II/ L’utopie chez les paysagistes et concepteurs contemporains Dans cette seconde partie, nous analyserons différents travaux de paysagistes et de concepteurs contemporains en essayant de mettre en lumière les aspects utopiques qu’ils sont susceptibles de contenir à partir des caractéristiques soulevées dans la première partie. Il s’agira dans un premier temps de justifier le choix du corpus et d’expliciter la méthodologie de recherche qui s’est appliquée.
1- Méthodologie de recherche et choix du corpus A partir du travail réalisé en première partie du mémoire, une liste de question a émergé. Il s’agit dans cette deuxième partie de confronter ces questions à une sélection de travaux de paysages contemporains. L’objectif étant de faire ressortir les caractères utopiques de ces derniers s’ils existent. • • • • • • • • • • • • • •
Qui est le concepteur ? Quel est son métier ? De quand date le concept ? Quel est le contexte historique ? Quel est l’objectif principal du projet ? Le projet critique-t-il quelque chose ? Quel est le contexte de publication ? Quelle forme prend le projet ? (Discours, représentation, réalisation ?) De quel type d’espace s’agit-il ? (Bâtiment, ville ?) Quelles sont ses formes matérielles ? Graphiques ? Le projet est-il pensé pour un lieu en particulier ? Y-a-t-il une prise en compte du paysage existant ? Le projet doit-il servir d’exemple, de modèle ? Le projet s’est-il réalisé ? Si non, qu’est-ce qui empêche le projet de se réaliser ?
La sélection de concepts et projets contemporains qui suit ne s’est pas faite au hasard. Il a été nécessaire d’étudier un grand nombre de travaux sous le prisme du bilan bibliographique et historiographique établi en première partie de ce mémoire. Le choix des travaux sélectionnés a été orienté par trois thématiques dégagées grâce à l’état de l’art que sont la question sociale, la question écologique ainsi que la question de la représentation. Le corpus choisit fait appel à des approches différentes du paysage. Dans un premier temps, nous nous intéresserons au « paysage écrit », celui de l’auteur et paysagiste Gilles Clément qui développe des concepts tels le jardin en mouvement, le jardin planétaire ou encore le Tiers-Paysage. Ces concepts relèvent de la question écologique soulevée par Thierry Paquot. Gilles Clément est comme les concepteurs de projets utopiques du XIXème et XXème siècle un personnage charismatique porté par un optimisme débordant et ses concepts sont longuement décrits dans des ouvrages. Ensuite, nous étudierons ce que nous appellerons le « paysage parlé », autrement dit nous nous pencherons sur la pratique de la médiation liée au paysage à travers le projet de la ZEN de Palerme porté par l’agence de paysage Coloco puis à travers les ateliers d’urbanisme utopique organisés par le collectif Bruit du frigo à Bordeaux. Les projets de médiation relèvent de la question sociale et font écho à la notion abordée par Friedman, la participation habitante. On y trouve aussi la volonté de créer du lien social, une des priorité de Fourier. Rappelons également que c’est un des aspects soulevés dans l’article sur le retour des utopies urbaines publié dans la revue Futuribles dont nous avons parlé en introduction. Le troisième aspect que nous aborderons sera le « paysage dessiné » et questionnera la thématique de la représentation en nous intéressant à l’œuvre de Luc Schuiten. Son travail est lié à celui de Friedman puisqu’on y retrouve des idées venues d’ailleurs parfois sur un fond imaginaire et d’autres fois ce sont des villes existantes qu’il s’amuse à transformer pour donner des idées aux décideurs, pour montrer que c’est possible. Dans cette sélection de concepts, de projets et de représentations, tous ont pour objectif de faire évoluer le système dans lequel nous vivons, certains ont la volonté de changer le monde, d’autres veulent simplement rapprocher les habitants les uns des autres autour d’un atelier sur leur cadre de vie.
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