TRANSFUGE N°105

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Janvier 2017 / N° 105 / 6,90 €

Choisissez le camp de la culture

Yann Moix

en douceur

M 09254 - 105 - F: 6,90 E - RD

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Retour sur les attentats

Cinéma Pablo Larraín, au sommet de son art

Rentrée littéraire d'hiver Jean-Noël Orengo, Michael Collins, Jérôme Leroy, Kevin Barry...

Enquête Pologne : les artistes en résistance


Et Moix, et Moix, et Moix

R

par Vincent Jaury

écemment, Yann Moix était en couverture de deux magazines, Les Inrocks et Le Monde M. Sur la première, il tient une barre à mine, l’homme apparaît violent, prêt à vous casser la gueule telle une racaille. A moins que ce soit une canne à pêche mais je doute. Titraille : Le Dézingueur de la télé. La seconde, il a le visage dur, tout en nerfs, et une ombre noire, menaçante, semble descendre sur lui. Titraille : Trouble troublion. Les deux couv furent publiées à l’occasion de son entrée en fonction de chroniqueur dans l’émission de Laurent Ruquier, On n’est pas couché, en 2015. C’est le Moix médiatique. Le Moix marionnette. Troisième une, la nôtre, antithèse des deux premières, choisie à l’occasion de la parution de son traité littéraire Terreur. Un journal qu’il a tenu pendant ces deux dernières années, dès

l’attentat de Charlie Hebdo, et qu’il a retravaillé en aphorismes, en considérations inactuelles. Il définit le terrorisme qui nous a frappés sous tous ses angles, on glisse d’une pensée à l’autre, et il finit par créer des idées neuves. Tout en douceur, tout en humour, tout en rigueur, dignement. Le terrorisme en de nuances infinies. Il excelle dans cet exercice comme il avait excellé dans celui du pamphlet La Meute. Comme il avait excellé pour son roman Naissance. Comme il a pu exceller à Transfuge de 2010 à 2015 comme critique littéraire, dont il maîtrise l’art avec maestria. Souvenez-vous aussi de sa chronique au Figaro Littéraire où ses articles de réserve étaient aussi attendues que celles de Rinaldi ou de Bégaudeau. C’est le Moix clandestin. Le Moix transfuge. Je vous recommande ce Terreur, premier coup réussi de l’histoire littéraire pour saisir le terrorisme par la littérature. Voilà ci-dessous une mise en bouche. Un passage parmi tant d’autres, qui pense juste : « Quelque chose a changé. Quoi ? Tout. L’attentat s’infiltre sous les tapis, dans les oreilles, s’immisce jusqu’à notre chambre, imprègne notre sexualité. Le monde ambiant transporte une mocheté nocive, qui lèche creux et recreux, caresse les visages, laissant sur eux la salive d’un crachat. C’est la transmutation d’une action en trace indélébile d’elle-même. » Un aphorisme comme il y en a beaucoup dans le livre : « Le terroriste ne vit pas, n’existe pas : il ne fait que glisser vers une date. » Un passage plus drôle (rire jaune mais rire tout de même) : « Y a-t-il une « conscience professionnelle », une méticulosité » dans l’art d’assassiner lâchement ? Dans la dégueulasserie, y a t-il de bons ou de mauvais artisans ? Y a-t-il, au royaume de l’inacceptable et de l’inouï, un amour du travail bien fait ? Et y a-t-il des gens pour en apprécier l’insupportable qualité ? Peuton, dans cet univers, définir la notion de « prouesse » ? Est-il déjà arrivé que quelqu’un, par la perfection de son attentat, force techniquement le respect ? Existe-t-il des experts, comme en patinage artistique, pour apprécier la mise en place et la virtuosité ? (...) Y a-t-il, chez les djihadistes, des copieurs, des plagiaires, des cancres, ou, a contrario, des surdoués, des prodiges et des génies ? Y a-t-il, dans ces milieux que nous ne connaissons pas, des soirs où l’on discute de savoir, jusqu’au petit matin, quel est le plus bel attentat depuis le 11 septembre ? » ÉDITO / Page 3


SOMMAIRE

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RENTRÉE LITTÉRAIRE

NEWS

3/

Édito

6/

On prend un verre avec Sabrina Ouazani

CHRONIQUES 8 / Le

nez dans le texte par François Bégaudeau ce que vous voulez

10 / Croyez

12 / Journal

d’un homme pressé 14 / Interview express : Édouard Baer 16 / Interview express : Thomas Kruithof 18 / Interview express : Jean-Marc Le Scouarnec 20 / En coulisse avec Sophie de Closets

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N°105 JANVIER 2017

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RÉSISTANCE POLONAISE

DU CÔTÉ DE LA LITTÉRATURE

22 / LA RENTRÉE D’HIVER

nous a réservé quelques belles surprises. On vous a fait une première sélection en janvier : Avec Terreur, Yann Moix revient en beauté avec un traité d’aphorismes et des idées neuves sur le terrorisme. Sans oublier d’excellents romanciers que nous avons rencontrés, Jean-Noël Orengo, Jérôme Leroy, Michael Collins, et Kevin Barry.

66 / Lire

dans le noir les poches 68 / Enquête : Les artistes polonais montent au front contre le nouveau gouvernement réactionnaire. 74 / Reportage : Découverte de la fondation Jan Michalski de littérature, cité du cosmopolitisme 78 / Déshabillage : Blandine Rinkel 80 / Charles Dantzig : Comment parler d’un écrivain à l’ère de Donald Trump 67 / Dans


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PABLO LARRAÍN

SUR NOS ÉCRANS

82 / Édito

: Pablo Larraín, Neruda des meilleurs films du mois

84 / Événement 92 / Sélection 100 / DVD

102 / Déshabillage

Page 104

ciné : Davy Chou

EN VILLE

: Polyeucte aux Abbesses... : Andres Serrano à la Maison européenne de la photographie... 116 / Musique : François Virot... 104 / Scène 110 / Expo

122 / En

route ! Va devant !

La Semaine des Professionnels du Cinéma et de l’Audiovisuel


J’AI PRIS UN VERRE AVEC…

SABRINA OUAZANI

Par Nathalie Dassa Photo Franck Ferville

N

os points de rencontres au Pause Café et au Centreville étant pleins, nous nous sommes finalement posées juste en face, dans le Bistro du Commerce. Et autour de soft drinks, nous avons discuté, comme de grandes copines, de sa carrière et de son actualité, durant une heure. Sabrina Ouazani, c’est la beauté ténébreuse, avec ses longues boucles en ailes de corbeau, son regard noir, sa voix imposante, son sourire et surtout son éclat de rire distinctif. La comédienne de vingt huit ans commence seulement à émerger alors

« Je trouve Édouard tellement intelligent et pertinent » qu’elle a déjà une solide filmo. Depuis L’Esquive de Kechiche, son premier rôle pour lequel elle a été nommée meilleur espoir féminin aux César, elle a travaillé avec Mihaileanu, Farhadi, Beauvois… Elle a exploré de nombreux genres dans les cinémas d’auteur, engagé, populaire, et incarné pléthore de seconds rôles. Elle a également fait ses gammes à la télévision et au théâtre. Sabrina est une hyperactive. Sportive et engagée dans la défense du droit des femmes et des enfants, elle est débordante d’énergie et Page 6 / TRANSFUGE

veut tout jouer. Elle rêve de tourner avec Maïwenn, d’incarner la Juliette de Shakespeare sur scène et de réaliser son court Là-bas, qui retrace la relation avec son père et l’histoire de l’Algérie. Fortement attachée à la Courneuve, sa banlieue natale, elle évite pourtant de s’enfermer dans des rôles de maghrébines des cités. Elle n’aime pas les amalgames et qu’on lui demande son avis sur la foi, l’islam, le burkini. Elle refuse d’ailleurs de nombreux projets. Pourtant, en regardant de près, sa filmo n’en compte que très peu (En attendant demain, Pattaya). Ce qu’elle veut aujourd’hui, c’est qu’on la surprenne, qu’on lui fasse confiance. « Pour moi, être actrice, c’est une manière de vivre mille vies en une ». Et Édouard Baer, à qui elle voue une admiration sans borne, a su répondre à ce désir. Dans Ouvert la Nuit, elle incarne Faeza, une stagiaire de Sciences Po qui traverse le Paris nocturne avec son déluré de patron d’un théâtre populaire, incarné par Édouard Baer. Mais Faeza, c’est surtout le prénom de sa grande soeur : « J’ai construit mon personnage grâce à elle » précise-t-elle « ils partagent de nombreux points communs. Elle est droite, organisée, carrée et ne se laisse pas faire ». Un choix qu’Édouard Baer a approuvé d’une délicate formule « si elle est douce et gracieuse, en même temps on se dit qu’elle doit vous en coller une sévère dans une baston à mains nues ». Si Sabrina Ouazani a souvent privilégié l’impro (école Kechiche oblige), le travail sur Ouvert la nuit a nécessité plusieurs lectures dans la capitale, scénario en main. Car au départ, elle devait incarner un autre rôle. Lequel ? « Je te le dirai en off » me confie-t-elle, avant d’ajouter « J’étais chamboulée qu’Édouard me fasse confiance à ce point. Qu’il puisse se projeter. Je l’adorais déjà en tant qu’artiste. Je le trouve tellement intelligent et pertinent. Je craignais de ne pas être à la hauteur car je joue en binôme avec lui ». Sabrina Ouazani a bien sûr d’autres longs métrages à venir (L’Embarras du choix) et des projets sur le feu, dont un rêve de jeune fille qui devrait se réaliser : jouer dans un film de hip hop. Mais ce qui lui tient aujourd’hui le plus à coeur, c’est son expérience avec Baer. Et ce cœur-là, ouvert de nuit comme de jour, bat fort.


“ Un hymne à la vie saisi dans la durée ”

un film de Judith Abitbol Image et son

Avec Ede Bartolozzi et Paola Valentini Judith Abitbol Montage Cyrielle Thélot et Judith Abitbol Montage son et mixage Jocelyn Robert Etalonnage Mathilde Delacroix Musique originale Denis Valentini un film produit par Godot production & Triune Productions Ltd

le 18 janvier au cinéma

Illustration : Ghislaine Herbéra

Annie Ernaux


Ne me laisse pas comme un chien

A propos de La Succession, Jean-Paul Dubois, L'Olivier

«A

par François Bégaudeau

lors que je laissais sur la droite North Bay Village, au milieu de la baie j’aperçus quelque chose qui nageait en surface à quelques centaines de mètres du bateau ». Cette phrase fournirait à une grammaire de collège une limpide illustration de l’usage des temps du passé. Imparfait, action qui dure ; passé simple, action brève. Alors que nous pique-niquions (action qui dure), un orage éclata (action brève). En somme, Jean-Paul Dubois procède en toute orthodoxie : d’abord je pose le cadre, ensuite je narre un fait. Tout dans le bon ordre. La suite de la scène est à l’avenant. Depuis son bateau de croisière, le narrateur-navigateur identifie d’abord « une sorte d’animal ». Puis « je me dirigeai vers lui et coupai le moteur lorsque je fus tout proche. C’était un chien. ». Aucune étape n’est négligée : je m’oriente, je coupe le moteur, je m’approche, j’identifie. Et les lignes suivantes maintiennent ce cap : c’est « une fois le bateau amarré et le moteur coupé » que « l’animal se réveilla et s’étira comme s’il venait de passer une bonne journée à la plage ». Ellipser l’un ou l’autre de ces segments (amarrer le bateau n’implique-t-il pas qu’on coupe le moteur?), ou en fusionner certaines (« et quelques mètres de plus firent apparaître un chien », quelque chose comme ça) n’est pas envisageable. On risquerait de perdre en route le lecteur, qui alors serait comme ce chien jeté par dessus bord : abandonné au noir, au doute, à l’ignorance. Or le lecteur veut paraît-il qu’on l’éclaire ; veut un maître éclairant. Si jamais un fait raconté est atypique, noter qu’il l’est suffira à le domestiquer : « C’est ainsi que la vie fabrique une rencontre entre un type et un chien, en croisant leurs improbables trajectoires, un dimanche d’hiver, au milieu d’une baie, alors que la logique aurait voulu que l’homme continue à naviguer vers le nord en regardant droit devant lui et que le chien, lui, se noie un eu plus loin, à bout de forces ». La précaution est aussi de mise si vous racontez l’agonie de Staline, soigné jadis par le grand-père russe du narrateur. On gage alors que chaque lecteur mettra spontanément en miroir cette image d’affaissement et l’iconographie martiale de l’ogre bolchevique, mais comme on n’est jamais trop sûr, autant souligner soi-même le contraste : « Djougachivli avait terrorisé un peuple et fait vivre tout un gouvernement selon son bon vouloir, à des horaires de noceur. Et maintenant il était en train de se déliter par petits morceaux ». On voit que Dubois aime procéder par doublons. Il raconte, puis résume ce qu’il vient de raconter à Page 8 / TRANSFUGE

LE NEZ DANS LE TEXTE

l’attention des inattentifs. Ayant informé le lecteur que sa mère et son grand père se sont suicidés, puis qu’un soir un appel de France lui a annoncé le suicide de son père, il ajoute : « J’étais venu jusqu’ici, jusque dans cette turne de Hialeah Drive pour ne plus faire partie de cette débâcle, pour échapper à ce fatum de souspréfecture. Et voilà que l’autre était réapparu ». Aperçu dans notre seconde citation, le « c’est ainsi que » s’impose comme le boulon crucial de cette machine à redoubler. Une page voit le père acquérir bizarrement une Triumph Vitess ? Elle se termine par « C’est ainsi qu’au printemps 1978 le Triumph Vitess entra dans la famille ». Ailleurs, le « ainsi » suffit : « Ainsi donc mourut Anna Gallieni », est-il écrit en conclusion du chapitre sur la mort de la mère. Parfois une répétition n’est pas une redite ; elle instaure une nuance. Mais parfois non. Par exemple je narre qu’un recruteur de pelote basque me « tourna le dos, dégrafa sa braguette, et, comme un enfant inconscient, pissa dans le vide », puis trois lignes plus loin je remets le couvert : « je me souviendrai toujours de de cette image de mon recruteur, la bite à la main, expulsant lors de notre première rencontre fumées de tabac et de longs jets d’urine ». Notons que ce « je me souviendrai », déclinaison au futur d’un tic de la prose contemporaine, est en soi redondant. Preuve en est qu’on peut toujours le supprimer sans altérer le sens. Qu’on peut écourter « Je me souviens que ce jour-là le goudron bouilli par la chaleur de l’été chuintait sous les pneus » en « Ce jour là le goudron bouilli par la chaleur de l’été chuintait sous les pneus ». Il est vrai qu’avec le « je me souviens », la réminiscence est sous tutelle. Pour notre confort, celui qui se souvient signale qu’il se souvient. De même, celui qui va raconter est prié d’annoncer ce qu’il va raconter. Le moment de conter la dernière journée du père approche ? Introduisons-le par « Le samedi 9 mai fut sa dernière journée ». Je m’en vais exhumer le suicide de ma mère qui s’est asphyxiée dans une voiture? Je ne perdrai rien à introduire mon allocution par « c’est bien le rôle que tient cette auto le jour où ma mère se donna la mort à Toulouse ». Ou encore : « Un événement imprévu eut pour conséquence de précipiter ce que je considère être notre première rencontre ». Voici le récit aussi sécurisé qu’une fan zone en période de terrorisme : à son orée un vigile est posté pour l’annoncer, à son terme un second vigile en synthétise le contenu. Le petit chien peut lire en paix.


DARKSTAR

ROSALIE THOMASS

KAORI MOMOI

UN FILM DE DORIS DÖRRIE

COUP DE CŒUR DU PUBLIC

AU CINÉMA LE 15 FÉVRIER 2017


Croyez ce que vous voulez... La captive d’Istanbul

E

t écoutez parler d’Asli Erdogan, encore, il est nécessaire que son nom s’inscrive en Europe comme un point de non retour. Écoutez les détails de la captivité de l’écrivain, ce corset que ses geôliers lui refusent dans la prison d’Istanbul, ses médicaments qu’ils ne lui donnent pas. Parler d’elle, continuer, ne pas se lasser, ne pas passer à autre chose. Mais pour ouvrir 2017, il faut aussi la lire. Pour une première raison : c’est un très grand écrivain. On le découvre à la lecture du recueil d’articles, de textes réflexifs qu’Actes Sud publie en son soutien ce mois de janvier, Le silence même n’est plus à toi. Dans la lignée des reportages littéraires de Ryszard Kapuscinski ou Norman Mailer elle se fait l’écrivain de l’immédiat, du roman du réel. Mais elle y ajoute une chose extrêmement singulière : la douceur. Ainsi peut-elle ouvrir le récit d’une journée noire où son journal ne paraît pas en kiosque pour des raisons politiques, par les magnolias que la neige a recouverts, et le jaune d’or de perruches dans une vitrine. Sens de la beauté, de la présence du vivant, de sa persistance, voilà la douceur d’Erdogan. Une force littéraire, et une arme dévastatrice contre la brutalité radicale de la censure. La douceur pour dire la violence politique qui tombe sur la Turquie, la répression aveugle, l’impossible mémoire du génocide arménien. Cette douceur lui confère l’assurance d’une insoumise, bien plus que toute imprécation qui appartient, on le sait au moins depuis Adorno, aux porteurs de mitraillette. Ce style lui permet aussi de décrire avec une justesse inédite, la déréalisation que Page 10 / TRANSFUGE

créent la dictature et sa propagande. En la lisant, je repensais à ce que me disait récemment un écrivain hongrois : le pire, dans nos sociétés contemporaines, c’est que la vérité n’existe plus. Les faits sont sans cesse démentis par des contrefaits, les chiffres par d’autres chiffres, les discours par d’autres discours, jeu d’effacement qui se fait à une vitesse sidérante, celle des réseaux sociaux, des chaînes d’informations. Dans un tel monde, tout devient possible. C’est dans ce terrain mouvant que l’autoritarisme, et les appels à la violence plongent leurs racines. Asli Erdogan, dans sa prose si riche, décrit un même sentiment de basculement dans l’irréel. Ainsi dans ce livre navigue-t-elle entre faits et onirisme, sécheresse et lyrisme désespéré : « Le soleil est déjà haut mais c’est comme si la couleur du sang restait pendue à un crochet sur l’horizon. (Sur le pont les lynchages ont commencé). » L isez aus si cette cour se hor s d ’une manifestation achevée par des explosions, elle court dans les rues d’Istanbul, dans le noir complet, sait qu’elle joue sa vie, et qu’elle a pénétré une nuit dont elle ne verra pas tout de suite le bout : « je suis dans l’un des angles morts du destin, un nœud formé de toutes ces routes qui n’en finissent plus de se chevaucher, sans lumière, sans issue, et sans retour comme dans un cercueil ( ….) Plus rien désormais ici n’existe qui dissocierait les mots les uns des autres, tous dans la même pelote d’ombre, les mots comme leur négation s’écroulent puis se dispersent, rien ne sépare plus l’espoir du désespoir, avoir peur de ne pas avoir peur, être mort de ne pas être mort. » Cette nuit là, Asli Erdogan n’en est pas encore sortie. A nous d’y entrer. OJG



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