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Interview • Gilles d’Huiteau, P.-D.G. de C2A
Gilles d’Huiteau
Président-directeur général de C2A
eMAG Transport: La carte multiservice C2A a évolué, que proposez-vous de nouveau?
Gilles d’Huiteau: La base de notre carte reste le paiement du carburant. Nous avons ajouté deux autres services, avec la réservation et le paiement de ferry (1 200 destinations en Europe, 100 compagnies de ferries) et de l’Eurotunnel. Nous avons aussi développé un partenariat avec Trucks’nB pour accéder aux parkings sécurisés en France. Nous avons fait évoluer le support de la carte en septembre 2022, profitant du changement de chef de file. En soi, le fonctionnement de la carte n’a pas changé, elle reste une carte de débit professionnelle, nous faisons uniquement du B to B. Le client peut toujours choisir les produits et les services qu’il souhaite utiliser. Nous avons également élargi notre offre en Europe. Après l’Espagne, la Belgique, le Luxembourg, l’Autriche et la Slovénie, nous avons démarré un réseau en Italie. D’ici fin 2022, nous aurons 300 stations italiennes connectées à notre carte de paiement. L’objectif est de 500 à 600 stations l’année prochaine. En 2023, nous pensons avoir 3 000 stations pétrolières connectées à notre carte, ce qui fera bénéficier nos clients d’une facture leur permettant de récupérer facilement la TVA et les différentes TICPE.
eMT: Le principe de carte à puces reste l’atout majeur?
G. d’H. : La carte apporte dans un premier temps une véritable sécurité. Il s’agit d’une carte à puces et non d’une carte à bande magnétique, beaucoup plus vulnérable. Le nombre de litiges chez les transporteurs et les flottes à cause de cartes copiées avec des cartes à bande magnétique est vertigineux. Avec la puce, nous avons une sécurité de pratiquement 100 %, car, malheureusement, les voleurs ont encore de l’imagination. Contrairement aux paiements par Internet ou par téléphone, le fait d’avoir une carte physique dans la main rassure l’utilisateur, ça se matérialise. Elle est à l’image du monde du transport. Tout est en temps réel, toutes les transactions réalisées par le conducteur sont tracées. Certaines petites entreprises font des virements sur la carte juste avant que leur salarié ne fasse un plein de gasoil. En B to B, les choses évoluent plus lentement, tout d’abord parce que toutes les personnes ne sont pas équipées de téléphone professionnel, et ensuite parce que les mentalités évoluent différemment chez les transporteurs routiers. C’est un problème de culture, dans un monde qui reste encore traditionnel. Mais les choses changent. Aujourd’hui, les conducteurs utilisent de plus en plus de TLS et ont un tableau de bord digne de celui d’un pilote d’avion. Le chef d’entreprise préfère une carte de paiement à des remboursements au conducteur qui peuvent être source de litige. Le plus grand frein à l’expansion de la carte C2A, c’est l’habitude. C’est compliqué de changer les habitudes des gens.
eMT: C’est aussi une facilité pour la gestion comptable de l’entreprise de transport?
G. d’H. : Tout à fait. Nous proposons un logiciel, Inpensa, qui reporte toutes les transactions C2A quand elles sont compensées. À partir de ce moment-là, le service comptable de l’entreprise peut enregistrer toutes ces opérations. Les notes de frais sont classées selon des catégories (réparations, amendes, etc.), ce qui unifie tous ces frais, c est le paiement par carte. C’est un outil qui centralise tous les règlements. À partir de là, on peut s’apercevoir facilement d’éventuelles dérives de la part de certains conducteurs.
eMT: Vous dites que le principe de la carte C2A est en phase avec les mesures du Paquet mobilité qui est entré en vigueur en Europe?
G. d’H. : Nous essayons de suivre l’évolution réglementaire au niveau européen dans le monde du transport routier. La carte C2A est un bon moyen pour, par exemple, mettre à l’abri le conducteur et le chargement de tout problème,
dans la mesure où nous proposons des parkings sécurisés. Nous nous apercevons aussi que le marché de l’occasion est en nette augmentation. On peut déjà imaginer les produits qui peuvent être adaptés et être payés par la carte C2A sur le marché VO. Nous sommes à l’affût de toutes les opportunités dans la profession, comme des partenariats avec Trucks’nB. Nous devons concevoir un produit qui peut être payé à distance, ce qui implique que notre fournisseur s’adapte à ce système de paiement.
eMT: Quel est le profil d’entreprise de transport?
G. d’H. : Notre client type possède entre 1 et 50 camions, même si nous avons parmi nos clients quelques grandes entreprises. Elles choisissent notre carte pour l’absence de garanties requises, pour les prix attractifs de nos partenaires et pour une question d’assurance, car nous avons une assurance chauffeur incluse dans la carte C2A. Normalement, elle coûte entre 150 et 200 € par an. Avec la carte C2A à 18 €, vous bénéficiez d’une assurance qui permettra, pour un client français, en cas de problème de santé du conducteur hors de France de le rapatrier. Il est possible aussi d’envoyer un chauffeur en remplacement. Vu la pénurie de routiers en Europe, nous essayons de donner des instruments de fidélisation aux transporteurs.
eMT: Avec la carte C2A, vous suivez pratiquement le conducteur dans son travail au quotidien avec plusieurs services, lesquels?
G. d’H. : Nous proposons depuis 6 mois des parkings sécurisés via le partenariat que nous avons passé avec Trucks’nB. Le conducteur peut acheter en ligne une place de parking, il est garanti de l’avoir au moment où il arrivera. Cette évolution va se poursuivre. On ne va pas continuer à avoir des chauffeurs qui s’arrêtent dans des parkings qui ne sont pas surveillés et où il n’y a pas un minimum de services comme des douches et des toilettes propres. Il faut que le transporteur se rende compte que la nouvelle génération de conducteurs a changé et accepte beaucoup moins de choses que les générations précédentes. Nous proposons aussi la réservation de ferries en amont de la traversée. Nous avons la ligne transmanche Calais-Douvres, la ligne Allemagne-Suède et Italie-Espagne. Il s’agit principalement de toutes les lignes qu’utilisent aujourd’hui les conducteurs routiers en Europe. Le client va sur notre site web et choisit sa destination. Il a alors le prix en temps réel, et pour certaines lignes, le paiement vaut réservation. Sur d’autres, il doit attendre la confirmation.
eMT: L’évolution des services va porter sur quoi?
G. d’H. : Les idées ne manquent pas, il faut ensuite les mettre en place. Nous travaillons actuellement sur l’Italie. Nous mettons en place le paiement avec la carte C2A dans plusieurs dizaines de stations. Le paiement permettra aux clients de C2A de récupérer la TICPE italienne (carbon tax). Le prix du gasoil à la pompe vaut actuellement en Italie 1,85 €, la carbon tax est intégrée dans ce prix jusqu’au 31 décembre 2022. Normalement, avant cette évolution, il fallait avoir une facture pour la récupérer. Avec la carte C2A, nous leur donnons la possibilité d’obtenir une facture qui leur permettra de récupérer le prix de cette taxe qui avoisine les 25 centimes par litre. Ce sera possible à partir du 1er janvier 2023, si le gouvernement italien ne change pas d’avis d’ici là. Nous projetons aussi de lancer une assurance pour les camions d’occasion qui, contrairement aux camions neufs ou en leasing, ne possèdent pas d’emblée une assurance. Cette offre concernera les entreprises de transport qui n’ont pas les moyens de s’acheter des véhicules neufs. Ils pourront bénéficier jusqu’à 9 000 € d’indemnités en cas de pannes ou d’avaries. La carte de paiement de demain sera une carte multiservice. La carte de paiement en tant que telle n’aura plus d’intérêt d’ici quelque temps. Si vous l’attribuez à des services qui vont permettre une facturation, elle sera utile. Avec une carte de paiement aujourd’hui, vous avez des limites de garanties et de plafonds. J’ai des clients qui me disent : je peux travailler trois semaines, et la quatrième, je ne peux plus rouler car j’ai atteint mon plafond. L’avantage de la carte C2A, c’est qu’elle est sans contrainte, sans caution ni garantie financière, et allie sur un même support les avantages d’une carte carburant et d’une carte bancaire. C’est ce qui va faire la différence entre une carte pétrolière et une carte multiservice, avec toujours le support carte. Dans le futur, je ne dis pas que nous ne passerons pas au paiement par téléphone, mais d’ores et déjà, le client peut loger la carte C2A dans un téléphone
Propos recueillis par Hervé Rébillon
rebillon@trm24.fr
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