143e ANNÉE
JSH.SWISS DÉCEMBRE 2019 HORS-SÉRIE CONCOURS DE CHRONOMÉTRIE ABO CHF 18.76 / AN CHF 14.30 | € 12,91
® SINCE 1876
16 décembre 2019. Plusieurs personnalités en vue du monde horloger participent au MIH (La Chaux-de-Fonds) à une table ronde précédée de mini-conférences et d’une prestation de l’humoriste Thomas Wiesel. Moments choisis. JSH® Magazine saisit cette occasion pour revisiter l’Histoire de la Chronométrie et des Concours. Pour passer en revue aussi les instances suisses garantes de l’appellation chronomètre, de la fiabilité et… du Concours de Chronométrie. Dont l’avenir reste à écrire.
Chronométrie,
valeur sacrée et
concours de circonstance Dans la salle de remise des prix du Gaïa 2019, en tant que spectateurjuré, je suis frappé par l’utilisation généreuse du mot précision dans les discours. Une valeur dont l’actualité n’a donc rien à envier à l’usage historique, comme en témoignent, dans un ouvrage post-exposition qu’il est urgent d’acquérir, les 200 publicités regroupées par le MIH à La Chauxde-Fonds. Du coup, j’y prête plus attention. Servi à toutes les sauces, il s’immisce sur la scène du Grand Prix d’Horlogerie de Genève comme au fil des multiples communiqués de presse reçus. Mieux, il s’érige en argument ultime d’une horlogerie d’obédience mécanique qui s’en gargarise, s’en réclame, narguant au passage l’indiscutable suprématie du portable en la matière. Au nom de cette précision, mesurable, normée et exempte de toute subjectivité, ce 16 décembre aurait donc du être un lundi en résonance
avec les pages les plus prestigieuses de l’Histoire de notre pays. Dix ans après que le Locle ne relance le Concours de Chronométrie, sa cérémonie de remise des prix se transforme en 2019 en une festive célébration. Pourquoi ? Parce qu’un concours de circonstances prive le palmarès de candidats. Dès lors, en mode réflexions et via une brochette de sommités, le mot chronométrie, alias de précision, s’apprête à être trituré et décortiqué. A se muer en fil rouge d’une table ronde à laquelle Thomas Wiesel fait ses premiers pas en horlogerie. La présence de l’humoriste vedette, maître ès verbe incisif et précis, est destinée à mettre de l’huile pimentée sur le feu des grandes interrogations du jour : précision, un sacré concours… de circonstance ! Joël A. Grandjean, rédacteur en chef
jag@jsh.swiss
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Moment Le Locle
berceau de la précision
A son bureau au Musée, Morghan Mootoosamy, Directeur Conservateur Route des Monts 65, 2400 Le Locle +41 32 933 89 80 - mhl@ne.ch
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Musée d’horlogerie au Château des Monts. Garante du Concours qui a été relancé sous sa gouverne, la commune du Locle est statutairement représentée au comité d’organisation par François Aubert, Président du Musée. Cette caution institutionnelle, gage de neutralité, incarne la dimension légitime d’une ville berceau de la précision horlogère suisse.
Relancé à l’occasion du cinquantième anniversaire du Musée d’horlogerie du Locle, le Concours international de chronométrie transcende les standards en matière de tests horlogers. Avec rigueur, scientifiques, horlogers et techniciens se penchent sur chacune des montres en lice. Impartialité garantie, certificats de mesure détaillés. Cette joute chronométrique, prévue tous les deux ans depuis 2009, est l’unique rendez-vous horloger qui ne récompense que la performance mesurable, la transformant en autorité horlogère. L’enjeu séduit autant qu’il effraie ! Il est à l’horlogerie ce que la F1 est à l’automobile. Y participer, c’est déjà en soi la preuve d’une supériorité en matière de chronométrie. Cela réclame une sacrée dose de préparation qui met à l’honneur le métier de régleur. Quelle que soit la position obtenue, c’est un gage d’excellence et une mention dont les marques participantes peuvent se réclamer tout au long de leur histoire. Joël A. Grandjean
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Hors-Série 2019-2020
Jury du Concours de Chronométrie 2019 Gregor Dudle, Président, METAS, JSH® Magazine Bern-Wabern Organe officiel de JSH Archives Estelle Fallet, Musée d’art et d’histoire, & Patrimoine, association créée pour Genève faire revivre le Journal Suisse d’HorRégis Huguenin-Dumittan, Musée internalogerie (JSH), le plus ancien magazine tional d’horlogerie, La Chaux-de-Fonds horloger, et pour digitaliser l’ensemble Anne-Marie Jacot-Oesch, Etude Avocatde ses éditions entre 1876 et 2002. notaire, Le Locle Gaetano Mileti, Université de Neuchâtel JSH Archives & Patrimoine (LTF), Neuchâtel 12, James-Fazy 1201 Genève Steve Lecomte, CSEM, Neuchâtel www.journal-suisse-horlogerie.swiss Hors-série Concours de Chronométrie Philippe Fischer, Président contact@concourschronometrie.org +41 79 287 25 42 Editeur et rédacteur en chef Joël A. Grandjean, journaliste RP jag@jsh.swiss m +41 76 328 03 79 tel +41 44 586 79 27 Journalistes Emmanuel Alder, journaliste / TàG+41 emmanuel.alder@gmail.com Ollivier Broto, journaliste, expert horlogerie / TàG+41 obroto@tagpress41.info Albert-J. de Buttes-LaCôte, journaliste / TàG+41 ajdlc@tagpress41.info Vincent Daveau, horloger, journaliste historien rédacteur en chef de Express Montres (F) v.horloger@orange.fr Lorétan Khipass, Journaliste Lee Warrien, rédacteur / TàG Press +41 lwarrien@tagpress41.info Comité d’organisation du Concours de Chronométrie 2019 Philippe Fischer, Président, FSRM, Neuchâtel Pierre-André Farine, Vice-Président, EPFL, Neuchâtel François Aubert, Musée d’horlogerie du Locle, Le Locle Julien Bergna, Fondation Timelab, Genève Joël Grandjean, JSH®, Genève Gilles Greub, Haute Ecole Arc, Le Locle Pascal Landwerlin, CIFOM, Le Locle Pascal Ricci, Vacheron & Constantin, Le Sentier Begogña Rodriguez, Pôle horloger, Le Locle Yvan Terés, Laboratoire Dubois, La Chaux-de-Fonds Didier Vaucher, Audemars-Piguet, Le Brassus Andreas Wyss, COSC, La Chaux-de-Fonds
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Agences de presse: TàG Press +41, Agence de presse 12, Bd. James-Fazy, 1201 Genève www.tagpress41.info ProWatCH Savoirs & Horlogers Suisses presidence@prowatch.ch Photographes, crédits photos DR / Visuels et photos libres de droits fournis par les entreprises citées. Autres copyrights mentionnés sur photos
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Service de traductions St-LuSwiss, Shaniah Asha Gibson, présidente st.luswiss@gmail.com
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Hors-Série JSH® Magazine, organe officiel de la journée du 16 décembre 2019 organisée par le Concours de Chronométrie. L’hommage #JournalSuisseHorlogerie à l’une des valeurs fondamentales de l’Horlogerie Suisse, la précision.
16 décembre 2019. Plusieurs personnalités en vue du monde horloger participent au MIH (La Chaux-de-Fonds) à une table ronde précédée de mini-conférences et d’une prestation de l’humoriste Thomas Wiesel. Moments choisis. JSH® Magazine saisit cette occasion pour revisiter l’Histoire de la Chronométrie et des Concours. Pour passer en revue aussi les instances suisses garantes de l’appellation chronomètre, de la fiabilité et… du Concours de Chronométrie. Dont l’avenir reste à écrire.
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Spéciales dédicaces Marie Demille, Peter G. Rebeiz, Dave-William, Ralf-Arnaud, Manon, Zoé Maquette originale Copyrights et droits d’auteur Bernard Marendaz Sur cession spéciale à Joël A. Grandjean b.marendaz@optiproduction.com Press design & mise en page Gael Lugaz / Brandlift, graphisme, press design hello@brandlift.ch Publicité, Relations Publiques Association JSH, Archives & Patrimoine Philippe Perret du Cray (PPDC), Secrétaire Général ppdc@jsh.swiss adv-pr@jsh.swiss Abonnements & Soutiens abo@jsh.swiss / CHF 18.76/an presidence@jsh.swiss Compte CCP 15-269360-9 IBAN CH84 0900 0000 1526 9360 9 BIC/SWIFT POFICHBEXXX Abonnements Abonnement annuel CHF 18.76 ©JSH®, marque déposée Toute reproduction même partielle des articles, photos et illustrations parus dans JSH® – Journal Suisse d’Horlogerie est encouragée sous toutes ses formes, éditoriales ou électroniques, sous réserve de demande préalable et d’autorisation presidence@jsh.swiss
Moments 03
Edito
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Expresso avec et questions de temps
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Conférenciers et table ronde
Concours de circonstance
L’interview cash: Philippe Fischer Thomas Wiesel, le swiss made de l’humour francophone
La précision sur toutes les lèvres
Moteur 10
Histoire de la précision et des Concours de Chronométrie
La chronométrie au fil des ans, avant le COSC
Matières 20
Montres agressées, instances accréditées
Timelab & Laboratoire Dubois
Métiers 26
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Le régleur en danger Invité, Jean-Daniel Dubois
RÉFLEXIONS ET DÉBAT AuTOuR DE LA pRÉcISION hORLOgèRE Intervenants : gaetano Mileti Professeur à l’Université de Neuchâtel Ilan Vardi Chercheur à l’EPFL Régis huguenin-Dumittan Conservateur du MIH Alain Spinedi CEO de Louis Erard Sébastien Jeanneret CEO de Atokalpa Nicolas Wiederrecht Direction de Agenhor SA Jean-Daniel Dubois Ingénieur conseil Vincent Daveau Journaliste et horloger Thomas Baillod Consultant indépendant et... Thomas Wiesel Humoriste Débat animé par Joël A. grandjean, éditeur JSH® Magazine (Journal Suisse d’Horlogerie) 16 décembre 2019, 17h Musée international d’horlogerie – MIh Rue des Musées 29 2300 La chaux-de-Fonds avec intermèdes artistiques et suivi d’un cocktail dînatoire Inscription sur www.concourschronometrie.ch/precision
concourschronometrie.org
MOMENTS
Expresso avec Philippe Fischer Président du Concours de chronométrie Propos recueillis par Joël A. Grandjean
Cet incontournable acteur de la formation continue, par ailleurs Directeur à Neuchâtel de la FSRM, la Fondation Suisse pour la recherche en microtechnique, s’engage à la tête d’un événement qui n’a pas dit son dernier mot. Questions directes, réponses franches. Subissez-vous des pressions de la part des marques ? Absolument pas ! Au contraire, les marques sont plutôt bienveillantes, même si, pour des raisons qui sont les leurs, elles ne participent pas au Concours. Est-ce par quête de prestige ou par altruisme téméraire que vous avez accepté la présidence de ce Concours ? C’est plutôt mon côté naïf qui m’a fait accepter. En quoi consiste le job ? Il s’agit avant tout d’un travail d’organisation et de chef d’orchestre. Nul besoin d’être horloger. Avez-vous hérité du Comité d’Organisation ou vous a-t-il été imposé ? J’en ai hérité avec grand plaisir et je l’ai complété pour cette édition 2019.
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« D’ailleurs, ne serait-ce pas plutôt aux marques qui ne concourent plus de s’interroger sur ce que l’Histoire horlogère retiendra ? »
MOMENTS Philippe Fischer, en bref
Il paraît que vous avez un Jury aussi... Puisque les résultats émanent uniquement des mesures, est-ce bien nécessaire ? Le jury est important car il veille au bon déroulement du Concours et garantit notre crédibilité. Il s’est beaucoup impliqué dans l’élaboration du règlement, surtout lors des premières éditions de 2009 et 2011. Avez-vous eu le vertige en réalisant la charge historique de cette manifestation ? Pas le moins du monde ! Mais c’est peut-être parce que je ne l’ai pas réalisée. D’ailleurs, ne seraitce pas plutôt aux marques qui ne concourent plus de s’interroger sur ce que l’Histoire horlogère retiendra ? Le Locle, qui est à l’origine de la relance de ce concours, est-elle une ville de la précision ? Evidemment, c’est dans son ADN. J’ai grandi au Locle et depuis tout petit, je sais simplement que cette ville est la cité de la précision...,. et la mère commune...., et la capitale des amoureux depuis plus récemment. Le Locle a un service marketing digne des plus belles marques horlogères. Faut-il faire de la politique pour réussir à impliquer quatre des plus institutionnels instituts du pays ? Du tout ! Je ne suis jamais entré en politique et ce n’est pas à mon âge que je vais le faire. Il faut un bon réseau et un projet fédérateur, ce que nous avions. Vous disposez d’une incroyable liste de sponsors et de soutiens. Comment avez-vous fait ? Je me répète : il faut un bon réseau et un projet fédérateur
©Ted Byrne
Au fait, pourquoi ces concours s’étaient-ils arrêtés ? Il y a eu deux causes : l’arrivée du
La précision est dans ses gènes. Depuis 1990 à la FSRM, tour à tour Assistant scientifique en charge des activités de formation, d’un vaste programme de formation européen (microsystèmes) et de la formation continue destinée à l’industrie suisse, vice-directeur puis directeur, ce Masterisé de l’EPFL (Science en Microtechniques, 1984) fait ses premiers pas professionnels en Suisse alémanique : ingénieur en développement de systèmes de mesure à l’Institut Dentaire de l’Université de Zurich (19841986) puis, jusqu’en 1990, ingénieur développement et chef de projet chez Mettler-Toledo (ZH, pesages, balances). En marge de sa présidence du Concours dès 2014, il préside aussi depuis 1994 la Société Suisse pour la Technologie des Capteurs. www.fsrm.ch
quartz et celle des horlogers japonais. Selon à qui vous posez la question, c’est l’une ou l’autre qui est mise en avant. Les particularités de ce Concours, par rapport aux autres Prix et Awards ? Il n’y en a qu’une, c’est l’objectivité totale. Les résultats ne se fondent que sur des mesures effectuées par des laboratoires accrédités. Il n’y a aucun moyen d’influencer ces résultats. Un temps, il était possible de concourir dans l’anonymat… Nous avons aboli cette possibilité dans l’édition 2019 par respect pour les déposants qui concourent ouvertement. L’anonymat n’apportait rien. Les conditions d’admissions 2019, en bref… Ont elles évolué depuis 2009 ? L’édition 2019 était exclusivement réservée aux montres Swiss Made. L’idée était de contribuer à soutenir
la toute nouvelle règlementation en vigueur. C’était là le principal changement au niveau des conditions de participation. En fait, quel risque une marque prenait-elle à participer ? En Formule 1, seules des bêtes de course sont sur la ligne de départ. Participer à un Grand Prix est en soi déjà la consécration ultime pour une marque, ...et pour un pilote, .... et pour une équipe. Nous voulions véhiculer ce même message au Concours de chronométrie : seuls les meilleurs sont au départ. Participer est la consécration ultime pour une marque, ... pour un régleur, ... pour une équipe. Ce message, nous n’avons pas su le marteler suffisamment ! Finalement, les marques n’ont retenu qu’une seule considération : le dégât d’image si on n’est pas tout devant ! Face au peu de participants de l’édition 2019, y avait-t-il une bonne excuse pour ne pas s’inscrire ? Il y a eu une multitude d’excuses : pas prêt, problème de brevet, autres priorité, et même oublié ! Mais la seule véritable raison est : pas sûr de gagner, ni même de passer les épreuves. C’est inquiétant pour l’horlogerie suisse ! La précision, si présente dans la communication horlogère, est-elle devenue une quête solitaire ou estelle affaire de tous ? C’est exactement la thématique qui est débattue par plusieurs personnalités ce 16 décembre au MIH, le Musée International de l’Horlogerie. Gageons que ce sera l’humoriste Thomas Wiesel qui nous donnera une conclusion bien crue. Et l’avenir, dans tout ça ? Nous le discuterons dans un avenir assez proche ! www.concourschronometrie.org #JournalSuisseHorlogerie Décembre 2019
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Moteur Précision horlogère
une vraie complication
L’Observatoire de Neuchâtel donnait l’heure juste aux populations. La radio romande se servira longtemps de son signal.
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Sur son cadran, la mention ‘chronomètre’ signifie que la montre est précise et que sa précision a fait l’objet d’un contrôle normé. Rien à voir avec un garde-temps chronographe qui dispose d’une fonction de mesure de durée, avec un début et une fin, voire des temps intermédiaires. Les complications horlogères, fonctions additionnelles à la simple indication des heures et des minutes, réclament une dose d’énergie qui peut parfois priver le calibre de celle qu’il se doit de dédier à sa bonne marche. Fascinante est l’histoire de la
précision au cours des siècles. Elle était garantie par les Observatoires et donc par les astronomes. Aujourd’hui, côté mécanique, le COSC s’en porte garant. Elle est défi, quête ultime et, même si les scientifiques des atomes ont décollé jusqu’au milliardième de seconde, elle demeure en mode micro-mécanique, une complication quintessence de l’horlogerie suisse. Joël A. Grandjean
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MOTEUR
L’Histoire de la Chronométrie
Précision : de l’utile au statut social
Par Albert J. de Buttes-LaCôte
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u’était-il allé faire au Pérou, en Bolivie et au Brésil, à une époque, les années 1820, où voyager relevait de l’épopée ? A peine âgé de 21 ans, l’âge de la majorité d’alors, Henri Grandjean (1803-1879), était allé s’occuper des comptoirs horlogers fondés par son père DavidHenri Grandjean (1772-1846). Quand on pense que ledit paternel était natif de l’Entre-Deux-Monts, un lieu-dit des environs du Locle, on s’extasie de penser qu’il avait réussi à se faire un nom par-delà l’Atlantique. Henri Grandjean, qui fut aussi Conseiller national joignit le geste à la parole, il fit construire l’Observatoire de Neuchâtel, l’Ecole d’horlogerie du Locle, puis il les relia par télécable. La précision référence de l’époque trouvait ainsi le moyen de franchir les montages…
« On va faire comme les Anglais, on va faire des montres précises » aurait dit le grand horloger loclois Henri Grandjean, de retour de son premier périple en Amérique latine. Les montres suisses n’ont pas toujours été précises…
Natif du Locle, l’horloger Conseiller national Henri Grandjean défend la précision horlogère. Il fait construire l’Observatoire de Neuchâtel et l’Ecole d’Horlogerie du Locle qu’il fera relier par télécable. Son Quartier Neuf (rebaptisé aujourd’hui Quartier du Progrès) fait entrer Le Locle à l’UNESCO.
Repères temporels plus qu’unités de mesure
« La chronométrie est la science de la mesure précise du temps, la précision étant l’évolution permanente en fonction des connaissances entre l’apparition de l’horloge et aujourd’hui » indiquent Dominique Fléchon et Grégory Gardinetti de la Fondation de la Haute Horlogerie, en préambule d’un exposé donné lors d’une journée d’Etude de la SSC, la Société Suisse de chronométrie. Et d’évoquer, le 24ème s. av JC, le danna, première unité de mesure du temps née dans la cité mésopotamienne de Tello. Elle désignait 11 km et donc, environ 2 h, soit le temps
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parcouru par un coureur pour franchir cette distance. Réapparue 1000 ans avant notre ère sous le nom de beru, cette unité se subdivise en 30 oush. « Douze danna (appelés beru) couvrent les 24 h du tour complet de la Terre
sur elle-même. 360 oush expriment donc soit nos actuels 360°, soit les 24 heures du jour. » Au passage, on parle ½ h et on embarque chez les Babyloniens à qui reviendrait l’invention des clepsydres.
MOTEUR
Ils poursuivent : « Il faut faire la distinction entre temps des astronomes et temps de la vie courante, laquelle est jusqu’à une époque très récente dominée par l’agriculture », le temps des saisons, de la course du soleil. L’histoire retient que l’horloge à poids moteurs, rouage et régulateur, apparaît à la fin du 13ème : « Wallingford utilise dans la première moitié du 14ème sous le nom de régulateur à Strob, une pièce semblable à la noix d’une arbalète et qui laisse échapper un à un les picots plantés radialement sur une double roue d’échappement. » La précision d’alors est aléatoire. L’horlogerie aspire plus que jamais aux progrès à venir de la métallurgie. « A partir du 15ème ces progrès ont un impact décisif sur son évolution ».
« L’horlogerie mécanique ne répond plus au besoin des scientifiques »
Dominique Fléchon et Grégory Gardinetti enchaînent : « Depuis la fin du 18ème déjà, le monde scientifique, les astronomes en particulier, demandent toujours plus de précision à la mesure du temps. Cependant, en ce domaine, la mécanique a atteint ses limites. L’horloge de Matthias Hipp de 1881 est munie d’un balancier entretenu par un électro-aimant et celle de William Shortt, d’une précision de deux millisecondes/j. permet d’étudier les infimes irrégularités annuelles de la rotation de la Terre. » En 1928, les procédés mécaniques et électromécaniques sont supplantés par l’horloge à quartz dont le premier modèle de précision est conçu aux USA par Morrison et Horton. Alors que des millénaires ont été nécessaires pour passer du cadran solaire à l’horloge mécanique, vingt ans ont suffi pour que l’horloge à quartz soit remplacée par l’horloge atomique. « Son premier étalon de fréquence à jet de césium est mis au point en 1955 par Essen et Parry après une tentative de maser à ammoniac inventé par Harold Lyons en 1948. La précision du mil-
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liardième de seconde est désormais atteinte et, compte tenu des besoins de l’astronomie, de l’aérospatiale et des télécommunications, la seconde astronomique de toujours est abandonnée. En 1967, elle est remplacée par une nouvelle définition, fonction d’une propriété de la matière, multiple de l’onde émise par un atome de Césium 133 » précisent les deux invités face aux près de 800 professionnels réunis par a SSC. L’horloge atomique entraîne la redéfinition du mètre étalon en 1983. « Ainsi se concrétisait la recherche d’une ‘mesure universelle’ de longueur chère aux savants du 17ème et associée à la mesure du temps. Curieusement, elle rappelle le concept du danna mésopotamien » relèvent les deux conférenciers dans leur exposé. Une nouvelle fois, il apparaît évident de différencier temps scientifique et temps de la vie courante.
Montre de tradition, nouvelles limites et œuvre d’art La décennie 1970 est celle de l’association des télécommunications et de l’informatique, la télématique. « Les progrès des sciences de l’époque ont une incidence sur la gestion du temps courant et la montre technologique est particulièrement adaptée à cette
nouvelle donne » avouent les deux experts. Toutefois, la montre mécanique n’a pas dit son dernier mot. Abandonnant par obligation la précision à la technologie, elle renait alors que l’horlogerie de tradition n’est plus le moteur du progrès sur lequel elle s’appuie toutefois, fidèle au cours de son histoire, pour faire reculer ses propres limites. « Dans les toutes dernières années du 20ème elle bénéficie d’études de pointe menées dans le domaine des matériaux étrangers à l’horlogerie, en particulier ceux permettant d’optimiser l’énergie et d’éliminer toute lubrification. En outre, elle explore la voie d’échappements inédits. » Seul le recul permettra de savoir si de telles innovations serviront la montre en général ou si elles resteront confinées au monde de la recherche de l’extrême. Quoiqu’il en soit, la montre mécanique ultra précise d’aujourd’hui se situe entre œuvre d’art et art de vivre. En ce sens, ne constitue-t-elle pas à elle seule un progrès à part entière ? Elle répond aux attentes d’amateurs de grande précision mais paradoxalement de plus en plus tentés de prendre leurs distances par rapport à la contraction du temps imposée par notre époque où tout est chronométré. n
Le temps précis des astronomes via l’observation des astres.
MOTEUR
La précision, au fil des ans Fin 13ème, apparition de l’horloge à poids moteurs, rouage et régulateur. 1410 env., 1ère mention de ressorts liés à des instruments de mesure du temps, suite aux expérimentations de Filippo Brunelleschi. Naissance de l’horloge portative du 15ème. 1475 env., Paulus Almanus mentionne la fusée comme organe régulateur. Première description d’un cadran des minutes. 1488,1ère allusion connue de la montre dans une lettre. 16ème, système à came stackfreed préféré par les horlogers. 1585, Jost Bürgi effectue les premières mesures de la seconde. 1586, une lettre signée Guillaume IV de Hesse précise que l’horloge de Jost Bürgi varie au maximum d’1 mn/24h. 1630 env., Galilée imagine l’horloge à pendule 1656-1657, Huygens améliore le pendule et gagne en précision : il passe de 10-15 mn/j à 10-15 sec./j. 1670 env., invention par William Clement des échappements à ancre à recul. 1675, Huygens invente le balancier spiral réservé à la montre : gain de précision de 30-40 mn/j à 4-5 mn/j. 1715, 1ère utilisation de l’échappement à ancre à repos de George Graham (horloger astronome) que Thomas Tompion aurait étudié dès 1675. 1726, Graham couple son échappement à un pendule thermiquement compensé par du mercure et battant la seconde : 1 fraction de sec./j. 1754, échappement à détente conçu par Pierre Le Roy pour la chronométrie de marine. 1766, Pierre Le Roy compense les écarts de température. 1761, John Harrison dépasse avec sa H4 la précision exigée par le Longitude Act du 8 juillet 1714. 1795, l’isochronisme des spiraux des montres laisse encore à désirer. 1782, John Arnold brevète un spiral cylindrique, précision améliorée. 1798, brevet d’Abraham-Louis Breguet sur un organe réglant.
Les marques horlogères utilisent encore aujourd’hui comme argument ‘marketing’ leurs ‘bulletins de marche’ ainsi que leurs prix de Concours de Chronométrie délivrés par l’Observatoire de Neuchâtel.
1801, brevet d’Abraham-Louis Breguet sur le tourbillon. 1821, Nicolas Mathieu Rieussec mesure des temps de course de chevaux. 1822, Londres, Frédérick Louis Fatton brevète son compteur astronomique. 1881, l’horloge de Matthias Hipp a un balancier mu par un électro-aimant. 1881, l’horloge de William Shortt affiche une précision de deux millisecondes/j. 1884, la Convention de Washington instaure les 24 fuseaux horaires. 1895, Charles-Edouard Guillaume met au point l’Invar et remplace l’échappement Graham de 1726. 1896, Le 1/5 de sec. est admis par le règlement des JO modernes. 1902, 1er enregistrement électrique au 1/100e de seconde. 1916, Heuer brevète 2 compteurs mécaniques : le Semikrograph (1/50e de seconde) et le Mikrograph (1/100e). 1920, Philippe Weems avec ses montres à angle horaire : pilotes et marins peuvent déterminer leur position géographique. 1927, Rolex lance l’Oyster dont l’étanchéité améliore la précision : l’oxydation des lubrifiants est retardée. 1928, Morrison et Horton conçoivent la 1ère horloge à quartz qui remplace les procédés électromécaniques. 1936, JO de Berlin, mesure au 1/10e de seconde. 1955, Essen et Parry mettent au point le premier étalon de fréquence à jet de césium : atteinte de la précision au milliardième de seconde (nano). 1960, les JO passent des chronographes manuels aux appareils électroniques. 1960, le diapason électrique (Bulova) remplace le balancier spiral. +/- 1 mn/mois. 1967, les premières montres-bracelets électroniques participent aux concours de chronométrie. Précision 12x supérieure aux chronomètres mécaniques. 1969, présentation à Tokyo de la Seiko Quartz Astron 35 SQ, +/- 1 mn/an. Source de l’article, exposé de Dominique Fléchon et Grégory Gardinetti (Fondation de la Haute Horlogerie) à la Journée d’Etudes de la Société Suisse de Chronométrie 2011). www.ssc.ch/publications/actes/
« La montre mécanique ultra précise d’aujourd’hui se situe entre œuvre d’art et art de vivre »
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MOTEUR
Histoire horlogère
Les Concours de Chronométrie, le prestige absolu Ollivier Broto
Partout dans le monde, aux 18e et 19e siècles, les Observatoires organisent des joutes autour de la précision. Jusqu’à l’arrivée du quartz dans les années 1970, les Concours de Chronométrie galvanisent les foules et les marques.
S
i la course à la précision débute bien avant la construction des premiers Observatoires (lire notre dossier Histoire de la Chronométrie), l’apparition de ces institutions chargées de donner l’heure juste et de contrôler la bonne marche des montres engendre la folie des Concours.
Les heures les plus folles de l’horlogerie
A Genève, sous l’égide de la Société des arts, ces manifestations sont instaurées vers 1790-1792, soit vingt ans après la création en 1772 par JacquesAndré Mallet de l’Observatoire de Genève. Le prix récompense la meilleure montre courante. Pour l’anecdote, le premier règlement s’avère si restrictif qu’aucune des 19 pièces déposées n’est capable de répondre au critère d’une précision à plus ou moins 1 minute par jour. Il faut donc revoir à la baisse les conditions de participation avec un réglage à plus ou moins 2 minutes par jour. Dès le 16 décembre 1816, deux prix sont proposés, dont un pour les chronomètres de marine. Le 2 mars 1819, l’horloger genevois Antoine Tavan reçoit le prix et en 1829, un nouvel Observatoire sort de terre. Finalement, ce n’est qu’en 1874, soit presque 100 ans après le lancement des premiers concours, que le règlement tourne le dos à l’empirisme ambiant et connaît une totale refonte. A Neuchâtel ces compétitions sont particulièrement prisées. Deux éditions restent dans les annales. L’une en 1923,
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Bulletin de marche décerné au Technicum (l’Ecole d’Horlogerie du Locle), preuve que l’institution participait aux Concours en 1948.
L’appellation chronomètre est décernée par l’Observatoire de Neuchâtel (avant le COSC). Elle désigne une montre dont la précision a été testée et validée.
Quatre instituts accrédités, précision suisse d’envergure internationale
Montre témoin pour le centenaire de la mort d’Abraham fournie au Louis Breguet, l’autre en 1948 pour celui Concours par du jubilé du canton de Neuchâtel. l’Ecole d’Horlogerie du Locle. En coulisse, l’enjeu politique
Du côté du Royaume Uni, l’Observatoire royal de Greenwich organise les premiers concours de réglage dès 1766, récompensant les concurrents par des primes. Son but est de mettre la main sur les meilleurs chronomètres, pour la flotte de Sa Majesté. En France aussi, la Marine royale paie 2’400 francs les modèles primés. A l’Observatoire de Genève où le réglage suscite aussi des joutes, la périodicité annuelle des concours est instaurée dès 1873 Le bien fondé de ces compétitions ainsi que leur rayonnement international incitent les acteurs de l’industrie horlogère à tout faire pour y prendre part. En Angleterre, dès 1884, l’Obser-
Pénurie de montres candidates en 2019, la cérémonie d’annonce des résultats ne pouvant avoir lieu, elle est remplacée par une célébration de la chronométrie.
En 2019, seules les montres Swiss Made pouvaient concourir, clin d’œil à l’entrée en vigueur de la nouvelle législation fédérale. Après une première épreuve de précision confiée au Bureau Officiel du COSC au Locle, le Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres, les montres rescapées étaient soumises, au sein de la Fondation Timelab à Genève, aux agressions invisibles de puissants champs magnétiques (norme ISO 764). Puis sur place, l’institution délivrant par ailleurs le prestigieux poinçon de Genève, soumettait les participantes à un deuxième contrôle conforme à la norme ISO 3159, celle aussi du COSC. Dès lors et cette fois en voyage à La Chaux-de-Fonds, les candidates étaient embarquées pendant 21 jours dans les affres intentionnelles d’un vieillissement simulé en accéléré. Il s’agit de la célèbre batterie de tests incarnée par le label Chronofiable®, un protocole réputé pour la sévérité de ses traitements. Les pièces qui en ressortent indemnes sont des montres héroïques. D’ailleurs, un troisième et dernier contrôle de chronométrie selon la norme ISO 3159 se fit cette fois de retour au Locle, histoire d’évaluer l’impact sur la précision des agressions aux chocs. Quant au quatrième institut accrédité, la suprême autorité, il s’agissait du METAS, l’Institut fédéral de métrologie qui présidait le Jury du Concours.
vatoire astronomique de Kew s’y met, en 1885 celui de Besançon en France. Les concours des Observatoires de Hambourg et de Washington jouissent aussi d’une grande réputation. Hélas, rien n’est uniformisé, ce qui rend difficile la comparaison des résultats. Toujours est-il que les gardes temps primés reçoivent un Bulletin officiel
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de marche et des médailles. De 1900 à 1939, Patek Philippe remporte pas moins de 764 prix à Genève, 187 étant des premiers prix, soit plus de la moitié des distinctions accordées durant cette période.
L’ère actuelle, tour de la précision en 80 jours
En 2009, l’horlogerie mécanique connaît un nouvel essor. Une poignée de passionnés au Locle décide de faire revivre, au moins une fois tous les deux ans, les prestigieux concours. La Commune joue le jeu, soutient. C’est l’année du cinquantenaire du musée des Monts et l’idée n’a rien d’utopique. D’autant que dès le départ, les principaux laboratoires, accrédités par la Confédération Helvétique pour attester des bonnes mesures la précision, décident de soutenir l’événement. Le programme 2019 aurait dû ravir les watch lovers du monde, avec sur la ligne d’arrivée, au sortir d’un voyage de 80 jours au pays des tests, un palmarès de l’excellence. Quel plaisir y a-t-il, si ce n’est celui du faire mieux que nécessaire, à malmener ainsi des montres ? Face à la pénurie de candidats, le Concours exporte la cérémonie dans la salle Hans Erni à La Chaux-de-Fonds, mise à disposition par le Musée International d’Horlogerie. Dans les tribunes et sur le podium, une brochette de sommités. Mobilisées et engagées, elles transforment la cérémonie d’annonce des résultats en une célébration des valeurs les plus fondamentales de l’horlogerie. Une manifestation dédiée à la précision horlogère, destinée à rester dans les annales de ces Concours de légende. n www.concourschronometrie.org
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Un nom, une référence.
Analyses chimiques Contrôle des matériaux Assistance technico-légale Contrôles horlogers et microtechniques
LABORATOIRE DUBOIS S.A. A.-M.-PIAgET 50 · CP 979 · CH-2301 LA CHAUx-DE-FONDS
SERVICE SUISSE D’ESSAI Nº 0104
Tél. + 41 (0)32 967 80 00 · FAx + 41 (0)32 967 80 01 www.laboratoiredubois.ch · contact@laboratoiredubois.ch
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Précision horlogère suisse
COSC, le sésame chronomètre Joël A. Grandjean
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ucune autre organisation au monde n’est dotée d’un tel outil industriel, capable de tester une à une plus de 2 millions de montres par année et de leur délivrer à chacune, un bulletin de marche tel que le faisaient les Observatoires du passé. Le temps politique, garanti précis Sur le plan sociétal, le COSC est une association à but non lucratif fondée en 1973 sous l’impulsion de la Fédération Horlogère Suisse (FH) et de cinq cantons horlogers (Genève, Vaud, Neuchâtel, Berne et Soleure). Afin d’effectuer ses missions de contrôle et de test, il dispose de BO, des Bureaux Officiels, géographiquement proches des lieux de production. Ces relais locaux sont accrédités SCS (Swiss Calibration Service) par le SAS, le Service d’Accréditation Suisse. En d’autres termes, leurs machines et équipements, ainsi que les processus de prise en charge et de traitement des pièces testées, font l’objet d’une vérification et d’un
Les BO, Bureaux Officiels du COSC, sont équipés pour tester unitairement environ 2 millions de montres par année.
Soutien prestigieux de la FHH La Fondation de la Haute Horlogerie, partenaire du Concours de Chronométrie 2019 a ajouté par sa caution culturelle et d’une horlogerie haut-de-gamme, une touche supplémentaire d’institutionnalité.
C’est dans la loi fédérale, le COSC, Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres, atteste chaque année qu’environ 2 millions de montres sont chronomètres, c’est à dire d’une précision garantie et normée. Unique et historique. étalonnage permanents. Leur bon fonctionnement est donc garanti, au terme d’audits contraignants. Il est conforme aux critères d’équité que l’Etat Fédéral, garant des poids et des mesures, se doit de pouvoir assurer à ses concitoyens, à travers notamment le METAS, son institut de Métrologie. En ce sens, le temps, et c’était déjà valable à l’heure des clochers qui rassemblaient les ouailles, est doté d’une dimension politique.
Argument ultime de vente, les marques Rolex et Breitling soumettent au COSC la totalité ou une grande partie de leur production. Tissot quant à elle, transforme en collection ses précédents awards au Concours de Chronométrie (2013-2015). soit le nombre, auquel s’ajoute pour chaque pièce un montant aux environs de CHF 10.00.
Symbole confédéral, le COSC est une association reconnue d’utilité publique. Grâce à une automatisation poussée des contrôles, les BO sont capables de traiter chacun jusqu’à 40’000 mouvements par jour. Durant 16 jours consécutifs chaque pièce est observée selon la norme ISO 3159, mesurée dans 5 positions à température ambiante, puis à trois températures différentes : 8, 23 et 38 degrés. Le caractère à but non lucratif du COSC ainsi que son statut d’utilité publique, offrent au secteur d’accéder à ce garant de la tradition horlogère suisse de précision pour un prix très raisonnable : un droit d’entrée d’un peu plus de CHF 30.00 par lot, quel qu’en
Prestige et quête d’excellence Il est encourageant de noter que les organisateurs, depuis que le concours a été relancé en 2009, ont vu passer des montres dont les inscriptions visaient plus le désir d’amélioration, sur fond d’équipes fédérées autour d’un projet commun, plutôt que l’atteinte à tout prix des premières marches du podium. D’ailleurs, partant de l’idée que chaque montre engagée est à l’horlogerie ce que la F1 est à l’automobile, à savoir une bête de course, ils ont privilégié en 2019 une classification de résultats par zones d’excellence, au nombre de trois, plutôt que par marches de podium. Une garantie de non-atteinte à l’image de marque qui n’a pourtant pas permis de faire le plein en matière d’inscriptions. n https ://www.cosc.swiss
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Matières
Alerte agressions Des chocs et des ondes
Se trouver sur la ligne de départ du Concours de Chronométrie, c’est déjà une victoire. Réussir le premier passage au COSC ne signifie pas pour autant que la partie est gagnée. Nombreuses sont les sorties de route et les relégations. Spécifiquement réglées pour l’occasion – les régleurs étant au monde de l’horlogerie ce que les préparateurs sont aux voitures de courses –, les montres en lice doivent s’attendre au pire. D’abord parce qu’elles seront soumises à
Genève, chez Timelab, à des agressions magnétiques suivies d’une nouvelle mesure de précision permettant d’en évaluer les incidences. Puis parce qu’elles iront se frotter à des chocs répétés savamment orchestrés par les scientifiques du Laboratoire Dubois à la Chaux-de-Fonds, créateur d’un protocole de vieillissement accéléré devenu marque d’excellence, Chronofiable®. Joël A. Grandjean
Photo ©Timelab. De nos jours, les montres sont exposées à différentes sources de champs magnétiques (téléphones portables, ordinateurs, fermetures de sacs…). Elles peuvent donc se dérégler voire s’arrêter. TIMELAB les teste selon la norme ISO 764 :2002, en fonction de ses accréditations mais aussi selon les besoins de chacun. Dans le cas du Concours de Chronométrie, le test au Champ magnétique intervient entre deux cycles de Chronométrie selon une procédure bien spécifique : la dernière mesure du premier cycle ISO3159 sera comparée à la première mesure du second cycle… Et entre ces deux mesures, la pièce sera magnétisée par TIMELAB. La montre passera alors le second test de Chronométrie (norme ISO 3159 :2009). www.timelab.ch
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Timelab et Laboratoire Dubois
Quintessences horlogères accréditées Vincent Daveau Joël A. Grandjean
Sur les quatre laboratoires accrédités partenaires du Concours de Chronométrie, la fondation genevoise et le Laboratoire Dubois incarnent des marques intimement liées à la fiabilité de l’horlogerie suisse.
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écidément, les montres soumises au Concours de Chronométrie 2019 étaient appelées à parcourir durant leurs 80 jours de test, quelques kilomètres qui rappellent que le savoir-faire horloger forme, ne serait-ce qu’entre Le Locle, Genève et La Chaux-de-Fonds, un arc de compétences propres dont le rayonnement reste sans frontières. Plus de 10 ans de Timelab, 125 ans de renommée Par sa prestigieuse certification Observatoire Chronométrique+, et par son laboratoire horloger, la Fondation genevoise de droit privé neutre et indépendant placée sous l’autorité de la République et du Canton de Genève, représente depuis 2008 un acteur majeur de la chronométrie et de la mesure de la performance dans le milieu horloger en Suisse. Son expertise, de notoriété internationale, se nourrit pourtant de plus de 125 années d’expérience au service de l’industrie horlogère suisse. Si sa création relève de la modification de la loi I1.25 de la République et du Canton de Genève, l’histoire de TIMELAB est bien plus ancienne. Car ladite loi date de 1886, elle est historique et motivée par le désir de protéger l’horlogerie genevoise des contrefaçons. C’est ainsi qu’est né le Poinçon de Genève, une certification encore vivace
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garante du savoir-faire horloger local. Son aura s’inscrit aussi dans la grande tradition de la certification chronométrique suisse, qui débute en 1772 avec la création de l’Observatoire Astronomique de Genève et le lancement de grands concours de chronométrie tout au long du 19ème siècle. Sa principale activité est la certification horlogère, ouverte aux montres genevoises les plus précieuses (Poinçon de Genève), aux montres suisses
les plus performantes (Observatoire Chronométrique +) et aux équipements les plus fiables (chronométrage sportif). En plus de ses certifications, TIMELAB se distingue par son expertise laboratoire en proposant, adaptés à des besoins spécifiques, des tests et des mesures, de même que des formations. D’ailleurs, l’institution, contribue activement à la transmission du savoir en collaborant avec les écoles techniques, les hautes écoles d’horlogerie et les universités.
Machine Chronofiable en action.
MATIÈRES
En 2014, le retraité actif Henri Dubois, fondateur du Laboratoire Dubois, reçoit le prestigieux prix Gaïa, alias le Nobel de l’horlogerie Faire souffrir les montres avec élégance tout en leur mesurant le pouls. Le laboratoire compte à ce jour une vingtaine de collaborateurs assermentés, tenus à une stricte neutralité et indépendance. Des ingénieurs en microtechnique, des techniciens ou des horlogers. Tous se portent garants du respect de la philosophie de la haute horlogerie. Laboratoire Dubois et la marque Chronofiable® Depuis 1977, ce nom est lié au monde de l’horlogerie, des traitements de surface et des microtechniques. Créé à La Chaux-de-Fonds, il y a construit sa notoriété et a acquis une réputation internationale d’autant que Henri Dubois, son Fondateur, s’est vu décerner en 2014 le Prix Gaïa dans la catégorie Esprit d’entreprise. La magistrale reconnaissance couronne plusieurs décennies d’engagement au service de l’industrie dont la marque Chronofiable, fondée en 1993, est un fleuron. Centre neutre et indépendant d’analyse, d’expertise et de test, cette instance accréditée par la Confédération établit et met en œuvre des procédures et moyens techniques devenus des références dans de nombreux domaines industriels : respect des normes de qualité et des impératifs de fiabilité, développement de bancs d’essais spécifiques, équipement d’instruments d’analyses et de systèmes de mesure, polyvalence pluri-
sectorielle bien que particulièrement prononcée dans l’horlogerie. 18’000 chocs, stresser les montres avec élégance A propos de l’implication de son entreprise comme partenaire du Concours de Chronométrie, Patrick Dubois, responsable des tests horlogers Chronofiable précise : « Le test que nous avons proposé est la partie centrale du cycle Chronofiable A8, le passage d’une durée de 21 jours sur machine Chronofiable. Il comprend près de 18’000 chocs à 25 et 100gn, des cycles de rotation et des cycles ther-
miques entre 15 et 55°C. » Histoire de mesurer les impacts occasionnés sur la précision, les montres retournent au COSC après 3 semaines de test. « Il est important de relever que les critères habituels du Cycle Chronofiable A8 n’imposent pas une chronométrie conforme au COSC après test. Les conditions du Concours sont donc très exigeantes et seuls les mouvements de très grande qualité passent cette étape », conclut-il. n www.laboratoiredubois.ch www.laboratoiredubois.ch/chronofiabler www.timelab.ch/poincon-de-geneve #JournalSuisseHorlogerie Décembre 2019
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MOMENTS
Thomas Wiesel, précisions d’écriture Questions de temps
Joël Grammson
Jusqu’à ce 16 décembre 2019 à La Chaux-de-Fonds, il semble que l’incarnation la plus swissness de l’humour francophone ne s’en soit pas encore pris aux horlogers. Normal, il ne porte pas de montre…
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Etes-vous toujours à l’heure ? Non, je fais de mon mieux pour atténuer les clichés sur les Suisses.
l faut avouer que son tableau de chasse est bien garni. Hormis sauf erreur les acteurs du monde horloger – malgré sa capacité à humoriser en anglais –, il a tiré sur tout ce qui bouge en Romandie. Et chez nos personnalités et nos politiciens, il n’est pas grand monde qui n’ait été épargné. Il a même tiré en dehors de nos frontières, occupant les plateaux prisés de Paris, ceux qui font et défont les notoriétés au-delà de la francophonie mondiale. Thomas Wiesel manie en mode mine de rien, la science de l’écorcheur et le coup des vannes incisives. Il ébrèche les réputations, éventant au passage, les on-dit naissants. Soudain, en live et sur fond de répartie, il retourne aujourd’hui l’arme contre lui. Avec Ça Va, son nouveau spectacle, il se prend pour un dommage collatéral, se plaint et se livre, se révèle. Au fait, je ne décris pas un horloger teigneux, méticuleux, grande gueule et un rien incontrôlable, un de ces doigts d’or dont l’oreille peut diagnostiquer la bonne santé d’un calibre. Je parle d’un humoriste qui, grâce à sa présence le 16 décembre 2019 et à la première graine semée en ce terreau-terroir, pourrait ajouter quelques rameaux chronométriques à la couronne de ses lauriers : Alors, Monsieur Wiesel, c’était quand la première fois ? En 2006, peu après Noël. Heureusement ce cadeau-là n’a pas été livré par un vieux barbu.
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Quel est le pire retard dont vous vous souvenez, celui qui vous a le plus mis dans l’embarras ? Une histoire avec une ex, mais finalement c’était une fausse alerte. Existe-t-il un retard ou une avance qui vous a permis d’échapper au pire ? Oui, j’étais censé faire partie de la mission Apollo 1 en 1967, je n’ai pas entendu mon réveil ce matin-là. Tous les membres de l’équipage sont décédés. Existe-t-il un retard ou une avance qui vous a permis de vivre le meilleur ? Mais qui se souvient si précisément de ses retards ? Vous êtes des sociopathes dans le milieu de la chronométrie. Quel fut votre jour le plus long ? Ce sera le 16 décembre 2019, au Concours International de Chronométrie. Hormis une montre ou un gardetemps, quel est le design que vous considérez comme le plus intemporel ? Le corps d’une femme. Indiquez-moi la longitude et la latitude précises de votre lieu de naissance ?
Thomas Wiesel enfant, sa Casio au poignet 46°30’34.7 "N 6°38’08.8 "E Citez-moi l’objet personnel que vous souhaiteriez soustraire à l’emprise du temps, pour qu’il ne se dégrade jamais ? Mon cerveau. Quel est le type de chronophage que vous redoutez le plus ? Comment gérez-vous cette espèce ? Probablement les gens qui n’ont rien à dire mais ne s’en sont pas encore rendu compte. J’ai la même stratégie que face à un prédateur, j’arrête de bouger et j’attends qu’ils partent. Quel est le livre que vous avez mis le plus de temps à lire ou que vous n’avez jamais fini ? Je persiste à croire que je vais finir un jour Infinite Jest de David Foster Wallace. Je l’ai acheté en 2009. J’en suis à la page 100 sur 1000 et quelques.
MOMENTS
C’était un fou rire, dans un resto mexicain à Villars, un ami avait fait une blague très inappropriée qui avait mis mal à l’aise la moitié du groupe, leur réaction avait fait pleurer de rire l’autre moitié. Votre première montre ? J’ai dû avoir une Flik-Flak dont je ne me souviens pas, mais j’ai souvenir d’une Casio avec un clavier que j’aimais beaucoup, les touches étaient minuscules. Si vous possédez plusieurs montres… quels rôles jouentelles dans votre existence ? Je n’ai pas de montres.
Thomas Wiesel sur scène, 2020
Celle que vous aimeriez avoir le plus… ? Je n’ai pas envie de montres.
Le Point Virgule (Paris) du 08 au 31 janvier Centre Cutlurel de Seraing (Liège), 15 février Espace St-Marc (Le Châble), le 29 février Les Productions du Possible (Toulouse) 12 mars Culture Port-Valais (Les Evouettes) 21 mars Théâtre de Colombier (Neuchâtel) 04 avril La Baie des Singes (Auvergne) 05 mai
Votre premier souvenir se rapportant à une durée, positive ou négative ? J’étais un grand fan de Maurice Greene qui fut le premier à courir sous les 9.8s au 100m. L’avoir vu courir à Athletissima et obtenu un autographe reste un de mes beaux souvenirs d’enfance. Quels sont vos moments qui ne devraient jamais s’arrêter ? Le matin, entre le moment où on se réveille et le moment où il faut se lever. S’il vous arrive de pleurer, quelle est la fois où vous pensiez ne jamais pouvoir vous arrêter ?
La montre dont vous êtes le plus fier. Pourquoi, son rapport au temps, en quelques mots… Je sens que je suis en plein dans le public cible pour cette interview ! Si, privé d’indicateur horaire, vous deviez planter un objet personnel dans le sol pour qu’il vous renseigne sur l’heure qu’il est, à la manière de l’ancien cadran solaire… Lequel ? Probablement un objet pointu et pas trop lourd. J’aurais pas mal de difficulté à planter mon canapé-lit dans le sol. n www.thomaswiesel.com Facebook @thomaswieselcomedy // Instagram wieseltom // Twitter @wieselT
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Jean-Daniel Dubois
Les arts du réglage horloger
Joël A. Grandjean
Industriel reconnu à qui Vaucher Manufacture Fleurier doit parmi les pages les plus irradiantes de son histoire, ce passionné de précision s’est toujours soucié de formation et de transmission des savoirs.
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SSC durant lesquels les résultats sont proclamés, une touche d’espoir et de fraîcheur.
armi les dommages collatéraux liés à l’arrivée dans l’horlogerie du spiral en silicium, il pourrait y avoir la disparition du métier de régleur. Cet horloger expérimenté, capable parfois à l’ouïe de diagnostiquer et donc de soigner les éventuelles irrégularités d’un calibre de montre, est pourtant le descendant d’une tradition horlogère dont les fondamentaux continuent d’alimenter les discours marketing. Jean-Daniel Dubois milite pour que cet art soit perpétué. Durant le temps de sa Présidence de la SSC, la Société Suisse de Chronométrie, il parvient à inscrire statutairement un concours de réglage destiné à la relève horlogère en provenance des écoles d’horlogerie de Suisse. Ouverte à tous les élèves de 3e année en CFC ou année de certification de praticien, des Ecoles d’Horlogerie et Centres d’apprentissage de l’industrie horlogère en Suisse, ainsi qu’aux élèves qui font leur apprentissage dans des ateliers privés suisses, cette compétition repose sur les mêmes valeurs que le Concours de Chronométrie relancé par la Ville du Locle en 2009. A la différence près que, contrairement aux marques horlogères qui professent à longueur d’années leur attachement à la précision tout en rechignant à participer, les élèves de toute la Suisse, par leur détermination et leur assiduité, apportent aux journées d’études et aux Congrès de la
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Les concurrents reçoivent, en début d’année, un mouvement en kit. Ces calibres assemblés, ajustés et réglés par les concurrents subissent ensuite les épreuves du Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres (COSC) qui vérifie leur conformité à la norme de précision ISO 3159. Ces batteries de test peuvent être menées à bien grâce à l’implication gracieuse du COSC et de son BO de Bienne. Les trois premiers au classement reçoivent non seulement un prix en espèces ainsi qu’un certificat SSC, mais aussi un habillage qui leur permet de porter à leur poignet le mouvement sur lequel ils ont travaillé. n www.ssc.ch
Prochaines échéances SSC
Appel à conférenciers pour la prochaine Journée d’Etudes du 29 septembre 2020. Le thème ? L’horlogerie centrée client. Avant, le 14 mai 2020, un Petit-Déjeuner chronométrique aura pour thème Les guidages flexibles en horlogerie.
Le 25 septembre 2019, la dixième édition récompensait à Montreux, en présence de plus de 600 professionnels de l’horlogerie, Louis Parrat (CEJEF, Porrentruy), Lycia Lhomme-Choulet (CFPT, Genève) et Angélique Croisier (Audemars Piguet, Le Brassus). Respectivement, ils reçurent chacun CHF 1’000.00, 600.00 et 300.00. Surtout, ils se firent un nom pour être montés sur un podium devant 124 autres participants issus de 26 centres d’apprentissage de l’industrie horlogère. Une participation stable, comparativement aux années précédentes. Au final, 107 mouvements assemblés, ajustés et réglés ont été envoyés au COSC afin de se mesurer à la norme ISO 3159. Et parmi les 49 élus, ceux des trois meilleurs. Il se murmure qu’une marque historique, désireuse d’encourager cette initiative, s’apprête à ajouter une généreuse enveloppe aux récompenses. _JAG
MÉTIERS
Jean-Daniel Dubois, vocation naturelle ‘la précision’, initiateur du Concours de réglage de la SSC. Il est au nombre des conférenciers du 16 décembre 2019.
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MOMENTS
Table ronde et conférenciers
La précision horlogère s’offre un grand moment
Emmanuel Alder
L
a date était annoncée depuis le début 2019. Ce qui aurait dû être une cérémonie de proclamation des résultats du Concours de Chronométrie devient un conférence d’anthologie sur le thème de la précision, de la chronométrie. Train vapeur à l’ère TGV « En horlogerie, nous sommes à l’ère du TGV et nous fabriquons des machines à vapeur. Alors quand on monte de 5 à 6, 8 ou 10 Hertz, et je ne parle pas des 100 ou des 200 Hertz, c’est comme si on se challengeait pour construire une machine à vapeur 5 à 10 pourcent plus rapide que celle de son voisin… » commentait le visionnaire Maximilian Büsser, fondateur de la marque éponyme MB&F, sur le magazine online du Grec Constantin Stikas, VeryImportantWatches.com. Il a raison, à quoi sert la précision mécanique, à l’heure du milliardième de seconde et du mobile connecté ? Et pourtant... Désamour ou réalité subliminale ? Face à la désaffection des marques pour les confrontations qui poussent pourtant aux dépassements de soi et aux nobles quêtes, malgré une Suisse dotée d’outils légaux de certifications et d’une force industrielle
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16 décembre 2019. Plusieurs personnalités en vue du monde horloger acceptent de participer à une table ronde précédée de mini-interventions et d’une prestation de l’humoriste Thomas Wiesel. Moments choisis. à même d’y répondre massivement, surgissent des questions : le mot précision, si présent dans les discours de tous ordres, le concept de précision suisse encore si tenace dans l’esprit du consommateur mondial, sont-ils devenus une réalité silencieuse qui va de soi, ou une vérité vide de sens et d’actes concrets ? Les marques, derrière leur indifférence feinte, y sontelles toujours fidèles ? Y mettent-elles les efforts, en paient-elles le prix tout en préférant finalement céder à la tendance d’un individualisme qui les éloignent de tout risque d’être comparées, challengées ? Bref, court-circuitent-elles sciemment, au nom de la guerre des marchés et des groupes, les initiatives en provenance de leurs instances faîtières, de leurs racines historiques ? Ces questionnements, ajoutés à la gouaille résolument caustique de l’humoriste Thomas Wiesel et à la pertinence des intervenants, font que cette journée dispose de tous les ingrédients pour devenir mémorable. Et pour alimenter la réflexion au sujet de la suite du Concours de Chronométrie et de l’Association qui en gère le devenir… n www.concourschronometrie.org
Vincent Daveau, horloger et journaliste, le temps des passions Rédacteur en Chef de l’Express XII, magazine Hors Série Montres biannuel au plus gros tirage européen, en charge pour le même média des pages hebdomadaires et du site internet horloger, le journaliste spécialisé et enseignant d’histoire Vincent Daveau est également horloger diplômé et restaurateur confirmé de montres anciennes. Collaborateur à la Revue des Montres depuis 1997 et dans différents supports comme les magazines de référence Watch Your Time, Watches Magazine ou JSH® Magazine. Aussi passionné de voile et skipper, il est d’ailleurs à l’origine des études sur les horlogers John Arnold et George Graham, mais également l’auteur de la seconde édition du livre ‘Montres et Stars’, des ouvrages ‘Toutes les Montres’ et ‘Montres, marques de légende’. Ses compétences horlogères sont reconnues, ses activités ciblées appréciées, comme le conseil en techniques horlogères et la vente (formation des forces de vente en horlogerie de 1997 à 2003). Il réalise régulièrement des dossiers de presse sur les montres à complications dont il maîtrise les arcanes. En parallèle, à travers la pratique de l’escrime médiévale, il travaille actuellement à la mise au point de méthodes de développement personnel et d’intégration pour les jeunes en difficultés.
MOMENTS
Régis Huguenin-Dumittan, gardien des Gaïa Titulaire d’un Master of Arts de l’Université de Neuchâtel, d’un Master Recherche en Histoire des économies et des sociétés industrielles en Europe de l’Université de Belfort-Montbéliard, ainsi que d’un doctorat en histoire de ces deux universités, Régis Huguenin effectue ses recherches sur l’histoire des entreprises et sur le statut de l’image comme source historique. Il travaille pour plusieurs musées du canton de Neuchâtel puis en tant que responsable Patrimoine au sein de la manufacture horlogère Jaeger-LeCoultre. Depuis 2014, il est Président du Jury du Prix Gaïa et conservateur du Musée international d’horlogerie (MIH) de La Chaux-de-Fonds. Il y dirige plusieurs projets de recherche, d’expositions et de publications comme La neuchâteloise (2017), À la femtoseconde près ! (2018) et L’heure pour tous, une montre pour chacun (2019) consacrée à la production publicitaire horlogère au XXe siècle.
Thomas Baillod, théories et concrétude Né à La Chaux-de-Fonds en 1971, Thomas Baillod porte un nom célèbre dans les montagnes et dans l’horlogerie. Etudes ECO et Relations internationales, Neuchâtel, St-Gall. Publicité média d’abord, un secteur impacté par la transformation digitale, puis dès 2004, vente horlogère en Romandie et Tessin (responsable pour Victorinox Swiss Army), puis 10 ans à l’international (Directeur des Ventes Maurice Lacroix, puis Vice-Président Louis Erard). « Chez des indépendants, on apprend à se battre sur le terrain sans le muscle financier et marketing offert par les grands groupes » explique ce désormais consultant indépendant depuis 2017, fondateur de la Watch Trade Academy. Côté distribution, il œuvre, exemple concret d’un lancement à l’appui (le concept BɅ111OD), à la recherche d’optimisations du modèle actuel. Il participe à sa mutation.
Ilan Vardi, maths et horlogerie Ilan Vardi obtient un doctorat en mathématiques au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et poursuit des recherches en mathématiques pures et appliquées. Il se focalise par la suite sur l’horlogerie mécanique et publie de nombreux articles et brevets sur ce sujet. Il est actuellement chercheur à l’EPFL dans le laboratoire de conception mécanique du Professeur Simon Henein.
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MOMENT Gaetano Mileti, à l’horizon des nanosecondes Diplômé en physique à l’EPFL (1990) il obtient son doctorat à l’Université de Neuchâtel (1995). Il passe ensuite deux ans au National Institute of Standards and Technology (NIST), à Boulder (USA). De retour à l’Observatoire Cantonal de Neuchâtel, il forme son groupe de recherche en 2001. Co-fondateur, en 2007, du Laboratoire Temps-Fréquence (LTF), il est professeur de physique à l’Université de Neuchâtel. Ses recherches concernent la spectroscopie atomique, les lasers stabilisés et les étalons de fréquence. Il a participé au développement d’horloges au Rubidium pour applications spatiales (Galileo) et industrielles, et à la réalisation de l’étalon primaire suisse.
AgenFamily : Wiederrecht père et fils Prix Gaïa Catégorie Artisanat Création, Jean-Marc Wiederrecht, maître ès rétrogrades, l’homme des complications poétiques et de l’AgenGraphe®, (chronographe intégré révolutionnaire), n’est plus à présenter. Ses fils le rejoignent dans l’entreprise indépendante Agenhor. Nicolas en 2005 - il participera à la construction de l’usine à Meyrin, un summum d’écologie pratique inauguré en 2009 -, Laurent en 2011. Nicolas Wiederrecht prend progressivement les rênes d’une entreprise fleuron, l’un des motoristes les plus prisés du secteur. Le plus primé aussi, avec 7 montres Grand Prix d’Horlogerie de Genève, toutes équipées des mécanismes maison.
Alain Spinedi, l’esprit de Louis Erard Personnalité reconnue dans l’horlogerie, le patron de Louis-Erard se fait, son diplôme de Management HEC Lausanne en poche, une réputation au fil d’un parcours principalement horloger: d’abord Directeur des ventes chez Tissot (1980-99), il prend la direction de Sector Sport Watch Sector Sport Watches (1990-96), fait un passage au sein du Swatch Group (199799), une parenthèse de deux ans chez Phonak AG avant de devenir actionnaire et Administrateur dès 2003 de la Jurassienne Louis Erard, une maison indépendante créée en 1931. Quadrilingue, père de 3 enfants, ce natif de Salorino au Tessin installe et redimensionne une marque à fort potentiel, tant en matière de positionnement qu’en matière de collections.
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