Pulse ( 4 octobre 2017)

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4 OCTOBRE 2017

MAGAZINE DES PME ET DES ENTREPRENEURS

Pulse

TILLE LINGIER ET LINDE LUYTEN, REDOPAPERS

«Notre ambition? Réduire la montagne de papier!»

FINANCE

Votre comptable aussi peut faire faillite

INNOVATION

Des vers de terre de haute technologie



PULSE 4 OCTOBRE 2017

SOMMAIRE

Par ici le papier! Tille Lingier et Linde Luyten de Redopapers transforment les déchets de papier en produit commercialisable.

4 23 ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT

Les professions libérales sont des entrepreneurs comme les autres et peuvent donc aussi faire faillite.

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FINANCE

4

Par ici le papier!

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100% énergie durable: les premiers pas vers l’autonomie

INNOVATION

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Une borne de chargement sur le parking de l’entreprise

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Bruxelles bannit les sacs en plastique

Votre comptable aussi peut faire faillite

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D’entrepreneur à pilote de drones

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Le ver de terre: producteur miracle?

IT-TÉLÉCOMS RESSOURCES HUMAINES 18

Un patchwork complexe de formations

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Un Erasmus pour jeunes entrepreneurs: une collaboration win-win

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75.000 babysitteurs plus tard

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Passer commande par iPad ou le cloud

Alexandre Meire (Pur Ver): «Soyons clairs: notre produit ne contient pas de vers de terre.»

Idées et conseils aux entrepreneurs Pulse paraît quatre fois par an. Chaque numéro propose des informations concrètes sur l’actualité en matière de télécoms, IT, RH, internationalisation, finances, énergie, administration, immobilier, innovation, marketing et technologie.

Ours Pulse est un supplément gratuit de L’Echo du 14 juin 2017 et une initiative d’Echo Connect. L’Echo est édité par Mediafin Product Manager: Helena Wilmet, Alexia Mangelinckx Rédaction: Dimitri Dewever, Wouter De Broeck, William Visterin, Timothy Vermeir Rédaction finale: Natacha Boulvain Photo et illustration: Pieter Van Eenoge, Studio Dann Lay-out: Mark Troosters, Christine Dubois Direction: Dirk Velghe, Frederik Delaplace, Arnaud Delmarcelle Adresse: Tour & Taxis, avenue du Port 86c bte 309, 1000 Bruxelles Abonnements et distribution: Tél. 0800/55 150, E-mail: abo@lecho.be Annonceur Trustmedia: Tél. +32(0)2 422.05.11, E-mail info@trustmedia.be Éditeur Responsable: Frederik Delaplace, avenue du Port 86c bte 309, 1000 Bruxelles

Prochain numéro 13 décembre 2017

Aucun élément de cette publication ne pourra être reproduit que ce soit électroniquement ou par tout autre moyen sans autorisation préalable introduite par écrit à l’éditeur © Mediafin

CONNECT


ÉNERGIE & ENVIRONNEMENT

Par ici le papier! En 2015, les graphistes Tille Lingier et Linde Luyten, 23 ans à l’époque, ont lancé leur entreprise, Redopapers. Leur modèle opérationnel? Récolter les excédents et les déchets de papier des imprimeries et les retravailler de manière artisanale pour en faire des produits de papeterie design comme des blocs-notes, des calendriers et autres accessoires. Ces produits sont commercialisés via leur webshop et une vingtaine de magasins en Flandre et aux Pays-Bas. «Notre projet s’est développé de manière très organique», explique Tille Lingier. «Tout a commencé par un magasin pop-up à Anvers, où nous avons testé notre idée pendant deux mois pour voir s’il était viable. Notre collection à l’époque: des plannings hebdomadaires et des to-do-lists réalisés à partir de papier récolté dans les centres de photocopies.» «Assez rapidement, plusieurs magasins locaux nous ont demandé s’ils pouvaient vendre nos produits», poursuit la cofondatrice, Linde Luyten. «Et en même temps, plusieurs organisations et entreprises nous ont proposé d’utiliser leurs excédents de papier. Ce fut notre point de départ. En à peine dix-huit mois, nous avons évolué d’un hobby artisanal à une véritable entreprise, où nous travaillons toutes les deux à temps plein depuis l’an dernier.»

© Studio Dann

ENTREPRISE ET ÉCOLOGIE «Les matières premières utilisées par Redopapers combinent des avantages écologiques et économiques», poursuit Tille Lingier. «Ce qui compte le plus pour nous? Réduire la montagne de déchets de papier. Par ailleurs, les

entreprises participantes économisent du temps et de l’argent en réduisant les coûts d’évacuation ou de destruction de ces surplus. Nous transformons ces matériaux gratuits en produits commercialisables.» «La durabilité occupe également une


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La création d’une entreprise durable commence par la passion réaliser un idéal; la rentabilité ne vient qu’en seconde position. Voilà la philosophie de Redopapers, une start-up anversoise qui fabrique et vend des produits artisanaux originaux, réalisés à partir des déchets de papier des imprimeries.

Aujourd’hui, des tonnes de matières premières réutilisables finissent à la décharge. Tille Lingier cofondatrice de Redopapers

Tille Lingier et Linde Luyten de Redopapers

place importante dans notre processus de fabrication. Par exemple, notre atelier est équipé de matériel de récupération et de meubles de seconde main. En effet, une partie de notre mission consiste à sensibiliser et à inspirer d’autres acteurs: entrepren-

dre quelque-chose de créatif avec les surplus et les déchets des entreprises. Aujourd’hui, des tonnes de matières premières réutilisables aboutissent encore dans les décharges.» L’envie d’inspirer les autres est également à l’origine des ateliers que


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Redopapers organise régulièrement. «Vous pouvez, par exemple, apprendre à relier des livres», explique Tille Lingier. «Les formations classiques sur les techniques de reliure sont souvent complexes et peu accessibles. Chez nous, en quatre heures, les participants apprennent à maîtriser les techniques de base. Ils utilisent leurs propres outils – de leur maison, jardin ou cuisine – et le papier est fourni par Redopapers. Nous acceptons une vingtaine de participants en moyenne par session. Parfois, nous limitons volontairement la taille du groupe. Les gens repartent avec une nouvelle vision écologique du cycle de vie des matériaux résiduels.»

ENGAGEMENT SOCIÉTAL La protection de l’environnement et l’engagement sociétal constituent le fil conducteur de Redopapers. «Nous avons la volonté de maintenir notre production au niveau local», souligne Tille Lingier. «Cela réduit le transport: c’est moins polluant et plus économique. Les livraisons aux magasins d’Anvers et de sa région se font en vélo. Nous croyons également aux emplois sociaux. La plupart des personnes qui viennent donner un coup

UN KILO DE PAPIER Le modèle de Redopapers s’illustre parfaitement dans la formule d’abonnement unique “Un kilo de papier” à laquelle les clients peuvent souscrire depuis le mois de septembre. «Nous souhaitons inciter les gens à offrir des cadeaux synonymes de conscientisation», explique Tille Lingier. «Chaque abonné reçoit une surprise tous les mois, pendant six mois: un produit exclusif, créé à base de papier de récupération d’imprimeries. Après six mois, les articles en papier représentent un poids total de 1 kg. Cela nous permet d’attirer encore plus l’attention de nos concitoyens sur la durabilité.»

© Studio Dann

de main dans notre atelier sont des étudiants de l’enseignement spécial. Nous leurs proposons une expérience professionnelle utile. A partir de l’an prochain, nous aimerions également offrir à quelques jeunes diplômés de ces écoles un contrat fixe d’un ou plusieurs jours par semaine. En octobre, nous déménagerons dans un atelier plus grand. Nous continuons à nous développer.» Redopapers collabore également avec les organisations qui souhaitent recycler elles-mêmes leurs surplus de papier. La start-up a aussi conclu des partenariats avec notamment Oxfam, Broederlijk Delen (Partage solidaire), le Musée d’art contemporain et la Steinerschool d’Anvers. «Dans les centres culturels et les musées, nous récupérons le plus souvent

les catalogues et les affiches de la saison précédente», explique Tille Lingier. «D’autres entreprises se retrouvent avec des surplus de papier après avoir changé de logo ou de style graphique, par exemple. Selon les souhaits des clients, nous intégrons ce papier dans de nouveaux produits comme des cadeaux d’affaires, des blocs-notes pour le personnel, etc.»

DÉCHETS INSPIRANTS «Le traitement des déchets de papier est aussi une source d’inspiration», explique Linde Luyten. «Nous sélectionnons personnellement le papier utilisé. C’est un processus long et difficile. Nous combinons des papiers de différentes épaisseurs, dimensions et structures, avant de les transformer en produit


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IDÉES Pour Tille Lingier de Redopapers, quand on crée son entreprise, il est très important de se constituer un réseau et de le développer. «Plus vous informez de gens et d’entreprises de vos activités, plus vous mettez de chances de votre côté. Adressez-vous aux entreprises, échangez des idées avec des collègues et donnez des séminaires.» «Par ailleurs, il est important de ne pas rester avec des questions non résolues. En cas de problème, essayez de trouver quelqu’un de votre réseau ou allez frapper à la porte des nombreuses organisations professionnelles. Dans notre cas, Flanders DC et la plateforme de design De Invasie nous ont beaucoup aidées et nous ont permis d’arriver là où nous en sommes aujourd’hui.» © Studio Dann

Le traitement des déchets de papier est aussi une source d’inspiration. Linde Luyten cofondatrice de Redopapers

fini, dans un format nouveau et uniforme. Cela nous sert aussi de source d’inspiration. Ainsi, en combinant du papier imprimé avec des feuilles blanches, nous créons des nouveaux designs intéressants. Par exemple, nous découpons des affiches de façon à créer des sujets abstraits de manière aléatoire. Cela peut être très beau comme couverture de livre, par exemple.» «Pour le moment, nous faisons la collecte de papier avec notre voiture», explique Tille Lingier. «Après une visite à une imprimerie, nous repartons

souvent avec une demi-tonne de papier. L’an dernier, nous avons transformé plus de cinq tonnes de papier en nouveaux produits.» «Nous aimerions doubler ce chiffre l’an prochain. Les imprimeries jettent tous les jours des tonnes de papier. Pour l’instant, nous ne sommes pas encore suffisamment grands pour avoir un réel impact. Notre ambition? Arriver au point où nous ferons vraiment la différence. Nous aimerions augmenter le nombre d’imprimeries et d’entreprises avec qui nous collaborons», conclut Tille Lingier.


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100% énergie durable: les premiers pas vers l’autonomie Il faudra attendre que les investissements dans les piles soient rentables. La Californie souhaite passer à l’énergie renouvelable à 100% à l’horizon 2045; la Suède, d’ici 2040. Il y a trois ans, un groupe de sociétés avec ce même objectif se sont rangées sous la bannière #RE100. Depuis, ce groupe s’est développé: elles sont plus de cent, dont Google, Facebook, des compagnies financières et des firmes pharmaceutiques. Pourtant, les projets concrets se font toujours attendre. Fonctionner à 100% à l’énergie durable peut signifier plusieurs choses: soit l’entreprise produit ellemême son énergie à partir de sources renouvelables, soit l’électricité qu’elle achète est “verte”. Il reste un fossé à combler entre ces deux définitions, vu que l’origine de l’électricité verte reste un point de discussion. «On trouve dans cette liste de nombreuses entreprises qui achètent de l’électricité couverte par des certificats verts», explique Piet Vanden Abeele, conseiller en énergie à l’Unizo. Ces certificats sont vendus librement et ne servent qu’à démontrer qu’une partie au moins de l’électricité achetée est produite à partir de sources renouvelables. L’achat d’électricité verte est donc une solution de facilité. «C’est une option pour les PME, car elle n’exige aucun investissement ni expertise spécifique», précise Vanden Abeele. «La différence par rapport aux grandes sociétés, c’est que ces dernières disposent de véritables machines de marketing

Piet Vanden Abeele Conseiller en énergie à l’UNIZO

qui peuvent tirer parti de cette situation en termes d’image». Ceux qui souhaitent profiter des possibilités de la transition énergétique, soit économiser en misant sur l’efficacité énergétique et/ou en produisant leur propre électricité, doivent aller plus loin dans la démarche. Pour l’Unizo, c’est prématuré. «Il faudra attendre que les investissements dans les piles soient rentables», poursuit Piet Vanden Abeele. «Dans la pratique, de nombreux indépendants et petites entreprises installent des panneaux solaires, et réinjectent l’énergie produite dans le réseau. Pour atteindre l’autonomie complète, il faudra attendre que les piles soient suffisamment efficaces pour stocker l’énergie nécessaire pour couvrir les périodes sans vent et sans soleil.» L’attentisme n’est pas une option. «Il n’est pas nécessaire de chercher à être autonome à 100% tout de suite. Les petites initiatives peuvent être tout aussi intéressantes. Certaines PME ont choisi de combiner différentes mesures pour atteindre un niveau aussi élevé que possible de leur propre production d’énergie renouvelable.»

REMOFRIT À VERREBROEK – PIONNIER En 2000, Remofrit, une entreprise spécialisée dans le traitement de la pomme de terre, fut la première société en Belgique à installer une micro centrale de cogénération (600kW) pour couvrir une partie de ses besoins énergétiques. «A l’époque, les certificats verts n’exis-

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Les grandes entreprises aiment clamer haut et fort qu’elles ambitionnent le 100% énergie renouvelable. Ce noble objectif est-il à la portée des PME?

DANS LA PRODUCTION DE BIOGAZ taient pas encore. Nous étions des pionniers. Au début, le projet n’était pas rentable, mais nous avons beaucoup appris», témoigne Wim Lannoey, patron de l’entreprise et initiateur du projet. Remofrit transforme les pommes de terre en produit frais, prêt à l’emploi pour les friteries, l’horeca et

les collectivités. Les épluchures de pommes de terre sont le résidu le plus important dans le processus de production. Une partie est transformée en aliment de haute qualité pour le bétail, tandis que l’autre – en constante augmentation – est transformée en biogaz par fermentation. L’épuration des eaux joue un rôle central dans le processus. «La nouvelle station d’épuration (2013), a été conçue en fonction de nos besoins en énergie», explique Lannoey. «Notre nouveau digesteur transforme les épluchures de pommes de terre, les déchets inutilisables et la fécule provenant de l’eau de traitement en biogaz qui alimente une centrale de cogénération plus puissante (1800kW).» En plus de la production d’électricité pour l’usine – qui travaille en continu, sauf le week-end – la centrale fournit de l’énergie thermique sous forme d’eau chaude. «Nous utilisons cette eau pour chauffer et nettoyer les bureaux, ainsi que pour remplir les chaudières et maintenir une température constante au sein du digesteur. Remofrit est donc la seule entreprise du secteur de la pomme de terre à être 100% autonome en matière énergétique.» Le patron s’inquiète cependant de l’évolution en matière de normes de rejet, de plus en plus strictes. «Nos résidus sont traités sur site et l’eau rejetée doit pouvoir être éliminée sans problème. Si les normes de rejet sont renfor-

cées, c’est l’ensemble de notre approvisionnement qui sera menacé.» Ce modèle ne peut pas être appliqué tel quel aux autres entreprises. «La production d’énergie dépend toujours de l’activité. C’est d’autant plus simple que la consommation est constante.»

CONSEILS ° Profitez de grands changements pour réévaluer la politique énergétique.

° Intégrez tous les flux produits par le site dans votre audit.

° Intégrez un maximum d’éléments: eau, déchets, chauffage et électricité.

° Préférez les technologies qui sont au point et agissez dans un cadre légal.

° Tenez compte des lenteurs de la bureaucratie.


10 ENERGIE & ENVIRONNEMENT

GRAND HOTEL REYLOF À GAND – L’ÉNERGIE EST UNE CARTE DE VISITE A Gand, le Grand Hotel Reylof est l’un des trois hôtels belges du groupe hôtelier néerlandais Sandton. Sa métamorphose en hôtel contemporain 4 étoiles s’est inscrite d’emblée (dès 2011) sous le signe de la réduction de son empreinte écologique. «Nous sommes le premier hôtel à avoir le certificat BREEAM en Belgique. Il s’agit d’un label de durabilité intégrale pour les bâtiments. En 2013, nous avons également sollicité et obtenu le label Green Key, qui implique l’achat d’énergie 100% verte et, si possible, une production propre», explique Koen Scheire, responsable du service technique et des projets énergétiques. L’hôtel a installé une mini-centrale de cogénération qui produit de l’électricité pour sa propre consommation, tandis que la chaleur résiduelle du système est utilisée pour chauffer l’eau sanitaire de l’hôtel. L’établissement a fait de ses per-

formances énergétiques une véritable carte de visite. «Nous mettons à la disposition de nos clients toutes les informations sur notre production énergétique ainsi que la consommation par chambre, ce qui pourrait sensibiliser certains clients.» Quel est le poste le plus coûteux du projet énergétique? «C’est la centrale de cogénération», déclare Scheire. «Son entretien est particulièrement coûteux. De plus, nous utilisons assez bien de gaz. Au final, ce sont les certificats verts qui assurent la rentabilité économique du projet.» En plus des économies réalisées et d’une relative autonomie, la

démarche offre d’autres avantages, même s’ils sont moins spectaculaires. «Il n’est pas possible de quantifier tous les bénéfices, mais il est probable que certains clients nous choisissent à cause de notre politique énergétique, car elle fait partie de notre image de marque.»

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GROUPE COLRUYT – DE CONSOMMATEUR À PRODUCTEUR D’ÉNERGIE

CONSEILS ° Commencez par des petites initiatives.

° Intégrez les objectifs énergétiques dans une stratégie globale.

° Surveillez ce qui est susceptible d’avoir un impact négatif sur les finances.

° Essayez de rallier les riverains avec des mesures positives.

Le groupe Colruyt est un bel exemple au sein de l’association #RE100. On ne peut certainement pas l’accuser de “green washing”: à la fin des années ’90, il s’est doté d’une charte environnementale faisant de l’énergie durable une de ses principales priorités. En 2008, il a fait auditer son empreinte et a mis en place un plan de réduction des émissions de CO2. «L’objectif? N’utiliser que de l’énergie verte, achetée ou produite», explique Stephan Windels, responsable de l’unité opérationnelle Eoly. Colruyt s’est donc lancé dans la production d’énergie éolienne, solaire et thermique. Cette activité est exercée depuis 2012 au sein d’une entité distincte, WE-Power, depuis lors rebaptisée Eoly. Depuis le début de l’année, Eoly est un fournisseur d’énergie B2B. «Le know-how dont nous disposons aujourd’hui s’est construit progressivement, en fonction de la demande, le travail de pionnier est derrière nous. Les PME peuvent en profiter. La technologie disponible permet de franchir rapidement le premier pas. Le seuil d’investissement dans les énergies renouvelables est beaucoup moins élevé qu’avant.» Ces initiatives ne se traduisent pas uniquement par des réductions de coûts. «Produire

sa propre électricité, comme nous le faisons, génère une énorme valeur ajoutée. Il y a trois ans, quand les autorités ont parlé de black-out, nous ne nous sommes pas sentis concernés.» Le passage du statut de consommateur à celui de producteur d’énergie a eu un impact positif sur le groupe. «En tant que fournisseur d’énergie verte, nous sommes souvent questionnés sur la manière dont nous produisons notre électricité et dont nous fonctionnons. Cela nous oblige à être transparents.» Pour Colruyt, c’est logique: «C’est parce que nous avons évolué d’utilisateur à producteur que l’on nous interroge. Par exemple, chaque projet énergétique a un volet coopératif qui permet aux riverains de s’impliquer.» Colruyt n’a pas encore atteint son objectif de 100% d’autonomie énergétique. «Nous sommes à la recherche de solutions pour les transports par route. Nos camions roulent au GNC et nous examinons la possibilité de nous équiper de véhicules hybrides pour parcourir les derniers kilomètres en ville, en basculant sur le moteur électrique.»



12 ÉNERGIE & ENVIRONNEMENT

Une borne de chargement sur le parking de l’entreprise «Quand nous avons décidé d’acheter trois nouvelles voitures pour l’entreprise, nous avons choisi des véhicules hybrides plug-in. Parallèlement, nous avons constaté que de plus de plus de clients et de fournisseurs utilisaient des voitures hybrides ou électriques. C’est ce qui nous a décidés à investir dans des bornes de chargement», explique Carlo Delmulle, de l’entreprise de construction Danilith de Wortegem-Petegem, en Flandre. «Comme nous ne disposions pas des moyens de recharger la batterie de nos voitures électriques, nous avons décidé d’investir dans une infrastructure ad hoc», poursuit-il. «Nous disposons aujourd’hui de quatre bornes qui sont aussi à la disposition de nos visiteurs». Les véhicules hybrides de Danilith ne sont pas toujours garés sur le parking de l’entreprise: la société a également installé une borne au domicile des trois conducteurs de voitures hybrides, dont Carlo Delmulle.

BORNES À DISPOSITION Faut-il demander un permis d’urbanisme pour installer une borne de chargement? «Non», répond Stefan Meers, porte-parole de l’installateur EV-BOX. «Ces bornes ne sont pas tellement plus grandes qu’un poteau de parking. Il vaut mieux les faire installer par un électricien qui a suivi une formation spécifique car l’installation doit être agréée.»

Steven Colla, porte-parole du spécialiste en solutions et systèmes de recharge Allego, souligne l’intelligence qui peut être installée dans cette infrastructure. Il existe des bornes basiques qui, en réalité, sont de simples prises électriques. Les bornes de chargement peuvent aussi être interconnectées. «Beaucoup de sociétés ne disposent que d’une réserve limitée pour recharger plusieurs voitures», explique-t-il. «Nos bornes fournissent à la voiture ce dont elle a besoin. Certaines voitures requièrent plus d’énergie que d’autres et la durée varie également d’un modèle à l’autre.» Si votre entreprise ne possède pas de parking, vous pouvez – en Flandre – faire appel au principe “paalvolgt-wagen”, soit “la borne suit la voiture”, poursuit Steven Colla. «Vous pouvez demander aux autorités locales d’installer une borne de charge publique à proximité de votre entreprise: elle sera installée dans un lieu public et ne vous sera pas réservée.» La juriste Nele Mertens, porte-parole du spécialiste en RH Acerta, explique: «Comme une carte carburant, l’électricité utilisée

Nous disposons de quatre bornes qui sont aussi à la disposition de nos clients. Carlo Delmulle entreprise de construction Danilith

pour recharger votre Tesla sera taxée comme avantage en nature. Les cotisations sociales et patronales sont dues sur les frais de déplacements professionnels. Pour l’ONSS, il faut déterminer de manière aussi précise que possible la valeur de cet avantage.» L’électricité utilisée pour les déplacements domicile-travail n’est pas considérée comme une rémunération et est donc exonérée de cotisations sociales. «Sur le plan fiscal, le rechargement des batteries à une borne d’entreprise sera assimilé à un plein dans une station-service: en tant que voiture de société électrique, tout est compris dans l’estimation du prix du véhicule. S’il s’agit d’une voiture privée, pour laquelle l’employeur met une borne de chargement à disposition (comme le cas où l’employé a une carte carburant, mais sans voiture de société), les charges seront consi-

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PAROLES D’EXPERT

PULSE 4 OCTOBRE 2017

Kris Holvoet, Manager Sales Planning & Steering Alphabet Belgium

Une borne de chargement sur le parking de votre entreprise est la prochaine étape en matière de mobilité. Et tout le monde, collaborateurs et clients, pourront en profiter.

LEASING OPÉRATIONNEL POUR LES PARTICULIERS: LA SOLUTION FLEXIBLE POUR VOTRE MOBILITÉ Vous souhaitez éviter de consacrer une somme importante à l’achat d’une nouvelle voiture? Vous êtes tenté par le leasing? L’offre B2E (business-to-employee) d’Alphabet est faite pour vous.

dérés comme un avantage de toute nature. Le traitement est identique à celui d’une carte carburant sans voiture.»

IMAGE DE MARQUE Il est fortement conseillé aux sociétés qui investissent dans des bornes de chargement de se renseigner sur le traitement fiscal qui leur sera réservé. «En Belgique, les voitures 100% électriques sont aujourd’hui (et jusqu’au 31 décembre 2017) - déductibles à concurrence de 120% de leur valeur», explique Stefan Meers. «Cela vaut aussi pour les infrastructures de chargement, à condition que l’entreprise ait des véhicules 100% électriques.» Retour chez Danilith à Wortegem-Petegem, où on a remarqué que de plus en plus de clients et de fournisseurs chargeaient leur véhicule sur le parking, même s’il n’est pas certain que la quatrième borne soit utilisée chaque semaine. Carlo Delmulle: «Les bornes sont très visibles, ce qui est positif pour notre image de marque d’entreprise innovante en matière écologique et énergétique.» Carlo Delmulle revient sur l’actualité des hybrides plug-in. Pour rappel, il s’agit de véhicules SUV hybrides fiscalement intéressants, mais qui n’ont jamais vu la couleur d’une prise électrique. «Les entreprises qui les achètent et veulent réellement les utiliser n’ont pas d’autre choix que d’installer des bornes de chargement.»

L’achat d’un véhicule représente un investissement de taille. Sans compter d’autres frais souvent imprévisibles. C’est pourquoi le leasing opérationnel est une formule séduisante. Dès le mois de septembre, chez nos clients, tous les employés qui n’ont pas droit à une voiture de société, pourront recourir au leasing pour particuliers. Le leasing d’une voiture chez Alphabet est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord, vous disposez d’une voiture neuve pour un loyer mensuel avantageux. Ce loyer comprend l’entretien et l’assurance, mais aussi les services d’assistance, les réparations, les pneus d’hiver, une voiture de remplacement, et les taxes. Résultat: aucune mauvaise surprise ni frais supplémentaires. Vous avez le droit d’utiliser la voiture, qui reste cependant la propriété d’Alphabet. Vous roulez ainsi dans un véhicule fiable et qui consomme moins qu’un véhicule d’occasion. Vous économisez donc aussi sur votre budget carburant. En outre, à l’échéance, vous pouvez signer un contrat pour une nouvelle voiture, sans vous soucier de la valeur et de la vente de votre ancien véhicule. Vous utilisez donc toujours un véhicule neuf, adapté à vos besoins et à votre situation personnelle. Car notre offre comprend une sélection de voitures attrayantes et riches en équipement. Flexibilité La flexibilité est le maître mot de cette formule de leasing. Dès le début du contrat, vous choisissez un kilométrage annuel de 10.000, 15.000 ou 20.000 km. Vous avez parcouru davantage? Aucun souci, vous ne payez que quelques centimes de plus par kilomètre supplémentaire. Si vous avez roulé moins que prévu, nous en tenons compte à la fin de votre contrat. “Cash for Car” Avec son offre B2E, Alphabet apporte la meilleure réponse à la réglementation “Cash4Car” qui entrera en vigueur en 2018. Les collaborateurs qui décident dès aujourd’hui d’échanger leur voiture de société contre du cash trouveront ici une solution parfaite en optant pour un contrat de leasing individuel. Intéressé? N’hésitez pas à contacter Alphabet.

Une initiative de Partner Content en collaboration avec


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© Belga

Bruxelles bannit les sacs en plastique Cette interdiction est vécue comme une révolution. Cette mesure a été annoncée il y a plus d’un an par la ministre bruxelloise de l’Environnement, Céline Frémault (cdH), ce qui a laissé aux commerçants suffisamment de temps pour se préparer. La Région de Bruxelles-Capitale ne fait que mettre en vigueur une directive du Parlement Européen adoptée il y a deux ans… à Bruxelles! L’objectif est de réduire sensiblement le nombre de sacs en plastique (à usage unique) par habitant. En 2010, il était de 198, dont plus de 90% étaient des sachets légers (moins de 50 microns). Ces sacs se retrouvent dans l’environnement à cause de leur fragilité et provoquent de réels dégâts aux écosystèmes. C’est pourquoi l’Europe souhaite réduire à 90 unités le nombre moyen de sacs par habitant à l’horizon 2019 et à 40, en 2025. Les autorités locales peuvent décider des mesures à mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs: soit via une interdiction pure et simple, soit via une taxe dissuasive. La Wallonie est la première région à avoir banni les sacs en plastique. Depuis le 1er décembre 2016, les commerçants ne les utilisent plus et, depuis mars 2017, les sacs légers sont également interdits. La Flandre n’a pas encore pris de décision à ce sujet. En février, la ministre flamande de l’Environnement, Joke Schauvliege, avait annoncé une in-


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Depuis le 1er septembre 2017, les commerçants bruxellois ne sont plus autorisés à offrir de sacs en plastique à leurs clients. Un an plus tard, cette interdiction s’appliquera également aux sachets plus légers, souvent utilisés pour emballer les fruits et légumes. Les sacs en papier et les sacs réutilisables sont les solutions alternatives les plus populaires.

terdiction totale à l’instar de la Wallonie et de Bruxelles, mais son partenaire de coalition, l’Open VLD, a torpillé cette proposition, préférant que les sacs en plastique soient payants. Une position partagée par des organisations d’indépendants, l’Unizo et le SNI (Syndicat Neutre pour Indépendants).

Si les commerçants doivent vendre ces sacs trop cher, les clients risquent de ne pas soutenir cette mesure.

«Nous préférons imposer un prix minimum dissuasif par sac en plastique de moins de 50 microns au lieu de les interdire», explique Piet Vanden Abeele, conseiller au département des études de l’Unizo. Le NSZ considère également qu’une interdiction serait exagérée, mais reconnaît la nécessité de réduire les quantités de plastique. Le NSZ conseille aux commerçants de proposer des sacs biodégradables ou réutilisables. «Nous pourrions les vendre à un prix acceptable ou les offrir aux clients fidèles», explique Sven Nouten du NSZ. Il se pose cependant la question du coût: «Si les commerçants doivent vendre ces sacs trop cher, les clients risquent de ne pas soutenir cette mesure.»

Sven Nouten Syndicat Neutre pour Indépendants

Gilles Leemans – Tout prêt & Tout près (Bruxelles)

ADOPTION IMMÉDIATE DE SACS BIODÉGRADABLES Gilles Leemans, patron de la sandwicherie Tout prêt & Tout près, n’a pas dû réfléchir bien longtemps: «Il y a six mois, nous avons contacté notre fournisseur de gobelets et de serviettes. Il était en mesure de nous fournir immédiatement des sacs en papier et biodégradables. Nous ne pouvons pas nous passer de sacs pour ceux qui achètent plus de deux sandwiches. Nous avons demandé le prix d’un sac en papier avec notre logo, nous espérons que ce sera abordable, car c’est suffisamment compliqué.» Malgré tout, il soutient la mesure. «Cela va réduire la quantité de plastique. C’est une bonne chose.»

Stanley Vandermeeren – Rhino Primeur (Uccle)

PAPIER, CARTON OU SACS RÉUTILISABLES? A Uccle, le magasin de fruits et légumes Rhino offre à ses clients le choix entre trois possibilités: sac papier, sac réutilisable ou boîte en carton. La boîte en carton et les sacs en papier sont gratuits. Les sacs réutilisables coûtent entre 2 et 4 euros. «Au début, nous avons offert un sac réutilisable à nos clients fidèles. Maintenant, nous les vendons, sinon, les gens les jettent», explique Stanley Vandermeeren (Rhino). «Nous avons décidé de ne pas proposer de sacs en plastique épais que d’autres vendent 10 cents. Ce qui n'est pas dissuasif: le nombre de sacs utilisés ne diminue pas et ils finissent dans la poubelle comme avant. Si les sacs réutilisables finissent par s’imposer, cela fera une grande différence.» Le changement s’est fait rapidement et sans trop de frais, poursuit Stanley Vandermeeren. «Nous avons commencé il y a quelques mois à chercher des fournisseurs et à comparer les offres. Pour l’instant, nous n’avons pas encore décidé si nous allions faire imprimer des sacs avec notre logo. Cela pourrait coûter un peu plus cher, mais nous pourrions rentrer dans nos frais en les vendant.»


RESSOURCES HUMAINES

Un patchwork complexe de formations Depuis le 1er janvier 2017, les entreprises doivent proposer deux jours de formation en moyenne par an et par employé. A terme, ce chiffre passera à cinq jours. C’est ce qu’a prévu le ministre de l’Emploi, Kris Peeters, dans une nouvelle loi. Les grandes lignes ont déjà été fixées. Pour les modalités concrètes, il faudra sans doute attendre 2018. Ces modalités seront fixées dans des CCT sectorielles. Les accords salariaux sectoriels feront référence à ces futures négociations. «Il y a donc encore de nombreuses zones d’ombre», explique Yves Stox, juriste chez Partena Professional. «Pour les PME qui emploient 10 à 20 personnes, on s’attend à des conditions moins strictes, mais les règles spécifiques sont encore à définir. Les entreprises de moins de 10 personnes ne sont pas concernées par cette nouvelle loi et ne sont donc pas obligées de proposer des formations à leurs employés. Viennent ensuite les CCT sectorielles, qui pourraient être finalisées cet automne. Mais l’obligation de deux jours de formation par an s’applique depuis le 1er janvier 2017. Cela crée une situation complexe, qui provoque beaucoup de confusion chez les patrons. Yves Stox conseille: «Essayez donc d’organiser deux jours de formation par collaborateur d’ici la fin de l’année et n’oubliez pas de les mentionner dans la comptabilité et le bilan social.»

Pourquoi les entreprises dépenseraient-elles de argent pour des formations inutiles? La définition de formation est à prendre dans un sens très large, poursuit Yves Stox. «Le mot formation fait spontanément penser à un cours de langue, à une formation à un nouveau logiciel ou à un atelier sur une compétence particulière. Mais les formations peuvent également être informelles et, par exemple, prendre la forme de coaching, de participation à des conférences, etc. Même les formations données par un employé à un collègue pour le préparer à une nouvelle fonction ou la participation à un salon professionnel sont considérées comme des formations, ce qui donne beaucoup de liberté aux entreprises quant à leur contenu.»

PERTINENCE DES FORMATIONS «De plus, leur pertinence ne doit pas être démontrée et aucun mécanisme de contrôle n’est prévu. Si les autorités l’exigent, ce serait considéré comme de l’abus», poursuit-il. «Par ailleurs, pourquoi les entreprises dé-

Yves Stox expert chez Partena Professional


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© Studio Dann

D’après la nouvelle loi sur le “travail faisable et maniable”, les entreprises belges doivent investir dans des formations au niveau sectoriel ou par entreprise, afin que les employés gardent leurs compétences à jour et en développent de nouvelles. Qu’en est-il exactement? Quelles sont les zones d’ombre? Et qu’est-ce que l’avenir nous réserve?

Yves Stox, Partena Professional

penseraient-elles de l’argent pour des formations inutiles? De plus, la règlementation ne fait aucune différence entre un coaching gratuit donné par un collègue et une formation en management assez chère.» Dans de nombreuses entreprises, il est difficile de déterminer quelles sont les formations requises pour l’ensemble du personnel. «Cela dépend beaucoup du type d’activité», ajoute-t-il. «Par exemple, une entreprise spécialisée en techniques de réfrigération souhaitera former son personnel à l’utilisation d’une nouvelle machine. Mais, pour d’autres secteurs ou certains départements comme l’informatique, la gestion des ressources humaines et les managers, c’est déjà plus difficile. C’est pourquoi, dans la pratique, les entreprises choisissent des formations sur base individuelle en laissant aux membres du personnel le soin de décider des formations dont ils ont besoin et du budget nécessaire.»


18 RESSOURCES HUMAINES

«D’après la nouvelle règlementation, les employeurs peuvent aussi refuser certaines demandes. Les employés n’ont pas le droit d’exiger de suivre une formation donnée. C’est l’employeur qui décidera si une formation est pertinente ou non, et quelles sont les formations acceptables. Les entreprises peuvent organiser ces formations en interne ou faire appel à une entreprise externe ou à un consultant, ce qui leur laisse une grande marge de manœuvre.»

COÛTS ET SUBSIDES Il existe une différence, selon que les formations sont dispensées pendant ou en dehors des heures de travail, poursuit Stox. «Si la formation a lieu en dehors des heures de travail, le travailleur a droit à son salaire, ni plus ni moins. De ce fait, les entreprises auront peut-être tendance à planifier les formations pendant les heures de travail. Même si, bien sûr, certains travailleurs ne sont pas soumis au contrôle du temps de travail, comme c’est souvent le cas des managers. Cela ne fait donc aucune différence pour l’entreprise que la formation soit dispensée pendant ou en dehors des heures de travail.»

© Belga

Participer à des séminaires est aussi considéré comme une formation.

Les formations jouent également un rôle lors du recrutement. Yves Stox expert chez Partena Professional

LES FORMATIONS DANS LA PRATIQUE En dehors d’une surcharge en travail administratif, la loi sur le travail “faisable et maniable” change peu de choses dans notre entreprise en matière de formation, explique Geert Aelbrecht, Chief Human Resources Officer du groupe immobilier et de construction BESIX, qui compte 2.500 collaborateurs en Belgique. «Notre politique a toujours été axée sur les besoins du personnel, sur la manière d’optimiser le travail et l’évolution des carrières. Nous ne faisons pas des comptes d’apothicaire: qu’ils aient besoin de deux, cinq ou dix jours de formation ne fait aucune différence.» «Les formations sont nécessaires pour tous les employés, quel que soit leur âge, leur expérience ou leur fonction», estime Aelbrecht. «Tout évolue de plus en plus vite: nouvelles directives administratives, outils techniques, règles de sécurité. Dans ces domaines, nous avons besoin de formation continue. Nous planifions un certain nombre de formations obligatoires et, d’autre part, nous investissons dans des formations qui permettent à nos collaborateurs de progresser: nous le faisons aussi bien pour les ouvriers que les employés et les cadres. Enfin, nous sommes aussi à l’écoute de nos collaborateurs: ont-ils des besoins ou des questions spécifiques? Les collaborateurs qui souhaitent investir à titre individuel dans de nouvelles compétences ou dans leurs soft skills, reçoivent tout notre soutien. Les formations permettent d’ailleurs à chacun – l’employé, son département et l’entreprise – de progresser.»

La loi sur le travail “faisable et maniable” ne dit rien des subsides disponibles pour les employeurs qui investissent dans des formations. «Les modèles traditionnels de subsides sont toujours d’application», souligne Yves Stox. «Par exemple, le portefeuille pour les PME, un soutien financier pour organiser des formations, continuera à exister. De plus, dans certains cas, il est également possible d’obtenir une contribution des organisations sectorielles. Il existe aussi des programmes de subvention wallons et flamands, comme le soutien stratégique à la transformation pour PME et grandes entreprises qui souhaitent investir dans un parcours de formation de longue haleine.» «Enfin, les entreprises ne doivent pas se laisser aveugler par les coûts et par le nombre minimum de jours de formation requis par travailleur. Le plus important, c’est de se demander si chacun dispose des connaissances requises dans l’entreprise. La qualité me semble plus importante que la quantité. Les formations jouent également un rôle lors du recrutement. Les candidats demandent toujours quelles sont les formations offertes par l’employeur. A l’avenir, l’importance des formations ne fera qu’augmenter», conclut Yves Stox.


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RESSOURCES HUMAINES

Un Erasmus pour jeunes entrepreneurs: une collaboration win-win

Permettre à de jeunes entrepreneurs de collaborer avec des patrons d’entreprise expérimentés à l’étranger: c’est l’objectif du programme ‘Erasmus pour Jeunes Entrepreneurs’ de l’Union Européenne. Comment fonctionne-t-il? Et quels sont les enjeux pour les deux parties?

© RV

L’Europe encourage les échanges entreprises-starters.

Erasmus est un programme d’échange qui permet aux étudiants de poursuivre une partie de leurs études ou de réaliser leur stage à l’étranger. Début 2009, la Commission Européenne a lancé une variante du programme à l’intention des jeunes entrepreneurs. ‘Erasmus pour Jeunes Entrepreneurs’ offre aux starters l’occasion de collaborer pendant six mois avec des entrepreneurs expérimentés dans un autre pays de l’Union Européenne ou participants. Les starters sont des Européens prêts à lancer

leur entreprise ou l’ayant lancée depuis moins de trois ans. Cette collaboration peut se faire de manière ininterrompue ou répartie sur plusieurs périodes. L’an dernier, 960 collaborations de ce type ont vu le jour en Europe. Les pays les plus populaires auprès des jeunes entrepreneurs sont la Grande Bretagne, l’Espagne et l’Allemagne. La Belgique occupe la cinquième place. Des organisations intermédiaires, telle que Startups.be, créée en 2012, aident les candidats à trouver les partenaires idoines.


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LE “MATCH -MAKER” L’objectif de ce programme? L’échange et l’apprentissage. Diana Pati coordinatrice de Startups.be

La société Forcit, qui prépare les entreprises au futur a accueilli un jeune entrepreneur letton. «Nous sommes spécialisés dans la diversité et l’inclusion: nous trouvons que c’est une plus-value d’intégrer les différences culturelles, de genre, d’âge, de formation et de valeurs au sein des entreprises», témoigne Henri Jacobs, son fondateur. «Ce jeune entrepreneur a participé à nos réflexions sur des solutions concrètes en matière d’internationalisation de notre entreprise. La collaboration devait durer trois mois, mais, suite à son

LE STARTER Le programme Erasmus exige beaucoup d’efforts mais le bénéfice est énorme. Thomas Paris fondateur de Mad Kings

«Echanger et apprendre: c’est l’objectif principal», explique Diana Pati, coordinatrice de Startups.be. «Dans un premier temps, la mise en contact des entreprises d’accueil avec les jeunes entrepreneurs se fait via une banque de données informatisée. Le système se base sur des critères tels que le domaine d’activité, les fonctions, les idées, les préférences et les aspirations et propose un ‘match’ entre une entreprise et un starter. Si la proposition ne convient pas à l’une des deux parties, elle peut chercher un partenaire qui lui convient mieux.» En pratique, le système n’est pas tou-

succès, elle a été prolongée de deux mois. «Des liens se sont créés. Nous lui avons apporté un accompagnement personnalisé. Nous l’avons fait réfléchir sur son identité par exemple: qui je suis, pourquoi je suis ici et comment je peux valoriser mon entreprise avec ce que j’ai appris. D’un autre côté, il a rapproché les 15 membres de notre équipe. Il était un outsider qui observait notre organisation d’un œil neuf. Il est devenu une personne de confiance parce qu’il était en contact avec chacun d’entre nous. Notre esprit d’équipe en a été renforcé.»

L’an dernier, le Bruxellois Thomas Paris est parti en Grande Bretagne pour acquérir de l’expérience en tant que jeune entrepreneur chez Undiscovered London, une société qui organise des visites et des évènements dans et aux alentours de la capitale. «L’idée de bénéficier d’un mentor en la personne d’un patron d’entreprise expérimenté m’attirait», explique-t-il, lui-même fondateur de l’entreprise de marketing numérique Mad Kings. «Ce fut aussi l’occasion rêvée d’établir des contacts. Les sociétés d’accueil disposent généralement d’un réseau plus

jours satisfaisant, ce qui rend les organisations intermédiaires incontournables. «Le logiciel qui apparie les partenaires fonctionne, mais il est dépassé au niveau technologique et n’est pas calibré de manière optimale», poursuit Diana Pati. «Nous disposerons bientôt d’une nouvelle application plus performante. Cette mise en contact reste un processus artisanal. Pour aider chacun à trouver le meilleur partenaire, nous sommes en contact direct avec des organisations intermédiaires en Europe.»

L’ENTREPRISE Des liens se sont créés. Nous lui avons apporté un accompagnement personnalisé. Henri Jacobs fondateur de Forcit

vaste et plus varié que celui d’un starter. J’ai trouvé passionnant de partager mon expertise et j’ai pu améliorer mes compétences commerciales. Les bénéfices sont à la mesure de ce que l’on investit. Si vous vous contentez d’aller travailler dans une autre entreprise, vous n’en retirerez pas grand-chose. Le programme Erasmus est un processus qui exige beaucoup d’efforts de chacun, mais le bénéfice est énorme. En ce qui me concerne, j’ai saisi cette opportunité à pleines mains.»


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FINANCE

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Votre comptable aussi peut faire faillite

Les professions libérales pourront aussi déposer leur bilan: c’est une des mesures les plus spectaculaires de la nouvelle loi relative aux faillites, approuvée en juillet dernier. Un changement majeur pour les comptables, médecins, notaires et pharmaciens, mais aussi pour leurs clients, particuliers et professionnels.

Si votre comptable fait faillite et ne remplit plus ses obligations, vous pourrez éventuellement évoquer la force majeure. Diederik Bruloot l’Université de Gand

© Pieter Van Eenoge

Aujourd’hui, la loi prévoit qu’un commerçant qui n’a plus les moyens de payer ses créanciers ou dont les créditeurs pensent qu’ils ne reverront jamais leur argent, se trouve en situation de faillite. A partir du 1er mai 2018, les “commerçants” ne seront plus les seuls à être concernés par cette loi, puisqu’ils seront rejoints par tous les autres entrepreneurs, et donc aussi par les titulaires de professions libérales comme les comptables, médecins, notaires et pharmaciens, mais aussi les conseillers fiscaux, architectes, agents immobilier, avocats, dentistes et réviseurs d’entreprises, pour n’en citer que quelques-uns. Cette mesure a des avantages, estime l’avocat Dieter Vanoutrive du cabinet Racine. «Tout d’abord, pour les créanciers, en termes d’uniformité et de cohérence en cas d’insolvabilité de leur débiteur. Les professions libérales ne seront plus attaquées par chaque créancier séparément: elles pourront confier l’ensemble de leur dossier au curateur, spécialisé dans la gestion de ce type de situation. De


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plus, la nouvelle loi prévoit de nommer un co-curateur de la même profession et qui connaît donc bien le métier. Ainsi en cas de faillite d’un médecin, un des curateurs sera un avocat, comme c’est le cas actuellement, mais il sera secondé par un second curateur, également médecin.»

APPRENDRE DE SES ERREURS Le professeur Diederik Bruloot, associé à l’Institut de droit financier de l’Université de Gand, voit cette nouvelle loi comme un pas en avant. «L’objectif de la nouvelle loi, qui considère les titulaires de professions libérales davantage comme des entrepreneurs, est de leur permettre de redémarrer rapidement», explique-til. «Ce n’est pas aussi clair dans la loi actuelle car vous ne pouvez relancer une nouvelle activité que lorsque la faillite est réglée. Aujourd’hui, c’est le modèle ‘fresh start’ qui prévaut. Cela transparaît clairement dans la nouvelle loi.» Même son de cloche du côté de Christine Mattheeuws, présidente du Syndicat National des Indépendants (SNI): «Aux Etats-Unis, la philosophie qui prévaut, c’est que l’on apprend de ses erreurs et qu’ainsi, on peut se relancer. Nous retrouvons ces principes dans la nouvelle loi.» Elle souligne également que de plus en plus de titulaires de professions libérales se retrouvent en difficulté, suite au succès grandissant de ces professions et à l’augmentation de la concurrence. De plus, les titulaires de professions libérales sont typiquement des gens qui exercent leur profession par passion, souvent seuls. «Ils connaissent leur métier à fond et sont, par exemple, d’excellents médecins. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils dominent les aspects financiers de leur profession.» La présidente du SNI se dit également très satisfaite de la possibilité offerte par la loi de trouver un arrangement à l’amiable, en dehors du cadre judiciaire. «Il est possible de nommer un médiateur qui mettra en place un programme de relance en toute discrétion et pourra organiser un plan

de sauvetage. Pour les entrepreneurs en faillite, cela permet de déposer le bilan proprement et de prendre, éventuellement, un nouveau départ. La situation d’un avocat business qui fait faillite est probablement très différente de celle d’un entrepreneur en difficulté. Cela risque de lui coller à la peau, étant donné que son métier consiste précisément à assister et à conseiller des personnes ou des entreprises en difficulté.»

Aux Etats-Unis, la philosophie qui prévaut, c’est que l’on apprend de ses erreurs et qu’ainsi, on peut se relancer. Christine Mattheeuws présidente du SNI

RISQUE POUR LES CLIENTS Une faillite a également un impact sur les clients: elle peut avoir des répercussions sur le fonctionnement d’une entreprise dont l’avocat ou le comptable se retrouve dans une procédure de faillite. «Le plus important, c’est que le client soit toujours libre de choisir celui qui s’occupe de sa comptabilité ou défend ses intérêts; c’est l’essence même des professions libérales», estime Dieter Vanoutrive. «Il pourra, par exemple, s’adresser au curateur pour réclamer sa comptabilité. Le curateur pourra suggérer un autre avocat ou un autre comptable, voire le cabinet qui reprendra l’ensemble du fonds de commerce de l’entreprise en faillite.» De ce point de vue, le traitement de la faillite d’un titulaire de profession libérale est totalement différent de la faillite d’une entreprise traditionnelle. Diederik Bruloot: «L’accord entre le titulaire d’une profession libérale et son client est considéré comme ayant été conclu ‘intuitu personae’. Il s’agit d’un accord avec une personne spécifique, le comptable ou l’avocat en question. Cela signifie que, en cas de

© Pieter Van Eenoge


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LA LOI SUR L’INSOLVABILITÉ La nouvelle loi sur l’insolvabilité entrera en vigueur le 1er mai 2018. Elle s’appliquera à tous les indépendants et donc aussi aux titulaires de professions libérales. Pour préparer une faillite en toute discrétion, il est possible de recourir à la “faillite silencieuse” qui permet de vendre les actifs avant qu’ils ne perdent leur valeur du fait du dépôt de bilan. Les entrepreneurs seront autorisés à lancer une nouvelle activité avant la fin de la procédure de faillite. La procédure de faillite sera bientôt numérisée: il sera possible de tout gérer de manière électronique. S’il s’agit d’un entrepreneur qui exerce sa profession en tant que personne physique, il pourra bénéficier d’un effacement des dettes qui n’auront pu être remboursées grâce à la vente des actifs par le curateur.

faillite, ce type d’accord prend automatiquement fin. Il n’existe donc plus de contrat pouvant être éventuellement repris par un autre cabinet de comptables ou d’avocats.» Pour le client, la faillite de son conseiller peut avoir un impact important, poursuit Diederik Bruloot. Mais c’est un risque qu’il faut prendre en tant qu’entrepreneur. «Si votre comptable fait faillite et ne remplit plus ses obligations (par exemple, il ne rentre pas à temps votre déclaration de TVA), vous pourrez éventuellement invoquer la force majeure.» La nouvelle loi réussira-t-elle à changer l’image négative de la faillite et de tous ceux qui y sont confrontés?

Nul ne le sait. C’est en tout cas un pas dans la bonne direction, même s’il faut être conscient que les mentalités évoluent très lentement. Quoi qu’il en soit: même si les faillites sont un jour considérées comme une étape normale dans la vie d’un entrepreneur – commerçant ou titulaire de profession libérale – ce ne sera jamais l’objectif d’un starter. «C’est pourquoi en Flandre, nous avons lancé le projet Boost2Success, sous la compétence du ministre flamand de l’Emploi, Philippe Muyters», explique Christine Mattheeuws. «Nous voulons rendre les entreprises plus solides, afin qu’elles n’aient jamais à déposer le bilan.»


INNOVATION

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D’entrepreneur à pilote de drones «Comparé à d’autres secteurs, comme l’agriculture ou la sécurité, c’est la construction qui est la plus avancée sur le plan des applications pratiques», explique Goele Kerckhofs, conseiller en transformation à la Confédération de la construction du Limbourg. «Il y a deux ans, l’utilisation des drones relevait de l’utopie, notamment parce que la législation n’était pas prête. Aujourd’hui, les choses commencent véritablement à bouger chez nos membres.»

GROUPE DE TRAVAIL La construction est un secteur assez traditionnel, mais, en matière de drones, il est plutôt à la pointe. C’est aussi le cas de la Confédération de ce secteur. «Au printemps 2017, nous avons lancé un groupe de travail pour offrir aux entreprises de construction l’opportunité de partager leur expérience en»matière de drones.» Et en septembre, l’association a mis sur pied une formation pour un groupe d’une vingtaine de participants. Pour Goele Kerckhofs, les possibilités offertes par cette technologie sont légion: elles vont de l’inspection des chantiers aux prises de mesures, en passant par le suivi et la surveillance. «De plus en plus d’entreprises de notre secteur se rendent compte que l’utilisation des drones a beaucoup d’avantages, qu’il s’agisse de réduire les coûts ou d’améliorer l’efficacité des moyens mis en œuvre.»

Tom Hoogmartens, administrateur délégué de l’entreprise Hoogmartens.


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Quel est le secteur par excellence qui fait appel aux drones en Belgique? Celui de la construction. Certains pionniers du secteur ont déjà bien progressé dans l’utilisation de cette technologie. «Notre pilote de drones est à notre disposition en permanence.»

QUI VEUT DEVENIR PILOTE DE DRONE? Ces avantages varient d’une société à l’autre. «Dans la construction traditionnelle et les travaux publics, on les utilise surtout pour inspecter les terrains et réaliser de l’imagerie thermique. Dans la construction de routes, nous constatons que les drones sont de plus en plus utilisés pour les travaux de terrassement, la mesure des volumes, le suivi des chantiers et le contrôle qualité», poursuit Kerckhofs.

L’entreprise limbourgeoise fait partie des pionnières. «Cela fait déjà deux ans que nous utilisons des drones, essentiellement pour mesurer les surfaces et calculer les volumes. Les terrains sont délimités grâce aux photos prises par les drones. Un logiciel de traitement transforme ces photos en images 3D, ce qui nous donne une cartographie précise.»

AVANTAGES PIONNIER Hoogmartens est une entreprise familiale limbourgeoise qui emploie une cinquantaine d’employés. Elle fut une des premières à recourir aux drones. L’entreprise est principalement active en Belgique et aux Pays-Bas, dans le secteur de la construction et de la réfection de voiries, comme l’explique son administrateur délégué, Tom Hoogmartens.

Dans notre secteur, il est plus facile de former un géomètre à piloter un drone que l’inverse. Tom Hoogmartens administrateur délégué

Les drones sont utilisés pour différents objectifs. «Cela nous permet de conseiller les clients en matière d’entretien et de revêtement», poursuit Hoogmartens. Il cite l’exemple des parkings de la chaîne de cinémas Kinepolis, qui sont utilisés de manière intensive et doivent être régulièrement entretenus. «Nous faisons voler notre drone au-dessus du parking afin que nos experts puissent prendre toutes les mesures nécessaires et analyser l’état du parking afin de conseiller Kinepolis sur les solutions les mieux adaptées et les moins chères pour sa rénovation.» «Les drones permettent aussi de préparer les chantiers routiers, de suivre l’avancement des travaux et, à la fin du chantier, ils sont également utilisés pour fournir la preuve que les travaux ont bel et bien été réalisés», explique Hoogmartens. «Avant, nous devions réaliser cette inspection manuellement; aujourd’hui, il suffit d’envoyer un drone. Cela permet aux clients de

Cet été, près de 400 licences de pilote de drone ont été délivrées en Belgique. Il y a 18 mois environ, une législation relative à leur utilisation professionnelle est entrée en vigueur. CLASSES La loi a prévu différentes licences, en fonction des classes des appareils, chacune avec ses obligations et ses limites. Pour une licence de classe 1, les pilotes doivent être âgés d’au moins 18 ans, peuvent piloter des drones pouvant peser jusqu’à 150 kg et les faire voler à une altitude de 90 mètres. Une licence de classe 2 peut être obtenue à partir de 16 ans, le poids des drones ne peut dépasser les 5 kg, et ils ne peuvent voler au-dessus de 45 m. Pour les vols commerciaux, les pilotes doivent détenir une licence de classe 1 ou 2. Dans les deux cas, le drone doit être enregistré. L’engin ne peut voler dans les espaces aériens contrôlés et il est obligatoire de souscrire une assurance responsabilité civile. ET EN TANT QUE HOBBY? Soyons clairs: pour un usage récréatif, il n’est pas nécessaire de détenir une licence, à condition que l’appareil ne pèse pas plus de 1 kilo, ne dépasse pas 10 m d’altitude et qu’il survole uniquement des terrains privés. Bien entendu, les règles en matière de protection de la vie privée doivent être respectées.


26 INNOVATION

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Les drones permettent de gagner du temps et de simplifier les options.

réceptionner les travaux plus vite.»

AVANTAGE CONCURRENTIEL? Le pilote de drones de Hoogmartens fait partie du personnel de l’entreprise. Il s’agit d’un géomètre qui a suivi la formation et obtenu une licence officielle de pilote. «Ce travail est venu s’ajouter à ses autres tâches. Car, bien entendu, il ne pilote pas toute la journée. Il consacre plus ou moins 20% de son temps au drone. Aujourd’hui, les prises de mesures sans drone gardent toute leur importance.» Cela s’explique par les limites inhérentes à ces appareils. «Par exemple, les drones ne volent pas en-dessous des arbres et sont interdits de vol au-dessus d’un quartier résidentiel», poursuit-il. «Il existe également d’autres restrictions légales. Par exemple, il est interdit de survoler certaines agglomérations comme Louvain et Zaventem, et la loi prévoit également

des limites en termes d’altitude.» Les drones représentent-ils un avantage concurrentiel pour les entreprises de travaux publics? Tom Hoogmartens: «Cela nous permet de remettre des offres de prix plus précises car nous visualisons mieux le terrain, ce qui est un avantage incontestable. Nous

pouvons, dans certains cas, accélérer les projets et, grâce aux informations recueillies par notre drone, réduire les discussions avec les clients. C’est ce qui a justifié notre décision de développer notre propre technologie. Bien entendu, nous ne sommes pas les seuls.»

ACQUÉRIR UN DRONE OU SOUS-TRAITER? De plus en plus de sociétés de construction choisissent de former un ou plusieurs collaborateurs au pilotage de drone de classe 1. C’est le cas du pilote de Hoogmartens. «La classe 1 est le niveau de licence le plus élevé. Il permet, par exemple, de survoler des zones habitées.» Tom Hoogmartens a donc préféré former un de ses collaborateurs. «Vous pouvez faire appel à des sociétés spécialisées, mais elles ne connaissent pas toujours suffisamment notre métier. Voler n’est pas un problème en soi. C’est ensuite que les choses sérieuses commencent: la collecte et l’interprétation des données à l’aide d’un logiciel spécialisé. Pour beaucoup de ces entreprises, cela représente un réel défi», estime-t-il. «Je pense que dans notre secteur, il est plus facile de former un géomètre au job de pilote de drone que l’inverse.»


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INNOVATION

Le ver de terre: producteur miracle?

Dans le monde, on dénombre à peine dix entreprises actives dans le développement technologique de compost (engrais pour le sol) à partir de vers de terre. La société belge Pur Ver peut se targuer d’en être le principal producteur européen. tant le produit que le parcours de l’entrepreneur sont uniques.

Le ‘lombricompostage’ est une technique qui produit du compost ultrafin particulièrement riche en micro-organismes et en humus, qui permettent aux végétaux de trouver les minéraux dont ils ont besoin. Résultat? Une sorte de produit miracle pour le sol. C’est ce qu’ont révélé il y a quelques années les recherches de la Faculté agronomique de Gembloux. «Vous pouvez considérer notre société comme une spin-off de l’université», explique Alexandre Meire, administrateur délégué de Pur Ver. «Depuis 2012, nous travaillons sur la production d’un améliorant (ou engrais) de haute qualité pour les sols. Nous le vendons en big bags de 500 kg aux exploitations agricoles et horticoles, aux paysagistes, aux départements de jardinerie des villes, aux cultivateurs et aux entreprises de traitement qui, par exemple, en font du terreau premium. Et nous en vendons aussi dans des sacs et des seaux de 20, 3 et 1,25 kg pour les particuliers via une cinquantaine de jardineries. En tant que société anonyme, nous cherchons à être rentables, certes, mais nous sommes également très attachés aux avantages écologiques de notre produit.»

PRODUCTION ÉCOLOGIQUE Le processus de production de Pur Ver s’appuie sur trois piliers, explique Alexandre Meire. «Tout d’abord, nous achetons à très bon prix des déchets

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Un engrais unique produit par ‘lombricompostage’.


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organiques, qui ont très peu de valeur marchande - épluchures de pommes de terre, marc de café, déchets de jardin, marc de brasserie - et nous les valorisons. Autre avantage, ces matières premières sont locales: nous les achetons dans un rayon de 200 km de notre usine, pour réduire au minimum notre chaîne de transport.» «Ensuite, la principal travail de notre usine est réalisé par des vers de terre, ce qui explique que nous n’ayons besoin que d’un nombre limité de machines. Nous utilisons donc peu d’énergie et émettons très peu de CO2. Troisièmement, notre produit fini ne comprend aucun additif chimique. Il est 100% naturel, ce qui a également un impact sur son utilisation: le sol enrichi grâce à notre produit permet de cultiver des plantes et des végétaux 100% bio. Autre avantage: notre produit est inodore, contrairement à la plupart des engrais.»

BATAILLON DE VERS STRATÉGIQUE L’usine de Pur Ver met au travail 100.000 vers de terre par mètre carré. Au total, les six lignes de production de l’usine utilisent 60 millions d’individus, qui sont élevés, nourris et stimulés au sein d’un écosystème fermé. «Les vers se trouvent dans la couche supérieure de nos bacs de 50 cm de hauteur. Ils se nourrissent à partir du haut de la couche. En-dessous se trouve un filtre qui laisse passer leur digestion et leurs excréments: c’est le ‘lombricompost’.» «Soyons clairs: notre produit fini ne contient pas de vers de terre. Ces petites bêtes ne sont utilisées que dans le processus de fabrication. Vu que les vers sont hermaphrodites, ils se multiplient de manière autonome. Pendant la production, ils pondent des œufs, ce qui donne naissance à des petits vers. Nous ne devons donc jamais en ajouter de nouveaux.» «En optimisant et en stabilisant les paramètres importants – comme la quantité et la nature des aliments, la température ambiante et le taux d’humidité – nous contrôlons en permanence la densité de la population de vers et la qualité du compost.

Nous pouvons garantir notre production 365 jours par an. En 2017, nous produirons de 350 à 400 tonnes de compost qui sera ensuite mélangé avec de la terre ou du terreau. Résultat: avec 300 tonnes de compost de vers, on produit 2.000 tonnes de sol enrichi», précise Alexandre Meire.

COLLABORATION FLANDRE WALLONIE Ce qui est remarquable chez Pur Ver, c’est que le site de production de l’entreprise se trouve à la frontière linguistique, entre le Hainaut et la Flandre Occidentale, entre Tournai, Courtrai et Lille. Pour Pur ver, c’est un lieu à la fois stratégique et symbolique, car avec Didier Dumolin et Guy Van den Broeke, l’ancien patron de Lutosa, l’entreprise compte des investisseurs et des administrateurs flamands et wallons. «Nous collaborons également avec des entreprises et des instituts scientifiques wallons et flamands», poursuit Alexandre Meire. «Nous nous sentons très belges. Je remarque aussi très peu de différences culturelles entre les Wallons et les Flamands. Les administrateurs sont tous compétents et dynamiques, quelle que soit leur appartenance linguistique. Et ils sont sur la même longueur d’ondes. Ce ne sont pas deux groupes qui travaillent ensemble par hasard, mais une seule et même équipe, qui s’investit pour atteindre le même objectif.» «La plupart du temps, je me fais accompagner par un Flamand quand j’ai des réunions de l’autre côté de la

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COACHING INTERNATIONAL Pendant l’année de création de Pur Ver, Alexandre Meire a rencontré l’Américain Tom Herlihy qui, avec son entreprise pionnière Worm Power, produit du ‘lombricompost’ biologique depuis 2003. «Je l’ai rencontré en 2012 aux Etats-Unis, lors de la seule conférence mondiale pour les entreprises qui travaillent avec des vers de terre. Il a vu que nous avions de bonnes relations avec une université et il a cru dans notre modèle. Nous sommes restés en contact et j’ai pu compter sur lui lorsque j’avais des questions ou des doutes. Il est aussi venu nous rendre visite pour comparer nos processus respectifs. Dans un univers relativement limité comme le nôtre, nous ne voyons que des avantages à nous entraider. Cela rend notre travail encore plus intéressant.»


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Soyons clairs: notre produit ne contient pas de vers de terre. Alexandre Meire administrateur délégué de Pur Ver

sieurs autres sites, notamment à l’étranger. Pour l’instant, nous vendons notre produit essentiellement en Belgique et en exportons une petite partie dans le nord de la France. Mais n’oublions pas que nous travaillons avec des êtres vivants. Cela demande du temps pour disposer d’un nombre suffisant de vers et optimiser une nouvelle ligne de production. Si nous décidons de démarrer une nouvelle usine, elle ne sera productive qu’après 18 ou 24 mois. C’est relativement long pour une jeune entreprise comme la nôtre, mais nous y croyons à 200%», conclut Alexandre Meire. Alexandre Meire dirige l’entreprise Pur Ver.

frontière linguistique. De cette manière, il n’y a aucun problème de langue et nous coupons court à tous les clichés et préjugés auprès de nos clients», ajoute Meire.

PROJETS D’AVENIR Maintenant que le processus de production et de commercialisation de Pur Ver est finalisé, il est temps de penser à l’avenir. Le développement de l’entreprise et l’exportation du compost ne peuvent se faire au dé-

triment de la qualité du produit ou des caractéristiques écologiques de l’entreprise, estime Alexandre Meire. «Nous sommes en train d’étudier la façon de créer un second produit en plus de notre compost. Nous avons également l’ambition d’améliorer notre technologie et de doubler notre capacité de production à Pecq.» «Nous sommes en train d’étudier cette idée au sein du Conseil d’administration. Nous aimerions également mettre sur pied et exploiter un ou plu-


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75.000 babysitteurs plus tard Tout comme Airbnb s’adresse aux propriétaires et aux locataires de logements, Bsit met en contact deux parties via sa plateforme: les parents et les babysitteurs. «Mais nous avons évolué depuis», ajoute Dimitri de Boose, CEO et cofondateur de Bsit. «Nos services ne se limitent plus au babysitting: nous pouvons aussi aider les parents à trouver une nounou ou quelqu’un qui puisse aller chercher les enfants à l’école.» Bsit est un bel exemple de l’économie d’application (mobile). Le service est offert via smartphone, même si une version ordinateur – sous Windows – sera bientôt disponible. Le modèle opérationnel vit des commissions payées par les parents pour utiliser le service. «Les parents décident eux-mêmes de ce qu’ils paient aux babysitteurs. Notre commission se monte à 15 minutes, soit un quart du salaire horaire. Cela ne fait aucune différence si le babysitteur garde les enfants pendant une ou dix heures», poursuit de Boose. Les parents qui optent pour la formule avec abonnement – qui coûte à peine 10 euros par mois – ne paient aucune commission. «De plus, ils peuvent utiliser notre service ‘premium’, qui permet, entre autres, de recruter une nounou ou quelqu’un pour aller chercher les enfants à l’école», précise de Boose. Bsit propose également ses services aux entreprises qui souhaitent offrir un

«Le marché belge est trop petit pour un service comme le nôtre, qui a besoin de volumes importants.»


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© RV

«Un Uber pour babysitteurs? Peut-être, même si je préfère être comparé à Airbnb», explique Dimitri de Boose, de la jeune entreprise bruxelloise Bsit. Son application ne concerne pas des services de taxi ou de location d’habitations, mais met en contact parents et babysitteurs. Avec un défi de taille pour Bsit: un flux continu de revenus. «Nous sommes la plus grande application belge destinée aux particuliers, mais, cela ne nous suffit pas.»

Il n’existe pas de solution unique pour fidéliser les clients. C’est plutôt une combinaison de petits éléments. Dimitri de Boose Bsit

abonnement à leur personnel à titre d’avantage extra-légal.

AUCUN BÉNÉFICE Au stade actuel, Bsit n’est plus une start-up. L’entreprise existe depuis déjà deux ans et compte 20 collaborateurs. Cinq personnes travaillent au développement technique, deux au support et les autres se consacrent à la vente, au marketing et à d’autres fonctions.

NAGEZ-VOUS DANS UN OCÉAN BLEU OU ROUGE? Dans l’ouvrage ‘Blue Ocean Strategy’, un best seller de management paru il y a quelques années, W. Chan Kim et Renée Mauborgne décrivent l’innovation comme la quête d’un océan bleu: un marché qui n’existe pas encore. Dans un scénario idéal, vous créez votre propre marché et vous en devenez le leader puisque vous êtes le seul acteur. Exemple classique: Henry Ford, qui a pratiquement créé l’industrie automobile. Une autre stratégie consiste à devenir le leader d’un marché existant. Dans ce cas, c’est la ‘red ocean strategy’, où l’océan devient rouge à cause du sang des requins qui se mangent entre eux - ou se nourrissent d’autres poissons. «En Belgique, nous étions les seuls à proposer ce service. Nous nagions donc dans un océan bleu», explique Dimitri de Boose de l’app Bsit, qui propose des services de babysitting. «En France, où nous sommes en train de nous implanter, c’est différent. La concurrence est présente et l’océan est un peu plus rouge. Mais la concurrence est très diverse et émane souvent de plus petites entreprises.»


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COMMENT FIDÉLISER LES CLIENTS D’UNE APP? Pourquoi les babysitteurs et les parents continuent-ils à utiliser votre app une fois qu’ils se connaissent? En d’autres termes: comment garantir des revenus récurrents? Car ‘cash is king’. Le défi de toute jeune entreprise, c’est de générer rapidement du chiffre d’affaires. «Nous y travaillons en permanence», reconnaît Dimitri de Boose. «Il n’existe pas de solution miracle, c’est plutôt une combinaison de petits éléments.» o Facilité d’utilisation L’app doit permettre aux parents et aux babysitteurs d’entrer en contact rapidement et de manière efficace avec les babysitteurs, même s’ils se connaissent. «Plus vite que via un sms– façon de parler bien sûr», explique le CEO. Le paiement via l’app se fait automatiquement et plus efficacement et rapidement que par la méthode traditionnelle. o Fiabilité et sécurité Les babysitteurs sont évalués par les parents et les informations sont partagées. «La transparence est essentielle. Enfin, pour 1 euro de plus, notre app permet de souscrire à une assurance. Les parents sont couverts, ce qui n’est toujours pas possible via les canaux traditionnels.» o Programme de fidélité Les clients fidèles sont récompensés. Ils accumulent des points s’ils utilisent la plate-forme, ce qui leur persemet de choisir des cadeaux. «Ces cadeaux sont offerts par nos partenaires.» o Volume C’est un fait: pour réussir, l’app doit être utilisée par le plus grand nombre. Pour l’instant, Bsit compte 100.000 parents (c’est-à-dire des utilisateurs payants potentiels), mais ça ne suffit pas. «Ce qui explique notre expansion en France.»

L’entreprise n’est pas encore rentable, nous indique de Boose en toute transparence. Il ne dira rien du chiffre d’affaires et se contentera de parler d’évolution. «Notre chiffre d’affaires est dix fois plus élevé qu’en 2016. La croissance est bien là et c’est logique dans ce secteur», soulignet-il. Il accepte de nous révéler un chiffre: 1,8 million d’euros. «C’est le montant total que les babysitteurs ont gagné l’année dernière grâce à notre app. Et ce montant est en nette augmentation.»

PROXIMITÉ En Belgique, Bsit est aujourd’hui une app très en vue. «Par exemple, dans le Play Store de Google, notre app fait partie des applications belges les plus téléchargées», explique de Boose. Plus de 100.000 parents l’ont déjà téléchargée et 75.000 babysitteurs s’y sont inscrits. Tous ne font pas régulièrement appel à ce service, mais Bsit dispose, selon ses propres dires, d’une base de fidèles utilisateurs. Pour son CEO, les deux principaux

atouts de Bsit sont la rapidité du service et la proximité. «90% des babysitteurs sont trouvés en moins d’une heure. Dans un environnement urbain comme Bruxelles ou Gand, cela se fait même en dix minutes», ajoute de Boose. Autre aspect très important: le traitement de la transaction. «Les choses se passent de manière fluide et efficace. Pour les parents, c’est toujours pénible de devoir calculer en fin de soirée le montant à payer au babysitteur. Avec notre app, cela se fait automatiquement.» De plus, Bsit fut une des premières apps à proposer Android Pay dans notre pays. 45% des clients paient déjà via l’application, contre 25% au début de l’année. Les paiements électroniques, mis en place par le fournisseur de paiements Stripe, sont cruciaux pour Bsit. Leur efficacité – ainsi que celle de toute l’app –


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Le logiciel de paiement est facile à intégrer dans le code de l’app. Dimitri de Boose Bsit

permet d’éviter que les paiements entre parents et babysitteurs se fassent en cash après un certain temps, ce qui priverait Bsit de ses commissions. «Le logiciel de paiement est facile à intégrer dans le code de l’app. Pour nous, c’était aussi un élément très important.»

INTERNATIONAL Pour garantir les compétences des babysitteurs, Bsit a mis en place différentes mesures. «Pour les parents, il est essentiel de pouvoir se fier à la personne qui garde leurs enfants.» Le système de paiement de Stripe permet également de vérifier l’identité de la personne. Les parents fournissent à leurs amis des informations sur leurs babysitteurs, afin que les personnes les plus compétentes soient “partagées” en toute transpa-

publicité

rence. Par ailleurs, chaque babysitteur est évalué, un peu à la manière dont cela se passe sur Uber et Airbnb. «Les parents peuvent également être évalués», ajoute l’entrepreneur. Bsit envisage d’étendre ses activités à l’international. «Le marché belge est trop petit pour un service qui fonctionne en grande partie grâce aux volumes. Pour commencer, notre priorité était la convivialité du service. Désormais, c’est l’élargissement de notre marché. C’est pourquoi, après la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, nous visons la France», confie de Boose. «Si l’on veut réussir avec un modèle opérationnel comme le nôtre, il faut absolument s’étendre à l’international. C’est très bien d’être populaire en Belgique, mais cela ne suffit pas.»


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Passer commande par iPad ou le cloud «En restauration, la caisse c’est primordial. Elle doit être efficace et fiable, sinon la rentabilité s’en ressent immédiatement», témoigne Bernard Sironval, qui exploite deux pizzerias sous le nom de Otomat. Deux restaurants, un seul nom, mais ce n’est pas une chaîne à proprement parler. Il ne faut pas réserver: l’entrepreneur mise sur une rotation de la clientèle, ce qui lui permet de faire deux ou trois services par jour. Ce ne sont donc pas des restaurants où les clients passent la soirée. «Les gens qui commandent peuvent rester aussi longtemps qu’ils le souhaitent, bien entendu», nuance-t-il. Cet été, il a aussi ouvert une friterie/restaurant à Anvers, Baraque Friture. Dans ces restaurants, les serveurs inscrivent les commandes sur iPad. Mais les choses vont plus loin que la simple utilisation de cet appareil. «Avant, les systèmes de caisse étaient assez statiques; outil et logiciel étaient liés. Ce n’est plus le cas», explique-t-il. «Je peux acheter des iPads et des imprimantes sur lesquels je peux ensuite installer l’app. Tout est devenu plus ouvert et plus dynamique.»

SOFTWARE AS A SERVICE Toutes les commandes et donc, le restaurant dans son ensemble, tournent aujourd’hui sur une app. Les applications sous-jacentes sont proposées comme service. Dans le jar-

gon, on appelle cela ‘Software as a Service’ (SaaS). «Je paie tous les mois un montant fixe qui comprend toutes les mises à jour. Avant, avec les systèmes de caisse traditionnels, je versais le montant global en une fois, puis je payais les mises à jour tous les deux ans», se souvient-il. «C’est moins cher aujourd’hui.»

LA COMMANDE EN ‘SWIPANT’ Pour Sironval, enregistrer les commandes par iPad et une app est plus facile pour son personnel. «Ils passent leur temps libre sur leurs smartphones et tablettes: ‘swiper’ est pour eux une seconde nature. Ils n’ont pas besoin de formation. L’application leur fournit plus d’informations sur les plats et les boissons que nous proposons: cela leur permet de répondre plus facilement aux questions des clients. En un clic, ils ont accès à toutes les informations.» Les commandes aboutissent directement dans la caisse enregistreuse et sortent d’une imprimante connectée au système, ce qui permet à la cuisine de prendre le relais. Dans la friterie, les commandes apparaissent directement sur un écran dans la cuisine. «La connexion sur place est locale, mais toutes les données sont envoyées sur le cloud tous les deux jours. Conséquence? Je peux consulter de chez moi l’ensemble du backoffice», poursuit-il. L’entrepreneur y voit d’autres avan«Les commerçants qui facturent à leur client le paiement par carte bancaire font fausse route. L’avenir est au numérique», estime Bernard Sironval.


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© Studio Dann

Bernard Sironval exploite deux restaurants et une friterie. Chez lui, les commandes sont passées via iPad et tout son back office tourne sur le cloud. «Quand j’ai lancé les restaurants, il y a deux ans, j’ai essayé de numériser un maximum de choses. Dans notre secteur aussi, c’est l’avenir.»

L’AVENIR DES RESTAURANTS EST-IL DANS LE CLOUD?

Avant, les systèmes de caisse étaient assez statiques; outil et logiciel étaient liés. Ce n’est plus le cas. Bernard Sironval Otomat

L’application caisse utilisée dans les restaurants de Bernard Sironval a été conçue par la firme canadienne Lightspeed, même si cette dernière a des liens avec la Belgique. En effet, il y a deux ans, Lightspeed a repris la société belge Posios, spécialisée en caisse cloud par iPad. «Aujourd’hui, nous employons 70 collaborateurs à Gand», explique Zhong Xu, cofondateur de Posios. Sur les 27.000 restaurants avec service à table de Belgique, 2.200 utilisent un système de caisse Lightspeed. D’après lui, la société compte chaque mois 300 nouveaux clients dans le monde entier.

° AVANTAGES DE L’IPAD ET DU CLOUD Un système qui utilise une app et un iPad est plus flexible et la formule d’abonnement est intéressante. «Vous pouvez y connecter n’importe quel iPad et vous lancer quasi immédiatement», pointe Zhong Xu. La formule d’abonnement de base à 69 euros par mois permet de coupler une caisse ou un terminal. «Les mises à jour sont comprises. Et si la législation change, nous adaptons le système de manière centralisée. De plus, cette formule d’abonnement nous permet de continuer à innover. Le client est ainsi moins dépendant de nous.»

° AVANTAGES DES SYSTÈMES DE CAISSE TRADITIONNELS

tages: les possibilités d’expansion et d’évolution. «Je dois admettre que la fonctionnalité de base du système est plus limitée qu’avec une caisse traditionnelle, mais vous pouvez y ajouter de nombreux modules. De plus, la mise à jour du système se fait en permanence.»

Les systèmes avec iPad et caisse dans le cloud comme celui de Lightspeed ont aussi leurs inconvénients. «L’application caisse est plus limitée en termes de fonctionnalités que les systèmes traditionnels, qui comprennent à la fois l’outil et le logiciel, même si, avec des apps et le cloud, il est possible d’ajouter des modules pour étendre le champ d’application du système», reconnaît Bernard Sironval. Un fournisseur comme Lightspeed ne travaille qu’avec le système d’exploitation iOS d’Apple. Conséquence: seuls les iPads et les iPhones peuvent être utilisés. Les appareils qui tournent sur Android sont exclus. Pour Zhong Xu, ce système est trop fragmenté. Et, bien entendu, les iPads sont chers et relativement vulnérables.

Conséquence: le fonctionnement du restaurant est entièrement numérisé. «En principe, c’est également le cas avec les caisses “blanches”, mais de nombreux exploitants, même s’ils en ont une, l’utilisent peu, voire même pas du tout», constate Sironval.

«Les autorités ne peuvent pas tout contrôler.» D’ailleurs, il préfère les paiements par carte bancaire. «Les commerçants qui facturent à leurs clients les paiements par carte bancaire font fausse route. L’avenir est au numérique.»



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