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Private banking
pas toujours le cas. Parfois le contenu d’un fonds est difficile à cerner et vous devez vaincre les réticences de vos clients, par exemple dans le cas d’un fonds de fonds ou lorsque la banque achète un fonds dans une autre banque. Comment gérez-vous ce e situation?
I.V: «Dans ce cas, vous devez disposer d’arguments solides. Vous devez être sur la même longueur d’onde que vos partenaires.»
N.D.T: «Sur ce plan, nous avons encore beaucoup de pain sur la planche. Une partie devra être imposée par la législation. Les données nous aident aussi beaucoup, mais elles ne sont pas encore entièrement au point. L’ESG est encore en plein développement. Nous constatons que les clients s’y intéressent de plus en plus et nous n’avons reçu aucune plainte sur le retrait des actions pétrolières. Plus nous y travaillerons, plus la situation s’améliorera. Nous sommes à la croisée des chemins. Nous devons faire confiance à ceux avec qui nous collaborons.»
Les clients ont-ils réagi différemment que lors de la crise bancaire de 2008?
S.C: «Les clients sont plus calmes aujourd’hui qu’ils ne l’étaient à l’époque. Lors de la crise bancaire, il y avait eu une rupture de confiance.»
Au vu des taux élevés, les marchés alternatifs – comme le marché de l’art, voire les NFT et les cryptodevises – sont aujourd’hui a rayants. Vos clients s’y intéressent-ils?
S.C: «Nous recevons de nombreuses demandes d’informations, mais cela ne va pas plus loin. Nous sommes là pour protéger le patrimoine de nos clients à long terme et nous estimons que les investissements dans les cryptodevises ne font pas partie de notre mission. Avec les cryptodevises, vous risquez qu’un client obtienne un rendement minimal au lieu de maximal (elle rit). L’art est une autre affaire. Nous pouvons conseiller et aider nos clients dans ce domaine. Ce n’est pas notre cœur de métier, mais nos clients apprécient ce service.»
SUITE DE LA PAGE 9 avons un rôle à jouer et que nous devons les accompagner dans ce processus. De nombreux clients gèrent aussi directement certaines de leurs lignes. Il s’agit d’ailleurs souvent d’hommes (elle rit) qui souhaitent absolument avoir certaines actions dans leur portefeuille. Et lorsque nous excluons des actions, cela conduit parfois à des discussions enflammées.»
J.R: «Chez KBC, nous voyons les choses autrement. Chez nous, l’ESG occupe une place importante. Les clients s’y intéressent davantage, notamment grâce à notre offre plus large. C’est une combinaison de ‘push’ et de ‘pull’. Cela fait partie intégrante de notre stratégie. Depuis 2017, nous excluons systématiquement tous les carburants fossiles de nos investissements durables.»
S.C: «Comment réagissent vos clients?»
J.R: «Ils se disent ravis de notre transparence, mais, l’an dernier, à cause de la guerre en Ukraine, les produits pétroliers et gaziers s’en sont bien sortis en bourse – ce qui leur a fait perdre une partie du rendement. Certains ont bien entendu réagi. La plupart des clients acceptent l’ESG tant qu’ils ont la garantie que le rendement social s’accompagne d’un rendement financier. Si vous pouvez le démontrer, vous n’avez aucun problème, mais le rendement financier continue à être considéré comme essentiel pour certains de nos clients.»
Les fonds durables comprennent différentes actions et plus les banques sont proches d’un fonds, mieux elles le contrôlent. Mais ce n’est
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PATRIMOINE EN TOUTE CONFIANCE.
J.R: «Le défi consiste à rendre les choses tangibles. Chez KBC, les clients pourront par exemple bientôt suivre sur l’app si un fonds durable réussit à a eindre les objectifs fixés. C’est relativement nouveau et nous n’en sommes qu’au début.»
En 2022, beaucoup de choses ont changé sur les marchés financiers. La guerre a éclaté en Ukraine et, à cause du resserrement de la politique monétaire des banques centrales, les taux obligataires ont beaucoup augmenté. Quelles en sont, selon vous, les conséquences?
S.C: «Aujourd’hui, les clients nous demandent des portefeuilles purement obligataires. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu ce type de demande.»
N.D.T: «Nous n’avons pas a endu pour contacter nos clients. Lorsque la guerre s’est invitée à notre porte, nous les avons contactés proactivement pour leur expliquer la situation.»
MÊME PAR TEMPS INCERTAIN.
I.V: «Il est important de diversifier ses avoirs, mais les actions et les obligations continuent à représenter la majeure partie des investissements. Dans la presse, on entend beaucoup parler de succès avec les cryptodevises, mais elles continuent à poser problème en matière de transparence et de sécurité. Ce n’est donc pas un domaine auquel nous nous intéressons. L’immobilier est un autre secteur important. On ne dira jamais assez que les Belges ont une brique dans le ventre. Et c’est le rôle des banquiers de donner des conseils avisés dans ce domaine. L’immobilier coté a déjà baissé et l’immobilier ‘réel’ devrait suivre.»
P.L: «La diversification est en effet importante. Ce sont rarement les mêmes catégories d’actifs qui excellent année après année. Nous continuons également à miser sur le Private Equity étant donné qu’il offre la possibilité d’investir très tôt dans des entreprises en croissance ou qui sont susceptibles de créer de
L’environnement économique et financier actuel est particulièrement complexe. Prendre les bonnes décisions pour la gestion de votre patrimoine ne s’improvise pas. Depuis plus de 100 ans au Luxembourg et plus de 10 ans en Belgique, nos experts vous accompagnent dans la préservation, la valorisation et la transmission de votre patrimoine.
Contactez-nous au 02 663 45 68 ou via banquedeluxembourg.be/monpatrimoine la valeur grâce à une expertise spécifique. En outre, nous estimons que les fonds immobiliers cotés ont trop baissé par rapport à l’immobilier physique et qu’il y a de bonnes affaires à faire à long terme.»
Les ETF – ou trackers – perme ent aux investisseurs de se constituer un portefeuille diversifié à coût réduit. Les ETF pourraient-ils à l’avenir remplacer un gestionnaire patrimonial ou un banquier privé?
S.C: «Non, les clients nous posent de nombreuses questions sur les ETF parce qu’ils sont bon marché. OK, pas de problème, mais lequel choisir? Pour cela, vous avez besoin de conseils. »
J.R: «Nous avons plusieurs types de clients. Certains n’ont pas beaucoup de temps à consacrer à la gestion de leur argent et nous demandent de gérer leur portefeuille à leur place. D’autres souhaitent être tenus au courant de tout. Mais les trackers ne remplaceront jamais les banquiers privés.»
Quel sera selon vous l’impact de la technologie sur votre profession?
P.L: «L’intelligence artificielle et la digitalisation prendront bien entendu de plus en plus d’importance et modifieront en profondeur le paysage bancaire. Un des objectifs de l’IA est d’automatiser les processus afin que les conseillers disposent de plus de temps pour offrir des services sur mesure à leurs clients.
Parmi les impacts concrets de la technologie sur le métier de banquier privé et de wealth manager, on trouve bien entendu les outils digitaux et le soutien qu’ils apportent dans la gestion du patrimoine des clients. Un des exemples est l’app Pax Familia, une plateforme digitale très sécurisée qui fournit un aperçu précis de la situation personnelle et du patrimoine des clients.»
Pouvons-nous nous montrer optimistes envers la nouvelle année boursière?
N.D.T: «Beaucoup dépendra de la politique monétaire qui sera mise en œuvre. La moindre erreur pourrait avoir des conséquences importantes.»
J.R: «2023 promet d’être une belle année boursière. Les investisseurs parlent généralement de marché ‘bull’ (haussier) et de marché ‘bear’ (baissier). Nous parlons aujourd’hui de marché ‘kangourou’. Nous constatons d’importants mouvements, avec de fortes fluctuations de cours dans les deux directions, mais heureusement il est possible d’obtenir de beaux rendements en investissant intelligemment.»
Dans son projet de réforme fiscale, le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V) prévoit un doublement de la taxe sur les comptes-titres. Quelles en seraient les conséquences?
I.V: «On peut se poser la question. Si l’on veut que les gens investissent leur argent dans l’économie, ce doublement de la taxe n’est pas un bon signal. Cela pourrait, en outre, encourager les citoyens à laisser leurs économies sur un compte d’épargne au lieu de le faire ‘travailler’ via la bourse. D’un autre côté, il ne faut pas exagérer l’impact de ce e décision. Ce n’est d’ailleurs jamais une bonne idée d’investir en fonction de la taxation.»
S.C: «Nous constatons que les grands patrimoines n’ont plus confiance dans les décisions prises en Belgique. Les clients ne sont pas hostiles aux taxes, mais ils demandent de la stabilité sur le plan fiscal. C’est pourquoi une partie des patrimoines part à l’étranger et je crains que ce soit loin d’être terminé.»
N.D.T: «La fiscalité ne peut en aucun cas être le moteur de certaines décisions. La recherche d’optimisation fiscale est compréhensible, certes, mais ne doit pas être la principale motivation. Le projet en lui-même et les objectifs qu’on souhaite a eindre sont bien plus importants.»
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