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Iran, Russie, Arabie Saoudite... Qu’en est-il d’Israël ?

Une question essentielle à la suite du rapprochement de l’Arabie saoudite avec l’Iran des mollahs, une initiative saoudienne parrainée par la Chine.

Par Aviv Vanwetter

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UN TREMBLEMENT

DIPLOMATIQUE ?

A première vue, les conséquences concerne les intérêts stratégiques israéliens au premier chef. Mais l’écho tectonique de ce nouveau paradigme diplomatique risque de secouer pour un temps bien audelà des frontières de l’état hébreu. Des chancelleries occidentales à celles du monde arabo-musulman, l’effet domino est tel que qu’il a suffi seulement quelques semaines aux pays du Golfe pour que des institutions qui semblaient remisées dans les placards ont été ranimées en hâte. C’est ainsi que le 19 mai dernier, la Ligue arabe est ressuscitée sous la houlette de Riyad et du Prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman et des autres pétromonarchies pour (re)normaliser ses relations avec l’ennemi syrien. Subordonné au régime iranien, Bachar El Assad est ressorti de son bunker résidentiel de Damas pour renouer le pouvoir alaouite (note : minorité musulmane de confession chiite, proche et différente du chiisme iranien) avec les Émirats arabes unis, musulmans sunnites et les 21 autres membres de la Ligue arabe. Un contre-pied diplomatique pour l’occident, l’ONU, les ONG, Amnesty internationale et moult procureurs internationaux qui l’accusent de crimes contre l’humanité depuis 2011.

Avec le retour de Bachar El Assad, « l’infréquentable désormais fréquenté » (dixit le chercheur David Rigoulet-Roze), l’Iran et la Russie consolide leur présence régionale dans le littoral sémitique que les États-Unis avaient largement abandonné depuis la présidence de Barack Obama. Désormais, le front nord d’Israël est le « hot spot n°1 » de son dispositif sécuritaire avec le Hezbollah et ses conseillers iraniens. Mais pas seulement. Car ce rapprochement contre-nature dans le monde arabo-musulman, entre chiites et sunnites résonnent aussi à l’est (Jordanie et Golan syrien) et à l’ouest avec la bande de Gaza et les proxys pro-iraniens du Djihad Islamique. Pas en reste, le Hamas au pouvoir à Gaza encourage ses relais pour déstabiliser le front intérieur d’Israël et l’Autorité palestinienne, son ennemi irréductible et malade, de Jénine à Naplouse. Ce qui apparait comme un jeu de go chinois qui consiste à entourer plus de territoires que son adversaire, qu’en est-il d’Israël ? Et quels atouts géopolitiques restent-ils aux israéliens ?

DEUX QUESTIONS QUI SUSCITENT TROIS RÉPONSES.

- La première est biblique : « non, jamais il ne dort, jamais il ne sommeille, celui qui protège Israël » (Psaume 121). Les frontières syriennes et libanaises sont au cœur du dispositif de défense de Tsahal, l’armée d’Israël. Le Hezbollah est l’adversaire direct de l’état hébreu et le plus dangereux. Outre le parrain et fournisseur iranien, il est étroitement surveillé par l’ensemble des services de sécurité israéliens et tous les scénarios d’hier à aujourd’hui sont l’objet d’actualisation permanente. Comme ils le sont autour et au centre du pays.

- La seconde réponse tient à ce que Bismarck appelait la « realpolitik ». Depuis les Accords d’Abraham –et officieusement bien avant – les israéliens entretiennent des relations sécuritaires importantes avec les régimes arabo-musulmans sunnites (Maroc, Turquie, Égypte, Qatar, EAU, Bahreïn ou…Arabie Saoudite). Et le rapprochement entre Riyad et Téhéran est pour grande partie le fruit du désengagement régional américain, mais le chiisme entre l’Iran et ses voisins arabes demeure et seule l’opportunité crée une parenthèse entre les velléités hégémoniques de l’un et des autres. La carte à jouer pour l’état d’Israël est sa puissance militaire et sa certitude d’être le seul à déterminer sa réelle stratégie au bout du compte. Avec ou sans « ses alliés occidentaux ».

- Enfin, l’attitude responsable d’Israël qui a su ménager un rôle géopolitique des plus discrets alors que des conflits en Europe en cours et ceux qui menacent d’embraser le Pacifique entre la Chine et les USA n’offrent que peu d’opportunités d’alliances diplomatiques et stratégiques. De l’Europe à l’Asie, Israël a disposé des couloirs de renseignements utiles à sa sécurité et des dispositifs d’échanges commerciaux civils et militaires avec des pays dont certains sont en lien étroit avec l’Iran, l’ennemi n°1 d’Israël (Chine, Vietnam, Russie, Ukraine, Pologne, Hongrie et Azerbaïdjan, Qatar ou Émirats arabes unis, etc.).

Et si des changements inopinés devaient intervenir, l’expertise éprouvée des guerres d’Israël –souvent douloureuse aussi pour le pays – et la résilience singulière des israéliens sont autant de paramètres connus de ses amis comme de ses ennemis.

Si vis pacem, para bellum (« si tu veux la paix, prépare la guerre »)

L’historien romain Tite-Live (1er siècle av. J-C) disait que dans la perspective d’une guerre, nécessité et justice se confondent « la guerre est juste pour qui elle est nécessaire et les armes sont saintes pour qui n’a plus d’espoir qu’en elles ».

Très vieil observateur de l’histoire du monde, Israël regarde tous les types de rapprochements géopolitiques, même consanguins, en acteur discret et vigilant de la scène internationale.

Journaliste Tandem TV

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