Tink.ch-Magazin 15: Berner Jugendgrossratstag 2010

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Les médias en point de mire 8e Journée bernoise de la jeunesse au Grand Conseil

Les médias en point de mire Lors de la 8e Journée bernoise de la jeunesse au Grand Conseil du 27 janvier 2010, jeunes et députés ont débattu du thème «Médias Chance ou piège?» et constaté que la frontière entre les avantages et les risques liés à l’utilisation de Facebook et d’autres réseaux sociaux était bien étroite. Diana Berdnik Onze heures de consommation médiatique par jour! Tel est le résultat de recherches récentes qu’un responsable a communiqué aux jeunes en guise d’introduction. Aujourd’hui, les jeunes passent près de la moitié de la journée à utiliser différents médias comme Facebook ou la télévision. Cette donnée a effrayé les participants et créé le débat sur les chances et les risques d’une consommation médiatique en constante augmentation. Les médias sont incontournables Une jeune fille témoigne: «Avant, mes parents me disaient combien de temps

je pouvais passer devant des médias électroniques mais maintenant, je sais gérer ça moi-même». Une autre riposte: «Mais beaucoup de jeunes, voire presque la totalité d’entre eux, ne peuvent plus s’en passer». Les adolescents ont échangé et confronté leurs points de vue. Dans un deuxième temps, ils ont pu les évoquer directement avec les députés et députées au Grand Conseil. Une démocratie à la traîne Pour Andrea Lüthi, députée socialiste, notre démocratie est trop lente pour suivre le rythme du progrès technique. Gerhard Fischer, membre de l’UDC,

a ajouté qu’il était donc essentiel que chacun contrôle soi-même sa consommation. L’un des jeunes est intervenu pour savoir comment il fallait procéder puisqu’il avait l’impression d’être entouré dans l’assemblée de personnes éclairées. Marc Jost, député du PEV, a évoqué une approche qu’il a déjà expérimentée avec succès: «Des institutions privées comme des associations doivent offrir des cours afin de sensibiliser les parents et les jeunes.» Le réseau social est tissé par la politique. Pour ceux qui passent à travers ses mailles, il existe les lois. Téléchargements, réseaux sociaux, Youtube, vidéosurveillance: autant de sujets qui occupent les jeunes et dont les «vieux routiers» du Grand Conseil devront, dans un futur proche, se préoccuper.


oPinions

Notre liberté est-elle en jeu? Souriez, vous êtes filmés... plusieurs fois par jour, sans forcément le remarquer. A l’arrêt de bus, dans la cour de récréation et le soir, dans les bars. Les caméras vidéo entravent-elles notre liberté? Les participants à la Journée de la jeunesse au Grand Conseil n’étaient pas tous du même avis. Luzia Tschirky «Je ne veux pas être un robot qui fonctionne selon des lois étatiques». «Si tu n’as rien à cacher, ça ne doit pas te gêner d’être surveillé par une caméra vidéo!» La vidéosurveillance nous concerne tous. Assis autour de la grande table, neuf adolescents de la ville de Berne débattent des «nouveaux médias». C’est l’usage accru des caméras vidéo qui agite le plus les esprits. Opposants et partisans cherchent à se convaincre mutuellement.

Il ne s’agit pas du nouvel éclairage des trains des CFF, mais d’une caméra vidéo. Photos: CFF

Des cours de récréation surveillées C’est par l’école que la plupart des jeunes ont eu leur premier contact avec les caméras vidéo. Filmer les élèves à la récréation semble être très à la mode. On espère que les jeunes commettront moins d’actes de vandalisme et de violence s’ils sont surveillés. La moitié des jeunes ont une position critique à ce sujet. «Quelle est la nécessité d’installer une caméra vidéo dans une école suisse?» demande une jeune fille. Ces caméras visent une sécurité accrue. Sûr, plus sûr, plus suisse? Nombreux sont les médias qui relatent

quotidiennement les actes de violence en Suisse. Pas étonnant que le sentiment d’insécurité croisse dans la population. Depuis quelques années, certaines infractions sont plus fréquentes, comme le prouvent les statistiques annuelles en matière de criminalité de la police. Depuis 1997, le nombre de dénonciations pour lésions corporelles augmente chaque année alors que les attaques à main armée, par exemple, sont plus rares. Les chiffres ne peuvent donc pas, à eux seuls, fournir une image de l’état de la sécurité en Suisse. Ce qui compte, en définitive, c’est la façon dont les habitants se sentent. Les partisans de la vidéosurveillance sont d’accord pour dire que la Suisse est en fait un pays sûr. « Mais», précise un participant, «on enregistre une évolution négative dans la société». Plus de sécurité, moins de déchets Il évoque ainsi les montagnes de déchets dans la cafétéria de l’école. «Depuis l’installation de caméras, les élèves laissent moins traîner de choses». Aziz Zulauf, des Jeunes Verts, réplique qu’avec des caméras vidéo, on ne résout pas les problèmes, on les met de côté. C’est justement ce que craignent de nombreux adversaires de ce système. On installe de telles caméras surtout là où les bagarres et les actes de vandalisme surviennent fréquemment. Parmi ces points «névralgiques», on trouve, outre des écoles, des gares, des arrêts de bus et des parcs. La gare


de Berne est elle aussi soumise à une surveillance vidéo depuis peu. Ce n’est cependant pas la ville qui en est responsable, mais les CFF, qui disent avoir fait jusqu’à maintenant de bonnes expériences de vidéosurveillance. Selon eux, les voyageurs se sentent plus sûrs et les dégâts matériels sont moins importants dans les trains. Ma liberté, ta sécurité L’un des participants ne comprend pas pourquoi la présence de caméras diminuerait le sentiment de liberté: «pourquoi donc une caméra vidéo serait-elle une atteinte à la sphère privée?». A l’inverse, d’autres savent

Pour une fois, les députés et députées n’occupent pas leur place habituelle dans la salle. Photo: Julia Weiss

très bien pourquoi ces caméras empiètent sur leur liberté: «Je ne sais plus où et quand je suis filmé. Si j’entre dans un magasin, j’accepte d’être filmé. Mais dans la rue, l’espace public, je ne peux pas prendre de décision à

ce sujet.» Les jeunes n’arrivent pas à se mettre d’accord. La recherche d’une solution passerait par un compromis. Or, pour le trouver, il faudrait que des jeunes sacrifient une partie de leur liberté.

commentaire

Cybergénération Le groupe de travail de l’Oberland s’est intéressé à la problématique de la dépendance. Ce thème n’est pas nouveau, il dépasse les générations. Seul l’objet de la dépendance change. Les jeunes et les membres du parlement ont réfléchi à la recherche de solutions. Julian Stiefel Les enfants et les jeunes d’aujourd’hui utilisent constamment des médias électroniques pendant leurs loisirs et sont de ce fait en contact avec des contenus inadaptés. Or, de nombreux parents ne sont pas assez familiers avec les ordinateurs. Ils ne sont pas conscients des dangers potentiels, présents notamment dans des jeux électroniques très réalistes, et les sous-estiment souvent. Bloquer tout accès aux nouveaux médias n’apporterait rien, car cela leur conférerait l’attrait de l’interdit. Les jeunes participants sont toutefois clairement en faveur de restrictions là où il y a danger de dépendance. Esquisses de solutions Les jeunes et les membres du parlement ont de concert esquissé des solutions. Selon eux, il convient avant tout d’impliquer et de sensibiliser les parents aux nouveaux médias. Il y a certes déjà des cours, mais ils ne sont guère fréquentés. Une autre possibilité serait d’organiser des séances d’information obligatoires, car c’est justement les pa-

rents confrontés à la cyberdépendance de leurs enfants qui ne s’intéressent pas aux cours facultatifs. Les participants se sont demandé pourquoi les progrès étaient si minces malgré les solutions envisageables. La principale difficulté se situe au niveau de l’organisation généralisée de cours obligatoires, les services compétents étant surchargés. Théoriquement, le problème pourrait aussi tôt ou tard se résoudre de lui-même: la jeunesse actuelle, qui éduquera la prochaine génération, étant dans l’ensemble plus à l’aise avec les nouveaux médias. Les jeunes étaient jadis fanas de radio Christoph Grimm, député des Verts, a demandé si une discussion sur ce thème était vraiment importante pour notre société. Il a parlé des différentes formes de dépendances amenées par la technique. Il y a longtemps, les jeunes ne pouvaient se séparer de leur radio, puis sont venus la télévision, le téléphone mobile, l’ordinateur. Beaucoup

Des jeunes attentifs en séance plénière. Photo: Kevin Frank

de jeunes n’ont pas compris l’exemple de la radio: aujourd’hui personne ne fréquenterait un cours sur la «compétence radiophonique». Pour que des cours et des séances puissent être organisés, plusieurs partis devraient apporter leur contribution. Christoph Grimm estime que c’est là le rôle des conseils de parents, qui ne se sont toutefois pas attelés à cette tâche. Cyberdépendance et compétence médiatique devraient faire l’objet de soirées de parents et toucher ainsi un large public. Tel est certes déjà le cas, mais visiblement dans une trop faible mesure.


réactions «Aujourd’hui, nous écoutons de manière active»

imPressum

«Je suis persuadé que les préoccupations actuelles feront aussi l’objet de discussions à l’avenir. Il est passionnant d’écouter ce qui fait réagir les jeunes. Ils doivent absolument utiliser les moyens à leur disposition et s’investir.»

Tink.ch Sandstrasse 5 CH-3302 Moosseedorf Téléphone +41 31 850 10 91 Télécopie +41 31 850 10 21 info@tink.ch www.tink.ch

«Je trouve cet échange important, car de nombreuses questions dont nous débattons au parlement concernent aussi les jeunes. Le monde politique doit s’intéresser à eux et à leurs besoins.»

Gerhard Fischer (UDC), 58 ans, Meiringen

Nadine Masshardt (PS), 25 ans, Langenthal

«Les jeunes ont toujours la possibilité de s’exprimer, que ce soit au moyen du courrier des lecteurs, de lettres aux parlementaires ou en manifestant. Aujourd’hui, nous les écoutons de manière active.»

«Si les députés et députées ne s’intéressaient pas aux propos des jeunes, nous ne serions sûrement pas venus. J’espère que nous obtiendrons aujourd’hui quelque chose de concret.»

Rédaction Céline Graf (direction) David Naef Diana Berdnik Julian Stiefel Luzia Tschirky Michelle Stirnimann Photos Julia Weiss Julian Stiefel Kevin Frank Mise en pages David Naef Impression Commission cantonale de la jeunesse Gerechtigkeitsgasse 81 3011 Berne Edition Numéro 15 27 janvier 2010 Tirage 100 exemplaires (fr.) 400 exemplaires (all.)

Thomas Fuchs

(UDC),

43 ans, Bümpliz

«J’espère bien sûr que notre voix compte et que les députés prennent nos opinions au sérieux.»

Luca Schmid, 16 ans, Kehrsatz

«Je souhaite que notre voix continue à porter. J’apprécie que les députés discutent avec nous, nous prennent au sérieux, se préoccupent de nous. Nous représentons en définitive l’avenir.»

Partenaires Parlements bernois de jeunes Commission cantonale de la jeunesse Fédération suisse des Parlements des Jeunes (fspj)

ParticiPer Nous sommes là où la politique se fait. Et toi, où es-tu? Le magazine en ligne Tink.ch cherche des jeunes talents âgés de 16 à 30 ans, capables d’écrire dans un style jeune, critique, impertinent, concis et passionné. www.tink.ch/romandie

lire Marigona Isufi, 17 ans, Berne

Jennifer Glatt, 18 ans, Langnau

Vous trouverez davantage d’articles (en allemand) et de photos à l’adresse suivante: www.tink.ch/bern.


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