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De quoi mon prénom est-il le nom?, par Aïda N’Diaye
from JA3108 JANVIER
place du parlementarisme dans nos sociétés. Nos assemblées nationales ont-elles encore du sens ? Je n’en suis pas sûr. Il faudrait réfléchir à des modes de gouvernement ou de distribution des pouvoirs qui engageraient davantage les citoyens et les éduqueraientàuneviedémocratique pleine et entière, vécue sur le plan individuel – cela suppose de savoir ce que vivre en citoyen démocrate signifie exactement. Il faudrait partir de la base et ne plus s’enfermer dans des armatures dites démocratiques.
Ladémocratieimplique-t-elle forcémentlalimitationdu nombredemandats?
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Cen’estpasleseulcritère,maisilest fondamental. J’accorderais bien un satisfecitauGhana,quiaréglélaquestion du renouvellement de la classe politique et des mandats à vie, ce qui luipermetdeseconsacreràdessujets essentielscommelasanté,l’éducation etledéveloppement.EnAfriquefrancophone, nous perdons un temps fou parce que nos Constitutions sont fragiles, manipulables avec une facilité désarmante et accablante.
LeprésidentMackySalldevrait doncs’abstenirdesereprésenter?
J’espèrefortementqu’ilnesereprésentera pas, il aurait ainsi les coudées franches pour mener à terme ses différents projets pour le Sénégal. Pour en avoir discuté avec lui lors de son passage à Paris, je sais qu’il en a un certain nombre. Il lui serait tellement plus simple de s’en occuper s’il était libéré de l’équation du troisième mandat. L’exemple d’Abdoulaye Wade devrait suffire à l’en dissuader. En mars 2021, le président a eu un aperçudecedontlajeunesserévoltée était capable, même si cette colère-là n’était pas motivée par son éventuel troisième mandat. La population jeuneestsidésespéréequ’allermourir dans la rue lors de manifestations lui semble d’une grande banalité.
Qu’est-cequeleretourdescoups d’ÉtatauMali,enGuinéeet,dans unecertainemesure,auTchad inspireaumilitairequevousavez failliêtre?
Cela m’effraie. Légitimer un coup d’État, c’est oublier la menace d’illégitimité qui pèsera ensuite sur le pouvoir ainsi arraché et qui, tôt ou tard, aura raison de lui. Et, tôt au tard aussi, consacrera une instabilité institutionnelle et militaire. Faire un putsch, aussi justifiable soit-il, c’est ouvrir la porte à d’autres coups de force.Quelespopulationsdescendent dans la rue pour protester et prendre leur destin en main est appréciable. Mais quand l’armée s’en mêle, c’est toujours inquiétant.Plusencoredans un pays comme le Mali, en proie à la menace terroriste.
AuSahel,malgrélaprésencedes troupesfrançaises,onéchoueà éradiquerleterrorisme.Pourquoi est-cesicompliquédevenirà boutdesinsurrectionsjihadistes?
C’est un phénomène difficile à circonscrire, à expliquer et à combattre.
J’espère fortement que Macky Sall ne se représentera pas, il aurait ainsi les coudées franches pour mener à terme ses diférents projets pour le Sénégal.
Les défaillances militaires à elles seules ne peuvent expliquer l’échec de la lutte contre le jihadisme dans cette zone immense, où les frontières compliquent les contrôles et où les modèles de jihadisme diffèrent suivantlespays.Tantqu’iln’yaurapasde réflexionpolitiqueélémentaireimpliquant que chaque pays africain se sente solidaire du pays menacé, tant qu’on laissera aux autres le soin de s’en occuper, la lutte sera inefficace. Les crises multiples et incessantes du Sahel prouvent que, malgré le G5, il y a un déficit de coopération entre les États. Il faut des actions politiques, militaires et sociales transnationales. Cescrisesrévèlentaussilafaiblessede nos armées, lesquelles parviennent pourtant à renverser des chefs d’État. politique.Lesattentatscontre laFranceétaient-ilsunactede rejetdumodedevieoccidental, uneriposteauxfrappesfrançaisescontrel’Étatislamique? Relèvent-ilsd’unepenséestratégiquearticuléeoud’unsimple actedebarbarie?
Je le dis depuis mon premier roman, Terre ceinte : les attentats relèvent toujours d’une vision stratégique claire, avec un projet d’opposition, de conquête et de renversement civilisationnel. C’est aussi cela qui nourritetfaitlaforcedetouscesmouvements jihadistes autour de l’État islamique.Réduirecesattentatsàdes représailles,c’estignorertoutel’idéologie qui se construit depuis de très longues années. Une telle idéologie nepeutsefondersurlasimpleidéede représailles.Certes,lahainedel’Occident existe et entre dans l’idéologie, mais elle ne constitue pas la seule motivation ou le seul principe. Il y a une pensée, structurée, qui peut être de la barbarie. Ça pose des questions philosophiques sur ce que seraient la barbarie, la civilisation ou l’humanité. Reste que les jihadistes sont des êtres humains qui réfléchissent, qui veulent davantage de pouvoir et qui veulent dominer, au même titre que la civilisation occidentale a dominé pendant de longs siècles toute la planète. C’est leur projet, et il passe par cet affrontement-là.
Danslelivre,ilestquestionde colonisationetdelaShoah.Quel lienétablissez-vousentreles deux?Était-ilimportantdeles évoquerdanslemêmeouvrage, sachantquecertainsn’hésitent pasàselivreràdesbatailles mémorielles?
Il est indécent de parler de concurrence mémorielle. Hiérarchiser les souffrances, les évaluer suivant des critères oiseux, comme la durée, le nombredemortsoul’exceptionnalité historique, c’est tomber dans le piège de la concurrence des mémoires qui fait perdre de vue le caractère spécifique – le moment historique particulier où ça s’est produit – de toutes cestragédies,ainsiquelessouffrances desindividus,quisevalentlesunesles autres,danscesgrandescatastrophes humaines. Ces horreurs, qui font