changements», elle développe un calibre SmB 905 automatique, capable de donner vie à sa collection Les 8 Lunes, des montres dotées d’un affichage de l’éphéméride lunaire. «Chaque jour, la progression de la Lune est clairement indiquée. A midi, la Lune d’aujourd’hui; ensuite, celles à venir.» Surprise, dès que l’astre du jour décline, ces lunes s’allument et illuminent la nuit, transformant la course du temps en ballade sur firmament. Autre clin d’œil à l’esprit pratique, dont on affirme qu’il est l’apanage de la femme, le garde-temps L’Heure d’Eté et d’Hiver de cette créatrice permet de toujours savoir où l’on en est, sans jamais avoir à avancer ou à reculer sa montre automatique. Les «deux heures» sont affichées à demeure... La seule contrainte, c’est se souvenir du semestre dans lequel on vit. ■
La rencontre entre Maximilian Büsser, de la marque MB&F, et Jean-Christophe Bedos, de Boucheron, génère un choc: un joujou d’homme, très mécano et compliqué, se laisse détourner poétiquement et animalement.
BOUCHERON, DÉTOURNEMENTS DE SEXE La maison parisienne réussit un tour de force largement illustrateur de ses talents joailliers. Elle s’empare de bastions masculins pour en faire d’incroyables bijoux. Comme en 2007 avec son Héra Tourbillon, un gardetemps haute joaillerie aux allures de paon, au cœur duquel les visions mécaniques de l’un des plus emblématiques mouvements de l’histoire horlogère, le Tourbillon sous Trois Ponts d’Or de Girard-Perregaux, se chargent de raisons esthétiques. En 2010, la grande maison joaillière remet le couvert en détournant l’Horological Machine No. 3 de la marque MB&F, pour en faire une chouette aux grands yeux candides, emplis d’éclats de désir. La pièce s’appelle JwlryMachine. ■ JG
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MEDIA CLIPPING
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Unter der Lupe: JACOB & CO
JOURNAL SUISSE D’HORLOGERIE
FRÜHLING 2011 / EUR 7.– / CHF 12.–
SONDERSEITEN
DOSSIERFRAUEN
DIE KOMPLIZIERTE UHR EROBERT DIE HERZEN DER FRAUEN…
In der Damenwelt zählt bei uhrmacherischen Komplikationen die historische Legitimität: Wurzeln, grosse Vergangenheit, Prestige, Komplexität, technische und ästhetische Verfeinerung, subtile Ausdrucksformen. Ein Überblick, von den grossen Beispielen früherer Zeiten bis zu den jüngsten Kreationen der bekanntesten Schweizer Manufakturen. Von Elena Stefanowa, Wissenschaftlerin, Historikerin, Spezialistin für Uhren und Schmuck
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rauen wollen das Innerste kennen. Bezaubert von den Hintergründen, verfallen sie dem Charme des Anblicks, der
sich ihnen lebenslang einprägt. Was gibt ein Gehäuseboden preis, welche Innereien sind vielleicht sichtbar? Verständliche Neugierde… Eine Gravur des Markennamens, vorgeschriebene Nummern, Aufschriften, eine Botschaft, das Uhrwerk, ein Geheimnis? Solche und ähnliche Rätsel prägten schon immer die leidenschaftliche und nie erlahmte Beziehung von Frauen zu mechanischen Uhren. Den althergebrachten Werten der Manufakturen verpflichtet, beweisen die jüngsten Kreationen der Uhrenindustrie, dass Kunst und Feinheit des stolzen Handwerks die holde Weiblichkeit gebührend zur Geltung bringen. Die heutigen mechanischen Uhren, technisch auf dem höchsten Stand des modernen Fortschritts, sprechen auch Frauen unwiderstehlich an. Sie verlocken dauernd dazu, bleibende Werte zu bewahren, weiterzugeben und den Menschen nahezubringen. So schliesst sich der universale Kreis, wie die historischen Beispiele bestätigen.
GEBURT DER UHRMACHEREI: PRETIOSEN NUR FÜR FRAUEN
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Von Anbeginn produziert die Uhrmacherei Kostbarkeiten für Kenner und Eingeweihte. Das mittelalterliche Abendland und die Renaissance feiern die Erkenntnisfähigkeit des Menschen auf den Gebieten Kunst und Geist sowie sein Gestaltungstalent in den verschiedensten Bereichen: Architektur, Heilkunde, Reisen, Kriegstechnik und – nicht zuletzt – Zeitmesskunde. Der menschliche Erfindergeist bringt mechanische uhrmacherische Wunderwerke hervor. Natürlich noch in recht raumgreifender Grösse wie die ersten astronomischen Uhren. Gegen Mitte des 15. Jahrhunderts wird die Feder als Kraftspender erfunden; damit können viel kleinere Uhren gebaut werden. Alsbald bemächtigt sich der europäische Adel der Zeitmessung, damals gleichbedeutend mit Macht, Prestige und… Modernität.
ELENA STEFANOWA Als Referentin an einer Studientagung des Schweizer Vereins für Zeitmesskunde mit einem bemerkenswerten Beitrag aufgetreten, ist Elena Stefanowa als Kennerin in Sachen Damen- und Schmuckuhren nicht zu übertreffen. Die Produktspezialistin, die für verschiedene grosse Uhrenmarken eine Schmucklinie für Frauen entwickelt hat, ist auch Kunsthistorikerin und diplomierte Kunstkennerin. Ihre Forschungsarbeiten über die Rolle der Frauen in der Geschichte der komplizierten Uhren sind ein Begriff und wurden von verschiedenen Publikationen wie Chronométrophilia übernommen. ■ J. Grandjean
HÜTERINNEN DER LITERATUR UND DER KOSTBAREN KÜNSTE Ab Ende des Mittelalters, vollends aber in der Renaissance geben die Frauen in den kostbaren Künsten und in der Literatur den Ton an. Während der 300 Jahre dieses Goldenen Zeitalters sind sie es, die die Verfertigung handschriftlicher Werke prägen. Hochgebildet, zurückhaltend und fromm, verbringen sie die Tage im Rhythmus von Gebeten, die sie ihren persönliKarl V. und Kaiserin Isabella. Peter Paul Rubens, Anfang 17. Jahrhundert (nach einem Gemälde von Tizian, um 1584, heute verschwunden).
Les Très Riches Heures du Duc de Berry, Monat April. Brüder von Limburg, 1412/16 (dann Jean Colombe, 1485/89).
chen Stundenbüchern – Horae – entnehmen. Diese Manuskripte sind die Bestseller des künstlerischen und handwerklichen Schaffens in Europa von der Mitte des 13. bis in die Mitte des 16. Jahrhunderts. In Auftrag gegeben, verschenkt, eigenhändig geschrieben und illuminiert, vom europäischen Adel gekauft und gesammelt, sind diese Bücher von unschätzbarem Wert das Ergebnis der Arbeit einer Vielzahl kunsthandwerklicher Berufe. Neben ihrem Zweck als Gebetsbuch geben sie im 14. und 15. Jahrhundert Aufschluss über die gesellschaftliche Stellung und die Vermögensverhältnisse ihres Besitzers. Die Feinheit der Ausführung, Kostbarkeit und Seltenheit der Materialien, Gold und Blau (aus Lapislazuli gewonnenes Pigment),
Vielfalt der Motive und Eleganz der Darstellungen sind die Symbole der Exzellenz und des Luxus. Gerade zu dieser Zeit entstehen Les Très Riches Heures du Duc de Berry in Gestalt eines Kalenders. Die Erfindung des Buchdrucks markiert das Ende dieser grossartigen Produktion. Bleibt die Tatsache, dass die Stundenbücher den ersten Anreiz zum Besitz von Objekten von hohem symbolischen, künstlerischen und auch wissenschaftlichen Wert bildeten. Ihre reiche Verzierung mit Gold, kunstvollen Gravuren und edlen Steinen überträgt sich nun auf mechanische Uhren, die damals an den Höfen Frankreichs, Italiens, Deutschlands oder Österreichs das ultimative Statussymbol hochwohlgeborener Menschen bildeten.
Turmförmige Uhr. Schlagende Stunden, Zifferblatt mit einem Zeiger. Valentin Goedicke, Berlin, 1584.
UHREN UND GESELLSCHAFTLICHER RANG Die Formen der ersten Tischuhren erinnern denn auch an die Architektur fürstlicher Kapellen und an die Ausschmückung der illuminierten Stundenbücher. Die kleinen oder grösseren «Zeitgebäude», noch stark von religiöser Symbolik geprägt, sind faszinierende Unikate, exklusive Sinnbilder des Wissens und des Glanzes einer neuen Zeit. Davon zeugt auch die Malerei, zum Beispiel das offizielle Porträt von Karl V. und seiner Gemahlin, ein Werk von Peter Paul Rubens. Man sieht das Paar bei Tisch, wie es auf eine Uhr in Form eines kleinen Turms blickt. Es handelt sich wahrscheinlich um ein extrem seltenes Bronzeexemplar aus der ersten Berliner Produktion, um 1584, mit schlagenden Stunden und Zifferblatt mit nur einem Zeiger. Die Uhr steht vor dem kaiserlichen Paar und nimmt damit eindeutig einen Ehrenplatz ein. Zur gleichen Zeit lassen sich adlige Damen immer häufiger zusammen mit Uhren ähnlicher Art porträtieren. Die Erzherzogin Maria-Magdalena von Österreich (1589-1631) lässt sich um 1625 von Giusto Sustairmans malen; in der Hand hält sie einen Brief, daneben sieht man eine Kioskuhr mit schlagenden Stunden, Wecksignal und Zifferblatt mit
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nur einem Zeiger. Eine Frau von Rang muss jederzeit wissen, wie spät es ist. Die Zeitanzeige legitimiert die zeitlose Gültigkeit ihres Wirkens. Die Komplikation dient einem höheren Zweck.
KOMPLIKATIONEN Das 17. und 18. Jahrhundert bringen verschiedene grosse Erfindungen hervor, die die Uhrmacher befähigen, immer genauere Instrumente herzustellen: Galileis Pendelgesetze, das Regulierorgan Spiralfeder von Cristiaan Huygens 1675, das Kaliber Lépine, mit dem sich flachere Uhren bauen lassen. Es entstehen die vielfältigsten Komplikationen zur Messung der Naturelemente wie Winde und Gezeiten, die Zeitgleichung und die ersten Weltzeituhren. Es folgen die Repetieruhren, die ab dem 18. und 19. Jahrhundert bei den Damen Furore machen: Sie wollen die Uhrzeit während ihrer hochgestochenen Plaudereien hören, auch nachts…
ELIZABETH I. VON ENGLAND: DIE ERSTE TRÄGERIN EINER ARMBANDUHR? Nach den Aufzeichnungen eines Mönchs soll Elizabeth I. von England an einer Feier im Jahr 1571 oder 1572 ein goldenes Armband getragen haben, an dem ein «oriolo» baumelte. Die runde Uhr mit Diamantbesatz war an einem «armlet» aufgehängt. Die Königin trug eine Miniaturuhr, die man am Handgelenk befestigen konnte. Es handelt sich wohl um die erste Erwähnung einer Armbanduhr am Handgelenk einer Frau. Die Erfindung der platzsparenden Spiralfeder ändert nichts an der Zerbrechlichkeit und Seltenheit des Objekts. Elizabeth I. von England, vernarrt in delikate Uhren, besitzt schon kurz vor 1570 eine Miniatur-Uhr, die in einem Fingerring untergebracht ist, mit einem verblüffenden tonlosen Warnsignal, das zur gewünschten Zeit völlig unbemerkbar an den Finger Ihrer Majestät klopft. Zweihundertfünfzig Jahre später bedient sich Abraham Louis Breguet des gleichen Systems für seine Fingerringe mit Alarmfunktion. ■
DIE GROSSEN DAMEN UND DIE UHRMACHEREI IM 18. UND 19. JAHRHUNDERT
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Pierre Auguste Caron de Beaumarchais, Uhrmacher, Erfinder, Dramaturg, Finanzier und Staatsmann, präsentiert Madame de Pompadour die kleinste je gebaute Fingerringuhr, eine vereinfachte Version mit einem vorstehenden Haken, der, mit einem Fingernagel herausgezogen, den bisherigen Aufziehschlüssel ersetzt. Die einflussreiche Mäzenin der Literaten und Künstler trägt das allerjüngste Meisterwerk der Mechanik. König Ludwig XV. wollte, wie seine Kurtisanen, das gleiche Wunderwerk besitzen.
Madame de Pompadour. François Boucher, um 1750.
Später entbrennt eine andere einflussreiche Frau für die Leistungen der Uhrmacherei: Marie-Antoinette. Sie ist von den Uhren von Breguet so begeistert, dass sie 1783 die damals komplizierteste (vor kurzem wiederaufgefundene) Uhr der Welt bestellt: eine Taschenuhr mit durchsichtigem Zifferblatt (heute hochaktuell!), das die ganze Schönheit des mechanischen Werks mit «automatischem Aufzug, ständiger Minutenrepetition, komplettem ewigen Kalender, Zeitgleichung, Gangreserve, Metallthermometer, beliebig unabhängiger Grosser Sekunde, Kleiner Sekunde, Ankerhemmung, Spiralfeder in Gold, zweifacher Stossdämpfung, Königin Marie-Antoinette, mit Rose. Elisabeth-Louise Vigée-Lebrun, 1783.
Zur gleichen Zeit bestellt Katharina II., Kaiserin von Russland, Uhren in Paris und wahrscheinlich auch in Genf, für ihren persönlichen Gebrauch, aber auch für diplomatische Zwecke. Voltaire erwähnt die Sache in einem Schreiben an Ihre Kaiserliche Hoheit, abgeschickt von seinem Gut in Ferney am 18. Juni 1771. Als gewiefter Berater, der die bestellten Mengen ohne weiteres verdoppeln könnte! Die damalige Uhrmacherei geniesst einen unübertrefflichen Ruf, zumal mit Emailmalerei und klingendem Spiel. Sie dient dem diplomatischen Austausch auf höchster Ebene. Im Gefolge des technologischen Fortschritts ändert sich auch die Lebensart der wichtigen Leute von damals: Sie entdecken die Freuden des Freiluftlebens, der Parks und der Musik, des Walzers und einer verspielten pastellfarbenen Dekorrichtung namens Rocaille. Die Modeströmung begleitet das 18. Jahrhundert bis in die achtziger Jahre. Sichtbar ist sie in den Porträts von Madame de Pompadour und Marie-Antoinette. Auf Taillenhöhe festgemacht und reich verziert, tönend und auf edlen Stoffen gut sichtbar, sind die Uhren damals noch reichlich gross, mit Ausnahme der soge-
Uhr «Marie-Antoinette». Abraham Louis Breguet, 1783/1827.
nannten Miniaturen, damals der letzte Schrei in puncto Technik. Befestigt werden sie an schmuckübersäten Ketten (châtelaines). Ihre Gehäuse dienen als Unterlage für Malereien: man trägt Kunst auf sich. Wie die Stundenbücher des Mittelalters und der Renaissance stellen die Emailminiaturen Familienporträts, mythologische oder religiöse Szenen dar. Die wichtigsten Produktionsstätten sind Genf, Augsburg in Deutschland, Paris und London, wo eine kaufkräftige Kundschaft mit Aufträgen nicht geizt.
Oben und unten rechts: Flora in ihrem Garten, von Amor gekrönt. Uhr mit Wannengehäuse, Email einfarbig kobaltblau bemalt, unbekannter Künstler, einem anonymen hugenottischen Atelier zugeschrieben. Werk signiert Henry Grendon, London 1645/50.
sämtliche Reibungsteile, Bohrungen und Drehteile in Saphir, Goldgehäuse, Zifferblatt in Bergkristall, Zeiger in Gold und Stahl». Mehr als vierzig Jahre später, 1827, vollendet, konnte die Uhr ihrer Auftraggeberin nicht mehr ausgeliefert werden. Marie-Antoinette hat sich jedoch um die Verbreitung der Uhrmacherei in Europa und in der Welt bei Königen, Kaisern und Diplomaten sehr verdient gemacht.
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FIGURATIVE DARSTELLUNGEN Die Uhren werden zusehends komplizierter, funktionaler und grösser, aber auch kunstvoller verziert, üppiger mit edlen Steinen besetzt und farbenfroher. Poetisch, als Anhänger an der Taille oder als Medaillon um den Hals getragen, werden sie mit automatischen Funktionen versehen. Pfiffig und verspielt, zeigen sie bekannte oder exotische Früchte, Insekten, Schmetterlinge, Blumen, Vögel, aber auch luxuriöse Gebrauchsgegenstände aller Art wie Fächer, Spiegel, Bleistifthalter, Teleskope, Damennecessaires und natürlich Broschen und Ringe. Die komplexen Gehäuse sind nicht nur figurativ bemalt und mit «geheimnisvollen Schliess- und Öffnungssystemen» versehen,
Der Köcher. Uhr als Damennecessaire. Werk unsigniert. Genf, um 1815/20.
KÖNIGIN VON NEAPEL Caroline Murat Bonaparte bestellt am 8. Juni 1810 bei Abraham Louis Breguet eine der ersten Armbanduhren. Damals ist die Raffinesse einer Uhr, ihre Nützlichkeit und die Exklusivität ihrer Komplikationen ein regelrechtes Machtbarometer. Das länglich geformte Modell mit Repetierwerk, dezentralem
Die Harfenspielerin. Die Genfer Piguet & Capt fertigen Anfang des 19. Jahrhunderts «Die Harfenspielerin» an, einen Ring mit Automat, und «Die Quaste», eine Broschenuhr mit sichtbarer Unruh. Ihr längliches rechteckiges Gehäuse mit geschnittenen Flächen weist bereits die dritte Dimension auf! Anspruchsvolle Technik bei Kleinodien für Damen weist auf einen Insider- und Elitestatus hin. Automatenring mit Musik. Werk signiert Isaak-Daniel Piguet, Genf, um 1810.
die darin enthaltenen Uhrwerke lassen auch Töne erklingen und bewegen sich. Die Kunst des Automatenbaus bringt eine grosse Bereicherung dieser Miniaturuhren, die bis Mitte 19. Jahrhundert an europäischen Höfen und in morgenländischen Palästen gleichermassen heiss begehrt sind und der Uhrmacherei zu internationalem Ruhm verhelfen. Dann werden die kuriosen Objekte, die die Zeit anzeigen, immer kleiner, ihre Innereien immer besser, so dass ihr Gewicht zusehends abnimmt. Jetzt werden sie als Anhänger oder als Brosche auf Brust- oder Schulterhöhe getragen. Sie stecken voller mechanischer Geheimnisse. Amüsante Miniaturautomaten und komplizierte Uhren, wie sie zum Beispiel die letzte Königin von Frankreich in Auftrag gab, werden nebeneinander angeboten. Komplexität und technische Meisterschaft sind an der Tagesordnung und berechtigen zu den schrillsten Kreationen. Einzelne Teile des Uhrwerks bleiben sichtbar. Noch heute sind solche
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Uhren gefragt, vor allem im Orient, wo sie auch von Männern getragen werden.
Stundenkreis und Thermometer, ist mit einem Armband aus Haar, verwoben mit Goldfäden, versehen. Noch heute lässt sich die Marke Breguet für ihre Kollektion Reine de Naples von dieser Vorlage inspirieren. Ein Jahr später bestellt die vielreisende Caroline Murat eine der berühmten Reiseuhren, die ihrem Besitzer unterwegs alle nützlichen Funktionen bieten, die Abraham Louis Breguet erfunden hat. Die Königin von Neapel ist Zeit ihres Lebens fast ständig auf Reisen. Am 18. März 1812 kauft sie für 4000 Francs eine Reiseuhr mit demi-quarts-Repetition, Wecker, vierfachem Digitalkalender, Mondphase und Mondalter sowie acht Tagen Gangreserve. Solche Reiseuhren besitzen auch andere mächtige Frauen jener Zeit. Die Grossherzogin der Toskana erwirbt eine am 26. August 1813 zum gleichen Preis. Ein weiteres Exemplar besitzt Königinmutter Elizabeth; im August 1814 wird es dem Prinzregenten für 4600 Francs verkauft. Noch heute befindet sich diese Uhr als Erbstück im Besitz der englischen Königin Elizabeth II. ■ Links: Caroline Murat, Königin von Neapel, und ihre Kinder. François Gérard, 1809/10. Rechts: Reiseuhr. Breguet und Sohn, 1812.
in der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts lösen einen erfinderischen Wettstreit um den Bau immer komplexerer Modelle aus.
AN DER SCHWELLE ZUM INDUSTRIEZEITALTER Bis in die dreissiger Jahre des 19. Jahrhunderts bleibt die Uhr ein kostbares Kunstobjekt, ein personalisiertes Einzelstück: Automatenuhren mit Viertelstundenrepetition, Schmuckringe oder Anhänger, auf denen die Unruh sichtbar ist, und Skelet-
Dafür eignen sich die Taschenuhren ideal. Ziel ist die grösstmögliche Ganggenauigkeit. In den vierziger Jahren des 19. Jahrhunderts sind die Chronometer sehr begehrt.
KÖNIGIN VICTORIA, UND DIE ERSTE SCHLÜSSELLOSE UHR Unter den Erfindungen jener Zeit ist das von Patek Philippe & Co in Genf patentierte neue Aufzugssystem mit einer Krone, die den bisherigen Schlüssel ersetzt, besonders zu erwähnen. Das erste Stück, das mit dieser Innovation ausgestattet ist, erhält eine sehr hochgestellte
tuhren, die die Stunden en passant oder auf Verlangen dank einer Tonfeder erklingen lassen. Bei Breguet gab es auch Miniaturuhren mit Bügel-aufzug und ebensolcher Zeigerstellung. Diese Uhren konnten auch an einem Armband getragen werden. Zwei solche Exemplare sind heute in der Sammlung des Museums Patek Philippe zu sehen; das eine aus dem Jahr 1831 mit dezentralem Zifferblatt, das andere, Jahrgang 1835, eine skelettierte Sprungdeckeluhr mit Doppelgehäuse. Ihr Werk wiegt 1,8 g.
Frau, zu ihrer Zeit geradezu ein Symbol: Königin Victoria von England. Es handelt sich um eine prachtvolle Anhängeruhr der «offenen» Art. in Gold und blauem Email, mit Aufzug und Zeigerstellung am Bügel. Überreicht wurde sie am 18. August 1851 im Rahmen der «Great Exhibition» im Londoner Crystal Palace, heute Hyde Park. Anlässlich der Ausstellung kauft die Königin noch eine weitere, ähnlich geartete Uhr, aber mit Schlüssel für die Zeigerstellung, und für ihren Gemahl, Albert von SachsenCoburg-Gotha, einen Taschenchronometer mit Chronometerhemmung und Viertelstundenrepetition. Das Ding ist damals in Mode
Eine ovale Damenarmbanduhr, entstanden um 1830, kann man im Uhrenmuseum Beyer in Zürich sehen. Sie besitzt ein dezentrales Stunden- und Minutenzifferblatt in weissem Email, das mühelos ablesbar ist, sowie eine sichtbare grosse Unruh. Auf der Rückseite ist die Bedienungsanleitung für den Aufzug eingraviert. Solche Uhren sind im 19. Jahrhundert selten. Nachdem einige Jahrzehnte zuvor das Brückenkaliber von JeanAntoine Lépine erfunden wurde, konnten nun viel flachere Uhren gebaut und Rohwerke serienmässig produziert werden. Die beginnende Industrialisierung, der Rückgang des Orienthandels, die Demokratisierung der Technik und die Erfindung der Fotografie sind einige der wichtigen Faktoren, die den Überschwang der Formen und den Reichtum der Dekors nach und nach abklingen lassen. Die Uhrmacherei tritt in ein neues Zeitalter ein. Die Uhren ändern sich. Die Uhrmacher beginnen, zu mehreren zusammenzuarbeiten, um der Nachfrage nach tech-
und verkörpert den neusten Stand der Uhrmacherkunst.
nischen Neuerungen nachzukommen und mit ihren Leistungen wissenschaftliches Prestige zu gewinnen. Die Weltausstellungen
Oben: Die Uhr der Königin Victoria (Porträt unten). Patek Philippe & Co, Genf, 1850/51. «Offene» Uhr mit Bügelaufzug, ergänzt durch eine Brosche. Erfindungspatent im Inneren eingraviert.
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Victoria ist eine der mächtigsten und bedeutendsten Frauen ihrer Zeit. Die grosse Kunstfreundin begibt sich höchstpersönlich in die Ateliers der Künstler und Kunsthandwerker. Als junge Frau erscheint Victoria auch bei dem Genfer Uhrmacher und Goldschmied Jean-François Bautte (Gründer der heutigen Manufaktur Girard-Perregaux), zu dessen europäischer Kundschaft auch Prominente gehören wie Mademoiselle Mars, eine der grössten Schauspielereien ihrer Zeit, Protégée Kaiser Napoleons I., Graf Alfred d’Orsay, ein notorischer französischer Dandy, seine Freundin Lady Marguerite Blessington sowie zahlreiche gekrönte Häupter wie Fürst Joachim Murat, König von Neapel und Schwager des Kaisers, die Grossherzogin von Schleswig-Holstein und die Herzogin von Clermont-Tonnerre. Letztere geruht, 1830, Bautte folgende schmeichelhafte Zeilen zukommen zu lassen: «Wir möchten ein ganz einmaliges Schmuckstück schenken, das noch niemand zu Gesicht bekommen hat, in einem beispiellosen Stil. Sie sehen, geehrter Herr, dass solche Wünsche nur einer in Europa erfüllen kann, und das sind Sie!» Die Zeiten haben sich geändert, der Einfluss der königlichen Damen, ihr Symbolwert und ihr direkter «Draht» zu den Uhrmachern bleiben. Auch die Farben und Materialien ändern sich kaum, nach wie vor sind Königsblau und fein graviertes Gold gefragt.
UM 1900 Kostbare Anhängeruhren mit Bügelaufzug leben wieder auf, begehrt bei Damen zur Zeit des Symbolismus, der bereits von Jugendstil und Art nouveau unterwandert wird. Seine Ästhetik kommt den Fähigkeiten der Uhrmacher und Goldschmiede von anno dazumal sehr entgegen; ganz Europa wird schon bald mit neuen uhrmacherischen Kreationen beliefert. Fliessende Formen, durchscheinendes Email, extreme Feinheit der stilisierten Naturdarstellung sind die Ausdrucksmittel der neuen Stilrichtung. Die politischen und wirtschaftlichen Erschütterungen Anfang des 20. Jahrhunderts setzen dem kostbaren Kunstgewerbe jedoch ein jähes Ende; abgelöst wird es alsbald noch viel kühner von den geometrisch verschnörkelten Formen des Art deco. Alle Bemühungen gelten nun der Industrialisierung, dem Kunstgewerbe und dem nützlichen Gegenstand: die Funktion bestimmt die Form. Wie in der Architektur, spiegeln die häuslichen Gebrauchsgegenstände nach und nach die industrielle Formenwelt. Das «Design» ist geboren. Nun werden neue Werkstoffe eingesetzt: Bakelit, Chrom, Lacke, Radium. Die Kunstrichtung Art deco wird die Uhrenmode im 20. Jahrhundert noch über weite Strecken beherrschen, vor allem bei Damenarmbanduhren. Mittlerweile gibt es auch neue Formen für Damenuhren, ge-
Armbanduhr Art deco. Audemars Piguet, Le Brassus, 1919.
schmückt mit feinster Goldschmiedearbeit, türkisblauem Email und Diamanten, zum Beispiel Anhängeruhren Typ «Guirlande» oder «Boule de Genève». Die Uhr wird als delikates Schmuckstück immer kleiner. Getragen wird sie als Anhänger, als Brosche oder am Armband. Gefragt ist jetzt Unauffälligkeit und Diskretion. Schwarz ist die Modefarbe für Satinarmbänder. Sie wird für ihre kontrastreiche Eleganz geschätzt. Eine prachtvolle, 1919 von Audemars Piguet angefertigte Artdeco-Uhr wird fünf Jahre später in Paris verkauft. Zeitgemäss und zeitlos elegant, ist die Uhr, ohne bekannten Empfänger, heute im Museum der Manufaktur in Le Brassus zu sehen. Damenschmuckuhren sind jetzt für breitere Damenkreise ersch-
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winglich. Königliche Hoheiten stehen immer noch im Vordergrund, doch unter den Frauen treten immer mehr Künstlerinnen und Stilikonen in Erscheinung, zum Beispiel Stummfilmschauspielerinnen. Natürlich auch anonyme, weniger bekannte Figuren. «Hightech» bedeutet damals möglichst klein. So entstehen auch die Ikonen der modernen Uhrmacherei, zum Beispiel das Kaliber 101 von JaegerLeCoultre 1929. 14 mm lang, 4,8 mm breit, 3,4 mm hoch und ca. ein Gramm schwer, ist es heute noch ein Meisterwerk mechanischer Miniaturisierung, das nach wie vor leistungsmässig allen Rivalen die Stirn bietet. Nur wenige Uhrmacher besitzen die Fähigkeit, die 98 Teile der exquisiten Kleinstuhr zusammenzusetzen. Die feinen rechteckigen Uhren der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts verdanken sich und ihren Erfolg diesem bahnbrechenden Uhrwerk. Eine solche Uhr prangt auch am Arm Königin Elizabeth’s II. am Tag ihrer Krönung, dem 2. Juni 1953. Noch damals war sie ein technisches und ästhetisches «must». ■ Armbanduhr, cal. 101. Jaeger-LeCoultre, Le Sentier, 1938.
FORTSETZUNG FOLGT: WEITERE THEMEN «Entstehung der modernen komplizierten Damenuhren», dann ein Überblick über «ein Jahrzehnt moderner Damenuhren». Noch aktueller: die komplizierten mechanischen Uhrwerke heutiger Marken wie Girard-Perregaux mit seiner Cat’s Eye Tourbillon sous Pont d’Or (2005), seiner Cat’s Eye Petite Seconde (2011) oder seinem Kaliber GP 4000 Seconde Folle (2009) in einer figurativen Schmuckuhr von Boucheron; Jaeger-LeCoultre mit seiner Squadra Lady Duetto (2008); der Chronograph Flyback für Damen von Blancpain (2000); die Reine de Naples von Breguet (2002); das Chronographenkaliber CH29–535 PS, die Calatrava Travel Time Lady oder die Referenz 4937 (2005) von Patek Philippe; die Royal Oak Offshore für Damen (2003 bis 2008) oder die Millenary Tourbillon Calcédoine von Audemars Piguet; die L.U.C Tourbillon Lady von Chopard (2009), die Uhr Le Pont des Amoureux von Van Cleef & Arpels (2010); die Lady Z (2008) und die Dame Répétition Minutes (2008) von Harry Winston; die RM 019 Nœud Celtique von Richard Mille usw. ■ 56
Unter der Lupe: EBERHARD & CO
JOURNAL SUISSE D’HORLOGERIE
SOMMER 2011 / EUR 7.– / CHF 12.–
SONDERSEITEN
DOSSIERFRAUEN
DIE KOMPLIZIERTE UHR EROBERT DIE HERZEN DER FRAUEN…
Im ersten Teil ihres Beitrags (Heure Schweiz Nr. 110) erzählte die Historikerin Elena Stefanowa die Geschichte der komplizierten Uhr und wie sie von den Frauen erlebt wurde, von den Ursprüngen der Uhrmacherei über die grossen Frauengestalten des 18. und 19. Jahrhunderts und exklusive Schmuckstücke für Frauen bis zum Beginn des Industriezeitalters. Hier geht es um die jüngere Vergangenheit der komplizierten Uhrmacherei und ihrer Anziehungskraft auf Frauen. Von Elena Stefanowa, Wissenschaftlerin, Historikerin, Spezialistin für Uhren- und Schmuckprodukte
W
ELENA STEFANOVA
ie entwickelt sich das Interesse
der Frauen für komplizierte Uhren im 20. Jahrhundert? Während die komplizierte Armbanduhr für die Männerwelt zum Allgemeingut wird, findet sie bei Frauen weniger schnell Anklang, denn ihr relativ üppiges Format steht im Widerspruch zu der damaligen Mode.
DIE ERSTEN KOMPLIZIERTEN DAMENUHREN MODERNEN ZUSCHNITTS Als Schmuckstück getragen, eignet Damenuhren als oberste Komplikation ihre Kleinheit. Deshalb trachten die
An einer Studientagung des Schweizer Vereins für Zeitmesskunde erlebt, erweist sich Elena Stefanowa als unschlagbare Kennerin in Sachen Damenuhren und Schmuck. Die Produktspezialistin hat für verschiedene grosse Uhrenmarken Damenuhr- und Schmucklinien entwickelt und ist auch diplomierte Kunsthistorikerin. Ihre Arbeiten über die Rolle der Frauen in der Geschichte der uhrmacherischen Komplikationen gelten als massgebend. ■ JG
Uhrmacher nach maximaler Miniaturisierung der Kaliber, von seltenen Ausnahmen abgesehen: 1911 erschien die Damenarmbanduhr Nr. 13 931 von Audemars Piguet, eine dekorierte Minutenrepetition mit Diamantbesatz, Kaliber 10 Linien und grosser Sekunde aus der Mitte. Sie wurde in Berlin verkauft. 1920 brachte die Manufaktur eine zweite Minutenrepetition heraus, diesmal mit einem Werk von 8 Linien. Sie wurde am Handgelenk oder wie ein Schmuckstück auf einer Brosche oder einem Collier getragen. 1915 erscheint bei Patek Philippe die erste komplizierte Damenarmbanduhr modernen Zuschnitts: 5-Minuten-Repetition, feines durchbrochenes Armband, verschlungene Ringe in Jugendstilmanier.
Armbanduhr mit Minutenrepetition und Sekunde aus der Mitte, Kaliber 10 Linien – Audemars Piguet, Le Brassus, 1911.
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Sie ist im Patek Philippe Museum zu sehen. Für Männer entwickelt Patek Philippe ab den zwanziger Jahren ein reichhaltiges
Damenarmbanduhr mit 5-MinutenRepetition – Patek Philippe, Genf, 1915.
Generell sind alle im 20. Jahrhundert erschienenen komplizierten Damenuhren, zuweilen mit Diamanten geschmückt, relativ klein, mit stattlichen Kalibern und runder Form von klassischer Anmutung. Rechts: Erste Damenarmbanduhr mit Ewigem Kalender, Weiterentwicklung einer Anhängeruhr, Werk 12 Linien – Patek Philippe, Genf, 1925.
Armbanduhr mit Minutenrepetition, Kaliber 8 Linien – Audemars Piguet, Le Brassus, 1920.
Angebot von komplizierten Armbanduhren, die nun miniaturisiert werden. Die Weltwirtschaftskrise von 1929 und ihre Folgen in den dreissiger Jahren lassen diese Produktion empfindlich schrumpfen. Neue Erfindungen für exklusive komplizierte Uhren setzen sich jedoch durch: Dreifachdatum, Ewiger
DREISSIGER UND VIERZIGER JAHRE: ZURÜCK ZUR NÜTZLICHEN KOMPLIKATION
Kalender mit Fenster, Mondphasen und Minutenrepetition. Der Genfer Louis Cottier baut auch Werke mit Weltzeitanzeige. Die Manufakturen, deren Namen auch heute noch die Spitzenliga
In den Jahren der Kunstrichtungen Art nouveau und Art déco sind die Damenuhren eher komplex als kompliziert. Die funktionale Komplikation mutiert zum künstlerischen Schnörkel. Erst in
der Uhrmacherei prägen, überboten sich an komplexen Uhrwerken, miniaturisierter Bauweise und möglichst flachen Profilen.
den vierziger Jahren, als Uhren für das Krankenpflegepersonal erscheinen, besinnt man sich wieder auf elementare Nützlichkeit. Die Komplikation wird zum Instrument, das demokratisch für
In den zwanziger Jahren erscheinen auch die ersten Armbanduhren mit Ewigem Kalender für Damen. Wie ihre
eine breite Kundschaft erschwinglich ist. Im Zeichen der Weltwirtschaftskrise von 1929 und später des
männlichen Vorgänger, die von der Tasche ans Handgelenk wechselten, war auch die erste Damenarmbanduhr mit Ewigem
Zweiten Weltkriegs kommt es in den dreissiger und vierziger Jahren zu einer ersten Verbreitung des Damenchronographen,
Kalender von Patek Philippe, Jahrgang 1925, ursprünglich eine Anhängeruhr mit einem Werk von 12 Linien. 1928 brachte dann die gleiche Marke eine Damenarmbanduhr mit
der bei Frauen hochbegehrt ist. Er verkörpert eine Zeitenwende: Die Frau gibt sich dynamisch, wird unabhängiger, freut sich an unkonventioneller Mode, sie fährt Auto, lässt ihr Haar kurz
Minutenrepetition heraus, diesmal in einem Formgehäuse.
schneiden, trägt Hosen und geniesst das Leben in der
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Öffentlichkeit der grossen Städte. Die Herrenmode färbt auf die Damengarderobe ab und prägt die weibliche Silhouette. Der sportliche Auftritt triumphiert. Ein ideales Umfeld für neuartige Armbanduhren mit nützlichen Komplikationen. Bekannt sind die Chronographen Compax und Compur für Damen, die Universal schon 1934 herausbringt. 1937 sind die Neuauflagen der Compax für Damen die kleinsten Chronographen der Welt, mit einem Werk von 10½ Linien.
UHREN FÜR KRANKENPFLEGEPERSONAL Die grossen Chronographenmarken bevorzugen geometrische Formen, wie Universal und Rolex: klare kantige Erscheinung im aktuellen Stil. Der Gegensatz zwischen Gehäuseform und Uhrwerk drückt technischen Anspruch und formalen Wagemut aus. Dem Chronograph spricht auch der weitgehend weibliche Berufsstand der Krankenpfleger zu. In der Regel mit einer unabhängigen toten Sekunde für die Pulsmessung ausgestattet, die ohne Einfluss auf die Uhrzeitanzeige mit ihrem eigenen Zeiger funktioniert, wird die Krankenpflegeruhr auch anderen Zwecken dienstbar gemacht, zur Messung der Atemfrequenz oder als Zeitnehmer für sportliche Wettkämpfe. Zum Beispiel der Puls- und Oben: Damenchronograph mit Handaufzug, Durchmesser 25,6 mm, Werk 10½ Linien – Universal, Modell der Jahre 1930-1940. Rechts: Armbanduhr Jules Audemars, Minutenrepetition mit Glockenspiel für Damen, Kaliber 2873, Durchmesser 22,3 mm, Höhe 4,8 mm – Audemars Piguet, Le Brassus, 1998-2000. Unten: Damenchronograph mit Pulsmesser und Tachymeter, Bezeichnung «base 20 pulsations» – Girard-Perregaux, 1945.
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Gegenüber: Automatische Damenarmbanduhr mit Ewigem Kalender, Kaliber 2132/2805, Durchmesser 26 mm, Höhe 8,05 mm – Audemars Piguet, Le Brassus, 1991.
VON DEN FÜNZIGER ZU DEN ACHTZIGER JAHREN Die 50er und 60er Jahre sehen den Triumph der mechanischen Uhr, komplizierte Zeitmesser dagegen sind weniger gefragt. Sie gelten als Luxus, der praktischen Dingen weichen muss, die in dieser Zeit des Wiederaufbaus ihren Siegeszug antreten:
Haushaltgeräte für alle, die Funktion prägt das Design. Dann werden komplizierte Uhren von der Quarzrevolution förmlich vom Markt verdrängt. Erst Ende der achtziger Jahre erholen sie sich von ihrem Tief. ■
Unten: Extraflache Kalenderuhr für Damen – Blancpain, Le Brassus, 1984.
Geschwindigkeitsmesser für Damen der Marke Girard-Perregaux.
mit Glockenspiel, die auch
In Friedenszeiten dient er als Sportgerät; wie das Foto einer jungen Krankenschwester zeigt, wurde er am 9. Juni 1944 auch bei der Landung der Alliierten in der Normandie getragen. Der Chronograph für Frauen ist ein dynamisches Attribut, zugleich klar und uneindeutig. Die zwei Seiten der Weiblichkeit kommen darin perfekt zum Ausdruck: sportlich und elegant, grosszügig und diskret. Ein Chronograph in Frauenhand muss die verschiedensten Zwecke erfüllen. Er beherrscht das Feld der sportlich-eleganten Damenuhren als ein Attribut, das nie aus der Mode kommt. Bleibt eine Frage: Wie oft betätigt eine Frau die Zähler, und aus welchem Grund? Ein Rätsel…
die Sekunden anzeigt, ein Damenmodell mit 22,3 mm Durchmesser und 4,8 mm Höhe. Die eindeutige Damenuhr ist die einzige ihrer Art, die noch heute produziert wird. Als seltenes Stück ist sie der Stolz des Hauses. Klingende Uhren sind diskreter als optisch imposantere Komplikationen und werden deshalb nur von einem sachkundigen Publikum gekauft.
VOM ENDE DER QUARZKRISE BIS HEUTE…
Ab 2003 findet man auch Damenuhren mit «kleinen Komplikationen» in den Kollektionen von Patek Philippe. Die Referenz 4858 ist ein Meisterwerk an Miniaturisierung. Dank einer ingeniösen Bauweise und dank der Verwendung des Kalibers 16-250 mit Handaufzug, dem kleinsten mechanischen Uhrwerk, das den Genfer Stempel tragen darf, gelingt es Patek Philippe, die Mondphasenanzeige in einem verblüffend flachen Profil unterzubringen; sie erscheint in einem – für eine
Kaum ist die Krise ausgestanden, nehmen verschiedene Manufakturen, die schon immer als grosse Könner in Sachen komplizierte mechanische Uhren geglänzt haben, die Entwicklungsarbeit wieder auf. 1978 bringt Audemars Piguet ein automatisches Werk mit Ewigem Kalender, Kaliber 2120/2806, 28 mm Durchmesser und 4 mm Höhe heraus, damals ein Flachheitsrekord. Es wird aber noch dreizehn Jahre dauern, bis die Marke die erste automatische Damenuhr mit Ewigem Kalender und Kaliber 2132/2805, mit 26 mm Durchmesser und 8,05 mm Höhe auf den Markt bringt.
AM ANFANG DES 21. JAHRHUNDERTS
Damenarmbanduhr mit Mondphasen und kleiner Sekunde, Kaliber 16-250 – Patek Philippe, Genf, 2003.
1984 erscheint die kleinste, ultraflache Kalenderuhr von Blancpain, mit Mondphase, Wochentag, Monat und Datum. Um die gleiche Zeit kommt es zu einer Weltpremiere: Audemars Piguet gelingt eine Glanzleistung, die ultimative Miniaturisierung des ultraflachen automatischen Tourbillons. Sein Käfig ist beispiellos klein – 7,2 mm Durchmesser –, das Tourbillon besteht aus mehr als 70 verschiedenen Teilen und wiegt nur 0,134 g. An sich nicht speziell für Frauen bestimmt, verfehlt es seine Wirkung auf die Damenwelt nicht: kissenförmiges Gehäuse, kostbares Zifferblatt mit Einlegearbeit und Perlmutt. 1998 folgt eine Jules Audemars, die kleinste Minutenrepetition
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Damenarmbanduhr mit Mondphasen und Gangreservenanzeige, Kaliber 1410 – Vacheron Constantin, Genf, 2005.
Damenuhr – ungewöhnlich grossen Fenster. Das Werk zeichnet sich durch höchste Präzision aus: erst nach 122 Jahren weicht die Anzeige um einen Tag vom realen Mondrhythmus ab! Nicht minder klassisch, kostbar und raffiniert ist das kleine Modell Phases de Lune der Genfer Manufaktur Vacheron Constantin, das 2005 präsentiert wird: 32 mm Durchmesser, Werk mit Handaufzug, Kaliber 1410 mit den Anzeigen Stunden, Minuten, Gangreserve und Mondphasen – letztere in einem ungewöhnlichen vertikalen Fenster zwischen 8 und 9 Uhr. Die gleichen Diamanten wie auf Lünette, Gehäuse, Hörnern und auf dem Zifferblatt als Stundenmarken zieren auch die Mondscheibe. Hier wird mit feinsten Formaten gearbeitet…
KOMMENTARE: EIN JAHRZEHNT KOMPLIZIERTER DAMENUHREN Für die Uhrmacher sollte das Jahr 2000 im Zeichen von Hightech, neuartigen Werkstoffen, Unverwüstlichkeit, Höchstleistungen, Konzeptuhren, neuen und immer komplizierteren Funktionen stehen. In Wirklichkeit schaltete die Industrie um vom extrem Kleinen zum Übergrossen, auch zum Extraleichten, zur 3DAnzeige und zum 4D-Inhalt… Im ersten Jahrzehnt des 21. Jahrhunderts kam es zu einer wahren Explosion uhrmacherischer Erfindungen. Mehr denn je findet die uhrmacherische Findigkeit ihren bevorzugten Tummelplatz auf dem Gebiet der Komplikationen. Die Kreativität kennt keine Grenzen, vergleichbar wohl mit dem Fortschrittsdrang im 17. und 18. Jahrhundert, unterstützt von günstigen Rahmenbedingungen: betuchte Kunden und Liebhaber überschreiten täglich alle geografischen Grenzen, anspruchsvolle Kenner ermutigen Manufakturen und Kreateure zu immer neuen Kostbarkeiten, die sie umgehend als Unikate oder Exemplare einer Kleinstauflage erwerben. Eigentlich unerwartet vor diesem Hightech-Hintergrund, ist das Segment der neuen komplizierten Uhr für Damen entstanden. Optisch ins Auge stechend, vom Format her immer grösser, hat sie sich eine poetische und emotionale Dimension zugelegt, manchmal historisierend oder lyrisch geprägt, stets jedoch zeitlos. Verwendet werden weiterhin herkömmliche Werkstoffe, kostbare Steine,
DREI TENDENZEN, ODER AUCH VIER Die komplizierte Damenuhr folgt drei Konzeptions- und Ausdruckslinien. Zunächst gibt es die betont feminine Richtung, dann die technisch und ästhetisch hochgestochene, schliesslich die verspielte und unkonventionelle, die die Goldschmiedekunst mit uhrmacherischer Meisterschaft verbindet. Dann gibt es noch eine vierte, schwer einzuordnende Richtung, die bei komplizierten Werken für Damenuhren nach technischer und gestalterischer Einzigartigkeit strebt. Auf diesem Gebiet sind ab 2000 die Manufakturen Breguet, Blancpain und Girard-Perregaux besonders hervorgetreten.
KOMPLIZIERTE UHREN ERFREUEN FRAUEN GANZ BESONDERS Für die Manufaktur Breguet bezieht diese Richtung ihre Legitimität schon aus den Kreationen, die Abraham Louis Breguet für seine illustren Kunden anfertigte, allen voran Caroline Murat, Königin von Neapel. Die Armbanduhr, die er für
Perlmutt, Diamanten, Gold, veredelt durch das gestalterische Talent der Kreateure. Von Automaten, Emailmalerei, Musik und klingenden Stunden ist man freilich noch weit entfernt. Die jüngste Generation verwendet edle Materialien, die bisher keine Rolle spielten. Die komplizierten Kaliber sind oft den Herrenmodellen entlehnt, als Frauenmodelle glänzen sie gerne mit grosser Ganggenauigkeit und feinbearbeiteten mechanischen Komponenten. Sagt man nicht, die Frauen leben in der gleichen Welt, sehen sie aber anders als die Männer? Die heutigen
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Entwickler komplizierter Uhrwerke schaffen eine neue Realität, etwa wie ein Bühnenbild oder ein Theaterstück. ■
Armbanduhr Reine de Naples, automatisches Werk mit Anzeige der Mondphasen, der Gangreserve und des Datums – Breguet, L’Abbaye, 2002.
Armbandchronograph Flyback für Damen, automatisch, Kaliber Blancpain F185, Durchmesser 26,2 mm, Höhe 5,5 mm – Blancpain, Le Brassus, 2000.
sie erschuf, schlägt sich unmittelbar in der neuen Linie der Marke nieder, die 2002 in Basel vorgestellt wurde: die Schmuckuhrenlinie Reine de Naples. Die komplizierten Schmuckuhren mit automatischem Werk zeigen die Mondphase, die Gangreserve und die Sekunden an. Ihre ungewöhnliche «längliche» Form entspricht dem Originalmodell von Caroline Murat und verwandelt das eiförmige Oval in eine technische Raffinesse durch die Anordnung der Mondphasenund der Gangreservenanzeige. Dekor, Perlmutttönungen, Armbandglieder und Steinfassung zitieren die ruhmreiche Vergangenheit von Breguet. Mit ihrer
vorzugsweise mit den automatischen
brochenen Zifferblatt, das bei einem
Chronographenwerken Flyback, GMT oder Quantième complet mit Mondphasen ausgestattet. Eine ganze
Chronographen eher ungewöhnlich ist, spielt er bewusst mit den Ziffern der vier Hauptachsen der Uhrzeit.
Kollektion spielt mit sanften Farbtönen; Blancpain gehörte zu den ersten Marken,
Die Manufaktur Girard-Perregaux mit ihrem exklusiven Portfolio von Uhrwerken
die für Damenmodelle die Farbe weiss verwendeten.
beweist damit zweifelsfrei ihre Fähigkeit, auch erfolgreich Produkte für Frauen herzustellen, inklusive Chronographen und
DIE CAT’S EYE VON GIRARDPERREGAUX Im Jahr 2000 erscheint das kleine Chronographenmodell von GirardPerregaux mit dem wohl kleinsten bis heute produzierten Säulenradwerk von 10½ Linien. Mit seinem leicht durch-
Tourbillons. Sie ist mit Sicherheit die einzige Marke, die in jahrelanger Kreationsund Forschungsarbeit fast ihr gesamtes Wissen und Können in den Dienst der komplizierten Damenuhren gestellt hat. Das Modell Cat’s Eye, das 2004 am Genfer SIHH vorgestellt wurde, eine in beiden Richtungen ovale Uhr, erlaubt die Verwendung verschiedener komplizierter Werke im Besitz der Firma. Mit automatischem Aufzug: Datum, Gangreservenanzeige und kleine Sekunde; Mondphasen und kleine Sekunde 2004; Tourbillon unter goldener Brücke, mit Handaufzug 2005, und eine Schmuckversion mit drei goldenen Brücken; biretrograd, rückspringende Sekunde und rückspringender Wochentagsanzeiger, Datum und Mondphasen 2006; Jahres- und Tierkreiskalender als
obligat adligen Erscheinung ist die Reine
Vorpremiere 2009.
de Naples ein Prachtstück für Frauen. Sie verbindet nahtlos Feminität und mechanische Hochkultur.
Eine weitere Komplikation, in den dreissiger Jahren des 20. Jahrhunderts realisiert, aber schon mit einer langen
Breguet pflegt bei der Entwicklung seiner Kollektion betont die Edelschmuckseite und die antike Kunst der Kamee, hält sich aber bei Komplikationen in «vernünftigen» Grenzen, während Blancpain und Girard-Perregaux ihre Erfolgsgeschichte bei Frauen entschieden mit komplizierten Uhrwerken schreiben. Bei Blancpain kann man sich auf ein reiches Erbe an komplizierten Werken im Kleinformat stützen;
seine
Damenuhren
sind
Modell Cat’s Eye Tourbillon unter goldener Brücke, Tourbillonwerk mit Handaufzug – Girard-Perregaux, La Chaux-de-Fonds, 2005.
Vorgeschichte – die Weltzeit – wird mit
GROSSFORMATE, EIN DISKUSSIONSTHEMA Die Frauen tragen immer grössere Uhren, nicht selten eindeutige Herrenmodelle. Der Trend geht offenbar in Richtung unisex. Doch so, wie Frauen gern ein Kostüm im Herrenschnitt tragen, schmücken sie sich auch mit einer Herrenuhr: aus Spass am Unterschied. Die Sache ist noch viel komplizierter und verstandesmässig kaum zu erfassen. Entscheidend ist, dass dieser Unterschied angeboten und in immer neue Formen gekleidet wird. Beweise, dass Frauen von kostbaren, seltenen, einzigartigen und authentischen Objekten stark angezogen werden, gibt es genug. ■
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DOSSIERFRAUEN
der 24Hours Shopping von GirardPerregaux 2007 erstmals in einer Damenuhr angeboten. An die Stelle der Städtenamen treten die Namen der bekanntesten Shoppingmeilen. Für einen Abstecher ist mehr oder weniger Zeit vorzusehen, je nach Lust und Laune… Alle sonstigen Anzeigen erfüllen ihre Aufgabe präzise. Es handelt sich um eine der grössten komplizierten Damenuhren, Durchmesser 41 mm, bedingt durch die Abmessungen des Uhrwerks, doch heute stehen grosse
FORTSETZUNG FOLGT: DER NÄCHSTE UND LETZTE TEIL ERSCHEINT IN DER NUMMER 113 VON HEURE SCHWEIZ
Formate bekanntlich hoch im Kurs. ■
Diese Saga über komplizierte Uhren und ihren Erfolg bei Frauen ist die Magazinversion einer Veröffentlichung von Elena Stefanowa, erstmals präsentiert in Form eines Vortrags an der Studientagung des Schweizer Vereins für Zeitmesskunde im September 2009 (www.ssc.ch, Tagungsunterlagen anfordern). Im nächsten und letzten Kapitel wird es um «Nutzen und Raffinesse» bzw. «poetische Komplikationen und neuartige Zeitanzeigen» gehen. Kommentiert werden verschiedene aktuelle Modelle: Girard-Perregaux GP 4000 Seconde Folle (2009), die Squadra Lady Duetto von Jaeger-LeCoultre (2008), das Chronographenkaliber CH29-535 PS, die Calatrava Travel Time Lady oder die Referenz 4937 (2005) von Patek Philippe, die Royal Oak Offshore für Damen (2003-2008) oder die Millenary Tourbillon Calcédoine von Audemars Piguet, die L.U.C Tourbillon Lady von Chopard (2009), die Pont des Amoureux von Van Cleef & Arpels (2010), die Lady Z (2008) und die Diane Répétition Minutes (2008) von Harry Winston, die RM 019 Nœud Celtique von Richard Mille u.a.m. Die Redaktion wird ausserdem verschiedene Modelle besprechen, die an den jüngsten Uhrenmessen erschienen und im zweiten
Cat’s Eye Petite Seconde, automatischer Aufzug, 11½ Linien, kleine Sekunde und Datum – Girard-Perregaux, La Chaux-de-Fonds, 2011. Girard-Perregaux geht auch bei der Gestaltung der Anzeigen komplizierter Uhren neue Wege. Leicht erhabene und sanft geformte Appliken nutzen die Nischen des Zifferblatts für ihre Zwecke, vermitteln aber trotzdem klare Angaben. Das Zusammenspiel mit den edlen Materialien des Zifferblatts und der farblichen Gestaltung unterstreicht die feminine Anmutung zusätzlich. So wird das wachsende Interesse der Frauen an schöner Mechanik gefördert. Stilelemente wie die Verwandlung einer Komplikation in ein Designmerkmal, zum Beispiel eine Sternschnuppe als Gangreservenanzeige, sind originell und sprechen unfehlbar die Sensibilität der Frauen an.
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Halbjahr 2011 auf dem Markt kommen werden. Wir werden auch verschiedene von Frauenhand kreierte komplizierte Damenuhren nicht vergessen, zum Beispiel Les 8 Lunes (Foto oben) der jungen Uhrengestalterin Saskia Maaike Bouvier (www.saskiamaaikebouvier.ch). ■
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Unter der Lupe: BREGUET
HERBST 2011 / EUR 7.– / CHF 12.–
DOSSIERFRAUEN
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DIE KOMPLIZIERTE UHR EROBERT DIE HERZEN DER FRAUEN…
Dritter und letzter Teil: der Nutzen und die Raffinesse. In den zwei vorangegangenen Nummern hat uns die Historikerin Elena Stefanowa den Platz der Frauen in der Geschichte der komplizierten Uhr geschildert. Die historische Freske nähert sich ihrem Ende und stellt nun die Frauen von heute in den Vordergrund. Von Elena Stefanowa, Wissenschaftlerin, Historikerin, Spezialistin für Uhren- und Schmuckprodukte
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inige renommierte Manufakturen haben komplizierte Uhren für
um die nötige Stabilität zu erreichen. Der Motor wurde mit allen Feinheiten eines
Seine Montage erfordert mehrere Monate einer komplexen und akribi-
Frauen zwar nicht zu ihrem Spezialgebiet gemacht, aber doch
Werks von Patek Philippe ausgestattet.
schen Arbeit. Von modernen, vielreisen-
bemerkenswerte Stücke zu dieser Gattung beigesteuert, zum Teil sogar Meisterwerke der Uhrmacher- und Goldschmiedekunst. Komplikationen einer Uhr sind informative Funktionen. Komfortable und nützliche Zeitmesser, verbunden mit femininem Formempfinden, waren bei Frauen schon immer beliebt.
REISELUSTIGE FRAUEN Eine der schönsten Kreationen von Jaeger-LeCoultre für die Damenwelt ist
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die Reverso Duetto Duo. Sie zeigt die Uhrzeit in zwei Zeitzonen an und unterscheidet auf ihren beiden Seiten zwischen Tag und Nacht. In jüngerer Zeit, 2008, folgte ihr das sehr feminine Modell Reverso Squadra Lady Duetto, die Tag-und Nachtzeit in der Mitte des Zifferblatts anzeigt. Das jüngste Angebot von Patek Philippe für Frauen, die Reisen und die ihr Leben abwechselnd an zwei Orten der Welt verbringen, ist die Calatrava Travel Time Lady. Das Herz dieser Uhr ist komplex, es ist das Kaliber 215 PS FUS von hoher Funktionalität mit Handaufzug. Es besteht aus 178 Teilen; seine grosse Gyromax-Unruh taktet mit 28 000 Halbschwingungen pro Stunde (4 Hz),
Patek Philippe, 2009. Ladies First Chronograph. Chronographenwerk mit Handaufzug, Kal. CH 29-535 PS.
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Prestige und Wertarbeit: mehr Präzision, Zuverlässigkeit, Strapazierfähigkeit und Gebrauchskomfort. Nützlichkeit, Ablesbarkeit und Funktionalität, für Frauen gedacht, verbinden sich mit reizvollem Retroschick nach dem Muster der schönsten Damenchronographen der dreissiger Jahre des 20. Jahrhunderts. Ein rundes Zifferblatt mit «dezentral» wirkenden Zählern ruht in einem kissenförmigen Gehäuse, dessen Höhenring unter dem Glas mit kostbaren Diamanten besetzt ist. Die Veredelung neuartiger Werkstoffe von attraktiver Erscheinung, deren Verarbeitung höchste technische Meisterschaft verlangt, hat sich mittlerweile auf dem Gebiet des Chronographenbaus eingebürgert. Bei Damenmodellen ist dabei Farbigkeit unverzichtbar, wie man am Beispiel der Chronographenkollektion Royal Oak Offshore für Damen von Audemars Piguet sehen kann, deren erste Versionen 2003 erscheinen. Richtig in Fahrt kommt das Geschäft ab 2005. Mit dem mythischen Nimbus der ersten industriellen Luxusuhr Royal Oak, aber auch mit den markant sportlichen Zügen ihrer Weiterentwicklung Royal Oak Offshore versehen, entfaltet der Damenchronograph eine ganz andere, zugleich zeitlose, modisch aktuelle und schmuckvolle Wirkung. Die DesignIkone geht spielerisch, aber respektvoll mit kostbaren wie mit rein industriellen Materialien um, vermischt sie und erzielt damit immer wieder neue Effekte: Gold und Diamanten, graviertes Perlmutt, makelloser Kautschuk, leuchtende Farben oder Pastelltöne. Neuerdings auch geschmiedetes Karbonmaterial, die jüngste Errungenschaft der Marke auf dem Gebiet neuer Werkstoffe. Als nützliche Komplikation hat der Chronograph endgültig Audemars Piguet, Le Brassus, 2008. Royal Oak Offshore Chronographe für Damen. Werk mit automatischem Aufzug.
den Frauen hochgeschätzt, verbindet die Uhr Tragekomfort, einfache Bedienung und mühelose Ablesbarkeit mit einer betont femininen Erscheinung.
CHRONOGRAPHEN FÜR DAMEN Diesen Ansatz weiter verfolgend, hat Patek Philippe vor kurzem ein kostbares neues Chronographenmodell für Damen entwickelt, den Ladies First Chronograph. Die Premiere geht einher mit der Lancierung eines neuen Chronographenwerks der Manufaktur, Kaliber CH 29-535 PS, mit dem zum ersten Mal eine Damenuhr bestückt wird. Das äusserst raffnierte Werk enthält sechs patentierte Innovationen und trägt die neue Punze Patek Philippe. Durch die sorgfältige Überarbeitung der Grundbestandteile des Chronographenwerks bietet Patek Philippe seiner weiblichen Kundschaft ein Höchstmass an
unter den sportlich-eleganten Damenuhren Platz genommen. Die «Chrono»-Ästhetik ist inzwischen zum Inbegriff des aktuellen Attributs für Damenuhren geworden. Wie es zu dieser Demokratisierung und breiten Verfügbarkeit – freilich je nach Modell nur relativ – gekommen ist, könnte Gegenstand einer lohnenden Studie sein.
EINZIGARTIG UND MÖGLICHST KOMPLEX Seit einem Jahrzehnt war bei komplizierten Damenuhren in erster Linie der Kalender und das Tourbillon ein Muss, begleitet von einem dekorativen Sternenhimmel. Die Referenz 4937 für Damen von Patek Philippe, mit Jahreskalender und diamantbesetztem Gehäuse von 37 mm Durchmesser, bietet der Damenwelt ein automatisches Mechanikwerk, das Wochentag und Monat mit Zeigern, das Datum in einem Fenster sowie die Mondphasen anzeigt; aus der Mitte tickt eine grosse Sekunde.
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Patek Philippe, Genève, 2005. Komplizierte Damenuhr, Jahreskalender, Referenz 4937. Automatisches Werk, Jahreskalender: Wochentag, Monat, Datum, Mondphasen und Sekunde.
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2007 erscheint bei Audemars Piguet eine Kollektion komplizierter Uhren nur für Damen, die Millenary Ciel Etoilé. Das Konzept beruht auf dem neuen Automatikwerk 3123/ 3908 mit den Anzeigen Mondphasen, Gangreserve, Sekunden aus der Mitte und Zeigerdatum. Die von «Tag» und «Nacht» geprägte Ästhetik ist von der Wahl der Materialien und der Darstellungen geprägt. Zwischen der klassischen komplizierten Uhr, dem Gemälde und dem Schmuckstück ist hier ein wahres Kunstwerk geschaffen worden. Aus edlen Werkstoffen ist der Grund des «Himmels» gearbeitet, genauer gesagt aus Aventurin für die Nacht- und aus weissem Perlmutt für die Tagseite. Winzige Appliken stellen Sterne dar, die die Tiefenwirkung des an natürlichen Einschlüssen reichen Aventurins zusätzlich verstärken. Die Funktionen sind symbolisch dargestellt: eine Sternschnuppe oder ein edelweissförmiger Stern für die Gangreserve, eine strahlende Sonne für den Datumszähler.
EDELSCHMUCK UND KOMPLIKATIONEN SIND UNZERTRENNLICH Goldschmiedekunst und hochkomplizierte Uhrentechnik gehören einfach zusammen, wenn Spitzenleistungen entstehen sollen. Und zwar für Damen- wie für Herrenuhren. Auf diesem Gebiet betätigen sich übrigens viele Firmen. Zum Beispiel Blancpain mit seinem Tourbillon Diamants und automatischem Aufzug, dem ersten Auftritt seines neuen Uhrwerks Kal. Blancpain 25A im Jahr 2007. 2009 folgte Hublot mit seiner One Million Dollar Black Caviar und fliegendem 60-SekundenTourbillon, dann Jaeger-LeCoultre mit den kunstvollen Master Tourbillon, die von 2009 bis 2011 erschienen, danach, ebenfalls 2009, Chopard mit der L.U.C Tourbillon Lady, einer perfekten Verbindung der beiden kreativen Schwerpunkte des Hauses, Schmuck- und Uhrmacherkunst. Dieses Zusammentreffen von Technik, Ästhtetik und Auserlesenheit einer Uhr kann nur mit
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ZEITANZEIGE KANN AUCH POESIE SEIN Im ersten Teil unseres Dossiers über komplizierte Uhren und die Frauen war die Rede von verschlüsselten Botschaften in den Genfer Uhren mit Emailmalerei des 18. Jahrhunderts. Damals waren Uhren tatsächlich Überbringer von Botschaften; zu den Freuden des Auftraggebers gehörte es, seine Hoffnungen und Wünsche des Augenblicks in «Einträgen» auf kostbaren Zeitmessern zu verewigen. Diese intime Sitte lieferte den Stoff für ein reizendes Märchen, das der Pariser Goldschmied Van Cleef & Arpels auf seinen komplizierten Uhren umzusetzen wusste.
Chopard, Genève, 2009. L.U.C Tourbillon Lady. Werk mit Handaufzug, Tourbillon und kleiner Sekunde, Kal. L.U.C 4T.
dem Wort einzigartig bezeichnet werden. Ist damit das höchste der Gefühle erreicht? Solange die Uhrwerke immer komplexer werden, rückt der Gipfel des Möglichen einfach immer weiter.
HANDWERKSKUNST UND TECHNISCHE VERFEINERUNG Komplizierte Damenuhren erreichen am Ende des letzten Jahrzehnts die höchste Stufe der Vollkommenheit, den Gipfelpunkt Jahrhunderte alten Könnens in Sachen Kunsthandwerk und Hochtechnologie, sowohl der Uhrmacherkunst als auch des Edelsteinschliffs undsetzens. Kein Wunder ist der Baguette-Schliff am meisten gefragt… bei Frauen und Männern gleichermassen. Höchstleistungen entstehen dann, wenn vermeintliche Grenzen überschritten und kühne Ideen mit modernstem Handwerkszeug und Entschlossenheit übertroffen werden. Der grösste Stolz besteht darin, alle Verfahrensschritte betriebsintern zu beherrschen. Solche Produkte stärken die Identität einer Marke, sie werden zum Emblem. ■
Audemars Piguet, Le Brassus, 2007. Millenary Ciel Etoilé. Werk mit automatischem Aufzug 3123/3908, Sekunde aus der Mitte, Mondphasen, Datum und Gangreserve.
IHINTER DER POESIE DIE KOMPLEXITÄT Die ungezügelte Phantasie der grossen Goldschmiede, die die Natur nach ihrem Gusto deuten, hat sich auch der schier unbegrenzten Darstellungsmöglichkeiten der Uhrmacherei
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bemächtigt. Wie in einem Theaterstück lässt jede poetische Kreation ihr Thema – Natur, Überraschung, Liebe – mit entsprechenden bewegten Szenen aufleben. Die poetischen Visionen der Goldschmiede des Hauses werden von den Meisteruhrmachern der grossen Schweizer Manufakturen umgesetzt, oder aber es kommt zu einer Zusammenarbeit mit avantgardistischen Uhrenkreateuren. Jeder Beruf ist eine Welt für sich, das war schon immer so, auch zwischen den Genfer Van Cleef & Arpels, Paris, 2010. Le Pont des Amoureux. Rückspringendes mechanisches Uhrwerk.
Uhrenateliers, den Emailmalern und den Goldschmieden. Das Besondere an dieser exklusiven Arbeit ist die Entschlossenheit, die Grenzen der Feinheit immer wieder zu überwinden, möglichst plastische Darstellungen zu erreichen,
KOMMENTARE: EIN JAHRZEHNT KOMPLIZIERTER DAMENUHREN Für die Uhrmacher sollte das Jahr 2000 im Zeichen von Hightech, neuartigen Werkstoffen, Unverwüstlichkeit, Höchstleistungen, Konzeptuhren, neuen und immer komplizierteren Funktionen stehen. In Wirklichkeit schaltete die Industrie um vom extrem Kleinen zum Übergrossen, auch zum Extraleichten, zur 3DAnzeige und zum 4D-Inhalt… Im ersten Jahrzehnt des 21. Jahrhunderts kam es zu einer wahren Explosion uhrmacherischer Erfindungen. Mehr denn je findet die uhrmacherische Findigkeit ihren bevorzugten Tummelplatz auf dem Gebiet der Komplikationen. Die Kreativität kennt keine Grenzen, vergleichbar wohl mit dem Fortschrittsdrang im 17. und 18. Jahrhundert, unterstützt von günstigen Rahmenbedingungen: betuchte
die Trippelschrittchen der Zeit so zu verzahnen, dass sie sich zu einem stimmigen Ganzen fügen, das uns in eine beschwingte Stimmung versetzt und uns einlädt, dem Reigen kaum verhüllter Tänzerinnen zu folgen oder in den Strassen einer nächtlich belebten Stadt – zum Beispiel Paris – zu flanieren… Und das alles an unserem Handgelenk! Dort tragen wir ein Geheimnis, ein Sittengemälde, ein Gedicht, alles in Bildern. Dieses Kaleidoskop traumhafter Schwärmereien erinnert uns an die unschätzbaren Leistungen der Uhrmacher und Goldschmiede von anno dazumal. Unschätzbar in der Tat, denn jedes Stück ist ein Kunstwerk an sich. In einer seiner jüngsten Kreationen, Le Pont des Amoureux, die der Phantasie und dem Märchenhaften noch mehr Raum gibt, inszeniert Van Cleef & Arpels eine Begegnung zwischen Liebenden… und ihren ewigen Neubeginn. Eine ausgeklügelte
Kunden und Liebhaber überschreiten täglich alle geografischen Grenzen, anspruchsvolle Kenner ermutigen Manufakturen und Kreateure zu immer neuen Kostbarkeiten, die sie umgehend als Unikate oder Exemplare einer Kleinstauflage erwerben. Eigentlich unerwartet vor diesem Hightech-Hintergrund, ist das Segment der neuen komplizierten Uhr für Damen entstanden. Optisch ins Auge stechend, vom Format her immer grösser, hat sie sich eine poetische und emotionale Dimension zugelegt, manchmal historisierend oder lyrisch geprägt, stets jedoch zeitlos. Verwendet werden weiterhin herkömmliche Werkstoffe, kostbare Steine, Perlmutt, Diamanten, Gold, veredelt durch das gestalterische Talent der Kreateure. Von Automaten, Emailmalerei, Musik und klingenden Stunden ist man freilich noch weit entfernt. Die jüngste Generation verwendet edle Materialien, die bisher keine Rolle spielten. Die komplizierten Kaliber sind oft den Herrenmodellen entlehnt, als Frauenmodelle glänzen sie gerne mit grosser Ganggenauigkeit und feinbearbeiteten mechanischen Komponenten. Sagt man nicht, die Frauen leben in der gleichen Welt, sehen sie aber anders als die Männer? Die heutigen
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Entwickler komplizierter Uhrwerke schaffen eine neue Realität, etwa wie ein Bühnenbild oder ein Theaterstück. ■
Harry Winston, Genf, 2008. Lady Z. Werk mit automatischem Aufzug, zweifache Mondphase, kleine Sekunde.
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METAPHERN UND TÖNE Das Ende dieses ersten Jahrzehnts des 21. Jahrhunderts hat der komplizierten Damenuhr abermals neue Wege eröffnet. Sie scheint avantgardistische Tüftler Van Cleef & Arpels, Paris, 2011. Fünf Wochen im Ballon. Kollektion Les Voyages Extraordinaires. Rückspringendes mechanisches Uhrwerk.
geradezu zu faszinieren, weil sie Raum für immer wieder andere Varianten bietet. Der eigenwillige kreative Ansatz der Firma Harry Winston hat Kompli-
Technik macht es möglich, dass sie sich eine Minute lang küssen, dann gehen die Liebenden wieder in entgegengesetz-
kationen von metaphorischem Hintersinn hervorgebracht. Die erste Damenuhr aus Zalium, einem besonders schwer zu
ten Richtungen auseinander. Mechanik und darstellerische Feinheit ergänzen sich im Werk des Pariser Hauses zur
verarbeitenden Material, die Lady Z, spielt auf zwei Aspekte des Mondes an. Inspiriert von einer mythologischen
schönsten Liebesgeschichte. Die antike Emailmalerei in Grautönen paart sich mit
Figur, der Göttin Luna, spiegeln Design und Funktion der Lady Z die zwei Seiten
höchster mechanischer Präzision, harmonisch und traumhaft schön. Wie die 2011 kreierte Kollektion Les Voyages
der mondverwandten Frau wider: hell und dunkel, kraftvoll und feinfühlig. Stets bereit, seine Stilpalette zu erwei-
schätzte: Wohlklang und Automaten. Für
Extraordinaires, die die Goldschmiedekunst und die Poesie der Uhren des Hauses unnachahmlich verbindet.
tern, greift Harry Winston auf ein anderes Register zurück und bietet der Damenwelt zwei Attribute, die sie im 17.
das Modell Diane Répétition Minutes, der urwüchsigen Welt der Jagdgöttin Diana gewidmet, haben die Designer der Figur
und 18. Jahrhundert ganz besonders
eine neue Gestalt gegeben. Hinter einer
Boucheron, Paris, 2009. Caméléon. Kollektion Ronde Bestiaire Seconde Folle. Automatisches Werk, Sekunde auf Scheibe, Kal. GP 4000.
BOUCHERON UND GIRARD-PERREGAUX, EINE KOSTBARE TIERWELT
Harry Winston, Genf, 2008. Diane Répétition Minutes. Automatisches Werk, Minutenrepetition mit Automat.
2009 war ein mechanisch hochproduktives Jahr, auch für den Luxusjuwelier Boucheron mit seiner Kollektion Ronde Bestiaire Seconde Folle. Die Feminität der Zeitmesser mit den beliebten Tiermotiven des Pariser Hauses stützt sich hier auf das mechanische Können der Manufaktur Girard-Perregaux, die das automatische Werk GP 4000 «Seconde Folle» entwickelt hat. Dessen mechanischer Aufbau, allen Liebhabern schöner Uhren bestens bekannt, ist mit einem Modul gekoppelt, das die Versetzung des ursprünglich aus der Mitte drehenden Sekundenzeigers in Richtung 7 Uhr ermöglicht. An die Stelle des üblichen Zeigers tritt eine hauchdünne und federleichte Scheibe, die sich im Minutentakt dreht. Mit diesem markanten Produkt unterstreicht Boucheron seine uhrmacherische Legitimität. Uhrenkonstrukteure und Meistergoldschmiede konnten ihrem Können mit Komplikationen freien Lauf lassen. Die Uhr wird zum märchenhaften Gegenstand, belebt von in Gold gearbeiteten Tieren mit farbigem Edelsteinbesatz. Eine ganz neue, symbolische Interpretation der Tierwelt, der sich amüsante und idealistische Seiten abgewinnen lassen… ■
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Art fleischfressender Pflanze, sanft gerundet und dank eines abgestuften Diamant- und Rubinbesatzes farblich diskret, steckt eine der schönsten Komplikationen: die Minutenrepetition im Verein mit einem Automaten. Die neue Damenuhr wurde von ihren Entwicklern mit den schönsten mechanischen Eigenschaften ausgestattet, als verspielt-musikalisches Schmuckstück. Für höchste Tonqualität wurde das Gehäuse nach Möglichkeit verbreitert; in Weissgold fein geschwungen, verbessert es die Resonanz. Das Ziel wurde erreicht: Frauen erhalten damit eine identitätsstiftende Uhr, die ihresgleichen sucht.
SINFONIE DER MATERIALIEN, BIS IN DIE RÄDERWERKE Die dritte Dimension, die Transparenz, seltene und kostbare Werkstoffe, haben die handwerklichen Uhrmacher schon Anfang des 19. Jahrhunderts interessiert. Bergkristall und Elfenbein wurden in den Uhrwerken als Ersatz für Metall ausprobiert. Die jüngste Uhrmachergeneration, mit modernstem Rüstzeug ausgestattet, aber nicht minder experimentierfreudig, hat einen neuen Anlauf
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genommen. Im Vordergrund steht wiederum der Schmuckgedanke. Vielleicht lassen sich die Räderwerke auch aus Naturstein herstellen… Richard Mille und Boucheron haben die Frage beantwortet. Gemeinsam wollten sie zum 150. Geburtstag des Pariser Hauses eine einzigartige, dem Anlass angemessene Uhr schaffen. Höchste Goldschmiedeund Uhrmacherkunst sollten zu einem Meisterwerk verschmelzen. Schon immer trat Richard Mille in der Spitzenuhrmacherei dadurch hervor, dass er neue Materialien, Formen und Techniken ausprobierte. Seine RM 018 Tourbillon Hommage à Boucheron ist nicht unbedingt eine Damenuhr, hat aber doch viel von weiblichem Reiz mit-
Richard Mille, 2009. RM 019 Nœud Celtique. Werk mit Handaufzug, Tourbillon mit Gangreserve.
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bekommen. Die Räder sind in Edel- und
Stein, der als Symbol für Schutz,
variabler Trägheit, die beim Ein-
Halbedelsteinen gefertigt – Tigerauge,
Ausgeglichenheit und Inspiration gilt.
und Ausbau des Werks und bei
Jaspis, schwarzer Onyx. Frauen schät-
Das Werk besitzt eine Unruh mit
Schlageinwirkungen
für
grössere
zen solche poesievollen Kunststücke. Die dreissig Exemplare der limitierten Auflage dürfen als Unikate gelten, denn es werden jeweils andere Kombinationen von Edel- und Halbedelsteinen verwendet. Wie bei Edelschmuck ist der schöne Stein das Mass aller Dinge. Drei Jahre Versuche und Entwicklungsarbeit waren nötig, um die Technik für die Bearbeitung der Räder in den Griff zu bekommen. Ein technischer, wissenschaftlicher und ästhetischer Kraftakt, der bei Verwendung traditioneller Schmuckmaterialien als «Hightech-Durchbruch» gefeiert würde. 2009 entsteht bei Richard Mille als echte Damenuhr die RM 019 Nœud Celtique mit Komplikationen. Das Symbol des keltischen Knotens, der die Dimension des Unendlichen darstellen soll, ist hier ein mit Diamanten besetztes Kleinod, das im Innern des Uhrwerks in Endlosschleife Federhaus, Gangres-ervenanzeige und Tourbillon verbindet. Der mindestens eintausend Jahre alte keltische Knoten verkörpert die Endlosigkeit der Zeit und ihren ewigen Neubeginn. Die Platine der Uhr ist aus schwarzem Onyx, einem Audemars Piguet, Le Brassus, 2009. Millenary Tourbillon Calcédoine. Skelettwerk mit Handaufzug, Tourbillon mit Gangreserve, Unruh mit veränderlicher Trägheit.
Verlässlichkeit bürgt. Sie verbessert auch die langfristige Präzision. Als weitere technische und ästhetische Verfeinerung besteht der Deckstein der Tourbillonbrücke aus Keramik und verringert langfristig den Verschleiss dank geringerer Reibung. Die RM 019 ist mit einer neuartigen Gangreservenanzeige ausgestattet; sie beruht auf einer Art Differentialgetriebe, das direkt mit dem Federhaus verbunden ist. Die Gangreserve lässt sich mühelos an einem roten Strich ablesen.
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NATURSTEINE UND VIRTUOSE BEARBEITUNG Natursteine und ihre Eigenschaften werden seit Jahren bei Audemars Piguet (Renaud und Papi) gründlich erforscht. Aufgrund der gewonnenen Erkenntnisse entstanden die Uhrwerke mit einer Platine aus Rutilquarz für eine Tourbillon Edward Piguet im Jahr 2001, und aus Moosachat für eine weitere Edward Piguet im Jahr 2005, ausgestattet mit einem Tourbillonwerk mit kleiner Sekunde und skulptierten Brücken. Für Damenuhren verarbeiten Renaud und Papi auch Chalzedon (Millenary Tourbillon Calcédoine) mit seinen changierenden Blautönen, oder schwarzen Onyx. Die Verarbeitung von natürlichen Steinen zu Platinen ist eine grosse Herausforderung. Eine Diamantschleifscheibe wäre zu aggressiv für reinen Naturstein mit veränderlicher Beschaffenheit. Der Stein könnte brechen oder nach dem Schleifen feinste Risse aufweisen, die ihn gegen mechanische oder thermische Belastungen anfällig machen könnten. Gegen diese Risiken haben die Uhrentechniker spezielle Verfahren entwickelt, mit den sich fast alle Natursteine verarbeiten lassen. Der gefühlte Mehrwert ist um so höher, wenn die natürliche Schönheit des Steins erhalten bleibt. Ein voller Erfolg in technischer wie ästhetischer Hinsicht.
Was wir sagen und belegen können, ist, dass sie wohl alle Herzen erobert hat, die der Damen ebenso wie die der Herren, vor allem auch der Herren Entwickler. Noch ist es eher unge-
An einer Studientagung des Schweizer Vereins für Zeitmesskunde erlebt, erweist sich Elena Stefanowa als unschlagbare Kennerin in Sachen Damenuhren und Schmuck. Die Produktspezialistin hat für verschiedene grosse Uhrenmarken Damenuhr- und Schmucklinien entwickelt und ist auch diplomierte Kunsthistorikerin. Ihre Arbeiten über die Rolle der Frauen in der Geschichte der uhrmacherischen Komplikationen gelten als massgebend. ■ JG
wöhnlich, einer Frau eine komplizierte Uhr statt eines Schmuckstücks zu schenken. Das Risiko des Nichtgefallens ist zu gross. Doch das ist nur eine Frage der Gewöhnung. Frauen, die auch nur einmal eines der von uns erwähnten Modelle am Handgelenk getragen haben, wollen sich oft nicht mehr davon trennen. Es handelt sich schliesslich um ein kostbares Objekt, ein kleines Kunstwerk mit einem wertvollen Herz, das voller Geheimnisse steckt. So etwas muss den Frauen einfach gefallen. Auch wenn die Wirtschaftlage die Spendierfreudigkeit ab und zu bremst, werden sich die Uhrenmarken anpassen und immer die jeweiligen Grenzen ausloten. Sie vermögen Konventionen zu sprengen, den Nebel zu lichten und seit Generationen alle Herausforderungen zu bezwingen. Im 21. Jahrhundert hat sich die faszinierende Welt der Uhrmacherei mit raffiniertester Technik für die Damenuhr engagiert. Komplizierte Damenuhren sind nun einmal Kostbarkeiten, ihre Herstellung sieht sich ganz neuen Sachzwängen gegenüber. Die Industrie zielte bisher auf immer grössere Leistungsfähigkeit ab, immer auf Kosten des
Handwerks. Heute ist es zum Glück umgekehrt. Wie wir gesehen haben, ist die Industrie mit ihren technologischen Mitteln sogar der beste Helfer bei der Realisierung exklusiver Zeitmesser. Heute gibt es Maschinen, die die härtesten Legierungen und die edelsten Werkstoffe verarbeiten können. Und bei allen Arbeitsschritten ist der Handwerker in seiner schönsten Rolle gefordert. Raffiniertes Design und hochkarätige Mechanik zeugen von seiner Kunst. Solche Uhren sind Realität gewordene Träume aller beteiligten Fachrichtungen, Kreationen ernster oder verspielter Art, unkonventionell aber nie zu weit gehend… Eine komplizierte Damenuhr darf sich alle Extravaganzen erlauben, aber immer mit der gebotenen Funktionstüchtigkeit, die sozusagen ihre Existenzberechtigung ausmacht. Diese ist immer vorhanden, wo so viel Sorgfalt, liebevolle Arbeit und gute Laune walten… ■
HAT DIE KOMPLIZIERTE UHR DIE FRAUENHERZEN EROBERT?
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ELENA STEFANOWA
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FRAUEN VON HEUTE LIEBEN KOMPLIKATIONEN UND STIL
Lange Zeit von den Herstellern komplizierter Uhren, die ihnen viel verdanken, eher vernachlässigt, können die Frauen jetzt auf Wiedergutmachung sinnen. Verschiedene Marken kommen ihrem neuen Drang entgegen, denn sie sind es wert… Von Albert J. de Buttes-La Côte / TàG Press +41
I.
hnen zuliebe, um auf ihr Bedürfnis
neuartige Komplikationen, die eigens für
nach Eleganz und Diskretion oder auch
Frauen gedacht sind. Die Uhrengestalterin,
ihre Launen einzugehen, haben Generationen von Uhrmachern ihre
die nach ihrer Uhrmacherlehre bei verschiedenen hochkarätigen Marken tätig
Hirnwindungen strapaziert. Sie erfüllten die aberwitzigsten Ansprüche und trieben
war, machte sich 2004 im Alter von dreissig Jahren selbständig. Überzeugt, dass
die Miniaturisierung auf die Spitze, was dem technischen Fortschritt kräftig nachhalf. Dann gerieten die Frauen etwas ins
Héra Tourbillon von Boucheron, mit dem zauberhaften Uhrwerk Sous Trois Ponts d’Or von Girard-Perregaux.
Hintertreffen; die jüngsten Moden – die den Uhrenmarken das Leben viel leichter machten – wollten ihnen zunächst verkleinerte Herrenuhren und schliesslich Herrenuhren schlechthin schmackhaft machen. Oder man bot ihnen von kostbaren Steinen strotzende Uhren kleineren Formats mit Quarzwerken an, die die
Saskia maaike Bouvier, Kollektion Les 8 Lunes, präsentiert an der Baselworld 2011: mechanische Automatikuhren mit Mondephemeride und Nachthimmel.
Die Begegnung zwischen Maximilian Büsser von MB&F und Jean-Christophe Bedos von Boucheron zeitigt Folgen: Ein mechanisch hochtechnisches und kompliziertes Männerspielzeug wird poetisch zur Tiergestalt umfunktioniert.
Miniaturisierung der Mechanik überflüssig machten. In diesem lustlosen Ambiente trat Saskia
«die Frau mondfühlig und dem Einfluss dieses Gestirns ausgesetzt ist», entwickelte sie das automatische Kaliber SmB 905 als
BOUCHERON VERSÖHNT DIE GESCHLECHTER
maaike Bouvier auf den Plan und sorgte für eine Aufhellung, auch wenn sie sich ebenfalls zu den grösseren Formaten bekennt, die den Damen eigentlich gar nicht schlecht stehen. Es handelt sich um
Antrieb für ihre Kollektion Les 8 Lunes, Uhren, die die Mondephemeride anzeigen. «Jeden Tag lässt sich der Lauf des Mondes auf seiner Bahn deutlich erkennen. Am Mittag der Mond des Tages, dann die kommenden Monde.» Überraschend beginnen die Monde bei schwindendem Tageslicht zu leuchten und erhellen die Nacht, so dass der Lauf der Zeit zur Wanderung am Firmament wird. Praktisch wie die Veranlagung, die man der Frau nachsagt, ist auch die Uhr L’Heure d’Eté et d’Hiver, die jederzeit beide anzeigt, ohne dass die automatische Uhr vor- oder nachgestellt werden muss. Beide Zeiten erscheinen fest… nur muss
Saskia maaike Bouvier, eine Poetin der uhrmacherischen Komplikationen.
man sich stets erinnern, in welchem Halbjahr man sich befindet. ■
Dem Pariser Haus ist ein Kunstgriff gelungen, der einmal mehr von seiner hohen Juwelierskunst zeugt. Es stürmt klassische Männerdomänen und macht daraus verblüffende Schmuckstücke. 2007 zum Beispiel mit der Héra Tourbillon, einer Schmuckuhr im Pfauenkleid, bestückt mit einem der schönsten mechanischen Werke der Uhrmachereigeschichte, dem Tourbillon sous Trois Ponts d’Or von GirardPerregaux, das hier auch der sichtbaren Ästhetik dient. 2010 folgt der zweite Streich des Kunstjuweliers: Aus der Horological Machine No. 3 der Marke MB&F macht er eine Schleiereule mit grossen sanften Augen, aus denen der Glanz des Begehrens leuchtet. Das Stück heisst JwlryMachine. ■ JG
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THE END