Bitcoin Votre banquier privé succombe-t-il aussi à l’engouement?
Private banking Supplément de L’Écho l jeudi 29 avril 2021
© PIETER VAN EENOGE
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Plus on est riche, plus le banquier est disponible Pour faire partie du club des 1% d’habitants les plus riches de notre pays, il faut un patrimoine net d’un peu plus de 2 millions d’euros. Plus le patrimoine est élevé, plus les conseils du banquier sont personnalisés. Quelle est la différence entre personal, premium et private banker? Et comment les familles sont-elles abordées? PP. 6-7
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Private banking Bruno Colmant, CEO de Degroof Petercam: «L’économie est on the move again, les choses ont recommencé à bouger.» © BELGAIMAGE
PIETER SUY
C’
est peut-être moins connu et moins conforme à l’image traditionnelle de la Banque Degroof – une vieille dame de plus de 150 ans – mais son patron Bruno Colmant est un grand fan des Beatles. Ceux qui lisent les nombreuses réflexions que cet économiste de 59 ans partage presque tous les jours sur LinkedIn tomberont régulièrement sur des références à John Lennon et consorts. Et nous avons déjà surpris l’homme avec un discret autocollant «Yellow Submarine» sur la coque de son smartphone. «Eight days a week» est une chanson appropriée pour décrire l’emploi du temps chargé de Colmant. Comme si la crise du coronavirus et le renforcement obligatoire des mécanismes internes de contrôle de la banque ne lui apportaient pas suffisamment de travail, Colmant a décidé de diriger les services bancaires dédiés aux clients fortunés. Cette décision fait suite au départ soudain de Steve Demeester, qui a dirigé pendant à peine un an la branche de banque privée. Colmant souligne cependant que le départ de Demeester s’est déroulé dans une ambiance positive. «Steve Demeester a accompli un travail remarquable et nous a aidés à jeter un regard neuf sur notre activité de banque privée», explique Colmant. «Mais il était nécessaire que le management s’implique davantage et j’étais la personne la plus apte à assumer cette tâche. En tant que CEO, j’assume donc aussi la responsabilité de nos activités de banque privée. Cela représente beaucoup de travail, mais j’étais déjà très impliqué dans ce département. En tant qu’économiste du groupe, j’ai eu, dans le passé, de nombreux contacts avec nos clients de la banque privée.»
«Nous devons davantage miser sur la digitalisation pour être plus accessibles, en particulier pour les clients plus jeunes.»
Il y a près de deux ans, au moment où Colmant est devenu CEO de Degroof Petercam, la maison bruxelloise traversait une période particulièrement agitée après un audit catastrophique mené par la Banque nationale de Belgique sur les procédures soutenant la politique anti-blanchiment du groupe. Certaines transactions ont été suspendues pendant un certain temps et Degroof Petercam s’est vue obligée de présenter un plan d’action. Des milliers de comptes de clients ont à nouveau été passés au crible. Pour ce travail – rebaptisé euphémiquement «redocumentation» au sein du groupe – Degroof Petercam a dû faire appel pendant des mois à une armée de très onéreux consultants externes. Entre-temps, la banque a pu réduire le nombre de consultants à quelques dizaines et le bout du tunnel est presque en vue, explique Colmant. «Nous avons connu une période très difficile, mais nous devrions avoir terminé d’ici
«Degroof Petercam est prête à rebondir» Près de deux ans après sa nomination – dans des circonstances tumultueuses – au poste de CEO de la banque privée et gestionnaire de patrimoine bruxelloise, Bruno Colmant doit faire face à un autre défi de taille: développer Degroof Petercam en Flandre et séduire la jeune génération.
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Private banking La flambée du cours du bitcoin suscite des rêves fous chez les investisseurs friands de risques. Mais face à un actif volatil et opaque, les banquiers privés jouent la prudence.
Les cryptomonnaies, une terra incognita de la banque privée
Bruno Colmant (59 ans) Bruno Colmant est CEO de Degroof Petercam depuis 2019. Ce professeur d’économie bruxellois (Solvay et Vlerick) a commencé sa carrière chez le consultant Arthur Andersen mais est vite devenu patron d’ING au Luxembourg. En 2006, il a été chef de cabinet du ministre des Finances de l’époque, Didier Reynders (MR). Peu après, Colmant a été nommé CEO d’Euronext Bruxelles avant de devenir, en 2009, vice-CEO de l’assureur Ageas. En 2015, il a rejoint Degroof Petercam en tant que chef du service d’études.
la fin de l’année. Nous pourrons ainsi à nouveau nous concentrer sur le déploiement de notre stratégie en Belgique. Nous comptons simplifier notre offre de produits, nous digitaliser davantage et adapter notre organisation interne. Nous avons récemment ouvert trois agences – à Wemmel, Woluwe et Uccle. Notre agence de Knokke a récemment déménagé. Nous n’excluons pas à terme d’ouvrir d’autres agences. Je pense surtout à la Flandre.» Quelles sont vos ambitions pour la Flandre? Colmant: «Nous comptons surtout nous concentrer sur les propriétaires d’entreprises familiales et sur les fusions et acquisitions. Ces derniers mois, nous avons déjà réussi à attirer de nouveaux clients en Flandre, et nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin. La Flandre reste la région la plus riche du pays. Nous aimerions aussi nous défaire de notre image de “banque essentiellement francophone”.»
«Nous aimerions nous défaire de notre image de banque essentiellement francophone.»
Certains s’étonnent de vous voir ouvrir de nouvelles agences au moment où le secteur bancaire se digitalise à tour de bras suite notamment à la crise du coronavirus. Colmant: «Au départ, je pensais même que ce serait un problème pour attirer de nouveaux clients, car la banque privée reste tout de même un secteur fortement marqué par les relations humaines. Mais dans la pratique, cela semble moins être le cas et nous avons même des clients qui ont placé leurs capitaux chez nous sans avoir rencontré physiquement leur banquier.» «Dans ce cas, pourquoi ouvrir de nouvelles agences, me demanderez-vous? La crise du coronavirus a effectivement changé la donne. Les gens sont beaucoup moins disposés à effectuer les importants déplacements qui étaient nécessaires parce que notre réseau était trop concentré à certains endroits. Si nous nous rapprochons de ces clients, ils se déplaceront plus volontiers. Cela nous permettra également de mieux nous intégrer dans les réseaux locaux, comme les business clubs, et d’augmenter notre visibilité. Nous ne parlons pas non plus de grandes agences, mais de petites équipes de maximum cinq ou six collaborateurs.» Vous venez de conclure avec Proximus un contrat de make-over de votre infrastructure IT. Devons-nous également nous attendre à une offensive digitale, parallèlement à l’ouverture de nouvelles agences? Colmant: «Nous n’avons pas l’intention de lancer une gamme de produits exclusivement digitale ou, à l’instar de certaines grandes banques, de commencer à vendre des billets de train avec notre app. Mais nous devons davantage miser sur la digitalisation pour être plus accessibles, en particulier pour les clients plus jeunes. Ils ont aujourd’hui peut-être trop l’impression qu’il faut disposer de capitaux importants pour être
OLIVIER SAMOIS
L’ clients chez nous, ce qui n’est pas le cas. C’est pourquoi nous proposons aujourd’hui des applications digitales leur permettant de déterminer leur profil d’investisseur. Nous voulons continuer à développer ce type d’application.» Au même moment, Degroof Petercam parle de simplifier son offre de produits. Que voulez-vous dire par là? Colmant: «En réalité, nous proposons actuellement trop de types différents de gestion patrimoniale. Nous devons à terme évoluer vers un modèle qui s’appuie principalement sur deux piliers: la gestion-conseil – où le client prend lui-même les décisions avec l’aide de conseillers – et la gestion discrétionnaire. Dans ce dernier modèle, le client nous délègue la gestion de ses avoirs dans le cadre d’un mandat.» «Mais ne vous méprenez pas: nous ne voulons pas tout standardiser. Dans ce cas, nous aurions la même offre de services que les banques de détail qui tentent aujourd’hui de pénétrer dans les marchés de la gestion patrimoniale et de la banque privée. Notre ADN est complètement différent. Nous disposons d’un important département de gestion de fonds, mais nous pouvons, par exemple, offrir à nos clients une large expertise en investissements en Private Equity, en planification patrimoniale et en philanthropie. Nous sommes aussi une des rares institutions disposant encore d’une salle d’arbitrage, nous pouvons proposer des services de family office et nous avons récemment élargi nos services de conseil en art.» Entre-temps, vous avez dû piloter la banque pendant la crise du coronavirus. Quel fut jusqu’à présent l’impact de la pandémie sur Degroof Petercam? Colmant: «Les chiffres détaillés sur l’année 2020 seront publiés plus tard. Mais je peux déjà vous dire que toutes nos activités ont progressé. Malgré la crise du coronavirus, nous avons connu une année rentable, et j’en suis heureux. En 2019, nous avons franchi un cap dangereux, mais le rebond est clairement en vue.»
«Les perspectives pour 2021 sont excellentes. L’économie est on the move again.»
«Les perspectives pour 2021 sont excellentes. L’économie est on the move again, les choses ont recommencé à bouger. En France comme en Belgique, nous nous en sortons bien sur le marché du financement des entreprises et du Private Equity. Je pense que cette tendance positive se poursuivra. Vous constatez partout que la jeune génération est en train de reprendre le flambeau, les baby-boomers transmettent progressivement le pouvoir aux millenials. Ce changement ne se constate pas uniquement dans les entreprises, mais aussi en politique et même dans le domaine intellectuel. C’est précisément notre rôle d’aider autant que possible nos clients pendant cette importante période de transition.»
année 2020 fut celle de tous les extrêmes, notamment sur les marchés financiers. Alors qu’une partie de l’économie s’effondrait sous le poids de la crise économique, d’autres entreprises tiraient les marrons chauds du feu. Ainsi, Tesla a vu son cours progresser de 743% et son patron Elon Musk devenir une des plus grosses fortunes de la planète. Avec son nouveau pactole, le fringant quadragénaire s’est aussi fait remarquer en ce début d’année lorsqu’il a annoncé que son entreprise procédait au rachat de pas moins d’un milliard et demi de dollars de bitcoins et que la cryptodevise serait acceptée par l’entreprise californienne pour réaliser l’acquisition de ses bolides. Cette décision n’a rien de surprenant, dans la mesure où l’excentrique inventeur et milliardaire vante régulièrement les mérites du bitcoin et d’autres cryptomonnaies sur son compte Twitter, suivi par quelque cinquante millions de personnes.
demandes de clients qui ne souhaitent pas tant investir que s’informer», indique Ilse De Muyer, porte-parole du bancassureur. ING indique pour sa part examiner «si et comment (elle veut) potentiellement jouer un rôle dans cet environnement», mais souligne ne pas être actif dans ce domaine à l’heure actuelle.
Risque réputationnel
Les autres banques privées avec pignon sur rue telles Delen et Deutsche Bank ne proposent pas non plus de produits liés aux monnaies cryptographiques. Une frilosité qui s’explique par plusieurs éléments pour Marc Toledo, CFO de la plateforme belge de transactions de cryptomonnaies Bit4You et naturellement apôtre de ce type d’actifs. «Je pense que certains voudraient bien se lancer, mais craignent un risque réputationnel. Les cryptodevises sont trop souvent considérées comme volatiles, encourageant le blanchiment d’argent et dommageables pour l’environnement.» Des arguments qu’il estime pour une bonne partie injustifiés.
Institutionnalisation
La prise de position de Tesla, une entreprise technologique au demeurant, s’inscrit dans un contexte où plusieurs acteurs de la finance, et non des moindres, se sont ouverts aux cryptoactifs. En octobre dernier, PayPal annonçait la possibilité d’utiliser des bitcoins et d’autres devises numériques sur son réseau aux États-Unis. Cette possibilité devrait être élargie à ses quelque 360 millions d’utilisateurs et 29 millions de vendeurs à travers le monde dans les prochains mois ou les prochaines années. Des institutions plus traditionnelles ont également franchi le pas. JPMorgan, Bank of New York Mellon, Goldman Sachs et BlackRock proposent des fonds spécialisés à leurs clients qui désirent y investir, tandis que MasterCard permet aujourd’hui aux titulaires de ses cartes de crédit d’effectuer des transactions en cryptomonnaies. Cet engouement soudain pour les cryptoactifs concorde bien évidemment avec l’envolée du cours du bitcoin. Alors qu’il évoluait aux alentours des 7.000 dollars début janvier 2020, il s’est envolé pour dépasser les 20.000 dollars en décembre et atteindre un record à 64.000 dollars au mois d’avril, poussé dans le dos par l’introduction en bourse gargantuesque de la plateforme Coinbase.
Prudence et méconnaissance
La courbe du bitcoin s’envole et aiguise les appétits des investisseurs, mais semble laisser de marbre les banquiers privés. En Belgique en tout cas, ils sont peu nombreux à se lancer dans la danse. Ainsi, BNP Paribas Fortis ne considère pas les cryptoactifs comme des monnaies à part entière, car cela nécessite un cadre réglementaire et une gestion prudente de la protection des données et du risque de blanchiment d’argent. «Dans ce contexte, nous pouvons comprendre l’engouement pour l’innovation, mais étant donné la nature parfois trouble des cryptomonnaies, l’achat et la vente de ce produit via nos comptes peut poser un risque pour les clients et la banque. C’est pourquoi nous appelons nos clients à rester vigilants dans l’utilisation de ces actifs non réglementés», commente Hans Marien, directeur de la communication chez BNP Paribas Fortis. Belfius prône également la prudence. Selon le bancassureur public, «pour spéculer en bitcoin, il faut être capable de faire face aux montagnes russes financières, car il est loin d’être stable». Il considère la cryptomonnaie comme «une loterie» avec une «demande énergétique monstrueuse» et échappant à tout contrôle, «ce qui en fait un outil idéal de criminalité». Chez KBC également, on pointe les risques associés à l’investissement, le manque de transparence, ainsi que l’absence de cadre juridique. «Nous recevons beaucoup de
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Source: Thomson Reuters Datastream
Autant de points qui viennent s’ajouter à la méconnaissance qui entoure ces actifs. «Warren Buffett n’a jamais voulu investir dans ce qu’il ne comprenait pas», indique Stéphane d’Udekem d’Acoz, wealth manager chez CBP Quilvest. «Nous ne pouvons pas vendre n’importe quoi à n’importe qui.» La volatilité en elle-même ne constitue pas un problème, ajoute Xavier Rubbens, directeur de CBP Quilvest Belgique. «Ce qui est plus épineux, c’est qu’on ne sait pas quand il faut acheter ou vendre des bitcoins! J’aimerais d’ailleurs entendre le pep talk d’un gestionnaire américain tentant de convaincre son client d’en acquérir.» Le gestionnaire d’actifs néerlandais Robeco estime cependant que les cryptomonnaies peuvent aujourd’hui avoir une place (restreinte) dans un portefeuille multiactifs bien diversifié, à condition d’appliquer certains contrôles en matière de risque et des règles de gestion strictes.
Plus spéculatif qu’une action?
«Notre mission est de créer de la richesse pour pouvoir vivre tous les jours. Nous ne pouvons pas nous permettre une volatilité pareille», rétorque Stéphane d’Udekem d’Acoz. «Le banquier a un rôle de garde-fou.» «Est-ce que les plateformes crypto d’aujourd’hui ne sont pas les hedge funds de 2007?», s’interroge à voix haute Xavier Rubbens. «Pour moi, elles sont en tout cas plus proches des tulipes que des placements de bon père de famille.» Une vision à laquelle Marc Toledo ne peut adhérer. «Je trouve cela assez drôle de critiquer ceux qui prennent un risque. Acheter une action est motivé par un profit et n’est pas forcément spéculatif. Le bitcoin peut aussi constituer un refuge contre l’inflation», fait-il valoir. Partisans et détracteurs des cryptomonnaies se tiennent tête. L’appétence pour les risques des premiers s’oppose à la prudence des seconds, qui pourraient progressivement tourner casaque si les cours poursuivent leur folle ascension…
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thèmes qu’il faut absolument avoir dans son portefeuille d’investissement Durabilité, santé, technologie, actions cycliques et protection contre l’inflation. Si l’on en croit les gestionnaires de patrimoine, ce sont les thèmes qui devraient, cette année, constituer les pierres angulaires d’un bon portefeuille d’investissement.
WOUTER VERVENNE
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n 2020, les actions technologiques ont été à la fête sur toutes les bourses. Offriront-elles les mêmes rendements record en 2021 ? Nous avons demandé à six banques de nous confier quels étaient selon elles les thèmes qui méritaient une place de choix dans tous les portefeuilles.
1 Durabilité
2 Santé
Au cours de l’année écoulée, la demande d’investissements durables a beaucoup augmenté. «La durabilité est une tendance qui a reçu un coup de pouce supplémentaire de la pandémie», explique-t-on chez ING. «Les investissements qui souhaitent être “future proof” doivent en tenir compte.» La durabilité peut être définie de manière très large ou au contraire très stricte. La stricte définition tient surtout compte de l’environnement. La définition large comprend également les objectifs sociétaux, la gouvernance et même la santé. Certaines banques appliquent une approche très concentrée, d’autres une approche plus large, ou encore une combinaison des deux. Belfius se concentre sur les changements climatiques et sur les entreprises qui investissent dans des projets réduisant les émissions de gaz à effet de serre. «Une étude menée par l’Imperial College Business School révèle que les entreprises qui misent sur les énergies renouvelables affichent de meilleurs rendements en bourse», explique Jan Vergote, stratège en investissements chez Belfius. Chez BNP Paribas Fortis également, on estime que les énergies vertes sont
un thème important pour les investisseurs. Philippe Gijsels, stratège en chef: «Nous assistons à la naissance d’une nouvelle industrie. Dans ce secteur, de grandes entreprises vont voir le jour. Ce seront les Amazon de demain.» Chez KBC, on souligne que l’eau fait partie des principaux thèmes dans les investissements durables. «Les pénuries structurelles d’eau exigent de nombreux investissements. La hausse régulière du chiffre d’affaires se traduit par une forte augmentation des bénéfices, et l’absence d’exagération dans les valorisations offre des opportunités.» ING applique une définition large de la durabilité et, en plus de l’eau, s’intéresse entre autres aux technologies propres, aux soins de santé et au recyclage des matières premières. KBC ne se limite pas aux changements climatiques et à la pénurie d’eau, mais investit également dans des entreprises qui misent sur les défis tels que l’accessibilité aux soins de santé, l’alimentation saine et les problèmes de mobilité. Dans ces secteurs, des actions comme Nestlé, Visa, Paypal et Microsoft affichent une forte croissance de leurs bénéfices.
«Les entreprises qui misent sur les énergies renouvelables affichent de meilleurs rendements en bourse.» JAN VERGOTE STRATÈGE EN INVESTISSEMENTS CHEZ BELFIUS
À cause de la pandémie, le secteur des soins de santé se retrouve plus que jamais sous les projecteurs, indique Vergote. «Les soins de santé sont aujourd’hui à l’abri des réductions des dépenses des pouvoirs publics. Le secteur est relativement bien protégé contre les crises et devrait faire partie de tous les portefeuilles diversifiés. On s’attend à ce qu’à court, moyen et long terme, il surperforme par rapport à l’indice MSCI World.» Belfius s’intéresse aux entreprises qui misent sur l’amélioration des conditions de vie (soins personnels et services d’aide à domicile), l’amélioration de l’espérance de vie (alimentation et sport) et le bonheur (loisirs et bien-être), ainsi qu’à celles qui investissent dans la recherche contre le cancer. Erik Joly, économiste en chef d’ABN Amro Belgique, souligne que la crise du coronavirus a augmenté l’importance du secteur des soins de santé. «De plus, le vieillissement de la population stimule la demande de médicaments et de matériel médical. Les pipe-lines de médicaments prometteurs ont retrouvé des niveaux “normaux” et le secteur génère des cash flows réguliers.»
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Les grands défis d’aujourd’hui sont les opportunités de demain. Cette conviction est celle qui guide Degroof Petercam depuis 150 ans. Pour contribuer à construire l’avenir des générations actuelles et futures, nous investissons dans des services patrimoniaux robustes et durables. Éditeur responsable : Bruno Colmant. Mars 2021 I Adresse légale : Banque Degroof Petercam SA, rue de l’Industrie 44, 1040 Bruxelles I TVA : BE 0403.212.172 (RPM Bruxelles) - FSMA 040460 A.
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3 Technologie
4 Actions cycliques
ING souligne que la pandémie a également accéléré la digitalisation de la société. De ce fait, la banque s’intéresse aux entreprises actives par exemple dans le domaine des paiements digitaux, du commerce en ligne, des services de Cloud et des loisirs interactifs. Vergote de Belfius s’attend à ce que l’automatisation des processus d’exploitation et la tendance au télétravail se poursuivent. «Cette tendance se traduira par des investissements supplémentaires, notamment dans le renforcement des systèmes informatiques.» Le stratège souligne cependant que les actions technologiques souffrent lorsque les taux augmentent. Mais selon lui, ce n’est pas une catastrophe, vu que les perspectives à long terme sont très positives.
Joly est convaincu que les actions industrielles profiteront des plans de relance américain et européen. Il y a quelques semaines, le Fonds monétaire international a annoncé qu’il s’attendait à une croissance de 6% de l’économie mondiale en 2021. C’est la plus forte croissance depuis 1976. L’économiste d’ABN Amro considère également les actions bancaires comme intéressantes. Il souligne que la marge d’intérêts s’améliore grâce à la hausse du taux à long terme. De plus, la reprise économique devrait permettre aux banques de réduire leurs provisions pour crédits douteux. C’est pourquoi les analystes financiers classent les actions financières parmi les actions cycliques. «Les bénéfices devraient retrouver les mêmes niveaux qu’avant la crise du coronavirus», estime Joly. «Les rachats d’actions propres pourraient également soutenir les cours.» Gijsels s’attend également à de belles performances de la part des actions sensibles à la conjoncture. «La reprise des secteurs cycliques sera assez spectaculaire au cours du second semestre. Les actions de valeur ont entamé un mouvement de rattrapage, mais il reste encore de la marge.» Le stratège en chef de BNP Paribas Fortis s’intéresse aux actions bancaires
«Le vieillissement de la population stimule la demande de médicaments et de matériel médical.» ERIK JOLY ÉCONOMISTE EN CHEF D’ABN AMRO BELGIQUE
et aux secteurs sidérurgique et chimique. Les marchés d’actions japonais et britanniques comptent relativement plus d’actions de valeur que les autres bourses. Les sociétés du secteur des matières premières – sociétés minières et de recyclage – profitent selon Gijsels de la reprise économique. «Nous nous trouvons au début d’un super cycle de hausse des prix des matières premières. La reprise de l’économie chinoise et mondiale et l’émergence des voitures électriques font augmenter la demande de matières premières comme le nickel et le cuivre. L’offre n’arrivera pas à suivre, car le secteur n’a pas suffisamment investi pendant des années. Après la hausse des cours des actions des grands acteurs, c’est aujourd’hui le tour des plus petits acteurs qui sont des cibles pour les repreneurs.»
«Nous sommes au début d’un super cycle de hausse des prix des matières premières.» PHILIPPE GIJSELS STRATÈGE EN CHEF BNP PARIBAS FORTIS
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Banque privée, intérêts communs. www.imaginetomorrow.be
5 Protection contre l’inflation Pour l’instant, l’inflation reste basse, mais la reprise économique et la forte hausse des prix des matières premières ont fait augmenter les estimations en matière d’inflation. «Il est plus que probable qu’après l’inflation des prix des actifs (par exemple des actions), les prix à la consommation subissent le même sort», prévient Erwin Deseyn, stratège en chef du gestionnaire patrimonial CapitalatWork. «La meilleure protection contre le retour de l’inflation est une combinaison entre des actions et des obligations liées à l’inflation.» Il conseille les actions d’entreprises bénéficiant d’un «pricing power» et capables de conserver leurs marges, comme les logiciels (Microsoft), les médias (Facebook, Google et Netflix), les jeux (Tencent) et le luxe (LVMH). Pour se constituer un portefeuille équilibré, Deseyn conseille de compléter les actions par des obligations liées à l’inflation, en d’autres termes, des obligations dont le principal est lié à un indice des prix à la consommation.
«La meilleure protection contre l’inflation est une combinaison entre des actions et des obligations liées à l’inflation.» ERWIN DESEYN STRATÈGE EN CHEF DE CAPITALATWORK
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Plus vous êtes riche et plus vous êtes chouchouté par votre banquier
Deutsche Bank) ou moins élevé (75.000 euros chez Banque Nagelmackers). KBC offre des services de «premium banking» (conseils en investissement) à partir de 250.000 euros.
© PIETER
GE VAN EENO
Private banking
On trouve des banquiers pour tous les goûts: personal banker, premium banker, private banker ou wealth manager. Quelle est la différence entre ces métiers et quand pouvez-vous faire appel à eux? DAVID ADRIAEN
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e banquier privé est une personne de contact au sein de la banque qui conseille régulièrement les clients fortunés sur la façon de gérer leur patrimoine et d’autres problématiques financières ou fiscales comme leur succession. Ces dernières années cependant, de nombreuses formes intermédiaires sont apparues à l’extrémité inférieure de ce segment, à mi-chemin entre la banque de détail et la banque privée, et à l’autre extrémité, des services de wealth management encore plus exclusifs. Le fil conducteur? Plus votre patrimoine est important, plus les services sont personnalisés et plus les conseils en matière de fiscalité, succession, immobilier, art, etc. sont nombreux. L’offre et les conditions spécifiques diffèrent grandement d’une banque à l’autre.
Personal banking
L’an dernier, AXA Banque Belgique a lancé une offre de personal banking qui comprend une approche globale pour les clients de la banque de détail détenant plus de 100.000 euros. Idem chez ING Belgique qui attribue à ces clients un personal banker qui leur fournira des conseils en investissements. Dans les autres institutions, ce seuil peut être plus élevé (150.000 euros chez
«Il faut que le client dispose d’au moins 500.000 euros pour bénéficier de services véritablement exclusifs.» ILSE DELCOUR MARKETING MANAGER DE VAN LANSCHOT
«Il ne faut pas confondre les services de private banking avec les offres personnalisées des banques traditionnelles qui utilisent une approche standardisée et robotisée», explique Ilse Delcour, marketing manager de Van Lanschot. «Il faut que le client dispose d’au moins 500.000 euros pour bénéficier de services véritablement exclusifs.» Belfius, Puilaetco et Banque Nagelmackers appliquent le même seuil de 500.000 euros. Chez BNP Paribas Fortis, le seuil d’accès est moins élevé: les clients bénéficient déjà des services d’un banquier privé à partir de 250.000 euros. Existe-t-il de réelles différences entre une offre premium en retail banking et les produits de banque privée les plus basiques et quels services attendre de votre banquier privé? C’est difficile à dire, car la façon dont elle traite ses clients, identifie leurs besoins et propose des solutions adaptées est précisément ce qui constitue le style personnel d’une banque privée. Elles restent par ailleurs relativement vagues sur la fréquence de leurs contacts avec les clients, sur le niveau de personnalisation des conseils en investissements – et notamment de l’accès aux fonds de placement – et sur le type de séminaires et d’événements auxquels leurs clients sont invités. Même au sein d’une même catégorie, les clients plus fortunés feront la plupart du temps l’objet de plus d’attention que les autres.
1 million d’euros
Dans de nombreuses autres banques, l’accès à la banque privée – allant des mandats de conseil à la gestion discrétionnaire – est réservé aux patrimoines supérieurs à 1 million d’euros. Même si cette limite n’est pas toujours aussi stricte partout et que le «potentiel» d’un client joue également un rôle important. «Les seuils sont plutôt indicatifs et nous examinons surtout les besoins des clients. Nous voulons leur offrir les meilleurs services en fonction de leurs actifs présents et futurs», explique-t-on chez KBC. La définition de ce patrimoine n’est pas la même partout. «En gestion discrétionnaire, nous appliquons un seuil d’accès de 1 million d’euros d’actifs à placer dans notre banque. Nous ne tenons pas compte du patrimoine immobilier ni des avoirs placés ailleurs», souligne Pieter De Bisschop, Head of Private Banking Flanders chez Degroof Petercam. Ailleurs, ces règles sont plus souples. «Il est possible d’accéder à la banque privée à partir d’un patrimoine de 1 million d’euros, dont 500.000 euros à placer», précise Renaud Deschamps,
porte-parole d’ING Belgique. ABN Amro se dit prête à offrir des services de banque privée si le patrimoine du client dépasse 1 million d’euros, même si cet argent n’est pas immédiatement confié à la banque. Chez Delen Banque Privée, on ne parle pas de seuil fixe. «Ce n’est pas nécessaire. Notre approche prévoit une gestion patrimoniale sur mesure en fonction des objectifs et du profil des clients. L’approche “bon père de famille” est la même pour tous nos clients», explique Elio Rombouts, investment officer. «Nous ouvrons même des comptes avec des montants modestes pour les enfants et les petits-enfants de nos clients à la suite d’une donation.»
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Dans de nombreuses banques, l’accès à la banque privée – allant des mandats de conseil à la gestion discrétionnaire – est réservé aux patrimoines supérieurs à 1 million d’euros.
Avec 2 millions d’euros, vous faites partie des 1% des Belges les plus riches D’après une étude menée par Knight Frank, vous devez posséder 2,4 millions de dollars, soit un peu plus de 2 millions d’euros, pour faire partie du club sélect des 1% des Belges les plus riches. Dans les grands pays européens, la barre n’est pas placée aussi haut. Si l’on en croit The Wealth Report 2021 – auquel nous avons demandé les chiffres (non publiés) pour la Belgique – il suffit de posséder respectivement 1,8 et 1,7 million d’euros en France et en Allemagne pour faire partie de ce petit club. En Irlande, le seuil – soit 2,2 millions d’euros – est un peu plus élevé. Personne ne s’étonnera de voir Monaco et la Suisse, deux bastions des banques privées, arriver en tête de liste: il faut en effet détenir respectivement 6,6 et 4,3 millions d’euros pour faire partie des 1% des personnes les plus riches. En dehors de l’Europe, les États-Unis arrivent en tête, avec un seuil de 3,7 millions d’euros. Dans de nombreux pays émergents, ce seuil se situe en dessous du montant symbolique de 1 million d’euros. Dans les pays les plus peuplés – la Chine et l’Inde – il se monte respectivement à un peu plus de 700.000 et 50.000 euros. Dans un pays comme le Kenya, vous faites déjà partie des 1% les plus riches si vous possédez l’équivalent d’une Volkswagen Polo. Si vous voulez appartenir à la catégorie des 0,1% des habitants les plus riches de la planète, les choses changent. En Belgique, le seuil est propulsé à un peu plus de 5,6 millions d’euros. Notre pays est ainsi un des rares États européens à dépasser le montant symbolique de 5 millions d’euros. Aux États-Unis, ce chiffre est de 21,1 millions d’euros contre 18,6 millions d’euros à Monaco. En Inde, si vous détenez 235.000 euros, vous faites déjà partie des 0,1% des Indiens les plus riches. Au Kenya, le seuil se situe à 50.000 euros.
D’autres banques appliquent également une approche «familiale». Elles permettent ainsi aux membres de la famille et aux futurs héritiers de se familiariser avec les services de la banque, même si leurs avoirs sont encore limités. Degroof Petercam ouvre sa porte à tous ceux qui disposent de 250.000 euros pour un portefeuille de fonds. De Bisschop: «Les clients ont également accès aux conseils d’un banquier privé, mais avec un peu moins de suivi et de marge de manœuvre.»
PARTIE DES 1% LES PLUS RICHES DU MONDE
Wealth Management
En million €
Toutes les grandes banques possèdent également une division Wealth Management qui offre des services encore plus exclusifs. Chez Belfius, ces services sont accessibles à partir d’un patrimoine de 2,5 millions d’euros. Chez KBC et BNP Paribas Fortis, le seuil a été fixé à 5 millions d’euros. Les services comprennent des conseils encore plus fréquents et intensifs, ainsi que l’accès à des services supplémentaires comme le Private Equity (actions non cotées). Les banques privées traditionnelles offrent ici et là des services complémentaires à leurs richissimes clients. Van Lanschot propose par exemple un «family office» – avec des prestations encore plus personnalisées – à partir de 5 millions d’euros. Chez Puilaetco, un patrimoine de 2,5 millions d’euros suffit pour accéder à ces services exclusifs.
Pays sélectionnés Monaco
6,6
Suisse
4,3
États-Unis
3,7
Singapour
2,4
Irlande
2,2
Belgique France
1,8
Allemagne
1,7
Roy.-Uni
1,5
Espagne
1,2
2,0
millions €
Pays émergents Chine
0,7
Russie
0,3
Brésil
0,2
Inde Kenya
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Source: Knight Frank, The Wealth Report 2021. Chiffres en dollar, convertis au taux de change $/€ de 0,85
L’ECHO JEUDI 29 AVRIL 2021
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© PIETER VAN EENOGE
Private banking
En résumé > Les banquiers privés tiennent à
entretenir de bonnes relations avec les jeunes générations, à savoir les enfants et petits-enfants de leurs clients fortunés ainsi que les jeunes à la tête de start-ups.
> Cela se fait à travers des conférences sur des thèmes sociaux, des webinaires et en mettant les jeunes en contact entre eux.
> Certaines banques travaillent avec
des banquiers privés distincts pour les parents et grands-parents, et pour les enfants et petits-enfants.
Focus sur les familles Les banques privées voient leurs clients comme les maillons d’une chaîne de générations successives. Elles accordent une importance toute particulière à leur relation avec les jeunes.
PIETER SUY
B
ien entendu, les discussions entre les banquiers privés et leurs clients portent toujours sur le patrimoine à gérer. Mais dans de nombreux cas, l’approche a évolué. Aujourd’hui, l’attention est passée du client fortuné en tant qu’individu à l’ensemble de la famille. Et l’intérêt porté aux jeunes générations a gagné en importance. «Nous considérons la famille comme un cycle de différentes phases», explique Yves Van Laecke, chief commercial officer de Banque Nagelmackers. «Nous ne voulons pas que nos clients s’adressent d’abord à nous pour nos fonds, mais parce qu’ils savent que nous leur proposerons un accompagnement de A à Z.» Même son de cloche chez Degroof Petercam, où la famille occupe une place centrale dans la stratégie de la banque, stratégie qui tient également compte du changement qui s’est opéré dans les relations entre les générations. «Nous voyons par exemple de plus en plus de sauts de génération, en d’autres termes, des grands-parents qui font des dons directement à leurs petits-enfants », constate Pieter De Bisschop, Head of Private Banking Flanders chez Degroof Petercam. Cette approche familiale permet aux jeunes générations de profiter, dans leur relation avec la banque, de la position privilégiée de leurs parents et grands-parents. «Nous avons supprimé
les silos», explique Yves Van Laecke de Banque Nagelmackers. «Dans le passé, les enfants de clients venant demander un emprunt chez nous n’étaient pas servis prioritairement. La raison en était que nous ne voulions pas considérer les crédits comme des produits isolés. Mais aujourd’hui, les choses ont changé et nous offrons aussi un prix intéressant basé sur le patrimoine familial total. Nous faisons non seulement plaisir aux enfants, mais aussi aux parents et aux grands-parents.» Aujourd’hui, les banquiers privés tiennent à entretenir de bonnes relations avec les jeunes générations. Sous la devise «You are tomorrow», Degroof Petercam organise plusieurs rencontres où des orateurs viennent parler de sujets d’actualité. Les thèmes traités sont généralement de nature très large et ne sont pas particulièrement axés sur les produits bancaires. «Avec “You are tomorrow”, nous ne cherchons pas à mettre en avant un produit ou une marque», explique Rémy Dercq, responsable de la banque privée pour Bruxelles et la Wallonie chez Degroof Petercam. «Ce n’est qu’une façon de créer des liens avec les jeunes générations. Nous voulons transmettre notre know-how à une génération avide de connaissances et qui s’intéresse à beaucoup de choses. À court terme, nous ne voulons rien vendre à ces jeunes. C’est un service que nous offrons.» «Il n’est pas toujours facile d’établir des liens avec la jeune génération», ajoute Pieter De Bisschop. «Mais nous demandons à nos banquiers privés de mentionner nos initiatives en faveur de leurs enfants et petits-enfants dans les discussions avec leurs clients. Et la communauté ne fait que grandir: elle compte aujourd’hui plus de 1.000 jeunes. Nous disposons d’ailleurs d’une équipe de trois personnes chargées d’animer “You are tomorrow”.»
Communauté
Chez Banque Nagelmackers également, on estime qu’il est important de créer une communauté. «Dès que la crise du Covid-19 sera derrière nous, nous comptons mettre les enfants de différentes familles en contact les uns avec les autres», explique Yves Van Laecke. «La création d’un tel réseau pourra être valorisée dans le futur.» À la banque, les générations sont, pour la facilité, réparties entre les «baby-boomers» et les générations X, Y et Z. «Nous organisons des webinaires spécifiques pour chacun de ces groupes», explique Yves Van Laecke. La génération X – entre 40 et 55 ans – reçoit par exemple des informations sur la planification successorale. Nous voulons leur fournir toutes les informations dont ils ont besoin pour amorcer la discussion avec leurs parents, les baby-boomers.» «Avec la génération Y, il s’agira davantage de crédits et d’investissements. Et pour la génération Z, nous comptons entre autres fournir des informations sur les cryptodevises. L’objectif n’est
pas de leur donner des conseils en investissement, mais simplement de les informer. Pour la génération Z, nous avons lancé une nouvelle page Instagram pour leur fournir des informations de manière très informelle et sans être pontifiants.»
Réseau d’experts
«Il est également très important de disposer d’un réseau d’experts», précise Rémy Dercq de Degroof Petercam. «Nous avons des patrons d’entreprises dans notre réseau qui sont prêts à encadrer de jeunes entrepreneurs. C’est aussi notre rôle en tant que banque privée de rendre ce réseautage possible.» Les banquiers privés entretiennent des relations personnelles avec leurs clients et il est important qu’ils soient aussi proches que possible de l’environnement dans lequel les clients évoluent. Aujourd’hui, l’univers d’une génération n’est pas nécessairement celui d’une autre. Dans l’approche familiale, il peut être important de fonctionner avec plusieurs banquiers privés. «Pour nous, il est parfaitement possible de nommer deux ou trois banquiers privés qui s’occuperont chacun d’une génération», poursuit Yves Van Laecke de Banque Nagelmackers. «Un banquier privé de 55 ans peut par exemple s’occuper parfaitement des grands-parents de 75 ans. Mais il ne sera peut-être pas nécessairement le meilleur banquier pour leurs petits-enfants.» «Parfois, ce sont les parents qui demandent qu’un autre banquier privé s’occupe de leurs enfants», ajoute Rémy Dercq de Degroof Petercam. «Pour éviter tout conflit d’intérêts et garantir la confidentialité sous toutes ses formes.»
Jeunes entrepreneurs
En plus des jeunes appartenant à des familles fortunées, on trouve de jeunes entrepreneurs susceptibles de se constituer rapidement un patrimoine important grâce à leur start-up. Pour les banquiers privés, ce sont des clients intéressants qui exigent une approche spécifique, différente de celle de la catégorie «jeunes».
«Ceux qui sont capables de faire fortune en si peu de temps n’ont pas besoin de mises en garde d’un banquier, mais d’être soutenus dans leur volonté d’aller de l’avant.» YVES VAN LAECKE BANQUE NAGELMACKERS
«C’est peut-être paradoxal, mais les jeunes entrepreneurs deviennent allergiques au risque dès que leur entreprise est vendue», constate Rémi Dercq de Degroof Petercam. «Pour leur gestion patrimoniale, ils développent une attitude envers le risque complètement différente de celle qu’ils appliquent en tant qu’entrepreneurs. C’est systématique. Souvent ils disent: j’ai pris de nombreux risques avec mon entreprise, mais j’avais les choses en main. Ils n’aiment pas devoir se fier à un tiers pour la gestion de leur patrimoine. Ils ont toujours été à la barre et ne veulent pas que cela change.» «La plupart d’entre eux souhaitent réinvestir le produit de la vente de leur entreprise dans une nouvelle start-up. C’est dans leur caractère de continuer à entreprendre», explique Yves Van Laecke de Banque Nagelmackers. «Ceux qui sont capables de faire fortune en si peu de temps n’ont pas besoin des mises en garde d’un banquier. Ils ont surtout besoin d’être soutenus dans leur volonté d’aller de l’avant.»
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Private banking
Demandez à votre banquier privé de privilégier les investissements à impact Les nouvelles règles européennes obligent les banques à expliquer en quoi leurs produits financiers sont durables. ABN Amro Private Banking prend le train de la durabilité avec son Mandat Impact.
Pour le filtre mesurant l’impact, ABN Amro collabore avec ISS-Oekom, une entreprise spécialisée dans ce domaine. ISS-Oekom classe les entreprises sur une échelle allant de «obstruction significative» à «contribution importante». Les scores extrêmes – entre -10 et +10 – indiquent dans quelle mesure le chiffre d’affaires d’une entreprise contribue ou non à rendre le monde meilleur. «Dans notre Mandat Impact, nous ne sélectionnons que les entreprises affichant un score positif», explique Vermeersch. «Nous investissons par exemple dans Sprouts Farmers, une chaîne de magasins d’alimentation saine. L’entreprise tire 25% de son chiffre d’affaires de produits ayant un impact très positif (fruits, légumes, légumineuses) et 30% de produits avec un impact positif plus limité (riz, eau, farine).» Non seulement les actions doivent correspondre à ces critères, mais les obligations sont également soumises à des règles strictes. «Seuls les émetteurs solvables ayant un impact positif sont sélectionnés. Il s’agit donc d’obligations d’entreprises répondant aux mêmes critères de sélection que les actions. Nous investissons également dans des obligations vertes, en particulier celles émises par des gouvernements pour financer des projets durables. Enfin, nous choisissons les obligations des banques de développement actives sur les marchés émergents», explique Vermeersch.
Microcrédits
PETER VAN MALDEGEM
D
epuis le 10 mars, les banques sont obligées de répartir leurs produits financiers sur la base de la durabilité. Les produits «gris» – qui correspondent à l’article 6 des règles européennes SFDR – n’ont aucun objectif durable affiché dans leur politique d’investissement. Les produits «vert clair» (article 8) ont des objectifs de durabilité, mais sans ambition en termes d’impact. Les produits «vert foncé» (article 9) sont des instruments visant à avoir un impact durable sur l’Homme et la société. Même si les principes sont clairs, la mise en œuvre de cette nouvelle réglementation n’est pas chose aisée. La démarcation entre les catégories n’est pas toujours très claire, en partie parce que l’Europe travaille toujours sur les définitions de ce que sont les activités durables. Sur la base d’une première étude du bureau d’analyse Morningstar, 21% des fonds d’investissement européens ont opté pour les articles 8 et 9. Selon le bureau, ce pourcentage augmentera dans les mois à avenir vu que de nombreuses maisons de fonds ont opté pour une approche conservatrice à cause du délai très court. En classant la plupart de leurs fonds en catégorie 6, ils évitent de devoir les rétrograder ultérieurement. Il est clair que le nombre de produits correspondant à l’article 9 – et qui ont donc des ambitions d’impact durable – est encore relativement limité. C’est aussi le cas des 453 fonds qui détiennent le label belge
Un fonds durable n’est pas l’autre > La classification des produits
d’investissement sur la base de leur durabilité a créé une certaine confusion dans notre pays. L’autorité de contrôle, la FSMA, constate que les produits vert clair (article 8) ne peuvent se décrire comme étant «durables». «Nous demandons aux acteurs du marché de respecter la réglementation SFDR ainsi que les différentes terminologies utilisées pour un fonds correspondant à l’article 8 et l’article 9. L’usage du terme “investissement durable” est réservé aux produits correspondant à l’article 9. Les autres fonds doivent éviter autant que possible d’utiliser le mot “durable” dans leur publicité. Lorsque ce n’est pas possible, ils doivent stipuler que leur produit ne fait pas partie de l’article 9», explique-t-on à la FSMA. L’autorité de contrôle ajoute qu’elle n’exige pas que les fonds correspondant à l’article 8 changent leur nom si celui-ci comporte le mot «durable». «L’Europe doit d’abord clarifier certains points, dont la question de l’impact de l’utilisation du mot “durable” dans le nom des fonds.»
«Towards Sustainability» de Febelfin, la fédération du secteur bancaire. «Nous ne pouvons pas encore dire avec précision combien de fonds respectent les articles 8 ou 9, mais il est clair que le nombre de produits avec impact (article 9) est encore relativement limité», explique Tom Van den Berghe, directeur général de la Central Labelling Agency (CLA).
Mandats de gestion discrétionnaire
Dans le cas de mandats de gestion discrétionnaire – c’est-à-dire lorsque l’investisseur délègue à son banquier privé la gestion de son portefeuille – l’article 9 est également sous-représenté. Une exception: ABN Amro Private Banking qui a déjà lancé un Mandat Impact en 2020 aux Pays-Bas, et le mois dernier en Belgique. Le Mandat Impact va plus loin que les Conseils en investissements durables que la banque propose depuis un certain temps. «Pour ces deux types de mandats, nous choisissons les entreprises du monde entier qui affichent les meilleurs scores sur le plan des principes ESG (Environnement, Société et Gouvernance, ndlr). La principale différence, c’est que nous sommes plus stricts dans nos Mandats Impact. De plus, les entreprises reprises dans ces mandats font l’objet une analyse supplémentaire qui mesure leur contribution positive en fonction de leur chiffre d’affaires. Après ce screening, il ne reste environ que 25% des entreprises faisant partie de l’univers des investissements durables», explique Rudy Vermeersch, responsable de la gestion patrimoniale chez ABN Amro Private Banking en Belgique.
«Parmi nos nouveaux clients, 80% optent aujourd’hui pour des investissements durables.» RUDY VERMEERSCH RESPONSABLE DE LA GESTION PATRIMONIALE CHEZ ABN AMRO PRIVATE BANKING EN BELGIQUE
Un troisième pilier du mandat concerne les investissements alternatifs. «Dans ce volet, nous nous concentrons sur les objectifs sociétaux et environnementaux. Nous avons opté pour Privium Sustainable Impact Fund, un fonds qui investit dans d’autres fonds à impact. Avec ce fonds de fonds, nous obtenons une large diversification ainsi qu’une liquidité suffisante au quotidien», poursuit Vermeersch. L’accent est mis sur trois thèmes: microcrédits, énergies renouvelables et prêts étudiants en Afrique. Parmi les fonds sous-jacents, on peut citer le Triodos Microfinance Fund, le Blue Orchard Microfinance Fund, et l’ABN Amro Symbiotics EM Impact Debt et Greencoat UK Wind. ABN Amro propose ce mandat pour six profils de risques. Le seuil d’accès est cependant plus élevé que dans le cas d’un mandat de Conseil en investissements durables. «Le seuil d’accès est de 1 million d’euros, contre 250.000 euros pour un mandat de Conseil en investissements durables», explique Vermeersch. Les frais de gestion (1% hors TVA) sont identiques. Si l’on en croit ABN Amro, la demande de mandats durables est forte. «Aujourd’hui, près de 35% de notre gestion discrétionnaire sont investis dans des produits durables. Nous pensons que cette tendance ne fera que se renforcer. De plus en plus de clients souhaitent, tout comme nous, que leurs investissements aient un impact positif sur la société et l’environnement. Parmi nos nouveaux clients, 80% optent aujourd’hui pour des investissements durables», ajoute Vermeersch. Triodos Investment Management – la banque durable par excellence qui ne propose que des produits répondant aux exigences de l’article 9 – étudie la possibilité de lancer des Mandats Impact. «Nous comptons proposer dans un premier temps des mandats pour les investisseurs professionnels comme les compagnies d’assurance ou les fonds de pension. Nous constatons clairement que les investisseurs professionnels optent pour une approche “Barbell”. Ils investissent une partie du portefeuille dans des produits gris ou vert clair, mais pour le solde, ils cherchent des spécialistes en produits à impact. Nous voulons leur donner accès à ces investissements à impact», explique Jacco Minnaar, président de la direction de Triodos Investment Management. La maison de fonds ambitionne de proposer ces mandats dans le courant du second semestre 2021.
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Private banking Privés de restaurants étoilés et de voyages exotiques durant le confinement, les Belges les plus riches ont craqué pour la rénovation de leurs luxueuses demeures, mais via des crédits. Ils ont aussi suivi de plus près la gestion de leur patrimoine et réfléchi à leur succession. Une consommation de revanche est en vue quand la crise sanitaire sera terminée.
l’acquisition de biens de luxe ont fait des affaires qu’ils n’avaient jamais connues; c’était Noël et le Nouvel An tous les jours!», confie un banquier privé.
PHILIPPE GALLOY
C
omme tout un chacun, les personnes fortunées ont été contraintes de se plier aux mesures de lutte contre la propagation du coronavirus. Leur train de vie a donc dû diminuer fortement au printemps 2020, durant le premier confinement, puis en fin d’année lors de la deuxième vague de contaminations. Le maintien de restrictions depuis le début de cette année a aussi empêché les plus aisés de dépenser comme ils en ont l’habitude. Les activités qui ont été limitées voire interdites durant la crise sanitaire sont, en temps normal, particulièrement prisées par les Belges les plus riches. Ces particuliers au pouvoir d’achat élevé ont en effet l’habitude de voyager beaucoup à l’étranger, soit pour affaires, soit pour leurs loisirs. D’ordinaire, ils se rendent aussi régulièrement dans des restaurants où ils consomment une cuisine haut de gamme. Ce sont également de grands consommateurs de culture: ils apprécient les expositions, l’opéra, les visites de musées, etc. Et en période de vacances, ils ont tendance à privilégier les destinations touristiques les plus luxueuses. Ces derniers mois, tout cela n’a plus été possible à cause des règles sanitaires dues au Covid-19. On peut donc supposer que les Belges les plus nantis ont accumulé une épargne rondelette depuis plusieurs mois. Interrogés à ce sujet, les banquiers privés, qui gèrent les patrimoines de cette clientèle fortunée, ont tendance à relativiser l’impact de cette «épargne forcée» chez les personnes à l’abri du besoin. «Les dépenses qui ont été évitées à cause de la crise représentent, en fait, un montant peu important au regard de l’ensemble des avoirs de ces clients», explique Vincent Verhulst, Co-Head of Private Banking chez Deutsche Bank Belgium.
Empêchés de consommer
L’épargne forcée est une notion qui correspond davantage aux clients des banques de détail, qui sont plus jeunes et perçoivent un salaire: en réduisant leurs dépenses durant la crise, ils ont mis de côté une part importante de ce salaire. Dans les banques privées, la clientèle moyenne est composée de personnes plus âgées qui disposent d’un patrimoine important dont ils ont hérité ou qu’ils ont accumulé durant leur vie active. La limitation des dépenses durant la pandémie est donc appréciée différemment. «Pour la clientèle de la banque privée, ce type de consommation représente une part marginale du patrimoine», confirme David Schmidt, Managing Director de la Banque de Luxembourg Belgium. «On a quand même constaté que, forcés et contraints, les clients avaient réduit leurs dépenses», nuance Damien Ullens de Schooten, Senior Manager Private Banking chez Puilaetco. «Dans les sorties de capitaux que l’on peut retracer, on a bien observé une réduction du nombre de dépenses liées à la consommation.» Empêchés de consommer comme ils en ont l’habitude, les Belges les plus riches, confinés dans leurs luxueuses demeures, semblent avoir profité de cette période particulière pour améliorer leur habitation. «Les gens ont davantage investi chez eux», explique Fabrice de Boissieu, administrateur délégué de la Banque transatlantique Belgium. «Les clients se sont
«Forte volonté de rattrapage»
Mais les périodes de confinement ont aussi offert aux Belges fortunés davantage de temps. Cela leur a fourni l’occasion de s’intéresser de plus près à la gestion de leur patrimoine, en particulier lors du krach boursier de févriermars 2020. «Les clients ont eu plus de disponibilités et en ont profité pour se pencher sur le bien-fondé de nos recommandations durant cette crise», explique Yves Dumon, Managing Director de Lombard Odier Belgique. «Avant la chute boursière de 2020, on avait déjà ressenti une forme de stress dans le marché. Nous avons donc accentué la proactivité de nos conseils. Cela a renforcé la confiance, et les clients qui nous ont suivis ont pu bénéficier du rebond.»
Les personnes fortunées ont dépensé différemment durant la crise «Il y a eu une vraie réflexion de la part des clients sur la planification successorale et la nécessité d’être prévoyants pour leurs descendants.» DAVID SCHMIDT MANAGING DIRECTOR DE LA BANQUE DE LUXEMBOURG BELGIUM
orientés vers l’immobilier de jouissance. Ils avaient besoin de se sentir mieux chez eux. Ils ont recherché plus de biens d’agrément. Ainsi, le marché de l’art s’est très bien comporté, bien que les ventes se soient essentiellement déroulées en ligne.» La météo clémente du premier confinement semble aussi avoir orienté les choix de dépenses. «On a constaté un boom des achats de piscine et des dépenses de rénovation», confie Damien Ullens (Puilaetco). «Les acquisitions de résidences secondaires ont aussi été nombreuses, et davantage en Belgique qu’à l’étranger comme c’était le cas auparavant.»
Biens d’agrément haut de gamme
On pourrait penser que les particuliers fortunés ont opéré un transfert entre les dépenses de consommation empêchées et ces achats d’agrément. Mais en réalité, bon nombre d’entre eux ont préféré recourir à des emprunts pour financer ces investissements. «Les “investment loans” ont assez bien fonctionné pendant la
crise», indique Vincent Verhulst (Deutsche Bank Belgium). «Il s’agit de crédits pour lesquels nous plaçons en gage les portefeuilles de nos clients pour pouvoir accorder des prêts immobiliers.» «Les clients ont préféré recourir au crédit plutôt que de puiser dans leur portefeuille», explique Damien Ullens (Puilaetco). «Les taux d’intérêt restent bas. Donc au lieu d’utiliser l’argent d’un portefeuille qui rapporte, bon an, mal an, un rendement de 4 ou 5%, emprunter à 1 ou 1,5% sur dix ans pour un achat immobilier est intéressant. Nous avons fait beaucoup de crédits de type “bullet”, où le client ne paie que les intérêts durant la durée du prêt puis rembourse le capital à l’échéance. L’avantage est qu’entretemps, il peut placer cet argent avec de bonnes chances de dégager un rendement supérieur à 1% ou 1,5% pendant dix ans.» La crise a donc poussé les plus nantis à accumuler davantage de biens d’agrément haut de gamme. «Dans les rues des quartiers les mieux cotés, les prêteurs spécialisés dans
«Les clients se sont orientés vers l’immobilier de jouissance. Ils ont recherché plus de biens d’agrément. Ainsi, le marché de l’art s’est très bien comporté.» FABRICE DE BOISSIEU ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ DE LA BANQUE TRANSATLANTIQUE BELGIUM
Par ailleurs, comme la crise du coronavirus a malheureusement provoqué beaucoup de décès prématurés dans la population, cela a aussi fait réfléchir les titulaires de grandes fortunes à la transmission de leur patrimoine aux générations futures. «Il y a eu une vraie réflexion de la part des clients sur la planification successorale et la nécessité d’être prévoyants pour leurs descendants», signale David Schmidt (Banque de Luxembourg Belgium). «Ces événements les ont amenés à prendre plus de recul par rapport à leur propre existence. Et il est un fait que notre département juridique a été impressionné par le nombre de donations qui ont été effectuées durant cette période.» «Est-ce que les gens se sont sentis plus vulnérables à cause de la pandémie? C’est possible. Ont-ils mis cette période à profit pour réfléchir à leur planification patrimoniale? Cela, c’est certain», indique quant à lui Yves Dumon (Lombard Odier Belgique). Mais les clients des banques privées comptent bien profiter de la vie une fois que la page de la crise sera enfin tournée. «Comme toute la population, ces personnes se sentent très contraintes, et on sent chez elles une forte volonté de rattrapage dès que ce sera possible», explique Fabrice de Boissieu (Banque Transatlantique Belgium). «Elles organiseront des voyages, des réceptions, des vacances, etc. Mais qui n’est pas dans cet état d’esprit?» Après avoir limité leurs dépenses durant la crise, les plus riches pourraient donc s’adonner à une forme de consommation revancharde après celle-ci.
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Private banking La crise sanitaire a poussé les clients fortunés à passer au crible non seulement leur portefeuille, mais aussi leur collection d’art. Cela a bien entendu eu un impact, mais les conseillers en art des banques privées et gestionnaires patrimoniaux ont également identifié de nouvelles tendances. «Aujourd’hui, ce sont surtout les millenials qui pensent à se constituer leur propre collection.»
«La crise du coronavirus a rendu le marché de l’art plus transparent» Olivier Van Belleghem, directeur du département Wealth Management chez BNP Paribas Fortis, souhaite dissiper un malentendu. «Nous ne disons jamais à nos clients “achetez ceci ou cela, vous ferez certainement fortune”», explique-t-il. «Nous conseillons nos clients sur la manière dont ils peuvent diversifier leur portefeuille, et non sur quoi spéculer. Les aspects juridiques et fiscaux sont très importants lorsqu’il s’agit d’investir dans l’art. Une œuvre peut être achetée par une personne, mais quelques générations plus tard, elle se retrouvera peut-être aux mains de toute une famille. Nous pouvons aider à organiser la transmission d’une collection à la génération suivante, ou conseiller la famille si tous les héritiers ne souhaitent pas conserver une œuvre ou ne sont pas en mesure d’estimer sa valeur exacte. En tant que banque, nous pouvons fournir des conseils totalement objectifs.»
Partage d’expertise
«Nous ne donnons jamais des noms d’artistes dans lesquels il faut investir», confirme Bénédicte Bouton, qui cogère la collection d’œuvres d’art de Belfius et collabore étroitement avec le département Wealth Management de la banque pour conseiller les clients. Avec 4.300 œuvres, la collection Belfius est une des plus importantes collections d’art d’entreprise du pays. «L’expertise que nous avons accumulée grâce à notre propre collection peut être mise à la disposition de nos clients», explique Bouton. «Si un client ne cherche que des noms connus, nous lui donnons par exemple les références de galeries et d’autres partenaires avec qui nous collaborons. Nous ne disons pas à quoi doit ressembler la collection idéale, mais la façon dont il doit la composer pour atteindre un certain équilibre, comment il doit s’assurer et comment la collection doit être gérée d’un point de vue patrimonial.» «En réalité, ce sont toujours les mêmes questions qui reviennent», poursuit Hubert d’Ursel de Degroof Petercam. «Comment puis-je améliorer la qualité de ma collection – en d’autres termes de mon patrimoine familial? Où trouver les meilleures personnes à qui acheter de nouvelles œuvres à un prix correct et comment découvrir les nouvelles tendances?»
L’impact de la crise du coronavirus s’est particulièrement fait sentir sur le marché international de l’art. © BELGAIMAGE
PIETER SUY
L’
an dernier, l’émission «Danse avec les stars» a-t-elle remis le marché international de l’art sur les rails? Tout comme les grandes maisons d’enchères, la Britannique Sotheby’s a rapidement compris au printemps dernier qu’elle devait se préparer à faire face à des moments difficiles. Chez le numéro deux mondial des ventes aux enchères, on vend de l’art depuis 1744. Mais pendant la crise du coronavirus, le modèle traditionnel – qui consiste à réunir périodiquement un club sélect d’acheteurs potentiels dans une salle de vente traditionnelle – s’est révélé impossible à mettre en œuvre. La maison Sotheby’s – rachetée un an avant la pandémie par le milliardaire français Patrick Drahi – a donc opéré un changement radical et investi massivement dans la vente aux enchères en ligne. En collaboration avec Chrome Productions, le groupe britannique – qui a imaginé le concept original d’émissions telles que «Danse avec les stars» et «The X-Factor» – a créé en moins de deux mois un nouveau concept permettant à Sotheby’s de vendre aux enchères des chefs-d’œuvre dans le monde entier de manière entièrement digitale. La première vente estivale organisée en ligne par Sotheby’s a immédiatement remporté un immense succès. Les cinq heures de diffusion en continu de la vente aux enchères ont attiré 250.000 téléspectateurs du monde entier. L’œuvre phare de la soirée, le «Tryptique» de
Francis Bacon, inspiré de l’Orestie d’Eschyle, a trouvé acquéreur pour 85 millions de dollars malgré l’absence évidente de «dancing stars». Un tour de force si l’on sait qu’avant la pandémie, seules les œuvres de moins de 1 million de dollars étaient mises en vente en ligne.
Le marché de l’art s’en ressent
L’anecdote résume à la perfection l’année mouvementée qu’a traversée le marché international de l’art. Ici aussi, l’impact de la crise du coronavirus s’est particulièrement fait sentir. L’an dernier, selon le très influent rapport annuel du groupe bancaire suisse UBS et de la foire Art Basel, les ventes d’art et d’antiquités n’ont guère dépassé 50,1 milliards de dollars, ce qui représente une baisse de 22% par rapport à 2019. D’un autre côté, les ventes en ligne n’avaient jamais atteint les niveaux que l’on connaît actuellement. Au total, les amateurs d’art ont acheté en ligne l’équivalent de 12,4 milliards de dollars d’art et d’antiquités, ce qui représente 25% du total de l’année 2020. L’année précédente, elles ne représentaient que 6 milliards de dollars. Les experts ne s’attendent pas à ce que le canal des ventes en ligne disparaisse après la pandémie. C’est aussi l’avis des experts en art des banques privées et gestionnaires patrimoniaux belges. «Le marché a de toute façon changé», explique Hubert d’Ursel, ancien administrateur de Sotheby’s, qui conseille les clients de Degroof Petercam dans leurs investissements en art depuis 2012. «Je m’attends à ce qu’après la pandémie, 30% des foires d’arts et d’antiquités
disparaissent. Pour des raisons écologiques également, les acheteurs potentiels seront moins enclins à voyager pour voir une œuvre. Au lieu de se rendre à New York en avion, ils auront davantage recours à internet. Par conséquent, on peut s’attendre à ce que le rôle des conseillers en art gagne en importance.» «Au fond, les banques, les maisons de ventes aux enchères et les galeries ont connu la même évolution au cours des derniers mois», ajoute Alison Leslie qui, à partir de Paris, conseille les riches clients de BNP Paribas Fortis dans leurs investissements dans l’art. «Tout le monde a cherché une façon de se rapprocher de ses clients malgré la fermeture des canaux traditionnels. Il a fallu investir énormément en très peu de temps dans des solutions digitales pour permettre au marché de continuer à fonctionner.» «Parallèlement, le marché de l’art a gagné en transparence», expliquent Peter Vermeiren et Olivier Goerens de Belfius Weath Management. «Pendant la pandémie, les clients n’ont pas seulement tenu à l’œil leurs fonds et autres produits financiers. Ils ont aussi tenu à diversifier leur portefeuille à l’aide d’autres catégories d’actifs. Nous avons constaté que leur besoin de vivre des choses agréables, comme l’art, est resté important. Nous voulons également nous positionner de manière plus affirmée sur ce segment du marché.» Ces dernières années, les nombreuses banques privées et gestionnaires patrimoniaux ont élargi leurs départements de conseil en art. Mais en quoi consiste en réalité ce travail?
NFT
«Nous ne disons jamais à nos clients “achetez ceci ou cela”, nous les conseillons sur la manière de diversifier leur portefeuille.» OLIVIER VAN BELLEGHEM DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT WEALTH MANAGEMENT CHEZ BNP PARIBAS FORTIS
Une des tendances les plus remarquables des derniers mois sur le marché de l’art est sans aucun doute l’émergence des NFT. Un énorme hype s’est récemment développé autour de ces «Non Fungible Tokens», un certificat de propriété enregistré sur la blockchain. En mars, chez Christie’s, un de ces NFT lié à une œuvre digitale de l’artiste américain Beeple s’est vendu pour près de 70 millions de dollars. «Nous sommes également en train d’examiner ce nouveau marché de l’art digital», explique Bénédicte Bouton de Belfius. Soyons clairs: la banque n’envisage pas de vendre une partie de sa collection via des NFT. «Mais nous analysons par exemple comment nous pouvons conseiller nos clients sur ce nouveau segment. Ils pourraient par exemple vendre des œuvres de leur collection pour une bonne cause via des NFT.» Alison Leslie de BNP Paribas lève les yeux au ciel lorsque nous lui demandons si ses clients s’intéressent aux NFT. «Non, pour l’instant, nous n’avons pas encore eu de questions à ce sujet. Par ailleurs, si vous vous rendez sur le site de Vignesh Sundaresan, qui a acheté le NFT de Beeple sous le nom Metakovan, vous serez invité à investir dans cet art via des parts virtuelles distinctes. Tout le monde doit mener ses propres recherches et décider si un investissement en vaut la peine. Il est clair que nous vivons des moments fascinants. Les choses sont en train de changer dans pratiquement tous les aspects du marché de l’art.»
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Private banking INNOVATION
L’application KBC évalue aussi l’immobilier Depuis peu, les clients Private Banking et Wealth de KBC peuvent obtenir, dans l’application de la banque (KBC Mobile et KBC Touch), une estimation de la valeur de leur immobilier résidentiel. KBC se base sur ses propres données, à savoir les prix des immeubles qu’elle finance, mais aussi sur des données publiques, comme les informations cadastrales et les données de Statbel, ou encore sur la zone dans laquelle l’immeuble se trouve (accessibilité, nuisances sonores,
proximité de commerces). Les clients peuvent y ajouter des informations, comme le niveau de performance énergétique du bâtiment (PEB), un critère de plus en plus important sur le marché immobilier. Dans un premier temps, seuls les immeubles en Flandre et à Bruxelles sont concernés. Pour l’été, les bâtiments situés en Wallonie devraient aussi être pris en compte. Récemment, il est apparu que de plus en plus de Flamands achetaient une résidence secondaire en Ardenne.
TAUX NÉGATIF
GESTION DE PATRIMOINE
À partir du 1er juillet, les clients d’ING Belgique peuvent détenir jusqu’à 250.000 euros sur des comptes d’épargne réglementés rapportant le minimum légal de 0,11%. Le surplus est reporté sur un compte à 0% jusqu’à 250.000 euros. Au-delà de ce seuil, un taux de -0,5% s’applique.
«La relation avec le gestionnaire devient moins personnalisée» Environ un riche client de banque privée sur trois (36%) s’attend à une relation moins personnalisée avec son gestionnaire de patrimoine à cause de la crise sanitaire. C’est ce que montre le Global Wealth Research Report 2021 du consultant EY. Plus de la moitié des clients (53%) sont prêts à payer pour un service plus personnalisé. À cette fin, la majorité (73%) d’entre eux sont prêts à partager leurs données personnelles avec leur gestionnaire de patrimoine. Ce pourcentage est plus élevé que pour le partage de données avec les médecins, les entreprises technologiques ou encore les commerces de détail.
Dans notre pays, les courses hippiques de Waregem Koerse sont réputées. Chaque année, ce prestigieux événement attire quelque 40.000 spectateurs, parmi lesquels figurent beaucoup de VIP et de personnes venues enrichir leur réseau de contacts. Peut-être y avez-vous déjà été invité par votre banquier privé? L’an dernier, à cause de la crise sanitaire, les courses de chevaux de Waregem n’ont pas pu avoir lieu pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. En Angleterre, sur l’hippodrome de Market Rasen, les courses ont bien eu lieu ce mois-ci. Reste à espérer que les prochaines courses de Waregem pourront bien se tenir le 31 août. Avec, cette fois, davantage d’exhibitions de masques que de chapeaux parmi les spectateurs? © BELGAIMAGE
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Deutsche Bank Private Banking
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