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Analyse des bilans 2021 Tout allait bien… ou presque

Avec le recul, l’année 2021 s’est un peu déroulée dans l’œil du cyclone, entre le Covid de 2020 et la guerre en Ukraine en 2022. L’économie belge s’y est redressée avec une vigueur insoupçonnée et les sociétés de transport ont globalement réussi à tirer les marrons du feu.

Pour la deuxième fois en quinze ans, nous avons vécu en 2021 une année de reprise économique après une année de contraction du PIB. Et finalement, l’économie belge aura connu une reprise en V qui aura bien profité aux transporteurs.

Premier constat : dès les quatre premiers mois de l’année, les kilométrages parcourus par les camions belges sur le réseau Viapass avaient retrouvé leur niveau pré-covid. La tendance s’est encore renforcée vers la fin de l’année. Par contre, les indices du prix de revient ont connu une hausse brusque (+ 5,3 % en transport national et jusqu’à + 8,2 % en transport international). Etonnamment, alors qu’il y avait plus de demande que d’offre, les transporteurs belges n’avaient pas réussi dans un premier temps à répercuter rapidement cette hausse des coûts dans leurs tarifs (si l’on en croit leurs réponses dans le cadre du Truck & Business Barometer). Le rattrapage ne s’est produit que durant les derniers mois de l’année, mais de manière nette.

Au bout du compte, on constate à la lecture des bilans que le chiffre d’affaires des transporteurs a fortement augmenté (+14,34 % en moyenne), mais que cette augmentation est surtout due aux grandes entreprises (+ 14,56 %) et très peu aux PME. Du côté de la valeur ajoutée (critère plus crédible, puisque publié par toutes les entreprises), la hausse est tout aussi nette et surtout mieux partagée par tous les types d’entreprises. Les petites entreprises, cependant, n’ont pas réussi à faire progresser leur valeur ajoutée au-delà de l’inflation (+ 3,2 % en 2021).

On note également une évolution inquiétante du côté des transporteurs wallons, dont la valeur ajoutée progresse moins fort que dans les deux autres régions du pays. Ceci confirme les chiffres de la Banque Nationale qui a calculé que l’économie wallonne n’a pas encore retrouvé son niveau pré-covid, au contraire de l’économie flamande.

Par rapport à l’année ‘covid’, le rebond du marché de l’emploi a été spectaculaire en 2021. Comme le confirment les chiffres de l'ONSS, c’est au deuxième trimestre, après la fin des principales mesures sanitaires, que les entreprises de transport ont recommencé à embaucher massivement, alors même que les pertes d’emploi avaient été plutôt limitées en 2020. Le nombre de postes de travail a donc progressé de 3,72 % du côté des ouvriers et de 5,63 % du côté des employés au deuxième trimestre, et cette augmentation s’est établie en fin d’année à, respectivement, 4,74 et 7,19 %. Les données bilantaires confirment par ailleurs le décalage de plus en plus prononcé entre le nombre de postes de travail et le nombre d’équivalents temps-plein. Celui-ci progresse, certes, mais dans une moindre mesure (+ 1,79 %), avec une tendance à l’embauche beaucoup plus forte dans les grandes entreprises (+ 2,24 %) que dans les entreprises moyennes (+ 0,92 %) et petites (-1,13 %). Il est cependant impossible de dire si ce décalage est dû à la volonté des employeurs ou des employés de recourir à des contrats à temps partiel.

Productivit

Avec une progression de 5,75 %, la productivité du personnel a atteint un niveau record, mais sa croissance a surtout été largement supérieure à l’inflation. D’une part, il faut y voir la conséquence des hausses de tarifs obtenues au deuxième semestre, mais la digitalisation de plus en plus poussée permet également de générer davantage de valeur ajoutée par personne employée. Notre graphique montre bien que l’impact positif de cette digitalisation, d’abord réservé aux grandes entreprises, a commencé à se faire sentir dans les entreprises moyennes à partir de 2013 et dans les petites entreprises quatre ans plus tard. Cela reste cependant insuffisant pour contrer les effets de l’inflation à long terme : depuis 2005, l’index ‘inflation’ est passé à 136,36 points alors que l’index ‘productivité’ est à 129,26 points. L’écart entre les deux indices a cependant tendance à se réduire, puisqu’il était en moyenne de 12 points entre 2021 et 2020.

VOTRE

Le record de 2016 n’est pas battu, mais 77,2 % des transporteurs belges ont dégagé un bénéfice en 2021. Autre bonne nouvelle : le bénéfice total des 3608 entreprises analysées est passé de 430 à 528 millions d’euros en un an. Dans cette somme, il faut cependant tenir compte des 355 millions d’euros reversés aux transporteurs au titre du diesel professionnel. Postulons donc que le bénéfice opérationnel des transporteurs belges est passé de 97 à 173 millions d’euros.

La rentabilité des entreprises qui publient leur chiffre d’affaires (et donc principalement des grandes) s’est établie à 2,86 % (+ 0,2 %). Voilà pour les chiffres bruts.

La meilleure nouvelle provient cependant des petites entreprises (où le pourcentage d’entreprises bénéficiaires atteint un record après cinq années de baisse) et de la région de Bruxelles. Les résultats s’y dégradaient aussi depuis cinq ans, mais l’opération ‘nettoyage’ organisée par le Tribunal francophone de l’Entreprise de Bruxelles porte ses fruits.

EBITDA LA TENDANCE 2021 : + 9,12 %

VOTRE TENDANCE 2021 :

Les bilans 2021 permettent de confirmer une tendance que l’on voyait poindre l’année précédente : la rentabilité opérationnelle progresse plus vite dans les grandes entreprises (+ 12,14 %) que dans les entreprises moyennes (+2,24 %). Les petites entreprises stagnent à + 1,7 % et peinent à retrouver leur niveau de 2014, alors que les grandes entreprises ont fait progresser cet indice de 77 % et les entreprises moyennes de 35 %. Nous parlons bien entendu de chiffres absolus qu’il faut mettre en perspective avec l’inflation. Et à nouveau, les résultats des entreprises bruxelloise se redressent de manière spectaculaire.

M Thodologie

Analyse de 3613 bilans (code Nacebel 49410 et commission paritaire 140), répartis comme suit :

• 1924 petites entreprises (C - chiffre d’affaires < 750.000 EUR),

• 1116 entreprises moyennes (B : C.A. < 3 millions EUR),

• 573 grandes entreprises (A : C.A. > 3 millions EUR)

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