Septembre 2014 / N° 80 / 6,90 €
Choisissez le camp de la culture
Les 15 romans français à lire absolument !
CINéMA
Olivier Assayas :
« j’ai une obsession pour Guitry » Les métamorphoses réussies de
Christophe Honoré nuri bilge ceylan cinéaste de la cruauté ?
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Rentrée littéraire 2014
En librairie le 28 août
En librairie le 21 août
En librairie le 11 septembre
En librairie le 4 septembre
608 p., 24m 208 p., 16m « Une fresque magnifique qui entre en « Une vraie découverte à ne pas rater. » résonance avec l’époque contemporaine » Jeune Afrique Lire
144 p., 15 m « Un roman drôle et décalé, tranche de vie générationnelle mais aussi étude de mœurs. » Livres Hebdo
416 p., 19 m « Un style vigoureux et une intrigue bien ficelée, jusqu’à un final éblouissant. » Lire
En librairie le 28 août
324 p., 20 m « La folie, le mystère et le mythe entrent en collision. » The Financial Times
En librairie le 18 septembre
468 p., 22 m « La prose de Sherko Fatah est à couper le souffle. » Makische Allgemeine
www.editions-metailie.com
en plein chaos
On a voté pour
DEVILLE et VOLODINE
par Vincent Jaury
M
agnifique rentrée française que ce cru 2014. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas pris autant de plaisir de lecture. Un premier roman enthousiasmant, de Philippe Bordas, Chant furieux, d’une langue neuve, mélange d’oralité et de préciosité ; une confirmation avec le nouveau Éric Reinhardt, L’Amour et les Forêts, roman pervers à souhait et, dans sa construction, grande force du romancier, parfaitement maîtrisé. Mais c’est Deville et Volodine qui ont fait l’unanimité au sein de l’équipe rédactionnelle de Transfuge. Le premier signe Viva, roman où se croisent les destins de Trotski, Lowry, Kahlo, Rivera, Breton, Artaud et quelques autres. Tous ces personnages ont en commun d’être passés plus ou moins longuement par le Mexique dans l’entre-deux-guerres ; d’avoir été, chacun à sa façon, révolutionnaire. Deville, dans une grande maîtrise narrative, microfictionne nerveusement. On passe sans cesse dans ce roman d’une histoire à l’autre, et il finit par rendre parfaitement bien une époque chaotique, d’espoir révolutionnaire, de rêves joyeux, romantiques, déçus, douloureux, misérables.
Antoine Volodine, avec son Terminus radieux, livre un roman postapocalyptique russe. Le texte est ample, très narratif, comprend une dizaine de personnages, dont un corbeau. C’est un roman d’aventures – Volodine nous a confessé lors d’un très long entretien sa passion pour Jack London, Curwood ou encore Jules Verne. C’est un roman politique – Volodine ne cesse de se demander ce qu’est devenu l’idéal communiste, et ce qu’il a été. C’est un roman chamanique, où le Bardo s’invite ici et là dans les multiples narrations. Ce très grand romancier mérite une place bien plus importante que celle qui lui était accordée jusqu’à présent en France. Nous lui rendons justice dans ces pages. Chers lecteurs, je vous souhaite une belle rentrée de lectures. Allez en librairie acheter des romans français que nous vous conseillons (ne prêtez pas seulement l’oreille au battage médiatique autour de quelques grands noms), je vous assure que vous ne serez pas déçus. En attendant notre numéro de rentrée étrangère le mois prochain. ÉDITORIAL / Page 3
sommaire
N°80 / septembre 2014
Page 3
On ouvre le bal
En plein chaos 6 / On
prend un verre avec l’aventureux Blas de Roblès
chroniques nez dans le texte de François Bégaudeau / 10 / Sortir du xxe siècle de Tristan Garcia / 12 / La bonne séquence de Nicolas Klotz
8 / Le
quelques chiffres, Kristian Levring explique ses intentions pour The Salvation.
9 / En
14 / Christophe Honoré
retrouve la mémoire... Romanesque.
16 / BD
18 / Club
19 / L’avis des libraires 20 / On
lit le journal de l’auteur de polars Olivier Truc
22 / L’interview
à la loupe lorgne avec grande précision sur la très belle collection de littérature japonaise des Belles Lettres.
Page 4 / TRANSFUGE
Page 24
DU CÔTé DE LA LITTéRATURE
Dossier rentrée littéraire française On sélectionne les quinze meilleurs romans de la rentrée, avec un enthousiasme particulier pour le roman postapocalyptique d’Antoine Volodine, Terminus radieux, et pour celui de Patrick Deville, le très mexicain Viva.
50 / Quelques
polars à lire de toute urgence, dont l’hallucinant Les Deux Mondes de Neal Stephenson.
52 / On
choisit cinq poches, dont celui de Ben Fountain, Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn, qui avait été notre coup de cœur en 2013.
54 / On
déshabille un des romanciers attendus de la rentrée, Olivier Adam, qui paraît-il est un homme heureux.
56 / On
n’oublie pas les classiques, avec le Médée de Sénèque. Quand le stoïcien s’énerve...
Page 60
SUR LES éCRANS
On a vu beaucoup de films, mais on vous a sélectionné les dix meilleurs du mois. Avec une préférence pour le solaire Sils Maria d’Olivier Assayas.
Page 82
Dossier Nuri Bilge Ceylan Nuri Bilge Ceylan a eu la Palme d’or cette année pour Winter Sleep. L’occasion pour Transfuge de revenir sur sa filmographie.
70 / Mais
comment ça marche, un acteur ? Décryptage du jeu de la coqueluche du public Jake Gyllenhaal.
72 / On
remue quelques idées autour de la comédie qui a explosé le box-office cette année, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? La vraie question du film ? Pas le racisme, mais bien une question de classe.
78 / Classique
ne veut pas dire mort. Au contraire : la preuve avec le magnifique film Week-end du sous-estimé Carol Reed.
80 / Pour
les soirées au coin du feu, seul ou accompagné, on pourra voir le DVD de La Demora de Rodrigo Plá, Fantôme à vendre de René Clair ou Le Désert des Tartares de Valerio Zurlini.
Page 90
QUOI DE NEUF EN VILLE ? C’est un mois très dynamique pour les festivals littéraires. Transfuge est partenaire des meilleurs d’entre eux. De Nancy à Gifsur-Yvette, en passant par Morges, on vous invite à découvrir ces beaux lieux de culture. 106 / États des lieux de Philippe Adam
j’ai pris un verre avec
Île du point Némo éditions Zulma 464 p., 22,50 e
par Catherine Lorente photo Axel Le Gouëllec
réalité dans un premier temps, puis la fiction qui... Là, je m’interromps. Lui que je dois faire parler m’écoute silencieusement, d’un sourire mi-ravi, mi-amusé. Je m’excuse d’être si bavarde. « Non, non, c’est très bien d’entendre tout ce que j’ai voulu faire. Et c’est très juste. » La complicité est établie. J’en profite pour embrayer sur une autre complicité, celle qu’il instaure avec le lecteur. Avec lui, on ne se sent jamais mis en échec. Ce qui n’est pas toujours le cas avec les auteurs oulipiens par exemple. Il acquiesce. « S’il s’agit juste de trouver des clés, on n’est plus dans la littérature. On est dans le mot croisé. C’est le danger que j’ai essayé d’éviter absolument. Cela faisait partie de mon cahier des charges, arriver à écrire une histoire qui peut être lue réellement au premier degré, comme j’ai lu 20 000 lieues sous les mers ou Le Comte de Montecristo ou Locus Solus. C’est ce plaisir-là que je veux, chaque fois que j’écris, reproduire. Ce plaisir de lecteur. » J’ai envie de lui poser toutes les questions qui me taraudent sur son roman. J’apprends, entre autres, que Flaubert a projeté d’écrire
Jean-Marie Blas de Roblès O n a dit mercredi, à midi, au café Zébra. Je l’attends, le nez dans mes notes. Il arrive. Bonjour. Bonjour. Nous nous asseyons, non pas frontalement, mais obliquement. Je laisse passer un temps. Celui de percevoir un homme d’une sensibilité singulière, intimidant presque, à cause de cela.
J’ai le droit de tout dire, j’ai le droit de tout faire Comment lui dire maintenant que je la trouve époustouf lante, son Île du point Némo, dans sa construction, dans ses idées, ses multiples références, un roman presque total ?! A lors, sans blanc, je lui déballe tout. La forme spiralée, les changements de perspectives, les indices obliques, les ch a ngement s de pl a n s n a r r at i f s , leu r interpénétration, la fiction qui précède la Page 6 / TRANSFUGE
La Spirale, l’histoire d’un type à qui il arrive plein de malheurs et qui la nuit se rêve dans un autre monde avec les mêmes personnages, mais où tout est magnifié. Je m’étonne que, tellement remonté contre le romantisme, il ait pu imaginer ça ! « Mais là on est dans la fiction pure ! C’est pas étonnant si on pense à Flaubert comme manipulateur de fiction pure. » C’est vrai. N o u s t o m b o n s d ’a c c o r d , d a n s u n plaisir partagé, sur tout, le personnage de Canterel qui capte la réalité par reflets, par associations, comme un poème, la sexualité dans son roman qui n’est jamais vulgaire. Et il m’avoue. « C’est vraiment le roman où je me suis dit, tout est possible. J’ai le droit de tout dire, j’ai le droit de tout faire. On est dans la fiction la plus absolue. » Je termine avec une question délicate. Et la présence de la monstruosité ? Il est fasciné par tout ce qui semble anormal, déformé. Et dans un souff le : « Parce qu’il suffit de trouver le bon miroir pour les rétablir, pour en voir la beauté cachée, la vérité cachée. Le monde entier m’apparaît comme ce type d’anamorphose. » Mais alors, Canterel, c’est lui !
ACTES SUD
Olivier Py
Excelsior ROMAN
Rentrée littéraire 2014 ACTES SUD
Caroline
De Mulder
Elvis roman
Kaoutar Harchi À l’origine notre père obscur
ÉRIC VUILLARD
Tristesse de la terre Une histoire de Buffalo Bill Cody
roman
ACTES SUD
ACTES SUD
Boris Le Roy
DU SEXE
© Marcus Doyle / Agence VUʼ
roman
Alice Ferney
Le règne du vivan roman
ACTES SUD
ACTES SUD
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le nez dans le texte
la chronique de françois bégaudeau
Mort et vif D
Mécanismes de survie en milieu hostile Olivia Rosenthal éditions Verticales 192 p., 16,90 e
ans Que font les rennes après Noël ? , Olivia Rosenthal entremêlait le récit d’émancipation d’une fille et une enquête sérielle dans le champ zoolog ique. Mécanismes de survie en milieu hostile reprend et multiplie ce dispositif bicéphale. Le premier chapitre mène en parallèle la narration à la première personne d’une fuite-désertion et la recension d’expériences dites « de mort imminente », ou « near-death experiences ». Le deuxième alterne entre un cache-cache d’enfance angoissé et l’examen méthodique des modes de décomposition d’un cadavre. Etc. Ces contiguïtés produisent des échos. Mais assez rares pour éviter que le pan scientifique vaille élucidation du pan subjectif fictionnel. Ce serait triste comme la résolution d’un mystère. Et bien peu littéraire. Bien peu littéraire, le dernier mot donné à l’appréhension experte d’un phénomène. Non que littérature et science soient antinomiques ; elles entretiennent, de Pascal à Perec et jusqu’à des contemporains comme Bellanger ou Vasset, des relations beaucoup plus étroites que ne se le racontent les ayatollahs du ressenti. Mais il n’y a rien de plus étranger à la littérature qu’un partage strict des tâches entre fiction et réel, entre récit et étude. Littérature est peut-être le nom de leur méticuleux brouillage. Un dispositif n’est pas une forme qui sait, mais une forme qui essaie. À défaut de maîtriser un matériau, je le dispose. Je le pose devant moi, dans une configuration dont je gage qu’elle lancera des lignes de sens. J’entrelace deux fils comme Godard colle deux images : pour voir ce que ça fait. La question est donc ici : que font aux narrations intimes les contrepoints documentaires ? Que permettent-ils ? Que produisent-ils ? 1. Ils permettent de se dire. Depuis quelques livres, Olivia Rosenthal tourne, avec une précaution admirable, autour d’une zone affective brûlante : le suicide de sa sœur aînée. Mais présenter les choses ainsi est trahir ce dernier livre. Dire « sa sœur » est trahir une narratrice qui précise qu’elle ne saurait dire « ma sœur ». Qui, surtout, ne saurait aller si droit au but. Certains écrivains peu scrupuleux commenceraient par : « J’ai perdu une sœur. » Rosenthal pense que cet énoncé se mérite ; se gagne. Qu’on y accède via un détour. Le registre « objectif scientifique » est ce détour. Il est la politesse de l’intimité, rêvée ou vécue (ici, c’est tout un), qui s’expose en ces pages.
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Si, dans un premier temps, le détour par la factualité journalistique dispense de dire l’essentiel, aussi vrai que la volubilité de son ami parisien dispense notre narratrice de parler, il finit par servir de levier à cette parole confidentielle. Stratégie de fuite, mais pour mieux revenir. Objectivation pour mieux ressaisir sa subjectivité. Moyennant quoi ce livre chemine de l’abstrait au concret, des paraboles fictionnelles ou oniriques au « vif du sujet », des projections métaphoriques de l’inconscient (fuite, maison refuge, cache-cache) aux faits vécus. Papillon redevenue chenille, la « compagne » abandonnée du premier chapitre reprend, dans le dernier, la forme littérale d’une suicidée que sa cadette, notre je, n’a su ni pu sauver. Les cent soixante-dix pages qui précèdent ont permis cet accès au premier degré. 2. Ils produisent une indissociabilité entre ce qui vaut pour soi et ce qui vaut pour les autres. On prétend souvent que le vécu n’a d’intérêt littéraire que s’il touche un certain universel ; que l’expression du moi n’est légitime que si tous s’y retrouvent. Prescription inutile car c’est toujours le cas. Par le seul fait qu’elle est couchée sur la page, et a fortiori en visà-vis d’un récit à caractère autobiographique, l’expérience de n’importe qui, urgentiste ou ressuscité d’un AVC, devient celle du lecteur. Le je littéraire est un autre, c’est entendu. Mais l’autre littéraire est un je. Il devient stupide de saluer tel récit pour sa dimension universelle, de dépriser tel autre pour l’étroitesse de son périmètre subjectif. Dès lors que mes yeux y pénètrent, l’intimité de l’auteur n’en est plus une. Et vice-versa : dès lors que je le déchiffre, un énoncé universel se relativise. Ainsi s’efface la frontière entre moi et ce qui n’est pas moi. Ainsi aussi la frontière entre moi vivant et moi mort. Qu’il raconte une défunte sœur « plus puissante que n’importe quel vivant » (vie des morts), un affaissement dépressif (la vie comme mort au travail), ou l’« accélérateur de vies minuscules » qu’est un cadavre bouffé par les vers (la mort comme sous-ensemble du vivant), Mécanismes de survie en milieu hostile flotte dans un espace, semblable au tunnel percé d’une lumière décrit par certains comateux longs, où être et non-être se touchent, s’échangent. La littérature est toujours un peu une near-death experience. Entre ses mains, je deviens ce « membre fantôme » plus sensible qu’avant l’amputation – comme la sœur devient le membre plus présent de la famille en disparaissant. Lire m’absente et me suscite. Lisant, j’y suis et n’y suis pas. Lisant des livres aussi forts que ceux d’Olivia Rosenthal, je suis plus vif et plus mort que jamais.
C’est le Suédois Kristian Levring, le réalisateur du beau western The Salvation, en salle le 27 août, qui inaugure notre nouvelle interview en 7 chiffres.
© DR
l’interview chiffrée propos recueillis par Isidore Ducasse
Combien de films de John Ford et de Sergio
Leone avez-vous vus pour réaliser ce film ? Ce sont les deux réalisateurs qui m’ont le plus inspiré pour The Salvation. J’avais déjà regardé énormément de films de John Ford, mais surtout cinq m’ont servi pour ce film : L’Homme qui tua Liberty Valance, La Poursuite infernale, La Chevauchée fantastique, La Conquête de l’Ouest et Les Cavaliers. Quant à Sergio Leone, trois de ses films ont inspiré l’ambiance de The Salvation : Il était une fois dans l’Ouest, Le Bon, la Brute et le Truand, et Pour une poignée de dollars. Quand on a commencé à écrire le script, je voulais que le scénariste les voie pour s’en imprégner.
Le film dure 1 h 31. Il est relativement court. Pourquoi cette durée ? Les westerns sont rarement très longs, et je voulais surtout un film précis, qui ne soit pas épique. Même si j’aime les longs films, ce n’était pas un sujet qui s’y prêtait, il fallait quelque chose d’intense. Le film se déroule dans les années 1870. Cette période vous intéresse-t-elle particulièrement ? Non. Enfin si, mais pour ce qu’elle signifie dans l’Histoire des États-Unis. J’ai d’abord choisi cette date car je voulais que le personnage principal ait participé à la guerre de 1864 entre le Danemark et l’Allemagne. Après la défaite des Danois, beaucoup ont émigré aux États-Unis, et mon personnage est l’un de ces immigrés. La principale raison est donc la vraisemblance. J’ai d’ailleurs fait de nombreuses recherches pour ne pas faire d’anachronismes, mais la situation américaine de l’époque m’intéressait aussi. Le contraste de 1870 entre les grandes villes industrialisées de l’Est et l’existence d’un monde sans loi dans le même pays me semble toujours présent, faisant cohabiter un côté sauvage et un autre sophistiqué. Vous aviez signé le quatrième film tourné selon les règles de Dogme95, Le roi est vivant. Il ne semble plus rester grand-chose de ces règles dans votre cinéma, si ? Je n’ai jamais eu envie de faire plusieurs films comme ça, cette idée était celle d’une purge, d’un retour à l’authenticité. C’est très sympa, mais j’avais besoin de revenir à mon cinéma ordinaire, j’aime trop les excès que permet cet art. Je pense tout de même qu’essayer les deux est important.
Je voulais un film à gueules On ne compte plus le nombre de travellings sur les visages de vos personnages. Pourquoi l’utilisation récurrente de ce procédé ? C’est un procédé très utilisé dans les westerns. Cela donne une certaine force aux visages, surtout dans un film comme The Salvation où il y a peu de dialogues. J’aime les dialogues, mais l’idée n’était pas ici de faire un film psychologique, il y a davantage besoin d’une présence à l’écran. En somme, tout est plus simple dans le western, mais c’est ce qui le rend compliqué à réaliser ! Il y a 1 Français dans le film, Éric Cantona. Pourquoi ce choix ? J’ai toujours voulu un Français dans ce rôle puisqu’il s’agit d’un personnage venu de Corse. Je voulais de nombreux accents pour représenter fidèlement la multiplicité des origines de ces Américains de 1870. Quant au choix de Cantona en particulier, il a ce charisme et cette force dans le visage que je recherchais. Je voulais un film « à gueules », comme on dit. Je l’avais déjà trouvé très bon dans Looking for Eric, et de façon plus personnelle, je suis aussi un grand amateur de foot !
the Salvation
Jour de fête Distribution avec Mads Mikkelsen, Eva Green... le 27 août
Le personnage d’Eva Green a 1 balafre sur la bouche. Pourquoi avoir voulu cela ? Elle est muette dans le film, les Indiens lui ont coupé la langue. L’idée de la balafre était la mienne, et Eva Green a eu l’idée de son emplacement sur la bouche. Cette marque sert à évoquer le souvenir de la section de sa langue, à le rendre vraiment présent à l’écran. on ouvre le bal / Page 9
sortir du xxe siècle
la chronique de tristan garcia
L’empire des images
Que veulent les images ?, l’essai de l’Américain W.J.T. Mitchell, historien de l’art et initiateur des visual studies, s’interroge sur la puissance des images.
V
Que veulent les images ? W.J.T. Mitchell Les Presses du Réel 384 p., 36 e
oici un livre important, enfin traduit, qui à la fois parle pour lui et devrait introduire au lecteur francophone tout un champ de recherche contemporain. Depuis son Iconologie du milieu des années quatre-vingt, Mitchell participe au « tournant pictorial » désireux de remettre l’image au cœur des études culturelles. Mitchell a d’abord débusqué dans la tradition iconologique occidentale (de Platon à la critique du fétichisme) des résidus d’iconoclastie, de défiance envers la copie, le simulacre, la dégradation de l’être dans l’image, cette chose qui fait semblant de ne pas être ce qu’elle est, et d’être ce qu’elle n’est pas, et qui est le contraire de la vérité. Puis, à partir de Picture Theory, comme si les comptes étaient réglés, Mitchell a laissé libre cours à sa curiosité sans limites pour toutes les images, nobles ou populaires, auratiques ou standardisées, sur tous les supports, toutes les surfaces – sur la roche ou un écran LCD, sur les murs d’Arezzo ou du métro. Chaque fois, il s’est attaché à distinguer l’image et la « piction » ; l’image, c’est ce qui est représenté (c’est l’équivalent du signifié linguistique) ; la piction, c’est ce qui représente (comme le signifiant). On pourrait le dire autrement : l’image, c’est ce qui est absent, mais qui est tout de même présenté. Par exemple, dans le portrait de Thomas More par Holbein, ce serait le visage de l’humaniste, ses mains, le tissu et la fourrure, la rose de Tudor sur le collier, et toutes sortes de détails qui demandent à être interprétés. La « piction », c’est ce qui est présent matériellement, mais qui est éclipsé par l’image : le bois de chêne du panneau, l’épaisseur de la couche de peinture, le mélange des pigments… Mitchell essaie désormais de comprendre comment les images émergent des pictions et acquièrent une existence indépendante de leurs conditions de production : nous les faisons, mais elles nous font aussi. Car Mitchell est fasciné par la réciprocité qui nous lie à ces images : à peine les
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regardons nous, qu’elles nous regardent à leur tour. Conforté par la réhabilitation actuelle de l’animisme, il décide donc dans Que veulent les images ? d’attribuer aux images elles-mêmes une forme d’âme ou de subjectivité, parfois faible, mais jamais métaphorique. Ce n’est pas au sens figuré que les images signifient, provoquent ou suscitent du désir. Ce sont vraiment de petits sujets inorganiques, à la volonté propre. Dans cet ouvrage d’une grande richesse, Mitchell analyse ainsi la conscience, la vie et la volonté de Vidéodrome de Cronenberg ou d’icônes byzantines, des œuvres de Serra et Smithson ou des gravures de Blake. Mais ce livre n’est pas important que par ses qualités. Dans son défaut aussi il indique un trait constitutif de l’esprit contemporain : au terme du « tournant pictorial », on voit bien dans l’ouvrage de référence de Mitchell comment tout est en train de devenir image, par souci d’éga lité, ma is au r isque de l’indistinction. Mitchell, qui distinguait jadis le pictorial du verbal, renonce de plus en plus à toute définition de l’image : il cède à cette tentation de ne jamais refermer son concept. Le mot est donc une image (la métaphore), mais aussi une statue ou un clone. En creux, l’œuvre de Mitchell nous montre comment nous sommes tous sur le point de céder à cet état second que décrivait Sartre « lorsqu’on voit un visage dans la flamme, dans les arabesques d’une tapisserie, ou dans le cas des images hypnagogiques » : nous voyons les images partout. En attribuant peu à peu à toutes nos représentations la puissance de l’image, cette quasi-platitude qui approfondit le monde, Mitchell nous offre une somme d’iconologie originale et indispensable, que tout amateur de Panofksy, Warburg ou Didi-Huberman devrait se procurer ; du même coup, il nous lance ce défi : comment pouvons-nous encore délimiter le champ des images et les distinguer de ce qu’elles ne sont pas ? Et où l’image s’arrête, qu’est-ce qui commence ?
Romain Slocombe Avis à mon exécuteur
Robert Laffont
Rentrée littéraire
L’auteur de Monsieur le Commandant confirme sa place singulière dans le panorama littéraire français.
Gonzague Tosseri Le Bal des hommes
Jennifer Murzeau Il bouge encore
Une enquête extraordinaire de la Brigade mondaine dans le milieu « inverti » du Paris des années 1930.
Tout perdre… pour mieux se sauver. Un roman qui vise au cœur et touche juste.
PREMIER ROMAN
John Banville La Lumière des étoiles mortes
Shani Boianjiu Nous faisions semblant d’être quelqu’un d’autre
Un premier roman coup de poing par une nouvelle voix de la littérature israélienne. PREMIER ROMAN
Peut-on vraiment se fier à ses souvenirs ? Un grand Banville, troublant et sensuel. PRIX PRINCE DES ASTURIES 2014
En librairie le 21 août 2014 Lisez les premiers chapitres, découvrez les vidéos et gagnez des livres sur
/laffont2014
la bonne séquence
la chronique de nicolas klotz
Nos yeux sont des animaux Avec Adieu au langage, Jean-Luc Godard fait son comeback sur les écrans et met le spectateur au cœur de son film.
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Adieu au langage
Jean-Luc Godard avec Héloïse Godet, Zoé Bruneau... Wild Bunch le 21 mai
ne femme nue flotte quelque part entre nos yeux, le public et l’écran. Elle parle à un homme sur l’écran. Elle est deux. L’une a une cicatrice au-dessus de la lèvre, comme si sa bouche – qui parle, qui goutte, qui embrasse – était marquée par une blessure. Leurs pubis sont des forêts habitées par ce qu’a été et ce qui reste du peuple indien. Elles se laissent filmer par Godard comme leurs arrière-arrière-grands-mères se laissaient peindre par Matisse. Elles nous laissent voir la proximité de leurs corps, de leur intimité, de leurs pensées. Elles s’ouvrent à nous. Flottant dans la salle de cinéma, fantômes bien charnelles, à quelques mètres de nous. Sur certains plans, il faut fermer un œil pour voir la femme, fermer l’autre pour voir l’homme. En gardant les deux yeux ouverts, l’homme et la femme se confondent puis se séparent comme si l’image se déchirait. Adieu au langage est une expérience inoubliable qui a une fois encore enflammé la haine viscérale que soulève le cinéma de Godard chez ceux qui en sont restés au Mépris. Comme si les splendeurs de Bardot, de la Grèce antique et des années soixante devaient éclipser la folle puissance de toute son œuvre à venir. Comme si l’œuvre de Godard devait être triée, fossilisée, sécurisée, dévitalisée, restaurée en patrimoine culturel. Comme si Fassbinder n’avait jamais dynamité tout ça avec Prenez garde à la sainte putain. Le vrai débat n’est pas ce pauvre tri entre ses films, ses époques, ses idées, ses provocations, mais celui de l’expérience du spectateur. Et Godard est peut-être bien le seul cinéaste contemporain à vraiment prendre le risque de mettre notre expérience de spectateur en crise. Car si Godard a toujours été et restera un immense cinéaste expérimental, c’est parce que l’expérience du spectateur est, comme chez Hitchcock et David Lynch, au cœur de son travail. Mais Godard va beaucoup plus loin. Ce qu’il met en crise est notre capacité à voir (ou pas) et à entendre (ou pas) ce qui est là, dans l’instant du spectre cinématographique qui se déploie. 1 h 10. Ce n’est pas rien dans un monde qui s’organise sur la rentabilité obsessionnelle et addictive de la destruction de l’expérience. S’il te plaît, Jean-Luc, raconte-nous une histoire… Au commencement (tous les f ilms de G odard commencent comme ça : « au commencement »), la 3D n’existe pas. L’écran
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est plat. Pas de 3D. Mais un choc visuel et sonore que l’on ressent dès la première seconde du film. Nos perceptions, nos sens, nos pensées sont électrisés par l’orage dans lequel on est en train de tomber. L’écran est une surface qui est une profondeur. L’horizon est vertical. James Stewart qui tombe dans Sueurs froides. Première révélation : nos yeux sont des animaux, ils réagissent aussitôt à l’espace, court-circuitent l’analyse par instinct, la vitesse de la vision, s’orientent grâce aux sons qui sont les couleurs de l’invisible. Le montage n’est plus un plan à côté d’un autre, mais une mutation, un mouvement sonore, l’éloge de la couleur, des ruptures. Un cinéma sans commentaires. Tout juste naissant. Difficile de retenir les paroles, les citations, les échanges, tant l’image et le mixage apache du film vous prennent d’assaut. Comme si toute l’œuvre de Godard, ses essais vidéos, la Mitchell, la Aaton, la Betacam, la Canon 5D, l’iPhone… avaient préparé cet adieu et cette naissance, dans une région du cinéma encore inconnue, débarrassée de toute la mouise qui sature le cinéma d’aujourd’hui. Deuxième révélation. Tout ce qui disparaît, tout ce qui meurt, tout ce qui s’éteint, c’est pour toujours. Impossible de croire encore que l’extinction d’un monde puisse n’être que passagère. Les citations, les écrivains, les philosophes, les films, les timbres de voix que nous écoutons, qui disparaissent, disparaîtront pour toujours. Ce qui a pris des siècles à émerger dans et par la communauté n’existe plus que dans nos consciences et, encore un peu, dans les livres. Mais pour combien de temps ? Tout ne refleurit pas, sauf la mélancolie orageuse, puissante, qui nous entraîne dans les profondeurs de l’époque. Là où le cinéma de Godard brille de son secret magnifique. Aux professionnels du monde réactionnaire qui braient en boucle comme des ânes « je ne comprends rien », juste répondre que c’est normal. Ce qui brille dans les abîmes de cet adieu est une joie très particulière. Une joie qui ne s’explique pas, qui n’a rien à vendre. Elle vous submerge, vous tire les larmes, vous fait rire et vous rend heureux. Troisième révélation. Pour Godard, les caméras sont des outils pour regarder à l’intérieur de ce qui est là. Regarder dedans pour voir dehors. Écouter ce que le mouvement des sons, leurs ruptures, leurs enchaînements, les distances qui les séparent nous montrent du visible et l’invisible, de l’instant et de ce qui s’en va. Des vivants comme des morts. Peuples, écrivains, philosophes, poètes, cinéastes, amoureuses, animaux, rivières, ciels, couleurs. Sans hiérarchie aucune. La hiérarchie, c’est la marque du dominant. Celle que le pouvoir grave dans le cou de ses esclaves. L’œuvre de Godard attaque tout ce qui fossilise. Une lumière chargée de toutes les promesses. Ses films seront toujours devant nous, jamais derrière. Paradoxe magnifique que cet adieu qui s’écoute comme une seconde naissance du cinéma.
Christophe
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« C’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles », m’apprend une voix de femme enrhumée à la radio où résonnent des accords de guitare et une mélodie à la flûte traversière, du genre qu’on écoute dans les crématoriums avant le début des cérémonies. Je baisse le son et je décroche. Serge au téléphone. Comment Serge sait-il que je suis chez ma mère ? Il ne me dit pas où il est. Il veut que je devine. Il prétend que je devrais trouver facilement. Qu’il attend. Je n’en ai aucune idée. Je lui dis qu’on est à table. S’il pouvait rappeler dans deux heures. Mais il s’en fout de ce que je raconte. Il continue. Il me dit qu’il est dans LA ville. C’est l’été en ville. Il est neuf heures du matin. Je lui demande s’il est en France. Je lui demande ce qu’il a pris et j’entends des voitures qui roulent derrière lui puis disparaissent. Il me dit que la rue est pleine de gens en tee-shirt. Il y a deux augures chinois assis sous un parasol. Deux quoi ? Un parasol tricolore. D’où il est, ça ressemble à une spirale hypnotique. Rouge jaune vert. Il me dit qu’il voit des marchandes de mangues installées sur les trottoirs. En face, il voit une poissonnerie et des salles de jeux. Les Chinois sont silencieux. Ils crachent sur les trottoirs. Tas d’ordures nauséabonds. Les façades des immeubles sont carrelées jusqu’aux premiers étages. Les odeurs remontent de la rue. Fenêtre ouverte. Lit poussé contre la fenêtre. Il est torse nu. Pieds nus. Et je pense à ses tétons comme deux poinçons. Il dit que ses cheveux ont poussé. La nuque calée dans un oreiller qui sent la sueur. Les genoux touchent la balustrade de plomb qui traverse la fenêtre. Sirènes de police. Le soleil brûle. J’imagine ses longs cils. Ses paupières closes. La beauté de Serge. Je suis seul à New York, tu le crois ?
Rome s’interroge toujours. Une Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi étudie les problèmes relatifs aux apparitions et révélations présumées. Ils sont parvenus aux conclusions suivantes : aujou rd ’ hu i d av a nt a ge qu’autrefois, la nouvelle de ces apparitions se répand plus r apidement pa r mi les f idèles g râce au x moyens d’information ; par ailleurs, la facilité des déplacements favorise des pèlerinages plus fréquent s. D’autre part, à cause des inst r ument s de connaissance actuels, des apports de la science et de l’ex igence d’une cr it ique rigoureuse, il est plus difficile, sinon impossible, de parvenir a v e c a ut a nt d e r a p i d it é qu’autrefois aux jugements qui concluaient jadis les enquêtes en l a m a t ièr e (« c o n st a t d e s u p e r n a tu ra l i t a t e , n o n constat de supernaturalitate ») ; et par là, il est plus délicat pour l’Ordinaire d’autoriser ou de proh ib er u n cu lte public ou toute autre forme de dévotion des fidèles.
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Alors que ses très païennes Métamorphoses sortent le 3 septembre, Christophe Honoré nous parle d’apparitions et de miracles, entre New York et la France.
J’a i mer a i s r accro cher et éteindre la radio. J’aimerais brailler à ma mère encore installée à la table dans la cuisine que je ne supporte plus RCF. Qu’elle me rend folle avec ses bondieuseries. Que je ne vais pas rester longtemps ici. Je vais repartir à Paris. Sa maison pue la mort. Je n’ai pas mérité de recevoir son extrême-onction tous les jours. J’aimerais ne pas me soucier de ce que va lui coûter cette communication avec New York depuis le portable de Serge. Ne pas culpabiliser de cet argent dépensé. Inutile. Mais je sais que je vais mentir à ma mère. Que lorsque je reviendrai m’asseoir à sa table, je prétendrai que c’était une amie de Paris. Et que j’aurais le cœur qui se serre en voyant, sur le bord de mon assiette, la pêche épluchée qu’elle y aura déposée.
« Je suis seul à New York. Je suis jeune, je suis gentil, je vais faire de la musique pour que des gens dansent et se chopent, mais en attendant que Paris ait son Market Hotel ou son Glasslands, il vaut mieux que je reste ici. Je profite de la spontanéité qui règne et, malgré tout, à Brooklyn notamment, les lieux sont accessibles, je peux avoir la chance de partager des plateaux avec des groupes vraiment incroyables, même si je ne connais pas encore grand monde, fréquenter ceux qui sont obligés d’être en perpétuelle activité pour gagner leur vie sans se retrouver coincés derrière un bureau, je ne suis pas dupe, c’est le double tranchant d’une vie américaine, tout est dur, aucun filet de sécurité, ça m’angoisse mais ça me poussera à être créatif, sans illusion sur le show off, qui m’énerve déjà, tous ces photographes présents dans les openings, tous ces descendants de MacMullan, le Wharhol’s dark side, on peut toujours espérer que la crise mette un peu de retenue là-dedans… »
Métamorphoses
avec Amira Akili, Sébastien Hirel... Sophie Dulac Distribution sortie le 3 septembre
La pêche épluchée est sur le bord de mon assiette. Et ma mère assise qui me sourit ses deux paumes retournées posées sur la table. Ses mains pleines de jus. Elle refuse de les essuyer dans sa serviette, elle ne veut pas la salir. Elle va se lever pour les rincer à l’eau de l’évier. Elle devrait se lever, se précipiter les mains en l’air pour que le jus ne coule pas par terre. Pourtant, je la vois qui se détache de sa chaise, lentement son corps se déplie et vacille, ses pieds touchent à peine le sol, elle se tourne sur elle-même, se dirige vers la fenêtre ouverte, franchit la fenêtre ouverte et je vois ma mère qui flotte dans les airs devant le tilleul du jardin. Lentement elle redescend sur terre, son corps se replie, il atterrit mollement dans la chaise longue devant le tilleul, il retrouve sa pesanteur. Et j’entends la voix de ma mère qui me demande : « C’était qui ? »
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Si un miracle surgit et que le peuple chrétien afflue, l’évêque examine d’abord s’il n’y a pas supercherie ou escroquerie et si tout est conforme à la foi et aux mœurs, si quelque chose est fautif ou blâmable. Si tout se présente bien, il autorise le culte, mais sans s’engager sur l’authenticité. S’il le juge utile, il nomme une commission ad hoc pour vérifier tout ce qui est vérifiable scientifiquement, mais aussi pour examiner si les fruits sont bons. Selon le critère du Christ, « on juge l’arbre à ses fruits, un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits et un mauvais arbre ne peut pas produire de bons fruits ».
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Honoré
la mémoire retrouvée
on ouvre le bal / Page 15