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TRUCK
VOLVO TRUCKS
UN NOUVEL ÉCOSYSTÈME ÉLECTRIQUE
Au terme d’une année 2021 satisfaisante, Volvo Trucks Belgium va vivre en 2022 une première année de commercialisation de sa gamme électrique complète. En coulisses, c’est cependant une tout autre organisation qui se met en place pour accélérer la transition énergétique.
Claude Yvens - claude.yvens@transportmedia.be
Beaucoup d’intérêt, mais une seule vente en 2021. Volvo Trucks ne fait pas exception à la règle en Belgique : il ne suffit pas de mettre sur le marché une gamme étendue de camions électriques pour en vendre. « Si rien ne se passe, la Belgique risque de rater la vague d’électrification », avertit Peter Himpe (Vice President chez Volvo Trucks Belux). Il vise évidemment le manque de mesures fortes prises en Belgique (et dans les régions) pour soutenir l’achat de camions électriques : « Il n’y a pas de subsides, et quand on se compare à la Suisse, la Norvège ou les Pays-Bas, nous sommes beaucoup moins avancés dans la transition énergétique qu’eux. Il nous reste deux ou trois ans au maximum pour rectifier le tir. » Dans ces conditions, les seules flottes qui montrent un intérêt réel pour les camions électriques sont les flottes publiques (rappelons qu’une directive déjà ancienne oblige les autorités publiques à acheter des véhicules plus respectueux de l’environnement mais qu’elle n’a jamais vraiment été appliquée, NDLR) et quelques pionniers privés. Mais ce ne sera pas suffisant pour générer les volumes de vente qui seront nécessaires pour aider la Belgique à atteindre ses objectifs de réduction des émissions de CO2. Selon Hugo Seghers (fraîchement nommé au poste d’Electromobility Manager chez Volvo Trucks Belgium), sans soutien fort de la part des autorités, seul 1 camion Volvo vendu sur 10 sera électrique en 2025.
LA GAMME ÉLECTRIQUE S’ENRICHIT ENCORE
Tout cela n’empêche pas Volvo Trucks de poursuivre ses efforts en faveur de l’électrification en attendant la mise sur le marché de sa future gamme à hydrogène. Au niveau de l’entreprise, Volvo Group a créé une business unit appelée Volvo Energy pour gérer les flux de batteries tout au long de leur cycle de vie (y compris en offrant une deuxième vie aux batteries usagées). La co-entreprise Cellcentric (avec Daimler Truck) a débuté ses activités dans le domaine de la conception et la fabrication de piles à combustibles A un niveau plus proche de l’utilisateur final, la gamme de camions électriques FM et FH va entrer en production au quatrième trimestre 2022 et va rapidement s’enrichir : il y aura d’abord des tracteurs 4x2, 6x2 et 6x4 au 4e trimestre 2022, suivis des porteurs 6x2, 6x4 et 8x4 au 2e trimestre 2023 et une offre de cabines élargie en tracteurs 4x2 au 3e trimestre 2023. Du côté des porteurs de moyen tonnage, le FE Electric est désormais aussi produit en 4x2 depuis le début de l’année. En parallèle, l’ensemble de la gamme électrique recevra de nouveaux types de batteries qui devraient voir leur capacité augmenter dans la même mesure que ce qui avait été réalisé entre la 1ère génération (50 kWh) et la deuxième génération de 2020 (66 kWh). On peut donc s’attendre à des packs de batterie de plus de 85 kWh. D’ici là, Volvo Trucks annonce aussi qu’il sera possible de disposer les packs de batteries de manière plus flexible, de manière à faciliter la création de versions spéciales qui requièrent l’installations d’équipements particuliers. La bonne nouvelle pour la Belgique, c’est que la gamme Electric sera aussi fabriquée à Gand. Dans un premier temps, l’usine Volvo Europa Truck ne devait se charger que des packs de batteries qui sont transportés en Suède pour l’assemblage final. Il a donc été décidé de lancer la production de camions électriques à Gand dès la fin de l’année 2023.
La gamme FM/FH électrique sera progressivement déployée à partir du 4e trimestre 2022.
VENTE DIRECTE ET CONTRATS D’AGENCE
Voilà pour l’aspect technologique et industriel de la chose. La transition énergétique va cependant avoir u impact bien plus profond que cela sur l’ensemble de la chaîne de valeur. A commencer par la manière dont Volvo Trucks entend vendre et faire entretenir ses camions à l’avenir. « L’ensemble de la chaîne entre le constructeur, l’importateur, le concessionnaire et le client est trop lourde », explique à ce sujet Peter Himpe. Sous-entendu : pour maintenir la marge bénéficiaire du constructeur, il faut alléger les maillons intermédiaires », explique Peter Himpe. Celui-ci précise cependant dans la foulée que le concessionnaire restera un pont de contact important pour la clientèle et qu’il conservera la notion de zone d’établissement. Dans le domaine de l’après-vente, chaque concessionnaire restera donc relativement protégé de la concurrence au sein de sa marque. Ce qui changera (fondamentalement tout de même), c’est que les ventes physiques (véhicules et pièces) resteront du domaine des concessionnaires mais que la partie ‘services’ sera scindée : les offres, la facturation et le suivi du client seront pris en charge par l’importateur, tandis que la vente elle-même sera toujours effectuée par les concessionnaires, dans le cadre d’un contrat d’agence (et donc avec une commission par contrat)… sauf dans le cas de vente directe en ligne. Cette évolution n’est évidemment pas étrangère au poids qu’ont pris les data générées par les véhicules dans les nouveaux plans d’entretien préventif, par exemple. Elle découle aussi de la somme d’efforts qui devront être déployés pour vendre des camions électriques, puisqu’il faut aujourd’hui un véritable service de consultance pour accompagner les premiers clients en matière de TCO, de gestion de l’énergie, de l’infrastructure de recharge et même des profils opérationnels des véhicules. Dans ce contexte, la nomination d’un Electromobility Manager prend tout son sens, mais il reste encore quelques étapes à franchir pour proposer aux clients ‘électriques’ un véritable service one-stop-shopping qui doit comprendre la fourniture d’une infrastructure de recharge appropriée.
Hugo Seghers, au titre d’Electromobility Manager, est en première ligne pour accompagner les clients vers la propulsion électrique.
D’ici 2024, tous les garages Volvo devront disposer de leurs propres bornes de recharge.
UNE RENTABILITÉ QUI DÉPEND MOINS DES VENTES
Lors des trois premiers trimestres 2021, Volvo Group a vu son chiffre d’affaires chuter de 7 % par rapport à la même période de 2019 (2020 ne peut guère servir d’année de référence), mais sa marge opérationnelle est restée stable à 11 %. Ce résultat est entre autres dû à la part plus importante que prend aujourd’hui la vente de services. « Aujourd’hui, les services représentent 26 % de notre chiffre d’affaires, et nous sommes bien partis pour atteindre notre objectif de 50 % en 2030 », commente Peter Himpe.