Réalités Familiales n°100/101 : Soutien à la parentalité : avec et pour les parents

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Réalités REVUE DE L’UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS FAMILIALES ISSN : 0220 9926 - Prix : 10 e N° 100-101 - 2012 « Soutien à la parentalité : avec et pour les parents »

SOMMAIRE Réalités

I I ÉTAT DES LIEUX

• Parentalité en milieu rural, par Eliane Denécheau, Chargée de mission Pôle Enfance-Jeunesse-Famille CCMSA 16

RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 1

• Histoire des politiques de soutien à la parentalité développées par l’État, par Florence Lianos, Sous-directrice de l’enfance et de la famille, Direction générale de la cohésion sociale, Ministère des affaires sociales et de la santé 8

• Les dispositifs de soutien à la parentalité 18

• Les Réseaux d’écoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents au cœur du soutien à la parentalité, par Sophie Maggiani, Chargée de mission à l’UNAF 20

ANALYSES

•Approche sociologique : Entre contrôle et sanction, par Gérard Neyrand, Sociologue, Professeur à l’Université Paul Sabatier Toulouse 34

PAROLES DE PROS : COMMENT ACCOMPAGNER LES PARENTS EN SITUATION PARTICULIÈRE ?

•Approche Philosophique : « Pourquoi l'autorité ? » par Bernard Benattar, Philosophe et Psychosociologue 32

l INTRODUCTION « Mobilisation : pour la petite enfance et la parentalité » par Dominique Bertinotti, Ministre déléguée en charge de la Famille 5 Les chiffres clefs 6

•Approche psycho-éducative : « Éducation et école : Quelle place pour les parents ? » par M.Ferjani Ridha - Psychologue-clinicien 46

l AVANT-PROPOS « Le mouvement familial engagé pour soutenir les parents » de François Edouard, Vice président de l’UNAF 4

•Approche stratégique : « Aider les parents à être parents » Comparatif international par le Conseil d’Analyses Stratégiques 52

APPROCHES D’EXPERTS

•Comment parler aux enfants pour qu’ils écoutent et écouter pour qu’ils vous parlent par Sophie Benkemoun 56

l ÉDITORIAL « Les familles au cœur du soutien à la parentalité » par François Fondard, Président de l’UNAF 3

•Approche politique publique : Soutenir la Parentalité : analyses croisées par Paul Durning, Professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris Ouest Nanterre la Défense, ancien directeur de l’ONED 36

•Approche psychologique : « La difficulté d’être parent aujourd’hui : quels enjeux ? » par Daniel Coum, Psychologue clinicien et directeur de « Parentel » 40

•Comment créer un partenariat entre parents et école ? par Armelle Nouis, Proviseure de lycée 58

•Être parents à l’ère du numérique par Olivier Andrieu-Gérard, Coordonnateur du pôle médias à l’UNAF 64 REVUE DE L’UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS FAMILIALES RÉALITÉS FAMILIALES Magazine édité par L’Union Nationale des Associations Familiales 28, place Saint-Georges 75009 www.unaf.frPARIS : Président et directeur de la publication : François Fondard Directrice générale : Guillemette Leneveu RÉDACTION : Rédaction en

chef : Laure Mondet Secrétariat de rédaction : Cécile Chappe Ont participé à la rédaction de ce numéro : Olivier PascaleHélèneSophieBouvelle,Maggianni,Melin.Monteville Merci à : Michelle Guichard, Patricia CélineJean-PhilippeYvonDorineDavidServaneHumann,Martin,Pioli,Pinto,Serieyx,Vallat,Rondogardi(UDAF 53), Elisabeth Desgarnier (UDAF 61), Marie-Claude Touron. Retranscription du colloque : UBIQUS IMPRESSION - MISE EN PAGE : Hawaii Communication 78310 Coignières 01 30 05 31 51 CRÉDITS PHOTOS : X, Shutterstock « Soutien à la parentalité : avec et pour les parents »

• La place des CAF dans le soutien à la parentalité, par Véronique Delaunay Guivarc’h, Responsable adjointe du département Enfance et parentalité à la direction des politiques sociale et familiale de la Cnaf et Christiane Crépin, Conseillère technique à la Dser 13

DIRECTION

•Être parents d’adolescents 60

•Approche Juridique : Le droit de la famille, un sujet complexe et évolutif par Françoise Dekeuwer-Defossez, Professeur de droit privé 26

•Approche intergénérationnelle : Les grands-parents, au cœur de la famille par Eric Donfu, Sociologue 48

AUTRES REGARDS •Politique de soutien à la parentalité : comparatif européen extrait de la synthèse de l’examen par les pairs en matière de protection sociale et d’inclusion sociale intitulé « Élaborer une stratégie coordonnée pour venir en aide aux parents » 83

109 •

..............................................................................

91 ACTIONS

100 ACTIONS

88 •

111 •

•L’engagement

•Lutte contre l’illettrisme par Eric Nedelec, Coordonnateur National de l’ANCLI

94 •

I ANNEXES I INITIATIVES TERRAIN 2 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 SOMMAIRE Réalités REVUE DE L’UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS FAMILIALES RÉALITÉS FAMILIALES Magazine édité par L’Union Nationale des Associations Familiales 28, place Saint-Georges 75009 www.unaf.frPARIS DIFFUSION ET ABONNEMENT Abonnement annuel (3 numéros) : France : 22 euros Étranger : 25 euros Commande au numéro : Numéro simple : 6,50 euros Numéro double : 10 euros Numéro triple : 13 euros + 3,15 euros de frais de traitement CONTACT : Service Relations Extérieures Tél. : 01 49 95 36 00 courriel realites.familiales@unaf.fr: Respectueux (Programmeforestièreutilisantimprimécel’environnement,dedocumentestsurdupapierlacertificationPEFCeuropéen de certification forestière). La certification PEFC donne l’assurance que le papier que nous utilisons est issu de pâtes produites à partir de forêts gérées durablement. Reproduction interdite sauf autorisation de l’UNAF •Médias et accompagnement parental : Une éducation aux médias pour tous, tout au long de la vie par Élisabeth Baton-Hervé, Chargée de mission médias à l’UNAF 68 •Pour une conjugalité et une parentalité harmonieuses et équilibrées par Chantal et Antoine d’Audiffret 70 •Ruptures conjugales, comment accompagne-t-on les parents ? par Myriam Rogez-Morange Responsable du service médiation de l’UDAF 62 72

96 •

•Parents d’enfants multiples : des besoins spécifiques de la grossesse aux premières années par Elise Charlemaine, Psychologue 78

80

•Pourquoi les bébés jouent ? par Laurence Rameau, puéricultrice et directrice de la rédaction du journal des professionnels de la petite enfance Histoire de famille par Yvanne Chenouf, Spécialiste de la littérature jeunesse DU RESEAU UNAF-UDAF-URAF des UDAF dans le soutien à la parentalité : REAAP, Médiation, Parrainage de proximité, PIF, Maisons pour les famille Le pilotage des REAAP par les UDAF : les bénéfices d’une implication institutionnelle (Interviews croisées des UDAF 04, 05, 67 et 80) Exemples d’actions d’accompagnement et de soutien des parents menées par les UDAF, par typologie d’actions DES ASSOCIATIONS FAMILIALES AFP : "Familles je t'aime" CNAFC : Les chantiers-Education CSF : Portraits de familles Familles Rurales : Accompagner

les parents dans la proximité 113 •ACEPP : Les universités populaires de parents 115 •ANPEDA : Une association de parents 116 •Couples et familles : La thérapie familiale 117 •EFA : Le nécessaire soutien des familles adoptives 119 •Jumeaux et plus : Consultation pour les parents de "multiples" .......................................................................................... 121 •UNAFAM : le programme Prospect-Famille : Soutien des familles par des familles 122 •UNAPEI : Comment aider les parents déficients intellectuels 124 ACTIONS D'AUTRES ASSOCIATIONS •Allo parents bébé par l'association Enfance et Partage 127 •Bibliographie disponible au centre de documentation de l’UNAF 130 •En librairie : pour les professionnels et les parents 136

•La fonction parentale chez les parents endeuillés par Marcelle Daviot, Psychologue 74

110 •

•Le soutien aux pratiques d’action communautaire autonome auprès des familles au Québec : le projet Agora par Carl Lacharité 86

Les familles au cœur du soutien à la parentalité

• Elle est enfin un enjeu juridique qui ne doit pas faire oublier que les pères et les mères en sont les premiers acteurs. Accompagner et soutenir l’ensemble des familles Comme pour l’ensemble de la politique familiale, l’UNAF milite pour que la solidarité nationale et les actions parentales s’adressent aux familles dans une approche universelle et préventive. Les dispositifs d’aide à la parentalité ne relevant pas de la politique sociale, doivent en effet rester accessibles à tous les parents qui en expriment le besoin, et ne pas être réservés à certaines catégories d’entre eux. C’est également une condition indispensable pour que les parents, en grande difficulté, y accèdent sans se sentir stigmatisés.

• La parentalité est aussi un enjeu économique et de conciliation, à l’heure où les employeurs sont encouragés à mieux prendre en compte la notion de « parentalité en entreprise ».

Ecouter et s’adapter aux besoins des parents

Sur le plan juridique, la notion de parentalité et celle de coparentalité permettent d’établir les devoirs et droits exercés par les parents, au travers de l’exercice de l’autorité parentale, et permettent qu’un couple, même séparé, reste responsable de l’éducation de son enfant. Sur le plan sociologique, cette expression désigne de nouvelles formes de vie familiales dans lesquelles, notamment, des adultes, autres que les parents, s’occupent de l’enfant au quotidien. Mais c’est surtout avec le développement d’initiatives destinées à aider les parents, dans leur fonction d’éducation, que la parentalité s’est affirmée.

Apparue à la fin des années 90, elle répond à des définitions très diverses. Dans un contexte où les parcours familiaux viennent parfois brouiller la place traditionnellement accordée au père et à la mère, cette notion, synonyme de « fonction parentale », est ainsi souvent confondue avec la parenté relative au lien de filiation. Ces deux notions sont pourtant bien distinctes.

RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 3

Aux côtés des parents, le mouvement familial accompagne les familles en proposant des actions concrètes correspondant au contexte local et aux besoins identifiés. Grace à cette proximité et à des outils d’enquête, le réseau UNAF-UDAF-URAF fait remonter des problématiques prégnantes : autorité, communication, adolescence, addictions et conduites à risques… Et des questionnements plus émergents : périnatalité, écrans, médias, réseaux sociaux, orientation scolaire, absentéisme et phobie scolaire… Ces thématiques alimentent à leur tour les actions sur le terrain et font des associations familiales des acteurs innovants et réactifs aux interrogations quotidiennes des parents. Agir ensemble pour et avec les parents Avec cette force d’innovation et de mobilisation l’UNAF a soutenu la création et le déploiement de la politique publique de soutien à la parentalité dans l’objectif de formaliser et de développer des services à destination des parents : accompagnement dans leur fonction parentale (REAAP), maintien du lien (médiation), information (PIF et maisons pour les familles), solidarité interfamiliale (parrainage de proximité)… Autant d’activités portées par les UDAF, dans lesquelles les parents sont pleinement acteurs, et non usagers de services. Ce mouvement repose sur la participation active des parents et surtout sur la reconnaissance et la valorisation de leurs compétences. Cet état d’esprit doit être conservé. Si le mouvement familial est fortement investi dans le soutien à la parentalité, il n’est pas le seul : c’est tout un réseau d’acteurs locaux publics et associatifs qui est mobilisé. Leur valeur ajoutée provient de leur capacité à combiner le travail de professionnels, bénévoles, militants, et familles, en tant qu’acteurs. L’UNAF milite pour une coordination locale des actions avec tous les acteurs publics et associatifs, dont les UDAF, et la présence du représentant de l’Etat pour assurer à la fois l’égalité sur le territoire et la dimension préventive du dispositif.

L’expression « parentalité » est désormais omniprésente, et, dans le même temps, elle reste mal définie et donc, parfois, source de malentendus.

• La parentalité est à cet égard un enjeu social. Les pouvoirs publics ont un rôle majeur à exercer pour soutenir ces actions « venues du terrain », sans tomber dans le travers de transformer les parents « responsables » en « parents coupables » quand leur rôle est jugé défaillant en la matière.

François FONDARD Président de l’UNAF

ÉDITORIAL

Le mouvement familial engagé pour soutenir les parents

AVANT-PROPOS

Notre engagement pour le soutien à la parentalité au niveau national Déjà en 1998 lors de la Conférence de la Famille, nous étions aux cotés des pouvoirs publics pour déployer les réseaux d’écoute et d’accompagnement des parents (REAAP) qui sont, pour nous, le cœur du soutien la parentalité. Le dynamisme qu’a connu dès le début ces actions, n’est jamais retombé, car se réunir, se retrouver, échanger sur les difficultés mais aussi les joies, les satisfactions d’être parents est l’action de base de tout le mouvement familial. Le soutien à la parentalité s’inscrit dans une démarche gratifiante : il met en valeur les compétences et les ressources des parents.

La mission première du mouvement familial La solidarité interfamiliale est le cœur des actions des associations familiales. Fortement impliquées dans l’ensemble des dispositifs de soutien et d’accompagnement des parents, tant au niveau national que départemental, les unions d’associations familiales (UNAF, URAF et UDAF) sont depuis longtemps engagées notamment par le biais des REAAP, de la médiation familiale, du parrainage de proximité, ou des PIF. Ces actions reposent toutes sur la responsabilité des parents et sur l’engagement associatif.

L’UNAF milite pour clarifier le périmètre du soutien à la parentalité, recentrer ces dispositifs sur les besoins des parents dans leur globalité, valoriser la place des associations dans cette organisation et donner davantage de visibilité aux nombreuses actions diffuses. C’est dans cet objectif qu’elle y consacre ce numéro de réalités familiales.

Depuis, dans chaque instance (comité national, groupes techniques, comité restreint) et à chaque rencontre avec les pouvoirs publics (Ministère, IGAS, DGCS, CNAF), l’UNAF défend : la place des associations familiales et des UDAF dans le soutien à la parentalité ; la nécessité de répondre aux besoins des familles, toutes les familles ; un pilotage national et départemental des politiques publiques impliquant l’ensemble des acteurs. Dans cette même logique et pour faire entendre les besoins des familles l’UNAF s’engage aujourd’hui dans la concertation nationale sur la petite enfance et le soutien à la parentalité aux côtés de la Ministre de la Famille.

Engagé de longue date dans l’accompagnement des parents et dans les politiques publiques de soutien à la parentalité, le réseau UNAF-URAF-UDAF se mobilise pour promouvoir ce champ d’action, le valoriser auprès des pouvoirs publics et mieux le faire connaître des parents.

François EDOUARD Vice président de l’UNAF en charge du Droit de la Famille et de la protection de l’enfance

4 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

Les UDAF et les associations familiales y jouent un rôle prépondérant, à la fois comme opératrices et comme relais de l’expression des besoins des parents. Une mobilisation de notre réseau : les rencontres régionales de la parentalité En 2011, l’UNAF a organisé 4 rencontres décentralisées autour de la parentalité à Lille, Lyon, Marseille et Nantes. Ce « tour de France » a prouvé la richesse du mouvement familial à travers des initiatives à destination des parents et des familles. Ces rencontres ont montré l’immense diversité des actions de soutien à la parentalité et ont permis d’apprécier comment ces actions s’adaptent « sur mesure » aux besoins locaux des parents, de leurs préoccupations et de leurs interrogations.

INTRODUCTION

Le taux d’activité des femmes est l’un des plus forts d’Europe et le travail en horaires atypiques concerne près de 2 salariés sur 3 (travail de nuit, horaires décalés ou étalés, temps partiels etc) : il faut poser en de nouveaux termes la question de la conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle. Il faut repenser la lutte contre l’isolement des parents. Il faut adapter notre façon d’assurer la qualité du lien qui unit un enfant à ses parents. Il faut passer de l’injonction aux parents au dialogue avec les parents. Trois parents sur quatre souhaitent être davantage aidés dans l’exercice de leurs fonctions parentales.

Avec ses 70 mouvements familiaux, 7000 associations, 700 000 familles et ses milliers de bénévoles, l’UNAF y contribue chaque jour. C’est aussi le sens de la « Mobilisation pour la petite enfance et la parentalité » que j’ai lancée en novembre 2012. Mon objectif est de mettre en cohérence toutes les forces qui agissent au quotidien pour et avec les parents. Au niveau national, le gouvernement travaillera avec des partenaires essentiels comme l’UNAF, la CNAF, l’ADF et l’AMF. Au niveau local, tous les territoires seront mis en mouvement, de la région à la municipalité. J’écouterai aussi les associations, et évidemment les parents eux-mêmes. De novembre à janvier, à l’échelle de quatre régions, 400 parents échangeront afin de formuler « leur » diagnostic, « leurs » propositions. De partout en France, les parents pourront faire entendre leur voix, grâce à un site internet participatif : http://au-tour-des-parents.fr Il s’agit de miser sur l’intelligence des territoires, sur l’expertise des parents et l’expérience des acteurs locaux. Il s’agit de généraliser les bonnes pratiques, de donner toute leur grandeur aux petites choses qui changent la vie des parents. Votre travail constitue une ressource que je veillerai à intégrer à la réflexion commune dont une restitution sera présentée au début de l’année 2013. Elle préparera les décisions que le gouvernement prendra pour assurer plus efficacement les missions de service public aux enfants et aux parents.

Etre la ministre de toutes les familles, c’est placer tous les parents et tous les enfants au cœur de mes préoccupations. C’est mobiliser toute la collectivité nationale autour d’eux.

http://au-tour-des-parents.fr

RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 5

Comme le décrit ce numéro spécial, leurs vies ont changé. Leurs besoins et leurs attentes ont évolué. Il convient de leur apporter des nouvelles réponses.

Mobilisation pour la petite enfance et la parentalité

Je salue toutes les initiatives qui, comme le fait ce numéro spécial, cherchent à comprendre la réalité des besoins des parents, et à recenser les réponses qui les satisfont. Ces initiatives contribuent à relever le défi du soutien aux parents. Le relever, c’est enrayer le cycle des inégalités. C’est s’engager pour l’égalité des territoires, quand on sait qu’on n’offre pas à l’ensemble des parents les mêmes chances d’accès à des services d’accompagnement en fonction de leur lieu de résidence. C’est s’engager à aider les parents à être parents tout au long de l’éducation de leur enfant. Ce défi, c’est ensemble que nous le relèverons.

6 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 CHIFFRES-CLEFS Les chiffres clefs de la parentalité 14 457 187 enfants mineurs en France. 827 000 enfants nés en 2011. Plus de 12,6 millions de grands-parents dont plus de 2 millions sont également arrière-grandsparents. 20% de la population a le statut de grands-parents. (EHF 1999) 24 702 familles agréées en attente d'adopter un enfant (dont 6 073 agréés en 2010). Moins de 3000 enfants ont été adoptés en 2011 dont environ ¼ en France. (avec enfants mineurs). 14 millions de parents 55% des femmes accouchent après l’âge de 30 ans. 5% des femmes qui accouchent ont plus de 40 ans. (INSEE-2011) 13 243 femmes en France ont accouché de jumeaux, 197 de triplés et 7 de quadruplés, en 2009. 2,01 c’est le nombre moyen d’enfant par femme en France.(INSEE 2011) 2,52 c’est le nombre idéal d’enfants souhaités en France. (Eurobaromètre spécial 2006) Composition des familles avec enfants mineurs (INSEE-juin 2012) 38,2% ont 2 enfants 12,9% ont 3 enfants 45,2% ont 1 enfant 3,7 % ont 4 enfants et + 30,1ans c'est l’âge moyen des mères à la naissance des enfants. 33 ans pour les pères (Ined 2010) 76% des enfants vivent avec leur 2 parents. 6% avec un parent et un beau parent,16% en famille monoparentale, 2% ne vivent pas dans une famille. (INSEE 2006) 2 554 000 enfants vivent en famille monoparentale (17,9%). (Ined 2012) Les causes de la monoparentalité sont diverses : séparation 74 %, absence d’union (15%), veuvage (11%). (EHF 1999) 1 enfant sur 30 est orphelin entre 10 et 14 ans, et plus d’1 sur 20 est orphe lin entre 15 et 19 ans, il y aurait 500 000 orphelins de moins de 21 ans. (Ined 2003) 800 000 enfants vivent avec un parent et un beau-parent 400 000 enfants sont nés après la recom position familiale: ils résident donc avec leurs deux parents et un demi-frère ou une demi-sœur. 1,2 millions d’enfants vivent dans une famille recomposée. 24 000 à 40 000 enfants vivraient auprès d'un couple de même sexe (dite famille "homoparentale"). (Ined 2006) (INSEE - janvier 2012)

Si les associations familiales ont toutes pour origine la solidarité entre parents, les politiques publiques de soutien à la parentalité sont beaucoup plus récentes. Comment ont émergé ces politiques de soutien à la parentalité ? Comment se sont elles construites ? Quels dispositifs sont concernés ? L’UNAF présente son organisation, ses réflexions et ses actions sur le champ du soutien à la parentalité.

RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 LIEUXDESÉTAT7ÀSOUTIENLAPARENTALITÉ : ÉTAT DES LIEUX

Le soutien à la parentalité constitue un pan récent de la politique familiale portée par le ministère des affaires sociales, et plus particulièrement par ma direction, la « direction générale de la cohésion sociale », au niveau interministériel. Il s’agit d’une po litique de prévention et d’inves tissement social, qui s’est déve loppée en réponse aux besoins des parents d’être réassurés et accompagnées dans l’exercice de leur parentalité, mais également en réponse à des attentes sociales importantes à l’égard des parents. Elle a pris son essor à partir no tamment de la conférence de la famille de 1998, qui a proposé la mise en place des « réseaux d’écoute, d’appui et d’accompa gnement des parents » (REAAP), auxquels se sont ajoutés ensuite d’autres dispositifs d’appui à la parentalité. Ainsi, depuis la fin des années 90, le sujet n’a cessé d’être déve loppé et soutenu par la « direc tion générale de l’action sociale », devenue en janvier 2010 « direc tion générale de la cohésion sociale » (DGCS), et dont la di rectrice générale a également le titre de « déléguée interministé rielle à la famille ».

Cette question de la cible conti nue à faire débat régulièrement, non seulement du point de vue théorique de la pertinence qu’il y aurait à concentrer les interven tions et donc les crédits sur les fa milles les plus en difficulté, mais aussi du point de vue pratique de la difficulté à atteindre ces familles. Cette dernière préoc cupation est d’ailleurs partagée par la plupart de nos collègues européens. Un des éléments de ce débat, souvent mis en avant par les professionnels, réside éga lement dans la volonté de ne pas stigmatiser les familles les plus en difficulté, et donc de les amener à utiliser ces dispositifs par l’incita tion et le Commevolontariat.l’indique encore la Cour des comptes, le soutien à la parentalité se distingue des dispo sitifs de responsabilisation paren tale « qui ont pour objet d’inciter sinon d’obliger les parents à assu mer leurs responsabilités éduca tives ». Des dispositifs de ce type sont conçus et mis en œuvre par le Ministère de l’Intérieur comme des outils de la prévention de la délinquance (contrats de respon sabilité parentale – CRP – et les conseils des droits et devoirs des familles –CDDF).

LIEUXDESÉTAT8 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

HISTOIRE DES POLITIQUES DE SOUTIEN À LA PARENTALITÉ DÉVELOPPÉES PAR L’ÉTAT

1/ DÉFINITION DE LA POLITIQUE DE SOUTIEN À LA PARENTALITÉ PORTÉE PAR LE MINISTÈRE CHARGÉ DE LA FAMILLE, PRÉSENTATION DE SES DISPOSITIFS ET DE SES PRINCIPAUX ACTEURS

Ces politiques visant à soute nir les parents dans leur fonction parentale trouvent leur justifica tion dans la fragilisation conti nue de la cellule familiale liée aux évolutions sociologiques (un mariage sur 4 se termine par un divorce, 1 enfant sur 5 vit dans un foyer monoparental…) et à la crise économique et so ciale, qui impacte l’ensemble de la société et tend à limiter la capacité des parents à jouer plei nement leur rôle. Cette politique se caractérise par une multiplicité de disposi tifs, d’actions et de partenaires, notamment l’Etat dans toutes ses composantes, au niveau natio nal et local, la branche famille de la sécurité sociale, le secteur associatif… multiplicité qui jus tifie la recherche actuelle d’une meilleure cohérence, passant aujourd’hui encore par le main tien de l’implication de l’Etat au niveau tant national que local, en tant que pilote et coordonna teur. La nouvelle ministre délé guée chargée de la famille vient de mandater l’IGAS pour une mission d’évaluation de cette politique, dont les conclusions devraient être rendues à la fin de l’année 2012. LIANOS Sous-directrice de l’enfance et de la famille, Direction générale de la cohésion sociale, Ministère des affaires sociales et de la santé

1. Définition de la politique de soutien à la parentalité Selon la Cour des comptes dans son rapport public de 20091, le soutien à la parentalité vise à « appuyer et à soutenir des parents en difficulté durable ou passagère dans leur rôle au quotidien vis-àvis de leurs enfants ». Les politiques de soutien à la parentalité revêtent un caractère généraliste : elles s’adressent po tentiellement à toutes les familles quels que soient leur composition, leurs revenus, leur lieu et mode de vie... Même si dans les faits, elles touchent plus particulièrement et on ne peut que s’en féliciter les familles qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire celles qui sont en dif ficulté, notamment les familles habitant dans des zones défavori sées, les familles nombreuses, les familles monoparentales…

1Rapport public annuel de la Cour des comptes – Chapitre « Les dispositifs de soutien à la parentalité ».

Le contrat local d’accompagne ment à la scolarité (CLAS) créé en 2000 contribue à soutenir, en dehors du temps de l’école, envi ron 176 000 enfants et jeunes dans leur travail personnel sco laire, par des actions d’aide aux devoirs, des apports méthodolo giques, des activités culturelles et plus généralement une péda gogie du détour visant à leur redonner confiance. Ce soutien aux parents et aux familles pour le suivi de la scolarité de leur enfant constitue une des spécifi cités du dispositif. Le total des financements de ces actions d’accompagnement à la scolarité s’est élevé à plus de 54 millions d’euros en 2009-2010. Les actions mises en place par le secteur associatif se déroulent généralement hors des locaux scolaires et sont articulées depuis la rentrée scolaire 2007 avec le dispositif de l’accompagnement

2. Présentation des principaux dispositifs de la politique de soutien à la parentalité Les dispositifs de soutien à la parentalité sont variés et main tenant bien connus et reconnus sur le terrain. Il s’agit de dispo sitifs tendant soit à accroître la confiance des parents dans leurs compétences parentales, au tra vers des « réseaux d’écoute, d’ap pui et d’accompagnement des parents » (REAAP), soit à apaiser les conflits intrafamiliaux (média tion familiale et espaces de ren contre), soit à accompagner les enfants et leur famille dans le par cours scolaire (contrats locaux d’accompagnement à la scolari té), à informer les parents sur les dispositifs (points info familles, maisons des familles) ou encore à informer les couples, notamment autour des questions de sexualité et de vie familiale (conseil conju gal et familial). Les réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (REAAP), mis en place en mars 1999, ont pour objectif de donner confiance aux parents et de les ai der à assurer leur rôle parental. En 2009, 8 200 actions ont bénéficié à 539 000 parents. Ils sont finan cés majoritairement par l’Etat (programme LOLF 106, 5,5 M€ en 2010) et la branche famille (environ 15 M€), mais également par les collectivités territoriales. Il s’agit d’actions qui s’adressent à l’ensemble des parents, en situation de ques tionnement, de fragilité, de diffi culté, sur la base du volontariat, et prennent en compte la diver sité des structures familiales, des formes d’exercice de la fonction parentale et la reconnaissance des parents en tant qu’éduca teurs de leur enfant, dans une logique préventive et d’appui et sur la base d’une charte.

9ÉTAT DES LIEUX

éducatif développé par le minis tère de l’Education nationale. La circulaire interministérielle relative au CLAS pour l’année scolaire 2011-2012 met l’accent sur le soutien à la parentalité afin d’offrir aux familles un accompa gnement et des conseils dans le cadre du suivi de la scolarité de leur enfant et de les soutenir dans leur dialogue avec l’école. Pour ce qui est du rôle de la médiation familiale, c’est parce que notre société met au pre mier plan l’affirmation de la res ponsabilité durable des deux parents, quelle que soit l’histoire du couple, qu’il convient de pri vilégier, en cas de séparation ou de divorce et dès lors qu’il y a des enfants, la restauration du dialogue, la préservation de liens de qualité entre les parents et les enfants et un idéal de responsabi litéC’estcommune.l’objet de la médiation fa miliale, conçue comme un mode alternatif de gestion des conflits permettant d’aider les familles et particulièrement les enfants confrontés à des situations de ruptures intrafamiliales plus ou moins conflictuelles mais tou joursL’augmentationdouloureuses.du nombre de divorces et de séparations2 mais aussi l’exacerbation de certains conflits familiaux, ont conduit le Gouvernement, dans le prolon gement de la conférence de la famille de 2003, à accompagner le développement d’une offre de service de médiation familiale homogène, professionnelle, ac cessible à tous et au coût maitrisé grâce à l’encadrement de son financement.Cetteoffre de service s’est traduite en 2010 par 14 000 me sures de médiation familiale réa lisées pour 31 760 bénéficiaires par 269 services de médiation familiale, soit une augmentation de 10 % depuis 2007. En terme d’impact, 57 % des médiations aboutissent à un accord et 18 % ont permis une avancée signi ficative dans l’apaisement des conflits, cet impact n’est donc pas négligeable ! l’appui de professionnels du sec teur (médiateurs familiaux, tra vailleurs sociaux) pour renforcer, par le dialogue et l’échange, leur capacité à exercer pleinement leur responsabilité parentale.

Les REAAP constituent une modalité d’action innovante dans le domaine de l’action so ciale. Cette action est très mobi lisatrice pour les travailleurs sociaux qui accompagnent les familles, elle suscite une forte adhésion des acteurs locaux (as sociations comme institutions) et elle représente un modèle original à l’échelle européenne (démarche "bottom up", posture bienveillante, faible coût…).

La notion de réseau est essen tielle. D’une part, les parents sont mis en réseau les uns avec les autres pour trouver un appui entre pairs et sortir de leur iso lement. D’autre part, les acteurs locaux (associations, institutions, collectivités territoriales) sont également mis en réseau par l’ac tion d’un animateur départemen tal afin que les parents puissent être orientés vers d’autres actions et bénéficient pleinement de l’offre disponible.

Les parents se rencontrent dans différents lieux (centres sociaux, écoles, crèches, ludo thèques, salles municipales…) et autour d’activités (groupe de parole, conférence-débat, activité parents-enfants…), avec ou sans 2Deux millions d’enfants sont aujourd’hui concernés par la séparation de leurs parents dont un million ne voit pratiquement plus leur père ou leur mère.

LIEUXDESÉTAT10 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 annuel de l’État de 2,1 M€ sur le programme 106 « actions en faveur des familles vulnérables » et de 0,5 M€ sur le programme 147 « politique de la ville », répar tis entre 220 EICCF dans le cadre de conventions pluriannuelles. Les Points Info Famille (PIF), créés suite à la confé rence de la famille de 2003, sont des lieux d’information, de conseil et d’orien tation ayant pour objectif de favoriser l’accès des familles à l’information et de simplifier leurs démarches quotidiennes. Ils sont identifiables grâce à un logo commun, résultat d’une procé dure de labellisation prévue par la circulaire du 30 juillet 2004. Un site Internet national et des sites propres à chacun des PIF ont été créés, qui ont été partiellement refondus dans le site dédié à la parentalité créé en 2011 à l’issue des Etats généraux de l’enfance. A ce jour, 490 Points Info Famille offrent un service aux familles. Mais ces PIF ne bénéficient pas de financement spécifique, et une réflexion est en cours sur leur de venir, et notamment sur l’appro fondissement du travail en réseau et sur la communication. Le parrainage de proximité est défini comme la construc tion d’une relation affective pri vilégiée entre un enfant et un adulte ou une famille, mise en place à la demande des parents, dans l’intérêt de l’enfant (temps partagés entre l’enfant et le par rain, échanges et enrichissement mutuel). C’est une forme de solidarité inter-générationnelle instituée, permettant de tisser des liens affectifs et sociaux de type familial et mis en œuvre par des associations ou des services. Il s’inscrit dans une démarche de prévention et de soutien à la parentalité.Uncadre de référence (charte nationale de parrainage et guide de bonnes pratiques) a été éla boré et représente une garantie de qualité et de sécurité pour ce dispositif mis en œuvre par le secteur associatif (une quaran taine d’associations adhérentes à la charte). Le parrainage de proxi mité a également reçu le soutien de la secrétaire d’Etat à la famille entre enfants et parents sont interrompus, difficiles ou trop conflictuels.Lelégislateur a introduit en 2002 dans la loi n° 2002-305 du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale une disposition faisant référence au « maintien de la continuité des relations entre un enfant et son parent », mais c’est la loi n° 2007-293 du 5 mars 2007 réformant la protection de l’en fance qui a introduit la possibilité pour le juge aux affaires familiales d’organiser le droit de visite dans un espace de rencontre désigné à cetAujourd’hui,effet. les espaces de rencontre sont cofinancés par le ministère de la justice, les CAF sur leur dotation d’action sociale et des collectivités territoriales. Un décret prévoyant une procé dure d’agrément des espaces de rencontre auprès du préfet est en cours de signature. Le conseil conjugal et familial dépasse le cadre strict du soutien à la parentalité mais il participe également à cette politique. En effet, le conseil conjugal et fami lial aide les personnes, jeunes et adultes, à développer leurs capa cités personnelles et relation nelles. Il comprend des activités d’information, de prévention et d’éducation à la vie relationnelle, affective, sexuelle et familiale : entretiens individuels (entretien préalable à l’interruption volon taire de grossesse, information sur la contraception…) et anima tions auprès de groupes, en parti culier de groupes de jeunes (pré paration des jeunes à leur vie de couple et à la fonction parentale). Il peut aussi s’adresser aux per sonnes vulnérables (femmes vic times de violences conjugales…). Il s’exerce dans les centres de planification et d’éducation fami liale (CPEF) et les établissements d’information et de conseil conju gal et familial (EICCF), qui sont au nombre de 220, mais également parfois en milieu scolaire. Il est financé dans le cadre du protocole signé le 11 mars 2009 par les ministres du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville, et de la santé et des sports et la prési dente du mouvement français pour le planning familial. Ce pro tocole prévoit un financement Cet engagement, inscrit de puis 2006 dans un partenariat conclu entre le ministère chargé de la famille, le ministère de la justice, la caisse nationale des allocations familiales (CNAF) et la caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA) est for malisé par le protocole d’accord signé le 30 juin 2006. Il a été renouvelé fin 2009, au regard des résultats encourageants de l’évaluation menée, en termes d’utilité sociale, grâce à une aug mentation des moyens humains mobilisés (200 ETP financés en 2008 contre 128,6 ETP en 2006). Dans le cadre de ce protocole, le financement multi partenarial de la médiation familiale a été porté à 21,4 millions d’euros en 2010. La DGCS s’est engagée à y consacrer 2,4 M€ par an sur la période 2009/2012, le ministère de la justice 950 000€ par an et la branche famille 36 M€ pour les 4 ans d’exécution de la convention d’objectifs et de gestion qui la lie à l’Etat.Lessignataires du protocole ont notamment pour objectif de couvrir, à horizon 2012, 4,5 % des divorces et des conflits liés à l’au torité parentale. Les espaces de rencontre quant à eux sont des lieux d’accès au droit de visite où des enfants et leur père, mère, grands-parents ou toute personne titulaire d’un droit de visite viennent se ren contrer. Ce sont des lieux tiers et autonomes qui s’adressent à toute situation dans laquelle l’exercice d’un droit de visite ou les relations et les rencontres

11ÉTAT DES LIEUX et sociaux (UNIOPSS), et des associations dites « tête de ré seau », c’est-à-dire fédérant et coordonnant les initiatives et associations locales sur les diffé rents axes de cette politique de soutien à la parentalité, notam ment la médiation familiale, le conseil conjugal et familial, les REAAP…

3. Les acteurs de la politique de soutien à la parentalité Les partenaires de la DGCS sur le sujet sont nombreux.

• Au niveau national tout d’abord, des autres directions du minis tère des affaires sociales (direc tion générale de la santé et direction générale de l’organi sation des soins notamment), des autres ministères, au titre du caractère interministériel de la DGCS, rappelé en introduction, tels les ministères de l’éduca tion nationale, de la justice et de l’intérieur, de la caisse nationale des allocations familiales, par tenaire principal et principal financeur, du fait notamment de la diminution constante des cré dits du programme budgétaire de l’Etat consacré aux « familles vulnérables », mais aussi de la mutualité sociale agricole, des représentants des collectivités territoriales tels l’association des départements de France (ADF), l’association des maires de France (AMF), ainsi que des associations généralistes sur les sujets famille ou plus largement sociaux et médico-sociaux, telles l’Union nationale des associations familiales (UNAF), l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (UNCCAS), l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires qui a demandé, à l’issue des Etats généraux de l’enfance, ainsi que lors de la Première réunion du comité national de parentalité de novembre 2010, que ce dispositif soit développé et offert plus sys tématiquement aux enfants en si tuation de précarité. Ce dispositif ne bénéficie pas de financement spécifique au plan local. Les Lieux d’accueil enfants parents (LAEP) quant à eux sont des lieux d’accueil des enfants ac compagnés de leurs parents sous le regard de professionnels. Ils s’inspirent de la maison verte de Françoise DOLTO. Leur objectif est d’améliorer le lien d’attache ment parent/enfant, d’accompa gner précocement le parent dans sa fonction éducative, à travers l’écoute et l’échange. Les LAEP ont été reconnus dans la loi du 5 mars 2007 réfor mant la protection de l’enfance comme des lieux particulière ment pertinents dans le domaine de la prévention primaire. Les CAF sont les principaux financeurs des LAEP, avec près de 6M€ chaque année depuis 2009 et un soutien technique (aide au montage de projet) et à l’ani mation de réseau en lien avec le

• Au niveau local ensuite, des services déconcentrés du mi nistère, les directions départe mentales de la cohésion sociale, ainsi que des ministères évo qués ci-dessus, notamment les autres services déconcentrés de l’Etat dans les zones urbaines sensibles ou les zones rurales en difficulté, des caisses locales d’allocations familiales (CAF) du régime général et du régime agricole (MSA), des différents niveaux de collectivités locales, mais surtout les communes ou les intercommunalités, en fort développement, et les dépar tements, et enfin des diverses associations qui œuvrent sur le terrain, notamment les unions départementales des associa tions familiales (UDAF).

REAAP.Enfin, dernières nées, les « maisons pour les familles ». Dans le cadre des dix propositions de la politique nationale de soutien à la parentalité, présentées le 17 novembre 2011, le secrétariat d’État à la Famille a porté le pro jet de « Maison pour les familles ». Il s’agissait de mettre en valeur le concept de lieu unique, dans un territoire donné, avec pour mis sion de répondre à l’ensemble des besoins des familles en leur donnant une information sur les prestations familiales et sociales auxquelles elles peuvent pré tendre, ainsi qu’une information exhaustive sur l’offre de services

4. Les politiqueconsacréesressourcesàladesoutien à la parentalité Les ressources financières dont bénéficient les actions de soutien à la parentalité proviennent de sources diverses, qui sont diffi ciles à consolider. Le total s’éta blit à environ 120 M€ en 2010, dont 50 % financés par la branche famille de la sécurité sociale (caisse nationale des allocations familiales + mutualité sociale agri cole), 22 % par l’Etat (sur 4 pro grammes budgétaires différents) et 28 % par les collectivités ter ritoriales (régions, départements et communes). Au niveau de la direction générale de la cohésion sociale, il existe ainsi des crédits conservés au niveau national, no tamment pour financer les asso ciations têtes de réseau évoquées ci-dessus, mais aussi des crédits qui sont répartis entre les ser vices déconcentrés du ministère en fonction de leurs besoins. existants sur le territoire. Elle a également pour mission d’offrir des services destinés à accom pagner les familles par une offre de soutien à la parentalité, l’orga nisation d’un relais vers d’autres acteurs adaptés à une situation particulière, ou des réponses spé cifiques en direction des familles confrontées à des difficultés par ticulières (échec scolaire, nutri tion, addictions, enfants à besoins spécifiques, etc..). Un appel à candidature a été lancé en février 2012, sur la base d’un cahier des charges. 67 pro jets ont été retenus. Les struc tures lauréates sont générale ment des centres sociaux, UDAF, service municipaux, associations en secteur rural… La labellisation ne donnait pas droit à un finance ment spécifique.

L’organisation de la gouver nance des politiques de soutien à la parentalité est d’autant plus nécessaire que les dynamiques enclenchées dans les disposi tifs de soutien à la parentalité initiées par le ministère de la famille depuis plus de 10 ans ont connu depuis 2009 des modifications budgétaires et ad ministratives conséquentes. Par ailleurs, plusieurs ministères ont intégré plus récemment dans leurs politiques publiques des actions de soutien à la parentalité.Ainsi,la recherche de cohé rence et une meilleure coordi nation des actions de soutien à la parentalité constituent un enjeu de taille pour que des réponses adaptées et concer tées soient apportées aux parents qui en ont besoin, tout en les laissant acteurs de leur parentalité. ■ encore, il a pour mission d’ai der à la définition, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des politiques de soutien à la parentalité dans le cadre des dispositifs cités ci-dessus. Il a travaillé en 2011 et 2012 sur la définition de la parentalité, la réalisation d’états des lieux et les modalités d’évaluation des dispositifs. Un comité res treint est chargé quant à lui du suivi du programme de travail annuel, et des groupes tech niques ont également été mis en place.

En cohérence avec la réforme nationale du pilotage présentée ci-dessus, une coordination dé partementale unique des dispo sitifs de soutien à la parentalité est donc recherchée localement afin d’améliorer la cohérence des dispositifs, leur finance ment et d’assurer une meilleure lisibilité des actions menées envers les parents. Cette coor dination départementale vient de faire l’objet d’une circulaire interministérielle qui demande aux préfets de rapprocher les dispositifs et les acteurs locaux pour simplifier le pilotage local et donner plus de visibilité à la politique de soutien à la paren talité mise en œuvre par le mi nistère en charge de la famille.

2. l’amélioration de la coordination au niveau local La Cour des comptes a égale ment préconisé dans le rapport précité une réorganisation du pilotage local de cette poli tique. Elle a fait le constat d’un empilement des dispositifs et écrit : « Se pose dès lors la ques tion du pilotage, notamment lo cal, qui doit avant tout être uni formisé pour devenir commun à l’ensemble des démarches de prévention, pour que les décisions, y compris celles relatives à leur financement, soient prises au plus près des besoins des parents ». Dans ses conclusions et recommanda tions, la Cour note également : « Cette réorganisation du pilo tage local, qui devrait en tout état de cause fédérer l’en semble des dispositifs, en parti culier en fusionnant les comités spécifiques existants, doit s’ac compagner d’une évaluation de ces démarches ». Le maintien de l’implication de l’Etat dans les dispositifs de parentalité au niveau local paraît encore essentiel du fait que les dispositifs de soutien à la parentalité permettent de maintenir l’Etat dans une dé marche de prévention, essen tielle à la cohésion sociale et que la multiplicité des parte naires qui s’engagent dans ces dispositifs nécessite que l’Etat joue un rôle fédérateur.

1. Le renforcement du pilotage au niveau national Suite aux préconisations de plusieurs corps de contrôle ou d’instituts d’étude, l’année 2010 a été consacrée à une réforme du pilotage des dispo sitifs de soutien à la parentalité, au niveau national tout d’abord.

Lors des Etats Généraux de l’enfance, clôturés par Mme Nadine Morano le 16 juin 2010, il avait été décidé d’instaurer un « comité national de soutien à la parentalité » : le décret n° 2010-1308 du 2 novembre 2010 porte donc création de ce comité, instance de pilotage unique des dispositifs de sou tien à la parentalité définis par l’Etat et les organismes de la branche famille de la sécurité sociale, présidé par le ministre en charge de la famille, avec comme Vice président le prési dent de la CNAF, et composé des différents partenaires concer nés au niveau national cités ci-dessus : ministères, CNAF et MSA, ADF, AMF, UNAF, conseil supérieur du travail social, asso ciations et fédérations natio nales, soit 35 membres en tout. Lors de cette séance inaugurale, chacun s’est félicité de la créa tion d’une telle instance et a pu faire part de ses réalisations et de ses projets en matière de parentalité. Le comité a travaillé lors de la 1ère année en forma tions restreinte et technique sur les sujets évoqués ci-dessous, et s’est réuni une nouvelle fois le 10 novembre 2011, un peu plus d’un an après sa création, sous la présidence de la ministre en charge de la famille, pour faire un bilan de cette 1ère année, adopter des avis par consensus et dresser des perspectives. Ce comité a donc pour ob jectif de rendre plus efficace le pilotage des dispositifs de sou tien à la parentalité et d’assu rer une meilleure coordination des actions menées en faveur des parents. Plus précisément MODALITÉS DE COORDINATION DES DISPOSITIFS

LIEUXDESÉTAT12 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

2/ LES

13ÉTAT DES LIEUX

• renforcer le lien entre les familles et l’école et offrir les ressources dont l’enfant a besoin pour développer ses compétences dans le cadre des contrats locaux d’accom pagnement à la scolarité (Clas). Les Caf

• le soutien et la structuration des Reaap avec la création, en 2009, du fonds national Reaap;

• le développement de l’offre de Laep et l’amélioration de l’infor mation des parents, avec la mise en ligne de ces structures sur le site « mon-enfant.fr » ;

LA PLACE DES CAF DANS LE SOUTIEN À LA PARENTALITÉ

La politique de soutien à la parentalité est structurée, dans la Convention d’objectifs et de ges tion (Cog) liant l’Etat à la branche Famille1 pour la période 20092012, autour de la deuxième des quatre missions qui lui sont assignées : « soutenir la fonction parentale et faciliter les relations enfants-parents »1 L’action des Caf dans ce do maine répond aux objectifs de la convention internationale des droits de l’enfant qui consacre l’enfant comme détenteur de droits mais rappelle également que la responsabilité de l’élever incombe, en premier lieu, aux parents 2. Elle s’inscrit également dans la philosophie et dans les objectifs fixés par le Conseil de l’Europe dans le cadre de la re commandation n° (2006)19 du 13 décembre 2006 relative aux politiques visant à soutenir une parentalité positive. Précisant que la parentalité positive se réfère à « un comportement parental fondé sur l’intérêt supérieur de l’enfant et basé sur une approche positive du potentiel des parents » et qu’il importe de « respecter pleinement l’autonomie de la sphère privée et de la société civile », cette recommandation incite les Etats membres à développer des politiques d’appui à la parentalité.

la+39,8%augmentationsuroffrestructurationactivementcontribuentàladecetteens’appuyantdescréditsendeparrapportàCogprécédente Ainsi, les financements accor dés par la branche Famille à cette politique s’élevaient à 52,2 M€ en 2008 alors que le prévision nel des dépenses 2012 s’élève à 74,4 M€. Ces crédits ont favorisé :

Proposer une offre diversifiée de soutien à la parentalité Face aux évolutions des condi tions d’exercice de la fonction parentale, la branche Famille propose une offre de soutien à la parentalité diversifiée qui couvre un large éventail des besoins des parents.L’offre déployée par chaque dispositif répond à un objectif spécifique et complémentaire des autres dispositifs : • favoriser la qualité du lien d’attachement parents-en fants en s’appuyant sur les lieux d’accueil enfant parents (Laep) ;

• soutenir les compétences parentales dans le cadre des réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (Reaap) ;

DELAUNAYVéronique GUIVARC’H Responsable adjointe du département Enfance et parentalité à la direction des politiques sociale et familiale de la Cnaf et Christiane Crépin, conseillère technique à la Dser.

C’est-à-dire la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) et les Caisses d’allocations familiales (Caf) du régime général. 1La Cog prévoit trois autres missions : aider les familles à concilier vie familiale, vie profession nelle et vie sociale (mission 1), accompagner les familles dans leurs relations avec l’environne ment et le cadre de vie (mission 3) et créer les conditions favorables à l’autonomie, à l’inser tion sociale et professionnelle des personnes et des familles (mission 4). 2Convention adoptée par l’Assemblée générale des nations unies en 1989

• prévenir la rupture du lien familial et favoriser l’élabo ration d’accords dans l’inté rêt de l’enfant au moyen de la médiation familiale et des espaces rencontre ;

Le soutien à la parentalité est une politique émergente dont l’objectif consiste à répondre aux mutations de la famille et aux évolutions des conditions d’exercice de la fonction parentale. Les Caisses d’allocations familiales (Caf) soutiennent le développement d’une offre diversifiée afin d’accompagner les parents dans leur rôle et leurs responsabilités éducatives mais aussi de favoriser la qualité et la continuité de la relation parents enfants. Une stratégie inscrite dans des européensinternationauxtexteset

5Cf. la présentation des principaux résultats de cette étude dans l’encart de cet article 6Le bilan présenté à la commission d’action sociale de la Cnaf en septembre 2012 indique une augmentation de + 26 % du nombre de Laep financés par la prestation de service entre 2008 et 2011. 7Ce même bilan indique une évolution de + 44,8 % des crédits consacrés par la branche Famille à ce dispositif entre 2008 et 2011. 8Ce bilan indique également une forte augmen tation des sommes consacrées à la PS médiation familiale entre 2008 et 2011 de +23,2% par an. Cette augmentation se répartit en une aug mentation de +11,6 % par an de la prestation de service par médiateur (effet financier) et une augmentation de +10,4 % par an du nombre de médiateurs en équivalent temps plein (effet 9volume).Lesdonnées 2010 indiquaient que les Caf ont soutenu 148 structures parmi les 182 espacesrencontre existantes, soit plus de 80 % des struc tures recensées.

Les Caf contribuent également au financement des contrats lo caux d’accompagnement à la sco larité (Clas). Dans un contexte où une pression de plus en plus forte s’exerce sur les familles quant à la réussite de leur(s) enfant(s), en particulier dans leur cursus scolaire, les Clas se donnent pour double objectif d’accompagner les enfants et leur famille dans le parcours scolaire. Les Clas pro posent aux enfants, hors l’école et en dehors du temps scolaire, un accompagnement par un tiers, différent du parent ou de l’ensei gnant, qui peut l’aider dans ses devoirs mais surtout qui lui per met d’acquérir des savoir-faire et des compétences par une « péda gogie du détour ». Ils aident éga lement les parents à prendre une réelle place dans l’accompagne ment de la scolarité de l’enfant et facilitent les relations entre les familles et l’école. Enfin, la branche Famille a déci dé de soutenir le développement de la médiation familiale pour prévenir la rupture du lien fami lial et encourager la construc tion d’accords dans l’intérêt de l’enfant. Pour les Caf, il s’agit de maintenir un environnement favorable à l’enfant en encoura geant, en particulier, le rétablisse ment de la communication entre les parents et la diminution des conflits. L’évènement marquant de la période a été la mise en œuvre, à compter de 2010 et grâce aux moyens inscrits dans la Cog, de la revalorisation de la Ps médiation familiale8. Mais la Cnaf a également incité les Caf à soutenir les espaces-rencontre, en complément de la médiation familiale, dans le but de prévenir la rupture du lien familial, voire de le Pourrestaurer.cedispositif également, les financements accordés par les Caf dans le cadre de leurs fonds locaux sont en augmentation : ils ont été multipliés par quatre de puis 2005 grâce à une implication croissante des Caf dans le soutien financier à ces structures 9

3Une prestation de service représente la prise en charge par la Caf, tarifiée au plan national, d’une partie des coûts de fonctionnement d’un équipement ou d’un service tels qu’une crèche, un accueil de loisirs sans hébergement, un ser vice de médiation familiale, etc.

LIEUXDESÉTAT14 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

4Circulaire Dif/Das/Div/Dpm n° 99-153 du 9 mars 1999 relative aux réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents.

10Circulaire interministérielle n° 07DPJJ/SAD-JAV/DGESCO/SG-CIV/DAIC/2012/63DGCS/SD2C/dufévrier2012

Les travaux initiés par la direc tion générale de la cohésion so ciale (Dgcs) relatifs à la réforme du pilotage des dispositifs de soutien à la parentalité ont abouti à l’instauration, le 3 novembre 2010, du comité national de sou tien à la parentalité2 (Cnsp) pré sidé par le ministre en charge de la famille et vice-présidé par le président du conseil d’adminis tration de la Cnaf.

• une meilleure prise en compte de la « dimension de soutien à la parentalité » dans le dispositif des contrats locaux d’accompa gnement à la scolarité grâce à la revalorisation de la prestation de service à compter de l’année scolaire 2011-2012 3; • le développement et le maillage de l’offre de médiation fami liale grâce à la revalorisation, à compter du 1er janvier 2010, de la prestation de service. Les Caf participent activement aux réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (Reaap). Ce dispositif, initié par l’Etat en 1999 4, cherche à confor ter les compétences des parents et à valoriser leurs potentiali tés au moyen du dialogue et de l’échange. « Particulièrement diver sifié, l’action des Reaap porte sur l’en semble des thèmes de la vie familiale, l’organisation, l’accompagnement, la formation à l’éducation de la petite enfance à l’adolescence et de la jeunesse, le fil conducteur étant l’éducation pa rentale » 5. Les Reaap fédèrent des actions diversifiées telles que des conférences-débats, des groupes de parole ou d’échange, des espaces ressources pour les parents (café des parents, mai sons des parents, boutique de la famille, etc.), des groupes d’acti vités de parents (théâtre, écri ture, etc.), des groupes d’activités parents-enfants (ludothèques, sorties familiales, etc.) ou des groupes de réflexion ou de for mation (« chantiers éducation », universités populaires de parents, etc.).Avec la création du fonds na tional Reaap, la branche Famille est devenue, au cours de la Cog 2009-2012 le principal financeur de ce dispositif 6 Les Caf soutiennent aussi les lieux d’accueil enfant parent (Laep) dans l’objectif de favoriser la qualité du lien d’attachement entre parent(s) et enfant(s). Ces structures offrent un premier lieu de sociabilité aux enfants et répondent à un besoin de réas surance des parents durant les tous premiers mois de l’enfant. Financés par une prestation de service depuis 1996, ils se sont fortement développés au cours de ces dix dernières années. Au 31 Août 2012, 88 % de ces structures figureraient sur le site « mon-enfant.fr », ce qui favorise une meilleure connaissance par les familles de l’offre existante 7

2 Création par le décret n° 2010-1308 du 2 novembre 2010.

quidesL’optimisationdispositifsrépondent à la multiplicité des attentes des familles en matière de soutien à la parentalité passe par la coordination des acteurs et une meilleure synergie entre eux.

La déclinaison de cette réforme à l’échelon départemental a été réalisée en 2012, avec la mise en place d’une coordination prési dée par le représentant de l’État et vice-présidée par le président du conseil d’administration de la CafDorénavant,locale. l’enjeu pour les ac teurs locaux consiste à structurer cette coordination et à repérer les articulations nécessaires pour une mise en cohérence des diffé rents dispositifs et des actions de soutien à la parentalité.

Fondée au départ sur des ini tiatives portées par les associa tions, la politique de soutien à la parentalité « se caractérise par une grande diversité des dispositifs, dont découle une importante offre de services et d’actions, favorisant la multiplicité de partenariats tant au plan national qu’au plan local » 10 .

Les attentes des familles en matière de soutien à la parentalité

L’enquête barométrique « Aspirations et conditions de vie » du Crédoc, conduite deux fois par an auprès d’un échantillon de 2 000 personnes représentatives des ménages français, confirme ces thèmes de prédilection. 33% se préoccupent en premier lieu de la réussite scolaire de leurs enfants, 31 % de leur santé.

Et une difficulté particulière de l’adolescence

Les résultats de ces études locales soulignent que trois thèmes font principalement l’objet des préoccupations des parents : l’école (contenu de la scolarité, suivi des apprentissages scolaires, relations avec les enseignants), la vie familiale (éducation des enfants, familles monoparentales, nombreuses), la santé (jeunes enfants, adolescents et prévention des comportements à risque). Ces préoccupations sont toutefois variables selon l’âge de leurs enfants, le type de difficultés qu’ils rencontrent. De ce fait, la demande parentale peut varier. Les professionnels, de leur côté, relayent le fait que les parents ayant le plus de difficultés sont également ceux qui font le moins appel aux dispositifs de soutien, ceux qui se mettent en retrait. Ces parents, souvent isolés, cumulent les difficultés sociales, qui se répercutent sur leurs relations avec leurs enfants. Les professionnels préconisent alors des actions précoces auprès de ces publics non demandeurs.

L’étude « Le rôle de parent. Attentes et besoins des familles. Actions innovantes dans les réseaux d’écoute et d’accompagnement des parents (Reaap) » réalisée par le département de recherche de la Cnaf 3 s’appuie sur l’analyse d’une soixantaine d’études locales réalisées par les Caf ou leurs partenaires.

15ÉTAT DES LIEUX 3 Ibid11

33%31%

Par ailleurs, le baromètre souligne que 63% des parents pensent que l’âge le plus délicat pour l’exercice de la parentalité se situe entre 13 et 18 ans. Ils sont un sur cinq à avoir souvent rencontré des difficultés dans l’éducation de leurs enfants et, à cette occasion, un sur deux a fait appel à un profes sionnel (31%) et/ou à une personne de la famille (29%). Les parents préconisent un soutien scolaire obligatoire (50%), le soutien aux familles monoparentales et aux parents d’adolescents (46%), des conseils sur la fonc tion parentale (43%), une information sur la santé et la prévention des risques (41%), n’attendent aucune mesure (10%). des ménages français se préoccupent en premier lieu de la réussite scolaire de leurs enfants de leur santé

LIEUXDESÉTAT16 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

EN MILIEU RURAL

Eliane DENÉCHEAU Chargée de mission Enfance-Jeunesse-FamillePôleCCMSA

PARENTALITÉ

La deuxième thématique im portante concernait les parents d’adolescents. Aux questionne ments courants liés à cette pé riode de la vie, s’ajoutaient ceux induits par la difficulté d’accès à l’autonomie des jeunes, du fait de la situation géographique, écono mique et sociale des territoires. En effet, le manque d’équipements de loisirs, de lieux de formation et d’hébergement, l’insuffisance de lieux de stages ou de travail, obligent à être mobile pour se rendre dans des villes plus ou moins proches. L’autre préoccu pation majeure des parents rele vait des conduites à risques, les ¾ d’entre eux citant les addictions, davantage à l’alcool qu’aux dro gues. Les accidents de la route et les suicides étaient également redoutés. Ils sont respective ment la première et la deuxième cause de mortalité des jeunes en milieu rural, et l’ennui lié à l’iso lement ou le désœuvrement sont présentés comme des facteurs favorisants. Les parents souhai taient des actions d’information et d’échanges entre pairs sur ces sujets, de même que des actions de prévention à destination des jeunes.L’insuffisance de loisirs intra-familiaux, activités parents-enfants ou vacances familiales, était re grettée. Sans compter les raisons économiques souvent mises en avant, des causes spécifiques au monde rural ou agricole étaient citées : éloignement des centres culturels ou de loisirs, horaires difficilement conciliables avec les horaires de travail des parents, par exemple pour les exploitants agricoles. Des facteurs socioculturels pouvaient avoir une influence, tels que la réticence à interrompre son activité ou orga niser un séjour hors de son milieu de vie habituel. Des problématiques liées à des situations familiales particulières faisaient aussi l’objet de nom breuses citations : monoparenta lité, familles issues de l’immigra tion, ou en situation de précarité économique. Elles entraînaient une fragilité, renforcée par un isolement social, le manque de ressources de proximité ou la difficulté à y recourir. Les acteurs soulignaient que ces familles ne participaient pas spontanément aux actions de soutien à la paren talité, lorsqu’il en existait dans leurs territoires, en raison de pro blèmes de communication, ou d’un sentiment de dévalorisation. Des solutions et des atouts pour les territoires ruraux La Mutualité sociale agricole, organisme regroupant les trois branches de la protection so ciale, dont 85% des ressortissants vivent en milieu rural, développe dans ces territoires une action sanitaire et sociale basée sur des démarches participatives, en lien avec ses valeurs mutua listes. Professionnels et élus MSA se mobilisent pour la réalisation de diagnostics partagés avec les familles et les autres acteurs locaux. La majorité des Caisses

Etre parent en milieu rural Des membres du comité natio nal de pilotage des REEAP, acteurs en milieu rural1, estimant que les problématiques liées à la paren talité dans ces territoires étaient insuffisamment connues et prises en compte, ont réalisé ensemble une enquête pour mieux cerner et relayer les besoins des parents. Précédemment, la MSA avait conduit une investigation sur ce sujet pour les ressortissants agricoles. L’enquête a permis de recueillir dans 72 départements des informations provenant d’ob servations d’acteurs de terrain, et surtout de l’expression directe des familles. Les thématiques ci tées ci-après ont été les plus ren seignées. Elles nous éclairent sur les divers domaines où la parenta lité est principalement interrogée dans les familles vivant en milieu rural. La conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle, autour de l’accueil du jeune en fant et des accueils péri et extras colaires, a été la problématique la plus prégnante. En effet, en milieu rural, malgré des développements récents, les parents de jeunes en fants sont souvent confrontés à un manque de structures d’accueil collectif, plus criant dans les terri toires isolés. De plus, trouver des solutions de garde appropriées est difficile aux parents qui ont des journées à horaires étendus, du fait de temps de déplacement longs entre domicile et travail, ou d’horaires « atypiques ». C’est le cas de salariés des industries agroalimentaires, des saisonniers des familles d’exploitants et du milieu agricole dans sa globalité.

1 ACEPP, ACMR, CLER Amour et Famille, Familles rurales, FNEPE, FENAMEF, MSA, Mutualité française, UNAF, UNCCAS, avec la collaboration de la DGAS (enquête en 2009).

Les parents vivant en milieu rural sont confrontés aux mêmes questions éducatives que les autres, mais le contexte géographique et les contraintes posées conditionnent l’exercice de la parentalité. Forte de sa présence de longue date dans les territoires ruraux, où vivent 85% de ses ressortissants, la MSA s’implique dans la mobilisation des synergies locales pour répondre aux besoins des familles, en se référant aux valeurs du mutualisme : solidarité, responsabilité et démarche participative.

Depuis de nombreuses années, des travailleurs sociaux MSA mettent en œuvre des actions pour favoriser les premiers dé parts en vacances de familles agri coles (exploitants ou salariés), souvent en situation de fragilité. Les séjours concernant plusieurs familles, l’organisation collective favorise les échanges entre les parents, y compris autour de l’éducation des enfants. Ils ren forcent et valorisent les compé de MSA sont impliquées dans les REAAP, en partenariat avec les CAF, les associations, les col lectivités locales et les centres sociaux. Leur ancrage dans les territoires ruraux leur permet d’avoir un rôle d’information ciblée auprès des parents, et de mobiliser les acteurs pour rompre l’isolement et réaliser des actions contribuant à l’ani mation du milieu rural. La MSA poursuit également son implica tion dans le développement de la médiation familiale en milieu rural, particulièrement pour les publics dans des situations com plexes comme les exploitants agricoles et les aidants familiaux. Au regard des problématiques citées précédemment, comme celle de l’accueil du jeune enfant, la MSA s’est engagée fortement auprès des porteurs de projets de micro-crèches, encourageant les rencontres entre parents et professionnels. Pour pallier les besoins liés notamment aux ho raires « atypiques » des parents, elle vient de lancer dans son réseau un appel à projets de ser vices et de structures innovants. Les projets doivent intégrer une dimension qualitative, comme des actions d’appui à la paren talité, à partir des demandes et propositions des parents. Le soutien aux parents d’ado lescents est une thématique essentielle de l’implication des 2 Établissements de l’enseignement agricole.

Des initiatives conjuguent sou tien à la parentalité et conviviali té, créant ou entretenant les liens sociaux. C’est le cas des activitésjeux en famille, mais aussi des actions intergénérationnelles, de même que des ateliers des parents ou des grands-parents, groupes d’échanges ou activités partagées.Lemilieu rural n’est pas que problème ! Lors des enquêtes, des parents ont fait ressortir ses avantages et leur qualité de vie : les lieux et occasions de plaisir partagé comme les fêtes des vil lages, l’organisation de repas en commun, d’activités familiales proches de la nature et propices aux « transmissions », telles que le jardinage, la pêche, l’élevage d’animaux. Leur souhait était que ces atouts soient mis à profit pour développer les loisirs com muns parents-enfants. ■ Caisses de MSA dans les actions REAAP. Il se décline au travers d’actions, comme l’organisa tion partenariale de groupes de paroles entre parents, de confé rences-débats, etc. Parallèlement, des actions initiées par la MSA pour les jeunes apportent, plus ou moins directement, un appui aux parents.Ainsi, l’appel à parte nariat avec les Maisons Familiales Rurales 2 vise à favoriser l’accès à l’autonomie des jeunes et leurs prises de responsabilités, mais aussi les relations parents-jeunes, par leur participation commune au montage et à la réalisation de projets. Il en est de même pour l’Appel à projets jeunes : « Mieux vivre en milieu rural », qui a un écho très positif auprès des jeunes et des populations des territoires. Les jeunes mobi lisent non seulement leurs pairs, mais aussi les habitants et les acteurs de leur environnement, se saisissant souvent de thèmes mettant en jeu les solidarités.

17ÉTAT DES LIEUX

tences parentales et stimulent les dynamiques familiales. Par ailleurs, le guichet unique et les compétences transver sales des Caisses de MSA leur permettent de développer des actions de prévention et d’édu cation à la santé auprès des parents, sur des thèmes comme l’équilibre alimentaire, la préven tion des accidents domestiques, ou l’hygiène bucco-dentaire.

LIEUXDESÉTAT18 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

LES DISPOSITIFS DE SOUTIEN À LA PARENTALITÉ

REAAP Les Réseaux d’Ecoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents (REAAP) sont issus des travaux préparatoires à la conférence de la Famille de juin 1998 qui portait sur « les services aux familles et à la parentalité », avec pour objectif de conforter les compétences des parents à travers le dialogue et l’échange pour valoriser leurs capacités.

Toutefois, d’autres dispositifs sont concernés, certains étant mentionnés dans la circulaire interministérielle du 7 février 2012 relative à la coordination au plan départemental des dispositifs, parmi lesquels les maisons des adolescents, les points d’accueil et d’écoute des jeunes, les espaces santé des jeunes, les programmes de réussite éducative, les contrats de cohésions sociale, les conseils des droits et devoirs des familles…

Guide Enfance et parrainage CLAS Le contrat local d’accompagnement à la scolarité désigne l’ensemble des actions visant à offrir, aux côtés de l’école, l’appui et les ressources dont les enfants ont besoin pour réussir à l’école, appui qu’ils ne trouvent pas toujours dans leur environnement familial et social. Ces actions, qui ont lieu en dehors des temps de l’école, sont centrées sur l’aide aux devoirs et les apports nécessaires à la réussite scolaire, ainsi que sur les notions de travail personnel et d’assiduité scolaire, visant à redonner confiance aux enfants et aux jeunes.

Le décret en date du 2 novembre 2010 relatif à la création du comité national de soutien à la parentalité précise les contours de 5 dispositifs.

L’idée était alors de sortir du discours ambiant normalisateur qui jugeait les parents et les disqualifiait (menace de suppression des allocations fami liales, adolescents « sauvageons »,…). Pour sortir les parents de leurs difficultés éducatives, le soutien était préférable à la sanction. Les REAAP proposent des actions collectives qui s’inscrivent dans des lieux neutres. Ils sont de libre adhésion et interviennent en prévention primaire. Ils s’adressent à tous les parents. L’intervention des REAAP est adaptée aux besoins des parents et aux caractéristiques locales. Leurs principes sont encadrés par une charte.

Circulaire DIF/DGAS/DIV/DPM N°1999/153 du 9 mars 1999 Médiation familiale « La médiation familiale est un processus de construction ou de reconstruction du lien familial axé sur l’autonomie et la responsabilité des per sonnes concernées par des situations de rupture ou de séparation dans lequel un tiers impartial, indépendant, qualifié et sans pouvoir de décision – le médiateur familial – favorise, à travers l’organisation d’entretiens confidentiels, leur communication, la gestion de leur conflit dans le domaine familial entendu dans sa diversité et dans son évolution ». Définition adoptée par le Conseil National Consultatif de la Médiation Familiale (2002) Parrainage de proximité « Le parrainage est la construction d’une relation affective privilégiée instituée entre un enfant et un adulte ou une famille. C’est une relation de confiance basée sur la réciprocité qui peut être mise en œuvre par des citoyens regroupés en associations et aussi par des services en charge des questions de l’enfance. Il ne s’agit pas de donner de l’argent, mais de son temps, de son attention, de son affection dans une relation personnelle organisée volontairement et durablement, dont la concrétisation se réalise dans un cadre préalablement défini. »

L’accompagnement à la scolarité permet également d’offrir un accompagnement et des conseils aux familles dans le cadre du suivi de la scolarité de leur enfant. Circulaire interministérielle du 20 juillet 2010 relative à la mise en œuvre de la politique d’accompagnement à la scolarité PIF Les Point Info famille sont destinés à être des lieux ressources qui, en s’appuyant sur les technologies de l’information, mettent une information exhaustive, validée et actualisée à la disposition des familles qui sont ainsi orientées vers les services les plus à même de répondre à leurs attentes. Circulaire du 30 juillet 2004 relative aux « point Info Famille »

SOURCE UNAF 5 Dispositifs

PRÉVENTION DE LA DÉLINQUANCE PROTECTION DE L'ENFANCE SANTÉ JUSTICE MAINTIEN:DULIENINFORMATIONGRANDPUBLIC

ECOLE/PRELATIONSARENTS CONCILIATION VIE FAMILIALE, VIE PROFESSIONNELLE MJAGBF - Mesure judiciaire d'aide à la gestion du budget familial (parents en difficulté) Protection judiciaire de la jeunesse (enfants en difficulté) Contrat de responsabilité parentale (parents en difficulté) Espaces rencontres (parents séparés et enfants) conjugalConseil (couples) Programmes de réussite éducative (enfantsdifficulté)en Mode de garde 0-3 ans Accueil périscolaire 3-12 ans (enfants) Congé paternité Congé maternité PMI infantilematerProtectionnelleet(enfants et mère) Maisons des ados (enfants) Espace santé (enfants) Centre psychologiquemédico(enfants)Aide sociale à l'enfance CLAS Contrat d’accompagnementlocalàlascolarité (enfants) PIF d’informationPointfamilles public)(tout Médiation familiale (parents en conjugale)rupture deParrainageproximité (enfants) LAEP Lieu d’accueil Enfant/ parent (parents et enfants)

19ÉTAT DES LIEUX

SOUTIENALAPARENTALITÉ

SOUTIEN À LA PARENTALITÉ : UN PÉRIMÈTRE DIFFICILE A DÉFINIR

Le soutien à la parentalité est à la croisée de grands axes de politiques publiques. Il relève de plusieurs financements : Etat - DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations) et branche famille - CAF. Certains dispositifs sont centrés sur les parents, d’autres sur le enfants, la plupart sur des parents ou enfants en difficulté. Au cœur de cette nébuleuse, le dispositif des REAAP est le seul qui est vraiment orienté vers les parents, tous les parents, dans une démarche préventive. REAAP (Réseau d’écoute, d’appui etdesd’accompagnementparents) : Café des parents, conférences-débats, ateliers, ... (tous les parents)

ment. Les professionnels n’inter viennent pas pour « éduquer » les parents afin qu’ils deviennent de « bons parents ». Les REAAP reposent sur le postulat qu’en rencontrant d’autres parents, les parents vont pouvoir interroger leur propre parentalité sans avoir peur d’être jugés ; ils vont pou voir s’ouvrir aux autres et parta ger leur réflexion. Les REAAP proposent :

Les REAAP sont issus des tra vaux préparatoires à la confé rence de la Famille de juin 1998 qui portait sur « les services aux familles et à la parentalité ». Créés par la circulaire DIF/ DGAS/DIV/DPM N°1999/153 du 9 mars 1999, les Réseaux d’Ecoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents (REAAP), dont sont membres les UDAF, ont pour objectif de conforter les compé tences des parents à travers le dia logue et l’échange pour valoriser leursL’idéecapacités.étaitalors de sortir du discours ambiant normalisateur qui jugeait les parents et les dis qualifiait (menace de suppression des allocations familiales, dis cours normalisateurs qui jugent les parents et les disqualifient, etc.)Pour sortir les parents de leurs difficultés éducatives, le soutien était alors préférable à la sanc tion. L’action des REAAP a été gui dée par le principe suivant : dans les métiers sociaux, il faut sortir de la dichotomie qui oppose les professionnels « sachants » et les parents « non sachants ». Ici, les professionnels, souvent béné voles, viennent en soutien. Ils ne sont pas là pour porter de juge Au cœur du soutien à la parentalité, les actions des réseaux d’écoute et d’accompagnement des parents sont, certes parmi les actions les plus innovantes, les plus adaptées aux besoins des parents, les plus diversifiées, mais aussi les plus difficiles à promouvoir. Engagé à tous les échelons des REAAP, le réseau des unions d’associations familiales participe à faire vivre, animer, organiser et faire évoluer ce dispositif.

• de conforter les parents dans leurs ressources pour valoriser et mobiliser leurs compétences ; • de mettre en réseau ; • de favoriser la concertation entre les acteurs publics et pri vés afin qu’ils se connaissent et puissent reconnaître les ap ports spécifiques ;

LIEUXDESÉTAT20 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

1/ ORIGINE

LES RÉSEAUX D’ÉCOUTE, D’APPUI ET D’ACCOMPAGNEMENT DES PARENTS AU CŒUR DU SOUTIEN À LA PARENTALITÉ

• de penser l’articulation entre liens familiaux et liens sociaux ;

Sophie MAGGIANI Chargée de mission à l’UNAF

• de travailler ensemble au niveau de la collectivité territoriale. Plus qu’un dispositif, les REAAP sont une démarche dont l’objec tif prioritaire est de conforter les parents en leur permettant d’identifier leurs ressources, de reprendre confiance en leurs capacités et de les valoriser. Lieux neutres, d’écoute, d’appui et d’ac compagnement à l’intention de tous les parents, les REAAP sont pour l’UNAF un formidable dis positif de prévention primaire.. Les REAAP sont pour l’UNAF un formidable dispositif de prévention primaire

• « valoriser les compétences des parents, en respectant et confortant leur propre sens de la responsabilité, de l’autorité, de l’éducation et de la transmission des valeurs ;

21ÉTAT DES LIEUX

• actions centrées sur les échanges entre parents, groupes de parents, groupes de parole ;

On peut néanmoins en distin guer 5 catégories :

Principes de la charte REAAP

Les principes de la Charte demeurent d’actualité et devraient continuer de guider les politiques de soutien à la parentalité.

• « encourager les responsables de ces divers lieux à accueillir et développer de nouvelles initiatives, tout en les inscrivant dans la durée ;

• « être ouvert à tous les parents, en privilégiant la proximité avec leurs lieux de vie ;

Les REAAP proposent des actions collectives qui s’inscri vent dans des lieux neutres. Ils sont de libre adhésion et inter viennent en prévention primaire. Ils s’adressent à tous les parents.

• actions destinées aux parents de très jeunes enfants, aux abords de la naissance (périna talité), dans les crèches et les haltes-garderies ; • actions destinées à intensifier les relations entre les parents et l’école ; • actions péri ou parascolaires ; • activités culturelles et de loisir. Ces actions doivent toucher les parents et donc être proposées au plus près des familles dans une dimension locale, sur des micro-territoires pour réussir à créer une dynamique autour des échanges. Les grands sujets abordés Les thématiques les plus fré quemment abordées par les REAAP concernent l’accueil du jeune enfant, le sommeil, l’auto nomie, l’entrée à l’école, les fra tries, l’adolescence, les conduites LES ACTIONS DES REAAP ? à risques, les médias, l’orientation scolaire,L’UNAFetc.voit poindre des pistes sur les besoins émergents fon dés sur les études et enquêtes récentes menées par le réseau sur le thème de la parentalité (périna talité, rythmes de vie de l’enfant, orientation scolaire, pratiques numériques des adolescents, addictions, etc). La charte La Charte des initiatives pour l‘écoute, l’appui et l’accompagne ment des parents a été rédigée en 1999, par l’ensemble des acteurs alors impliqués dans le déploie ment des REAAP, convaincus de leur richesse et de leur originalité. Cette dernière a pour but de servir de cadre aux initiatives que les pouvoirs publics souhaitent voir se développer et qu’ils sou tiennent financièrement. Elle énonce dix principes d’action et d’animation autour de cinq axes fondamentaux : Encart : Principes de la charte - valoriser les compétences des parents, en respectant et confortant leur propre sens de la responsabilité, de l’autorité, de l’éducation et de la transmission des valeurs ; - être ouvert à tous les parents, en privilégiant la proxi mité avec leurs lieux de vie ; - encourager les responsables de ces divers lieux à ac cueillir et développer de nouvelles initiatives, tout en les inscrivant dans la durée ; - prendre appui sur un réseau mobilisable et compétent, alliant bénévoles et professionnels, le secteur public et le secteur associatif ; - participer à un « système d’animation partagée, qui permette une circulation des informations, l’évaluation des actions, une capitalisation des savoir-faire, la transpa rence, la rigueur, la visibilité et un fort développement de ce mouvement ». Les principes de la Charte demeurent d’actualité et devraient continuer de guider les politiques de soutien à la parentalité. A lire aussi... le catalogue des actions menées dans les UDAF par typologies d’action page 100.

• selon les objectifs privilégiés (sanitaire, éducatif, scolaire, culturel…)

L’intervention des REAAP est adaptée aux besoins des parents et aux caractéristiques locales. Une méthode partagée S’appuyer sur les ressources des parents et non sur les pro blèmes, Reconnaitre les parents dans leurs valeurs et pratiques édu Donnercatives, aux parents une réelle place, un pouvoir, un droit à l’initiative et à la parole, les rendre acteur du débat sur la Separentalité,centrersur la dimension col lective de l’accompagnement des parents, Construire dans les actions un savoir croisé autour de la paren talité entre parents, profession nels et bénévoles, Permettre d’échanger et de débattre avec d’autres parents mais aussi avec des acteurs, Rencontrer, échanger, créer, agir ensemble localement. Les typologies d’action Les actions menées dans le cadre des REAAP sont multiples et la plupart existaient déjà bien avant le lancement des REAAP, certaines étant de création ré cente. Leur diversité est telle qu’il est difficile de les recenser. On peut déplorer que ces ac tions soient souvent mal connues des parents comme de ceux qui ont en charge l’animation des REAAP. Les « porteurs » de ces ac tions sont nombreux, (Politique de la Ville, CAF, Education natio nale, PJJ, associations familiales…), ce qui participe au manque de lisibilité tant décrié. Il est illusoire de prétendre dresser un catalogue des activi tés de soutien à la parentalité, tant celles-ci sont foisonnantes et diverses. De nombreuses distinctions seraient à opérer : • selon que le soutien est direct ou indirect ; • selon les organismes (publics ou privés) qui le procurent ; • selon qu’il s’agit d’actions « bilatérales » (mettant en pré sence un ou les deux parents et un conseiller, médiateur ou spécialiste) ou proposées à des groupes de parents ; • selon l’âge des enfants ; • selon le mode de soutien (in formation, conseil, rencontres, groupes de parole, assistance téléphonique…) ;

2/ COMMENT CARACTÉRISER

• « participer à un "système d’animation partagée, qui permette une circulation des informations, l’évalua tion des actions, une capitalisation des savoir-faire, la transparence, la rigueur, la visibilité et un fort dévelop pement de ce mouvement". »

• « prendre appui sur un réseau mobilisable et com pétent, alliant bénévoles et professionnels, le secteur public et le secteur associatif ;

Si le mouvement familial est fortement impliqué dans la plu part des dispositifs de soutien à la parentalité (médiation, parrai nage de proximité, etc), il l’est plus encore dans les REAAP dont l’objectif est d’aider les pa rents, tous les parents dans leur fonction parentale : toutes les familles, issues de tous milieux sociaux, de toutes les origines culturelles peuvent se poser des questions quant à l’éduca tion de leurs enfants, souhaitent disposer de lieux d’échange, de services adéquats, leur permet tant la rencontre avec l’autre, qui partage les mêmes doutes et les mêmes questionnements. L’idée sous jacente est bien celle de « s’autoriser à parler », ce qui ne va pas forcément de soi, et qui nécessite parfois un accompagnement. Il importe avant tout de rompre l’isole ment des parents et d’inciter les familles à ne pas se replier sur elles-mêmes. L’idée est d’arriver à créer ou recréer du lien, per mettre la rencontre et l’échange autour des expériences de vie de chacun, autour de la confron tation des différentes manières d’être et de faire, ceci pour concourir à recréer une commu nauté éducative. Il paraît indispensable au mou vement familial de prendre en compte les besoins fondamen taux des parents tels qu’ils sont identifiés par les parents euxmêmes et les professionnels et bé névoles qui les accompagnent au quotidien. Sur le terrain, au travers des actions que mènent les UDAF et les associations familiales, on observe une diversité d’actions qui témoignent d’une nécessaire adaptation des actions de soutien à la parentalité aux besoins des familles. Il s’agit effectivement de proposer du « sur mesure » et non du « prêt à porter », les contours de chaque initiative ayant été des sinés par les préoccupations des parents, par leurs interrogations. Ce dispositif original, bien qu’existant déjà bien avant les tra vaux de 1999, s’appuie sur les ini tiatives nombreuses qui existent déjà, généralement menées dans un cadre associatif. Il s’agit à la fois de les renforcer, de les déve lopper, d’en susciter des nou velles avec le souhait constant de mettre en réseau les intervenants. La dimension participative est ici essentielle pour jouer le jeu des interactions entre chaque parti cipant. Le tissu associatif semble être le plus à même pour ce faire.

3/ LA PLACE

DANS CE DISPOSITIF

22 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 LIEUXDESÉTAT

D’un département à l’autre, les éléments contextuels peuvent aussi varier. Les réponses appor tées par le réseau des UDAF s’adaptent à ces réalités mul tiples, témoignant de la qualité du diagnostic territorial réalisé avec la participation des familles et la collaboration avec les différents partenaires. Cela n’est possible que par la collaboration entre parents, bénévoles et profession nels pour un partenariat éducatif. La place du professionnel est à DES UNIONS ET ASSOCIATIONS FAMILIALES

composante indispensable de la préven tion de la délinquance, doit être mieux coordonné et réorienté vers les familles fragiles sur un plan socio-économique ou qui rencontrent des difficultés par ticulières.[…] L’objectif est d’aider les parents dont les enfants sont les plus ex posés à la délinquance. […] Le ciblage des actions sur les parents les plus mar ginalisés doit être renforcé. » Ainsi on est loin des principes qui ont guidé la mise en place des dispositifs tels que les REAAP qui ont vocation à s’adresser à tous les parents, sans les stigma tiser. Les parents doivent rester les premiers éducateurs de leurs enfants.Aucontraire nous devons faire connaître le réseau des REAAP auprès de toutes les familles, à travers un partenariat fort et un maillage territorial associant l’Etat, la CAF , le Conseil géné ral, la Justice, la MSA, les centres communaux d’action sociale, les centres sociaux, et les associa tions familiales. La mise en place du pilotage national Les mêmes orientations alar mantes ont été préconisées au moment de la mise en place de la nouvelle organisation du pilo tage au niveau national, avec l’ins tallation du Comité national de soutien à la parentalité, créé par décret, sous l’égide du Secrétariat d’Etat à la Famille et la Solidarité. Il est préconisé que le soutien à la parentalité et notamment le REAAP soit réorienté vers les familles fragiles sur un plan socioéconomique ou qui rencontrent des difficultés particulières. Le rapport de la Cour des comptes Le 4 février 2009, la Cour des comptes rendait un rapport inti tulé « Les politiques de soutien à la parentalité », concluant à la nécessité d’une réorganisation. En analyse à ce rapport, l’UNAF soulignait cet empile ment, un besoin de réorganisa tion, de clarification du pilotage et de l’animation tant au niveau national que départemental et la nécessité d’une sécurisation du financement de ces différents dispositifs. Nombre d’actions de soutien à la parentalité souffrent d’un mode de financement pré caire. Accompagner les parents dans un processus de prévention ou de changement prend pour tant du temps. Certaines actions, certaines structures, doivent arrêter leur intervention non pas sur une évaluation négative, mais pour des raisons financières. La question majeure de ces dispo sitifs de soutien à la parentalité est de savoir comment les faire vivre et avec quels moyens les pérenniser. Le plan national de prévention de la délinquance La proposition inscrite offi ciellement dans le plan national de prévention de la délinquance pour 2010-2012 au chapitre sur « la responsabilisation des parents et le soutien à la paren talité », s’oriente vers la respon sabilisation des parents en stipu lant que « le soutien à la parentalité, Or, cette orientation est en complète contradiction avec le principe généraliste des REAAP qui ont vocation, depuis leur mise en place, à s’adresser à l’en semble des familles. L’UNAF sou haite rappeler que toute famille peut être confrontée à un mo ment ou un autre à un question nement, une difficulté voire une souffrance. Alors gardons le prin cipe d’universalité des REAAP et ne laissons aucune famille seule avec ses doutes. Décret du 2 novembre 2010 portant création du Comité natio nal de soutien à la parentalité. Une question demeure : quelle définition de la « parentalité » et quel périmètre du soutien à la parentalité ? Les débats qui ont lieu au sein des différents comités et groupes techniques montrent combien il est périlleux de s’aventurer à en donner une définition qui fasse consensus et qui satisfasse cha cun. Les contours sont variables et ce que l’on en attend l’est tout autant.Comment évaluer des poli tiques que l’on a du mal à définir et dont les objectifs attendus ne sont pas partagés ?

L’UNAF réinsiste sur le carac tère généraliste des dispositifs de soutien à la parentalité et met en garde contre le « ciblage » des actions vers des populations « à risque » ou identifiées comme Gardons le avecaucuneREAAPd’universalitéprincipedesetnelaissonsfamilleseulesesdoutes.

L’ensemble de notre réseau d’UDAF et d’URAF est impliqué dans le déploiement des actions de soutien à la parentalité, que ce soit à travers l’organisation de conférences, la tenue des universités des familles sur des thématiques liées à la parentalité.

Une cinquantaine d’UDAF est fortement impliquée au tra vers de la réalisation d’actions menées avec et pour les parents. En 2010, 29 UDAF étaient impliquées dans le pilotage des REAAP, et 5 UDAF jouaient le rôle d’animateur au niveau départemental.

repenser, au sens d’être au ser vice des parents et non en posi tion d’expert, faire avec plutôt qu’à leur place, les respecter et les valoriser dans leur rôle plutôt que de pointer leurs défaillances. Il est pour nous évident que la parentalité implique l’idée de la proximité.

4/ LES RÉFLEXIONS EN COURS

23ÉTAT DES LIEUX

LIEUXDESÉTAT

Dès 1999, au moment des tra vaux menés autour de la Confé rence de la famille, l’UNAF était présente pour participer au déploiement des REAAP et à la rédaction de la charte les enca drant. A travers l’action au quo tidien des UDAF qui portent des initiatives localement, l’UNAF réfléchit aux contours du sou tien à la parentalité et à ses évo lutions. C’est pourquoi, il nous a semblé essentiel d’insister sur « l’esprit » des REAAP, et sur le sens de cette approche originale qui consiste à placer les parents au cœur des projets. Il convient aujourd’hui de veiller à ce que les REAAP demeurent des espaces de confiance et de respect ouverts à tous les parents, et chaque acteur impliqué dans le déploiement de ce dispositif doit y veiller. La parentalité est multiple et évo lue dans le temps en fonction des caractéristiques familiales et de l’âge des enfants, la parentalité se vit et existe différemment en fonction des événements de la vie. ■

telles. Il convient également d’être vigilant à ce que le soutien ne devienne pas une forme de prise en charge où le profession nel ferait « à la place du parent en difficulté ». Les professionnels ou les bénévoles qui interviennent auprès des parents, viennent en soutien mais ne se substituent aux parents en aucun cas ! Ils ne sont pas là pour porter de juge ment. Les professionnels n’inter viennent pas pour « éduquer » les parents pour qu’ils deviennent de « bons parents ».

24 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

Concrètement, comment accompagne t-on les parents ?

Comment répond-on aux questions que se posent tous les parents (autorité, adolescence, médias,…) ?

ANALYSES

Plusieurs professionnels abordent la question des besoins des parents et de la réponse à y apporter.

Les interventions des experts du sujet qui sont intervenus pendant les « Rencontres de la parentalité » livrent ici leurs analyses.

Comment répondre à ceux qui sont dans des situations plus exceptionnelles (naissance multiple, deuil,…) ?

RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE25

Le soutien à la parentalité peut être analysé sous plusieurs approches : juridique, sociologique, psychologique, psycho-éducatif…

La famille ménagère est celle qui vit sous un même toit, peu importent les liens juridiques ou biologiques des cohabi tant. Le « ménage » est un outil statistique et démographique : sa composition et ses ressources déterminent, par exemple, le niveau des prestations familiales. Les glissements de sens entre ces deux types de famille sont fréquents, et les approximations qui en résultent parfois graves de conséquences. Par exemple, considérer une femme vivant seule avec son enfant comme une « famille monoparentale » est exact si l’on considère le ménage. Mais cela peut amener à oublier que l’enfant a éga lement un père, vivant certes ailleurs, mais faisant toujours partie de son lignage. De même, les « familles recomposées » qui regroupent un parent, ses en fants et son nouveau conjoint sont des structures purement ménagères, car elles n’existent que par la vie en commun : le plus souvent, aucun lien juri dique n’est créé entre le beauparent et les enfants. Au croisement du lignage et du ménage se situe le couple, car c’est de la cohabitation de l’homme et de la femme que naissent les enfants qui perpé tuent la famille. Le mariage est la structure juridique qui, dans toutes les sociétés, organise la différence des sexes et des générations. Les concubinages hétérosexuels peuvent aussi « faire famille » lorsque l’enfant paraît.D’autres formes de cohabita tion purement ménagères n’ont aucun prolongement dans le domaine de la parenté : tel serait le cas de frères ou sœurs âgés vivant ensemble, voire de deux étudiants colocataires.

DEKEUWER-DEFOSSEZFrançoise

26 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

ANALYSE APPROCHE JURIDIQUE LE DROIT DE LA FAMILLE, UN SUJET COMPLEXE ET ÉVOLUTIF À la recherche du droit de la famille Évoquer les évolutions du droit de la famille implique de s’inter roger sur ce que recouvre cette expression. S’agit-il du droit civil de la famille, régissant tout ce qui a trait à « l’état des personnes » : nom, filiation, mariage..., ou faut-il aussi y inclure les outils juridiques de la « politique fami liale » : prestations familiales, aide sociale à l’enfance, voire mesures fiscales concernant la famille ? La recherche des sources du droit de la famille n’est pas moins hasardeuse. Il existe bien un « Code de l’action sociale et des familles », mais il est loin de re grouper l’ensemble du droit de la famille, puisque l’on n’y trouve que certaines mesures sociales d’aide diligentées par l’adminis tration. L’essentiel du droit qui ordonne les structures familiales est dans le Code civil : il contient les dispositions régissant mariage, divorce, PACS, filiation et autorité parentale. Mais il ne comprend aucun titre ou chapitre sur les « familles », seulement un livre sur les « personnes ». C’est pourtant cet ensemble qui constitue ce que l’on appelle « droit civil de la famille ». On devra cependant également tenir compte de certaines règles issues d’autres codes, par exemple du Code de la santé publique qui orga nise l’assistance médicale à la procréation. Définitions de la famille Faute de définition légale, il faut se tourner vers le lan gage courant, mais le terme polysémique de « famille », ne désigne pas un groupe bien précis. Souvent accolé à des qualificatifs – famille légitime, famille adoptive, famille mono parentale, famille recomposée – ce terme vise indistinctement deux types de familles : les li gnages et les ménages. La famille lignagère est celle des liens de parenté, qui regroupe tous les descen dants d’un même ancêtre. Elle n’a d’autres bornes que celles de la connaissance généalogique, et c’est elle qui situe chaque individu dans la société, comme fils ou fille de...

Professeur de droit privé Extrait de l’intervention publique lors des Rencontres régionales de la Parentalité à Lille le 8 avril 2011.

Couples et familles

A défaut de volonté commune contraire, le nom patronymique conserve son empire. La solution ne manque pas de justifications. Comme le dit l’adage « la mère donne la vie, le père donne le nom », il n’est pas inutile d’affirmer aux yeux de tous, par le nom de l’enfant, le lien qui l’unit à son père. Mais la règle n’est pas égalitaire...

L’égalité des sexes dans le couple est surtout contra riée par la différence des rôles dans la procréation, et donc dans la famille. Les exemples pourraient en être multipliés.

2 - L’égalité des filiations

La question de la définition juridique de la famille s’est posée avec acuité lors du vote de la loi sur le PACS en 1999. Il fallait ouvrir aux couples ho mosexuels une forme d’union juridiquement reconnue, sans lui donner de dimension gé néalogique. La loi créa donc une structure exclusivement binaire : il n’y a rien concer nant d’éventuels enfants dans la loi sur le PACS. Parallèlement, l’expression « l’enfant fait famille » qui fut trouvée par le Ministre de la Fa mille de l’époque, fit florès et res titua à la famille sa dimension li gnagère parfois oubliée. On tirait ainsi les conséquences de la dis sociation entre vie de couple et procréation qui avait débuté avec les progrès de la contraception. Couples et familles ont donc fait l’objet de deux séries de réformes parallèles, leur dissocia tion permettant d’assigner des priorités différentes à ces deux ensembles législatifs. Il n’est pas certain que cette dissociation soit durable : en témoigne la polé mique relative au mariage des couples homosexuels. Toujours est-il que les lois et la jurispru dence ont adopté des modes de raisonnement et des priorités dif férentes dans ces deux domaines.

Si l’égalité, sous la double forme de l’égalité des sexes et des filia tions, marque l’ensemble des textes récents, la liberté indivi duelle est différemment consa crée dans les relations de couple et dans les liens de parenté.

1 - L’égalité des sexes La progression de l’égalité des sexes est une caractéristique per manente de l’évolution du droit civil depuis la fin du XIXème siècle. Le « chef de famille » a disparu de puis la loi du 4 juin 1970, et il ne se trouve plus aucune disposition consacrant l’inégalité du mari et de la femme. L’égalité a été réalisée par l’identité de droits : en dehors de la différence d’âge lors du mariage (quinze ans pour les femmes, dix-huit ans pour les hommes), il ne subsiste plus aucune mesure différenciant homme et femme, sauf évidem ment dans le domaine de la pro création.L’égalité des sexes fait partie du noyau dur de l’« ordre public » qui paralyse la reconnaissance des lois étrangères par le sys tème juridique français. Pour cette raison, la polygamie et la répudiation, admises dans les pays musulmans, ne sont pas reconnues en droit français : les épouses polygames ne peuvent pas venir rejoindre leur mari au titre du regroupement familial et les femmes étrangères rési dant en France et répudiées « au pays » sont toujours considérées comme mariées. Il est cependant nécessaire de concilier égalité juridique et iné galités de fait. Il ne faudrait pas que l’égalité des sexes serve de prétexte à un refus de la protec tion due au plus faible : la lutte contre les violences conjugales, comme les prestations compen satoires après divorce, sont assu rément sexuées, et même si l’on estime qu’il s’agit d’une question de genre plutôt que de sexe à proprement parler, reste que ce sont les femmes qui doivent en l’occurrence être protégées.

27ANALYSE I/ DES RELATIONS PLUS ÉGALITAIRES

Dans le domaine du nom, les velléités de réforme égalitaire n’ont pas abouti, et les lois du 4 mars 2002, du 18 juin 2003, et l’ordonnance du 2 juillet 2005, n’ont pas, après bien des difficultés, supprimé la prééminence du nom du père ; elles se sont bornées à permettre le choix du nom de la mère ou d’un nom double, lorsque les deux parents le souhaitent.

APPROCHES D’EXPERTS

L’un des plus médiatiques est l’accouchement « sous X » qui permet à une femme de ne pas assumer une maternité non désirée. Cette faculté contraste avec les possibilités d’action judi ciaire destinées à imposer à un homme la paternité d’un enfant. Le pire est que l’accouchement « sous X » paralyse l’établissement de la filiation paternelle, et il a pu arriver qu’un enfant soit adopté alors que son père l’avait recon nu avant sa naissance ! Il n’est pourtant pas envisagé de suppri mer l’accouchement « sous X », au nom de l’égalité des sexes, tant la situation de détresse de certaines mères impose cette solution extrême : l’ordonnance du 2 juillet 2005 relative à la filiation a conservé intacte cette procédure contestée.

L’apparition du principe d’éga lité des filiations est relativement récente. Naguère, il existait une hiérarchie des filiations, les en fants « légitimes », nés du mariage, ayant un statut préférable à celui des enfants « naturels », nés hors mariage. Cette discrimination était logique dans un système où le seul type d’union légalement admis était le mariage. Il faut ajouter qu’à une époque où il était impossible de faire la preuve d’une paternité biologique, la fidélité de l’épouse, imposée par le droit du mariage, était la garan tie de l’exactitude des filiations paternelles.

Enfin, si l’on envisage l’égalité du coté des parents cette fois, il faut relever qu’il n’est pas pos sible d’adopter les mêmes règles pour les filiations maternelle et paternelle, la première s’éta blissant par l’accouchement, la seconde par une désignation offi cielle du père.

28 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

Outre l’harmonisation des droits successoraux, cette égalité des filiations a eu pour consé quence un remaniement complet du droit de l’autorité parentale, désormais dissocié du statut juri dique des parents : qu’ils soient mariés, concubins, divorcés ou séparés, ils doivent en prin cipe exercer cette autorité parentale ensemble et à égalité. L’égalité des enfants se réalise par celle des parents. Encore faut-il s’assurer que la coparen talité proclamée est concrète ment réaliste. Ainsi, l’autorité parentale n’est confiée qu’aux parents ayant établi le lien de filiation spontanément et rapi dement. Par ailleurs, en cas de séparation, l’exercice conjoint de l’autorité parentale risque de devenir largement théorique. La résidence alternée de l’enfant n’est possible que dans une mi norité de cas (15 à 20 %). Dans l’immense majorité des sépara tions, l’hostilité des parents, leur éloignement géographique, l’in compatibilité de leurs emplois du temps et leur manque de moyens financiers aboutiront à ce que l’enfant vive habituelle ment avec sa mère, et ne voie son père que de façon plus ou moinsL’égalitérégulière.des enfants bute donc sur la consécration de la liberté des couples, autre dimension essentielle de l’évo lution du droit de la famille.

Ce système était particulière ment injuste pour l’enfant, puni pour une faute dont il était assu rément innocent. Le concubinage s’étant progressivement banalisé et les progrès des sciences biolo giques et médicales permettant d’établir la paternité, la situation des enfants « naturels » s’est amé liorée. Le principe d’égalité des filiations a été d’abord posé par la loi du 3 janvier 1972, qui n’en avait cependant pas tiré toutes les conséquences. En particulier, elle avait maintenu un statut inférieur pour les enfants nés d’un adul tère, leur part successorale étant la moitié de celle des enfants nés du mariage bafoué. A la suite de la condamnation de la France par la Cour Européenne des Droits de l’Homme le 1er février 2000 (arrêt Mazurek), les lois du 3 décembre 2001 et 4 mars 2002 ont supprimé toute espèce de discrimination.L’article310-1 du Code civil énonce désormais que « tous les enfants dont la filiation est légale ment établie ont les mêmes droits et les mêmes devoirs dans leurs rapports avec leur père et mère ». L’ordonnance du 2 juillet 2005 a parachevé cette égalité en reconstruisant le droit de la filiation après sup pression des concepts même de « filiation légitime » et de « filia tion naturelle ». Elle n’a cependant pas supprimé la présomption de paternité qui relie automati quement l’enfant d’une femme mariée à son époux : ce serait vider le mariage d’une partie de sa substance, sans aucun profit pour quiconque. Mais le père non marié doit toujours reconnaître l’enfant par un acte spécial, car aucun mécanisme similaire à la présomption de paternité n’a été créé pour les ménages non ma riés. Dans le cas des concubins, ce serait irréalisable faute d’acte public désignant dès avant la naissance celui avec qui la mère vit. Pour les pacsés, cela aurait été possible mais illogique, puisque le PACS ne comporte pas d’obli gation de fidélité. Il faut bien constater que les couples qui se marient construisent le berceau juridique de leurs futurs enfants, alors que les couples qui ont un enfant sans être mariés doivent se préoccu per de créer la structure juridique qui l’accueillera : c’est en effet la conjonction des deux liens de filiation, paternelle et maternelle, sur un même enfant qui constitue juridiquement le « couple paren tal » chargé de l’élever.

Cette égalité de principe se heurte toujours à certaines réa lités contraires : d’abord, elle ne peut concerner que les enfants dont les deux liens de filiation sont établis, ce qui n’est pas tou jours le cas. Il subsiste des enfants non reconnus par leurs parents et des filiations illicites qui ne peuvent pas être établies, par exemple en cas d’inceste.

29ANALYSE II/ UNE FAMILLE LIBREMENT ORGANISÉE ?

1progressionL’irrésistiblede la liberté des couples

mai 2004 innove profondément, permettant d’ob tenir le divorce à la suite d’une deur soit pénalisé. Le mariage est vraiment devenu, de ce fait, une union qui n’est plus indissoluble dans son principe. La liberté de vivre ensemble sans être mariés La liberté de divorcer ne s’est pas imposée sans débats ni controverses ; l’histoire législative du divorce est riche et complexe. Au contraire, c’est à bas bruit et sans lois que les couples ont pris la liberté de vivre ensemble sans être mariés. Ce n’est qu’après coup, et pour contrer la jurispru dence de la Cour de cassation refusant le « statut » de concubins aux couples homosexuels, que la loi est intervenue pour introduire le concubinage dans le Code ci vil, et pour instituer le PACS. Ce droit des couples non ma riés est à bien des égards para doxal. D’abord, parce qu’il peut paraître contradictoire de refuser l’institution juridique du mariage et de prétendre ensuite exercer des « droits » sur le fondement d’un couple que l’on a refusé de couler dans les formes légales. Aussi bien l’évolution s’est-elle surtout faite dans le registre du « droit du besoin » : il s’agissait de procurer des ressources de base à des personnes en situation de fragilité, plus que d’admettre que la vie en commun crée des préro gatives juridiques. La loi du 15 novembre 1999 relative au PACS a d’ailleurs eu un effet paradoxal : d’un côté, le PACS est clairement source de droits, fiscaux et sociaux mais aussi civils. D’un autre côté, la création de cette nouvelle forme loi et des tribunaux. De fait, on ne peut plus relever d’amélioration récente des droits des concubins nonUnepacsés.autre évolution peu connue et paradoxale est le recul dans la prise en considération de la vie commune des parents au titre de l’organisation de l’auto rité parentale. Il existait un en semble de mesures particulières pour les enfants de concubins, certaines règles s’appliquant dès lors que les parents faisaient état d’une vie commune. Ce fut le cas de l’autorité parentale conjointe entre 1993 et 2002. Cet état de choses n’existe plus aujourd’hui et la vie commune des parents n’a plus, en principe, d’incidence sur le statut de l’enfant. Il est d’ailleurs logique que l’on ne reproduise pas en fonction de la vie commune des parents les discriminations que l’on a suppri mées entre les enfants légitimes et naturels. Il n’est pas moins logique que l’on ne tienne pas compte des questions de couple dans le droit de la famille, puisque ces deux systèmes sont au jourd’hui clairement distingués.

La liberté de divorcer La première liberté conquise par les couples fut celle de se séparer. Permis et pratiqué à l’époque romaine, le divorce avait disparu pendant l’Ancien Régime, sous l’influence de l’Eglise catho lique. Autorisé pendant la Révolu tion et le premier Empire, il fut supprimé à la Restauration et ne fut rétabli qu’en 1884 sous la forme exclusive du divorce pour faute. Le divorce demeura peu fréquent et mal considéré jusque dans les années 1970. A partir de ce moment, il ex plose statistiquement, tandis que la législation se met en harmonie avec les mœurs. La loi du 11 juillet 1975 consa cra le divorce par consentement mutuel, admettant que la volonté commune des époux puisse dénouer ce qu’elle avait créé. Ce divorce policé restait réservé aux couples parvenant à se mettre d’accord non seulement sur le principe de la séparation, mais aussi sur toutes ses conséquences. Les autres procédures de la loi de 1975 s’étant avérées malcom modes, les autres divorces sont restés régis par la notion de faute, ce qui contribuait à envenimer les relations entre les époux. Et lorsqu’un seul des époux souhai tait divorcer, sans pouvoir alléguer de véritables fautes à l’encontre de l’autre, mais simplement parce que la vie commune était devenue intolérable, aucune issue judiciaire ne lui était ouverte, et il n’était pas rare que des demandes en di vorces soient rejetées, laissant un des époux prisonnier d’une union insupportable.Laloidu26

La nouvelle liberté des couples peut être exprimée par la for mule du « démariage » qui inclut à la fois la fragilisation des unions, notamment par le divorce et la montée des « unions libres ».

Le Code de la santé publique réserve l’assistance médicale à la procréation aux couples hétérosexuels vivant ensemble depuis au moins deux ans : mais il ne s’agit alors plus de droit des couples, mais de droit de la filiation puisqu’il est question d’« autoriser » un couple à pro créer. Or, dans le domaine de la parenté, le rôle de la volonté indi viduelle est beaucoup plus limité par les contraintes sociales.

2- L’ depersistanteimpérativitédesliensparenté

30 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

L’ordre public étend son empire sur les liens de parenté aussi bien dans le domaine de la procréation et de l’établissement du lien de filiation, que dans l’exercice de l’autorité parentale. L’encadrement juridique de la procréation A première vue, la libéralisation de la contraception et de l’IVG semble attester une promotion des libertés individuelles, en tout cas de celles de la femme. Cette li berté s’exerce cependant sous un contrôle sanitaire très étroit. En témoigne la loi du 4 juillet 2001 autorisant l’IVG des mineures sans le consentement parental, dont le dispositif a été étendu à l’ensemble des soins médicaux dans la loi du 4 mars 2002 sur les droits des malades. Il ne s’agit pas tant de promouvoir la liberté des adolescentes que d’éviter des grossesses non souhaitées médicalement et socialement. C’était déjà la lecture à retenir de la liberté des adolescentes de recourir à la contraception sans accord parental. La liberté de procréer ne su bit aucune entrave lorsqu’elle s’exerce naturellement : c’est une liberté fondamentale que seuls les régimes politiques non démo cratiques ont pu limiter. Mais le contrôle social devient très strict lorsque le couple stérile sollicite que la société lui procure un enfant. Que ce soit par assistance médicale à la procréation ou par adoption, des conditions rigou reuses sont posées, dans le souci du bien-être de l’enfant, dont l’intérêt supérieur est la seule référence. Pour assurer à l’enfant une filiation « normale » qui ne lui porte pas préjudice, et pour garder le secret de la stérilité des parents, les filiations « arti ficielles » sont modelées sur les filiations « naturelles ». Dans le cadre de l’assistance médicale à la procréation, le dogme a été posé lors des lois bioéthiques de 1994 : « deux parents de sexes différents, pas un de plus, pas un de moins ». Il n’a pas été remis en cause au moment de la révi sion de la loi bioéthique du 6 août 2004 ; les femmes vivant seules et les lesbiennes ne peuvent tou jours pas en bénéficier en France. Le droit de l’adoption semble plus libéral, l’adoption par un célibataire étant admise depuis 1966. Cette adoption unilatérale pose aujourd’hui problème. Non seulement elle n’est pas conforme au principe selon lequel il est pré férable pour l’enfant d’avoir deux parents, mais elle est souvent demandée non pas par de « vrais » célibataires mais par des personnes vivant en couple. Lorsqu’il s’agit d’un couple homosexuel, l’adoption est le plus souvent refusée dans l’inté rêt de l’enfant ; cette pratique n’a pas été condamnée dans l’arrêt Fretté de la Cour Européenne des Droits de l’Homme en date du 26 février 2002. Il peut sembler bizarre que les couples hétérosexuels non mariés puissent avoir recours à l’assistance médicale à la pro création, mais ne puissent pas adopter conjointement, alors qu’un célibataire peut adop ter, mais pas recourir à l’AMP. L’explication est d’abord histo rique : en 1966, de nombreux enfants abandonnés ne trou vaient pas de famille, et l’on sou haitait accroître leurs chances d’être adoptés. Surtout, l’assis tance médicale à la procréa tion est, en France, considérée comme une démarche théra peutique envers un couple sté rile. Elle ne se justifie donc pas en cas de célibat ou de vie en couple homosexuel. Par contre, l’exigence que le couple soit marié ne parait pas pertinente dans un domaine médical, alors que l’on peut la comprendre pour une filiation judiciaire. On comprend mieux, dès lors, les puissants obstacles qui s’op posent à la reconnaissance de l’homoparentalité.Quandellesseréalisent mal gré l’interdiction légale, les pro créations illicites se trouvent rejetées par le système juri dique qui refuse absolument de donner un état aux enfants qui en sont issus. Les enfants nés de mères porteuses californiennes sont victimes aujourd’hui de la même ignorance volontaire que les enfants illégitimes hier et pour les mêmes raisons : leur existence même est une atteinte à l’ordre social. L’ostra cisme s’étend aussi aux enfants nés d’un inceste, autre cas où le droit se refuse à consacrer des liens de parenté interdits. Au-delà de ces cas limites, le rôle de la volonté dans l’éta blissement des liens de filiation est très ambigu. Lorsqu’il s’agit pour les parents d’assumer volontairement leur paternité ou maternité, le système législatif vient conforter cette manifesta tion positive d’intérêt : mariage ou reconnaissance d’enfant na turel sont les deux modes «nor maux» et volontaires d’établisse ment de la filiation. Mais lorsque les parents se refusent à prendre l’enfant en charge, la loi est beaucoup moins souple. L’accouchement « sous X » est de plus en plus encadré législativement ; il ne subsiste qu’à cause des risques que ferait courir, notamment en termes d’infanticides, sa suppression. Quant à l’établis sement judiciaire de la filiation paternelle, dont la figure média tique fut l’affaire « Montand », il est de plus en plus facilité par les expertises d’ADN qui ne laissent aucune chance aux pères récalcitrants.Cecontexte montre toute l’am biguïté de la reconnaissance par la loi du 22 janvier 2002 de la notion d’« origines », distincte de la filia tion juridique. Le Code de l’action sociale et des familles organise désormais, par le biais du Conseil National pour l’Accès aux Origines Personnelles, un accès à la connaissance de l’identité des père et mère des enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance, sans conséquence au regard de la filiation. Cette distinction doit permettre d’ouvrir l’accès aux « origines », sans déstabiliser les familles et désorganiser les liens de parenté. Il n’est pas certain qu’elle résistera aux reven dications de ceux qui, ayant retrouvé leur famille biologique, y exigeront leur intégration juridique.

tion encadre encore plus stric tement la liberté des parents, en rendant moins faciles les contes tations de filiation. Jusqu’alors, il n’était pas rare que le divorce ou la séparation des parents soit l’oc casion de faire anéantir une filia tion qui avait pourtant été volon tairement établie, en démontrant sa Unfausseté.enfant pouvait ainsi chan ger d’état, et donc de nom, sans que son avis lui soit demandé, et pendant des délais variables selon les cas de figure, mais dont le plus long est de trente ans après sa majorité ! Le nouveau texte pose des limites tempo relles strictes à ces contestations, quitte à maintenir des filiations juridiques inexactes : il appar tient aux parents de se soucier dès la naissance de l’enfant de lui donner un état-civil conforme à la vérité et il ne devrait pas être possible de reconnaître un enfant en sachant qu’il n’est pas le sien, puis ensuite de le rejeter. Les dé lais adoptés par le nouveau texte sont cependant longs : cinq ans ou dix ans selon que l’enfant est ou non élevé par ceux qui sont juridiquement ses parents. De plus, l’ordonnance du 2 juillet 2005 permet des contestations autrefois interdites : ainsi devientil possible à l’amant d’une femme mariée de faire déclarer sa pater nité à l’égard de l’enfant mis au monde par celle-ci, même si le mari élève l’enfant comme le sien, ce qui était autrefois impossible. La liberté contrôlée de l’exercice de l’autorité parentale Le rôle des volontés indivi duelles n’est pas moins encadré établissant sa filiation rapidement. Reste que la figure légale imposée est celle de l’exercice conjoint de l’autorité parentale, et qu’il n’est pas admis en principe que les parents disposent librement de leurs prérogatives. Si les accords entre eux sont valorisés dans la loi du 4 mars 2002, c’est sous la stricte condition qu’ils soient conformes à l’intérêt de l’enfant. Il n’est pas rare que les juges refusent d’admettre certaines conventions parentales, comme des résidences alternées obli geant l’enfant à changer d’école chaque année, ou un abandon par la mère de tout droit à une pen sion alimentaire pour l’enfant, en contrepartie de la renonciation du père à exercer son droit de visite. Cette sacralisation de la coparentalité entraîne de notables contraintes : par exemple, elle exclut que l’un des parents puisse quitter le domicile familial en emmenant avec lui l’enfant sans au préalable obtenir l’accord de l’autre parent. Elle interdit aussi, de fait, la reconnaissance des familles recomposées, puisque le « couple parental » même séparé, demeure intact juridiquement : il n’y a nulle place alors pour un éventuel beau-parent. C’est un obstacle supplémentaire pour la reconnaissance des « familles homosexuelles » qui sont prati quement toujours des familles recomposées, l’enfant ayant né cessairement un parent extérieur au Ilcouple.nefaudrait, enfin, pas oublier le poids des contrôles sociaux sur les modes d’éducation. Il n’est pas rare que les contraintes scolaires et sanitaires soient vécues par les familles comme des atteintes à leurs libertés et à leurs convictions religieuses. Or, la récente loi sur la laïcité, comme le renforcement du contrôle des obligations scolaires, montrent, s’il en était besoin, que la société française ne baisse pas la garde sur ces questions. En guise de conclusion : la question des mariages homosexuels Soulevée récemment en France, elle est au cœur des incertitudes contemporaines sur le couple et la famille. S’il ne s’agissait que de permettre à des couples de vivre ensemble avec l’organisation patrimoniale des époux, ainsi que de reconnaître une obligation réciproque d’assis tance et de secours, la question serait plus simple. La liberté des couples et le principe d’éga lité des citoyens conjugueraient leur force pour rendre licite le mariage entre personnes de même sexe. La difficulté vient de ce que le mariage est, dans notre société comme dans la plupart des socié tés humaines, le mode particulier d’organisation de la réunion des sexes en vue de la perpétuation de l’espèce. Or, rien n’est moins libre que l’organisation des liens de parenté. Fortement structurée sur l’altérité sexuelle des parents, la filiation juridique est un mode d’intégration des contraintes biologiques par l’organisation sociale. La suppression probable des différences entre filiations légitimes et illégitimes rendra encore plus visibles les diffé rences essentielles entre pater nité et maternité. L’affirmation de la pérennité de ces liens et leur assignation comme seul et im muable fondement de la parenté éducative concourent à rendre impossible, impensable ce que l’on appelle l’homoparentalité.

31ANALYSE

On peut, comme en Belgique, imaginer un mariage entre per sonnes de même sexe privé de toutes ses conséquences au re gard de la filiation. Mais, malgré l’identité de vocable, s’agirait-il encore d’un mariage ?

32 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE APPROCHE PHILOSOPHIQUE POURQUOI L’AUTORITÉ ?

Bernard

Faire autorité suppose une exemplarité et une réciprocité qui s’exercent à l’insu même de leurs auteurs : c’est l’histoire complexe de la transmission. Du côté des parents ou des éduquants, ce n’est pas si simple, car l’enfant ne peut être seulement considéré comme un prolongement de sa volonté, mais comme un sujet radicalement autre, qui s’édifie, se construit, se réalise, au fur et à me sure des influences qu’il reçoit et de l’autorité qu’il devient capable d’exercer sur son environne ment. Nos enfants, aussi proches et aimés soient-ils, nous forcent à faire l’expérience de cette altérité radicale : combien de fois les trou vons-nous soudainement telle ment étrangers à nous-mêmes au point de ne plus les comprendre ou de ne plus les reconnaître ? Alors, parfois l’on dit : « c’est ma gnifique, j’ai vraiment fait autorité, il grandit, il s’échappe, j’ai créé de l’ex tériorité, de l’altérité ou en tout cas, j’y ai contribué ». Parfois, on entre prend de lutter contre cette dif férenciation et les conflits qu’elle engendre, non pas toujours avec autorité, mais avec le pouvoir 1Voir à ce sujet l’ouvrage de M. Revault d’Allone : « Le pouvoir du commencement, essai sur l’autorité, » éditions du Seuil, 2006. BENATTAR

Parentalité ou autorité parentale ? Parler de soutien à la parenta lité suppose-t-il aujourd’hui une défiance vis-à-vis de l’autorité pa rentale ? Je me demande même si ce n’est pas la première question que pose le néologisme de paren talité. En droit, quand on parle d’autorité parentale partagée, parle-t-on vraiment d’autorité ou de pouvoir parental ? Dès que l’on parle de soutien à la paren talité, la question de l’autorité semble être la question princi pale et l’on sent bien que ce n’est pas satisfaisant. Soit il n’y en a pas assez, soit il y en a trop : l’auto rité, c’est de l’abus ou du laxisme. Cette oscillation entre le pas assez ou le trop caractérise bien notre époque, avec un peu de nostalgie pour ce temps (d’avant 68 ?) où tout semblait beaucoup plus simple, lorsque les enfants, dit-on, obéissaient sans discuter. Le mot « autorité » a une longue histoire et contribue for tement comme concept majeur de l’éducation à sa complexité. Schématiquement, il a une signifi cation double, comme beaucoup de mots en français, un endroit et un envers qui semblent tant s’opposer. D’une part, une idée de force supérieure, légitime ou pas, qui suscite obéissance et res pect (avoir de l’autorité). D’autre part, une idée de puissance qui se transmet, qui est cause d’augmen tation et de croissance pour qui elle s’exerce (faire autorité). L’une interdit, oblige, convoque, l’autre autorise, favorise, oriente les commencements1. De quel côté voulons-nous que penche l’auto rité parentale pour être éducative aujourd’hui ? Comment sortir de ce binarisme ?

Philosophe – Psychosociologue www.penser-ensemble.eu

APPROCHES D’EXPERTS

2L’enfant philosophe, avenir de l’Humanité ? Jacques Lévine, édition. ESF éditeur, 2008

L’enfant est aussi devenu un sujet (ce qui n’est pas loin du « bébé est une personne » de Fran çoise Dolto), considéré comme un individu à part entière, c’est-àdire qui a ses besoins, ses désirs et volontés propres, et d’une certaine manière, une existence autonome. C’est un problème aujourd’hui : depuis que l’on a dit que l’enfant était une personne, cette petite personne n’a cessé de prendre de l’importance et de la valeur absolue, jusqu’à être convaincue d’être le centre de tout. Est-ce à travers cet excès d’attention et de perpétuelles négociations « d’égal à égal » qu’il peut devenir despotique (cf. l’enfant roi) ? Est-ce par là qu’on n’oserait plus rien lui refuser jusqu’à l’exaspération ? Ou est-ce encore une voie qui se cherche, par laquelle faire autorité, c’est s’adresser à l’autre comme à un interlocuteur valable, un sujet capable de raison, qui peut ré pondre et questionner, même s’il n’est pas mon égal. C’est, mesemble-t-il, dans cette philoso phie que nous nous sommes en gouffrés depuis quelques années, avec l’ambition sans doute, en hé ritiers de l’esprit des Lumières, et en conséquence des atrocités de la dernière guerre mondiale, de nous adresser à l’intelligence des enfants au plus tôt, de leur trans mettre une idée de dignité, pour qu’ils deviennent des hommes libres et responsables. Et puis, un enfant, c’est curieux, créatif, joueur, bon public, les yeux grands ouverts sur le monde. Il sait s’étonner et regarder là où nous ne regardons plus, nous adultes. Parfois même, il nous communique son étonnement, son questionnement et nous en avons sacrément besoin. Dès lors, l’enfant n’est plus seulement un apprenant, un « petit d’homme », bref un être de manque, il devient source de valeur, non comme objet précieux à protéger, mais comme sujet de référence (qui fait donc autorité). L’observer, l’écouter, dialoguer avec lui, abonder dans son sens parfois, ce n’est pas toujours renoncer à notre autorité, mais reconnaître en lui, par-delà les rôles et les préséances, ce qui peut faire origine, à la fois nous informer sur lui, mais aussi sur nous et sur le monde.Enfin, comme le dit si bien Jacques Lévine2, l’enfant philo sophe est avenir de l’humanité ! Oui, parce qu’il se pose sans arrêt des questions sur la condition humaine, il nous y ramène au cas où on l’oublierait. Il veut savoir et plus encore penser, questionner, ce qu’est la vie, la mort, la liberté, la justice, la vérité, la fraternité. Un des fondements de l’autorité est probablement de favoriser ce dialogue, lui donner prise sur le sens de notre existence commune, familiale, sociale et sociétale. Car faire parent ou être parent, c’est bien construire une existence commune. Ce n’est pas seulement avoir des devoirs et des obligations pour un devenir d’homme, c’est aussi contribuer à construire un vivre ensemble.

J’aimerais conclure sur une anecdote qui fait signe dans notre réflexion sur l’autorité en matière d’éducation : il fut un temps pas très ancien où, lorsque l’on grondait un enfant, on lui disait : « Baisse les yeux ! » ; aujourd’hui, on lui dit : « Regarde-moi ! ». C’est un changement de paradigme radi cal. On veut désormais former des citoyens libres et égaux et ce n’est pas simple du tout ! ■

33ANALYSE que notre statut ou le rapport de force nous autorise à exercer. La question de l’autorité, si elle semble parfois technique (comment faire ?), nous renvoie à la complexité de nos idéaux éducatifs et sociétaux (en vue de quoi ?). Quel regard porte-t-on sur les enfants aujourd’hui diffé remment d’hier ? Quelles com pétences leur prête-t-on ? A quel devenir veut-on les préparer ? Pour quelle société future ? Qu’est-ce qu’un enfant ? Un enfant, c’est vulnérable, fragile et dépendant. Là, on en dé duit qu’il faut le protéger, de luimême et des autres, lui fournir de la sécurité, subvenir à ses besoins. Un enfant, c’est irresponsable, immature, incompétent, insou ciant, futile, ignorant de tant et tant de choses. Un enfant est un mineur ! Et par là, il faut pouvoir décider à sa place, le temps qu’il apprenne, qu’il comprenne ce qui dépend de lui ; on ne peut pas trop lui en vouloir de ses mala dresses, de ses essais et erreurs, de ses manquements : « il faut bien que jeunesse se passe ! ». Un enfant, c’est docile et indo cile, conformiste et rebelle, déso béissant et sage, donc plein de contradictions, du point de vue de la loi et de l’obéissance. Vou loir faire autorité, est-ce penser qu’il va pouvoir obéir, non par la force, non par la contrainte, même pas par la persuasion, mais par la raison ? Ou encore est-ce penser que cette obéissance est requise comme préalable à la transmission ou comme une de ses conséquences ? Lorsqu’on pensait qu’il fallait « dresser » les enfants plutôt que de les éduquer, il s’agissait d’abord d’exercer une autorité de contrôle et de répres sion pour prévenir les mauvais penchants, surveiller et punir, car « qui vole un œuf, vole un bœuf ! ». Depuis que l’on cherche davan tage à les éduquer qu’à les dres ser, a-t-on remplacé le condi tionnement par la discipline, le réflexe par la réflexion, l’usage de la force par la discussion ?

L’éducation familiale étant pré sentée comme fondamentale et naturelle, les parents se sentent «sur-responsabilisés ». Cette évo lution s’est faite en deux temps avec une valorisation de l’éduca tion parentale puis un glissement progressif vers du soutien, voire un certain contrôle. En 1970, on rappelle le rôle égalitaire du rôle du père et de la mère ; les écrits de Rousseau du 19ème siècle sont repris. Ces années ont remis en cause l’idée d’un modèle familial asymétrique et ont débouché sur une incertitude en matière d’éducation, accompagnée d’une crise économique provo quant la précarisation d’une frac tion de la population. Les REAAP, créés en 1999, apportent un cadre structurant. La famille nucléaire devenant de plus en plus prégnante, ces actions REAAP peuvent com penser certains déficits éduca tifs. Assez paradoxalement, des discours sous-entendent un déterminisme parental : la res ponsabilité de l’action parentale est uniquement renvoyée aux parents, ce qui démontre une at tente excessive du cadre familial. Après la signature de la convention internationale des droits de l’enfant émerge une nouvelle conception du rapport à l’enfant qui porte un regard général sur la parentalité. Dans cette dynamique, la responsa bilité éducative des parents est rehaussée mais une logique de substitution parentale est davantage mise en avant ; il ne s’agit en aucun cas d’une sup pléance. Cette nouvelle situa tion, bénéfique pour les enfants, complexifie les problématiques d’éducation familiale pour les intervenants sociaux. Si l’auto rité publique se substitue aux parents, il doit y avoir élabo ration d’un travail commun et d’un dispositif pluri-éducatif correctement accompagné : l’enfant ne doit pas vivre une désaffiliation. Ceci découle de la logique actuelle où les parents, quelles que soient leurs conditions de vie, sont désignés porteurs d’une responsa bilité dans la socialisation de leurs enfants sur plan civil et pénal. G. Neyrand insiste sur le fait qu’il convient d’adopter une attitude bienveillante à leur égard car la barrière entre soutien et contrôle s’avère difficile à maintenir. Depuis les années 90, la pa rentalité est présentée comme dispositif social : ces évolutions se manifestent par la mise en œuvre de pratiques novatrices (lieux d’accueil enfants-parents, crèches parentales, médiation familiale). Ceci se cristallise avec la mise en place des REAAP, ac compagnée d’une production de réglementations. Une tendance vers une institutionnalisation des dispositifs apparaît évidente.

Devenue un objet socia lement pertinent, la paren talité est une notion tardive qui émerge seulement dans les années 90, signe d’un pro cessus de construction d’un public nouveau. L’irruption de la parentalité touche à la reconfiguration des dimensions familiales, d’où le repositionne ment des acteurs familiaux. Des mutations familiales émergent : G. Neyrand les désigne comme étant des signes de « désinstitu tion de la conjugalité » associés à l’augmentation de l’union libre et des divorces. Des souf frances individuelles sont alors générées par les séparations, ce qui crée une peur sociale des structures de la filiation.

Désormais, la parentalité est réaffirmée car l’enfant devient le pivot de la famille ; le taux de naissance hors mariage est supé rieur à 50% depuis 2006, preuve d’une certaine mutation anthro pologique. Les relations d’un en fant à ses parents renvoient par fois à un mode de vie spécifique (parents séparés, additionnels, investis dans une sexualité nonprocréatrice, parents d’accueil, adoptifs, assistés par une pro création médicale) ce qui com plexifie la question de la filiation. Un comité national d’éthique a d’ailleurs été créé en 1983.

L’autorité parentale est-elle une affaire privée ou publique ? Certains discours dénon cent un renoncement parental, d’autres soutiennent le déve loppement de l’action éduca tive, d’où des points de vue pa rallèles et parfois concurrents. L’éducation n’est à vrai dire pas la seule affaire des parents.

Au milieu des années 80, la coparentalité est posée comme nouveau principe normatif ; elle participerait de l’intérêt de l’enfant concernant l’éducation, car davantage de pères voient ainsi leurs enfants. Ce principe de coparentalité s’appuie sur l’idée que la parentalité serait naturelle ; on est actuellement sur une société dite bi-filiative ; une remise en cause du carac tère indissoluble du lien du mariage anime aussi le débat. Enfin, depuis trente ans, la pri mauté du droit de l’enfant dans notre système social est rappe lée, engendrant des évolutions des politiques de soutien. Paral lèlement, la multiplication des modes d’accueil ou la prépon dérance des médias contribue à la socialisation.

APPROCHE SOCIOLOGIQUE ENTRE CONTRÔLE ET SANCTION Compte-rendu d’intervention de Gérard NEYRAND dans le cadre de la rencontre décentralisée de la Parentalité à Marseille en 2011

On reconnaît de plus en plus au père une proximité à l’égard des jeunes enfants dans l’espace public. En parallèle, l’implica tion des intervenants du soin, de l’accueil, du soin, de l’éducation croît ; de nouveaux acteurs sont apparus tels les éducateurs de jeunes enfants ou les assistantes maternelles. Les fonctions de ces professionnels sont redéfi nies pour ne pas les mettre en concurrence avec les parents sous la bénédiction d’un Etat qui a pris conscience de la nécessité de modes de garde publics. à l’Université PaulToulouseSabatier3

34 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

La parentalité est aujourd’hui un thème majeur de préoccupations qui, au-delà des spécialistes, touche l’ensemble de la société. Gérard Neyrand analyse ici la montée en puissance de cette notion de puis son investissement par les sciences humaines dans le cadre d’une clinique du lien, jusqu’à sa popularisation politico-mé diatique récente dans une perspective de soutien mais aussi de contrôle des parents. Cet ouvrage rend compte des différentes modalités d’intervention possibles sur la parentalité et de leurs éventuelles contra dictions, tant au niveau de l’enfant et de la diversification des acteurs parentaux provoquée par les ruptures conjugales et les progrès de la médecine de la procréation, que de la gestion collective des rapports parents-enfant qui se trouvent jugés, voire sanctionnés en cas d’échec ou de dérives. à lire... « Soutenir et contrôler les parents. Le dispositif de parentalité » Érès, 2011

APPROCHES D’EXPERTS

35ANALYSE

La parentalité s’exerce à plu sieurs, elle ne peut être la préro gative d’un seul ! La délégation parentale s’élargit à d’autres (in tervenants, enseignants...).

Gérard Neyrand stipule que co-éduquer consiste à mobili ser en réseau plusieurs acteurs éducatifs. Il reconnaît le carac tère collectif de l’éducation des enfants ainsi que la nécessité de mieux coordonner le rôle des acteurs. Dans les sociétés occi dentales, il convient de recon naître que plusieurs acteurs s’avèrent nécessaires pour éle ver un enfant. L’Etat doit interve nir seulement en dernier ressort. Il garde un pouvoir de contrôle par l’intermédiaire de l’école par exemple. ■

Le soutien et l’accompagne ment s’inscrivent dans une ap proche qualifiante où il s’agit de mettre en valeur les ressources des parents : les savoir-faire pa rentaux sont légitimés. Certains parents sont complètement perdus, mais le soutien ne doit pas devenir une approche com pensatoire par des intervenants : l’incompétence parentale est un simple aléa du statut de parent. Le soutien vise à aider le parent à accepter qu’il ne peut pas être tout puissant. L’intervenant ne doit toutefois pas être dans une position de pouvoir, de coerci tion ou d’injonction.

Parentalité versus Parenté

Le double processus d’affilia tion est central dans la parenta lité : l’enfant est enfin reconnu socialement. Les parents adop tifs et biologiques ont le même statut d’un point de vue psycho logique. Un lien parent-enfant se développe, qui n’est pas donné à la naissance : il peut évoluer et intégrer entre autres des parents adoptifs.Laparentalité biologique est séparée de la parentalité adoptive. La position parentale est définie par le rapport qui est créé entre parent-enfant. Il peut y avoir des désaffiliations douloureuses ou des processus d’affiliation au cours du déve loppement de l’enfant. Le terme de « parentalité » - contrairement à « parenté » - met l’accent sur la dimension dynamique du lien de l’enfant à ses parents.

36 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

La « parentalité » est une notion récente, voire à la mode, dont la signification parait évidente ; elle est utilisée pour répondre à de nombreuses problématiques sociales, de manière transdiscipli naire, mais ce n’est pas un terme juridique.Plusieurs textes apportent un cadrage : la loi du 5 mars 2007 qui intègre la prévention dans la protection de l’enfance, la circu laire interministérielle du 11 dé cembre 2008 relative aux REAAP, la création des REAAP en mars 2009, et le Comité national de soutien à la parentalité, créé par décret en 2010. Les chercheurs s’intéressent de plus en plus aux pratiques éduca tives des parents, leurs analyses furent longtemps limitées aux dimensions relationnelles (atta chement) et à l’impact des classes sociales des sujets. Aux Etats-Unis, la mise en œuvre d’une vaste politique de lutte contre l’échec (head start, 1965) les a conduits à s’intéresser à l’activité parentale d’éducation à partir des années 1970. En 1986, des chercheurs francophones ont créé l’Associa tion internationale francophone de recherche et de formation en éducation familiale (AIFREF). En France, il y a trois principaux cadres de référence : une approche socio-éducative de la suppléance familiale, une construction psy chique du devenir parent et une organisation des rôles parentaux. Une socio-éducativeapproche

Origines et «disciplinairesapprochesdelaparentalité»

APPROCHE

L’activité d’élever un ou des enfants est une pratique sociale fi nalisée, constituée d’un ensemble de conduites mises en œuvre dans la durée pour assurer les conditions d’un développement adéquat des enfants notamment sur les plans physique, intellec tuel, affectif et social. Les québécois utilisent le terme de « parentage » datant du XIIème siècle. Toutefois, selon cer taines féministes américaines, ce terme occulte les spécificités du et son usage ne permet pas tou jours de distinguer si l’activité de parentage est mise en œuvre par des « parents » en milieu familial ou par des professionnels dans des organisations de suppléance familiale (internats ou services de placement).Lespratiques de parentage, multiples et diverses, ne peuvent être dissociées ni des dimensions affectives et relationnelles dans lesquelles elles s’inscrivent, ni des dimensions axiologiques et rationnelles auxquelles les per sonnes concernées se réfèrent. L’affection entre parents et en fants tient une place considérée aujourd’hui comme majeure au sein des processus éducatifs ; il convient cependant d’examiner d’autres éléments tels que les objectifs, les valeurs, les connais sances transmises et les straté gies éducatives adoptées. Dans l’expérience quotidienne des parents, ces dimensions axiolo giques et cognitives sont étroi tement liées aux dimensions émotionnelles ; leur compré hension conduit le chercheur à distinguer précisément les mul tiples composants du processus POLITIQUE PUBLIQUE SOUTENIR LA PARENTALITÉ : ANALYSES CROISÉES

• les tâches éducatives (ou socia lisantes) directes : on regroupe ici l’ensemble des activités par lesquelles les personnes ayant la charge d’élever des enfants leur inculquent des valeurs, des représentations, des connaissances, des conduites. La palette est large : apprentis sages (marche, déplacement en métro, etc.), acquisition de comportements sociaux adap tés (se tenir à table, ne pas voler, etc.), stimulations (jeux, discussions, sorties, etc.). C’est une part centrale de la fonction que nous étudions ; l’identifier en termes de tâches ne présup pose en rien quelles seront les stratégies utilisées, leur degré d’imposition ou de liberté, ni bien sûr la nature des données transmises. Soulignons l’opposi tion classique dans la littérature américaine entre “parent educa tor” et “parent teacher” : alors que le parent se fait “teacher” quand il applique un programme propo sé par un spécialiste et supposé fondé sur des connaissances scientifiques, il est “educator” dans toutes les autres activités éducatives, le plus souvent défi nies par les termes : ordinaire, naturel, quotidien. Les tâches de garde, d’élevage et d’éducation constituent un pôle central. Elles supposent la co présence de l’enfant et de l’adulte qui peut, en même temps, mettre en œuvre plusieurs fonctions ; par exemple, une mère expliquant à son enfant qu’il ne doit pas gas piller la nourriture assume simul tanément des tâches de garde, d’élevage et de socialisation.

Le sociologue suisse Jean Kellerhals (1991) a proposé le terme de coordination pour sou ligner qu’ici l’activité éducative du parent est en quelque sorte au second degré et se fait en rela tion plus ou moins serrée, plus ou moins conflictuelle, avec d’autres agents de socialisation. Cette acti vité importante ne suppose pas une coprésence continue avec l’enfant. Les parents divorcés ne vivant pas avec l’enfant peuvent intervenir dans ce champ d’acti vités ; de même, en institution, des cadres n’assurant pas la prise en charge quotidienne des enfants peuvent participer à ces activités de suivi et coordination.

APPROCHES D’EXPERTS

• les tâches de référence sociale : elles regroupent les différents choix que l’adulte peut être amené à effectuer, le plus souvent en relation avec ses responsabilités vis-à-vis des enfants. En droit français, sont en jeu les adultes assurant une garantie civile et/ou pénale du jeune, qui les amène à prendre des décisions, choisir, permettre ou interdire : consulter un mé decin, autoriser une opération chirurgicale mais aussi, avant 16 ans, une interruption volontaire de grossesse, donner un consen tement à un voyage, choisir l’école, mais aussi apporter sa caution aux choix du jeune, ou à son propos, concernant sa vie, sa formation, ou son avenir.

Typologie des tâches de parentage (Durning, Fablet, 1986)

• les tâches techniques, telles que changer des ampoules élec triques, une vitre, décorer une chambre, etc. sont importantes dans de grands internats, plus li mitées dans un contexte familial.

Ces deux ensembles de tâches, domestiques et techniques, sont subordonnés et peu valorisés ; dans des familles aisées, elles pour ront être déléguées à un personnel rémunéré. En outre, si certaines de ces tâches peuvent être confiées aux enfants, elles peuvent pour la plupart être réalisées en son absence.Cestâches sont prises en charge dans les internats de taille importante par un personnel spécifique, organisé en 3 équipes : cuisine, ménage et entretien. Le ménage est souvent assuré par des femmes et les tâches d’entretien par des hommes.

• les tâches de garde : la garde d’un enfant peut être assurée conjoin tement avec une autre activité. Il n’empêche que la réalité banale : de jeunes enfants ne peuvent être laissés seuls, a des incidences importantes. Ainsi, en institution, les personnes présentes auprès des enfants ne peuvent être en même temps en réunion pour débattre de l’attitude à tenir avec eux. Ceci constitue un indicateur impor tant de la place des personnels, eu égard à la fonction éducative, que de savoir s’ils peuvent ou non choisir entre leur travail au près des enfants et une réunion.

• les tâches d’ « élevage » (nursing) incluent la prise en charge des besoins physiologiques, corpo rels et varient fortement avec l’âge ; on distingue habituelle ment : nourrir, habiller, laver, soigner.

La complexité et la diversité des activités impliquées dans l’action d’élever des enfants conduit à tenter de caractériser les tâches en jeu, ce qui permet, en comparant les contextes (setting) éducatifs différents, de repérer des modalités diverses de répartition des tâches d’édu cation ou de « parentage » et de suppléance familiale. La typologie proposée s’inspire délibérément d’une représenta tion traditionnelle de l’éducation d’un enfant dans sa famille ; elle a été construite en confrontant cette représentation aux situa tions rencontrées dans différents contextes. Elle distingue : • les tâches domestiques : élever un enfant impose un certain nombre de tâches domestiques, telles que la préparation des repas, l’entretien du linge, le ménage, etc.

• les tâches de suivi ou de coordi nation réfèrent au suivi par le parent des activités de l’enfant, le plus souvent en dehors de la famille : suivi de la santé, de la scolarité, des relations extrafa miliales mais aussi de la télévi sion, des loisirs, préparation de l’insertion sociale, profession nelle future, etc.

37ANALYSE

ANALYSE38 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

• l’exercice (axe juridique), définition des droits et des devoirs des parents, qui varie selon les sociétés ;

• l’expérience subjective : la dimension psychique de la parentalité, l’éprouvé, le vécu intime, l’expérience affective. (C. Sellenet) ;

Alors que les parents et tra ditionnellement le père des enfants élevés dans leur famille assument ces tâches, pour les en fants placés, ce sont souvent des personnes extérieures à la struc ture d’accueil qui interviennent : d’abord les parents dès lors que le placement a été leur décision, ou le juge pour enfants lors de certaines mesures prises dans le cadre de la protection judiciaire de l’enfance (Corbillon 1993). L’approche en termes de tâches permet ici de distinguer forte ment entre une famille d’accueil et une famille adoptive, puisque la famille adoptive jouira, en droit français, de l’ensemble des prérogatives de référence sociale, alors qu’une famille d’accueil n’intervient pas dans ce champ qui est, selon les cas, du ressort des parents ou du juge pour enfants.

Les actions de soutien à la parentalité visent à appuyer et à soutenir les parents en difficulté durable ou passagère dans leur rôle vis-à-vis de leurs enfants. Elles se différencient des dispositifs de responsabilisation parentale qui ont pour objet d’inciter sinon obliger les parents à assumer leurs responsabilités éducatives. La formation parentale Élever des enfants suppose de mobiliser des compétences nombreuses qui évoluent au fur et à mesure de la croissance des enfants.Lesrepères traditionnels ne suffisent pas : un parent doit aujourd’hui s’y retrouver dans le suivi scolaire ou encore dans sa supervision de ses enfants vis-àvisIld’internet.existeàce jour en France une incontestable méfiance à l’égard du caractère normatif d’une ac tion éducative ou formative, selon laquelle « on va modéliser les pa rents en leur apprenant la bonne façon de faire avec leurs enfants ». Il est étonnant que nous parta gions une conception ouverte de la formation des intervenants, des enseignants, ou des psychologues, très différente de ce pourrait être une formation des parents. La pre mière est pensée comme une pra tique de co-construction du sa voir en interaction avec d’autres, recourant tout à la fois au savoir constitué, aux apports du forma teur et à l’expérience des partici pants, alors que la conception de la formation parentale est celle d’une inculcation, sans discussion ni débat, d’un modèle familial réactionnaire à des élèves dénués de tout sens critique. Les actions de soutien à la parentalité évoquées dans ce rapport montrent pourtant qu’il est fécond de favoriser l’échange d’expériences et de permettre aux groupes de voir que « lorsqu’on n’y arrive pas d’une certaine manière avec son enfant, on peut en tenter une autre... ». C’est-àdire, être quelque peu normatif en acceptant de débattre de ques tions telles que : « comment faut-il faire si mon enfant ne veut pas manger, ou se drogue... ? ». Au-delà de l’alter native radicale entre imposer aux participants un modèle du « bon parentage » ou les renvoyer à leurs difficultés relationnelles, une perspective de soutien propose la médiation de la réflexion partagée avec d’autres parents (Pourtois, 1984, Durning 1995/6).

La mise au point de cette ty pologie ne doit pas faire oublier que l’activité éducative conduit à coordonner les différentes tâches ainsi quelque peu artifi ciellement distinguées. Cepen dant, même en famille, la répar tition des tâches varie selon la forme familiale dans laquelle l’enfant est élevé.

Une d’inspirationapprocheanalytique

La normalisation La normalisation réfère à deux thématiques distinctes : la for mation parentale et la crainte de « normalisation » dont seraient porteuses les politiques de sou tien à la parentalité. Rappelons tout d’abord la connotation néga tive du terme en français, marqué par la normalisation soviétique du mouvement tchèque en 1968.

Un groupe de travail initié par la DGAS en coopération avec la MIRE a été dirigé par D. Houzel (1993-99). L’objectif était de poursuivre et étayer la réforme des pouponnières puis d’élabo rer l’expression de « suppléance partielle ». Trois « axes » de la parentalité peuvent être dessinés :

• la pratique : « il s’agit de l’en semble des gestes quotidiens et des soins qui viennent en complément de l’activité psychique des parents». Esther GOODY (1982) déter mine cinq fonctions parentales : 1.Concevoir et engendrer, dans les sociétés sans accès aux procréations médicalement assistées ; 2.Elever, nourrir et prodiguer des soins à l’enfant dans le respect des normes de la société ; 3.Eduquer l’enfant et le former aux connaissances tradition nelles et culturelles ; 4.Inscrire l’enfant dans la société en le dotant d’un nom ou d’un statut social ; 5.Jouir de certains droits sur l’enfant, mais également d’obli gations.Selonles organisations des so ciétés, ces fonctions sont suscep tibles, ou non, d’être déléguées. Il est en outre nécessaire de distinguer parentalité et paren tage et bien sûr parenté. Les pra tiques de parentage, multiples et diverses, ne peuvent être disso ciées des dimensions affectives et relationnelles dans lesquelles elles s’inscrivent, ni des dimen sions axiologiques et rationnelles auxquelles les personnes concer nées se réfèrent. (Durning, 1995) Une question de principe : faut-il craindre de « normaliser » ?

Le développement des poli tiques répressives en direction des jeunes délinquants et de leurs parents conduit certains sociologues à critiquer le carac tère normalisant de toute inter vention socio-éducative du fait de l’existence d’une contrainte.

Toute intervention vise à un changement des sujets concer nés ; il apparaît important de dis tinguer ces interventions selon la conception du changement qui les sous-tend. Changer signifiet-il acquérir des connaissances nouvelles, modifier ses représen tations de la réalité, changer ses comportements ou encore déve lopper ses processus cognitifs ?

39ANALYSE

Une question de pratique : l’animation des activités de groupes de soutien Toute intervention intrafamiliale devrait pouvoir être reliée à des ensembles théoriques susceptibles de la justifier. On peut penser ce pendant que certaines formations conduisent à diffuser des modèles sans insister sur leurs fondements. Une perspective globale conduit à distinguer un ensemble d’approches qui privilégient des modèles explicatifs des causes de la perturbation familiale ou édu cative, d’un autre ensemble de modèles qui privilégient l’action à mettre en œuvre pour dépasser la situation. Les modèles d’interven tion ne sont pas seulement fondés sur des analyses scientifiques : ils peuvent s’inspirer d’une ap proche sociopolitique, morale ou religieuse, comme dans certains organismes caritatifs. Quelle conception des stratégies de changement des participants ?

Le parent est un acteur essen tiel de l’appropriation des règles sociales et culturelles. Parce que certaines aides sont imposées à certains, elles ne pourraient pas être proposées à d’autres. Refuser d’intervenir au près de publics captifs, c’est ren voyer en prison ceux que l’on n’a pas voulu prendre en charge pour garder nos mains propres. Même imposées, certaines interventions socio-éducatives peuvent être bénéfiques.

L’examen des interventions conduit à distinguer celles qui re cherchent le changement par un accroissement des connaissances du sujet, de celles qui visent une appropriation de connaissances nouvelles. Les cours prénataux, par exemple, adoptent cette dernière stratégie. D’autres programmes cherchent à aider les sujets à modifier leur représentation, leur point de vue sur leurs enfants ou sur eux-mêmes. Beaucoup de pro grammes à destination de parents d’enfants présentant des troubles du comportement adoptent cette stratégie. Dans leur ensemble, les programmes behavioristes se donnent pour objectif de modifier certaines façons de faire ou les comportements des personnes participant au programme. Enfin, le changement visé peut porter sur les processus sociocognitifs des sujets : apprendre à gérer des interactions sociales complexes, comme dans les pro grammes centrés sur la résolution de problèmes sociaux ou relation nels entre mère et enfant ou au sein du groupe d’enfants. De nombreuses interventions font appel à plusieurs sinon à tous ces processus. La détermination d’un processus privilégié appa raît comme un choix stratégique dont découlera la définition des activités et des procédures pédagogiques. ■

APPROCHES D’EXPERTS

1Ce texte est la retranscription retravaillée pour Réalités Familiales d’une communication donnée le 18 novembre 2011 au Colloque sur la Parentalité organisé par la CNAF et la DGCS. 2Chercheur associé au Laboratoire d’Anthropologie et de Sociologie de Rennes 2, Membre correspondant du SIUEERPP. Ouvrages collectifs sous la direction de D. COUM : « Qu’est-ce qu’un père ? », Erès, 2008 ; « Que veut dire être parent ? », Parentel, 2010 ; « Comment faire famille aujourd’hui ? », Parentel, 2012. Les parents serventparentaleQu’est-ceresponsablessont-ils?quelaresponsabilité?Aquoilesparents?

APPROCHE PSYCHOLOGIQUE LA DIFFICULTÉ D’ÊTRE PARENT AUJOURD’HUI : QUELS ENJEUX ?1

Un contextecertainculturel

Notre mode opératoire en matière d’aide à la parentalité est essentiellement la parole. Non seulement pour la recueillir, mais aussi pour la mettre au travail dans une conversation éclairée ; aussi pour en rendre compte et essayer de l’élever à la hauteur d’un matériau clinique à partir d’un « laboratoire » à ciel ouvert. En sciences humaines, nous nous refusons à expérimenter : aussi, quand nous recueillons du maté riau clinique, c’est là notre labo ratoire qui nous donne matière à penser et à analyser. Ce « labo ratoire de la parentalité » s’est ouvert d’une manière magnifique le 6 janvier 1999, avec la mise en place de la Délégation interminis térielle à la famille. À l’époque, la rédaction du Monde de l’Educa tion s’interrogeait : les parents sont-ils respon sables ? Qu’est-ce que la respon sabilité parentale ? A quoi servent les parents ? alors même que les troubles des enfants et des adolescents ne cessaient d’inquiéter. Or, il n’y a pas de réponse univoque à cette question ! Du moins le psycho logue n’en donnera pas, même sollicité en tant qu’expert. Tout au plus s’autorise-t-il à partager son analyse des phénomènes hu mains auxquels il est confronté. Les psys sont sollicités par les parents, les pouvoirs publics et les juristes en droit de la famille en tant qu’experts supposés sa voir : il faut y voir un signe du temps, comme dans les REAAP, résistants aux variations des po litiques publiques. Ainsi en va-t-il aussi de Parentel que nous n’hé sitons pas à considérer comme une sorte de symptôme social. Ces signes du temps, comme le sont aussi les difficultés des pa rents et de leurs enfants, ne sont pas des troubles à réduire mais des symptômes à comprendre. Tout cela dit quelque chose de ces mouvements, de ces turbu lences sociales, de ces déran gements culturels que nous vivons et que nous nous atta chons, dans le meilleur des cas, à analyser.Nous traversons collective ment cette révolution culturelle, ce changement de paradigme, qui affecte non seulement les parents, mais aussi les travailleurs sociaux et les scientifiques que nous sommes. En qualité de psychologues, nous avons à analyser et à rendre compte de ces mouvements, de la façon dont ils impactent la fonc tion parentale et nos manières de faire famille, mais également com ment ils influencent nos métiers et nos manières d’agir auprès des parents et des familles.

Parler de « la difficulté d’être parent » permet de mettre tous les parents à pied d’égalité ; ainsi, nous n’avons pas d’un côté les bons parents qui réussissent et d’un autre, les mauvais qui ne réussissent pas et nous dépas sons la mise en tension des deux modalités de soutien : la modalité proposée et la modalité forcée. Il y a une difficulté d’être parent communément vécue. La Délégation interministé rielle à la famille s’est saisie de cette opportunité du désarroi parental généralisé propre aux années 80 en donnant naissance à Parentel, pour dire : « Dans l’inté rêt des enfants et des adolescents, il y a lieu d’aider les parents. Nous en avons l’obligation, c’est-à-dire la responsabi lité politique, sociale et collective ». Depuis longtemps, les psys ont identifié et analysé la difficulté d’être parent comme structu relle, intrinsèque à la fonction parentale. Mais si elle est struc turelle, elle est également depuis quelques dizaines d’années, conjoncturelle.L’exercicede la fonction paren tale se heurte à une difficulté in trinsèque qui répercute l’impact de la mutation sociale que nous traversons. La difficulté d’être parent est essentielle à la parenta lité, mais la difficulté structurelle d’être parent se double actuelle ment du bouleversement culturel qui l’affecte. De la difficulté d’aider les parents Mettre en œuvre l’aide à la parentalité nous confronte à des exigences contradictoires. En effet, nous héritons en la matière des discours issus de la culture de la protection de l’enfance qui, devant prendre en charge des enfants dé laissés, abandonnés ou maltraités par des parents ne respectant pas les codes sociaux, disaient : « il faut protéger les enfants contre les mauvais parents ». Ce modèle est caduque –voir contreproductif – mais nous ne sommes pas au bout de cette révolution culturelle des points de vue et des pratiques profession nelles.Ils’agit de changer notre regard sur la famille à mesure qu’ellemême a changé pour aller vers elle, autrement qu’au nom de « l’intérêt supérieur de l’enfant » pour le protéger et s’en occuper Psychologue clinicien Directeur de Parentel 2

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APPROCHES D’EXPERTS

Ce « pas de côté », ce renver sement des prémisses – « tous les parents ont besoin d’aide » et « les professionnels ne savent pas mieux que les parents » - est au fondement même de l’esprit qui a sous-tendu la fondation de Parentel et qui, 10 ans plus tard, a présidé à la mise en place des réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des pa rents. C’est l’idée que, puisque les parents sont déroutés pour exercer leur fonction parentale, y compris dans la dimension de l’autorité parentale, reconnais sons ensemble que, n’y voyant plus très clair, il est urgent que nous prenions le temps de nous poser les questions, d’essayer de comprendre ce qui nous arrive et, si possible, de nous entraider pour y faire face ensemble !

41ANALYSE contre, sans, malgré… ses pa rents ! Comme si nous savions mieux faire que les parents ! Une position de modestie est de bon aloi : nous, profession nels soi-disant experts – et nous sommes d’autant plus experts que plus personne ne comprend rien, y compris les juristes, les magistrats à ce que c’est qu’être parent aujourd’hui ! – ne savons pas comment faire mieux que les parents ! En 1954, Winnicott disait déjà que l’on aurait une grande prétention à vouloir faire mieux que les parents. Même si nous étions à leur place, il n’est pas sûr que nous réussissions mieux. Peut-être même ferionsnous pire, nous les profession nels, les experts !

Analyser la mutation de la famille… Nous avons été aidés, dans le bon accueil que nous réservons à la parole des parents depuis 20 ans, par le travail des sociologues, des philosophes et des juristes. Ils nous ont aidés à comprendre qu’il ne s’agissait pas seulement dans le « désarroi parental généralisé » observé, d’un changement de rôle, de code, d’usage, mais d’un changement de culture, de para digme, de système de référence. Pour résumer, disons que là où le dogme définissait de l’extérieur la feuille de route que les parents devaient mettre en œuvre, dé sormais, cette transcendance-là n’existant plus, les parents sont appelés à devenir à eux-mêmes leur propre boussole – référence immanente ! Se soumettre totale ment à la norme ou au dogme est mission impossible ! Etre tout à fait libre de sa manière d’être pa rent ? Mission impossible égale ment. Certes, une certaine marge de manœuvre est toujours re quise. Mais, cette nouvelle équa tion, cette nouvelle manière de considérer que les coordonnées de l’être parent sont du côté de la liberté de chacun d’être l’au teur de son propre destin, c’est substituer la loi du désir indivi duel à la loi sociale commune. Le désarroi actuel des parents tient à ce que les repères font défaut pour savoir comment éduquer un enfant.

…et en fonctionfondamentauxquelquestirerenseignementssurlaparentale Comment dépasser le discours idéologique ? Tel est l’enjeu pour les travailleurs sociaux, eux aussi en recherche de repères. En re venant à la question essentielle : quelle est la fonction du parent ? Pour éviter de nous laisser pié ger dans la compréhension des phénomènes nouveaux par notre inscription ancienne dans un langage usé, devenu obsolète, qui recouvre des réalités qui n’existent plus et qui renvoie à une organisation familiale qui a effectivement très peu existé,

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Nous les psys sommes deve nus experts dans l’art de rece voir les parents qui s’interrogent sur ce qu’est être père ou mère, en leur renvoyant la question et en leur disant : « parlons-en, qu’estce que c’est pour vous ? Où en êtes-vous de votre désir ? ». Puisqu’il n’y a pas de réponse établie à la question de ce qu’est être parent et que chacun est appelé à répondre à cette question, nous courons le risque de prendre en compte le mal-être parental par la tentation d’en subjectiver l’analyse et le traitement, de psychopathologi ser les difficultés d’être parent et de renvoyer les parents unique ment vers une prise en charge psychologique et libérale des dif ficultés qu’ils rencontrent. Nous considérons que puisque nous avons socialement créé ce désar roi, il n’est donc pas uniquement l’affaire de chacun et que nous devons, collectivement, en assu mer la prise en prise en compte voire la prise en charge. Voilà pourquoi mes collègues et moimême travaillons dans un cadre associatif et non libéral !

Les parents peuvent être tentés de mettre l’enfant soit du côté de l’objet de leur désir – il s’y prête si bien et l’air du temps les y incite – soit en position de réfé rence, ce à quoi il ne sait objec ter ! « Si je ne sais pas la route que je dois suivre pour éduquer mon enfant » se disent les parents désemparés, « alors demandons-lui comment il veut que nous nous occupions de lui ! » Et les parents et les pro fessionnels interrogent l’enfant : « Avec qui veux-tu aller, ton père ou ta mère ? Vas-tu me dire si là, je dois te gronder ou pas ? Que veux-tu faire de ton existence ? Nous avons renoncé à l’autorité , disait Hannah Arendt, cela veut dire que nous refusons d’assumer le monde dans lequel nous avons placé nos enfants ! » Tout progrès comporte ses risques, ses dérives, ses exagéra tions. La famille moderne a sup planté la famille traditionnelle et deux discours, désormais, s’op posent. Un illustre sociologue peut soutenir que : « la famille est une réunion d’individus devant être considérés comme des personnes à part entière ! ». Il se réjouit de la fin de la transcendance et de la su prématie de liberté par chaque « un » de faire famille selon son désir. Ce faisant il méconnait, au nom de la modernité, jusqu’à la différence entre les générations, entre les enfants et les adultes ! Le discours inverse, tenu par des pédiatres qui veulent se faire pas ser pour des psys, en appelle à la restauration de l’ancien régime, lorsque « la mère était à la maison et s’occupait des enfants, et que le père était au travail et ramenait de l’argent à la maison, etc. ». Et la référence est à nouveau « retranscendan talisée », soit du côté des gènes, du biologique, de la contrainte naturelle, soit du côté de la Bible. C’est dire que le discours idéolo gique infiltre souvent le discours qui se prétend scientifique !

Donc, plus de liberté, plus d’égalité, plus de fraternité, assurément… Mais également beaucoup plus de contingence, d’inquiétude, voire d’angoisse. L’incertitude donc l’indécision, l’indétermination est finalement le maître mot de nos existences actuelles, qu’elles soient paren tales, personnelles ou profes sionnelles ! En effet, si seul le désir fait référence, alors les parents se de mandent qui ils sont, où ils vont et comment s’occuper de leur enfant, comprenant intuitive ment que l’amour ne suffit pas ! Comment sortir de l’impasse ?

nous avons choisi de nommer « parentalité » (plutôt que famille, paternité, maternité, etc.) cette fonction sociale particulière qui consiste à éduquer les enfants. Mais quelle est cette fonction dite parentale ? À quoi servent les parents, en tout temps, en tout lieu, en tout milieu ? Nous pouvons répondre à cette ques tion en nous appuyant sur l’an thropologie clinique, en nous gardant bien des prises de posi tionLaidéologiques.fonctiondes parents n’est nullement de faire et d’avoir un enfant. Certes, il faut en passer par là et cela peut être assez ré jouissant ! Mais essentiellement, la fonction des parents est de « subjectiver la chair pour former un adulte ». L’immaturité de l’enfant le permet mais exige de cette mission qu’elle se soumette aux exigences spécifiques d’un dis positif humain, affectif et social. En ce qui nous concerne, enga gés dans cette démarche propre aux sciences humaines, nous avons soin d’étayer nos hypo thèses sur des faits. Et la psycho pathologie infantile nous y aide. En effet, quand l’humain pro duit du trouble, du désarroi, du symptôme… nous pouvons tirer quelques enseignements sur les processus qui les ont générés et les considérer comme autant d’écueils à éviter. Ainsi, certaines manières de faire famille nous indiquent les impasses dans les quelles l’enfant est mis en diffi culté pour devenir adulte. Nous pouvons décrire trois scénarios sociaux défavorables à l’enfant : lorsqu’il est pris exclusive ment dans le désir d’un parent ; lorsqu’il est l’égal de l’adulte ; lorsqu’il est mis en position de référence. Voilà donc la mis sion des parents qui se dessine en creux, en termes de ce qu’il vaut mieux essayer d’éviter ! Nous parlons d’une fonction pa rentale qui requiert une mise en scène sociale – la famille – dont la définition n’est plus norma tive, politique ou morale, mais anthropologique. Ce qui permet de mettre en œuvre la fonction parentale, c’est-à-dire d’éviter aux personnes en charge de l’enfant de se prendre les pieds dans le tapis de scénarios qui le mettraient en difficulté, c’est le partage de l’enfant. Il s’agit de garantir à l’enfant d’avoir à faire à au moins à un autre que son parent, à un autre qui va se mêler du lien qui le lie intensé ment à son parent. L’essentiel est que l’enfant soit partagé ! Faire famille autour d’un enfant sup pose de lui permettre de circu ler, afin qu’il ne se retrouve pas captif d’un lien privatif exclu sif avec un parent conjugué au singulier ! La mutation que nous vivons nous aura donc permis de mieux comprendre ce dont il s’agit quand nous parlons de liens familiaux, au-delà des formes sociales de mise en scène et du sens resserré et réducteur que nous donnons au signifiant « famille ». Nous redécouvrons que la parentalité est intrinsèquement plurielle, une mise en cohérence des relations qu’entretiennent les adultes qui partagent la respon sabilité d’un enfant. La fonction parentale, qui a cette immense mission de subjectiver la chair, d’instituer l’humain, de se réaliser comme adulte, suppose a minima le partage de l’enfant. La fonction parentale sert à la formation de l’adulte et suppose que celui-ci puisse avoir à faire à des adultes qui mettent en scène la diffé rence entre l’un et l’autre, c’est-àdire à l’altérité qui sépare et unit les adultes au-delà des seuls père et Quimère.sont donc les parents alors même que nous avons démontré que la diversité était la règle et non l’exception ? Bien-sûr, nous sommes conduits à renoncer à la réponse de bon sens, qui d’ail leurs, un temps, s’est faite passer pour une vérité alors même que nous avons découvert qu’il ne s’agissait là que d’une contin gence. Car il n’y a plus de réponse univoque à la question : qui sont les parents d’un enfant ? D’où le désarroi ! Alors, on va aller chercher du côté de l’éthologie ou de la génétique. Mais on n’a jamais été certain de qui était le père ! Cela l’a-t-il empêché d’être et d’opérer ? Et est-ce parce que vous avez donné votre sperme que vous êtes le père ? Assuré ment pas ! Les faits montrent que non ! La complexité est là. Ainsi pouvons-nous dire que les professionnels participent, d’une certaine manière, à la fonction parentale lorsqu’ils s’occupent d’un enfant avec ses parents. Si nous ne voulons pas l’assumer tout à fait, il nous est malgré tout difficile de le nier !

La représentation que nous avons de ce que doivent être une bonne famille et de bons parents oriente nos position nements tant dans le rapport à l’enfant qu’à ses parents. Si nous pensons qu’un enfant accueilli en crèche devrait être à la mai son auprès de sa mère, nous ne pouvons penser notre interven tion que sur le mode de la sup pléance (par défaut de…) ou de la substitution (à la place de…) – aux dépends de l’enfant dont nous disqualifions implicitement les parents – et non sur le mode du partage, avec les parents, de la charge parentale. Quelles incidences quant aux REAAP ? Je suis d’autant plus sensible à la question des REAAP que « Parentel » est copilote du REAAP du Finistère depuis le début. Or, le copilotage, en tant que par tage pluri-institutionnel de l’ani mation d’une mise en réseau, est extrêmement important.

Nous avons travaillé toutes ces années, ce qui nous a fait rencon trer nombre de départements et d’acteurs, bénévoles, profession nels, institutions et parents enga gés, sur la nécessaire et difficile congruence à établir entre les conditions du développement des REAAP – cette forme noninstitutionnelle de collaboration entre les acteurs autour d’une cause commune : l’enfant à édu quer – et l’exercice même de la fonction parentale, nécessaire ment « partagée ». Autrement dit, on ne pourrait pas créer de la coopération entre les parents, quels qu’ils soient, et travailler à ce partage de la parentalité autour des enfants et des ado lescents dans ces dispositifs s’ils n’étaient pas partagés entre les différentes couches de la popu lation, les différents métiers, les différentes institutions, y

43ANALYSE

Les professionnels ne sont pas les parents, mais ne participentils pas de la fonction parentale ?

44 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

compris les parents eux-mêmes. On ne pourrait pas partager ces dispositifs au niveau des acteurs si, institutionnellement, ils n’étaient pas partagés, c’est-à-dire portés ensemble, y compris au plus haut niveau. Et cette congruence des différentes strates de décision, de validation politique, de mise en œuvre financière, et in fine d’ac tions sur le terrain, me semble la condition de l’efficacité des REAAP. Si l’on peut craindre que, finalement, d’un trait de crayon, ce dispositif disparaisse : ce serait pour nombre d’institutions, de professionnels, d’associations et de bénévoles, une catastrophe, je pense que l’esprit de coopéra tion ainsi développé depuis plus de dix ans ne disparaitra pas. Et en même temps, pour mener à bien cette aventure, nous avons besoin de quelque chose de pas trop institué Deuxième! point, la question de la compétence des parents. Ici, même les psys ne sont pas d’accord entre eux : qu’est-ce qu’un parent compétent ? Nous ne savons pas donner une défi nition positive d’une notion que l’on peut mettre en œuvre de différentes façons, sauf à être très normatif ! En ce qui nous concerne nous souscrivons à l’idée que la compétence des pa rents, est, paradoxalement mais nécessairement, ce qui permet à un parent de supporter de ne pas être totalement compétent ! Il s’agit de prendre acte du fait que la délégation – le partage de l’en fant – est au principe même de la fonction parentale. De sorte qu’il ne s’agit nullement d’alourdir la charge parentale en travaillant à renforcer leurs compétences de telle ou telle manière, mais au contraire de soutenir les parents dans cette épreuve existentielle de ne pas tout pouvoir pour son enfant et de consentir à ce qu’au moins un autre – mais un « ça ne suffit pas » – s’en mêle ! Que veut dire « aider les parents ? » Sur la question de la préven tion, nous souscrivons au fait que nous gagnons à essayer d’échapper aux généralités sur des quantités d’individus, à l’al ternative entre comprendre ou punir, prévenir ou guérir, etc. Créer les conditions de possibi lité de l’avènement de l’humain, prendre soin des conditions de possibilité du renouvellement de l’humain, ce n’est pas rien ! Voilà ce à quoi s’attache la génération d’avant, en général, et avec elle ce que l’on nomme « parents ». Voilà à quoi se consacre la fonction parentale, parce qu’encore une fois, il ne suffit pas de pro duire de la chair, il faut instituer l’humain. Comment ? Nous avons donné quelques points deCesrepère.points de repère que les théoriciens essaient d’élaborer ne sont pas des généralités sur les masses ! Ce sont des points de repère fondamentaux, des outils conceptuels, des principes an thropologiques sur les conditions de possibilité de l’humanité et du lien social. Ils nous permettent de nous détacher de la promotion de telle ou telle configuration familiale. Nous sommes capables d’identifier des limites, au-delà desquelles nous faisons courir un risque à ce qu’il y a d’humain à préserver et à éduquer en chaque enfant. Mais la forme sociale dans laquelle cela va se mettre en scène, il ne nous appartient pas de la définir. C’est une question politique. Il y a donc des familles et non pas LA famille. Donc, soutenir ce qui rend possible l’avènement de l’hu main, c’est aussi être des vigiles, des guetteurs, des sentinelles capables de dire : « Au-delà de cette limite, ce n’est plus possible ! ». Il y a une vigilance et du coup un engagement, y compris des cher cheurs en sciences humaines, pour pouvoir promouvoir un certain nombre de choses, dont on peut penser qu’elles peuvent servir le renouvellement de l’humain. Mais il y a surtout une responsabilité à assumer de pouvoir dire : « Non, à partir de là, il y a quelque chose qui ne va pas ! », tant dans le discours que, concrètement, sur le terrain avec les parents. Quand nous rencontrons des parents, notre

45ANALYSE responsabilité est aussi de pou voir recevoir ce couple char mant, des trentenaires, plein de bonnes intentions, de bons parents du point de vue de la norme comportementale, qui s’occupent si bien de leurs enfants que l’on pourrait leur donner le triple A ! Sauf qu’ils arrivent à Parentel épuisés et déroutés, en disant que si cela a bien marché avec l’aîné, cela ne fonctionne pas avec la seconde. Il se trouve qu’en tant que parents, ils se comportent tous deux exactement de la même manière. Ils disent, de leur petite fille, ce que je reformule ainsi : « nous ne réussissons pas à satu rer son besoin de présence ! ». Ils font tout ce qu’ils peuvent pour s’en occuper aussi bien que pos sible : ils travaillent à mi-temps, car pendant que l’un travaille, l’autre s’occupe de l’enfant et inversement. Ils prennent telle ment bien le relai l’un de l’autre qu’ils le font aussi la nuit… Bref, ils sont parfaits et c’est l’enfer ! Notre responsabilité n’est pas d’évaluer leur comportement parental : il est parfait ! Mais il s’agit de placer une borne, indi quer une limite, établir une fron tière… Peut-être que ces parents doivent ne pas être trop d’accord, altérité oblige ! Les conditions de possibilité que cet enfant respire un peu, et les parents également, qu’ils se défatiguent, qu’ils se reposent, c’est par exemple de Parentel C’est une association et des services dédiés à l’aide à la parentalité et au soutien du lien familial : Un service Ecoute Parents, une unité de Recherche et de Formation sur la Parentalité et le lien familial, un service Ecoute Jeunes, une résidence d’accueil et d’hébergement pour les familles de proches hospitalisés, un service d’écoute des personnes âgées et de leur entourage. Pour en savoir plus : www.parentel.org leur faire entendre qu’il n’y a pas que la parentalité dans la vie ! Une femme ne se définit pas uniquement du seul fait d’être mère. Idem pour le père ! Ils ont peut-être quelque chose d’autre à faire (ensemble ou séparément, c’est leur affaire) que de s’occu per de leur enfant… Voilà, sur la question de la prévention ! Nous ne pouvons pas dire comment les parents doivent se comporter avec leur enfant, mais nous savons qu’à partir d’un moment, s’ils dé passent une certaine ligne, alors ils vont avoir des difficultés et leur enfant avec ! Une exigence éthique Ce qui nous interroge, nous, travailleurs sociaux, et l’analyse rendue possible par les sciences humaines nous y aide, c’est d’es sayer de prendre acte, d’avoir conscience de la manière dont nous sommes, nous-mêmes, dans nos modes opératoires, nos objectifs, dans la théorisa tion que nous produisons de notre action, traversés par une contrainte normative, une pres sion idéologique, par des pré supposés implicites qui nous aveuglent. Nous en sommes là, à essayer, au jour le jour, dans la rencontre avec les parents, et ensemble quand nous réfléchis sons à ce que nous faisons, de mettre en œuvre cette compé tence strictement humaine et adulte d’avoir un peu de recul sur ce que nous faisons, ce que nous disons, c’est-à-dire d’en interroger les soubassements, parfois inconscients, qui les dé terminent à notre insu.

Voilà, me semble-t-il, quelque chose qui invite à la prudence, qui ralentit un peu le rythme, et calme notre prétention à l’assu rance. Finalement, la prévention, ce serait au moins ne pas nuire et au moins essayer de chasser du regard que l’on porte sur les per sonnes - les parents, les enfants et les professionnels - ce qu’il peut y avoir de normatif, donc d’implici tement disqualifiant. Lorsque nos modes opératoires se chargent de normativité, c’est cette dernière qui va avoir de l’effet, donner de la consistance à notre action et en orienter le sens. En effet, un enfant qui grandit dans une famille recomposée ne vivra pas la même chose, selon qu’elle est qualifiée ou disqua lifiée par le discours ambiant et surtout par les travailleurs sociaux qu’elle va rencontrer. Et l’évaluation croyant parler de la famille recomposée mesurera en fait l’effet de notre regard sur elleVoilà! autant de choses de nature à nous fournir un certain nombre d’occasions de travailler ensemble ! ■

• un projet global : éducatif et scolaire ; • une connaissance suffisante de l’enfant, de ses besoins et de son environnement ; • une reconnaissance et une valo risation des cultures et des dif férences ; • une prise en compte réelle et active des familles. De l’aide à la parentali té à l’accompagnement à la scolarité L’enjeu est de taille car on peut émettre le postulat que lorsqu’un parent se sent reconnu, valorisé, soutenu, ressourcé, réhabilité dans ses besoins de reconnais sance et légitimé dans sa diffé rence et sa fonction parentale, il peut restaurer l’estime et la valeur

Face aux mutations sociales qui ont bouleversé ces repères fondateurs, il est de plus en plus malaisé de parler d’un modèle de famille et donc d’un modèle de la fonction parentale.

Il s’agit bien de dispenser des actions d’appui et d’aide d’ordre « éducatif » visant à faciliter chez l’enfant « la disponibilité et la motivation vers la scolarité » pour pouvoir apprendre et investir l’école et les savoirs.

Il est de plus en plus urgent de reconnaître et valoriser la compétence des parents : la famille est le premier lieu de transmissions, de socialisation et de construction des repères, elle est irremplaçable et la fonction des parents n’est pas toujours facile surtout dans une société où l’autorité a besoin d’être constamment légitimée.

L’ensemble des actions d’appui à la parentalité mises en place s’étayent sur des objectifs conver gents : soutien, redynamisation, réconfort, écoute… éducatifL’accompagnementàlascolarité

Selon la Charte Nationale, l’ac compagnement à la scolarité est : « l’ensemble des actions visant à offrir, aux côtés de l’école, l’appui et les ressources dont les enfants ont besoin pour réussir à l’école, appui qu’ils ne trouvent pas tou jours dans leur environnement familial et social ».

46 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE APPROCHE PSYCHO-ÉDUCATIVE « ÉDUCATION ET ÉCOLE : QUELLE PLACE POUR LES PARENTS ?

Dans ce contexte fragilisant, les parents - et particulière ment ceux de milieux popu laires- finissent par douter de leurs capacités de participation et d’affirmation personnelle et culturelle et ne s’autorisent plus à assumer leurs rôles de parents.Lechangement du contexte socio-éducatif, les exigences de réussite et l’uniformisation du modèle d’intégration sco laire et sociale pénalisent ces familles qui ont le sentiment de s’intéresser, à leur manière et selon leurs moyens, à la scola rité de leurs enfants. En dépit de bonnes inten tions, le discours social et psy chologique actuel stigmatise et fragilise ces parents qui finissent par intérioriser des sentiments d’incapacité à pen ser, agir et être de «bons parte naires» vis-à-vis de l’école. Il est de plus en plus difficile pour ces parents de s’autoriser à prendre une place dans un sys tème scolaire qui leur parait de plus en plus complexe. En même temps, la question de la réussite scolaire pose un réel problème à l’école fran çaise qui souvent ne sait ni comment ni que faire avec ces enfants et leurs parents. Toutes les familles ne sont pas égales devant l’école Bien que conscients des diffi cultés de communication avec l’institution, déçus (voire culpabi lisés) par l’échec de leurs enfants, engloutis dans des problèmes économiques, confrontés à l’ex clusion, beaucoup de parents de milieux populaires continuent à croire à l’école, aux savoirs et compétences des enseignants et ont des « projets scolaires et de vie » pour leurs enfants. Rappelons qu’en général on parle de la famille surtout quand l’enfant ne va pas bien et/ou dérange par ses comportements. Les parents sont alors « convo qués » et culpabilisés, jugés et tenus pour responsables des débordements.

» Ridha FERJANI Psychologue-clinicien

Pour toutes ces raisons, il nous paraît important voire nécessaire : • d’aider les parents ; • de les écouter et de les res sourcer ; • et les inviter à venir dans les lieux de paroles pour échanger avec d’autres, mettre des mots sur leurs maux, reconstruire du lien et du sens afin de retrouver une appétence à rejouer leur rôle auprès de leurs enfants et pré venir l’émergence des conduites d’échec et/ou à risques.

Nous pensons que l’accompagnement éducatif à la scolarité ne peut être efficace et significatif sans :

Les familles de milieux popu laires sont de plus en plus sol licitées et interrogées sur leurs capacités à transmettre et à com muniquer leur savoir-faire et leur savoir-être.Or,lacohérence, la reconnais sance et la complémentarité entre tous les « éducateurs » de l’enfant sont des conditions nécessaires pour favoriser son épanouisse ment. Cependant, nous savons que la volonté d’améliorer les relations entre les familles et les interve nants extérieurs nécessite un dia logue pour précise et clarifier les attentes et les rôles respectifs.

Les familles de milieux popu laires s’autoriseraient à prendre une place auprès des intervenants si elles se sentaient reconnues, valorisées dans leurs savoirs et cultures, mises en confiance, intro duites dans une relation égalitaire, sans être infantilisées ni dénigrées.

• le rôle et la place qu’elles peuvent prendre ;

Pour les relations familles–école, il s’agit de clarifier les rôles, de délimiter des prérogatives, de reconnaitre les cultures et les fonctions de chacun. Enfin, un évitement de la confusion entre la « co-éducation » et la « co-sco larisation ». Pour les accompa gnateurs, c’est une question de « médiation », de mise en lien, d’appui et de ressourcement des parents sans générer de nou velles dépendances. En s’adressant aux ensei gnants, Claude Lambert, Rec teur honoraire, a souhaité : « prendre en charge l’élève dans sa globalité » : « L’élève est presque toujours seul face au système éducatif qui l’accueille. Il est confronté à un langage multiple, parfois discor dant, et à des informations dis parates, en provenance du chef d’établissement, des professeurs, des conseillers d’orientation, des parents, de la presse, du politique enfin. Comment peutil trier ces informations, toutes justes au demeurant, mais d’iné gale importance ? (…) L’élève, pour apprendre, doit être disponible, donc libéré du stress de sa vie personnelle extérieure à l’établissement. C’est à l’établissement d’y veiller par une bonne prise en charge de l’adolescent dans sa globalité. (…) L’accompagnement des élèves doit avoir pour objectif de donner du sens à leur présence dans l’établissement, du sens aux apprentissages.(…)Vousaccueillez, accom pagnez, sécurisez, respectez vos élèves, il ne vous reste plus qu’a leur offrir des raisons de participer à votre projet d’éta blissement. »

• les conditions nécessaires pour favoriser un véritable partenariat;

L’intervenant doit :

Rôles des accompagnateurs

• établir des liens égalitaires ; • les redynamiser pour ce qu’ils reprennent confiance en euxmêmes ;

• les aider à comprendre l’intérêt et l’importance de leur implica tion dans le suivi scolaire ;

distinction entre l’être et le faire semble difficilement réali sable dans un monde de paraître et d’image, dans lequel les per sonnes sont reconnues et iden tifiées à travers ce qu’elles font et non à travers ce qu’elles sont.

Quelle place pour les parents ?

Le changement du contexte so cio-éducatif, les exigences de réus site et l’uniformisation du modèle d’intégration scolaire et sociale pénalisent certaines familles qui finissent par douter de leurs capa cités de participation et d’affirma tion personnelle et culturelle. Les principales ques tions des familles Quand les familles nous inter rogent, elles aimeraient être éclai rées sur :

• l’impact de leur participation sur les résultats et les comporte ments scolaires de leurs enfants.

Le fait que les parents et les in tervenants fassent la démarche de se connaître et de valoriser leurs apports respectifs, sans jugements ni a priori, évite à l’enfant d’être amené à choisir entre la culture parentale et la culture scolaire. Le caractère plus aigu du problème, les inquiétudes qu’il suscite, l’ex clusion qu’il engendre...tiennent au fait que ceux qui échouent à l’école rencontrent plus de diffi cultés que par le passé à s’intégrer sur le plan social et professionnel.

• les attentes des intervenants à leur égard ;

L’accompagnement éducatif à la scolarité doit constamment rap peler l’importance de valoriser les transmissions et les ancrages dans l’histoire et dans la culture afin de se suffire à Soi, de se sentir rassuré pour faire la place à l’Autre et être disponible pour investir les apprentissages.Enfin,cequi me semble déter minant, ce n’est pas uniquement le temps passé à faire les devoirs et à vérifier le cahier de texte, ce sont aussi les attitudes éducatives qui, à l’occasion de chaque événement de la vie quotidienne, mettent l’enfant en situation de réfléchir, de s’interroger et non d’exécuter sans comprendre. ■

• les aider « à relever la tête » et à repenser qu’ils sont capables de rejouer leur rôle auprès de leurs enfants dans le but de prévenir les conduites à risques. Les lieux d’appui à la Parentalité apportent une double aide aux parents : une aide dans l’accom plissement de leur fonction paren tale et un ressourcement au plan narcissique et personnel. Il serait important que le parent ne soit pas réduit uniquement à ce qu’il fait mais pris en compte dans ce qu’ilCetteest.

APPROCHES D’EXPERTS

• le sens que revêt leur participa tion à la scolarité de leursenfants

47ANALYSE de soi et retrouver l’appétence à rejouer son rôle en « partenariat » avec nous. En appuyant les parents dans leurs postures et fonctions pa rentales, on favorise leur remo bilisation et leur intérêt pour la réussite scolaire de leurs enfants. Dans ce contexte, les enjeux sont multiples : Pour les parents : c’est une question de reprise de responsa bilité, de restauration narcissique de l’image et de la qualité de Soi et enfin d’une réappropriation de leurs rôles.

• soutenir, informer, écouter les parents ; • les aider à faire dédramatiser ; • valoriser leurs compétences ; • reconnaître les différences et les savoir-faire ;

• la prise en compte et la valorisa tion de leur culture ;

Longtemps grands oubliés de la société, les grands-parents retrouvent une actualité nou velle. En Europe, un cinquième de la population est composée de grands-parents. En 1999, ils étaient déjà, en France, douze millions et demi, dont deux mil lions d’arrière grands-parents. A 56 ans, une personne sur deux a un petit enfant. En moyenne, les grands-parents ont quatre Comment se passe l’entrée dans la « grande parentalité » ? L’annonce de la naissance du pre mier petit enfant est à la fois un choc et une potion de jouvence, entre « coup de vieux » et trac. Ce qui n’empêche pas une nouvelle grand-mère de déclarer « devenir grand-mère m’a donné dix ans de moins ». Mais l’entrée dans la grande parentalité a changé en quelques générations, dans le sens d’une plus grande tolérance et d’une indulgence morale. Il faut dire qu’avec plus de la moitié des naissances qui interviennent hors mariage, il faut bien accep ter la vie telle qu’elle se présente.

INTERGÉNÉRATIONNELLE LES GRANDS-PARENTS,

Alors quel style de grandsparents allez-vous adopter ? Pour les grands-mères, nous avons identifié différents styles, carac térisés par la distance qu’elles mettent à l’égard de leurs petitsenfants, des « très proches » aux « lointaines ». Les « très proches » incluent la « grand-mère provi dence » et sa variante « la grandmère pompier » ; les « proches » réunissent les « grands-mères créatives », avec deux variantes, la « cheftaine » et la « fée sénior ». Il y a aussi les « trop proches » avec la « matriarche » et la « mère adjointe » ; les « assez proches » concernent « la grand-mère in termittente » et la « grand-mère émérite ». Enfin les « lointaines » sont « icônes » ou « bibelot », ou à l’inverse, « indignes ». Ne négligeons pas non plus ces femmes et ces hommes, qui, après avoir élevé leurs enfants, ne veulent plus s’investir dans leur rôle de grands-parents. Ils et elles existent, et nous devons les mentionner.Maisrappelez-vous, il y a cin quante ans, l’image tradition nelle du grand-père et de la grand-mère… Lui avec sa canne, son manteau noir, son chapeau, elle avec son chignon, tricotant auprès du feu, sur une chaise à bascule, son chat sur les genoux. A 60 ans, on était déjà vieux. Les relations avec les petits enfants étaient soit très directes, parce qu’on les élevait, soit plus dis tantes, avec un déjeuner organisé le dimanche, par exemple. Un repas où le grand-père veillait à ce que les petits enfants se tiennent bien à table. Je me sou viens d’une grand-mère évoquant un déjeuner en famille, enfant, où elle jouait avec la nourriture. Son grand-père lui avait cassé son assiette sur la tête. Elle ajouta « il s’en excusa, sur son lit de mort »… Aujourd’hui, les temps ont bien changé. L’allongement de la vie en bonne santé, de trente ans en un siècle, change la donne ; à 60, 70 ans, on est jeune. Ensuite, la métamorphose de la famille : nous sommes passés de la norme au lien, et à la qualité de ces liens. L’enfant est devenu la base de la famille, en lieu et place du couple. La génération pivot, qui doit aider ses enfants, ses petits-enfants mais aussi ses propres parents, s’impose. Les grands-parents sont au cœur de la famille, et aident matériellement et moralement les petits-enfants. Dans les études d’opinion, la famille est devenue une valeur plébiscitée par les Français. Il est loin, ce temps où André Gide écrivait « familles, je vous hais ». Du côté des grands-parents, cette métamorphose date d’une trentaine d’années. Vous rappe lez vous du film « la Boum » avec Sophie Marceau et sa grand-mère, ou Denise Grey ? Cette généra tion de femmes, nées dans les années 20, s’est révélée être la pionnière… Elles ont connu la guerre, ont été les premières à voter, les mères du baby-boom, ont accompagné les combats des femmes, et ont travaillé. Ce sont les premières à avoir touché une retraite convenable et à avoir bénéficié de l’allongement de la vie. Elles ont changé l’image de la grand-mère, au point d’en refuser même le terme. Elles ont développé des liens de compli cité avec leurs petits-enfants. Au point qu’aujourd’hui, arrièregrands-mères, elles restent les grands-mères de cœur de leurs petits-enfants, devenus parents à leurMaistour.nous assistons à la nais sance d’une nouvelle génération de grands-parents : les baby-boo mers. Celles et ceux qui ont vécu leur jeunesse dans les années 60 ont changé le rapport à l’enfant et au couple et s’apprêtent à changer à leur tour le rôle des grands-parents.1femmesur 2 de plus de 40 ans déclare être grand-mère. Femmes d’aujourd’hui, plei nement épanouies dans leur époque, la jeunesse et la moder nité de ces grands-mères leur permettent, pour 41%* d’entreelles, d’affirmer qu’elles sont plus jeunes mentalement que leurs propres filles ! Cette nouvelle donne favorise la proximité entre la génération des grands-mères et celle des petits-enfants. 25,8 % des grands-mères admettent au toriser leurs petits-enfants à se coucher plus tard que lorsqu’ils sont avec leurs parents. Du dyna misme avant tout… oui, mais pas seulement ! Un sondage mené par l’institut Ipsos en octobre 2008* révèle que plus encore que leur disponibilité pour leur famille, la population célèbre le dynamisme et l’autonomie de nos grands-mères ! 82,8 % de la population consi dère que les grands-mères de vraient être toniques et prendre plus de temps pour elles-mêmes. Sociologue APPROCHE AU CŒUR DE LA FAMILLE

48 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

Organisée par l’UDAF 04 au Centre social « La Marelle » à Château Arnoux Saint Auban le 8 décembre 2011 Extrait d’une conférence d’Eric Donfu, homme public, écrivain et sociologue

49ANALYSE

Une opinion très largement par tagée par les intéressées : 79,4 % des grands-mères interrogées sont d’accord avec cette idée ! D’un côté, les grands-mères assu ment pleinement leur rôle de garde, puisque 66,6 % des jeunes grands-mères (40-59 ans) décla rent que leurs enfants et petitsenfants sont une priorité. Mais d’un autre côté, elles n’hésitent désormais plus à fixer des limites : « ils me bouffent… On ne peut plus partir : c’est si dur de trouver une bonne nounou ? », déclare ainsi Annick, grand-mère moderne. Sorties le soir entre amis, week-end détente ou culture… Dorénavant, plus les grands-mères ont des emplois du temps chargés, plus elles font la fierté de leurs proches. Toutes ces activités contribuent à leur épanouissement et participent à l’épanouissement et à la vitalité de l’ensemble de la famille. Pas question, en effet, pour les grandsmères de se laisser aller ! Elles portent des jeans (38 %), sortent avec leurs amis (25 %), partent en voyage… A titre d’exemple, leur pratique sportive a été multipliée par 7 en 15 ans ! Oui, le « mamie boom » est aus si une prise de pouvoir, et donc d’autorité, qui se confond avec une certaine faillite de la société d’inspiration patriarcale… Si l’évolution est surtout notable pour les générations de femmes, elle touche naturellement les pères et les grands-pères. De fait, libérés de leurs rôles d’auto rités et même d’épouvantails, les grands-pères deviennent de formidables compagnons de jeux pour leurs petits-enfants. Ils étonnent d’ailleurs souvent leurs propres enfants, qu’ils ont élevés avec sévérité et qui leur décou vrent des gestes de tendresse iné dits. Cette évolution est particu lièrement visible chez les jeunes grands-pères, nés dans les années 40 et Alors,50.oui, il serait faux de tom ber dans le jeunisme. On sait que le fait d’accepter son âge est dé terminant dans le « bien vieillir ». Et l’on voit aussi la publicité en courager ce jeunisme, comme la publicité Dior qui présente en 2011, une image d’Alain Delon jeune, ou de Lancel avec une image de Brigitte Bardot égale ment très jeune… Alors, libérés des contraintes qui pèsent sur les jeunes actifs, ils deviennent la force optimiste d’une société morose. Dans une famille ou coexistent trois, voire quatre générations, ils abordent la grand-parentalité sans complexe et sur mesure. Ils sont soucieux de saisir l’occasion pour faire pas ser des messages à des parents qui sont aussi des enfants qu’ils n’ont souvent pas vu grandir. Ils se préparent à devenir des grandsparents libérés, prêts à réinvestir le rôle que leurs propres parents ont déjà débarrassé des attributs péjoratifs et désuets.

APPROCHES D’EXPERTS

Mais des imaginaires de grands-parents très forts restent aussi, ancrés dans l’inconscient collectif Depuis la comtesse de Ségur et ses histoires, en passant par Gorges Sand ou Victor Hugo et son toujours très moderne « art d’être grand-père », le sta tut de grands-parents garde une forme de permanence et de pou voir. Les recettes de grand-mère ont toujours la cote. Des images qui puisent dans notre enfance et que nous reproduisons, une capacité à comprendre l’enfance qui avait fait dire à une grandmère que j’avais interrogée, il faudrait pouvoir être grand-mère avant d’être mère. Une complicité qui s’exprime aussi par les petits noms donnés aux grands-parents par les petits enfants. Souvent, c’est le pre mier petit enfant qui baptise sa Il faudrait pouvoir être avantgrand-mèred’êtremère

50 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

grand-mère et son grand-père. Si le surnom trouvé plait aux intéressés, il sera institué pour la lignée. Il faut aussi distin guer les différents grands-pa rents et arrière grands-parents. Conjugué avec la volonté des nouveaux grands-parents d’as sumer ou de ne pas assumer leur rôle, et avec des traditions familiales ou régionales, cela donne un cocktail de surnoms. Mais ce que nous observons, ces dix dernières années, c’est bien cette nouvelle génération de grands-mères, et de grands-pères, innovatrices et innovateurs… Ces baby-boomers ayant vécu leur jeunesse dans les années 60 et 70 ont changé le rapport au couple et à l’éducation. Ils ont privilégié leur vie professionnelle et arrivent maintenant à l’âge de la retraite sans avoir vu grandir leurs enfants. Le fait de devenir grandsparents compte beaucoup pour eux, qui sont témoins de la place prise dans le rôle par leurs propres parents. Dans le soin apporté à leurs petits-enfants, ils vont aussi faire passer des messages à leurs enfants. Je me souviens des pa roles d’une jeune mère : j’ai vu des gestes de tendresse de mon père que je n’imaginais pas… Ils vont aussi inaugurer une autre façon d’être grands-parents. Souvent occupés, ils vont délaisser un peu le mamie et le papy-sitting. Ils vont se laisser enrôler par leurs enfants, en gar dant un équilibre entre leur vie personnelle et les obligations familiales. Et dans les relations avec leurs petits-enfants, ils ne vont plus craindre, comme leurs parents, d’avoir des relations pri vilégiées avec tel ou tel, et vont les entraîner sur les chemins de leurs passions. Je me souviens d’un grand-père, l’écrivain Pierre Péan, me confiant qu’il s’était « engueulé » avec un de ses en fants, qui lui reprochait d’avoir emmené son fils à moto, à 100 km/h… Pierre Péan, dans un clin d’œil, me disant « si ce n’avait été qu’à 100… » et constatait le côté sévère de ses enfants. Une consta tation aussi de la part de Chris tine Bravo : j’ai donné naissance à une statue du commandeur. Mon petit-fils, j’ai envie de l’em mener écouter du rock ! C’est peut-être ce qui explique le taux de réponse à la question : « dans leur comportement, les grands-mères sont-elles plus jeunes que leurs filles ? » ; 41,6 % de la population répond oui ! Ce qui pose le problème d’un conflit éventuel des générations. Dans ce même sondage, nous avons 82,8 % J’ai vu des gestes de tendresse de mon père que je n’imaginais pas… de Français qui déclarent que la grand-mère devait d’abord être « tonique et prendre du temps pour elle-même » loin devant le fait de se rendre disponible pour la famille (59 % tout de même). A tout âge, et quel que soit le milieu social, c’est donc bien leur vita lité qui devient le premier patri moine familial.Alors, il ne faut pas tomber dans le jeunisme, et bien avoir en tête que le fait d’accep ter son âge est essentiel au « bien vieillir ». Et les séniors peuvent dé sormais choisir d’être des grandsparents gâteaux ou indignes, pompiers ou créatifs, au choix. Car il n’y a plus de rôles prédé finis, ils ne sont plus passifs mais actifs, il y a moins d’icônes et plus d’acteurs. Des acteurs de leur vie, qui n’hésitent plus à « remonter sur la balançoire » à 60 ou 70 ans.

j’ai donné naissance à une statue dul’emmenerj’aiMoncommandeur.dupetit-fils,enviedeécouterrock!

Certains sont corvéables et malléables, d’autres moins, et certains pas du tout. Mais ils ne sont plus à la péri phérie, mais bien au centre de la vie de famille, et notamment de puis le passage de la famille dite « nucléaire » (deux parents et leurs enfants) à la famille élargie (plusieurs générations et diffé rents mariages). Les filiations féminines se renforcent aussi dans cette perspective. Une jeune femme qui se marie ne sait pas si elle restera toujours avec le même homme mais elle sait qu’elle aura toujours la même mère… qui pourra être mise à contribution en cas de rupture. L’arrivée d’un enfant clarifie d’ail leurs les relations mères/filles comme les relations pères/fils. Avec la forte pression, au travail et au quotidien, certains jeunes couples peuvent se révéler égo ïstes et nombrilistes et parfois d’une sévérité mal comprise avec leurs enfants, ce qui explique aus si la cote des grands-parents. Mais que les parents se rassurent, cette proximité est une chance pour le développement de l’enfant, et ce, même à Lorsquel’adolescence.lespetits-enfants

51ANALYSE

Ils veulent dire qu’il n’y a plus d’incompatibilité entre le fait de vivre, de réaliser ses rêves, voire de refaire sa vie, et de se rendre disponible pour sa famille, parti culièrement pour leurs petits-en fants.Ily a une grande variété de grands-parents.

gran dissent, les grands-parents sont encore présents, mais à travers les transferts financiers. Le cycle grand-parental comporterait ainsi deux phases : au début de vie de l’enfant, leur soutien se manifes terait surtout en terme de garde, auquel se substituerait plus tard l’aide financière; cette deuxième phase n’exclut pas des relations privilégiées avec leurs petitsenfants.Al’adolescence, l’enfant aura tendance à privilégier ses rela tions avec les jeunes du même âge que lui et à négliger les contraintes familiales. Cette atti tude, qui touchera les parents, concernera aussi les grands-pa rents. Mais, à la différence des parents, les grands-parents ne seront pas concernés par le com plexe d’Oedipe. Les adolescents pourront conserver, si la relation a été établie depuis l’enfance, une certaine complicité avec leur grand-mère ou leur grandpère. Cela ira même au point où ils feront des confidences à leurs grands-parents, charge à eux de les garder pour eux, et de ne surtout pas en parler avec leurs enfants-parents. Et puis, à l’ado lescence, les petits-enfants sont souvent affamés. Ils trouveront chez grand-mère et grand-père de quoi se rassasier. Ils ont souvent besoin d’argent et de services. Là encore, ils savent qu’ils peuvent compter sur papy et mamie, qui, en plus, ne les jugeront pas. En fait, tout concourt à faire des grands-parents un soutien moral et matériel des adolescents. Et ils recevront une part de l’amour des adolescents qui s’adresse en réalité à leurs propres parents, en revisitant, par exemple, la période d’adolescence de leurs parents… Sensible, cette période mettra en lumière le rôle essen tiel des grands-parents, comme lien et témoin de la famille. Il existe aussi des cas où les petits enfants sont « captés » par une lignée, au détriment de l’autre. C’est pour cela que la loi a prévu un droit de visite pour les grands-parents. Mais souvent, la meilleure façon de procéder est le dialogue, l’intérêt de l’enfant étant la référence. Cela dit, si le divorce des parents prend la forme d’une crise entre les conjoints, les grands-parents sont généralement sollicités pour une période qui peut se prolonger. Et puis il faut aussi faire face à la maladie ou à la dépendance d’un proche… 42 % des français (dont 17 % « régulièrement ») déclarent qu’il leur arrive de s’occuper d’un parent ou d’un membre de leur entourage malade ou ayant besoin d’une assistance. En conclusion, je vous invite à apprécier le sens du tableau « Allégorie du temps gouverné par la prudence», peint par Titien en 1665, alors que le peintre avait près de 80 ans, et sorte de testament de l’artiste. Ce tableau représente trois visages, un de face et deux de profils, à droite et à gauche. Il met en scène les trois âges, la vieillesse qui regarde vers le passé, l’adulte qui fait face et le jeune qui regarde vers l’ave nir. Des faces d’animaux sont as sociées aux visages : le lion pour l’adulte, le chien pour le jeune et le loup pour le plus âgé. Cette œuvre classique nous dit que « grandir et mûrir, c’est vieillir et que vieillir, c’est mûrir ». Elle nous invite à considérer la vieil lesse comme la garante d’une mémoire qu’il convient d’activer. Une vieillesse qui est constitutive de tout être, par cette figuration d’une même personne, à trois moments de son existence. ■ « Oh ! mamie boom » par Eric Donfu aux éditions Jacob-Duvernet, Paris, 2007, 400 pages « Oh ! mamie boom ». Ce livre révèle un phénomène de société, la métamorphose de la femme de plus de cinquante ans, dresse le portrait de la famille contempo raine, et élabore une nouvelle approche du vieillissement, sur les plans sociolo giques, mais aussi avec des approches économiques, de santés, psycholo giques, littéraires ou spirituelles. à lire...

LE SOUTIEN À LA PARENTALITÉ, UNE PERSPECTIVE INTERNATIONALE

52 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

ANALYSE APPROCHE STRATÉGIQUE AIDER LES PARENTS À ÊTRE PARENTS

Pour autant, leur mise en œuvre pose une série de ques tions éthiques et pratiques qui expliquent leur caractère encore largement inexploité. La première série d’interro gations est relative à la nature même des services proposés. Comment soutenir sans pres crire ? Même si elle est efficace, l’intervention des pouvoirs publics est-elle légitime dès lors qu’aucun manquement aux obli gations parentales n’est avéré ? Faut-il concevoir des services pour les parents qui en expri ment le besoin ou adopter une démarche proactive ?

La seconde série d’interro gations concerne la mise en œuvre de ces services de soutien. Faut-il élaborer une offre univer selle pour tous les parents ou pri vilégier une approche ciblée sur les familles vulnérables ? Faut-il privilégier un accompagnement plutôt collectif ou plutôt indivi duel ? Faut-il mettre en place des services dédiés ou adosser ces der niers à des services existants ? Ces deux registres de ques tionnements illustrent une caractéristique majeure de ces programmes de soutien : leur capacité à répondre effectivement aux besoins des parents tient autant à leur nature qu’aux condi tions de leur accessibilité. Une politique publique au périmètre élastique Les contours des politiques de soutien à la parentalité ne sont pas toujours clairement définis et peuvent varier selon les pays. Néanmoins, les politiques et les programmes de soutien à la parentalité obéissent à trois principes communs, qui per mettent d’en identifier la spéci ficité par rapport à l’ensemble des programmes de soutien aux parents. Premier principe, les pro grammes doivent s’adresser avant tout aux parents. Des interven tions dirigées vers les enfants, même si elles peuvent chercher à favoriser un bon développement, n’entrent ainsi pas dans ce cadre. Par exemple, un programme de soutien scolaire n’est pas consi déré ici comme du soutien à la parentalité, alors qu’un pro gramme conseillant les parents dans l’accompagnement éducatif de leurs enfants entre dans ce champ. Deuxième principe, les actions de soutien à la parentalité visent explicitement à améliorer le bienêtre de l’enfant et/ou des parents. De nombreux services peuvent avoir une influence positive sur l’enfant sans relever nécessaire ment du soutien à la parentalité. À titre d’exemple, si le conseil conjugal est ici exclu du champ du soutien à la parentalité, car il est centré avant toute chose sur le couple, la médiation familiale entre dans le champ du rapport Extrait de la note d’analyse n° 277 du Centre d’Analyse stratégique –Questions sociales –Septembre 2012. Rapport coordonné par Marie-Pierre Hamel et Sylvain Lemoine (Centre d’analyse stratégique), en collaboration avec Claude Martin (CNRS). Dans l’ensemble des pays de l’OCDE se développent des services destinés à soutenir les parents dans l’exercice de leur fonction parentale, en complément de services permettant de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle, ainsi que les prestations monétaires familiales. Ces services à destination des parents poursuivent trois objectifs : promouvoir le bien-être des enfants, des parents et la relation parents/enfants. Alors qu’en France cette politique publique se structure progressivement comme l’illustre la création récente d’un Comité national de soutien à la parentalité, l’ambition du rapport que publie le Centre d’analyse stratégique est double : d’un côté, éclairer la réflexion française par une approche historique et internationale ; de l’autre, en présentant plus de 50 actions de soutien, mettre en valeur des expériences et des pratiques prometteuses. Leur analyse montre l’intérêt pour les pouvoirs publics de créer des services à destination de tous les parents, quelle que soit la configuration familiale et à toutes les étapes du développement de l’enfant. Dans cette perspective, l’attention portée aux conditions facilitant l’accès à ces services se révèle déterminante.

Les enjeux Les services de soutien à la parentalité constituent un point de rencontre entre les attentes des parents (formulées plus ou moins explicitement) et l’inté rêt croissant des pouvoirs pu blics pour le développement de politiques tournées vers l’inves tissement social.

Un développement de services au carrefour des transformations familiales et des évolutions des modèles sociaux Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, on assiste au dévelop pement de services de soutien à la parentalité. Ces derniers se si tuent au point de rencontre d’une demande accrue des familles et du volontarisme des pouvoirs publics.

publié par le Centre d’analyse stratégique, puisqu’il s’agit d’aider les couples à résoudre leurs conflits pour favoriser le bien-être de l’enfant.

Dernier principe, les pro grammes de soutien identifiés cherchent à agir sur les « com pétences parentales ». Si la mise en place de crèches, le dévelop pement de politiques de conci liation entre vie personnelle et vie professionnelle, la création de congés parentaux ou de prestations familiales offrent un soutien évident aux parents, ils n’entrent pas directement dans le cadre des actions de soutien à la parentalité étudiées dans le rapport, puisque l’objectif premier recherché n’est pas de promouvoir les compétences parentales ou la relation parentenfant. On peut en ce sens distin guer le soutien à la parentalité de l’ensemble des services de soutien aux parents.

S’il est par nature difficile d’iso ler l’impact des programmes de soutien à la parentalité de l’ensemble des dispositifs de soutien aux parents, un certain nombre de recherches mettent en évidence leurs effets positifs, ce qui fournit vraisemblablement une quatrième raison de leur po pularité croissante. Ces travaux mesurent l’action des dispositifs de soutien sur le bien-être des parents, des enfants, sur la qua lité de la relation parents-enfants, ainsi que sur l’acquisition de compétences par les parents.

D’une part, les parents res sentent et expriment un besoin de soutien concernant l’éduca tion de leurs enfants. Cela tient d’abord à l’évolution des struc tures familiales : nombreuses sont les séparations, les familles recomposées et les familles mo noparentales. Cela tient aussi à l’évolution du statut de l’enfant dans les sociétés contemporaines qui questionne les pratiques de tous les parents. Pour schémati ser, les parents qui élevaient leurs enfants selon un modèle familial préétabli ont laissé la place à des parents soucieux d’assurer l’épanouissement de leurs enfants et de les aider à trouver leur propre voie.

Une del’ensemblecroissantepréoccupationdansdespaysl’OCDE

D’autre part, les pouvoirs pu blics s’emparent de la question avec un fort volontarisme depuis une vingtaine d’années. Il existe plusieurs raisons à cela. Une première est de promouvoir l’égalité des chances et la lutte contre la pauvreté, tant il apparaît que les carences éducatives sont déter minantes dans les trajectoires des futurs adultes. Une deuxième réside dans l’émergence, principalement dans les pays anglo-saxons, de la notion de « responsabilisation » des parents. Selon cette dernière, les carences éducatives des pa rents constituent une explication déterminante des incivilités des mineurs. Il s’agit donc d’inciter fortement, voire de contraindre, les parents à entrer dans certains programmes de soutien, non sans controverse. Une troisième raison de l’inté rêt des pouvoirs publics se trouve dans l’attention croissante qu’ils portent à la logique d’investisse ment social. Cette dernière contri bue à transformer progressive ment les différentes initiatives de soutien aux parents en véritables politiques publiques. Partageant le constat selon lequel les poli tiques sociales se préoccupent davantage de réparer les consé quences des risques sociaux plu tôt que de les prévenir, plusieurs acteurs ont sensibilisé les déci deurs publics à « investir » dans l’enfance et la jeunesse. Le soutien à la parentalité fait donc l’objet d’une attention gran dissante des pouvoirs publics, en complément des politiques de soutien financier aux familles, des politiques éducatives ou d’accueil des jeunes enfants. À partir des familles vulnérables ou considé rées comme « à problème », on as siste à un élargissement du public concerné. C’est précisément cette évolution qui permet d’estomper ou de dépasser les critiques d’ordre éthique qui ont pu être formulées à l’encontre d’un interventionnisme public dans la sphère familiale, accusé de prescrire plutôt que de soutenir.

53ANALYSEAPPROCHES D’EXPERTS

Éclairage sur le cas français La France n’échappe pas à cette attention croissante don née au soutien à la parentalité. Il existe en effet de nombreuses initiatives portées par le secteur associatif, les collectivités locales ou la branche famille de la sécu rité sociale. Les dispositifs qui entrent réglementairement dans ce champ visent à :

2Harlem Children’s Zone (2011), “Helping 11, 403 kids - one at a time”, HCZ 2011 Biennial Report, New York.

• informer les couples, notam ment autour des questions de sexualité et de vie familiale (conseil conjugal et familial).

54 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

Les REAAP ont vocation à cordonner les services qui s’adressent à l’ensemble des parents, sur la base du volonta riat. Les parents se rencontrent dans différents lieux (centres sociaux, écoles, crèches, ludo thèques, salles municipales, etc.) et autour d’activités (groupes de parole, conférences-débats, acti vités parents-enfants, etc.), avec ou sans l’appui de professionnels du secteur (médiateurs familiaux, travailleurs sociaux). Il s’agit de renforcer, par le dialogue et pleinement leur responsabilité parentale.LaCour des comptes a consa cré une partie de son rapport annuel 2009 à l’évaluation des dispositifs de soutien à la paren talité1. Les principales critiques qu’elle a formulées portent sur l’empilement de dispositifs dis persés géographiquement et mal articulés entre eux ; sur le défaut de réflexion relatif à l’accès des parents à l’information ; sur le manque d’évaluation des disposi tifs ; sur la question du pilotage ; et sur le caractère épars de finan cements par ailleurs mal connus et souvent incertains. Ces financements proviennent de sources très diverses qui les rendent difficiles à consolider. En 2010, les actions d’accompa gnement à la parentalité comp taient pour environ 120 millions d’euros, dont environ 50 % finan cé par la Caisse nationale des allo cations familiales (le reste étant financé par l’État et les collecti vités territoriales). Ces services sont en majorité offerts gratuite ment aux parents. Les dépenses publiques consa crées aux dispositifs de soutien à la parentalité sont difficilement pays, le périmètre de ce champ d’action n’étant pas stabilisé. L’accompagnement scolaire ou la médiation familiale peuvent être inclus ou non dans ce périmètre. Les comparaisons nationales sont d’autant plus imprécises que les financements privés peuvent être importants.Àl’étranger, les fonds publics ne sont en effet pas la seule source de financement de ces dispositifs. Aux États-Unis, le programme Harlem Children’s Zone (voir infra) est par exemple financé par une combinaison de fonds publics (14 %) et privés (79 % – entreprises, fondations, particuliers)2. D’autres pro grammes sont entièrement à la charge des parents. Précisons enfin que des programmes stan dardisés sont souvent vendus à des organisations publiques (écoles, centres de protection de l’enfance, services sociaux, etc.) qui les mettent ensuite en œuvre. Au-delà de certaines spécifi cités nationales, tous les pays observés font face à deux ques tions identiques. La première est d’identifier l’offre de services pouvant répondre le mieux aux besoins de tous les parents. La seconde est de permettre l’accès

• accroître la confiance des pa rents dans leurs compétences parentales, au travers des Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des pa rents (REAAP) ;

• informer les parents sur les dispositifs (Points info famille – PIF) ;

1Cour des comptes (2009), Rapport public annuel – 2009, Paris, La Documentation française.

• accompagner les enfants et leur famille dans le parcours scolaire (Contrat local d’accompagne ment à la scolarité – CLAS) ;

• apaiser les conflits intrafami liaux (médiation familiale et espaces de rencontre) ;

5 - Développer les programmes animés par les parents, à l’aide d’une formation et d’un accompagnent spécifiques (Home instruction for parent of preschool youngsters –6Israël).-Faciliter l’accès aux services de soutien en les développant dans les lieux déjà fréquentés par les parents (services d’accueil de la petite deservicesétablissementsenfance,scolaires,desanté,voirelieuxtravail).

1 - Diversifier les objectifs, les services et les modalités d’intervention pour répondre à l’hétérogénéité des besoins et des attentes des parents. Les interventions peuvent se faire dans un cadre collectif ou individuel, dans des lieux dédiés ou au domicile des parents (Pa rent Under Pressure – Australie), dans la durée ou de façon ponc tuelle. Les actions de formation et de soutien peuvent prendre la forme de cours plus ou moins magistraux ou bien s’appuyer sur des activités de loisirs (My Time – Australie), elles peuvent utili ser des supports électroniques comme des sites internet (Ency clopédie sur le développement des jeunes enfants – Canada) ou bien des vidéos (Video-feedback to Promote Positive Parenting –Pays-Bas).

3 - Développer l’évaluation des actions de soutien à la parentalité pour mettre en évidence leur impact sur les trajectoires scolaires, professionnelles et 4personnelles.-Banaliser le recours à ces services et mélanger les publics grâce à une politique de communication ambitieuse et coordonnée. services de soutien disponibles : • systématiser l’envoi d’informa tion à certains moments clés de la vie ; • développer les guichets uniques (sites internet ou centres d’information) (Teen Parents Support Programme –Irlande) ; • proposer des informations détaillées sur le contenu des programmes, la méthode, les outils utilisés, le déroulement des séances, etc.

Conclusion Plusieurs pays développent des services de soutien à la parenta lité en complément des presta tions monétaires et d’autres types de services de soutien offerts aux familles.Ils’agit de répondre à une demande croissante, mais éga lement de promouvoir le bienêtre des parents et le devenir des enfants. Au vu des exemples étrangers, le succès de ces poli tiques réside dans leur capacité à répondre aux besoins de tous les parents et dans les stratégies mises en œuvre pour favoriser leur accès. L’enjeu est de ne pas donner l’impression de prescrire un soutien à des pères et des mères qui se sentiraient jugés comme défaillants mais bien de répondre très concrètement aux nouveaux besoins exprimés ou ressentis par les parents. ■ Rapport complet disponible sur www.strategie.gouv.fr, rubrique publications

55ANALYSE

Bonnes pratiques

Par exemple, des programmes sur les lieux de travail (Talking Parents, Healthy Teen – ÉtatsUnis), accessibles à partir des écoles (Adolescent Transitions Program – États-Unis, Parent Academy Programs –États-Unis), regroupant plusieurs services comme des services de garde et de soutien à la parenta lité dans un même lieu (Toronto First Duty – Canada, Children’s Centres – Royaume-Uni).

2 - Articuler une offre généraliste avec une autre destinée à répondre aux besoins spécifiques de certains publics de façon à couvrir toute la population. Par exemple, des programmes pour les parents d’adolescents (Surviving Teenagers – ÉtatsUnis), pour les pères (Centre for Fathering – Singapour, Soi rées de gars – Canada), pour les parents de différentes origines culturelles (Helping Youth Suc ceed in Southeast Asian Families – États-Unis), pour les parents qui se séparent, pour les familles monoparentales (Gingerbread –Royaume-Uni), etc.

ANALYSE PARLER AUX ENFANTS QU’ILS ÉCOUTENT ET ÉCOUTER QU’ILS VOUS PARLENT

COMMENT

En 1997, alors que j’habi tais aux USA, je n’imaginais pas encore à quel point ce titre prometteur allait changer beaucoup de chose dans ma vie. Je n’avais à cette époque que 2 enfants de 6 et 2 ans et je n’avais jamais réfléchi à l’im pact que peut avoir sur un en fant la façon dont on s’adresse à lui. Je pensais que puisque je les aimais, cela suffirait, que les choses iraient de soi, qu’ayant moi-même été une enfant plu tôt facile, il n’y avait pas de raison pour que mes enfants soient différents. Et puis, si je n’obtenais pas le comporte ment que j’attendais de leur part, il me suffisait de profiter de mon statut d’adulte. Dans le fond, ne m’avait-on pas toujours appris que l’adulte est celui qui sait, celui que je dois écouter, celui en qui je dois avoir confiance et quand cet adulte se trouve être aussi mon parent, je dois en plus le remercier puisque tout ce qu’il fait est pour mon bien ! Quand la psychologue de l’école où était scolarisé mon fils aîné a proposé aux parents de participer à un atelier : "how to talk so kids will lis ten and listen so kids will talk" (comment parler aux enfants pour qu’ils écoutent et écou ter pour qu’ils vous parlent), c’est bien le titre qui m’a inter pellée. Je me suis donc inscrite. Améliorer les relations avec son enfant Ces ateliers s’adressent aux parents et aux professionnels de l’enfance qui désirent amé liorer leur relation avec les enfants, que cette relation soit problématique ou non. Notre groupe, d’une dizaine de parents, se réunissait une fois par semaine pendant 2 heures et là avec un support pédagogique très simple, nous avons appris, à développer toute une série d’habiletés et de compétences parentales solides, concrètes et efficaces, facilement applicables dans toutes les relations avec nos enfants. Une partie de la séance est toujours consacrée à la prise de conscience de ce qui se passe dans la tête d’un enfant a qui l’on donne des ordres, à qui l’on fait de longs sermons, des réponses sarcas tiques, des comparaisons avec ceux qui font « bien », à qui l’on dit qu’il est un incapable, qu’on n’en tirera rien, qu’il nous rend malade…Les ateliers regorgent d’exemples concrets et de méthodes pratiques permet tant à un père ou à une mère de se dépanner face à des pro blèmes très spécifiques qu’ils rencontrent tous les jours avec leurs enfants. Cela va des petites querelles quotidiennes dues au refus de leur part de manger, de ranger une chambre, d’éteindre les lumières, d’arrêter l’ordina teur, la TV… à des problèmes beaucoup plus sérieux comme les mensonges, les vols… Chaque rencontre propose plusieurs types d’outils, à vous d’utiliser ceux qui conviennent à votre personnalité ou à celle de vos enfants. Les participants ne reçoivent donc pas de réponses ma giques, toutes faites d’avance, mais apprennent à dévelop per de façon progressive, des stratégies qui leur permettent de grandir en tant qu’adultes tout en facilitant une crois sance harmonieuse chez leurs enfants. Aider son enfant à grandir De la même façon on ap prend comment aider les en fants aux prises avec des senti ments négatifs, quelles sont les alternatives à la punition, car on sait très bien qu’elle ne sert à rien si ce n’est qu’a attiser le désir de vengeance à l’égard de la personne qui vous a puni, comment complimenter en favorisant l’estime de soi, com ment favoriser l’autonomie, comment aider les enfants à se détacher des étiquettes qui leur collent à la peau (le têtu, le lent, le maladroit…)

56 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

POUR

Sophie Benkemoun est médecin, fondatrice de l’Atelier des parents. Elle anime des formations à l’animation des ateliers « parler pour que les enfants écoutent » et « Jalousie et rivalité entre enfants ». Elle est plusieurs fois intervenue en Mayenne. Dans ce département, l’UDAF 53 adhère à l’atelier des parents et relaie à son tour ces techniques de communication entre parent et enfant. Elle raconte comment elle a découvert cette méthode aux USA et comment elle participe à l’essaimer en France.

Sophie BENKEMOUN Médecin, fondatrice de l’Atelier des parents.

POUR

1Adele Faber et Elaine Mazlish ont participé pendant 10 ans au groupe de guidance parentale animé par le Dr Haim Ginott, psychologue pour enfants. Elles en ont tiré un premier livre intitulé : « Parents épanouis, enfants épanouis ». Elles ont parcouru les USA animant à leur tour conférences et ateliers pour les parents, et les professionnels de l’enfance. Fortes de ces expériences, elles ont publié leur deuxième et troisième livre « Parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent » et « Jalousies et rivalités entre frères et soeurs ». Ces livres ont été vendus à près de 2 millions d’exemplaires et traduits dans une vingtaine de langues. Elles sont toutes les 2 diplômées dans le domaine de l’éducation et mamans de trois enfants. L’approche FABER et MAZLISH Cette approche se caractérise par une méthode de communication basée sur l’écoute empathique qui tient compte à la fois du respect des besoins et des sentiments de l’enfant et de l’adulte. Parents ou professionnels de l’enfance peuvent y découvrir la façon de formuler de leurs demandes et d’exercer leur autorité sans blesser, tout en renforçant l’autonomie et l’estime de soi des enfants. Ces ateliers abordent les principes de la communication efficace et de la communication non violente, communs aux psycholo gues humanistes tels que Carl Rogers, Thomas Gordon et Marshall Rosenberg. Ils ne proposent pas de modèle éducatif mais des outils de communication. Retrouvez les dates des conférences, ateliers, formations sur le site : www.latelierdesparents.fr A lire d’accompagnementl’articleaussi...surl’action des parents de l’UDAF 53 en page 103.

Dans cette approche on donne de l’importance à toutes les per sonnes concernées, tout simple ment parce qu’il s’agit de per sonnes humaines, qu’elles soient grandes ou petites. Au-delà des rôles traditionnels, il existe un terrain où adultes et enfants peuvent apprendre à com muniquer entre eux sans recou rir à des jeux de pouvoir et de contrôle.Biensûr, c’est l’adulte qui doit le premier descendre de son propre piédestal, celui où il a probable ment appris à se placer sur l’invita tion pressante de l’entourage. Une fois ce premier pas franchi, d’éton nantes possibilités deviennent dis ponibles, tant pour les parents que pour les enfants. Et c’est là que peut commencer à s’établir une communication épanouis sante pour tous. Poser un cadre dans le respect de l’enfant Les craintes et les réticences ressenties par de nombreux adultes à l’égard de ce genre d’approche sont fort compré hensibles. Ils n’ont en effet vécu aucune expérience directe de ce genre de relation interpersonnelle. Pour nous parents, c’est comme apprendre une nouvelle langue, mais nous la parlerons toujours avec un accent, car ce n’est pas notre langue maternelle. Mais avec un minimum d’ouverture d’esprit et de bonne volonté, il nous est possible de progresser dans cette nouvelle direction et de modifier en profondeur la relation avec nos propres enfants. Il n’est pas ici question d’éduca tion. Chacun conserve, ses propres valeurs, ses principes d’éducation, mais apprend comment les trans mettre dans le respect. Certaines personnes craignent que cela engendre de la permis sivité, or ce n’est pas parce que l’on écoute les autres que l’on doit accepter tout ce qu’ils font. Les participants apprennent à poser un cadre nécessaire à l’enfant quel que soit son âge. Un cadre dans lequel il se sent en sécurité, sans étouffer. L’atelier des parents pour diffuser cette méthode Il y a 6 ans, j’ai fondé l’Atelier des Parents pour permettre au plus grand nombre de parents et de professionnels d’avoir accès à ces outils. L’Atelier des Parents intervient de plus en plus dans la formation des professionnels de l’enfance : personnel de crèche, enseignants, pédiatres, assistantes maternels, éducateurs… Avec une équipe de professionnels, je travaille sur de futurs projets spé cifiques aux parents d’ados, aux enseignants de tous niveaux… Pour conclure, je laisse la pa role au Dr H. Ginott, un des pères de la communication efficace, à l’origine de cette démarche : « Tous les sentiments sont légitimes, tous les comportements ne sont pas acceptables » ■

57ANALYSEPAROLES DE PROS

Un grand principe sous-tend le programme Faber-Mazlish1 : le respect entre les personnes. Les parents sont invités à apprendre comment ils peuvent démontrer du respect envers leurs enfants dans leur façon de communiquer avec eux. Ils apprennent égale ment comment s’assurer à euxmêmes le respect dont ils ont besoin en tant que parents. Le respect peut prendre différents visages et être mis en pratique de bien des façons. L’écoute est l’une des principales techniques proposées pour communiquer le respect qu’on éprouve envers une autre personne. D’autres tech niques viennent ensuite s’ajouter à l’écoute au cours des différentes rencontres de l’atelier.

L’antidote de la peur, c’est la confiance et celle-ci ne peut exis ter que dans un travail commun, un partenariat et des relations plus transparentes. Il n’y a pas d’autre solution.

Armelle Nouis, Proviseure et mère de quatre enfants. Professeure agrégée de Sciences sociales, elle a enseigné pendant 22 ans, avant d’être Principale de collège puis Proviseure en lycée professionnel. Elle est aujourd’hui Proviseure d’un lycée d’arts appliqués parisien. Ancienne administratrice à l’UNAF, elle est experte à la commission éducation et représentante pour l’UNAF au Conseil Supérieur de l’Education. Un chemin difficile Les textes officiels l’affir ment, les parents ont une place dans toutes les instances du col lège. Leur droit à l’information est clairement défini. Pourtant si 30 % des parents d’élèves se déplacent pour élire leurs représentants, vous êtes un éta blissement chanceux. Si toutes les classes ont deux délégués parents à chaque conseil de classe, vous êtes un établisse ment privilégié. Rares sont les établissements où les parents occupent toute leur place. Le problème n’est pas dans la lettre mais dans l’esprit !

• Madame Simon assiste aux conseils de classe de ses en fants, mais les professeurs se réunissent au préalable à huis clos pour tout décider ; en trois ans elle a été entendue une seule fois pour la défense d’un élève.

Un chemin à faire des deux côtés : collège/lycée faîtes aux parents la place qui leur est due ! Les relations entre ces deux acteurs essentiels de l’école sont au fond habitées par la peur. Les enseignants craignent un envahissement des parents qui remettent en cause leurs mé thodes et leur travail. Les débats autour de la mise en ligne des notes ou du cahier de texte en témoignent : habitués aux portes closes de la salle de classe, ils appréhendent l’idée d’avoir à inscrire sur la toile devoirs et résultats des élèves. Les parents, eux, s’affolent devant une école qui se fragilise, ne garantit pas la réussite scolaire, et dont les fonctionnements lui échappent. Leur confiance dans le système scolaire s’ébranle.

• De multiples contraintes ma térielles sont évoquées qui empêchent la mise en place du club proposé par Mon sieur Martin dans le cadre du foyer. « Nous faisons figuration » clament le plus souvent ces parents serviables et frustrés, mal-ai més de l’institution scolaire. En conseil d’administration le dia logue prend parfois les allures d’une guerre de tranchées : « lorsque nous voulons débattre ou pro poser des actions, les professeurs se sen tent jugés et se défendent, la réflexion devient impossible ». C’est un peu mieux dans le tête à tête car les enseignants sont facilement disponibles pour évoquer les difficultés scolaires d’un élève, mais l’entretien peut tour ner au drame lorsque l’ensei gnant s’érige en prophète de malheur et affirme dés la 5ème « il faut comprendre Monsieur que votre enfant ne sera pas capable de suivre des études longues, que vous soyez écrivain n’y change rien ! » Mal aimés les parents ? Un peu. Lorsque j’étais stagiaire, j’ai pris pour la première fois mes fonctions de principale, mon prédécesseur m’a conseil lée « il y a une chose dont il faut vous méfier, ce sont les parents : ils sont chronophages. Réglez les problèmes par téléphone, et évitez de les recevoir ! » Les salles de profs résonnent de préjugés : les parents dé missionnent et veulent que nous réussissions là où ils ont échoué ! Elle vient au conseil de classe uniquement pour dé fendre son enfant...

COMMENT CRÉER UN PARTENARIAT ENTRE PARENTS ET ÉCOLE ? QUELLES ACTIONS PEUVENT AIDER LES PARENTS PENDANT LA SCOLARITÉ DE LEUR ENFANT ? 58 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

Sur le terrain les parents se plaignent :

Les parents doivent connaître et comprendre l’institution dans laquelle leurs enfants passent la plus grande partie de leur journée. Nous le leur devons. Cette connaissance passe par une meilleure communication et aujourd’hui les nouvelles tech nologies offrent une opportunité exceptionnelle qui la facilitent : site internet, cahier de textes en ligne, notes en lignes, échange de mails avec les équipes, informa tions par SMS... Qu’avons-nous à cacher ? C’est un axe important aujourd’hui, les parents peuvent demander et soutenir le déve loppement de ces outils de com munication ; pourquoi ne pas associer enseignants et parents à la réflexion sur les moyens à mettre en place ? Les parents s’impliqueront s’ils ont leur place et, pour peu qu’ils aient du temps, s’investiront dans des projets au service de l’ensemble de la communauté scolaire. Les collèges dynamiques ont sou vent des parents engagés aux côtés de l’équipe pédagogique.

Je suis convaincue qu’un éta blissement qui développe cet accueil et inclut les parents dans ses instances de réflexion à beau coup à gagner même si le che min ne manque pas d’embûches. Cette connaissance mutuelle efface les peurs et construit une communauté scolaire sereine, climat indispensable à la réussite des jeunes. Du côté des parents : Les familles sont le troisième « vecteur » de l’école à côté de l’institution et des enseignants. Les travaux d’Elinor Ostrom sur la gouvernance des biens publics proposent une alterna tive aux deux solutions écono miques classiques que sont la logique libérale de la propriété privée et la gestion des biens par l’état. Elle suggère une logique de gestion par les utilisateurs ! Sans se substituer aux autres ac teurs, les parents doivent trouver leur place dans la transformation deC’estl’école.une des principales lignes de force qui ressort du grand débat sur l’école : la réus site scolaire éducative ne peut ré sulter de l’action de l’école seule : les partenaires et notamment les parents doivent y contribuer davantage. La question pour les familles est de trouver la bonne place entre le parent qui ne se sent pas accueilli ou qui n’entre pas à l’école, et celui qui défend essentiellement sa cause person nelle, autrement dit celle de son enfant.Leprojet doit être clair : il s’agit en s’engageant de re mettre dans l’école les valeurs de solidarité, de fraternité, et de droit à l’instruction pour tous à travers l’accompagnement des enfants et la relation avec les professionnels. Parallèlement à ce recentrage, il faut prendre l’enfant dans sa globalité et ne pas le réduire à ses perfor mances scolaires. Accompagner son développement personnel, son autonomie, construire une bonne estime de lui-même et renforcer sa confiance en soi, fortifier sa sociabilité. L’épa nouissement personnel doit res ter prioritaire. de l’enfant à la maison et l’engagement dans les établissements. A la maison il faut construire la confiance. Confiance dans le sys tème qui nécessite un discours positif sur l’école et confiance dans l’enfant à qui on témoigne de son aptitude à réussir par luimême dans cette institution : « Ce n’est pas le bon collège, la bonne école dans laquelle je vais t’inscrire qui sera responsable de ta réussite. Tu as les capacités de réussir là où tu seras, et je serai là pour te soutenir ! » L’établissement scolaire est un vaste terrain d’apprentissage qui va au-delà du seul programme scolaire. Les occasions sont multiples qui permettent d’ap prendre aux enfants les valeurs à la fois d’effort, de frustration mais aussi de tolérance et de so lidarité. L’accompagnement du vivre ensemble avec ce qu’il né cessite d’écoute, d’accueil et de conseils participe à la formation d’un futur adulte attentif aux autres et responsable. Confir mant ce rôle essentiel des pa rents, les équipes pédagogiques qui accueillent des élèves « dé crocheurs » donnent une place essentielle aux familles dans le suivi et l’accompagnement du projet de L’engagementl’élève. dans les établis sements est le second support de ce que j’appelle la « parenta lisation » de l’école. délégués de classe, membres élus au conseil d’administration, membres du CESC (comité d’édu cation à la santé et à la citoyenne té). Il faut investir ces postes avec toujours la même porte d’entrée : encourager les valeurs auxquelles les professeurs croient. D’autres fonctions sont à inventer, à occuper. Créer des lieux ou temps de rencontre entre parents professeurs (cafédébat, petit-déjeuner), un point accueil des parents, des activités pour les élèves dans le cadre de l’accompagnement éducatif, des fêtes, pique-niques et sorties, journaux… Ces engagements permettent de connaître l’établis sement autrement, favorisent son ouverture, créent du lien entre parents professeurs et élèves, nourrissent la réflexion et évitent la ghettoïsation. C’est fondamen talInvestiraujourd’hui.lescollèges et rappe ler les valeurs fondamentales de l’école républicaine comme l’ins truction et la réussite de tous, la fraternité et la solidarité pour une école qui construise une cohé sion nationale, se révèle néces saire. Nous avons besoin d’une école où les parents s’engagent. ■

59ANALYSE

PAROLES DE PROS

A partir de 18 ans : outre la majorité légale, qui rend l’ado lescent pénalement respon sable de ses actes, il est sans doute important de marquer un changement dans le mode de relation, désormais plus égalitaire et « contractuel ». La cohabitation repose sur des engagements réciproques, avec néanmoins une dette de l’enfant à l’égard de ses pa rents : il leur doit évidemment le respect, mais aussi une cer taine gratitude puisqu’il est, au moins, logé, blanchi et nourri. A lui d’accepter, en contrepartie, de remplir un certain nombre de tâches, qui vont du quoti dien au « moyen et long terme » (assiduité aux cours, présenta tion et réussite aux examens, travail rémunéré ou stages de formation, etc.). Un climat à entretenir Comment être, devenir ou rester des parents « suffisam ment bons » ? Autrement dit, suffisamment disponibles, ré ceptifs, adaptables, malléables. Le tout, sans viser la perfection, inaccessible et de surcroît, in supportable pour celui qui en « profiterait » ! Il s’agit de protéger, d’accom pagner, d’inciter. Entre l’excès de présence et l’excès d’ab sence, de trouver la fameuse « bonne distance ». Entre l’excès de compréhension, voire de complicité, et l’excès de fer meture, c’est-à-dire d’aveugle ment, de surdité, d’ignorance. Être proches sans se confondre, souples sans se dissoudre. Ni rejet, ni (con)fusion. Ni mépris, ni condescendance. Parler peu, parler vrai ? Agir, réfléchir, at tendre ? Dix suggestions 1- Redéfinir les relations, différentes de celles qu’on entretient avec un enfant ; ce qui se réalise par tâtonnements, petit à petit Rien ne sera plus comme avant. Aller de l’avant est im pératif. Assumer une nouvelle forme de relation, différente Extrait de « Être parents d’adolescents aujourd’hui ».

De 16 à 18 ans : la discussion et la négociation d’un cer tain nombre de règles de vie semblent acceptables, si ce n’est souhaitables. Le souci pa rental premier reste la protec tion du mineur, d’autant qu’elle demeure de sa responsabilité. Tout cela dépend de la matu rité effective de l’adolescent, mais aussi des usages familiaux et du contexte. Certains inter dits persistent, qui touchent à l’atteinte de soi, de son corps, mais également de son image vis-à-vis de soi et des autres : il paraît inévitable que les adultes se montrent plus prudents et plus exigeants, ce qui leur vau dra assez vite d’être qualifiés de vieux jeu, ringards, ou pire ! Ils en seront remerciés plus tard ...

60 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE ÊTRE PARENTS D’ADOLESCENTS QUELQUES CONSEILS AUX PARENTS POUR MIEUX COMPRENDRE L’ADOLESCENCE ET TROUVER SA PLACE DE Anticiper,PARENTS.aucours de la petite enfance et de la préadolescence

Certains interdits absolus sont à maintenir concernant l’usage de substances toxiques, ce qui inclut le tabac et l’alcool, sauf circonstances très exception nelles ; chaque famille a égale ment une position à adopter vis-à-vis de la sexualité (inter dire permet à l’adolescent de renvoyer cette question à plus tard tout en restant parfaite ment « dans la norme »).

Si tout se rejoue à l’adoles cence, tout se prépare bel et bien dans l’enfance. Il apparaît de plus en plus nettement, à tra vers l’expérience clinique et de nombreuses études épidémio logiques, que les adolescents en difficulté sévère avaient déjà présenté pour la plupart des signes antérieurs de souffrance (ou un conformisme rétrospec tivement suspect). La qualité de la période qui s’étend de 6 à 12 ans, phase dite « de latence » qui correspond à la scolarité en école primaire, connaît ainsi un regain d’inté rêt. L’intégration parmi les pairs, l’instauration, dès cet âge, d’une bonne distance vis-à-vis des parents et des enseignants, la capacité à trouver un plaisir autonome dans l’apprentissage et les jeux sont en effet les indicateurs d’une sécurité inté rieure propice à une adoles cence « tempérée ». De même, il reste important de veiller à la sérénité des premières années, notamment à l’installation de rythmes réguliers et du senti ment, chez le petit, de disposer d’une « base de sécurité » sur laquelle il peut se reposer...

Distinguer dedifférenteslesphasesl’adolescence

Jusqu’à 14/15 ans : il paraît légitime, et même souhaitable, que les adultes conservent une position directive et imposent un cadre de vie à l’adolescent de façon claire, explicite et assumée (c’est-à-dire sans avoir à s’en justifier de façon répé tée). Selon la maturité réelle du jeune et surtout selon sa capa cité à s’auto réguler, cela se tra duit concrètement par : les ho raires de présence et d’absence à la maison, la pratique de telle ou telle activité, l’écoute ou le visionnage de tel ou tel pro gramme, la fréquentation de telle ou telle personne, le mon tant de l’argent de poche, etc.

61ANALYSE

mais pas forcément moins agréable, suppose d’accep ter un temps de flottement, ainsi qu’un certain nombre d’erreurs puisqu’il n’existe aucune recette, aucune solu tion préétablie. Impossible de rester passif à attendre simple ment que le temps passe et que tout revienne à l’identique : ce qu’il faut prendre comme une opportunité pour réparer un passé regrettable, ou pour consolider une confiance déjà bien ancrée.

2- Ne pas confondre les rôles et rester à sa place : présence, constance et tranquillité Si les statuts (homme, femme, enfant) sont à examiner et à préciser, ils demeurent. Ils seront même d’autant plus interrogés qu’ils importent à l’adolescent. Celui-ci ne peut continuer à se développer et à se renforcer sans rencontrer d’interlocuteurs : ils sont avant tout des exemples, des modèles à imiter en partie, à contredire aussi. Rares, voire exception nels sont les adolescents qui parviennent à se construire seuls, sans adulte de référence qui ne se soit impliqué auprès d’eux, qui ne leur ait consacré du temps et de l’énergie, qui n’ait fait preuve de disponibi lité et de patience. Les parents, bien entendu, n’ont que peu de moments à consacrer à leurs adolescents : ils n’en prennent que plus de valeur et de sens.

3- Ne pas esquiver les conflits et faire preuve de patience L’adolescence est propice aux prises de positions abruptes, radicales, péremptoires ; aux condamnations sans appel et sans nuance. À cet âge, l’important est d’exprimer une opinion et d’en débattre. La rivalité et la confron tation valent mieux que l’apathie ou l’indifférence, de toute façon. Mais l’art et la manière comptent également, en particulier la forme qui doit rester verbale ... et si pos sible polie ... Encore que les cri tères varient, et que ce qui serait passé pour de la grossièreté il y a vingt ou même dix ans est à en tendre autrement aujourd’hui : ce qui n’empêche pas de le relever, et de rappeler le passé. Argumenter et chercher à l’em porter par la discussion, pousser l’adulte dans ses retranchements et l’obliger à « parler vrai », autant d’occasions de refaire le monde, ce qui n’est pas automatique ment stérile. Le passage par la parole et l’interdiction de toute violence physique restant, quel que soit le thème de l’échange, non négociables. 4- Dialoguer, ne jamais ignorer ni négliger L’adolescent a droit au si lence, au retrait ou à la boude rie, pas l’adulte ; ou alors, de façon exceptionnelle ... Rien de plus blessant que l’absence de répondant de la part d’un parent. Peu importe la com pétence véritable, notamment dans certains domaines à l’évi dence mieux maîtrisés par la jeune génération ; l’essentiel est de consacrer du temps à écou ter, et d’accorder véritablement de l’intérêt. Il ne s’agit pas de faire preuve de complaisance, ni de flatterie, ou encore de baisser pavillon, mais plutôt de signifier à l’adolescent qu’il a quelque chose à apporter, que sa contri bution compte, qu’il est désor mais en mesure de faire avan cer un problème de manière véritablement constructive. La limite porte, comme toujours, sur l’indispensable réciprocité de ce dialogue : l’adulte ayant évidemment droit, lui aussi, de faire valoir son point de vue ... et, le cas échéant de l’imposer (au moment opportun, c’est-àdire de préférence à froid).

PAROLES DE PROS

62 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

5- Discuter à la demande, sur certains thèmes délicats Il n’est jamais facile de s’ex primer sur les sujets brûlants, surtout pour l’adolescent, sub mergé par des émotions et des sentiments qu’il découvre et domine avec peine. D’où sa susceptibilité et le respect absolu qu’il réclame en ce qui concerne l’affectif et le sexuel. Ce domaine reste, et il est pro bable que cela dure, extrême ment sensible et délicat à abor der entre parents et adolescent. L’initiative gagne à être prise par l’adulte, à condition qu’il s’en sente capable et en soit réellement désireux ; à condi tion surtout que l’adolescent puisse en bénéficier. Car il ne s’agit pas d’informations pra tiques ou « techniques », que les copains et copines ou encore les médias ont déjà largement transmises ; il s’agit de parler de sa propre expérience, de ce que l’on souhaite pour son enfant, de la signification et de l’importance que l’on donne à la sexualité et aux sentiments amoureux.Mêmesi d’autres adultes ont abordé ces sujets, la parole d’un parent est ici irrempla çable. Constatant qu’elle reste souvent impossible, il convient de préciser que le fait de gar der le silence à ce sujet est éminemment respectable. Car ce qui importe plus est ce qui est laissé à percevoir au fil des jours, et qui est donné comme exemple dans les échanges affectifs entre père ct mère au quotidien. La sincérité, l’au thenticité, la cohérence entre actes et paroles paraissent, et de loin, significatives aux yeux des adolescents. Il en est de même en ce qui concerne la violence, et tous les sujets fon damentaux : les discours certes peuvent influencer. Cependant, ils ne valent rien, voire peuvent induire des convictions oppo sées, s’ils ne s’accompagnent pas de réalisations concrètes, visibles, tangibles. Sur ce point, l’adolescent est impitoyable : mieux vaut ne pas lui mentir, lui exposer certaines erreurs passées ainsi que l’ambigüité de certaines situations, plu tôt que le tromper ... Chacun, cependant, fera comme il l’en tend et selon sa conscience. 6- Rester discret, ne pas fouiller ni chercher à savoir absolument ce que l’ado lescent pense, ressent, fait En ce qui concerne les pe tits tracas de la vie ordinaire, il est naturel que les copains et copines soient les interlo cuteurs privilégiés. Disposer d’espaces privés et d’un jardin secret est signe de bonne santé psychologique. Reste que pour l’essentiel, c’est-à-dire les sujets graves, il est plus que probable que l’adolescent saura s’adres ser à ses parents, à un membre de la famille ou à un profes sionnel (du corps enseignant, soignant…). Cela autorise à res pecter son intimité, sauf excep tion.La discrétion est la plupart du temps opportune, à condi tion qu’il y ait une confiance préalable. Si ce n’est pas le cas, en parler explicitement ou re courir à un tiers est préférable à une lente détérioration de l’atmosphère familiale. 7- Se maintenir à bonne distance, supporter d’être momentanément mis à l’écart : ce qui ne signifie pas être exclu, ni méprisé, ni disqualifié Être proche ne signifie pas être collé, ni être mélangé. Mé nager des intervalles et laisser des marges de liberté semble Souvent plus approprié. Com muniquer implique une cer taine distance, voire une diffé rence et donc, inévitablement, desS’ilmalentendus.étaitpossible de pas ser beaucoup de temps, ou de

9- Inciter à sortir et aller de l’avant, vers l’extérieur ; ne pas empêcher les rencontres, sauf si elles semblent franchement néfastes ou nuisibles - dans ce cas, l’expliquer Toute tutelle finit par peser, même la plus bienveillante. Au fil du temps, surtout, elle devient inutile, et ne gagne alors rien à se prolonger. Il est à souhaiter que l’en fant ait, depuis longtemps, créé des liens importants en dehors de la famille restreinte, auprès d’ami(e)s de son âge mais aussi d’adultes acceptés par ses parents. Ce mouve ment d’ouverture va se prolon ger et s’amplifier, au bénéfice de tous, et il serait vain voire nuisible de l’empêcher désor mais. Accepter entrées et sor ties, faire de la famille un port d’attache d’où il est permis de partir sans esclandre semble la meilleure manière d’accompa gnerL’harmoniel’adolescent.et l’absence de conflit, cependant, restent peu réalistes et risquent aussi d’aboutir à une station prolon gée de l’adolescent dans un statut finalement trop confor table... Comme si, sans éclat, sans limitation de ses velléités d’indépendance, l’adolescent se sentait frustré, privé de sti mulant, amputé d’une sorte d’impératif de développement. 10- Savoir dire non et faire preuve d’autorité, quand c’est nécessaire... Notamment pour protéger Impossible, pour un parent, de satisfaire l’adolescent que ce soit totalement (c’est une évidence) ou même partielle ment. Sur le moment, cela ne peut être ressenti que comme une ingratitude. En effet, ce n’est que ce que l’adolescent s’est procuré par ses propres moyens, grâce à ses propres efforts, qui a pour lui une véri table saveur. « Ce que les parents t’ont laissé en héritage, si tu veux le posséder, gagne-le » , écrivait jadis Goethe.Lesinterdits posés ne sont donc pas seulement des limites instaurées par les parents, pour leur seul profit personnel. Ils transmettent également un message universel, qui soustend tout développement, toute croissance. Pour grandir, il faut partir, aller trouver sa nourri ture et son bonheur ailleurs. Il faut rappeler que certaines bornes sont, cependant, abso lument infranchissables : elles concernent la violence exercée sur autrui, qui nécessite une position de refus claire et iné branlable. Si elle se reproduit, c’est qu’elle réclame la solli citation et l’intervention d’un tiers.D’autres sont plus « négo ciables », et varient suivant les familles et les adolescents : elles délimitent chez chacun ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. La sanction est morale, symbolique plus que matérielle. Elles aident en tout cas l’adolescent à se situer, à se construire « comme » ou « diffé rent », l’essentiel étant, à notre avis, de lui laisser du temps pour choisir telle ou telle op tion, et pour en changer. Il se rait en effet tragique de ne pas lui laisser cette opportunité, et d’accentuer ainsi le caractère irréversible, donc dramatique, de son choix. ■

63ANALYSE consacrer ses loisirs à ses en fants, avant qu’ils n’atteignent leurs douze ou treize ans, cela devient de plus en plus inenvi sageable par la suite. De même, les garder près de soi, à por tée de regard, sans intention particulière, est vécu par tout adolescent comme un excès d’attention. Quand ce n’est pas comme une surveillance into lérable et abusive : mieux vaut, dès lors, déléguer et confier cette mission à des tiers dignes deCeconfiance...quisera d’autant plus simple que l’habitude aura été prise antérieurement, de façon progressive et spontanée : sinon, chacun pourra se sen tir inquiet, abandonné voire perdu. S’éloigner est un mou vement naturel qui s’opère de l’intérieur, au cœur de chaque individu, au terme d’une cer taine maturation, et non uni quement sur prescription ou injonction venant de l’exté rieur. Les distances, en termes géographiques peuvent en l’oc currence servir assez fréquem ment de leurres : on connaît beaucoup d’enfants qui ont vécu de nombreuses sépara tions sans réagir sur le moment, et qui s’effondrent plus tard quand la situation a pris sou dain tout son sens…

8- Manifester son affection avec retenue et accorder sa confiance Les gestes sont probable ment de trop, passé un certain âge. Pour certains, en tout cas. Ils conservent leur nécessité pour d’autres. C’est selon. La confiance, en revanche, prend une importance de plus en plus grande, qui passe parfois par l’acceptation, précisément, de cet écart des corps. Mais aussi, parfois, par une mise à distance plus radicale encore : les mots alors peuvent venir se substi tuer, ou la patience…

Depuis plus de 10 ans, l’UNAF n’a cessé de réaffirmer que les grands principes d’éducation, de civilité et de parentalité ne sont pas remis en cause par l’émergence du numérique. Pour l’UNAF, la famille doit être le pre mier lieu de l’apprentissage et de l’éducation numérique. Car faut-il le rappeler mais le foyer demeure le 1er lieu de décou verte et d’accès aux médias et au numérique pour les enfants.

64 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

Le dialogue l’observationetau cœur de la parentalité à l’ère du numérique Parents et enfants se re joignent pour considérer que l’échange parent-enfants est in dispensable au sein de la famille. Mais il n’est pas toujours suf fisamment réalisé en pratique. Les usages numériques appa raissent d’ailleurs particulière ment révélateurs de ce manque de dialogue notamment à l’âge de l’adolescence. Ainsi, en matière de réseaux sociaux, l’échange pa rent-enfant ne concerne qu’une famille sur deux ! Il en est de même pour les jeux vidéo ou le téléphone portable !

Coordonnateur du pôle médias à l’UNAF PARENTS À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE

ÊTRE

• savoir ce que font leur enfants et d’en comprendre les motiva tions pour mieux les accompa gner ; • repérer certains signes, cer tains changements d’attitudes pouvant être précurseurs de pratiques déviantes ; Olivier ANDRIEU-GÉRARD

Le numérique est aujourd’hui omniprésent : au sein des familles, les écrans se sont démultipliés et les pratiques ne concernent pas que les enfants et les adolescents. Ainsi, il y a aujourd’hui plus de 47 millions d’internautes en France, 30 millions de joueurs de jeux vidéos dont l’âge moyen est de près de 35 ans. En 2011, la moitié du temps libre des Français (4h58 en 2010, soit 7 minutes de plus qu’en 1999) est désormais passée devant un écran (INSEE 2011). 80,6 % des internautes français utilisent un réseau social et le site leader dis pose de près de 25 millions de comptes en France. Si tous les âges de la vie sont concernés, les enfants et les ado lescents ne sont pas en reste : l’espace numérique est devenu leur premier espace social. Ainsi, chez les adolescents, le temps consacré aux écrans est de plus de 35 h par semaine, soit peu ou prou l’équivalent d’un temps plein consacré aux pratiques numériques. Près d’1 enfant sur 2 âgé de 8 à 17 ans est connecté à un réseau social, 83 % des 1217 ans disposent d’un téléphone mobile et 95 % des 8-12 ans jouent aux jeux vidéo. Au-delà de ces données, de nou velles évolutions sont en cours : la convergence et la mobilité des supports. En 2012, plus de 15 mil lions d’internautes accèdent au réseau via leur téléphone mobile. Dans le même temps, la conver gence des supports s’est accélé rée en témoigne le déploiement des Smartphones et tablettes et l’émergence annoncée de la télé visionAu-delàconnectée.dufoyer, c’est la société dans son ensemble qui s’est for tement modifiée depuis le milieu des années 90 ainsi que la diffu sion massive des technologies de l’information et de la communi cation.Tous les pans de la société ont été pénétrés plus ou progres sivement par de nouveaux outils et de nouveaux usages : la vie professionnelle en premier lieu mais aussi le commerce, les ser vices publics y compris l’école, le secteur social et associatif. Ces évolutions ont été de telle ampleur que l’on peut par ler à cet égard de changement de civilisation ou de nouvelle révolution. Pour chacun d’entre nous, y compris pour les non utilisateurs, cette mutation tech nologique, sociale, sociétale a impacté tout à la fois le par tage de l’information, l’accès à la connaissance, à la culture, la représentation du monde et des relations sociales et des repré sentations humaines, le rapport au virtuel et la conception de la réalité mais aussi la socialisation et l’éducation des enfants. L’irruption du numérique dans la vie familiale et dans la société en général doit-elle réin terroger les pratiques parentales ? Le numérique a-t-il changé la fonction parentale ? Dans leur grande majorité, les parents ont aujourd’hui bien conscience qu’ils ont un rôle à jouer dans le rapport qui lie leur enfant aux outils numé riques. Mais les parents s’inter rogent : que faut-il faire ? Quand et comment intervenir ? Faut-il maitriser toutes les technolo gies et les usages au risque de se lancer dans une course contre la montre sans doute perdue d’avance ? Peut-on être parent aujourd’hui sans être un cyber parent ? Car au fond, aucun des parents d’aujourd’hui n’a réel lement baigné dans l’océan mé diatique tel que nous le vivons. Cette génération de parents pivots est ainsi soumise à de nouveaux comportements, atti tudes, situations qu’ils n’ont pas connues au même âge. Être parent hier comme aujourd’hui, c’est anticiper les risques et accompagner les enfants vers l’autonomie, c’est donner du sens à ce que l’on fait, c’est éveiller à l’esprit critique.

Pourtant, dialoguer avec ses enfants doit permettre aux pa rents, qu’ils maitrisent ou non les techniques numériques, de :

Une technologiquemutation et technologique

Pour connaître ces motiva tions, on peut passer par l’obser vation des pratiques qui en dit souvent beaucoup. Mais cela doit aussi passer par l’écoute, l’échange, le dialogue avec votre enfant autour de questions simples :pourquoi joues-tu à cela ?

de satisfactions à l’enfant. Pour l’enfant, le désintérêt pa rental autour des nouvelles pra tiques culturelles numériques est souvent difficilement perçu. L’enfant peut s’estimer incom pris et ses pratiques dévalori sées. Une meilleure compréhen sion des motivations doit aussi permettre de positiver le rapport de son enfant à l’objet. En effet, les pratiques numériques ont aussi de nombreux effets posi tifs sur le développement de l’enfant qui ne doivent pas être négligés. Pensons à l’effet sur la confiance, sur les apprentis sages, sur l’expérience collective qui peut favoriser l’entraide et la solidarité. C’est pourquoi, en tant que parent, il ne faut pas hésiter à valoriser les pratiques numériques de vos enfants, qu’il s’agisse d’accès à la connais sance, à des apprentissages ou à de la Quellescréation.sont ces motivations ? Il en est de nombreuses – ce qui explique l’attrait voire la fascina tion exercée par certaines acti vités numériques – qui ne sont pas exclusives : la recherche de plaisir, le besoin d’exprimer sa créativité, le besoin d’autonomie (on est sur un espace où les pa rents ne sont pas là), le besoin de parler, d’échanger, de se livrer, de s’exprimer (parler de ses envies, ses intérêts, ses passions), la re cherche de son identité, l’envie de se découvrir, de se raconter, d’être un autre (besoin de se projeter, d’expérimenter), la recherche d’émotions, de sensa tions, le goût du risque, le besoin d’appartenance à un groupe (à ses codes, sa culture qui passe souvent par certaines pratiques numériques), par le besoin de s’évader du monde réel (notam ment en raison de la désinhibi tion des mondes virtuels).

65ANALYSE

Pourquoi es-tu si friand de ce réseau social ? Mais combien de parents n’ont pas connaissance de ce que fait l’enfant simple ment parce qu’ils n’ont même pas posé la question ?

PAROLES DE PROS

• prévenir certaines formes de violences numériques : mieux conscient de certains risques inhérents à ces pratiques, l’en fant pourra mettre ses propres mécanismes de protection ; • créer les conditions de confiance pour accompagner l’enfant vers activitésaussiprendrefaitderquecréerblementprimerUncertainestionsD’abordpartage,pourquoidesavoirimportant,lesl’enfantcomprendredoitL’observationl’autonomie.etledialogueaussipermettredemieuxlesmotivationsdeafindepouvoirmieuxaccompagner.Entantqueparent,ilesttrèsnonseulementdecequ’ilfait,maisaussiconnaîtreetdecomprendresonenfantsurfe,joue,publie,diffuse,etc.parcequelesmotivanesontpasneutressurpratiquesdéviantes.exemple:lebesoind’exsacréativitéestprobamoinssusceptibledeunepratiqueexcessivesilamotivationestdes’évadumonderéelquinesatispasl’enfant.Mieuxcomlesmotivations,c’estpouvoirproposerd’autresquiapportentautant

Accompagner les enfants dans leurs pratiques Si le dialogue est nécessaire, les pratiques numériques sont aussi un enjeu d’autorité paren tale dès le plus jeune âge. Pour les parents, il est donc nécessaire de fixer des limites et des règles d’usages (notamment pour les plus jeunes). Ces règles peuvent porter par exemple sur l’accès aux écrans (faut-il le rappeler mais avant 3 ans l’enfant n’a pas besoin d’être mis devant un écran), sur le planning et le temps passé sur Internet, sur ce que l’enfant peut faire ou ne pas faire ou encore sur le respect des rythmes sociaux et familiaux. A ce titre, les parents doivent aussi montrer l’exemple et ce à tous les âges. Il est ainsi difficile d’exiger de ses enfants de ne pas utiliser son téléphone portable pendant les repas si nous-mêmes ne sommes pas en mesure de respecter cette règle.

66 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

Évidemment plus l’enfant grandit, plus il devient difficile de fixer des règles et de tenir bon face au besoin d’autono mie, d’affirmation, face à l’attrait et la fascination exercés par certains réseaux sociaux, jeux vidéos, sites ou applications, face à la pression du groupe et des pairs. L’échange et le dialogue avec l’enfant apparaissent alors comme un levier plus promet teur pour définir un cadre et des principes d’usages. Parmi les aspects sur lesquels les parents doivent être parti culièrement vigilants, se trouve notamment la nécessité de veil ler au bon équilibre des activités de l’enfant. Nous le savons, les pratiques numériques peuvent apporter beaucoup à l’enfant sous certaines conditions et notamment ne pas devenir ni excessives ni exclusives. Les pra tiques numériques doivent donc être complémentaires d’autres activités éducatives, sportives, sociales et familiales. Il serait même salutaire de laisser l’en fant ou l’adolescent ne rien faire. Cette diététique des médias sera probablement beaucoup plus ac ceptée que les règles en seront discutées avec l’enfant et que nous parents seront à même de proposer d’autres activités valo risantes et L’accompagnementstimulantes.

des en fants passe aussi par une pra tique partagée. Cette posture n’est pas nouvelle. L’UNAF a tou jours défendu l’idée que les pro grammes de télévision devaient être choisis, regardés et discutés ensemble. Il n’y a pas de raison qu’il ne puisse en être de même pour les pratiques numériques des enfants. Ainsi, pour l’UNAF, en tant que parent, il ne faut pas hésiter à pratiquer avec ses enfants. C’est une évidence au plus jeune âge, mais cela doit res ter valable y compris à l’adoles cence. Or ce n’est hélas pas tou jours le cas. C’est aussi pour les parents l’occasion de proposer à leurs enfants des sites et conte nus adaptés et positifs dont ils n’ont pas toujours connaissance. Encore faut-il s’y intéresser et les repérer. Les pratiques numériques ont un potentiel intergénéra tionnel évident. Jouer à des jeux vidéos, échanger des pho tos, discuter en ligne en famille ou bien construire ensemble la mémoire familiale sont autant de pistes pour faire du numérique un objet familial. Ainsi, les pra tiques numériques en favorisant la réappropriation d’un temps familial peut aussi devenir un le vier pour permettre de renouer des liens familiaux parfois dis tendus. Investir le champ de ces « nouvelles » technologies Si le dialogue est absolument nécessaire, encore faut-il se comprendre ! Si la fixation de règles ou l’organisation d’un cadre est primordial, encore faut-il que les parents soient en capacité de le faire. Les parents ne doivent pas hésiter à inves tir les pratiques et les univers numériques que fréquentent lesOrenfants.denombreux parents se trouvent aujourd’hui dans une dualité permanente en par ticulier concernant les jeux vidéo et les réseaux sociaux. D’une part, certains parents té moignent de leurs inquiétudes légitimes quant à la pratique excessive, au risque de dépen dance des joueurs, à la violence des jeux et à leur impact sur l’adolescent, au risque d’isole ment, de rupture, de déstructu ration de la vie familiale et so ciale. Mais dans le même temps certains parents disent que faute de temps (ou de ne pas prendre ce temps), ils n’ont pas connaissance de ce à quoi l’en fant peut s’exposer, qu’ils ne peuvent pas mieux connaître ce que fait l’enfant, ce à quoi il joue, des codes et des cultures des univers qu’il fréquente, de ce que cela peut lui apporter.

Les parents n’ont donc pas d’autre choix que d’investir les usages numériques de leurs enfants. Les réseaux sociaux et les jeux vidéo sont parti culièrement concernés. Il ne s’agit pas seulement de regar der comment les plus jeunes y jouent, ce qu’ils y font, quels sont les buts du jeu. Il s’agit par

67ANALYSE exemple aussi de comprendre quels sont les mécanismes et les ressorts des jeux vidéo ex pliquant leurs succès, de com prendre comment se financent les grand réseaux sociaux et pourquoi la question des don nées personnelles et de la vie privée est devenue primordiale alors même que les réseaux so ciaux sont vécus comme un ou til de mise en réseau et de liber té d’expression. A cela s’ajoute la nécessité de mieux connaitre certains aspects un peu plus techniques comme savoir para métrer et sécuriser un compte sur un réseau social ou installer un logiciel de contrôle parental sur une console de jeu. S’informer et en parler entre adultes Les différentes enquêtes et les rencontres de terrain nous montrent que de nombreux parents se sentent parfois seuls et isolés face à leurs questionne ments, leurs doutes, ne sachant trop quelles attitudes adopter et comment protéger l’enfant des déviances du numériques tout en lui permettant de profi ter d’outils ou de pratiques que beaucoup estiment incontour nables pour leurs enfant. Ces parents sont souvent non seulement en attente de conseils pratiques simples mais aussi de soutien et d’accompa gnement leur permettant de ne plus se sentir aussi isolés. Ainsi, l’écoute, le partage entre parents qui permet un passage de relais entre pairs, qui permet d’exprimer des doutes, d’acquérir des certitudes, d’ob tenir des conseils pratiques et parfois de bon sens sur les com portements.Lesdispositifs d’écoute et d’accompagnement des parents pourraient encore davantage inclure la question de la paren talité à l’ère du numérique dans leur champs d’action.

Conclusion L’accompagnement des pa rents face aux numériques s’ins crit pleinement dans le cadre de l’accompagnement à la paren talité. En la matière, l’action de l’UNAF s’est organisée autour de trois axes : représenter les parents dans les lieux de la ré gulation numérique ; dévelop per des outils à destination des parents, des associations fami liales et des unions ; renforcer les interventions de terrain. La représentation des parents et des familles a notamment été incarnée par la présence continue de l’UNAF au sein du Forum des Droits de l’Internet dont elle fut membre fondateur entre 2001 et 2010. L’UNAF assure également des représen tations au niveau de la commis sion de classification des films, de l’autorité de régulation pro fessionnelle de la publicité, du Conseil Supérieur de l’Audio visuel, d’Internet sans Crainte volet français du programme européen « Internet plus sur » et du système de classification des jeux vidéos. Afin de disposer d’une meilleure connaissance de l’impact des médias et des pratiques numériques au sein des familles, l’UNAF a réalisé pa rallèlement plusieurs enquêtes auprès des enfants, adolescents et parents. Ces enquêtes ont porté sur le téléphone portable, les réseaux sociaux ou encore les jeux Secondvidéos.axe, le développe ment d’outils à destination des parents. Dès 2006, l’UNAF proposa aux parents et à l’en semble des éducateurs un guide intitulé «la parentalité à l’ère du numérique ». D’autres publica tions autour du téléphone por table ou des réseaux sociaux ont été depuis diffusées et sont proposées à l’ensemble des acteurs. Consciente de la singularité des jeux vidéo, l’UNAF a contribué au déve loppement du projet Peda gojeux, programme de sen sibilisation et d’information des parents sur le jeu vidéo notamment à travers son site www.pedagojeux.fr.

Depuis 2011, l’UNAF en assure le pilotage. Enfin, soucieuse d’accompa gner les familles sur le terrain, l’UNAF s’est fortement engagée en faveur d’une éducation au numérique et aux médias tout au long de la vie et l’a réaffirmé dans son rapport moral 20122014. L’UNAF développe ainsi des ateliers d’éducation aux mé dias et intervient régulièrement auprès des parents, soit dans le cadre de conférences publiques ou dans des actions REAAP (lire article page 68). Au niveau euro péen, elle s’investit au côté de la COFACE dans un outil d’éduca tion aux médias spécifiquement orienté sur l’alimentation. Enfin, l’UNAF développe un kit péda gogique qui permettra de dé multiplier les temps d’échanges et/ou les groupes de paroles autour des problématiques nu mériques. ■

La place donnée (et que l’on veut bien donner) aux médias et technologies numériques dans le quotidien mérite une attention toute particulière. Précisons que lorsque nous parlons de « place », il ne s’agit pas de considérer uni quement l’occupation physique de l’espace par ces outils mais également de s’interroger sur le temps que l’on y consacre et sur la matière distractive, infor mationnelle, culturelles, com merciale qu’ils prodiguent et à laquelle sont exposés les enfants de plus en plus précocement. Médias : une place grandissante dans la famille Or, toute cette offre technolo gique et de contenus interfère inévitablement avec la fonction parentale, conduisant subreptice ment à un remaniement en pro fondeur des pratiques éducatives. Il a fallu apprivoiser les médias successifs que sont la presse, la radio, le cinéma et la télévision. Chacun d’eux ont été à l’origine d’une abondante réflexion sur le rôle des parents : ces médias étaient-ils dangereux pour les enfants et les adolescents ? Nui saient-ils à leur épanouissement ? Fallait-il les interdire ? Les autori ser ? Sous quelles conditions ? A quel rythme ? Le rôle complexe mais nécessaire des parents Les mêmes questions se posent aujourd’hui. Toutefois, face à l’accélération technologique, à l’explosion de l’offre de contenus et à la part active que peuvent y prendre désormais les usagers (qui sont eux-mêmes producteurs de contenus), elles prennent une tout autre dimension. La place et le rôle des parents se complexi fient dans un contexte ou les en jeux changent de nature et nous conduisent à un nouveau ques tionnement fondamental. Qu’estce que les parents souhaitent transmettre à leurs enfants ? Com ment cela est-il facilité, relayé ou à l’opposé contredit, empêché par les médias fréquentés par leurs enfants ? Quelles sont les bonnes attitudes éducatives ? Quelle place octroie-t-on désormais à la vie familiale, aux relations intra et extra-familiales ? L’éducation aux médias Cette tâche parentale com plexe, parfois ardue, peut-être soutenue et accompagnée dans le cadre de ce que l’on désigne comme « éducation aux médias », c’est-à-dire une démarche qui a pour objectif la compréhension des médias (enjeux sociaux, éco nomiques, politiques), l’habileté à en décrypter les contenus et la capacité à en évaluer les effets.

PARENTAL : UNE ÉDUCATION AUX MÉDIAS POUR TOUS, TOUT AU LONG DE LA VIE

68 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE MÉDIAS ET ACCOMPAGNEMENT

L’éducation aux médias n’est pas une pratique nouvelle. L’idée d’une telle éducation a émergé dès que sont apparus les pre miers médias de masse, et cela dans un grand nombre de pays. Ces initiatives de terrain, ponc tuelles et inégalement réparties à travers le monde ont conduit les organisations internationales à se saisir de cet objet. Des rapports, déclarations, recommandations émaillent l’histoire de l’éducation auxCettemédiasdémarche, constructive et positive, également soutenue et portée par l’UNAF, s’appuie sur le pari que des parents suf fisamment informés quant aux enjeux qui traversent les médias, capables d’en décrypter les conte nus et conscients de leurs impacts potentiels sur les comportements, les manières de penser, etc., seront mieux armés pour accompagner eux-mêmes leurs enfants dans l’univers des médias et les ame ner à exercer leur libre arbitre. Il va sans dire que l’aptitude au dis cernement et à l’esprit critique seront plus aisément acquis par les enfants si les parents en sont déjà pourvus. Pour ce faire, il est nécessaire et même urgent de favoriser partout où cela est pos sible les lieux d’information et de sensibilisation et de faciliter les rencontres entre parents autour de cette thématique. Des d’éducationsessionsaux médias Néanmoins l’intervention auprès des parents nécessite des compétences. C’est pour quoi, l’UNAF propose depuis septembre 2009 aux UDAF et URAF qui le souhaitent des ses sions d’éducation aux médias. Ces sessions ont pour objectif principal la transmission aux intervenants familiaux (respon sables bénévoles, chargés de missions ou autres animateurs)

Élisabeth BATON-HERVÉ Chargée de mission médias à l’UNAF Les médias occupent une place très importante dans la vie des familles. Les évolutions technologiques de ces dernières années se traduisent non seulement par une multiplication des appareils mais aussi par leurs convergences, par la miniaturisation de certains, la sophistication d’autres et par une accessibilité 24h/24 à une profusion de contenus de provenances diverses et de qualités très variables. Ainsi, les choix qui se font en matière d’équipement et d’utilisation impactent sans aucun doute la vie familiale.

L’approche de la parentalité par l’éducation aux médias est extrêmement riche : elle peut se décliner sous plusieurs formes et permet d’aborder plusieurs thématiques, comme l’autorité, la violence, la santé, la sexualité, les comportements alimentaires, les rapports intergénérationnels, le sommeil, les apprentissages.... d’informations, de connaissances et d’outils afin de leur permettre de conduire des actions dans le domaine de l’éducation aux mé dias (animation de soirées-débats auprès de parents, de groupes de parole, ateliers d’éducation aux médias, etc.). Plus largement, elles visent également à favoriser dans les mouvements familiaux une réelle dynamique d’information et de réflexion sur les médias. Une session est constituée de deux modules de deux jours qui se déroulent à environ six mois d’intervalle. Le premier module est consacré à l’analyse de l’image fixe et de l’image audiovisuelle, le second module permet un appro fondissement des bases acquises précédemment et aborde la ques tion de l’influence des médias. Il n’est pas rare que ces quatre jours de réflexion commune soient le lieu et le moment d’une « révélation » relative à l’intelli gence des images ainsi que l’oc casion d’une interrogation sur la propre relation de chacun aux médias. Il en est ainsi car, au delà d’un simple et unique apport de connaissances, c’est une véritable expérience que les participants sont invités à vivre . Jusqu’à ce jour ce sont une URAF et sept UDAF qui ont orga nisé au moins une session d’édu cation aux médias. Devant l’inté rêt suscité par ces initiatives et le nombre de candidats intéressés, certaines UDAF ont reconduit l’expérience en organisant une ou deux autres sessions. Il reste que la participation à ces quatre jours ne débouche pas automatiquement sur une opé rationnalité immédiate. L’accom pagnement parental doit être pensé quant à sa forme, quant à son contenu et quant à son orga nisation. C’est en équipe que sont réfléchies ces questions, notamment lors d’une journée organisée par l’UNAF à laquelle sont invités les administrateurs et permanents des URAF/UDAF qui ont suivi le cycle complet d’une session.D’ores et déjà, ateliers et groupes de paroles ont déjà vu le jour dans deux départements, animés par des personnes ayant bénéficié de ces quatre jours de réflexion-formation. Les sessions d’éducation aux médias visent au final la démultiplication de ces actions auprès des parents. La famille doit investir le champ des médias En conclusion, rappelons que regarder la télévision, être exposé à des publicités dans les rues ou en feuilletant un maga zine, écouter les informations à la radio ou les suivre en ligne, pour ne citer que ces exemples, ne sont des situations ni banales ni anodines. Le nombre d’écrans dans le foyer, les pièces dans les quelles ils sont placés, les âges à partir desquels ils sont rendus disponibles ne sont pas davan tage des choix innocents. Dans cet univers médiatique complexe les décisions d’achat, les choix en matière d’usages, les sélections de programmes, de jeux vidéo, de sites fréquentés, etc., néces sitent de nouvelles compétences pour les parents. Certains mouve ments familiaux mènent déjà des actions d’éducation aux médias : des exemples à suivre...

Baton-Hervé Elisabeth Echos des recherches L’Harmattan, 2005 (160 pages) On s’accorde généralement à reconnaître un rôle essentiel aux parents dans la supervision des médias familiaux, pourtant que sait-on réellement de l’atti tude générale des parents par rapport à la télévision, de leurs interventions et de leurs questionnements, de leurs aptitudes à accompagner les enfants dans l’univers complexe du petit écran ? De quelles informations disposent-ils pour assumer ce rôle ? Cette étude tente de dégager quelques pistes pour une meilleure compréhension des liens parents-en fants. Elle dresse un panorama des mutations en cours sous l’influence conjointe des médias et des enjeux économiques qui les traversent. à lire...

L’UDAF co-anime des groupes de parents sur ces thé matiques. Nous commençons par analyser les rapports qu’entretiennent tous ces parents avec les médias, pour ensuite les aider à élaborer eux-mêmes leurs propres solutions afin de reprendre le cas échéant la place qui est la leur dans la régulation et la gestion de la relation entre leurs enfants et ces mêmes médias.

• L’éducation aux médias, Enjeux, état des lieux, perspectives, Rapport à madame la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Inspec tion générale de l’éducation nationale Inspection générales de l’Education nationale et de la Recherche, Rapport n° 2007-083, 2007 • Frau-Meig D., L’éducation aux médias, kit à l’intention des ensei gnants, des élèves, des parents et des professionnels, UNESCO, 2006 Téléchargeable sur www.unesco.org

■ Ressources bibliographiques :

• Réalité Familiales n°84, UNAF, 2007

69ANALYSE

PAROLES DE PROS

• Frau-Meig D., Socialisation des jeunes et éducation aux médias, Erès, 2011.

• Jehel Sophie, Parents ou médias, qui éduque les préadolescents ? Erès, 2011

Témoignage de Vincent Velotti, Chargé de l’action familiale à l’UDAF de la Drôme C’est à partir d’observations et d’échanges avec le réseau des associations familiales, des opérateurs REAAP et des porteurs de relais locaux Point Infos Familles que l’idée de mettre en œuvre des actions d’éducation aux médias s’est imposée.

« Télévision et fonction parentale »

Rester amoureux Comment donc maintenir l’inti mité et le lien amoureux du couple tout au long de la vie parentale :

• En réservant jalousement des temps pour le couple : des mo ments réservés au « Nous deux » (sans les enfants). Prendre du temps pour soi, pour son couple, ce n’est pas manquer à ses devoirs, c’est au contraire une urgence : « un couple bien dans sa peau : c’est contagieux ».

• En profitant de ce temps pour échanger, se ressourcer, s’amu ser à deux. Ne dit-on pas « qu’un couple qui s’amuse ensemble reste ensemble » ?

• En investissant dans l’intimité du couple et la sexualité « faire l’amour, c’est fabriquer de l’amour » dit Catherine Solano.

• Des préparations à la vie de couple et aux différents enga gements PACS/mariage (fédéra tion Cap Mariage http://www. mariage-civil.org).

• Parfois en se faisant aider par un conseiller conjugal, quand c’est difficile. Des pourinitiativesaider Depuis quelques années, plu sieurs actions de soutien à la conjugalité ont été menées avec succès pour raviver l’élan amou reux et aider les couples à mieux communiquer, se comprendre et gérer leurs conflits :

• Des conférences comme l’ini tiative Réseau Conjug à Lyon, http://www.vivrea2.org/ une formation à la vie à deux avec 7 modules.

• En apprenant à gérer ses conflits avec une méthode de com munication non violente et en s’enrichissant même de nos dif férences mutuelles.

• Des stages avancés pour couples comme ceux de la thé rapie relationnelle imago www. imago-therapie.com.

• En se témoignant de l’amour et de l’affection concrètement dans un langage qui réponde aux sensibilités et aux besoins réels de l’autre.

• Des cafés couples : soirées guidées qui permettent aux couples d’acquérir des outils de compétence amoureuse et d’échanger sur des sujets concrets comme leur projet de couple, leur communication, la façon de résoudre les conflits, comment vivre une sexua lité plus épanouie, connaître les langages de l’amour de l’autre… (fédération « Un Avenir à Deux » radeux.comhttp://www.unaveni )

POUR UNE CONJUGALITÉ ET UNE PARENTALITÉ HARMONIEUSES ET ÉQUILIBRÉES

CapAssociationdeuxMariage

Le couple mis à mal De nos jours, il est souvent dif ficile de concilier la vie de famille incluant les tâches ménagères (en moyenne 5 heures par jour selon les études sociologiques) avec une vie professionnelle pre nante (neuf à dix heures par jour avec les trajets). Dans ce cadre de vie et cet agenda déjà bien rem pli quelle place reste-t-il pour le couple ? En effet quand le temps vient à manquer, tout est prioritaire, on est énervé, on la sensation « d’étouffer », de ne plus avoir un instant pour « vivre un peu pour soi » et on « s’engueule sans même savoir pourquoi ». N’ayant plus de temps pour respirer, plus une minute pour prendre soin de soi-même et, encore moins du partenaire, une distance s’établit peu à peu entre l’homme et la femme qui ne sont plus que « pa rents ». Christophe Fauré dans « Ensemble mais seuls » a décrit cette « désaffection » pour le couple : les rituels amoureux sont négli gés, dit-il, les enfants envahissants. Lorsque les enfants prennent une place « d’enfant roi ». au centre du monde, les conjoints s’éloignent et ont tendance à s’investir ail leurs. Il ajoute : « les conjoints lâchent cette boussole intérieure qui devrait les conduire à donner la priorité à leur re lation. Ils perdent littéralement le nord, parvenant ainsi à un amour quasi fraternel. On s’aime bien, et même on s’estime. Mais l’amour, ajoute-t-il, quand il n’est pas entretenu, bascule automatiquement et imperceptible ment vers l’affection. Au pire, l’un des deux se désinvestit progressivement, en tamant un véritable processus de deuil de la relation. Une distance s’installe. Quand l’autre s’en aperçoit, c’est parfois trop tard. » Un cadre affectif pour l’enfant Et pourtant les enfants ont besoin d’être entourés par un couple épanoui qui s’aime et s’entraide, des parents qui leur communiquent leur joie de vivre ensemble. Ils acquièrent ainsi un équilibre psychoaffectif et des repères. La psychanalyste Claude Halmos dit : « construisons notre vie pour donner à nos enfants l’envie de construire la leur. »

• Des cycles d’éducation « C’est quoi l’amour » pour les grands jeunes dans les foyers de jeunes travailleurs, les universités.

• Du théâtre, des DVD comme en témoigne le succès de cer Chantal & D’AUDIFFRETAntoine Chantal d’Audiffret est thérapeute et conseillère conjugale.

Elle accompagne de nombreux couples. Antoine d’Audiffret est Président de la fédération “ Un avenir à deux ” et d’une association “ Cap Mariage ”.

70 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

Auteurs d’ouvrages sur le couple et la famille, ils nous livrent, en quelques lignes, les conseils pratiques qu’ils donneraient aux parents pour préserver leur couple. Association un avenir à

L’Art de vivre à deux » Éditions de l’Atelier, 2009, 176Commentpages se forme un couple ? Com ment se construit-il ? Sur quelles bases et en passant par quelles étapes ? Comment mieux se comprendre et vivre heureux à deux ? Existe-t-il des techniques particu lières pour mieux dialoguer, faire preuve d’empathie, manifester son amour et faire de son quotidien une aventure durable et sans cesse renouvelée ? L’objectif de ce guide est d’éveiller aux différents aspects et problématiques de la vie en couple, de donner des pistes pour construire un projet de vie à deux, susciter une réflexion sur la nature de l’engagement dans le couple. On y trouve des éléments et des outils pour aller au-delà de la période de romance fondée sur le sentiment amoureux, dépasser le « creux de la désidéalisation » et mieux « s’attacher amoureusement » pour échanger et découvrir un certain nombre de facettes d’une vie à deux épanouissante, mieux se connaître dans ses attentes, ses be soins, ses passés, ses différences… Les réponses apportées aux questions abordées ouvrent des pistes pour aider à bâtir un projet commun dans la durée, comprendre les enjeux de la relation de couple et les mécanismes en œuvre, se com prendre au quotidien et adopter des comportements qui améliorent la vie à deux… En outre, le lecteur découvrira les informations, les ressources et les aides pour résoudre les difficultés qui peuvent être rencontrées.Unindispensable kit de compétence amoureuse pour aider à mieux vivre en couple dans la durée, à réfléchir aux enjeux de la vie à deux et aux questions auxquelles le couple actuel est confronté. à lire...

1Soulignons les travaux du Haut conseil de la Famille sur les conséquences des ruptures conjugales dans ces travaux sur “ les ruptures et discontinuités de la vie familiale ” en juillet 2010

71ANALYSE

taines émissions de télévision et la pièce de Paul Dewandre « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus » Prévenir, plutôt que guérir Tous ces moyens concrets sont de nature à prévenir les ruptures familiales douloureuses. En effet, la séparation représente toujours une épreuve pour les ex-conjoints, leurs enfants, leur famille et toute la société. Pour les ex-conjoints, cela constitue souvent un appau vrissement économique, avec des coûts fixes qui représentent une part plus importante des revenus, puisqu’il faut deux logements, souvent deux voitures, des aides pour garder les enfants, etc. Pour les enfants, une situation nouvelle qui peut se traduire par des diffi cultés personnelles d’adaptation et des difficultés scolaires. Les séparations ont donc des inci dences sur l’action des pouvoirs publics qui vont au-delà de leurs conséquences personnelles et familiales1 . C’est l’intérêt de notre société de fédérer, soutenir et valoriser les différentes initiatives de sou tien à la conjugalité et d’aider les couples à maintenir le fragile équilibre entre la vie parentale et la vie conjugale. L’harmonie et le bonheur de vivre du foyer conju gal rejaillit alors sur les enfants et contribue leur équilibre. « le couple va bien, les enfants ne vont-ils pas mieux ? »… et au-delà toute la famille et la société. ■ « L’Art de vivre en famille(s) » Éditions de l’Atelier, 2011, 198 pages, en partena riat avec Derrièrel’UNAFlemot « famille » se profilent des réalités diverses : vie de couple, famille traditionnelle, famille recomposée, foyer monoparental… On souhaite que la famille soit à la fois un lieu d’épanouissement personnel mais aussi de solidarités, même s’il n’est pas toujours facile de concilier ses désirs de fusion et l’affirmation de sa liberté. Comment trouver des repères pour vivre heureux ? Ce livre propose quelques pistes qui permettent à la fois d’avoir une vie personnelle épanouie et d’être bien en famille : construire une histoire familiale qui s’appuie sur les projets de chacun, apprendre à deve nir parents, savoir exprimer son amour, bien gérer les conflits… En un mot, prendre plaisir à vivre ensemble ! Un guide-ressource pour imaginer et créer sa vie de famille. «

PAROLES DE PROS

Personne ne sait ce que les évolutions structurelles des familles seront demain.

LES PARENTS ?

Selon Serge Hefez, le couple est devenu un véritable laboratoire identitaire, doit encourager le développement personnel, contenir la trajectoire professionnelle, permettre de fonder une famille, procurer une sexualité pleine de piquant, de charme et de nouveauté, épuisant n’est-ce pas ? Entre les bébés couples et l’urgence au bonheur pour les séniors, quand les liens familiaux se déchirent, c’est le lien de filiation qui est menacé, entraînant dans son berceau une nouvelle génération qui, selon les sondages, croit encore à l’amour mais est consciente des relations réversibles dans une ère de longévité.

Sur démarche spontanée des personnes ou par le Juge à tout moment d’une procédure, qu’ils soient individuels, conjoints ou familiaux, les entretiens d’infor mation gratuits et séances de mé diations payantes en fonction des revenus, concernent les couples, les parents, les parents/enfants, les grands parents, les fratries et sont accessibles dans les Services de médiation sur l’ensemble des régions de France.

Quand le couple tangue… En plein déménagement affec tif et matériel, la séparation conju gale ouvre le livre des grands comptes pour les adultes qui, au nom de l’intérêt de l’enfant, vont parfois s’en faire alternativement « l’interprète », rompant alors bien vite avec les contes qui jalonnent les histoires d’amour. En couple, nous cherchons tous l’autonomie et la passion alors que rien n’est plus liant que la passion. Devant cette utopie, comment s’étonner de la vio lence des ruptures ? Plus de 2 millions d’enfants mineurs séparés d’au moins un parent vont grandir, inscrits dans des histoires et filiations diffé rentes, gagnant au passage une nouvelle famille. De nouvelles interrogations les renvoient par fois en silence au risque d’être déloyaux avec « papa et maman que j’aime » ou de voir s’effon drer le rêve de « papa et maman ensembleCertains». ballottés entre deux parents persuadés que le juge sta tuera sur leurs émotions dans une guerre de tranchées, cherchent des solutions mais la solitude et la peur les gagnent vite, comblant à leur manière un trop plein de vide pour échouer parfois chez les adolescents en herbe dans des passages à l’acte. Inversement, des relations parentales apaisées faciliteront sa libre expression et l’organisation de ses modalités de vie affective et matérielle entre ses différents lieux de vie. Des enfants vont ainsi grandir par séquences répétitives entre familles monoparentales et fa milles recomposées ou chacun a des places et fonctions un peu dispersées. Ils s’attachent à des figures beaux-parentales, grands parentales et familiales multiples, doivent partager les territoires avec l’enfant de l’autre… Les traductions à géométrie variable entre la parole d’enfants et d’adultes confondus se transfor ment rapidement en brasier, les couples en recomposition s’inter rogeant gravement sur la gestion de cette entreprise familiale, là où ils rêvaient de cocooning !

Des positivesévolutions A ce jour et c’est une grande avancée, certains TGI organisent des permanences d’information à la médiation familiale assurées par les Médiateurs familiaux pen dant les audiences du Juge aux affaires familiales, s’investissent dans l’organisation d’informa tion à la médiation familiale sous forme de double convocation en parallèle des injonctions et mé diations judiciaires confiées par lesLesMagistrats.évolutions de la famille ont bouleversé les évolutions législa tives et le Service de médiation familiale de l’UDAF 62 s’en est saisi en opportunités en impul sant avec le T.G.I. d’Arras en 2008 un espace médiation avant l’au dience JAF dans le hors et après Myriam ROGEZ-MORANGE Responsable du service médiation de l’UDAF 62

Cette mutation vers des formes de familles plus complexes, plus exigeantes qui s’inscrivent dans une dynamique de progrès, fait donc surgir de nouveaux risques pour les individus et une insécuri té des liens familiaux qui peuvent être prévenus par un accompa gnement ponctuel en médiation familiale. La médiation pour retisser des liens Longtemps confinée au seul champ du divorce et de la co-res ponsabilité parentale, elle s’élar git aujourd’hui et pour demain à un travail sur la communication et la reconstruction là où se pose entre les membres d’une famille la question du lien : fragilisation du lien, maintien du lien, peur de perdre le lien, perte du lien.

72 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE RUPTURES CONJUGALES, COMMENT ACCOMPAGNE-T-ON

73ANALYSEPAROLES DE PROS

•Partager ses questions et ses réponses avec d’autres enfants confrontés à la même situation,

•Offrir un lieu à l’enfant pour parler et écouter

Quand l’enfant est martelé par le conflit des adultes Quand l’intérêt des adultes prévaut à l’intérêt de l’enfant Quand « on » fait justice soi-même Quand l’enfant est désigné comme porte parole Quand la procédure judiciaire est à elle seule devenue inadéquate à découvrir...divorce. En interdisciplinarité puisque Juges, Greffiers, Avocats, Médiateurs familiaux et les pre miers acteurs que sont les pa rents sont investis, cette média tion préalable obligatoire avant audience JAF laisse le choix aux parents de décider par euxmêmes au lieu de déléguer le Juge pour le faire. En outre, elle fait levier pour rompre avec la logique d’une procédure « ga gnant perdant » au bénéfice de « deux parents côte à côte » avec pour « seul gagnant l’enfant ». Plus loin encore, ces parents « décideurs » sollicitent le Juge par écrit s’ils ne souhaitent pas le voir pour homologuer leur convention parentale qui aura une force exécutoire. Les affaires de familles sont devenues des « à faire » de société avec un processus d’européani sation des politiques familiales qui est désormais enclenché. La médiation familiale crée ou reconstruit du lien familial en proximité ou à distance, donne du sens à ce lien et par la même tisse du lien social dans le respect des libertés au-delà des frontières. Mais tout ne peut et ne doit pas être résolu par la médiation. Une société de compromis, de consen sus crée de l’humanité mais tout comme trop de communication tue la communication une socié té de consensus tue le consensus en devenant avec les minorités qu’elle étouffe et menace dans leur identité un terreau fertile pour les conflits armés. Pour conclure et parlant des ruptures conjugales, je laisse rai la parole à Edgar Morin qui nous insuffle : « un amour naissant inonde le monde de poésie, un amour qui dure irrigue de poésie la vie quoti dienne, la fin d’un amour nous rejette dans la prose »

Un amour naissant inonde le monde de poésie, un amour qui dure irrigue de poésie la vie quotidienne, la fin d’un amour nous rejette dans la prose.

•Prévenir les ruptures de lien entre l’enfant et chacun des ses deux parents. Quand penser à la médiation familiale ?

Quand les parents sont en médiation familiale, l’UDAF 35 propose d’accueillir les enfants dans des groupes spécialement pour eux.

Cet atelier organisé, avec le service Médiation Familiale de l’UDAF 35 propose 4 demi-journées pour les enfants ou les adolescents dont les parents sont séparés. Objectifs :

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La marmite des mots

•Rompre le sentiment d’isolement ou de culpabilité que certains peuvent ressentir.

Comme pour la fonction pa rentale, le deuil hier, avait ses règles bien établies. La fin de vie se passait à la maison, le plus souvent auprès des proches. On veillait les morts, on avait quelques jours pour voir le corps, se préparer à en être sé paré. On marquait le deuil par des signes (brassard, vêtements foncés). Tous ces rituels proté geaient les endeuillés, ils étaient reconnus en tant que tels.

Le deuil, en français, est étymo logiquement (du latin « dolere », douleur, souffrir) lié à la souf france de la perte d’une personne aimée décédée... (Freud).

La perte du conjoint Les 3 axes dans la parentalité : La perte du conjoint a un re tentissement sur les 3 axes de la parentalité (Pierre Delion)2:

2La fonction parentale, Pierre Delion, Editions Fabert, Bruxelles, 2011.

74 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

ANALYSE LA FONCTION PARENTALE CHEZ LES PARENTS ENDEUILLÉS

La perte d’un proche

Les dernières générations ont vu évoluer les technologies et les mœurs comme jamais auparavant.Lesrôles parentaux se sont assouplis : l’autorité parentale est l’affaire du couple, il est davantage permis d’être soimême, les hommes peuvent revendiquer un congé paren tal, les femmes envisager une carrière. Les enfants aussi ont des droits et pour la première fois dans l’histoire, ce sont les enfants qui forment les adultes aux technologies modernes.

Cependant, tout ce qui s’ap proche de la notion de mort fai sant peur, le processus de deuil est très mal connu. Pour preuve, actuellement on « fait son deuil » de tout (d’un projet, d’un objet prêté ou égaré…) ce qui véhi cule l’idée de perte mais surtout d’avoir tiré un trait, d’oublier. Or oublier c’est exactement l’inverse du deuil (qui permet de se souvenir du défunt sans en souffrir) et oublier, c’est ce qui fait le plus peur aux endeuillés : « j’ai peur de l’oublier », « déjà le souvenir de sa voix s’estompe ». Cette confusion est préjudiciable : les proches ne comprennent pas le processus de deuil et vont émettre des avis du genre « avec le temps, tu oublieras », « il faut tourner la page » qui mettent en colère l’endeuillé ou l’enferme dans sa solitude d’incompris. Les deuils d’un conjoint ou d’un enfant sont considérés comme les deuils les plus difficiles à faire, ils sont reconnus comme les stress les plus importants que l’on puisse subir.

De nos jours, on meurt très souvent à l’hôpital, le corps est fréquemment transféré en chambre mortuaire.Les rites sont escamotés (plus de cortèges : trop lents dans les rues de nos villes ; plus de veillées fu nèbres). Il n’y a plus de signes extérieurs de deuil. Le deuil est occulté par des contraintes qui sont en contradiction avec la dynamique psychique de l’en deuillé : un congé de quelques jours et tout doit rentrer dans l’ordre. C’est confondre ainsi un état normal, où la personne est ralentie et triste, avec un état pathologique qui nécessite un arrêt de travail. Notre style de vie actuel ne favorise pas la prise en compte de notre état d’être mortel et du chagrin de perdre un être cher.

• L’exercice qui renvoie à l’iden tité de la parentalité : il inclut l’autorité parentale et a trait aux droits et devoirs. Il corres pond au niveau symbolique, à la place qui est donnée à chacun dans l’organisation de la famille. L’identité du parent est affectée par son deuil, et la place de cha cun est à redéfinir.

L’expression « Travail de deuil » met en évidence à la fois l’idée d’une activité psychique, en bonne partie inconsciente, et d’une activité laborieuse demandant une dépense d’énergie, souvent de la peine et tou jours du temps (Michel Hanus). 1

• La pratique qui renvoie aux qualités : concerne les tâches effectives qui incombent aux parents. Difficile d’avoir la charge totale et permanente d’un enfant quand on souhaitait une charge partagée, difficile aussi de déléguer à d’autres cette responsabilité qui semble nous échoir désormais.

1Les deuils dans la vie. Deuils et séparations chez l’adulte et l’enfant, Michel Hanus, Editions Maloine, Paris, 2007.

C’est cette fonction parentale qui paraît impensable à appliquer qui pourtant participe pour le parent restant à sa reconstruction identitaire « je ne sais pas ce que je serais devenue sans eux (les enfants) » « sans eux, je ne serais plus là aujourd’hui » Se reconnaître comme père/mère permet de survivre, « parce qu’il faut bien », « pour eux », puis à l’aide notamment de cette identité qui demeure, permet de se recons truire.Pour autant, cette charge constante, difficile à assumer seul(e), rend également difficile le travail de deuil car il peut être occulté par l’intendance : j’ai ren contré ces hommes/femmes qui ont consacré toute leur énergie Marcelle DAVIOT Psychologue en institution et en cabinet libéral, animatrice de groupes de soutien de veuf(ve)s auprès de l’ADVC 44

• L’expérience qui renvoie aux fonctions : l’expérience est sub jective, fait intervenir l’affectif et l’imaginaire selon des proces sus psychiques conscients et inconscients. Le parent est seul désormais pour les fonctions paternelle et maternelle, d’où la difficulté à s’imaginer dans ce rôle, de renouer une relation pa rent /enfant dans cette nouvelle configuration.

Par définition, c’est une famille monoparentale : un seul parent pour les enfants, mais les divorcés ayant des enfants sont tellement surreprésentés de nos jours que l’expression famille monopa rentale, fait penser aux divorcés, puis aux célibataires avec enfants, beaucoup moins souvent aux veufs et veuves. Et pourtant, si vous parlez à ces chefs de famille monoparentale, ils vous disent qu’ils sont les seuls à être vraiment monoparentaux parce qu’ils le sont « 24 heures sur 24 et 365 jours par an », et que le « veuvage c’est injuste, on n’a pas choisi ». Ils revendiquent un état à part. Ils le justifient en disant qu’ils ont été confrontés à l’irrévoca bilité (« on ne peut pas discuter avec la mort, c’est définitif ») et l’irréver sibilité (« c’est pour toujours ») de la mort. C’est ce qu’ils expriment aussi quand ils ajoutent : « un(e) divorcé(e) a encore une mère (un père) pour son enfant », « Quand j’entends des gens divorcés se plaindre, je me dis que leur mari (leur femme), il (elle) est encore vivant(e) ». En fait, la mort du conjoint ren voie cruellement et tragiquement le(a) veuf(ve) non seulement à la perte d’un être cher mais aussi à sa condition d’être humain mor tel, et cette réalité, il(elle) est effectivement le(a) seul(e)à y être confronté(e) parmi les familles monoparentales. La construction de son identité Le deuil du conjoint est vécu comme une amputation : « je me sens comme amputé d’une part de moimême », on perd « sa moitié », on n’est plus en couple, on est seul, et cette séparation remet en ques tion son intégrité et son identité. La veuve se recentre très sou vent sur son rôle de mère, au détriment de sa vie de femme, de sa vie personnelle qu’elle conçoit difficilement sans son mari. de la mort du conjoint, « je n’ai pas pu éviter cela ». Dans une de ses conférences, Christophe Fauré parle très judicieusement du (de la) veuf(ve) comme du capitaine du navire qui doit, quel que soit le temps, quels que soient son inquiétude et sa fatigue garder le cap, quand bien même il est perdu. Le plus grand besoin des enfants est que le parent soit sé curisant, même s’il doit faire sem blant de savoir où il est. Le parent se croyait tout puis sant pour son enfant, et n’a rien pu faire pour empêcher ce drame, mais c’est pourtant encore cette idée de toute-puissance qui fait qu’il ne supporte pas de ne pas être maître de cette situation. Pourtant une fois acceptée, cette confrontation à la mort permet un autre regard sur la vie qui re présente un bien si précieux.

DE PROS

L’aide des parents ou beaux-pa rents est à double tranchant, car si elle permet, surtout dans les premiers temps, un soutien, elle participe rapidement à conforter l’idée du (de la) veuf(ve) de n’être pas capable de s’en sortir seul(e). Il y a aussi un fort sentiment de culpabilité à laisser ses enfants pour prendre du temps pour soi.

Les pères ont peur de ne pas être assez tendres, les mères pas assez autoritaires, les deux ont du mal à être seuls, sans relais, sans soutien, sans partage, « je dois prendre toutes les décisions seul(e) ». Le veuvage met face à un constat terrible : on n’a pas su conserver la cellule familiale in tacte, pas su protéger son enfant de cette souffrance du manque d’un parent. Comment être rassu rant, adulte de référence, quand on est à la dérive, quand toutes

Demander de l’aide Faire garder ses enfants par sa famille, ses amis, même s’ils le fai saient « avant », devient très diffi cile à demander. Comme si ce qui était normal pour un couple, de venait déplacé quand on est seul.

75ANALYSE à être père/mère et tenir le coup, n’ayant pas les moyens de vrai ment entreprendre en parallèle un réel travail de deuil. Les veuf(ve)s ayant des enfants : une lesmonoparentalefamillecommeautres?

tir au travail, dans le sport, s’occu per pour éviter de penser, car il parle peu de sa peine. Comment apporter à l’enfant son identité, alors même qu’un de ses parents disparaît. L’identité du parent restant est fragilisée : il a besoin de (re)construction per sonnelle, d’un réajustement de la famille, d’une reconstruction familiale (pour redéterminer la place de chacun), de rechercher un nouvel équilibre (personnel, financier, familial, social, relation nel…) tout ceci en faisant son deuil.

PAROLES

La fonction parentale Il faut « faire face », « être le père et la mère et je ne peux pas », me diton très souvent. La peur est que l’enfant ait du mal à se dévelop per sans père, sans mère : « com ment va-t-il faire pour grandir, est-ce qu’il pourra être un adulte équilibré, fonder un foyer, sans avoir eu d’image paternelle, maternelle ? »

Pourquoi un délai si court, et pourquoi faut-il demander tout de suite, alors que, encore une fois, ce n’est pas forcément le moment le plus approprié (l’entourage aide au début, le choc du deuil fait que l’on agit dans les premiers temps, c’est après que la fatigue s’installe). La méconnaissance du deuil fait qu’il est assimilé à un acci dent de la vie, nécessitant une intervention rapide et brève. Répétons-le : le travail de deuil est éreintant et long.

préparer à gérer son bien ?

Les parents ont besoin d’être entendus, ils ont besoin de connaître leurs différences dans les manifestations respectives de leur douleur pour les com prendre et les respecter. Les besoins des familles endeuillées Le deuil se caractérise par une régression, un repli sur soi, une perte des repères et d’estime de soi et par un désintérêt pour tout. Comment, dans ces conditions, être le parent disponible, garant du cadre rassurant dont les en fants ont besoin ?

Comment alors concilier ce travail de deuil avec la disponibi 3 « L’enfant qui n’est plus » in La mort d’un enfant, Michel Hanus, Editions Vuibert, Paris, 2006.

• Les veuf(ves)s peuvent pré tendre à une aide à domicile dans les premiers temps suivant le décès, pour leur permettre de s’organiser, il suffit d’en faire la demande dans les 30 jours (en Loire-Atlantique, peut-être pas partout en France) ! Quand ils ont connaissance de ce droit, la plupart du temps, les 30 jours sont passés. Que représente 30 jours pour quelqu’un qui doit tout gérer (les démarches, le travail, les enfants, la douleur) ?

La perte d’un enfant La perte d’un enfant est consi dérée comme le pire événement qui peut arriver à un individu. Michel Hanus 3 pensait que c’était un deuil impossible. Le deuil d’un enfant La mort d’un enfant révolte d’abord parce qu’elle fait fi de l’ordre des générations (M. Hanus). Les per sonnes qui ont vécu ce drame disent que c’est une injustice, que « ce n’est pas normal de voir son enfant partir avant soi », que « ça ne respecte pas l’ordre naturel » C’est une blessure profonde car les parents éprouvent une grande culpabilité de n’avoir pas su préserver leur enfant, ils pen sent qu’ils ont failli à leur devoir. Ils ont à affronter cette réalité présente et ont d’autant plus de difficultés pour se reconstruire que la mort de leur enfant a « effa cé l’avenir qui lui était promis et qu’at tendaient ses parents » (M. Hanus).

76 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

• L’obligation de devoir rendre des comptes au juge des tu telles quand les enfants ont un héritage même minime est très mal supportée par le parent. Cela renforce son idée qu’il est incompétent, est vécu comme une effraction dans la vie privée « pourquoi me demande-t-on de jus tifier mes choix et mes dépenses ? », « je sais aussi bien me débrouil ler qu’avant », « je sais ce que j’ai à faire, pourquoi quelqu’un me juge-t-il sur ma façon de m’occuper de mes enfants ? » Il est vrai que le mot « juge » n’est pas neutre, ne pourrait-on pas accorder un autre terme comme « soutien tutoral » ? Cette tutelle est-elle indis pensable, peut-elle être assouplie, adaptée se lon les circonstances ?

D’autre part, les parents et sur tout les beaux-parents sont aussi en deuil de leur gendre, bru ou enfant : aider leur permet d’agir au lieu de subir cette douleur ; il sera difficile après de ne plus leur demander d’aide. Les petitsenfants peuvent même avoir alors une place de « remplace ment » de leur propre enfant, mélangeant les générations et créant un malaise pour tous. Il y a une grande incompré hension du deuil pour ceux qui ne l’ont pas vécu : on aide au début, et c’est quand la per sonne a épuisé ses propres res sources (aux alentours d’un an), quand elle a besoin de soutien pour passer cette étape doulou reuse qu’elle se retrouve sans personne.Ilm’est souvent rapporté un grand sentiment d’incompréhen sion voire de colère ou de dépit et d’abattement, par rapport aux lois et règlements actuels.

Les parents se sentent dessai sis de leur exercice parental (et de fait l’enfant sait que son parent ne peut pas disposer de cet argent), et ne comprennent pas que brutalement, à ses 18 ans, il n’y a plus aucun suivi ni conseil et que le jeune peut disposer à sa guise d’un bien qui était séquestré avant (donc d’autant plus tentant). N’y au rait-il pas possibilité d’un ren dez-vous avec le jeune pour le lité que l’on doit avoir pour ses autres enfants ? Après la mort d’un enfant, la peur est très présente : les parents ont peur qu’un autre de leurs enfants décède ou qu’il arrive quelque chose qui les empêche de s’occuper de leurs enfants. Ils ont tendance à les surprotéger, les freinant dans leur autonomie. Ils peuvent aussi idéaliser l’enfant décédé ou avoir leurs pensées orientées vers le passé, les autres enfants devant alors gérer à la fois leur peine, le poids du deuil de chaque membre de la famille et la non-disponibilité des parents. Et compliquant encore leur quotidien, les parents, au lieu de s’appuyer l’un sur l’autre face à cette épreuve, vont avoir, le plus souvent, des difficultés à se comprendre et à partager cette douleur : en témoigne le pour centage élevé de couples qui ne supportent pas cette épreuve et se séparent. Différence homme femme devant la douleur L’homme qui souffre a besoin d’agir, il ne comprend pas que sa femme se complaise dans les pleurs et parle de sa douleur encore et encore : la femme se sent in comprise et ne peut s’exprimer comme elle en a besoin. La femme a besoin de parler et ne comprend pas son mari qui n’exprime rien, elle peut l’inter préter comme de l’insensibilité « tu ne peux pas comprendre ce que je ressens ».

Avoir le temps et les moyens de faire son deuil Deux jours de congés ne permettent même pas de faire toutes les démarches pourtant urgentes, a fortiori de mener son deuil. L’énergie que demande ce « travail » est difficilement conci liable avec vie de chef de famille et vie professionnelle : le fait de devoir se mettre en arrêt maladie assimile le deuil à une pathologie alors que c’est un processus natu rel. Il faudrait aménager un temps plus long (15 jours) à prendre soit très vite soit plus tard (les besoins diffèrent d’un individu à l’autre) comme pour les congés nais sance qui se prennent « dans un délai raisonnable ». Être soutenus Les parents se sentent incom pétents, « je ne vais pas y arriver », « je ne vais pas savoir tout faire » : s’en tendre dire qu’ils sont de très bons parents puisqu’ils n’hésitent pas à demander de l’aide les rassurent et leur redonnent une bonne image d’eux. Demander de l’aide est encore considéré aujourd’hui comme un signe de faiblesse alors que c’est au contraire faire preuve de bon sens et d’équilibre. traversent. Le financement est un frein pour beaucoup dans cette période perturbée, et cela devien drait un droit et non une aide de plus à demander. Conclusion Les familles endeuillées ont besoin d’être soutenues dans leur travail de deuil. Elles doivent pou voir avoir des explications sur ce qu’est le deuil pour les adultes, pour les enfants, confronter leurs expériences à d’autres, échanger, et aussi pouvoir souffler, avoir des moments pour elles sans culpabi liser.Travailler permet de « tenir », les antidépresseurs et anxiolytiques aussi, mais entravent le processus de deuil qui nécessite une éner gie psychique importante. Notre époque nous demande d’être performant, rapide, effi cace. La solidarité familiale ou de voisinage se faisant rare, il serait nécessaire d’augmenter les aides légales : des groupes de soutien fréquents, des confé rences-débats (subventions pour les associations), des aides spécifiques (congé de deuil, aide à domicile ou prise en charge psychologique).

77ANALYSE

PAROLES DE PROS Être écoutés et compris Le simple fait d’exprimer ses difficultés de parents et d’échanger sur le sujet permet de prendre de la distance par rapport à ses problèmes, de les énoncer, et amène souvent rapi dement un soulagement et des pistes de solutions. Les veuf(ve)s souhaitent des rencontres régu lières entre personnes qui vivent la même chose qu’eux, ainsi que pour leurs enfants (pour normali ser leur situation, qu’ils puissent échanger, s’exprimer sur ce qu’ils vivent, ressentent). Les différentes associations qui accompagnent les personnes endeuillées ont un rôle très im portant pour faire connaître les droits, aider, soutenir, aménager des temps de rencontres pour les enfants, les parents, les familles : encore faut-il que ces associa tions soient elles-mêmes subven tionnées en conséquence pour proposer un accompagnement dans la durée (nécessitant des professionnels formés). Pour les membres d’une famille endeuillée, des séances de suivi psychologique remboursées per mettraient un soutien ponctuel pour les personnes qui désirent mieux comprendre ce qu’elles à lire... pour mieux comprendre le deuil « Vivre le deuil au jour le jour » Christophe Fauré, Editions Albin Michel, Paris, 2004 « Faire son deuil, vivre un chagrin : un guide pour les proches et les pro fessionnels » Manu Keirse, Editions De Boeck, 2005 « Quand la mort sépare un jeune couple, le veuvage précoce » Corine Goldberger, Editions Albin Michel, Paris, 2005 « Hommes et femmes face au deuil, regards croisés sur le chagrin » Nadine Beauthéac, Editions Albin Michel, Paris, 2008 « L’année de la pensée magique » Joan Didion, Le livre de poche, 2005 (roman) Et surtout le site Traver serledeuil.com où Chris tophe Fauré offre un accès gratuit dossiers,auxforum, vidéos…

Élise CHARLEMAINE Psychologue au service de GynécologiePort-RoyalHôpitalObstétrique,Cochin-àParis

Micheline Garel a créé une consultation pour enfants multiples à l’Hôpital Cochin-Port-Royal en 1990 dont Elise Charlemaine a repris l’animation en 1996 jusqu’à sa fermeture en 2011. Elles témoignent de l’intérêt de promouvoir ce type de dispositifs.

78 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

ANALYSE PARENTS D’ENFANTS MULTIPLES : DES BESOINS SPÉCIFIQUES DE LA GROSSESSE AUX PREMIÈRES ANNÉES

Depuis le milieu des années 1970, le taux d’accouchements multiples a fortement augmenté en France, comme dans la plu part des pays occidentaux. L’arri vée d’enfants multiples dans une famille représente une situation bien spécifique. Elle entraîne pour les parents un boulever sement d’ordre matériel, social et psychologique, provoquant ce que certains ont appelé le « stress des naissances multiples ». Les naissances multiples présen tent également un risque élevé de mortalité et morbidité pour les femmes. Les enfants multiples ont un risque très élevé de pré maturité, de petit poids à la nais sance et de mortalité in utero et dans les deux premières années. Ils ont aussi un risque accru d’anomalies du développement neurologique. A partir d’une re vue de la littérature scientifique, des résultats d’une étude pros pective que nous avons réalisée sur des familles de multiples et de notre expérience clinique en maternité et en consultation d’enfants multiples, nous allons décrire les dispositifs qui sont parfois ou qui pourraient idéa lement être mis en place pour répondre le mieux possible aux besoins des familles depuis la grossesse jusqu’aux premières années. Bien que jumeaux et tri plés réunis dans notre présenta tion, il faut garder à l’esprit que ce qui concerne les jumeaux s’applique de façon amplifiée aux triplés. Le soutien à la parentalité pendant la grossesse Certaines maternités en France proposent des réunions Aucune attitude de la part de la mère n’est bonne ou mauvaise a priori. Ce qui semble essen tiel c’est que pendant le séjour à la maternité la prise en charge concerne à la fois les enfants et leur mère. C’est aussi lors du séjour à la maternité que l’aide concernant le retour à la maison doit être organisé. Le rôle des assistantes sociales est essentiel. Dans l’idéal elles rencontrent systématiquement les mères d’enfants multiples pour les in former sur les aides existantes. Si la mère est dans l’impossibilité de mener seule les démarches, elles organisent la mise en place de ces aides en appelant ellesmêmes les organismes compé tents. Les assistantes sociales se renseignent également sur le soutien familial et social dont bénéficie la mère et se mettent éventuellement en relation avec les collègues du secteur où ré side la famille qui assureront un suivi avec les puéricultrices. Des consultations pour enfants multiples Selon un modèle développé dans les pays anglo-saxons, il existe dans certains établisse ments (maternités, consultations de PMI) des consultations pour enfants multiples dont le but est d’améliorer le suivi de ces familles en regroupant des pro fessionnels de différentes disci plines de façon à ce que les diffi cultés rencontrées puissent être abordées avec les interlocuteurs les plus à même de les entendre. L’équipe est dans l’idéal formée d’une pédiatre, d’une psycho logue, d’une puéricultrice, d’une aide soignante, d’une orthopho niste, d’une psychomotricienne et d’une assistante sociale. d’information destinées aux futurs parents d’enfants mul tiples. Elles sont généralement animées par un obstétricien, un pédiatre, parfois aussi une pué ricultrice, une assistante sociale, une psychologue. Des représen tants de l’association de parents d’enfants multiples « Jumeaux et plus » sont aussi présents. Cette association propose une aide matérielle par des réseaux d’achats groupés, de prêts, de location de matériel de puéricul ture et permet aussi aux parents de fuir la solitude en parlant avec des familles qui ont les mêmes préoccupations. Le but de ces réunions est d’évoquer les com plications médicales liées à la grossesse multiple, mais aussi de sensibiliser les futurs parents à la problématique gémellaire et de présenter certains membres de l’équipe, notamment les psycho logues, de sorte que le recours à ce type d’aide s’en trouve facilité. C’est aussi un lieu de parole où les professionnels répondent aux questions qui leur sont posées. Après la naissance Il est important que durant le séjour à la maternité tout soit mis en œuvre pour favoriser l’attachement mère-bébé a for tiori si la mère est séparée de ses enfants ou de l’un d’entre eux par une hospitalisation en néo natologie. Certaines mères s’atta cheraient plus au bébé qui est auprès d’elle, tandis que d’autres s’attacheraient davantage à celui qu’elles considèrent en danger. Il arrive aussi que certaines mères épuisées par la grossesse et l’ac couchement éprouvent la néces sité de se rétablir avant d’entrer en contact avec les enfants.

Micheline GAREL psychologue à l’INSERM U 953 Unité de desépidémiologiquesRecherchesensantépérinataleetsantéfemmesetdesenfants-HôpitalTenon,Paris

79ANALYSE

Le rôle de la psycho logue en consultation pour enfants multiples La présence d’une psycho logue, au sein de cette consul tation, est importante pour entendre la souffrance que ces familles, et notamment les mères, expriment parfois. D’après notre expérience, bien souvent, cette souffrance ne peut être expri mée aux médecins, à l’entou rage familial ou au conjoint. Les mères ont du mal à évoquer leur manque de plaisir dans la relation aux enfants, à accepter de reconnaître leur détresse sans s’effondrer, sans être écra sées par la culpabilité. Les pères peuvent également éprouver le besoin d’exprimer leur malaise. Les problèmes de couples sont aussi parfois évoqués. Au fil des consultations, les parents se familiarisent à la présence de la psychologue, le recours à ce type d’aide s’en trouve ainsi dédramatisé. Les familles qui ne sont pas suivies à la consul tation pour enfants multiples ne rencontrent que bien plus tardivement une psychologue, lorsque les difficultés sont déjà enkystées, que la mère présente un état dépressif avéré, que les

Les aides et soutiens à la pa rentalité proposés ci-dessus cor respondent à un modèle idéal élaboré à partir des résultats de recherches publiées et de notre expérience clinique en mater nité et en consultation d’enfants multiples. Il est vraisemblable que la majorité des familles ne peuvent bénéficier que très par tiellement d’une telle prise en charge. Dans la mesure où les naissances multiples sont en aug mentation dans notre pays, il est important de sensibiliser les pro fessionnels de santé aux consé quences d’une naissance mul tiple. Lorsqu’ils rencontrent une future ou déjà mère d’enfants multiples, ils doivent se montrer particulièrement disponibles et avoir à l’esprit que cette femme peut être dans un état de vulné rabilité du fait d’événements mé dicaux ayant rendu la grossesse particulièrement anxiogène, d’un accouchement vécu de façon traumatique, d’un manque de soutien familial et social. Il s’agit de repérer les situations potentiellement pathologiques de façon à favoriser le recours à des aides médicales, sociales, psychologiques ainsi que celles proposées par l’association de parents « Jumeaux et plus » de puis la grossesse jusqu’aux pre mières années. Ces aides visent à prévenir les difficultés mater nelles, les troubles de la relation mère-enfants et leurs répercus sions sur le développement af fectif de ces derniers. ■ DE PROS problèmes de couple sont déjà graves, que la séparation est mal vécue à l’entrée en maternelle, ou encore lorsque les troubles du sommeil persistent, rendant le quotidien insupportable. Le travail en équipe pluridisci plinaire nous paraît essentiel, les difficultés étant généralement intriquées les unes aux autres. Ainsi, lorsque, par exemple, une mère semble très déprimée, la psychologue la reçoit en entre tien individuel mais, avec son accord, elle contacte aussi l’as sistante sociale qui organise les aides. Si les enfants paraissent insuffisamment stimulés du fait de la dépression maternelle, la pédiatre, l’assistante sociale ou la psychologue peuvent faire le nécessaire pour qu’ils soient acceptés en garderie ou que la date d’entrée à l’école mater nelle soit légèrement avancée. Le travail de collaboration avec les orthophonistes est aussi précieux. Une lenteur dans l’acquisition du langage a été fréquemment observée chez les jumeaux. Elle serait liée au mode particulier de relation parents-enfants qui ne favorise rait pas les échanges verbaux individualisés stimulant les pro grès langagiers. Les orthopho nistes guident les parents dans cette acquisition. On peut aussi adresser la maman et le jumeau avec lequel elle éprouve le plus de difficultés relationnelles à la psychomotricienne. Au travers des stimulations corporelles, elle découvre souvent son bébé autrement. lire aussi... les parents de multiples

PAROLES

« Accueillir

Parfois la pédiatre et la psycho logue reçoivent les familles en binôme afin de mieux repérer, entre autres, la dépression mater nelle et de tenter de la soigner en proposant un accompagne ment psychologique.

A

» par l’association Jumeaux et plus page 121

Conclusion

Parmi ces nombreux « invisibles » parmi ces nombreux relégués, il en est certains qu’on a plus faci lement tendance à oublier tant il est difficile d’admettre dans un pays où la scolarité est obligatoire depuis bien longtemps que des adultes ne soient pas en capacité de lire et de comprendre un texte Tous les parents, y compris celles et ceux en situation d’illettrisme souhaitent la réussite pour leurs enfants… et souhaiteraient eux aussi participer à des actions pour des parents Si ce n’est pas une évidence pour tout le monde, il est indis pensable de commencer par poser comme fondation à toute action ce postulat de départ. Oui ces parents comme tous les autres sont eux aussi capables de se mettre autour de cette table et de partager avec les autres, avec tous les autres, ce qu’ils ont à dire, leurs inquiétudes qui sont parfois les mêmes que celles de tous, à pro pos de la réussite de leurs enfants. Ces personnes ont-elles aussi faim, faim de connaissances mais aussi et l’un ne va pas sans l’autre faim de reconnaissance. Mais ces per sonnes ne peuvent pas s’inviter toute seules, elles ne peuvent pas spontanément décider de parti ciper à un groupe de parole tout simplement parce que l’informa tion sur l’existence de ce groupe de parole et d’écoute passe le plus souvent par le canal de l’écrit. Je me souviens de cette mère expli quant à une spécialiste de l’action sociale qu’elle aurait été ravi de participer à action de soutien à la parentalité encore aurait-il fallu qu’elle puisse savoir que cela existe et qu’elle s’y sente à l’aise…

Autour de la table des actions parentales, des absents…

Il est toujours délicat d’inci ter une personne en situation d’illettrisme d’intégrer une action sans la stigmatiser… Si la question de l’écrit, de l’information écrite qui n’irait pas vers ceux à qui elle semble prioritairement destinée pose un problème, alors bien sûr il est facile d’objecter que de nom breux professionnels de l’action sociale sont là, pour informer, simple de la vie quotidienne. On les oublie, on les ignore et pire on les confond avec d’autres : avec celles et ceux, et le problème est bien réel là aussi, mais il est tout autre qui ont des difficultés avec la langue française. On les oublie, on les ignore, on les confond et quand on prend conscience qu’ils existent on ne sait pas com ment s’y prendre et on commet de nombreuses erreurs parce qu’on cerne mal ce phénomène et les situations qui en découlent. Sont-ils des absents ou n’osent-ils pas venir… Alors il faut le dire, le redire et l’expliquer : les parents qui ont des difficultés avec la lecture, l’écriture et les savoirs de base, veulent eux aussi que leurs en fants réussissent. Les parents qui sont en situation d’illettrisme n’expriment pas spontanément à n’importe qui, y compris aux professionnels de l’éducation ou du travail social, qu’ils ont ces difficultés, tout simplement par peur de se voir infliger lorsqu’ils sont des parents ce qu’on pour rait appeler la double peine. En effet il y a, qu’on le veuille ou non, un fort sentiment d’incom pétence pour une personne qui ne maîtrise pas la lecture et l’écriture alors qu’elle est allée à l’école. Elle a le sentiment qu’elle va être regardée, voire jugée comme un mauvais parent parce qu’elle ne pourra, parce qu’elle ne saura pas « faire comme les autres », elle ne pourra pas appli quer le conseil aussi simple qu’il est bien de lire un livre à son enfant tous les soirs et ce le plus tôtDèspossible.lors, comment rendre possible aussi à ces personnes l’accès à des actions permettant de soutenir la fonction parentale sans tomber dans le piège évi dent de voir son discours inter prété comme une injonction ? de l’ANCLI

80 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE LUTTE CONTRE L’ILLETTRISME : PRÉVENIR LE RISQUE D’ÉCHEC SCOLAIRE DES ENFANTS ET FAVORISER L’INSERTION DES PARENTS EN DIFFICULTÉ AVEC LA LECTURE ET L’ÉCRITURE

Mais qui sont-elles ces « autres personnes » qu’on aimerait voir mais qui n’y sont pas, ou pas suffi samment, qu’on invite mais qui se sentent convoquées. Qui sont-ils ces invisibles, dont on dit parfois qu’ils ont démissionné, qu’ils ne s’intéressent pas, bref qu’ils n’ont pas d’appétit. Ils sont nombreux celles et ceux qui n’osent pas, qui ne sentent pas légitimes ou tout simplement qui ne savent pas qu’il est possible, pour eux aussi, de participer à des activités de parents, avec d’autres parents.

A la table des biens nourris de l’éducation, à la table de celles et ceux qui entre eux parlent une même langue et maîtrisent la plupart des codes qui leur per mettent d’avoir accès à ce qui est nécessaire pour que la réussite de leurs enfants soit assurée, il y a beaucoup de monde. Autour de cette table, peut-être beaucoup d’entre nous aiment s’y retrouver, pour échanger, partager, débattre ? Et, il n’est pas rare dans ces occasions où on est dans l’entre soi d’entendre dire, voire de s’en tendre dire, avec toutes les bonnes intentions du monde, qu’il fau drait que d’autres y soient, un peu plus, qu’ils y viennent eux aussi pour bénéficier de la richesse de ces temps d’échanges dont on dit qu’ils peuvent aussi participer au soutien à la parentalité. Parmi ces absents, les personnes en d’illettrisme…situation

Cela signifie concrètement que ce qui semble simple et évi dent quand on dispose des com pétences de base nécessaires devient un véritable obstacle et une source d’exclusion voire de souffrance pour ces personnes. Tout devient difficile…

Le plus difficile arrive souvent au moment où les enfants entrent en scolarité Pour ces familles qui, qu’on le veuille ou non se sentent stigma tisées, lire le petit mot que les en seignants laissent dans le cartable de l’enfant, lire le programme des activités culturelles que pro pose le centre social, répondre à l’invitation d’une association de parents d’élèves, remplir un bon vacances, rechercher un horaire de cinéma, toutes ces activités qui semblent banales à tant d’entre nous sont sinon impossibles à réaliser, tout au moins sources de véritables souffrances.

Commencer par valoriser tous les parents quelles que soient les ressources éducatives culturelles qu’ils mettent en œuvre… Il faut donc - et c’est d’ailleurs l’esprit la philosophie - des ac tions éducatives familiales que nous cherchons à démultiplier commencer par donner, redon ner aux parents le crédit qu’ils pensent avoir perdu, les assurer de leur légitimité notamment en valorisant les compétences qu’ils mettent en œuvre dans certaines situations de leur vie quotidienne. C’est en pointant les compétences, les atouts dont ils disposent que rassurés, valo risés dans une relation ou la pa rité d’estime sera la règle, qu’ils accepteront plus volontiers de formuler pour ne pas dire de for maliser leur manque, leur besoin. Cela semble simple mais c’est déterminant. Leur dire, leur montrer ce qu’ils sont capables de faire plutôt que des risquer des injonctions stigmatisantes…

Nous n’avons pas l’habitude, il n’est pas dans notre culture de fonctionner selon cette ap proche, on a plus tendance à pointer surtout chez certains ce qui ne va pas, de mesurer les manques avant d’évaluer les compétences et les dégâts, les situations de blocage qui en découlent sont d’autant plus important que l’on n’est pas conscient du caractère particu lier de certaines situations, et de l’impact catastrophique que peuvent avoir certains propos même formulés avec les meil leures intentions du monde.

PAROLES DE PROS

Quelle place pour la famille au centre des stratégies éducatives… On ne peut parler d’éduca tion et encore moins définir une stratégie éducative que ce soit sur le plan local ou national sans poser et se poser la question de la famille, des parents, de tous les parents et des actions qui ont vocation à faciliter l’exercice de la fonction parentale notam ment pour le nécessaire accom pagnement de la scolarité. Ces actions qu’on range souvent sous le terme générique et un peu fourre-tout d’actions de soutien à la parentalité sont et doivent aus si être des actions « mobilisantes » pour tous les parents.

81ANALYSE pour inciter sans passer par le canal de la communication écrite. Mais il n’est jamais simple pour une personne qui a un rap port à l’école difficile pour ne pas dire douloureux de se voir « proposer » de participer à une action qui permettra d’apporter un soutien à la fonction paren tale. La personne concernée peut dans ces moments se sentir « ciblée » comme s’il s’agissait d’une évidence que l’exercice de la fonction parentale surtout au moment de la scolarité lui posera inévitablement des pro blèmes. Comme s’il s’agissait d’une évidence que ce sont des personnes qui à un moment ou à un autre sont inévitablement destinée à se trouver dans une relation d’assistance apportée par un professionnel quel qu’il soit. Il convient de préciser qu’un grand nombre de per sonnes en situation d’illettrisme ne sont pas dans cette relation tout simplement parce qu’elles n’en n’ont pas besoin. Il convient donc d’avoir les idées claires sur la question de l’illettrisme dans notre pays et ce parce que les adultes parents en situation d’illettrisme, sont les premiers concernés par les actions et les démarches que l’Agence Nationale de Lutte contre l’illettrisme souhaite promouvoir pour rendre accessibles les dispositifs de soutien à la parentalité à toutes et à tous… Les chiffres doivent toujours éclairer les décisions et inspirer les actions. Il y a dans notre pays, un peu plus de trois millions de personnes de 18 à 65 ans qui bien qu’ayant été scolarisées en France sont en situation d’illettrisme. Cela signifie simplement que ces personnes, ces adultes qui sont, seront ou ont été des pa rents, qui sont pour la plupart des salariés (plus de 57 % d’entre elles) et qui pour plus de 50 % vivent dans les zones rurales ou faiblement peuplées ne sont pas en mesure de comprendre le sens d’un message simple de la vie quotidienne, dès l’instant où ce message est écrit. L’éducation est l’affaire de tous, une responsabilité à par tager ou chacun peut trouver sa place à condition d’être à sa place. C’est bien d’ailleurs une difficulté que connaissent bien les acteurs de l’éducation, quelle est ma place ? Quelle est la légi timité de la place que j’occupe, et quelle légitimité est ce que je donne à l’autre à la place qui est la sienne et notamment et c’est ce qui nous intéresse ici aux parents en difficulté avec les savoirs de base ?

Parmi ces difficultés, l’une d’entre elles est souvent oubliée, négligée, c’est la difficulté d’en parler, la difficulté de dire aux autres, même aux proches, que comme le révèleront plus tard les personnes qui ont participé à ces actions, après avoir retrouvé l’estime d’elles-mêmes, on se sent « invisible », on se sent « illégitime », on se sent « incompétent » et on souffre d’être confondu avec d’autres situations, certes diffi ciles, mais qui n’ont rien à voir comme celle du handicap ou de l’immigration.

Un groupement d’Intérêt Public pour agir efficacement ensemble, partager les pratiques qui marchent pour prévenir et lutter contre l’illettrisme.

82 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

L’ANLCI organise son action autour de trois objectifs : Mesurer l’illettrisme pour mieux connaître les personnes concernées et offrir aux décideurs une vision claire des besoins ; Organiser : coordonner les décisions et les actions sur les territoires, évaluer les impacts des politiques ; Outiller : recenser les pratiques réussies, organiser des partenariats pour prévenir l’illettrisme et démultiplier l’action. Présidence : Marie-Thérèse Geffroy / Direction : Hervé Fernandez 1, place de l’Ecole - BP 7082 - 69348 LYON CEDEX 7 - FRANCE - Tél. : + 33 (0)4 37 37 16 80

Pour en savoir plus : www.anlci.gouv.fr

Créée en octobre 2000, l’ANLCI constitue un espace de mobilisation, le point de jonction pour tous ceux qui peuvent agir, en les engageant à travailler d’une manière décloisonnée, en faisant cause commune, sous le mot d’ordre « Réunir pour mieux agir ».

Comment susciter cette de mande de se former, de s’infor mer quand on sait que ces per sonnes mettent en œuvre de nombreuses stratégies pour dissimuler ou contourner les difficultés qu’elles rencontrent, y compris dans leur environne ment familial ? Il apparaît nécessaire de mieux identifier les obstacles qui les empêchent de s’engager dans une formation. En même temps, pour enrayer la spirale de l’exclusion, il apparaît tout fait le pari que la mobilisation des parents est plus facile et plus forte au moment des temps clés de la vie scolaire scolaires des enfants -entrée à l’école maternelle, au CP, à l’école élé mentaire, en 6ème, au collège –un déclic peut alors se produire pour faciliter leur engagement dans une démarche de réappro priation des savoirs de base et pour leurs enfants, grâce à l’ins tallation d’un climat de réussite éducative.Mobiliser des parents d’élèves par le biais d’actions auxquelles participent leurs enfants, per met de faciliter l’entrée dans la culture de l’écrit pour ces enfants et aide ces parents à construire une relation positive avec l’école tout en s’engageant dans une démarche de forma tion pour réapprendre la base de la base. ■ aussi essentiel de faire évoluer les représentations collectives qui tendent à considérer ces hommes et ces femmes ordi naires comme des individus à part, « les illettrés ». Si ces personnes ainsi cataloguées adoptent des comportements de réserve, de retrait, d’invisi bilité, c’est souvent dans le but d’éviter une stigmatisation pour elles-mêmes mais aussi pour leurs proches et qui génère un processus d’auto-exclusion que nous connaissons bien. Or, l’il lettrisme est une situation dont on peut sortir, d’autant plus facilement si on est soutenu et accompagné et d’autant plus facilement si la motivation pour apprendre ou réapprendre est profonde. S’appuyer sur des actions existantes qui concernent leurs enfants pour mobiliser leurs parents La démarche innovante des Actions Educatives Familiales L’Agence Nationale de lutte Contre l’Illettrisme

L’expérience que nous avons réalisée depuis trois ans nous conforte dans la nécessité de privilégier cette approche…

Groupement d’intérêt public, structure souple réunissant partenaires publics et privés, elle organise le partage du travail, dans le cadre des compétences et champs d’intervention propres à chacun, elle identifie les bonnes pratiques, les formalise et les diffuse ; elle n’accorde pas de subventions, mais travaille à produire ce qui manque pour que la prévention et la lutte contre l’illettrisme changent d’échelle.

Les Actions Educatives Familiales ou une action parentalité au service de la prévention et de la lutte contre l’illettrisme ou dit autrement au service de l’éducation et de la formation tout au long de la vie…

83ANALYSEAUTRES REGARDS

Cet examen par les pairs a été organisé à Paris en octobre 2011. Neuf pays (Allemagne, Belgique, Bulgarie, Croatie, Danemark, Esto nie, Italie, Malte et République tchèque) y participaient volontai rement ainsi que deux parties pre nantes (la COFACE1 et Eurochild2 ) et des représentants de la Com mission européenne (DG Emploi, affaires sociales et inclusion). En Belgique, le soutien à la parentalité est une politique en cours d’élaboration principale ment associée à la protection de l’enfance et au développement de l’enfant, à la prévention des difficultés liées à l’éducation et à la lutte contre la pauvreté des enfants. La stratégie d’aide aux parents est une responsabilité à plusieurs niveaux. En Flandre, un décret de 2007 a créé des « boutiques éducation » (centres mettant à disposition des infor mations de base sur l’éducation et offrant une fonction consul tative) dans les grandes villes et dans certaines zones de province. Il existe aussi un type de service similaire aux « réseaux de solida rité » français — des « familles de soutien » qui apportent une aide informelle à des familles vulné rables par la prise en charge occa sionnelle d’un enfant ou d’autres activités. En région wallonne, la mission d’aide aux parents de l’Office de la Naissance et de l’Enfance a été renforcée dans le contrat 2008–2012.L’accentest mis sur la néces sité d’une séparation institution nelle stricte entre le soutien à la parentalité et le système judi ciaire, une attention suffisante à la de la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant). Le soutien à la parentalité n’en est pas moins une politique ré cente, initiée en 2006 et mise en œuvre au travers de 19 centres familiaux. Il existe une grande diversité de prestataires et les ser vices mis à la disposition de tous les parents à titre volontaire, ont une forte dimension locale. Ils couvrent une aide de caractère général (par l’éducation et l’infor mation), et un soutien en cas de situation problématique. L’un des programmes les plus pertinents et les plus largement répandus s’intitule « Grandir ensemble »: il s’agit d’un soutien communau taire à la parentalité organisé sur la base d’ateliers mis au point par des experts locaux du bureau de l’UNICEF et destiné aux parents de jeunes enfants. Des services d’aide sont également offerts par les centres de protection sociale, qui ont pour mission statutaire de protéger les droits et les inté rêts des enfants et des familles. L’une des grandes difficultés rencontrées par la Croatie est la fourniture de services en dehors des grands centres urbains. Un groupe d’experts récemment constitué a recensé d’autres lacunes et besoins : des mesures d’aide précoce, le renforcement de la coordination et de la coo pération entre secteurs et entre agences, et l’amélioration de la compétence professionnelle.

1La Confédération des organisations familiales de l’Union européenne (COFACE) est une organisation qui a pour mission de promouvoir la politique familiale, la solidarité entreles générations et les intérêts des enfants au sein de l’Union européenne. Elle compte plus de 50 organisations membres parmi les États membres et représente plusieurs millions de familles. www.coface-eu.org 2Eurochild est un réseau d’organisations et de particuliers œuvrant à travers l’Europe pour développer la qualité de vie des enfants et de jeunes.

POLITIQUE DE SOUTIEN À LA PARENTALITÉ : COMPARATIF EUROPÉEN

En République tchèque, le sou tien à la parentalité semble rester assez embryonnaire. Il est assuré dans le cadre d’autres types de services relevant de la politique dimension sociale (lieux de ren contre pour les parents, création de réseaux, travail communau taire, etc.), le soutien de réseaux de types nouveaux et la forma tion continue de professions exis tantes afin qu’elles acquièrent et prennent en compte les acquis du soutien à la parentalité. En Bulgarie, le cadre général est une volonté de création d’un environnement familial adéquat pour chaque enfant et de désins titutionalisation ; des ONG et des groupes d’intérêts particuliers apportent de l’aide aux parents. Une définition juridique du sou tien à la parentalité fait cepen dant défaut et le développement de ce soutien a été axé jusqu’ici sur les enfants en danger. La philosophie fondamentale est la protection de l’enfant. Un groupe de travail a été institué en 2010 pour proposer des modifi cations légales en termes de poli tique à l’égard des enfants et des familles, et toutes les nouvelles dispositions législatives garan tissent le développement person nel de chaque enfant, indépen damment de son besoin éventuel de mesures d’appui spécifiques. La nouvelle philosophie admet que l’enfant a des besoins parti culiers et n’est pas uniquement un objet de protection. Le bien-être et la protection des enfants sont une préoccupa tion relativement prioritaire pour la Croatie, qui a adopté depuis une dizaine d’années une série de stratégies, programmes et pro tocoles en faveur de l’enfance (sous l’influence plus particulière Extrait du Rapport de synthèse de l’examen par les pairs en matière de protection sociale et d’inclusion sociale intitulé « Élaborer une stratégie coordonnée pour venir en aide aux parents » pour le compte de la Commission européenne Emploi, affaires sociales et inclusion.

familiale : services sociaux, ser vices axés sur une aide générale aux familles et services dans le domaine du bien-être et de l’ac cueil des enfants. De nombreuses ONG proposent des conférences, des rencontres, des formations ou une assistance à l’appui de la fonction parentale, à l’inten tion des familles à risques ou des familles d’accueil. Certaines de ces organisations sont subsidiées par le ministère du Travail et des Affaires sociales. Les enseignants recommandent aux parents de s’adresser à un réseau de centres de conseils psychopédagogiques lorsqu’ils observent un problème auprès des enfants. Le système de protection de l’enfance et le cadre législatif du Danemark donnent, pour le sou tien à la parentalité, la priorité à l’enfant. L’inclusion des parents dans le cadre législatif a été sug gérée depuis 1976 et leur place a été élargie lors de la dernière « Réforme de l’enfant ». De nom breux programmes existent (y compris le programme HIPPY3 et des programmes basés sur le modèle Oregon4 ) ; ils s’adressent à l’ensemble des familles ou sont ciblés sur les familles en difficulté. Il existe également un service de soutien à la parentalité proposé par les municipalités à tous les parents de nouveau-nés et assu ré par une infirmière. Une série d’acteurs sont conjointement responsables de la prestation et du développement de services spécifiques d’aide aux parents. L’efficacité de ce soutien et sa démonstration, sont une préoc cupation majeure au Danemark. D’autres questions prioritaires à l’ordre du jour sont la garantie d’une mise en œuvre efficace par des prestataires de services différents, la formation adéquate des professionnels, et l’organisa tion et le financement des pro grammes afin d’assurer leur effi cacité à terme.

Sur fond de cadre légal attri buant aux parents la première responsabilité de l’éducation des enfants, l’Allemagne a développé depuis vingt ans un large éventail de mécanismes de soutien à la pa rentalité. Ce soutien s’inscrit prin cipalement dans l’aide générale à l’éducation des enfants au sein de la famille (cette aide relève des services à l’enfance et à la jeu nesse). L’Allemagne compte 6 200 structures consultatives familiales répondant aux demandes de 2 à 5 millions de participants et les au torités des Länder ont ouvert 500 « maisons intergénérationnelles » qui offrent notamment des ser vices d’accueil d’enfants ainsi que de conseil aux parents et d’aide aux personnes âgées pour les demandes de prestations. Ils s’adressent à tous les parents et sont davantage axés sur les res sources que sur les carences ; ils sont distincts des services de pro tection de la jeunesse, qui ont une mission de protection/suivi des enfants. Le soutien à la parentalité relève également, en Allemagne, de l’éducation des adultes : on peut citer à cet égard les services dispensés par des établissements de formation continue en matière d’éducation parentale et familiale. Un problème de fragmentation pourrait exister en Allemagne : le cadre légal institué au niveau fédéral n’a pas été corroboré au niveau des Länder, ce qui pourrait engendrer un manque de rigueur dans l’ensemble du secteur.

Tout en étant également un thème et un domaine d’action relativement récents en Italie, puisqu’il remonte à la fin des années 1990, le soutien à la pa rentalité est en cours d’évolution majeure : la priorité ne va plus à la pathologie mais à l’aide en tant que démarche normale et à la prévention. Les politiques et dispositions en matière de sou tien à la parentalité ne sont pas régies de manière homogène sur l’ensemble du territoire national et varient d’une région à l’autre. On est frappé par la diversité des services et le large éventail des prestataires (y compris des administrations régionales et municipales, des consortia, des coopératives et des organisations du tiers secteur). Il est possible de regrouper les prestations se lon que les services s’adressent à l’ensemble des parents et visent à leur habilitation et au renforce ment de leurs compétences et ressources, ou qu’ils s’adressent à des parents et des familles en difficulté. Parmi les aspects de l’exemple français qui revêtent

5Thomas Gordon est un psychologue américain s’inscrivant dans le courant humaniste. Il crée la Méthode Gordon avec la volonté de fournir aux parents, une méthode de communi cation efficace et simple pour restaurer une relation harmonieuse parents-enfants. Il a également écrit son premier livre «Parent Effectiveness Training» en 1962, traduit en Français sous le titre «Parents Efficaces» aux Editions Marabout. 6Le programme Triple P, a été mis au point en Australie par Matthew Sanders. C’est un programme d’apprentissage de compétences parentales qui vise à promouvoir des rapports chaleureux et positifs entre les parents et leurs enfants et à aider les parents à apprendre des stratégies de gestion efficaces pour remédier à divers problèmes de développement et de comportement pendant la petite enfance.

logie de formation « parents effi caces » de Thomas Gordon 5 est appliquée sur une base limitée et l’introduction du programme Triple P 6 est attendue sous peu. Lorsqu’il sera opérationnel, tous les parents ayant un enfant en première année bénéficieront de conseils - ce qui va normaliser le soutien à la parentalité et per mettre aux autorités de détermi ner les parents qui requièrent une assistance supplémentaire. Les services actuellement en place sont largement axés sur la santé et organisés au travers de l’infor mation et des conseils dispensés en rapport avec la maternité ou la santé en général. L’école appa raît également comme un cadre privilégié pour entrer en contact avec les parents et leur proposer une assistance. Il est prévu aussi de créer des centres régionaux d’aide aux enfants et aux familles.

3Hippy : Programme d’enseignement à domicile pour les parents d’enfants d’âge préscolaire. Le programme HIPPY est construit sur la base de visites à domicile faites par des parentsemployés qui ont reçu une formation spéciale. Grâce à ces visites, les parents ont le matériel pédagogique et les conseils dont ils ont besoin afin d’accompagner leurs enfants dans leurs apprentissages. Le programme vise non seulement l’alphabétisation mais plus globalement le développement cognitif des enfants âgés de 3 à 5 ans.

84 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

Le soutien à la parentalité est un nouveau domaine d’action en Estonie : il a été mentionné pour la première fois dans le pro gramme d’action gouvernemen tal 2012 et le programme d’action pour les enfants et les familles 2010–2020. L’aide aux parents se caractérise par une grande diver sité de services et il n’existe pas encore de programme géré et coordonné par l’État en faveur de groupes spécifiques. La méthodo

4Le programme de formation de gestion parental Modèle Oregon a été conçu par le Dr Gerald Patterson et ses collègues de l’Oregon social center learning. Il identifie cinq compétences parentales de base qui ont le plus d’impact sur l’amélioration des problèmes de comportement graves chez les enfants.

Au niveau de l’union euro péenne, la COFACE insiste sur la nécessité d’intégrer le soutien à la parentalité dans l’élaboration des politiques. La confédération estime que la réussite du rôle parental dépend de multiples dimensions stratégiques - telles que la politique familiale, la poli tique relative aux médias, la poli tique en matière de logement, la politique d’éducation, la sécurité très abordables et accessibles pour tous sans contrainte, ni stig matisation), une bonne couver ture territoriale et une priorité aux plus vulnérables. D’autres principes très importants mis en évidence par Eurochild sont l’écoute des parents et la partici pation des enfants (et des pères), de même qu’une démarche exempte de tout jugement et de toute stigmatisation. La Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail a récemment financé un projet de recherche sur le soutien à la parentalité. Elle attire l’attention, elle aussi, sur la diversité dans ce domaine. De façon générale, rares sont les pays (hormis la Suède) dotés d’une lé gislation spécifique en matière de parentalité et ce soutien s’inscrit d’un environnement propice à l’exercice du rôle parental. La COFACE affirme également que la promotion de mesures et poli tiques socio-économiques est un élément majeur du soutien aux parents et à leur expérience parentale. La pauvreté pouvant entraver la parentalité positive, la lutte contre la pauvreté fait partie intégrante d’une réponse adéquate.Eurochild recommande égale ment la normalisation du soutien à la parentalité et suggère que les États membres optent pour une approche exhaustive et pangou vernementale de la promotion du bien-être des enfants et de leurs familles. Eurochild recommande l’intervention précoce et l’inves tissement dans les enfants et les familles, et identifie les principes fondamentaux du soutien à la parentalité: un seuil de participa Retrouvez l’intégralité de la synthèse sur :

85ANALYSE une importance particulière pour l’Italie, on peut citer : la mise en réseau de services et leur gestion dans une perspective de gouver nance globale, plutôt que locale ou régionale ; l’accessibilité des services à l’échelle nationale et la fixation d’un niveau minimum essentiel de services, de même que la délimitation des responsa bilités et une division du travail entre les différents secteurs.

www.peer-review-social-inclusion.eu

ANALYSE LE SOUTIEN AUX PRATIQUES D’ACTION COMMUNAUTAIRE AUTONOME AUPRÈS DES FAMILLES AU QUÉBEC :

Le mouvement d’action com munautaire2 autonome auprès des familles québécoises a célébré ses cinquante années d’existence en 2011. Il a donné naissance aux organismes com munautaires Famille (OCF) dont plusieurs ont pris le nom de Mai son des familles. Ces organismes, opérant selon un modèle asso ciatif, sont issus d’une mobilisa tion d’acteurs locaux, principale ment des parents ayant pour but de créer un lieu d’échanges et d’entraide. Les OCF s’inscrivent directement dans une logique de soutien à la parentalité. Les per sonnes qui y œuvrent (salariés et bénévoles) sont reconnues pour leur capacité à créer du lien entre les familles d’une collec tivité locale avant de l’être pour leur habilitation professionnelle.

Jean-Pierre GAGNIER UQTR

• l’enrichissement de l’expérience parentale entendue comme une contre-pratique face à des conceptions qui considèrent les parents comme étant en manque (de préparation, de savoirs, de compétences, etc.) dans l’exercice de leurs respon sabilités envers leurs enfants et le partage de celles-ci avec des acteurs professionnels ;

• l’animation d’un milieu de vie pour les enfants et les parents à l’intérieur des OCF, enten due comme une pratique de l’informel centrée sur l’accueil, l’écoute, la création de liens et la participation ; • les actions individuelles et collec tives visant une transformation sociale entendue comme une Nicole DÉZIEL FQOCF

LE PROJET AGORA1

1Le projet AGORA repose sur un financement, accordé à la Fédération québécoise des organismes communautaires Famille, provenant de l’organisme Avenir d’enfants pour la période 2010-2015. Avenir d’enfants est un organisme à but non lucratif issu d’un partenariat public-privé entre le Ministère de la Famille et des Aînés du Québec et la Fondation Lucie et André Chagnon. 2Le terme communautaire est ici utilisé dans le sens qu’on lui accorde au Québec. Il correspond au terme anglais community qui désigne, en premier lieu, la collectivité et l’environne ment dans lesquels évoluent les individus au quotidien. On parle ainsi d’organisation communautaire ou d’actions communautaires pour désigner ce que, en France, on nomme « le développement social local (DSL) ». Les termes communauté et communautaire peuvent aussi évoquer l’appartenance à un groupe culturel, ethnique, social ou religieux, mais cette définition n’est pas celle qui prévaut au Québec. On y fera référence en précisant, par un adjectif approprié, qu’il s’agit d’une communauté ethnique, d’une communauté religieuse, etc. Le terme communauté, utilisé seul, renvoie habituellement à la première définition. 3FQOCF (2008). Cadre de référence sur les pratiques d’action communautaire autonome Famille. http://www.fqocf.org/pages/publications/cadredereference2008.pdf. Récupéré le 23 février 2012. 4Au Québec, l’expression « cadre de référence » est utilisée plutôt que le terme « référentiel ». 5Le terme anglais « empowerment » est souvent utilisé au Québec pour évoquer cette idée.

86 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

6Boltanski, L., Chiapello, E. (1999). Le nouvel esprit du capitalisme. Paris : Gallimard. Ces auteurs définissent l’action politique comme étant une « mise en forme et mise en œuvre d’une volonté collective quant à la façon de vivre (…) [et, ainsi définie, une action est toujours un] choix orienté par des valeurs dans des conjonctures uniques donc incertaines et dont les conséquences sont partiellement imprévisibles » (p. 30).

7Pour plus de détails à ce sujet, voir : Châtel, V., Soulet, M.H. (2003). Agir en situation de vulnérabilité. Québec : Presses de l’Université Laval; Soulet, M.H. (2005). La vulnéra bilité comme catégorie paradoxale de l’action publique. http://mijsgd.ds.iscte.pt/textos/politicas%20sociais/Soulet%20La%20vulnerabilite% 20paradoxale.pdf, document récupéré le 6 novembre 2011; Lacharité et Goupil (sous presse). Les familles à problèmes multiples : interventions socio-éducatives et enjeux éthiques. Dans G. Bergonnier Dupuy, H. Milova, P. Durning, Traité de l’éducation familiale. Paris : Dunod; White, M. (2009). Cartes des pratiques narratives. Bruxelles : SATAS.

Cadre de référence sur l’évaluation Le projet AGORA8 s’appuie sur une démarche systématique d’évaluation de son implantation sur le terrain et d’évaluation de ses effets sur les OCF 9. La figure 1 présente le modèle logique per mettant d’inscrire le projet AGO RA dans ce type de démarche. Le but du projet AGORA peut se traduire ainsi : enrichir les pra tiques d’accompagnement des familles et de gestion dans les OCF afin de sou tion québécoise des organismes communautaires Famille (FQO CF) s’est donnée pour objectif de soutenir activement les OCF dans l’enrichissement de leurs pratiques selon ce référentiel.

Le Québec compte environ 200 OCF, regroupés en fédération. Le Projet AGORA a émergé de cinq années d’intenses réflexions impliquant l’ensemble des orga nismes du mouvement, réflexions portant sur la place des OCF dans la société québécoise, leur posi tionnement face à l’État, leur rôle auprès des familles et la spécifici té de leurs pratiques par rapport au dispositif de services publics de soutien à la famille et à la pa rentalité. S’étant dotée d’un réfé rentiel de pratiques 3, la Fédéra pratique de critique sociale et d’action politique.6 Les familles qui fréquentent les OCF font face à des réalités très diversifiées en termes social, économique et culturel ; un OCF n’est pas destiné à accueillir un type de famille plutôt qu’un autre. Ainsi, les OCF se retrouvent en première ligne face à différentes problématiques qui affectent les familles : la pauvreté, la violence, l’isolement, l’exclusion... Les personnes qui œuvrent dans ces organismes invitent les parents et les enfants à partager leur ré cit de vie dans tout ce que peut porter le plaisir et le pourvoir de la parole ; ces pratiques leur per mettent de « faire face » en plus de « faire front » et « faire avec » 7

Cadre de référence4 sur les pratiques Les pratiques en OCF reposent sur l’idée du développement du pouvoir d’agir 5 des familles à l’intérieur de leur collectivité lo cale et sur le plan national qui se décline en trois axes de pratique :

Marleen BAKER UQTR

•Favoriser, au sein des OCF, une compréhension partagée des fondements de l’action communautaire autonome famille et une diversité de pratiques en concordance avec ceux-ci.

• Accroître l’assurance individuelle et collective à dialoguer sur les pratiques et savoirs d’action communautaire autonome famille et à faire reconnaître l’apport des OCF auprès des personnes et établissements qui ne font pas le même type de travail que les OCF.

AUTRES REGARDS

• Briser l’isolement des OCF et élargir les façons d’être en lien entre OCF.

• des démarches de réflexion collective, sous forme d’ateliers structurés ; • l’élaboration et la production de matériel pour soutenir la circulation et le transfert de pra tiques et de savoirs ;

• Accroître l’assurance des personnes qui œuvrent en OCF à décrire et promouvoir leurs pratiques et savoirs d’action communautaire autonome famille.

• Réflexion sur les pratiques en milieu de vie dans les OCF.

AGORA

• Améliorer la compréhension commune des besoins des OCF et des familles au sein du réseau de partenaires des OCF dans les communautés

•Améliorer le soutien que les familles d’une communauté reçoivent pour répondre à leurs besoins

• Réflexion sur les pratiques d’enrichissement de l’expérience parentale et d’empowerment des familles.

• Réflexion sur les pratiques d’éducation populaire et d’actions individuelles et collectives.

• Travailleuses/Travailleurs, • Personnel de direction et de coordination,

•Réduire les difficultés et les obstacles qui interfèrent avec la qualité de la vie familiale dans les communautés

• Membres de CA,

• Accroître, chez les OCF, les capacités à faire des choix individuels et collectifs liés au cadre de référence de la FQOCF.

• Bénévoles • Œuvrant en OCF

Conclusion Le projet AGORA constitue une initiative unique au Qué bec. Son ampleur, le caractère systématique de la démarche de développement, d’implantation et d’évaluation qui le sous-tend et la participation d’un large éven tenir leur cohérence avec les principes d’action communautaire autonome famille décrits dans le cadre de référence de la FQOCF. Il repose principale ment sur quatre composantes et la synergie produite par leur mise en œuvre simultanée :

Communautés de pratiques et de savoirs Ateliers de réflexion sur les pratiques d’ACAF Outils de transfert de connaissances Plaisir et pouvoir de la parole

• une valorisation et une conscien tisation au plaisir et au pouvoir de la parole au cœur de la vie des OCF et donc des familles. Le groupe de personnes que le projet AGORA cible en priorité est composé des travailleuses et 8FQOCF (2010). Projet AGORA. Valoriser, connaître et enrichir les pratiques d’action communautaire autonome Famille : pour et avec les organismes communautaires Famille membre de la FQOCF. St-Lambert : FQOCF. 9Lacharité, C., Gagnier, J.P., Baker, M., Déziel, N., Côté, L., Rasmussen, H., Poirier, J. (2012). Projet AGORA : devis d’évaluation. St-Lambert : FQOCF.

•Accroître la reconnaissance de l’action communautaire autonome famille dans les communautés et auprès des décideurs publics

• Guide d’accompagnement des pratiques d’action communautaire autonome Famille dans les OCF.

• Participation aux communautés de pratiques et de savoirs sur le plan régional.

87ANALYSE tail d’acteurs issus du terrain et de la recherche forment ses prin cipales qualités. Le projet vient d’être amorcé : quatre années riches en expérience, en défis à relever et en réflexion à articu ler restent à vivre. Cette initiative arrive au moment où la vie fami liale est malmenée par les remous socioéconomiques qui secouent la grande majorité des sociétés occidentales, dont le Québec. On sait que la préservation de la qua lité de vie familiale n’est pas ou peu à l’agenda politique des gou vernements actuels au Québec et au Canada. Cette situation ne peut que renforcer la pertinence des efforts du mouvement d’ac tion communautaire autonome auprès des familles. ■ travailleurs qui œuvrent dans les OCF et de celles et ceux qui en assurent la direction ou la coor dination. Le projet veut aussi tou cher celles et ceux qui, à travers un rôle de bénévole ou d’admi nistrateur, contribuent à la vie des OCF et des familles qui les fréquentent. Les résultats atten dus couvrent un large territoire de l’action des personnes ciblées. L’énumération des impacts déli mite les principales retombées visées par ce projet.

Enrichir les pratiques d’accompagnement des familles et de gestion dans les OCF afin de soutenir leur cohérence avec les principes d’action communautaire autonome famille décrits dans le cadre de référence de la FQOCF

• Participation aux communautés de pratiques et de savoirs sur le plan provincial (Rencontres nationales).

• des activités de communautés de pratiques et de savoirs ;

• Guide de pratiques de gestion des OCF.

Les bébés ont tout à apprendre du monde dans lequel ils naissent. Déjà installés dans les discours de leurs parents, l’histoire de leur famille et la culture de leur société, ils sont imprégnés du sens de la vie humaine. Armés de leurs fortes compétences sen sorielles, ils n’ont de cesse que d’essayer de décrypter ce monde qui leur semble illimité. L’âge des acquisitions de leurs aptitudes cognitives et relationnelles ne cesse de s’abaisser. Nous savons aujourd’hui que les bébés com prennent les mots dès l’âge de six mois. Véritables chercheurs, ils se donnent sans aucune rete nue les moyens de résoudre des problèmes, d’inventer des expé riences. L’âme exploratrice, ils s’aventurent sur les terrains de recherche qui sont à la portée de leurs yeux, de leurs mains, de leur bouche, de leurs oreilles. Nous disons alors qu’ils jouent, alliant plaisir de l’action et joie de la réaction ; nous savons qu’ils ap prennent. Mais ne risquons-nous pas d’aller trop vite ou de nous méprendre, lorsque, convaincus de leurs compétences, nous sou haitons leur apprendre ou leur faire faire des activités censées les éveillerToujours? plus vite, toujours plus fort, toujours plus haut… nous projetons sur eux nos angoisses et nos espérances, sans chercher réellement à nous mettre à leur hauteur, non pas à quatre pattes, mais au niveau de leur esprit. Nous ne parlons pas le même langage que les bébés, nous ne réfléchissons pas comme eux, nous n’explorons plus ni ne cherchons à comprendre, car nous pensons savoir. Nous sommes en cela trop limités. Alors que les bébés empruntent de nombreuses routes, y com panières de linge dans lesquelles ils plongent la tête la première, se moquant bien de savoir si le linge y est propre ou sale. Là est tout le problème des parents et des adultes entourant les bébés. Se positionner comme éducateurs de ces petits demande beaucoup d’humilité et appelle à une certaine réflexion. Nous per cevons les petits comme des êtres à façonner, à éduquer, alors que nous devrions peut-être les regar der et les suivre. Car, même si en chacun de nous demeure une part de cette « petite enfance », nous n’avons que peu de souve nirs de la façon dont nous avons appris à nous déplacer, à parler, à comprendre le fonctionnement des objets. Nous avons toutes les peines à saisir ce que les bé bés font lorsqu’ils portent des crayons à leur bouche ou se pro mènent dans la maison, les mains chargées de ces crayons qui leur servent à bien autre chose qu’à dessiner. Les bébés comptent, trient, collectionnent, différen cient, apparient. Un crayon res semble à un autre crayon, mais peut aussi être différent ; il peut avoir la même forme mais pas la même couleur, ni la même taille. A-t-il alors le même goût ? Ces bé bés utilisent leurs sens de manière multimodale, ce que nous ne savons plus faire. Nous regardons le crayon avec nos yeux et le tou chons avec nos mains. Les bébés utilisent aussi leur bouche pour comprendre cet objet : sa saveur et son odeur les renseignent tout autant sur sa forme et sa couleur. Avant d’avoir une utilité définie, le crayon n’est, pour les bébés, qu’un objet de plus à explorer et à expérimenter. S’ils peuvent agir sur le crayon à leur guise, ils s’y intéressent tout particulièrement.

Laurence Rameau, puéricultrice, ancienne directrice de crèche, consultante petite enfance est aujourd’hui directrice de la rédaction du Journal des professionnels de la petite enfance. En 2011, elle a signé un ouvrage à destination des parents et éducateurs où elle éclaire avec justesse et empathie la façon dont les bébés appréhendent le monde et le rôle que doivent jouer les adultes pour offrir un cadre favorable à leur développement.

88 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

Incompréhension encore lorsque la visite au zoo tourne au drame car les bébés ne veulent plus rester dans leur poussette et se préoccupent uniquement des pi geons, sans voir ni les lions ni les girafes. La déception est encore plus grande lorsque ces bébés délaissent aussitôt un nouveau jouet pour s’occuper du carton d’emballage. Et aussi lorsque leurs objets favoris sont la télécom mande, qu’ils sucent et tapent au risque de la casser, les tiroirs qu’ils ouvrent et ferment sans cesse au risque de se coincer les doigts, les Laurence RAMEAU Professionnelle de la petite enfance

Nous percevons les petits comme des êtres à façonner, à éduquer, alors que nous devrions peut-être les regarder et les suivre.

POURQUOI LES BÉBÉS JOUENT ?

pris les plus petites, se moquant même des voies prétendument sans issues, nous ne marchons plus que sur des autoroutes bien bornées. Nous n’avons plus la fantaisie et la poésie nécessaires pour les suivre sur leurs chemins deLetraverse.risque est alors celui de l’in compréhension. Incompréhen sion des bébés prêts à explorer la moindre parcelle de boue ou la plus petite flaque d’eau alors que nous avons oublié de leur mettre bottes et cirés. Incompré hension des bébés qui, à table, ne cessent de faire tomber leur pain ou de renverser leur verre pour voir ce qui se passe (la chute est-elle la même à chaque fois ?) et restent étonnés lorsque l’adulte supprime pain et verre. Et incompréhension des adultes qui pensent alors que ce ne sont que des bêtises ; que ces bébés, décidemment, les provoquent et doivent être mieux « éduqués ». L’incompréhension est la même lorsque, chargés d’espoir et de courage, ces adultes organisent une activité de dessin et que ces derniers ne pensent qu’à déchirer les feuilles de papier, enfournant dans leur bouche de petits bouts.

Sur un autre plan, dans notre crainte que les bébés se perdent S’ils peuvent le mettre dans des boites, des pots ou le cacher dans des tiroirs, puis le retrouver, alors ils s’y intéressent encore plus. Bref, s’ils peuvent mener à bien leurs recherches, les accessoires importent peu, ils ne servent qu’à permettre leur activité lu dique. L’objet n’a d’intérêt que si les bébés peuvent en faire un jeu. Le jeu est ce qui leur permet d’apprendre. Sachant cela, notre priorité devrait être de leur offrir la possibilité d’élaborer leurs jeux dans les conditions les plus favorables à leurs apprentissages et non de penser à ces appren tissages comme à des objectifs à atteindre. Ce qui importe, ce sont les chemins et les nombreuses routes qu’ils ne vont pas man quer d’emprunter dans leur soif de découverte et non un but qui n’a pas de sens pour eux. Nous risquons de passer à coté de beaucoup de choses à force de nous polariser uniquement sur la sécurité des bébés, qu’elle soit physique ou affective. A force de leur aménager des lieux dans lesquels ils peuvent jouer sans se faire mal, sans tomber, sans risquer d’avaler des objets ou de s’empoisonner ; à force de nous évertuer à maintenir coûte que coûte le lien d’attachement qui leur permet de jouer sans se sen tir abandonnés, seuls, perdus au milieu des autres. Nous avons pour cela inventé les parcs de jeux, pour qu’à l’in térieur les bébés puissent jouer en toute sécurité tout en sentant à travers les barrières le regard bienveillant des adultes restés à l’extérieur. Certains établisse ments possèdent des parcs en hauteur afin de ménager le dos des adultes et de maintenir le re gard sur les bébés sans avoir à se pencher ; les bébés vivent comme dans des cages à oiseaux, suspen dus au dessus du sol. Nous avons inventé les tapis de sol qui offrent la possibilité aux tout-petits d’exercer leur motri cité de manière plus confortable. Nous avons normé les jouets pour qu’ils ne présentent plus de risques (mais des risques liés au plastique sont apparus) et inventé des jeux dits éducatifs dont l’ob jectif affiché est de gagner du temps sur les apprentissages sco

Dans notre emballement sécu ritaire, dans notre volonté pro tectrice, dans notre aspiration à vouloir leur construire de doux cocons, avons-nous réfléchi à ce qui intéresse le plus les bébés, à ce qui suscite leur recherche de compréhension, à ce qui les motive à toujours recom mencer leurs expériences pour constater les moindres variations éventuelles des éléments qu’ils mettent en place ?

89ANALYSE dans de trop nombreuses relations et n’établissent pas de lien d’attachement suffisamment "secure", nous avons limité leurs rencontres de ces autres. Nous avons jugé qu’en dehors d’une relation maternelle, puis paren tale et de quelques référents, il ne fallait pas que des liens trop nombreux viennent modifier des relations dont la stabilité pouvait alors être en péril. Au nom d’une certaine idée de la nécessaire continuité affective, nous nous sommes privés de toutes les occa sions données aux enfants d’ap prendre dans des relations affec tives nombreuses et variées. Nous n’avons pas su voir que lorsque des plus grands jouent avec des petits, cela leur donne encore plus de chances d’apprendre : or nous n’avons envisagé que les risques que cela comporte en termes de conflit ou d’agressivité potentielle. Nous avons créé des « sections » dans les crèches afin de séparer les petits des grands, des « classes » d’âge dans les écoles.Ainsi, il est plus facile pour les adultes de « gérer », de décider du contenu des apprentissages, d’éviter les risques dans un uni vers toujours plus sécuritaire et contrôlable.Pourtant, depuis les années 70-80, nous observons les bébés et avons appris de nombreuses choses sur eux depuis les années 90/2000. Nous savons qu’ils éla borent des déductions et des statistiques : ils classent, hiérar chisent. Infatigables explorateurs et curieux insatiables, stratèges même, ils procèdent à des calculs élémentaires et imitent les com portements des adultes. Les notions de temps et d’espace ne leur sont pas étrangères. Ils sont surpris devant des situations qui transgressent les lois physiques et font très bien la différence entre eux-mêmes et les autres. Les bé bés possèdent ces compétences avant même de savoir marcher, parfois avant de pouvoir saisir un objet, donc avant d’être en capa cité d’agir sur leur environnement. Ils sont tous différents, agissent de manière irrégulière et imprévi sible. Ils s’adaptent, s’amusent sans inhibition, ce qui les rend plus pétillants encore. Ils nous amusent parfois par leurs actes insensés ; nous nous moquons gentiment laires. Certains parents achètent toujours le jouet prévu pour l’âge au dessus de celui de leur enfant afin de ne pas le retarder ou même de le stimuler un peu plus. Nous avons banni les escaliers dans les établissements d’accueil des jeunes enfants et avons amé nagé des structures de motricité avec des escaliers, des plans in clinés, des ponts de singe et des toboggans, au prétexte que la motricité doit être contrôlée et autorisée et non librement exer cée. Nous avons parfois proscrit les bacs à sable jugés trop sales, comme l’herbe, remplacée par des revêtements sur lesquels les petits se râpent les genoux, mais gardent leurs vêtements intacts et ne pataugent plus dans la boue. Nous refusons que les bébés cô toient les animaux, chassons les chats de chez les assistants ma ternels, les lapins des crèches et les insectes des jardins. Seuls les poissons rouges ont encore une chance ! Nous avons supprimé les bandoulières des sacs à main pour éviter la strangulation, les voiles de princesse trop inflam mables, les cartons d’emballage, les boites et bouteilles ; car le bouchon n’est pas un jeu et les bébés risquent de l’avaler. Alors, nous avons réinventé des jouets avec des fermetures éclair, des boutons et des lacets pour qu’ils apprennent ce que nous voulons, quand nous le souhaitons. Les bé bés sont des consommateurs qui se doivent d’être contrôlés par les adultes.Mais posons-nous cette ques tion : avons-nous su inventer un environnement propice à leurs apprentissages ?

AUTRES REGARDS

90 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

» Autour des questions que les parents et éducateurs se posent, Laurence Rameau explique com ment les bébés appréhendent le monde qui les entourent et guident les parents pour offrir un cadre favorable à leur développement sans pour autant tout laisser faire. Il leur faut se salir et se mouiller, tomber et faire tomber, lancer et attraper, goûter, écouter, sentir le monde pour qu’il fasse sens...

Certes, une grosse boite ne rentre pas dans une petite et cela fait dix fois pourtant qu’ils essaient, trans portant ailleurs les deux boites afin de vérifier si cela est tou jours le cas. Il faut tout ce temps pour comprendre la notion de grandeur et cette erreur, appelée « conflit cognitif », leur permet d’accéder à cette notion.

Laurence Rameau, Editions Philippe Duval, 2011

Pourquoi les bébés jouent »

«

d’eux lorsqu’ils se trompent. Ils devraient nous intéresser et nous devrions les respecter bien plus, car ce sont ces « erreurs » qui sont la base de leurs apprentissages.

Le savoir est fondamental. Mais ce qui l’est encore plus c’est le fait que l’intelligence des bébés se construit dans une interaction constante entre eux-mêmes et leur environnement. Alors, tout devient question d’opportunités dans un va-et-vient permanent entre le contexte de vie des bé bés et le développement de leur cerveau dont on connait la grande plasticité. Autrement dit, les bébés sont capables d’acqui sitions si les situations qu’ils rencontrent le leur permettent. Alors, leurs pensées, agisse ments, émotions vont partici per à la construction de leurs connaissances, dans une sorte de cercleNotrevertueux.responsabilité éducative est donc grande, non seulement quant à l’organisation des envi ronnements et actions propices aux acquisitions des bébés, mais aussi par la manière dont nous les soutenons, les accompagnons dans leur cheminement, favori sons et positivons leurs essais, explorations, découvertes, bref lorsque nous comprenons ce qui se joue dans leurs jeux. Mais attention ! Le jeu des bébés n’est Un environnement trop lisse, trop plat, trop sécuritaire pré sente le défaut d’aplanir non seu lement les risques mais aussi les possibilités de jeux des petits. Il n’y a pas d’aventure sans prise de risque et cette dernière motive chacun d’entre nous, y compris les plus petits à leur niveau. Il leur faut des cachettes où disparaître, des différences de niveau à envi sager, des trous dans lesquels tom ber, des montagnes à escalader, des portes à ouvrir et à fermer, des canyons à franchir. Il leur faut se salir et se mouiller, tomber et faire tomber, lancer et attraper, goûter, écouter, sentir le monde pour qu’il fasse sens. Ce ne sont donc pas quelques tapis agrémentés de jouets de manipulation, quelques tables et chaises pourvues de jouets éducatifs, quelques repro ductions d’intérieurs de maisons en miniatures, qui satisfont leur nécessaire goût de l’aventure. Il nous faut être bien plus inventif lorsque nous créons un environ nement pour les jeux des petits. Ce n’est pas un environnement uniquement « adapté » aux bébés qui est à envisager, mais plutôt riche en ressources d’apprentis sage, donc généreux en possibili tés d’aventure, et ce, que ce soit à la maison ou dans les lieux d’ac cueil. Les bébés apprennent mais ne jouent pas seuls. Ils ont besoin de cet accompagnement affectif des adultes pour tenter l’aven ture. Alors que certains foncent, d’autres parfois doivent y être invités par ces mêmes adultes pourMaisoser.tous attendent que les adultes s’intéressent, participent à leurs jeux, essaient de com prendre, de dire le plaisir partagé, leur proposent de nouveaux terrains d’expérimentation et partagent leurs avancées comme leurs erreurs, sans les humilier, en leur faisant confiance. Cette pré sence effective et affective indis pensable potentialise leur goût à entreprendre cette aventure de la vie et donc à apprendre non pas vite mais avec bonheur, afin d’être en capacité d’inventer le monde qui sera le leur lorsqu’ils seront devenus adultes. ■ pas l’affaire des spécialistes mais de tous ceux qui s’occupent et se préoccupent d’eux quotidien nement.Reconnaitre les apprentis sages des tout-petits dans l’orga nisation de leurs jeux est une forme d’éducation essentielle qui permet de comprendre qu’un jeu de manipulation de matières (eau, semoule, sable, pate à sel, terre,…) comporte plus d’intérêt en termes de recherches et d’apprentissages qu’un tableau ou tapis de décou verte qui fait de la musique ou de la couleur lorsque les bébés appuient sur un bouton. Ils ont besoin d’agir par eux-mêmes. Ce que nous nommons bêtises n’en sont pas. Par la manipulation de matières, tout un univers senso riel et physique est à découvrir, les formes sont à inventer et les expériences en ce sens sont bien plus riches qu’avec les jouets qui n’offrent en général que quelques possibilités toujours identiques et déjà préétablies. Ce qui importe pour les ap prentissages des bébés, c’est qu’ils aient accès à des objets, des acces soires, qui vont leur permettre, bien plus que les jouets, d’inven ter ce qui les intéresse. Certes, les jouets sont peut-être plus attrac tifs au départ, parce que plus colorés ou plus tendance, mais, bien vite les bébés s’en lasseront devant leurs trop faibles possi bilités d’expérimentation. Les placards remplis de casseroles de tailles différentes, de cuillères, de pailles, de gobelets, de boites, de couvercles, offrent un univers d’occasions ludiques bien plus vaste, y compris lorsqu’il est pos sible d’y entrer. à lire...

Pourquoi les bébés aiment-ils patouiller ? Pourquoi jouent-ils avec les emballages ? Pourquoi montent-ils sur le toboggan à contresens ? Pourquoi poursuivent-ils les pigeons quand on les emmène au zoo ?

«

HISTOIRE DE FAMILLE

Des rois, des géants, des puissants ! Dans les contes, les parents, souverains, sont gardiens ou persécuteurs de l’enfant chétif. Le roi, époux et père, ne règne que sur sa famille ; jamais céliba taire, souvent veuf, il n’a d’autre souci que de se remarier. Dans ces conditions, la reine peut dif ficilement échapper aux fonc tions d’épouse, mère ou marâtre, ange gardien ou bête noire du foyer. Les mauvais parents aban donnent leurs enfants (Le Petit poucet), les éliminent (BlancheNeige) ou les poursuivent de leurs assiduités (Peau d’âne). Trop aimé ou haï, l’enfant doit « se sauver » lui-même, fuir, en quête d’un bonheur familial éternel. Avec ses personnages simples, définis par un seul critère, social (faible/dominant) ou généra tionnel (jeune/vieux), le conte favorise le passage d’un âge à l’autre, d’une condition à l’autre : épreuve si rude que les enfants semblent des nains (Poucet, Pou cette) dans des univers gigan tesques (Le Voyage de Gulliver, Moumine le troll, Tobie Lolness 1 ).

Yvanne CHENOUF Spécialiste de la littérature jeunesse, professeure honoraire

9 Quino, Mafalda, Glénat, 1964 10 Zep, Glénat, site : www.zepounet.com

AUTRES REGARDS

1 Les Voyages de Gulliver, 1721/Moumine le troll, 1945/Tobie Lolness, Gallimard, 2008 2 Claude Ponti, L’école des loisirs, 1993 3 Maurice Sendak, L’école des loisirs, 1964 4 Marcel Aymé, Les Contes rouges du chat perché, Gallimard, 1967 5Astrid Lindgren, Fifi Brindacier, Hachette 1951, puis 1977, 2007.

6 Maurice Druon, Titsou les pouces verts, ill. Jacqueline Duhême, Hachette, 1993

Alice (Lewis Caroll) a merveilleu sement su jouer avec les degrés de ce monde tantôt submer geant, tantôt à portée de main. Des modèles, des cibles… des soutiens ! Jusqu’à la fin du XIXème siècle, la littérature de jeunesse a mis chemin tout tracé, la fortune, la considération… », « C’était une idée toute faite, dit madame Mère. » Mieux écoutés, les enfants vont se faire entendre. Dans Le Petit Nicolas, l’humour abolit toute hiérarchie (« Et maman s’est mise à pleurer, et papa s’est mis à marcher dans le salon en criant, et moi j’ai dit que si on ne faisait pas germer mes lentilles tout de suite, je me tuerais. Alors ma man m’a donné une fessée. Les parents, quand ils reviennent de vacances, sont insupportables. » 7). Tandis que les bandes attirent les enfants hors du foyer (La Guerre des boutons, Le Club des cinq 8), dans la BD se règlent les comptes : Mafalda 9 choisit l’affrontement (« Tu sais maman, je veux aller à la maternelle et étudier beaucoup, comme ça plus tard je ne deviendrai pas une femme frus trée et médiocre comme toi ! »), quand Titeuf 10 explore ouvertement les tabous sexuels. en scène des parents chargés de transmettre aux générations futures les principes hérités des générations précédentes. La Comtesse de Ségur porte cette ambition en valorisant des parents vertueux et incon testés, attachés aux lois sociales et religieuses, loin de l’école de la rue où s’élèvent les enfants vagabonds (Sans famille, Hecto Malot). Si les fugueurs courent toujours les récits (Okilélé 2, Max et les Maximonstres 3), rares sont les enfants sans famille même si cette institution connaît, dès le XXème siècle, de sérieuses remises enEntrecause.les deux guerres, Les Contes rouges du chat perché 4 moquent des fermiers dépassés par leurs filles et leurs animaux : « Voyons, parents, vous n’êtes pas rai sonnables… à quoi bon rester ici à faire des problèmes quand il fait si beau dehors ? ». Après la seconde guerre mondiale, des auteures venues du Nord creusent l’écart. Dans Moumine le troll (Finlande), d’autres liens se créent entre des enfants autonomes et des mères émancipées : « Je veux quelqu’un qui n’ait jamais peur de rien et qui prenne soin de moi, je veux une maman ». En 1945, Astrid Lindgren, suédoise, impose, à travers Fifi Brindacier 5, une autre vision de l’éduca tion, sans famille ni école. En France, dans Titsou les pouces verts 6, les parents doivent accepter leur fils tel qu’il est : « Nous pen sions qu’il allait me succéder comme j’ai succédé à mon père. Il avait son Au fil des mutations sociales, les livres pour enfants ont-ils cherché à s’adapter aux nouvelles situations des lecteurs, ont-ils profité des mutations domestiques pour remettre en chantier le roman d’enfance ou alors, sous couvert de modernisme, ont-ils conforté, vaille que vaille l’idéal familial ?

91ANALYSE

7 Goscinny & Sempé, Les Vacances du Petit Nicolas, Gallimard, 1962 8Louis Pergaud, La Guerre des boutons (1ère parution1913)/Le Club des cinq, Enid Blyton (1ère parution, années 1940).

Claude Ponti, pour qui la culture est un soutien affectif, re lativise cependant la famille bio logique à travers un drôle de cata logue 16 : « Tes parents sont lourds ? Fatigants… CHANGE !… remplis le bon de commande, poste-le et en moins de quarante tuiteures Catalogue© te livre de nouveaux parents. ». L’inven taire des configurations fami liales 17 établit les « bons parents » (les aventuriers « pour enfants ai mant les surprises et les changements », les confortables « toujours prêts à recevoir un enfant entre leurs bras », les bons plans « travaillent avec joie à construire un avenir quoi qu’il arrive », les composés « de styles, de religions, coutumes, habitudes alimentaires va riés, ils permettent à l’enfant subtil d’es sayer de nombreuses façons de vivre ») et les parents « à risque » (les très géants dont les paroles « descendent d’une grande hauteur. Lorsqu’elles tombent sur les enfants, elles ont gelé et sont tranchantes comme des rasoirs », les kostodabor et les kostodedabor « Colère unique force 9… Pour enfant métallique », les triiistes qui « pensent qu’il ne faut rien commencer parce que ça finira mal…). Une liste d’objets invite chaque enfant à accessoi riser ses parents pour les rendre vivables dans tous les cas de figure (familles monoparentales, homosexuelles, recomposées, adoptives…). Quand le tissu fami lial est irréparable, la culture offre encore des parentés substitutives. Matilda oublie ainsi sa mère né gligente et son père malfaisant : « Les livres (…) lui faisaient rencon trer des personnages hors du commun qui menaient des vies exaltantes. (…) Assise au pied de son lit, dans sa petite chambre d’un village anglais, visita-telle de long en large et de haut en bas le vaste monde. » 18 Des complices, des copains, des alliés ! Après 1968, la négocia tion remplace l’autorité et les parents rabotent l’intervalle entre le désir de puissance des enfants et le principe de réalité. La littérature évite les conflits au lieu de les mettre en scène, gommant les abus parentaux (claque, fessée 11), minimisant les révoltes enfantines. Agents de compensation, les parents bloquent toute possibilité pour les enfants de surseoir person nellement aux vides de la vie. La cellule familiale devient le lieu exclusif de la fabrique de sens alors qu’il demeure important « de procurer à l’enfant moderne des images de héros qui s’aventurent tout seuls dans le monde et qui, sans savoir au départ comment leurs aventures finiront, découvrent des endroits où ils se sentent en sécuri té. 12». La solitude est crainte et les familles s’imposent comme rempart aux difficultés de la vie. Enfants et parents s’épaulent (« Vois-tu, ma Liline, les gens trouvent que je vous gâte trop. Mais sait-on ce que la vie vous réserve et ce doit être un tel soutien, quand on est grand, que d’avoir eu une enfance heureuse. »), s’adoptent (Célestine, jetée à la poubelle à la naissance 13, trouve auprès d’Ernest, balayeur, la tendresse d’un foyer), changent de rôle (« En craquant l’allumette et en faisant chauffer l’eau dans la petite casserole, je suis sérieuse comme une grande personne. Maman rit. Elle m’appelle p’tite mère. » 14) Si un des parents est hors la loi, c’est l’enfant qui entre tient la nostalgie familiale : « Quand mon père était là, je dor mais toujours tôt, toujours bien. » 15

Des familles électives ?

11Philippe Corentin, Tête à claques, L’école des loisirs, 1998/ Olivier Douzou & Frédérique Bertrand, Le Conte du prince en deux ou L’Histoire d’une mémorable fessée, Seuil, 2005

16Claude Ponti, Catalogue de parents pour les enfants qui veulent en changer, L’école des loisirs, 2008 17Christian Bruel & Nicole Claveloux, L’Heure des parents, Être éditions, 1999 18Roald Dahl, Matilda, Gallimard, 1988 19Phrase attribuée à Giuseppe Tomasi di Lampedusa auteur du roman Le Guépard ( 1958)

13 Série de Ernest et Célestine, Gabrielle Vincent, Casterman 14 Dominique Sampiero & Monike Czarnecki, P’tite mère, Rue du monde, 2002 15Jean-François Chabas, Je suis la fille du voleur, L’école des loisirs, 2008

Tout en s’acclimatant aux évo lutions sociales, la littérature de jeunesse perpétue les formes d’une institution familiale hété rosexuelle et reproductive à tra vers laquelle se transmettent les figures de l’autorité et les leçons du passé comme s’il était vrai qu’il faille changer « pour que rien ne change » 19. Vagabond, rebelle, soumis… l’enfant des contes découvrait, seul, les obscurités liées aux étapes du devenir. Au jourd’hui, garant du lien paren tal, il doit pallier les errances des adultes tout en gérant ses propres troubles. Sage prématuré d’un monde qui vieillit sans rien apprendre de sa jeunesse, il est de plus en plus captif d’un système qui s’adapte pour mieux durer. Les livres actuels ressemblentils à leur époque : n’ont-ils plus d’autres aventures à proposer aux enfants que l’illusion des refuges ? ■

92 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 ANALYSE

12 Bruno Bettelheim, La Psychanalyse des contes de fées, Robert Laffont, 197, p. 23

INITIATIVES TERRAIN

RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

Les unions d’associations familiales sont très fortement investies sur le champ du soutien à la parentalité et plus particulièrement dans les réseaux d’appui et d’accompagnement des parents. Elles mènent de nombreuses actions sur des thèmes très divers et des types d’actions variées. Plusieurs d’entre elles témoignent sur les raisons et la façon dont elles animent ces réseaux départementaux. De nombreuses associations familiales proposent naturellement des actions de soutien à la fonction parentale et nous les décrivent.

TERRAININITIATIVES93

Départements dont l’UDAF gére un service de médiation Source : UNAF 2011 UDAF engagées dans le développement et la promotion du parrainage de proximité Source : UNAF 2012 GUYANE MARTINIQUE LA REUNION MAYOTTE GUADELOUPE

L’ensemble du réseau d’UDAF et d’URAF est concerné par des actions de soutien à la parentalité portées à des niveaux divers. Les UDAF et les associations familiales jouent un rôle prépondérant dans ce domaine, à la fois comme relais de l’expression des besoins des parents, et comme opératrices.

94 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

GUYANE MARTINIQUE LA REUNION MAYOTTE GUADELOUPE

Les actions menées dans le cadre des REAAP Fin 2010, 12 UDAF étaient impliquées dans le pilotage et l’animation des REAAP. Une cinquantaine d’UDAF est fortement impliquée au travers de la réalisation d’actions menées avec et pour les parents sous des formes très variées.

La médiation familiale Il s’agit d’une démarche volontaire et responsable qui vise à faciliter le dialogue entre les parties en difficulté de communication ou en situation de Lesconflit.UDAF sont nombreuses à gérer un service de médiation familiale, certaines depuis une quinzaine d’années, avant que la médiation ne soit institutionnalisée. Elles sont une trentaine à gérer un service de médiation familiale.

Le parrainage de proximité Il s’agit de la construction d’une relation affective privilégiée instituée entre un enfant et un adulte ou une famille. De nombreuses UDAF sont impliquées dans le parrainage soit par l’ouverture d’un service, soit dans la création de services dédiés, soit dans la création de plateformes d’associations locales. Ce sont donc une vingtaine d’UDAF impliquées de façons diverses dans le développement et la promotion du parrainage de proximité.

L’ENGAGEMENT DES UDAF DANS LE SOUTIEN À LA PARENTALITÉ

LireInterviewaussi croisée de 3 UDAF page 96 animatrices de REAAP article suivant sur les Actions des UDAF par typologie d’action page 100

Source : service TIC de l’UNAF® Novembre 2011

• une information sur les prestations familiales et sociales auxquelles elles peuvent prétendre,

• une information exhaustive sur l’offre de services existante sur un territoire donné,

• une offre de services destinés à accompagner les Toutesfamilles.lesUDAF ne se sont pas portées candidates à l’appel à projet lancé début 2012, mais toutes sont légitimes, de par la nature de leurs missions, à porter cette appellation, étant aux services des familles pour les informer et leur proposer un certain nombre de services. 15 UDAF sont labellisées.

Les maisons pour les familles sont un lieu unique, dans un territoire donné. Elles apportent une réponse globale à l’ensemble des besoins des familles par :

GUYANE MARTINIQUE LA REUNION MAYOTTE GUADELOUPE UDAF ayant obtenu l’appellation "Maison pour les familles"

Les Points d’Information Familles Il s’agit de lieux d’accueil, d’information et d’orientation destinés aux familles. Ils travaillent en partenariat avec les organismes et associations proposant des services aux familles. Plus d’une trentaine de PIF sont aujourd’hui gérés par les UDAF. Plusieurs d’entre elles se sont engagées dans l’animation des différents PIF d’un département ou dans le renforcement de l’information de proximité par le déploiement de relais PIF sur le territoire. Le label «Maison pour les familles»

95INITIATIVES TERRAIN

GUYANE MARTINIQUE LA REUNION MAYOTTE GUADELOUPE Départements dont l’UDAF gére un service PIF Départements dont l’UDAF gérera bientôt un service PIF

Source : DGCS® Février 2012

ACTIONS DU RESEAU UNAF-UDAF-URAF

L’UDAF 67 est actrice du REAAP depuis 1999 et nous sommes désormais co-pilote REAAP avec la CAF. La CAF anime le comité départemental et l’UDAF pilote le comité d’animation. Nous jouons ainsi un rôle naturel d’interface avec les associa tions. Dans le Bas-Rhin, la CAF porte réellement le REAAP : un chargé de mission REAAP a même été spécialement détaché sur le sujet ; comme cette même personne s’occupe du dossier médiation, cela facilite nos échanges.

96 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

Nous le voyons au jour le jour : le lien entre REAAP et CAF est nécessaire et c’est une chance pour l’UDAF d’être active à la CAF et dans le REAAP. Quand les pouvoirs publics ont coupé le budget des REAAP en 2009, la CAF a assuré la transition financière ; il a alors fallu se battre pour conserver le pilotage des REAAP, ce qui a été possible par le fait que le directeur de la CAF était convaincu de l’intérêt des REAAP et appréciait le pilotage asso ciatif. En 2011, nous avons signé une convention triennale pour l’animation des REAAP avec un budget de 27 000 euros.

Comment devient-on pilote ? Comment cela fonctionne ? Quel intérêt pour l’UDAF ?

Nous organisons un comité d’animation 3 fois par an dans des villes différentes afin de créer un maillage d’actions. Cette décentralisation permet de faire se rencontrer les acteurs entre eux pour développer des partenariats et des complémentari tés de proximité. Ce comité réunit tous les acteurs membres, financés ou non ; cela permet égale ment de remonter les besoins des familles. Quel est l’intérêt pour l’UDAF d’animer le REAAP ? En animant le REAAP, l’UDAF incarne un rôle naturel d’interface avec les associations. Beau coup de petites associations mènent des actions innovantes et très intéressantes à destination des parents. L’UDAF est là pour les réunir, les animer, les faire se rencontrer, les épauler si besoin. Cela nous permet aussi de faire connaître l’UDAF auprès de petites associations à but familial. L’an dernier, deux nouvelles associations sont deve nues membres par ce biais. D’un côté elles sont soutenues, de l’autre coté l’UDAF fait rentrer du sang Toutesneuf.les associations peuvent inscrire des ac tions de soutien à la parentalité dans le REAAP : le fait d’être association familiale n’est pas suf fisant. C’est parfois difficile de faire comprendre aux associations de l’UDAF qu’elles ne sont pas prioritaires et qu’elles doivent aussi monter des dossiers.

Quelle organisation dans votre département ?

Nous avons recueilli 4 témoignages d’UDAF animatrices de REAAP. Mieux connaître et se faire connaître des associations locales, assurer une meilleure dynamique des initiatives par un maillage en réseau, donner plus de voix aux actions menées par et pour les familles, aider les porteurs de projets, nouer des partenariats féconds, sont parmi les bénéfices soulignés. Toutefois, tous s’accordent aussi pour regretter la baisse des moyens alloués et souligner la nécessité d’expliquer aux politiques l’intérêt du soutien à la parentalité…

Les Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents ont été créés en 1999. Dans chaque département, les organisations diffèrent selon les engage ments des acteurs institutionnels et associatifs locaux. Les UDAF y sont souvent associées comme acteurs, et dans une douzaine de départements, elles en sont même pilotes. A la fois institutions et associations, ces UDAF ont alors une position idéale pour créer une dynamique entre les institutions (CAF, DDSP, CG), les acteurs comme les villes, les centres sociaux, et les associations locales, familiales ou non.

TÉMOIGNAGE DE JACQUES BUISSON, PRÉSIDENT DE L’UDAF 67

LE PILOTAGE DES REAAP PAR LES UDAF : LES BÉNÉFICES D’UNE IMPLICATION INSTITUTIONNELLE

Comment et depuis quand êtes-vous devenu pilote de la coordination du REAAP 67 ?

97INITIATIVES TERRAIN 05 Les perspectives Il faudrait que l’on puisse mieux accompagner les associations à comprendre et à appréhender la complexité du dispositif. Il faudrait également agir auprès des élus pour les convaincre que les actions de soutien à la parentalité permettent de prévenir les situations de crise. Trop souvent les efforts sont concentrés sur les actions ciblées comme la réussite éducative ou les CUQS. Or les actions généralistes comme les REAAP évitent à certaines familles de tomber dans l’urgence sociale. Il faut aussi faire comprendre qu’inves tir dans le bénévolat, c’est démultiplier l’action publique !

L’aspect institutionnel est parfois lourd pour les associations, mais on essaye de fluidifier. Les petites associations, à peine armées pour mener leurs actions, n’ont pas toujours la force de rendre compte, ce qui est une condition des REAAP.

Dès 1999, les services de l’Etat ont demandé à l’UDAF des hautes Alpes de piloter le REAAP pour notre connaissance des familles et des associa tions locales. Ainsi nous pilotons et coordonnons le comité d’animation qui regroupe la DDCSPP, la CAF, la MSA, le CG, la Ville de Gap, l’Inspec tion académique et les référents parentalité de bassin. Nous avons divisé le territoire en 6 bas sins, avec dans chacun d’entre eux un référent parentalité. Quelle organisation dans votre département ? En 2006, nous avons recruté une chargée de mission. En 2007, nous avons élaboré un dia gnostic et construit un plan triennal qui définit thématiques et grandes lignes d’actions. Les ac tions sont proposées par les associations et col lectées par les référents de bassin, qui sont des personnes en poste dans un service touchant à la famille, par exemple un « référent famille » dans un centre social ou un professionnel dans une crèche parentale. Quel est l’intérêt pour l’UDAF d’animer le REAAP ?

La circulaire concernant la coordination dépar tementale des dispositifs de soutien à la parenta lité sera une bonne chose pour elles, mais pour nous, il s’agira de rester pilote et non simple Certainsacteur.

Les difficultés La baisse des crédits de 40% en 2011 rend difficile la visibilité, la pérennité des actions et l’anticipa tion. Comme les moyens sont modestes, on parsème pour couvrir le territoire. Heureusement, la CAF a modifié ses règles budgétaires pour séparer budget de fonctionnement et budget d’innovation, ce qui nous permet de pérenniser des actions qui fonc tionnent déjà et de soutenir quelques initiatives.

Comment et depuis quand êtes-vous devenu pilote de la coordination du REAAP 05 ?

Cela nous a permis d’élargir nos partenariats avec les associations qui, sans forcément être fami liales, font du soutien à la parentalité et de faire connaître notre expertise dans tout le département. Nous nous sommes inscrits dans la durée auprès de nos partenaires. La CAF et la DDCSPP nous reconnaîssent pour notre technicité et nous re nouvelle leur confiance. Cette dynamique de ré seau nous a permis de développer un partenariat plus large pour soutenir la médiation, le conseil conjugal et l’animation du REAAP. Quels enjeux et quelles perspectives ? Je sais que dans d’autres départements, les UDAF n’ont pas toujours leur place au sein des REAAP.

parents en grande difficulté ne peuvent pas s’intégrer dans des actions généralistes. C’est pourquoi nous encourageons de plus en plus les associations à vocation plus sociale, huma nitaire et caritative à développer des actions de soutien à la parentalité. A mon avis, le principal enjeu est d’expliquer aux politiques l’intérêt du soutien à la parentalité.

TÉMOIGNAGE DE MYLÈNE ARMANDO, PRÉSIDENTE DE L’UDAF 05

ACTIONS DU RESEAU UNAF-UDAF-URAF

Elle consiste à :

• Faire une veille des nouveaux projets et porteurs de projets. Si les actions sont assez faciles à iden tifier en milieu urbain (essentiellement Amiens et Abbeville), elles sont moins visibles sur les ter ritoires ruraux. Cette mission est nécessaire à la dynamique de réseau mais elle se heurte à une réduction des enveloppes budgétaires.

1) le comité de pilotage composé des repré sentants des 5 co-pilotes ; il prend les décisions et donne les grandes orientations.

• Visiter les sites avec les membres du comité technique. Là, le rôle de l’UDAF est d’assurer la liaison entre les associations et les financeurs en aidant les uns à mettre en valeur leurs points forts et en guidant les autres vers les aspects posi tifs de l’action.

2) le comité des financeurs composé des 4 financeurs, qui arrête les propositions de financement

Nous sommes devenus pilote au 1er janvier 2011, mais l’Union Départementale des Associations Familiales des Alpes-de-Haute-Provence s’est tou Pouvez-vous décrire cette mission ?

• Elaborer un guide ressources qui recense toutes les actions financées. L’UDAF souhaiterait l’ou vrir à toutes les actions qui correspondent aux critères de la charte REAAP pour avoir un guide plus exhaustif à destination des parents, mais pour l’instant nous n’en avons pas les moyens. L’animation du REAAP est un point fort pour l’UDAF 80. Salariés et conseil d’administration souhaitent continuer à s’investir dans le disposi tif malgré le contexte financier particulièrement jourscontraint.intéressée de très près à l’accompagnement de l’ensemble des parents dans leurs fonctions de premiers éducateurs de leurs enfants. En effet, l’UDAF 04 s’est impliquée de façon continue dans plusieurs actions en lien direct avec la parentalité.04

TÉMOIGNAGE D’ ISABELLE TRAHAN, DIRECTRICE DE L’UDAF 04 80

• Accompagner les porteurs de projets.

• Organiser la journée départementale des por teurs de projets. Depuis 2 ans, elle s’est ouverte à tous les porteurs de projets (financés ou non) et aux partenaires. Elle a pour objectif de répondre à leurs interrogations et de valoriser des actions concrètes. Nous avons ainsi abordé des sujets tels que l’évaluation participative, la mobilisation des parents, et cette année la question du travail auprès des pères. En complément, nous souhai terions organiser une journée plus tournée vers les projets financés. Nous avons des idées de dé veloppement mais avec un budget en baisse, la priorité est donnée à l’existant.

98 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

TÉMOIGNAGE DE VIRGINIE L’ÉGLISE, ANIMATRICE REAAP 80

Quels partenaires et quelle organisation dans votre département ? Dans la Somme, nous sommes aujourd’hui 5 co-pilotes : 4 financeurs (DDCS, CAF, MSA et CG) et l’UDAF 80. Nous fonctionnons avec 3 instances.

3) le comité technique composé des référents techniques des 5 co-pilotes ; qui reçoit et exa mine l’appel à projets, émet des avis motivés, organise les visites d’évaluation, fait des propo sitions au comité de pilotage. Nous avons également, depuis 2008, un comité des partenaires composé de la jeunesse et sport, du droit des femmes, de l’inspection académique, la maison des ados et des référents des dispositifs CUCS. Ce comité préfigure l’évolution de la circu laire sur le pilotage des REAAP. Il a pour objectif de mieux connaître les différents dispositifs, d’échan ger sur nos pratiques et d’améliorer nos méthodes. Nous avons, par exemple, harmonisé nos dossiers d’appel à projets et avons désormais le même for mulaire Cerfa avec des annexes spécifiques par dispositifs (CLAS, REAAP, et CUCS). Notre prochain chantier sera l’application de la circulaire. Comment et depuis quand êtes-vous devenu pilote ? En 1999, à la création des REAAP, il y avait beau coup de partenaires autour de la table. La DDAS a très vite confié à l’UDAF le secrétariat puis le pilo tage du REAAP. La mission d’animation s’est peu à peu développée et de nouveaux financeurs ont rallié le dispositif. Il a fallu mettre en place l’organisation en 3 comi tés. Depuis 2 ans, la DDCS a repris le secrétariat des REAAP (notifications, arrêtés et comptes ren dus des instances), laissant ainsi à l’UDAF l’ani mation du réseau.

Comment et depuis quand êtes-vous devenu pilote de la coordination du REAAP 04 ?

• Auditionner les porteurs de projets au sein du comité technique.

L’UDAF siège donc au comité de pilotage, au co mité technique et au comité des partenaires. Cette mission d’animation correspond à un quart temps pour l’UDAF.

ACTIONS DU RESEAU UNAF-UDAF-URAF

Le Comité des Financeurs : Il est composé des représentants de la CAF, de la DDCSPP, du Conseil Général et de la MSA. Il permet l’existence du réseau en finançant le poste de coordinateur du REAAP et des actions « parentalité » mises en place par les associations. Il prépare « l’Appel à Projets » du réseau. L’UDAF y participe en appor tant un appui technique sur les stratégies de déve loppement du REAAP. Quelle est votre action ? Les missions de l’UDAF 04 sont de l’ordre du suivi, de l’animation et de la coordination de différentes instances de structuration du réseau. (CAD, comité de pilotage,…). La politique de soutien à la parentalité est une po litique ambitieuse et prioritaire pour laquelle l’en semble des partenaires est motivé. Le rapport du CAS (Centre d’Analyses Stratégiques) sur le thème montre bien à quel point les actions de parenta lité représentent des investissements d’avenir. Aujourd’hui, les moyens pour cette mission ont été revus à la baisse, ce qui précarise l’action de l’UDAF et montre le paradoxe entre l’utilité d’un tel outil pour le département et l’absence de moyens pour le pérenniser. ■

99INITIATIVES TERRAIN

Quel intérêt pour l’UDAF ? C’est un intérêt partagé. D’une part, nous appor tons à la coordination du REAAP 04 la force et la stabilité de notre réseau et de notre institution et nous y insufflons une nouvelle dynamique. Mais aussi en tant que représentante officielle des familles, nous donnons plus de voix aux actions menées par et pour les familles. D’autre part, le REAAP 04 apporte à l’UDAF 04 : il nous recentre sur la parentalité et nous donne plus de profondeur (multiplication des parte nariats, plus proche des besoins, des attentes, et des savoir-faire terrain). La richesse du REAAP est d’intervenir au plus près des familles dans le cadre d’un outil « généraliste ». Quelle organisation dans le 04 ?

Le pilotage concerté avec l’ensemble des parte naires s’organise autour de différentes instances : le comité des financeurs (CF), le comité de pilotage (CP), le comité d’animation départe mental (CAD) et les groupes locaux L’UDAF assure le pilotage de la coordination du REAAP en lien avec les besoins, les attentes et les savoir-faire existants ou à faire émerger, anime des « pôles » locaux et développe des actions dans des lieux où il n’y a pas d’associations familiales. Les groupes locaux : Y participent toutes les personnes qui le souhaitent : parents, membres d’associations, représentants de collectivités terri toriales, professionnels de l’accompagnement des familles…Ils sont l’occasion d’échanger autour de thématiques liées à l’exercice de la parentalité, de prendre connaissance des besoins des parents, d’élaborer des projets. C’est aussi un relai d’information sur les ac tions du secteur et du département. Les « réfé rents de secteur » organisent les réunions des groupes locaux. Ce sont des interlocuteurs ca pables d’accueillir et d’orienter les personnes et les structures au sujet du REAAP. Ces réfé rents participent aux CAD et aux Comités de Pilotage. Leur nomination se fait par les groupes locaux, laissant la possibilité que plusieurs « référents » soient choisis sur un même secteur. Le Comité d’Animation Départemental (CAD) : Il rassemble toutes les personnes qui souhaitent s’impliquer dans les projets d’animation d’enver gure départementale : parents, bénévoles, profes sionnels intervenants auprès des familles, repré sentants de collectivités, d’institutions locales ou nationales. Il se réunit deux fois par an pour élaborer une action départementale (semaine de la parentalité, exposition-jeu,…). Des groupes de travail spécifiques se constituent aussi en fonction des besoins : ainsi, le site internet du REAAP 04 est en construction par un groupe dédié. Le Comité de Pilotage : Composé des repré sentants de la CAF, de la DDCSPP, du Conseil Général et de la MSA de notre département, des représentants de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse) et de l’inspection académique, et des référents de secteurs du REAAP, c’est l’instance qui fixe les grandes orientations du REAAP. Lieu de réflexion et d’échanges entre les différents ac teurs, c’est là que se finalise « l’Appel à Projets » annuel. Il est l’interface entre le Comité d’Anima tion Départemental et le Comité des Financeurs.

Lors de la mise en place de la coordination du REAAP sur le département, l’UDAF a participé aux réunions préparatoires, et a proposé un pro jet de mise en œuvre du dispositif grâce au sou tien, l’appui et le partage d’expérience au sein de notre réseau (UNAF et UDAF). En 2006, nous nous sommes portés candidat à la mise en œuvre et au pilotage du dispositif REAAP 04 car cela semblait naturel aux salariés et administrateurs de donner un écho à la politique mise en œuvre par les pouvoirs politiques. Lors du second appel à candidature en 2010, l’UDAF 04 a été désignée comme pilote de la coordination départementale du REAAP 04, à la grande joie et satisfaction de l’ensemble de l’institution (administrateurs et salariés).

> UDAF de la Haute-Savoie - Conférences « Comment aider les parents face aux conduites à risque de leurs enfants ? » Après une définition des conduites addictives et des stu péfiants les plus courants, le thérapeute a développé les processus qui vont inciter un adolescent à consommer, les facteurs de protection et de vulnérabilité ou, comment cha cun en fonction de sa personnalité, de son environnement, de son histoire, est inégal face au problème. Il a proposé ensuite quelques pistes sur les réponses possibles des parents face à l’usage ou à la suspicion d’usage de leurs Leenfants.public, en majorité des femmes, quelques adolescents et de jeunes adultes en formation dans les carrières socioéducatives, s’est montré attentif, concerné. Les principales questions des parents tournaient autour de la prévention, de la banalisation de l’usage du cannabis, des signes de reconnaissance d’un consommateur habituel de drogues, de l’aide que l’on peut apporter à un enfant consommateur de substances psycho-actives, ou encore de la violence générée par la consommation de drogues. Chacune des soirées s’est terminée par un pot et une discussion libre, l’occasion de riches échanges en petits groupes. Des documents réunis par l’ADES 74 (plaquette sur les produits, sur les adresses et les numéros de té léphones, guides pratiques) ont été mis à disposition du public.

> UDAF de Paris - Conférences-débats « retour à domi cile après accouchement »

EXEMPLES D’ACTIONS MENÉES PAR LES UDAF PAR TYPOLOGIE D’ACTION En réunissant les parents autour d’une problématique, les UDAF démultiplient leurs actions, impliquent leurs associations membres, invitent leurs partenaires et s’affirment comme relais auprès des parents dans des domaines très divers. Réunions d’informations, confé rences débat ou cycle de formations, voici quelques exemples…

> UDAF de la Sarthe - Soirée-débat « parents/enfants face aux nouvelles technologies » Les enfants sont de plus de plus connectés sur Internet, parfois via leur téléphone mobile. Les jeux vidéo en ligne sont également en pleine croissance. Face à ces mutations, les parents et l’ensemble des éducateurs et professionnels qui interviennent auprès des enfants s’interrogent sur les dangers et les moyens d’en parler. Il s’agit effectivement de mieux connaitre les environnements et les outils numé riques, les opportunités et les dangers qui y sont liés et de mieux connaitre les pratiques des enfants en matière de média et nouvelles technologies. Enfin, il parait essen tiel d’échanger sur le rôle des parents dans ce nouveau contexte numérique. Les soirées-débats ont débuté sur les relations parentsenfants dans le cadre des nouveaux moyens de commu nication et ont permis d’aborder l’ensemble des champs Internet, blogs, chats, jeux vidéo en ligne, en proposant des clés de compréhension aux parents. Différentes pla quettes, réalisées par l’UNAF et Microsoft France, ont été distribuées aux participants. Un bilan qualitatif et quantitatif a été dressé par l’UDAF indiquant l’intérêt porté au débat et des articles ont été publiés dans la presse « Maine Libre » et « Ouest-France ».

POUR LES PARENTS

L’UDAF a constaté qu’il y a un manque de soutien et d’accompagnement des parents lors du retour au domicile après l’accouchement. Ce besoin a été exprimé dans un questionnaire envoyé à chaque patiente dans les 3 mois suivant l’accouchement. Elle a donc décidé de mettre en place des actions auprès des futurs et nouveaux parents qui répondent à leurs préoccupations et qui valorisent leurs compétences tout en développant une forme de solidarité parentale.

> UDAF de la Sarthe - Soirée-débat « Nouveaux pères, nouveaux repères » Qu’arrive-t-il aujourd’hui à notre société pour qu’elle s’in terroge sur la place des pères ? Dans les familles actuelles, de « nouveaux pères » viennent redéfinir la fonction paren tale, les rôles des mères, et donner un sens novateur et très concret à la définition de père. Il est apparu opportun de donner des pistes de réflexion aux familles et débattre de la place des pères aux côtés d’un enfant après la séparation du couple. Violaine Godart, responsable de la formation des RÉUNIONS ET SOIRÉES DÉBAT

100 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

1/ DES CONFÉRENCES,

ACTIONS DE SOUTIEN À LA PARENTALITÉ MENÉES PAR NOTRE RÉSEAU UDAF/URAF/UNAF

> UDAF de la Sarthe - Soirée débat : « Manges-tu avec nous ce soir ? » L’objectif de cette soirée débat est de répondre aux inter rogations des parents et de débattre de la relation parentadolescent à travers l’alimentation. L’adolescence est en effet une période de croissance rapide. A ces transfor mations physiques, interviennent de nouvelles habitudes alimentaires, souvent pour des raisons psychologiques (influences des pairs, rejet des contraintes familiales, re cherche d’identité, d’autonomie….), d’où période à risque et déstructuration possible.

L’UDAF du Rhône en partenariat avec l’ANPEIP du Rhône a organisé une conférence en mars 2012 à Lyon. Les familles, mais aussi les étudiants et professionnels de l’enfance sont venus partager les connaissances et expériences de trois intervenants reconnus, spécialistes de ces questions. Elisa beth Nuyts, pédagogue du langage, a expliqué comment ai der l’enfant à se concentrer pour intégrer les apprentissages scolaires. Laurence Vet, chef d’établissement, a présenté le dispositif d’accueil spécifique d’un collège du Rhône et Fabrice Bak, psychologue cognitiviste, a évoqué des moyens visant à aider l’enfant à garder son fort potentiel.

> UDAF du Puy-de-Dôme - Conférence-débat et ateliers « les jeunes mangent mal, les personnes âgées pas assez… »

L’UDAF travaille sur la thématique de la nutrition par sa convention d’objectifs triennale. Une conférence débat a eu lieu en mars 2009 sur le thème « les jeunes mangent mal, les personnes âgées pas assez… ». Elle a été le point de départ d’un travail sur deux ans ayant abouti à la promotion du Plan National Nutrition Santé au travers du « manger-bouger ». Deux campagnes d’affichages sur les bus ont été réalisées, l’une sur « je marche au moins ½ heure par jour – je descends une station avant ma destination », l’autre sur l’Indice de Masse Corporelle « je prends du poids, je ne bouge pas assez ». L’UDAF a répondu favorablement aux sollicitations du Conseil géné ral pour réaliser à ses côtés des interventions sous forme d’ateliers sur la nutrition. Ces interventions ont lieu en 2012 dans des zones rurales, dépourvues d’actions de ce type (« zones blanches » repérées par le C.R.AM. notamment) ; des personnels qualifiés, conseillers en économie sociale et fami liale, interviennent. > UDAF de la Marne - Conférence « Adolescence, les nouveaux comportements à risque : mieux comprendre pour mieux éduquer et mieux communiquer » « Adolescence, les nouveaux comportements à risque : mieux comprendre pour mieux éduquer et mieux communiquer » : un vaste sujet plus que jamais d’actualité avec l’utilisation

ACTIONS

DU RESEAU UNAF-UDAF-URAF

> UDAF du Rhône - Conférence « l’enfant à haut potentiel intellectuel » On les appelle « Enfants Intellectuellement Précoces », « Enfants à Haut Potentiel Intellectuel ». Ils sont avant tout des enfants que leur famille aime et essaie de rendre heu reux. Or il n’est pas simple de favoriser leur intégration, de permettre leur épanouissement.

> UDAF de la Sarthe – Soirée-débat sur l’orientation scolaire Choisir son métier et la formation qui y mène est un choix primordial pour chaque jeune dès la classe de 3e. Il est néces saire d’accompagner les parents pour qu’une aide à l’orienta tion de l’enfant puisse être mise en place, en tenant compte de ses centres d’intérêt, de ses goûts et de sa personnalité, sans se limiter aux seuls résultats scolaires. Bernard Lemonnier, psychothérapeute et intervenant en parentalité a développé plusieurs thèmes au cours d’une soirée interactive qui s’est tenue à l’UDAF. Il s’est interrogé sur les moyens de reconnaitre le type d’énergie et d’aptitude que chaque enfant développe, de détecter et comprendre ses premiers choix d’instinct et en outre de l’information qu’il est nécessaire de fournir, en com battant les idées reçues et en permettant aux enfants d’expé rimenter des situations nouvelles.

> UDAF de Loire-Atlantique - Rencontres et débats « Jumeaux et + 44 » « Jumeaux et + 44 » a pour but de vaincre l’isolement des familles d’enfants issus de naissances multiples, de les infor mer et de leur offrir des moments d’échange et de détente. L’action porte sur l’entraide morale et le soutien matériel. Des rencontres et débats sont organisés pour permettre aux pa rents de partager leurs expériences et d’échanger du maté riel de puériculture. Une sage-femme intervient fréquemment pour répondre aux interrogations médicales ou angoisses des parents (grossesse, allaitement, néonatalité…).

> UDAF de l’Allier - Conférence-débat « donner un enfant à une famille ou donner une famille à un enfant ? » L’adoption est d’abord un geste d’amour qui permet à la fois de donner un enfant à une famille et une famille à un enfant. Toutefois, les conséquences patrimoniales et successorales de cet acte doivent être étudiées avec soin afin de préserver à la fois les intérêts du nouvel arrivant et ceux de la famille toute entière. Cette soirée destinée à informer les familles sur les démarches et les aides dans le cadre de l’adoption d’un enfant, s’est déroulée en 2009 à Moulins. Sont interve nus François Edouard, Administrateur de l’UNAF en charge des questions liées à l’adoption ainsi que le responsable du service d’Aide Sociale à l’Enfance du département de l’Allier.

101INITIATIVES TERRAIN médiateurs familiaux au CECCOF, a abordé l’histoire socio logique et juridique de la famille, l’évolution de la place des pères et la place des pères lors d’une séparation de couple. Cette soirée s’est tenue au Point Info Famille de l’UDAF et a réuni des personnes de l’ensemble du département.

> UDAF des Landes - Conférence-débat « le han dicap : quelles solutions au quotidien pour les aidants familiaux ? » Après un débat sur les aidants familiaux des personnes âgées, l’UDAF a organisé une conférence à Mont-de-Mar san consacrée aux aidantsfamiliaux auprès des personnes handicapées : « le handicap : quelles solutions au quotidien pour les aidants familiaux ? » Un partenariat avait été établi avec l’ADAPEI des Landes, l’Association des Paralysés de France (APF), et le Conseil général. Rompre l’isolement des familles touchées par le handicap, engager le dialogue entre les associations, les familles, le Conseil général, pour ouvrir des perspectives propres à soulager les aidants, les accom pagner, et par là même optimiser les conditions de vie des « aidés », tels étaient les objectifs de cette réunion. Plus de 80 participants, de nombreuses questions autour des quatre thèmes retenus : La reconnaissance de l’aidant familial et son statut, les relations de l’aidant familial avec les profession nels, « l’après aidant familial » : quelles prises en charge ? », le répit de l’aidant familial : les temps, les lieux et les dis positifs.

> UDAF du Val-de-Marne - Rencontres trimestrielles « Questions de familles » L’UDAF est à l’initiative de l’action, créateur du dispositif, où familles et professionnels se rencontrent une fois par trimestre, et co-porteur de chaque rencontre avec des asso ciations et/ou partenaires institutionnels. L’objectif est de permettre aux familles d’identifier les structures pouvant les accompagner au plus près de leur domicile. Ces rencontres-débats permettent aux familles d’échanger en trois séquences qui progressent du plus général au parti culier, par exemple : films de sensibilisation, interventions de spécialistes, questions avec la salle.

Pour aider les parents, l’UDAF a organisé en 2011 pour la troisième année deux réunions d’information sur les problèmes des conduites addictives ; elles ont réuni une centaine de personnes. Tous les aspects du problème sont abordés (pénal, psychologique, éducatif) lors de ces ren contres où médecins et policiers interviennent et répondent aux questions du public. L’inquiétude des parents est chaque année un peu plus forte. Tiraillés entre la certi tude de devoir fixer des règles et la crainte de se heurter à un refus de dialogue avec leurs enfants, ils recherchent conseils et appui.

> UDAF de l’Allier - Université des Familles « face aux jeux dangereux : quelle attitude parentale ? » Les familles doivent être informées sur le phénomène des jeux dangereux (jeu du foulard, rêve indien, jeu de la to mate,..) afin de favoriser le dialogue intrafamilial et de faire évoluer leurs comportements. Pour diffuser l’information la plus large possible aux familles, l’UDAF de l’Allier a choisi de faire une université des familles (conférence publique, diffusée sur internet avec question des internautes). L’objectif : déculpabiliser les parents qui ne sont ni respon sables ni coupables et ne connaissent souvent même pas les symptômes et signes pouvant les alerter. Une première session a été montée en novembre 2010 avec l’interven tion de l’Association de Parents d’Enfants Accidentés par Strangulation et d’un médecin conseiller technique de l’Ins pection Académique de Saône-et-Loire. > UDAF de l’Ardèche - Cycle de conférences de la Famille : « le monde des ados » L’UDAF de l‘Ardèche organise une série de conférences de la famille sur l’adolescence du 1er janvier au 1er novembre 2012, à destination des parents et grands-parents. Qui sont nos adolescents ? Quel est le rôle réel de la famille, de l’école, du milieu social, de la bande de copains dans les goûts et les choix ? Comment passe-t-on du stade de fan de la télévision à celui de virtuose du virtuel ? Pourquoi garçons et filles se rencontrent ils tardivement ? Comment finalement, les ados du XXIe siècle prennent-ils leur envol ? Plusieurs problématiques seront donc abordées afin de donner quelques clés aux parents parfois démunis : le pre mier chagrin d’amour ; le cyber harcèlement entre ados ; Ados, arrogants et fragiles à la fois ; Que dire face à l’ivresse de son enfant ? > UDAF de l’Orne - Soirées-Débats Parentalité Les lieux d’écoute et d’appui destinés aux parents, notam ment en milieu rural, sont trop peu nombreux. Il s’agit d’aider les parents dans leur rôle d’éducateur en favorisant les échanges, avec l’apport d’un professionnel tout en appor tant des réponses à leurs interrogations. L’UDAF et Familles Rurales organisent donc des soirées-débats à la demande de groupes de parents ou de structures proches des familles : entre vingt et vingt-cinq soirées sont programmées chaque année. Ouvertes à tous et gratuites, les soirées débats per mettent aux parents de se retrouver, d’échanger et de s’autoformer. Les thèmes abordés sont fixés à la demande des as sociations ou structures locales partenaires. Un intervenant professionnel, choisi en fonction du thème retenu, anime le débat à chaque rencontre. Les familles sont contactées par voie de presse, affiches et tracts distribués dans les commerces et les établissements scolaires de la commune. Les participants peuvent laisser leurs coordonnées pour être invités lors de nouvelles soi rées. Une enquête de satisfaction systématique, nous permet de mieux connaître le public présent, de mieux cerner les attentes des parents et des professionnels, de préparer les futures séances, d’améliorer la communication.

Les principaux partenaires sont la CAF, les Associations Familiales, les Maisons Familiales, le BIJ, les relais d’assis tantes maternelles, le centre social de Courteille, le Centre Maternel ainsi que des écoles. > UDAF de l’Orne - Conférence départementale annuelle Chaque année, l’UDAF organise une conférence dépar tementale animée par une personnalité connue. La Com mission parentalité s’efforce d’analyser et de prendre en compte les remarques faites par les familles dans les enquêtes de satisfaction tant du point de vue du thème retenu que de la préparation technique de la rencontre. Les thèmes abordés lors des conférences départementales ont été les suivants : Vie affective et sexuelle des jeunes (par Ingrid Lebeau), Un métier tout à fait possible : parents d’adolescents (par Michel Fize), Enfants, parents, profes sionnels… la juste place de chacun (par Jean Epstein), La place du père (Aldo Naouri), L’autorité retrouvée (par le Dr Pleux), Savoir dire non (par le Dr Delaroche), Nos enfants et les écrans (par Jean-Pierre Quignaux). Entre 200 et 250 personnes assistent en moyenne à cette conférence.

> UDAF de la Loire - Emission radio sur les jeux vidéo : « mode d’emploi ! Parent branché, enfant protégé ! » De plus en plus, les jeux vidéo se taillent la part belle au pied du sapin. Comment les familles vivent-elles le jeu vidéo à la maison ? Quelles sont les astuces pour gérer le temps de jeu de nos enfants ? Comment faire pour choisir les jeux vidéo ?

Michel Bonnet, expert universitaire en multimédia, a donné aux parents ligériens les clés de compréhension de cet uni vers pour mieux accompagner leurs enfants. Depuis 2 ans maintenant, l’UDAF de la Loire, dans le cadre d’une convention avec la radio RCF, et dans un souci d’ani mation de son réseau, sollicite ses associations familiales pour enregistrer une émission par mois. Les dernières émissions peuvent être réécoutées à partir du site de l’UDAF. > UDAF de la Manche - Réunions d’information sur la toxicomanie Franchir le cap de l’adolescence n’est pas facile ; durant cette période, de nombreux adolescents ont recours à toutes sortes de drogues. Les adultes se sentent souvent impuissants devant les pratiques de leurs enfants, qu’il s’agisse de toxicomanie, d’alcoolisme ou de tabagisme.

102 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

des nouvelles technologies, qui suscite de nombreuses inter rogations et inquiétudes de la part des parents tout comme des L’UDAFprofessionnels.delaMarne a choisi ce thème pour organiser sa pre mière Conférence départementale de la Famille, en partena riat avec le Conseil général. Après la restitution de l’Obser vatoire des Familles sur « la vie des parents au quotidien », qui illustrait le désarroi des parents face à leurs ados en diffi culté, des spécialistes (Yann Leroux, Docteur en psychologie, Dr Xavier Pommereau, psychiatre, spécialiste de l’adoles cence), sont venus apporter leurs approches innovantes et de nouveaux éclairages aux participants.

En plus des invitations régulières faites aux familles, cer taines UDAF ont ouverts des espaces d’accueil et d’information réels ou virtuels. Points Info Famille, sites internet, émissions de radio, documentations, les UDAF innovent pour répondre aux attentes des parents.

> UDAF d’Ille-et-Vilaine - Service « Parents ensemble » Ce service s’adresse aux adultes de tous horizons géogra phiques, socioprofessionnels et culturels - qu’ils soient pères, mères, beaux-pères, belles-mères, acteurs dans la vie des familles - qui rencontrent une difficulté ponctuelle dans leur relation avec leur enfant ou adolescent. « Parents ensemble » est un lieu ouvert où les parents peuvent, dans une démarche active, se rencontrer pour valoriser leur rôle et leur compé tence, rompre leur isolement, partager leurs difficultés et aussi s’informer sur d’autres structures répondant à leur demande.

103INITIATIVES TERRAIN

> UDAF des Côtes d’Armor - Point Info Famille Le service SVP familial de l’UDAF a été labellisé en 2005 Point Info Famille. Ce label a été renouvelé en 2009. Les moyens mis à la disposition du public sont :

• un local accessible à tous où des mouvements familiaux tiennent des permanences d’information sur les thèmes de la dyslexie (APEDYS), de la consommation (Familles Rurales) et du veuvage (FAVEC 22) ;

2/ SERVICES ET OUTILS À DESTINATION DES FAMILLES ACTIONS DU RESEAU UNAF-UDAF-URAF

« Parents Ensemble » est animé par trois professionnelles de l’écoute (psychologues) qui se donnent pour mission d’aider les parents à trouver leur propre solution aux difficultés qu’ils rencontrent. Le service propose, dans ses locaux, des perma nences, avec de l’accueil individualisé, et des entretiens avec un professionnel. Le service est également sollicité pour intervenir lors de confé rences ou de réunions de groupes de parents organisées par des associations familiales, la CPAM, des écoles, des crèches, des centres socioculturels... Une vingtaine d’interventions sont réalisées chaque année. Le service Parent ensemble suit dif férentes actions partenariales, en participant à des groupes de travail ou en intervenant auprès de professionnels : partenariat avec le CDAS de Saint Malo, pour l’organisation d’actions de parentalité sur la ville - Communauté de Communes de la Côte d’Emeraude - Rotary-Club de Cesson Sévigné - Groupe de pilotage « Droits de l’Enfant » avec la ville de Rennes. > UDAF de la Lozère - Portail Info Internet et chronique radio L’UDAF a mis en place un site internet d’information aux familles, accessible depuis son site. L’objectif est triple : il s’agit en effet d’accompagner par l’information les familles dans leurs responsabilités, faciliter les démarches des parents cherchant à mieux concilier vie familiale et professionnelle, et a fortiori de rendre accessible l’information locale à partir des nouvelles technologies. Près de 8000 visiteurs ont été comptés en 2011. Une rubrique « guide droits et démarches » fait l’objet d’une mise à jour régulière pour informer les visi teurs des dernières évolutions en matière de droits sociaux. En 2011, 69 articles ont été transmis à la presse locale pour rendre accessible l’information locale et nationale (pensions de réversion, revalorisation des retraites complémentaires, informations reléguées par l’UNAF et ses partenaires…). Par ailleurs, une chronique d’information juridique est réalisée tous les lundis sur les ondes d’une radio locale. La fréquentation du site a été multipliée par 4 par rapport à l’année 2010.

> UDAF de l’Ain - Point Info Famille Hébergé dans les locaux de l’UDAF, ce service bénéficie de puis 2006 du label Point Info Famille (PIF). Un partenariat a été tissé sur une partie du territoire où des antennes PIF ont été mises en place. Les familles sont reçues par les bénévoles ou les salariés des services concernés. Le partenariat avec la CAF permet de faire bénéficier le personnel de formations spécifiques. De plus, un portail internet dédié au PIF est mis à jour sur toutes les questions dont les familles peuvent être porteuses. Les informations figurant sur ce site sont validées avant publication par comité de pilotage PIF où siègent des re présentants de la Caisse d’Allocation Familiale, de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et les administrateurs de l’UDAF qui représentent l’institution auprès du REAAP. Les familles sont orientées vers les professionnels du droit ou vers les organismes compétents (associations de consomma teurs ou spécialisées, maison de l’adolescent, CAF, MSA, etc.).

• un point de consultation Internet ;

• un fonds documentaire avec un classement des services aux familles et aux particuliers consultable sur place et organisé par thème : consommation, santé, logement, vacances, loi sirs, famille, vie associative…

> UDAF de la Mayenne - Labélisée Maison pour les Familles Depuis de nombreuses années, des dispositifs d’information, d’accompagnement et de soutien aux familles ont été mis en place au sein de l’UDAF53. Membres du Réseaux d’Ecoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents (REAAP), l’UDAF propose de nombreux services : la parentalité (cafés parentsateliers habilités parentales, éducation aux médias, sensibilisa tion sur les dangers d’internet ceci, d’ailleurs, depuis 2006), la médiation familiale, l’aide éducative budgétaire, le micro crédit social, l’aide aux tuteurs familiaux, la médiation locative, un service de consommation, et le dispositif lire et faire lire…. De plus, l’UDAF dispense une information exhaustive auprès des Mayennais sur l’offre de services existants et sur toutes les prestations auxquelles ils peuvent prétendre. Obtenu en 2012, le label « Maison pour les Familles » contribue à une meilleure prise en charge et à une meilleure lisibilité pour les familles du département de la Mayenne.

> UDAF de la Haute Saône - Emission « Parents, à vous l’antenne » Concilier vie professionnelle et vie familiale n’est pas toujours chose simple. Afin d’apporter une aide, un soutien, une écoute aux parents tout en ne bouleversant pas leur organisation jour nalière, l’UDAF anime une émission de radio « Parents ! A vous l’antenne » avec une psychologue, diffusée tous les 3èmes mar dis de chaque mois en milieu de matinée sur Fréquence Amitié Vesoul 91.3 FM. Pour assister les parents dans leur fonction éducative, chaque émission porte sur un thème particulier, « punition, sanction, comment faire ? », « devenir parent », « le look des ados », « les jeux, prétexte à la violence »... Afin de préparer l’émission, les parents qui souhaitent poser leurs questions sont invités à laisser leur message sur le site internet de l’UDAF 70.

• le soutien direct aux familles et leur accompagnement dans la vie quotidienne par l’organisation d’un groupe de soutien familial ;

104 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

> UDAF de l’Orne - Bibliothèque ambulante « parentalité » Suite aux soirées-débats organisés dans le cadre de l’action « parentalité », les parents sont à la recherche de documents écrits. Il s’agit d’offrir la possibilité aux parents d’emprunter gratuitement des livres traitant de l’enfance, de l’adolescence, de la vie familiale, de l’éducation et de mettre à leur disposition des fiches rédigées par les inter Cettevenants.bibliothèque ambulante est constituée d’une quaran taine d’ouvrages et est régulièrement étoffée. Elle est mise à disposition des structures petite enfance et des associa tions qui en font la demande. Elle reste sur place quelques semaines afin de permettre aux parents d’emprunter plu sieurs livres.

• un groupe d’échange à destination des jeunes adultes cérébro-lésés ;

> UDAF du Nord - « site internet interactif www.mieux consommeralamaison.com » Les familles sont quotidiennement confrontées à une ges tion de plus en plus rigoureuse de leur budget. L’UDAF a souhaité les aider à moins ou mieux consommer dans leur vie L’UDAFquotidienne.duNord a voulu apporter aux familles une infor mation actualisée sur les économies qu’elles peuvent faire (diminuer leurs consommations et leurs factures) tout en les sensibilisant aux gestes éco-citoyens. Toutes les familles sont concernées, notamment celles des centres sociaux qui ne sont pas toujours en capacité de faire la démarche seules pour obtenir l’information, ni de se déplacer auprès des professionnels, ainsi que les as sociations adhérentes à l’UDAF. Un site internet interactif sur les économies d’énergies a donc été créé. Diverses actions collectives sont organisées dans les centres so ciaux ou les écoles de consommateurs ; des affiches et des flyers sont diffusés auprès des familles et partenaires pour faire connaître cet outil.

• un programme d’aide à la parentalité des parents céré bro-lésés ;

Les enfants bénéficient d’un apport spécifique sur le han dicap du parent, dans le respect de la relation, et pour donner des éléments de compréhension face aux pertes de mémoire et aux comportements difficiles. Les interventions d’une psychologue et d’une animatrice ont donc visé à mobiliser, soutenir et renforcer la dyna mique psychique individuelle, avec des effets attendus pour les parents concernés.

En plus petits comités, ces groupes composés de familles directement concernées favorisent l’échange et le travail sur soi. > UDAF de la Creuse - « Etre parents : questions et réponses dans le caddie»

L’UDAF de la Creuse a organisé deux journées d’informa tion et d’échanges en allant à la rencontre des familles dans une galerie marchande d’un grand centre commercial pour leur présenter et échanger avec eux sur les résultats d’un diagnostic mené sur les besoins et les attentes des parents en matière d’éducation, de scolarité, d’isolement et de bienêtre de l’enfant. Au total, une trentaine de structures ont été sollicitées et une douzaine d’entre elles se sont relayées ces deux jours aux cotés de l’UDAF, pour échanger sur des ques tions de parentalité, communiquer sur des actions existantes et compléter ainsi le diagnostic. Cette action de communi cation a permis de toucher davantage de familles de milieux différents, même si cela n’était pas une démarche facile. Environ 80 familles ont ainsi pu prendre part à la réflexion et être informées des réponses proposées en termes d’actions par les partenaires présents.

• le développement d’un dispositif global d’accompagne ment basé sur des progrès médico-sociaux (accueil de jour et équipes mobiles d’accueil de jour) et l’émergence d’un dispositif locatif à destination des personnes céré bro-lésées ; Le parent cérébro-lésé a besoin d’une médiation à la rela tion pour construire une histoire commune avec son enfant et amortir les comportements atypiques. Le jugement de valeur lié à la méconnaissance de l’état sequélaire conduit à une exclusion de fait.

Le but est de permettre aux parents d’avoir un recueil de thèmes divers, de réponses à des questions. A la lecture, ils se sentent éclairés mais ni jugés, ni contraints.

3/ ATELIERS, GROUPES DE PAROLES ET CAFÉ DES PARENTS

> UDAF du Bas-Rhin - Action « être parent après un accident de vie » Cette action d’accompagnement à la parentalité s’inscrit dans une démarche visant à prévenir les conséquences de la cassure entre parents et enfants qui se produit lors d’un accident de vie. Il s’agit d’un accompagnement à la parentalité des per sonnes cérébraux-lésées en lien avec l’association des familles de traumatisés crâniens et cérébro-lésés. Une démarche globale d’accompagnement basée sur 4 axes complémentaires est proposée aux familles :

> UDAF de l’Orne - Des livrets « Être parent : petits tracas et grand bonheur » Entre 700 et 800 livrets sont distribués chaque année. Ils comprennent des fiches techniques, mais faciles à lire, relatives à l’exercice de la responsabilité parentale. Ils abordent des thèmes variés : l’autorité (3 fiches), la télé vision (2 fiches), les peurs, les abus sexuels, la scolarité, le deuil, le mensonge, les grands-parents, les conflits, le sommeil, l’agressivité, le doudou, les conduites à risques, l’estime de soi, la drogue, Internet (2 fiches). Les livrets sont distribués lors des différentes rencontres que nous organisons à travers le département et sont mis à la disposition de tous. Des livrets sont également fournis à des structures comme les maternités, les établissements scolaires, SAST….

UDAF de la Mayenne - Ateliers sur l’écoute parent/ enfant Le REAAP a organisé en 2008, une conférence avec la participation du Dr Sophie Benkemoun sur le thème « parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent », et le succès de cette conférence a été tel qu’il a conduit à proposer des ateliers, afin de permettre aux parents et adultes d’améliorer leur mode de communication avec leurs enfants. L’objectif est d’accompagner les parents dans l’exercice de la fonction éducative parentale en leur fournissant des méthodes de communication pratiques et efficaces dans les relations aux enfants. Ce dispositif touche tous les parents qui souhaitent rendre leurs enfants plus humains et autonomes. Il s’agit aussi d’aider les enfants à accepter des sentiments pénibles de frustration, de colère ou de déception et de les encourager à être responsables de leur comportement.

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> UDAF des Hauts de Seine - Café des parents « Parents et enfants, des questions chaque jour » La Maison de la Famille des Hauts-de-Seine / UDAF 92, l’association La Passerelle et La Maison de l’Amitié de Saint-Cloud ont organisé un cycle de six « cafés des parents » au premier semestre 2011. Ces groupes de pa roles, animés par une psychologue ont permis aux parents d’échanger librement sur les difficultés ou les questions qu’ils se posent pour l’éducation de leurs enfants, les re lations intergénérationnelles, la place du couple, leur rôle d’éducateurs… Les cafés des parents mensuels (jeudis de 14h à 16h) avaient des thèmes concernant tous les pa rents, quelque soit leur classe sociale, demeurant à SaintCloud ou sur les communes limitrophes. Les échanges ont permis d’évoquer d’autres sujets que ceux proposés en début de réunion, et les participants ont demandé de reconduire cette action.

> UDAF du Bas-Rhin - « Cafés-parents » Ces rencontres s’articulent autour d’un moment de pré sentation du sujet suivi d’une discussion libre. Elles per mettent aux parents de sortir de l’isolement, d’échanger sur des problématiques rencontrées, de dédramatiser les situations rencontrées, de valoriser les rôles et compé tences des parents. Elles permettent d’aborder diverses thématiques liées à l’éducation des enfants : l’autorité et les limites dans l’éducation ; drogues, alcool, enfants en danger ; la famille monoparentale ; premiers émois, premiers amours ; l’argent de poche ; l’alimentation des jeunes…

> UDAF du Bas-Rhin - Rencontres et ateliers « bébé s’annonce... bébé est là… bébé grandit » Suite à l’arrivée de bébé, l’UDAF a constaté la difficulté pour certains parents de choisir parmi la multitude de ren seignements (tous supports confondus) celui qui semble le plus approprié. Ceci semble aggravé par le manque d’échanges, la solitude des mamans avant et après la naissance. L’action de l’UDAF vise à d’accompagner les futurs jeunes parents dans l’étape du « devenir parent » ; les actions proposées commencent lors de la grossesse jusqu’aux trois-quatre ans de l’enfant. Le projet se décline en 2 types d’animation : des rencontres et des ateliers animés par différents professionnels de la petite enfance (pédiatres, éducateurs de jeunes enfants, ostéopathe, sage femme…). Les sujets des rencontres – qui se déroulent 2 fois par moissont très divers : l’annonce de l’arrivée de bébé, l’allaitement, la préparation de la chambre de bébé (les parents sont proje tés dans la réalité de la venue d’un enfant), porter et masser le bébé, l’autorité, le langage, le jeu, la rivalité entre frères et sœur, l’arrivée d’un 2ème enfant, les difficultés de séparation, les rites d’endormissement, l’alimentation, la vie du couple et la famille élargie.

Les ateliers regroupent un nombre restreint de partici pants qui acceptent de se retrouver durant 7 rencontres pour réfléchir à des outils permettant d’améliorer les communications et relations parents-enfants. Les ren contres durent 2h30 en moyenne et s’articulent autour de 3 grands temps : la prise de conscience (réflexions autour de réactions spontanées), les BD, les exercices. Des lectures sont proposées et les participants sont invi tés à tester les habilités auprès de leurs enfants (un travail à la maison est toujours demandé en fin de rencontre).

> UDAF du Bas-Rhin - Atelier parents/enfant autour de la création d’un raconte tapis L’objectif de l’UDAF est de favoriser les échanges et les rencontres entre des familles d’horizons culturels et so ciaux variés et de renforcer la place du parent dans la vie du quartier à travers différentes actions. Il s’agit aussi de favoriser la socialisation de l’enfant, le préparer à la vie en collectivité, à l’entrée en école maternelle, soutenir et ren forcer le lien parent-enfant par le biais d’activités d’éveil.

ACTIONS DU RESEAU UNAF-UDAF-URAF

105INITIATIVES TERRAIN

> UDAF de la Mayenne - Cafés-Parents Les objectifs des cafés parents sont de dédramatiser et de se rassurer à l’écoute des expériences des autres. C’est aussi un moyen de créer du lien avec d’autres parents et de rompre l’isolement. Les rencontres durent en moyenne 1h30. Les thèmes sont choisis en fonction de la demande des familles.

> UDAF de l’Aude – Atelier en partenariat avec l’asso ciation Part’Age L’UDAF travaille en partenariat avec l’association Part’Âge, qu’elle accueille au sein de ses locaux depuis mai 2011. Une salle est mise à disposition de Part ‘Âge pour que les parents puissent assurer leur transmission sous forme d’ateliers ou d’animation : Son et Mouvement, Jeux en famille, Théâtre, Signe2mains etc. Il s’agit une structure d’échange de savoirs et savoir-faire entre parents pour des parents et leurs enfants avec comme fil rouge « Don ner et Recevoir ». Ses spécificités sont la mixité des âges, des cultures et des niveaux sociaux de toutes les familles pour permettre à chacun de s’investir à son niveau ; et l’itinérance des ateliers sur le carcassonnais dans le but se rapprocher des familles et élargir le réseau de solidarité. Les objectifs de ce partenariat sont de se rapprocher du public de l’UDAF et de leur permettre d’intégrer les acti vités. Certains parents et enfants reçus dans la structure sont attirés par les bruits du groupe et intrigués, viennent se L’UDAFrenseigner.souhaite développer plus d’activités et mettre en place des activités plus ciblées telles que «Cuisinons en semble » ou « Comment préparer ses produits d’entretien soi-même ?» afin de rassembler les publics autour d’une idée commune et étendre le réseau de solidarité.

• Contribuer à un « mieux être » parental des jeunes pères et mères en les laissant s’exprimer dans un espace d’échange ; les accompagner à formuler la nécessité d’inscrire leur enfant dans leur filiation.

Le rythme mensuel et les horaires sont déterminés en fonction des contraintes familiales, après le début de l’école et avant la pause de midi. Les groupes de parole se déroulent dans des centres d’accueil pour demandeurs d’asile, des foyers ou au sein du CASAS (collectif pour l’accueil des solliciteurs d’asile à Strasbourg).

• Restaurer une identité sociale et valoriser les capacités parentales afin d’éviter les dysfonctionnements de la relation mère/enfant et de prévenir les maltraitances et/ ou placements ;

> UDAF de la Mayenne - Ateliers Familles et Médias Ils sont destinés à mieux comprendre Internet pour mieux dialoguer, éduquer et protéger ses enfants. Leurs objectifs est d’informer sur les droits et devoirs liés à l’utilisation d’Internet et sur la manière de protéger ses enfants. Ils donnent également des informations clefs à faire passer aux enfants et permettent un échange d’expériences entre parents. Les ateliers se mettent en place à la demande de structures départementales, d’associations ou de groupes de parents et sont destinés aux adultes et aux jeunes.

Les parents peuvent ainsi faire connaitre et transmettre les histoires traditionnelles de leurs pays d’origine à leurs enfants et à d’autres familles. Le raconte tapis est aussi utilisé comme support interactif pour raconter des his toires à des groupes d’enfants lors de l’atelier parent/ enfant et à la bibliothèque de l’école maternelle. In fine, ces échanges – qui se sont déroulés de septembre 2010 à juin 2011 tous les vendredis matin dans le local de l’association « Par Enchantement » - ont accompagné les parents dans leurs fonctions parentales et favorisé leur participation.

106 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

> UDAF du Bas-Rhin - Soutien aux parents d’origine immigrés et réfugiés Face à des situations de précarité accentuées par l’obs tacle de la langue et l’exil qu’ont connu certaines familles, le soutien à la parentalité se développe ici en deux volets : la découverte et l’orientation vers les lieux d’accueil parents-enfants (LAPE) puis, la participation des parents à des groupes d’échanges sur la parentalité avec le soutien d’un interprète. L’objectif consiste à offrir un soutien à la parentalité aux familles en situation de grande vulnérabi lité due à l’obstacle de la langue et/ou a une situation de rupture (exil, grande précarité sociale).

> UDAF de la Réunion - Accompagnement à la parenta lité des mères mineures Depuis 2010, l’UDAF de la Réunion a décidé de propo ser à des mères mineures avec leurs enfants d’autres repères familiaux à travers un accueil, une disponibi lité, une écoute bienveillante et non jugeante dans les « familles vacances » de l’UDAF afin de :

• Briser l’isolement affectif, social et éducatif des adoles centes élevant seule leur enfant ;

> UDAF de la Sarthe - Groupes d’échanges post-adoption L’UDAF a proposé la mise en place de groupes d’échanges post-adoption, suite à des demandes de leurs adhérents et dans le cadre du schéma départe mental Enfance-Famille 2006-2010 du Conseil général. Cette action répond à un besoin d’échanges pour les fa milles adoptives ayant des difficultés avec leurs enfants ou souhaitant les anticiper. Il s’agit de répondre aux fa milles adoptives ayant des difficultés dans leur fonction parentale, au début de l’adoption et au moment où les enfants atteignent l’âge de l’adolescence. Ces groupes d’échanges sont animés par EFA 72, des psychanalystes et l’ASE de la Sarthe.

> UDAF d’Ille-et-Vilaine - Groupe de parole mensuel « Les midis des parents » Les « Midis des Parents » sont un moment de rencontre et de discussion thématique mensuel entre parents, animé par des psychologues du service « parents ensemble » de l’UDAF 35, sur le temps de midi (12h - 14h). Les «Midis des parents» sont des groupes de parole ou verts à tous les parents. Quelques exemples de thèmes : «Il a tout pour être heureux...et pourtant...peut-on faire le bonheur des enfants ? » ; « Comment aider mon enfant à devenir autonome ? » ; « Comment écrire sa propre histoire avec ses enfants quand l’héritage pèse lourd ? ».

> UDAF des Alpes de Haute Provence - Groupe de parole bimensuel « la naissance et après ? » Cette action de soutien à la parentalité est conçue en direction des familles, en privilégiant une approche collective. La méthode utilisée fait largement appel à la discussion. Il s’agit de provoquer des échanges entre les parents en organisant des séances d’information et d’échange animées par des professionnels de santé et de la famille. Depuis 2009, l’UDAF organise des séances le samedi matin à un rythme d’une à deux séances par mois. Le temps d’échange se déroule dans une crèche parentale de Manosque et un centre social à Château Arnoux St Auban. Les thématiques abordées sont diverses (le sommeil de bébé, les modes de garde, les premières relations avec bébé..).

> UDAF de la Sarthe - Formation à la parentalité adoptive Cette action répond à un besoin de réflexion et de for mation sur la parentalité des familles adoptives et des postulants à l’adoption. L’action consiste en une formation de 2 jours organisée en partenariat avec EFA 72, suivie d’une soirée destinée à un plus large public.

• Renouveler l’expression des manques dans le domaine de l’accueil des enfants porteurs de handicaps en structure collectives ;

• Recenser et référencer les structures partenaires sur le Lot-et-Garonne et amorcer la mise en place d’un réseau spécifique ;

4/ ÉVÉNEMENTS AUTOUR DE LA FAMILLE ACTIONS DU RESEAU UNAF-UDAF-URAF

Sur une ou plusieurs journées, des UDAF mobilisent leurs partenaires pour proposer de grandes journées festives permettant la rencontre, l’information, l’échanger et la création de nouveaux partenariats autour de l’intérêt des familles. L’ambiance festive est l’occasion de distiller des messages d’information et de prévention et de faire connaître les associations familiales.

• Faire partager des expériences concrètes pour aider les professionnels à mieux connaître et mieux considérer le handicap dans les approches pratiques ;

107INITIATIVES TERRAIN

Le comité de pilotage du projet, les familles concernées, les professionnels de la petite enfance, les professionnels du secteur médico-social, les professionnels de l’éducation populaire, les élus, ont été invités à échanger ensemble leurs Cetteexpériences.journée visait principalement à :

> UDAF du Lot-et-Garonne - 1er forum « Accueil des enfants de 0 à 6 ans en situation de handicap en milieu ordinaire » L’UDAF a été co-organisatrice du 1er forum « Accueil des enfants de 0 à 6 ans en situation de handicap en milieu ordi naire ». La dimension de la famille et d’une parentalité spé cifique a été largement considérée lors de cet événement.

Le millésime 2011 a connu la douceur de l’été indien et la vague d’une grande participation. L’équipe Famillathlon 92 a accueilli 2 000 personnes sur le stade du Pré Saint-Jean à Saint-Cloud le 3e dimanche de septembre. Les clubs spor tifs, les animations ludiques et les stands santé ont accueilli jusqu’à 450 passages. Le label « famille, sport et santé » a une nouvelle fois été mis en pratique pour le bien-être des petits et des grands qui ont découvert une trentaine d’activi tés. Du tir à l’arc aux poneys en passant par les arts martiaux ou la patinoire et le canoë-kayak sur la Seine, la journée du sport en famille a permis de partager des moments intenses sous un beau soleil.

> UDAF du Nord - Première édition du Famillathlon (LilleLa Madeleine) Pour la première année, l’UDAF 59 a co organisé le Famillathlon avec l’association Famillathon. Les objectifs de cette manifestation sur le thème du sport sont de réunir les familles ; de fédérer les individus autour des valeurs positives du sport ; de mettre en contact les familles avec le monde du sport et les acteurs de la prévention santé et de la solidarité ; de faciliter les liens et les solidarités entre les âges, les pro fils, les milieux, les situations, les capacités ; de développer le plaisir de se retrouver ensemble, dans le respect des dif férences, autour du partage d’une activité sportive, sans cri tère d’exclusion. Le concept de Famillathlon est simple : un journée organisé chaque année le dernier dimanche de sep tembre autour de la découverte et de la pratique d’activités sportives et ludiques avec des activités gratuites et ouvertes à toutes les générations, et toutes les aptitudes et une infor mation sur la prévention, la santé, la solidarité…

> UDAF des Hautes-Alpes - Semaine des parents En sa qualité de pilote du Réseau d’Ecoute d’Appui et d’Ac compagnement des Parents (REAAP 05), l’UDAF des HautesAlpes a coordonné la mise en œuvre de la première édition de « La semaine des parents » qui s’est tenue sur l’ensemble du département en novembre 2008. Cette manifestation visait à mieux faire connaître ce réseau aux parents et à valoriser les actions déjà existantes. L’or ganisation de cette semaine a été l’occasion de mettre en œuvre de nouveaux projets et de nouer des partenariats inédits. Plus de 150 partenaires ont participé à l’opération et environ 130 actions ont été proposées sur l’ensemble du département : débats, tables rondes, conférences, cinéma, animations, espaces de parole, portes ouvertes, expositions, Enthéâtre...2010, le réseau a proposé une autre forme de manifes tation départementale intitulée « Quand la famille fait son cinéma » :19 séances de ciné-débat se sont tenues sur des thématiques diverses et variées concernant la vie de parents. En octobre 2012 : l’UDAF coordonne pour le REAAP « Les journées des familles dans les Hautes-Alpes », une cinquan taine d’action sont programmées sur quatorze journées, de mi-journées ou soirées pour les parents et les enfants dans une dizaine de communes du département.

> UDAF des Hauts de Seine - 5e édition du Famillathlon

> UDAF de l’Aisne - 3e semaine des parents Cette initiative a vu le jour en 2007 sous l’égide du REAAP de l’Aisne. La Semaine des Parents se déroule dans tout le département, dans l’objectif de valoriser la parentalité, les parents et leurs compétences (trop souvent sous-estimées) ainsi que les ac tions de soutien à la fonction parentale mises en place dans le cadre du Réseau d’Écoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents de l’Aisne, REAAP. Durant cette semaine, sont organisés une multitude de temps pour les parents, des temps où l’on parle, où l’on joue, où l’on échange, où l’on réfléchit, où l’on se divertit, où l’on mutualise... des temps pour soi, des temps pour ses enfants… Chaque structure œuvrant dans le champ de la parentalité (associations, centres sociaux, structures municipales, relais d’assistantes maternelles, etc…) est invitée à s’inscrire dans cette démarche de valorisation pour offrir une programma tion dense et riche sur des thèmes qui touchent les parents, ouverte à tous, et favorisant le plus possible la mixité sociale. Les partenariats donneront lieu à des moments de ren contres privilégiés. Toutes les actions ont vocation à n’exister que pour et avec les parents, via les structures porteuses de projets de soutien à la fonction parentale, dans le but de créer une relation horizontale de partenariat et non pas verti cale de techniciens à usagers.

• Mettre en contact professionnels, partenaires et famille pour initier des échanges, favoriser un travail en commun ;

Tout au long de la journée, des espaces animation destinés aux enfants venus avec leurs familles leur ont permis de participer à des activités ludiques, créatives, avec des interventions de « Clown en Route » et une exposition photographique.

> UDAF de la Creuse - Diagnostic des besoins et attentes en matière de parentalité Dans le cadre du REAAP, ce diagnostic a pour objectif de repé rer les acteurs concernés par la parentalité, et leurs attentes dans ce domaine. Il doit permettre la mise en œuvre d’une démarche commune et globale autour de la parentalité, en contribuant à la mise en relation de l’ensemble des acteurs locaux du territoire (institutionnels, bénévoles et parents), pour une meilleure connaissance, un partage et une circulation de l’information. Ce mode d’intervention s’inscrit dans une dé marche participative. Elle place l’individu, en premier lieu les parents, au centre de la démarche. Elle prend également place sur un territoire donné, au sein duquel de nombreux acteurs peuvent s’inscrire et être reconnus dans leur capacité à dire la réalité et faire des propositions. Elle doit enfin être conçue comme un prétexte au rapprochement des acteurs entre eux, pour une production de connaissances sur le soutien à la parentalité du territoire. A partir des besoins et des attentes exprimées par tous les acteurs locaux, la communication sur la restitution du diagnos tic doit être le point de départ de la mise en place de l’ani mation et sera l’occasion d’inviter chacun, parents, bénévoles, institutionnels, professionnels, à être acteurs des décisions et des actions. > UDAF de la Nièvre - Observatoire départemental des familles 2011 L’orientation scolaire se révèle parfois un véritable parcours du combattant. L’enfant, mais aussi sa famille, ont besoin d’être accompagnés et aidés pour trouver les études qui le condui ront vers un métier qu’il aime. Les parents sont un des acteurs clés de la réussite de ce processus d’orientation. Pourtant, leur avis n’est pas toujours recueilli. Pour une meilleure connaissance des familles, de leurs be soins et de leurs attentes, l’UDAF de la Nièvre a mis en place un observatoire départemental des familles sur le thème «Parents et orientation scolaire». Cette enquête n’est pas une simple collecte de réponses mais un ensemble de données qui vont servir à l’UDAF, et à ses partenaires, pour mieux adapter et développer des actions en direction des familles. ■ OBSERVATOIRES DE LA FAMILLE Retrouvez les coordonnées de toutes les UDAF sur le site WWW.UNAF.FR

5/

Constatant que l’éducation nutritionnelle dispensée dans le cadre de l’école touche les enfants mais pas les parents, les partenaires du REAAP et les membres de l’éducation nationale ont décidé de mettre en place un projet associant parents et enfants. Un rallye-goûter est organisé sous forme d’un parcours sportif jalonné de plusieurs stands alliant le thème de la nutrition à des activités physiques. Contenu des stands : découverte des saveurs, des recettes (cuisiner la pomme), dégustation de différents pains et jus de fruit, sensibilisation à l’équilibre du petit-déjeuner et aux équivalences alimentaires, lecture des étiquettes alimen taires, apport de connaissances sur la nutrition, composition de menus équilibrés, découverte de l’éco-emballage, l’ali mentation des tout-petits… Le questionnaire d’inscription a donné des indications sur les pratiques et les habitudes alimentaires des familles. Le questionnaire d’évaluation rempli à la fin du parcours par les participants a fait apparaitre la satisfaction et l’intérêt pour cette action, notamment dans le plaisir du jeu sur les stands, l’apport d’informations sur la nutrition, la découverte de nou velles saveurs grâce aux dégustations. Ce temps de convivia lité s’est traduit par un goûter commun a été organisé en fin de journée réunissant les intervenants et participants.

108 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

> UDAF de la Haute-Marne - Action « Rallyes goûters »

> UDAF de la Loire - Observatoire des familles : « la vie de parent au quotidien » La thématique de cet observatoire a été choisie sur l’idée que les parents d’aujourd’hui ont plus de mal à assumer leurs res ponsabilités parentales. L’UDAF avait 3 objectifs : étudier le degré de sensibilisation des parents aux différ ents aspects liés à l’éducation des enfants ; évaluer la demande d’aide ; étudier la perception des structures et des actions de soutien à la fonction parentale. Le but recherché étant ensuite de com prendre en quoi les REAAP se rapprochent ou s’éloignent des besoins des parents.

Les Associations Familiales Protestantes ont développé, sur le terrain, des actions avec et pour les familles. Soutenir les parents en cherchant à les rejoindre au cœur de leurs préoccupations quotidiennes, mobilise un grand nombre des AFP locales. Parties prenantes dans le Réseau d’Écoute et d’Accompagnement à la Parentalité, elles initient des temps de paroles et d’échange d’expérience, des visites aux familles, des actions de formation… L’AFP « Famille Je t’Aime » s’est donnée, depuis 1989, la mis sion d’apporter un soutien aux familles, qu’elles soient consti tuées sur le modèle traditionnel, un père une mère avec ou sans enfant (s) ou monoparental. Pourquoi ? Lorsqu’un ingé nieur conçoit une automobile, il concentre en elle tout ce qui lui semble indispensable à son fonctionnement optimal. Pour nous, le terreau idéal que Dieu a crée pour que chaque être humain s’épanouisse au mieux est celui de l’altérité, l’altérité se manifeste entre un homme et une femme. Même dans la nature l’altérité est nécessaire à la vie. Il a voulu qu’elle soit le point de départ de toute transmis sion de la vie. Nos différences nous posent parfois des soucis, même dans les familles chré tiennes, mais elles apportent une richesse qui n’a de commune mesure avec les inconvénients qu’elles engendrent. L’homme nait du désir de Dieu et quand un enfant nait du désir de son père et de sa mère, ils lui font le plus beau cadeau de bienve nue. « Mon fils, ma fille, tu n’es pas un accident dans notre parcours mais nous t’avons désiré, nous sommes là pour toi ». Ils lui posent un socle fondamental d’amour sur lequel il pourra lui-même bâtir sa vie. Parents différents et imparfaits, ils sont néanmoins des repères à partir desquels leurs enfants apprendront à construire leur altérité. Bien sûr des fissures ap paraissent dans cette base. Elles sont occasionnées par de mul tiples messages verbaux ou non qui nous traversent dès avant notre naissance. « Paroles blessantes et dévalorisantes vous m’écrasez, vous me découragez, vous tuez ou vous réduisez mon potentiel. Projections parentales, familiales ou sociétales, vous m’enfermez dans vos projets qui étouffent mon individualité. Coups et gestes déplacés, vous faites de moi un objet ». A travers divers supports, les acteurs de Famille Je t’Aime font d’abord de la prévention en proposant aux futurs promis des outils qui leurs permettront de construire une bonne base pour leur couple, pour leur iden tité parentale et familiale. Une fois l’enfant arrivé, des weekends père- fils, mère- fille ou des camps familles seront des temps mis à part pour entretenir, déve lopper, consolider des relations. Malheureusement, il arrive par fois que la famille ait besoin d’un coup de main pour retrouver un équilibre propice à son épa nouissement. Là aussi, plusieurs intervenants de FJA peuvent apporter un soutien. Ils aident les individus et les familles à prendre conscience qu’il y a possibilité de guérir de ses bles sures ce qui n’équivaut pas à les oublier mais à les empêcher d’avoir un impact négatif sur le présent et sur l’avenir de chacun. Même si des familles éprouvent beaucoup de difficultés à vivre le modèle familial Biblique, Famille Je t’aime se propose d’aider les personnes, parents et enfants, à bien vivre sans casser ce modèle de référence par excellence. ■

ASSOCIATIONS FAMILIALES PROTESTANTES : « FAMILLE JE T’AIME »

L’AFPB St-DIZIER : Des paroles qui apaisent Françoise CARON Vice présidente des AFP Pour en savoir plus : www.afp-federation.org

Être parent qu’est ce que ça signifie ? La psychologue nous indique les grandes lignes du fonctionnement d’un groupe de parole. Trois points clés seront notés : s’exprimer sans être jugé et sans juger les autres, la parole est libre et respectueuse, ce qui est dit dans le groupe reste confidentiel. Un questionnaire de départ et de fin a permis d’évaluer le « chemin parcouru ». Les parents étaient de milieux sociaux variés. En moyenne, 5 pères et 6 mères ont participé, 2 familles étaient monoparentales (1 maman avec 1 fille, 1 autre avec 4 filles). Les parents ont exprimé à l’issue des rencontres : le fait de se sentir moins seul face aux problématiques de la parentalité, les échanges leur ont permis de prendre conscience de leur capacité à pouvoir influer sur le climat familial, « nous n’avons pas trouvé de « recette miracle », mais nous nous sommes parfois sentis remis en question, ou confortés dans nos manières de faire avec nos enfants. », « nous aimerions nous rencontrer à nouveau et entendre des intervenants qui connaissent bien le thème de la parentalité ».

109INITIATIVES TERRAIN

ACTIONS DES ASSOCIATIONS FAMILIALES

Le rapport du Centre d’Ana lyse Stratégique remis le 3 sep tembre dernier à Madame Ber tinotti soulignait l’intérêt des programmes destinés à «aider les parents à être parents» à tra vers une étude internationale portant sur une cinquantaine de dispositifs. En France, les Chan tiers-Éducation, service des Asso ciations Familiales Catholiques, travaillent depuis 22 ans à cet objectif.LesAFC font le constat que les parents sont plus souvent désemparés que démissionnaires et ont besoin à la fois de soutien, de valorisation et de reconnais sance dans leurs missions. Ou verts à tous, l’ambition des Chan tiers-Éducation est de permettre à chaque famille participante de résoudre ses difficultés éduca tives concrètes et quotidiennes dans un lieu d’écoute, d’échange et de partage entre parents. Le déroulement se passe de la façon suivante : 8 à 10 parents se réunissent pendant 2 heures, une fois par mois, pour travail ler un sujet concret relatif à l’éducation : internet, l’heure du coucher, l’autorité, les activités extrascolaires, la jalousie dans la fratrie.... Ce thème est préparé à l’avance en couple à partir d’une série de questions. A travers le partage, le groupe travaille peu à peu à faire émerger des repères éducatifs autour du thème traité. La formule est originale en ce qu’elle associe des parents entre

CONFÉDÉRATION

Le Chantier est pris en charge par un binôme, animateur et res ponsable, eux-mêmes parents participants de ce Chantier. Ce binôme est formé par 2 stages de 2 jours. La formation porte sur les techniques d’animation des réunions, l’initiation à l’écoute active et sur la pédagogie de la transmission des repères éduca tifs.Les bienfaits constatés, au tra vers des nombreux témoignages reçus, tiennent à la formation as surée, à la pédagogie qui ne vise pas à proposer des solutions mais à inviter les participants à partager avec d’autres, et à s’in terroger sur ce qui sera le plus adapté à leur famille. Chaque parent peut ainsi évoluer dou cement mais en profondeur en tenant compte de ce qu’il est et de son contexte familial, sans être découragé par le désir de devenir « le parent parfait ». Il a en mains la possibilité d’agir concrètement pour tenir l’équi libre entre transmission des repères et besoins de l’enfant. ■ eux, sans «spécialiste» qui aurait une réponse toute faite, mais en étant fondée sur la profonde conviction de la capacité à édu quer de chaque parent. Les objectifs des chantiers Trois objectifs sont atteints à travers les Chantiers :

• Valoriser les parents dans leurs missions. Le partage permet de relativiser ses propres difficul tés mais sert aussi à prendre conscience de ses richesses ;

• Enrichir les pratiques éducatives. Les pratiques éducatives des autres familles permettent de trouver de nouvelles solutions et, au fil des échanges, chacun peut s’approprier les repères éducatifs élaborés par tous ;

NATIONALE DES ASSOCIATIONS FAMILIALES CATHOLIQUES LES CHANTIERS-ÉDUCATION

110 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

• Donner du sens. La réflexion per met à chaque participant d’aller plus loin que ses pratiques habi tuelles, de réfléchir aux besoins de ses enfants et d’y répondre de façon personnalisée.

La famille est une chance Chiffres clés : Les Chantiers-Éducation sont soutenus par la CNAF, le Fonds national de développement de la vie associative, ils sont intégrés aux disposi tifs REAAP et au Comité national de soutien à la parentalité (CNSP). Ils ont signé une convention-cadre avec le ministère de l’Éducation nationale en 2008 ; celle-ci a été renouvelée en 2011. En juin 2012, nous comptions 630 Chantiers, en France et à l’étranger, soit plus de 5000 familles représentant 15000 enfants.

Pascale MONIERE Vice-présidente de la Confédération nationale des associations familiales catholiques et responsable du Secteur éducation Pour en savoir plus : www.afc-france.org A ssociations F amiliales C atholiques

L’action « Portraits de Familles » de la Confédération Syndicale des Familles a réussi son pari : mettre les parents et les enfants sur le devant de la scène !

Les familles des quartiers populaires, trop souvent victimes de jugements hâtifs, ont du mal à faire valoir leur regard sur la société. Même quand il s’agit de « parentalité », les parents sont rarement ceux à qui la parole est donnée !

CONFÉDÉRATION SYNDICALE DES FAMILLES PORTRAITS DE FAMILLES :

UN PROJET ARTISTIQUE, CITOYEN ET PARTICIPATIF

Une action bien étudiée La CSF a dressé des constats à partir de journées d’étude, d’un forum et de questionnaires adressés aux associations. Plu sieurs groupes de parents ont évoqué le souhait de porter leur parole au-delà du groupe. Les associations qui animent ces groupes ont été invitées à parti ciper à la définition d’une nou velle forme d’action pour conti nuer d’accompagner les parents. L’intérêt de l’art et de la culture pour, d’une part, permettre leur expression, et d’autre part, la for maliser, est apparu. Grâce au partenariat mené avec la Fondation Abbé Pierre, 14 groupes à travers toute la France ont travaillé pendant plus d’un an à la réalisation de 14 œuvres majeures, pour raconter la famille et en offrir une vision partagée. Chaque groupe était accompagné d’un artiste, afin que l’art soit un levier d’expres sion et facilitateur de commu nication. L’action a ainsi mis en avant les compétences, la créa tivité et la puissance d’agir des parents, les amenant à changer de regard sur eux-mêmes et sur la société. Des objectifs clairs Donner une dimension artis tique aux actions d’accompa gnement des parents de La CSF : Il s’agissait de donner l’occa sion aux parents de mettre en forme leur expression audelà de l’échange et de la pa role. Les groupes de parents étaient aidés d’un artiste ou d’un technicien. La démarche artistique a eu trois fonctions : permettre l’expression des pa rents ; prendre du recul sur leur expression « brute » ; servir de vecteur pour porter leur parole vers l’extérieur. Valoriser les parents et leurs savoir-faire : L’action « Portraits de Familles » a per mis de valoriser les familles en légitimant la place des parents au cœur de l’action et a favorisé leur implication dans le projet dès le début. Cette participation des parents est un facteur de changement des représentations des enfants sur leurs parents, des parents entre eux, des parte naires institutionnels et associa tifs en direction des parents et inversement. Dynamiser le réseau : L’objectif de ce projet était aussi de créer une émulation et la participa tion de plusieurs associations à un thème commun en vue de les fédérer. Le thème « Portraits de Familles » a généré une dyna mique individuelle et collec tive permettant d’inscrire cette action dans la démarche de l’éducation populaire. Donner une autre dimension aux projets : La participation à un projet commun à l’ensemble du réseau avec une représen tation finale nationale impulse une dynamique et capitalise les expériences. Un projet local et national L’action « Portraits de Familles» a aidé les militants et les partici pants à réfléchir à la place du pa rent dans sa famille, aux relations qu’il a avec les autres membres et notamment les enfants. C’est aussi le regard que pose la socié té sur les parents aujourd’hui qui a été questionné. Le projet se situait à deux niveaux : au niveau local avec la création d’une œuvre artistique et au niveau national avec trois volets : la coordination des asso ciations, leur accompagnement et l’organisation d’un festival où les familles sont venues présen ter leur œuvre et la réalisation d’outils de valorisation et de mutualisation des réalisations artistiques ou culturelles. La création d’une œuvre artis tique : Des groupes de parents se sont mobilisés autour d’un pro jet. La conceptualisation de leurs questionnements, leurs envies, leurs craintes ou leurs joies, s’est traduite par une réalisation artis tique. Il s’agissait de partir des représentations pour les analyser et les dépasser. Pour y parvenir, un artiste ou un technicien ac compagnait les parents dans leur projet d’expression artistique ou culturelle, théâtre, vidéo, photo, dessin, expression corporelle, fresque, etc.

111INITIATIVES TERRAIN

Pour en savoir plus : lacsf.orgwww.portraitsdefamilles-

ACTIONS DES ASSOCIATIONS FAMILIALES

112 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

• revalorisation de l’image des parents en direction des voisins, de l’école et/ou du quartier ;

• renforcement du lien parent/ enfant; • développement de l’intérêt des familles pour les pratiques artistiques et culturelles ; • amélioration des compétences des parents en matière d’ex pression. Le bénéfice pour le réseau :

• réalisation de nouvelles formes d’actions d’accompagnement à la parentalité ;

• Charte : Une charte d’enga gements réciproques pour garantir une harmonie entre les projets à l’échelon national constituait la base méthodolo gique de « Portraits de Familles ».

• Des journées des coordina teurs : Les animateurs (salariés ou bénévoles) ont participé à des journées préparatoires pour recevoir des clés métho dologiques pour mener leur projet, les aider à préparer leurs projets locaux, leur parti cipation nationale et organiser la rencontre nationale.

permet de voir l’ensemble des œuvres produites, leurs suites, les temps forts, le livre, la présentation du projet et sa méthodologie, ce qu’en penses les familles, les ar tistes, les coordinateurs mais aus si les partenaires institutionnels (Fondation Abbé Pierre, CNAF, DGCS, UNAF,…). Les publics Les destinataires de l’action étaient les parents vivant dans les quartiers populaires où sont implantées les associations de La CSF, parmi eux, beaucoup de ma mans, parents isolés ou non, issus de l’immigration ou non, certains La place des parents dans les actions de la CSF Depuis sa création, la CSF, Confédération Syndicale des Familles, a développé des actions avec les fa milles pour leur permettre de s’organiser, de mieux appréhender leur rôle de parents et de les valoriser dans leur fonction de premiers éducateurs, bien souvent mise à mal. La démarche de la CSF se distingue par un processus du « faire avec » et non « faire pour ». Pour cela, il est proposé aux parents de se rencontrer autour des difficultés et des réussites de leur rela tion avec leurs enfants dans la vie quotidienne. Permettre aux parents, en particulier aux plus fragilisés, de se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls face aux difficultés vécues avec leurs enfants, contribue à rompre l’isolement, à assumer pleinement sa fonction parentale et à reprendre du pouvoir sur sa vie Lepersonnelle.principedes groupes de parents à la CSF repose sur la capacité de l’animateur à s’adapter aux besoins des familles, à la configuration du quartier, à sa composition et aux réalités vécues. Ainsi, dans certains endroits, les parents se réunissent plutôt le soir, après le travail, d’autres le mercredi avec les enfants, d’autres encore après la rentrée des classes, le matin. De plus en plus, les groupes de paroles donnent lieu à des ateliers associant les enfants.

• multiplication du nombre d’ac tions parentalité favorisant la dimension culturelle ;

Les groupes de parole de la CSF aident aussi à établir des échanges qui favorisent l’acquisition de connaissances nouvelles et diversifiées. Ils amènent les parents à réfléchir sur leur situation, à identifier les causes et les répercussions de certaines difficultés et à commencer à esquisser des solutions. De ces paroles autorisées et écoutées et de la réflexion commune émergent des propositions novatrices, voire des projets ambitieux et fédérateurs. A lire Portrait[s] de Famille[s] de Sophie(photographe)Boussahba

L’organisation d’un festival et de soirées : En juin 2011, un fes tival a été organisé à Paris pour présenter les œuvres. Une soi rée a également eu lieu en mars 2012 pour porter à connaissance la méthodologie, les impacts, la puissance d’agir des familles au travers de ce projet et du livre qui a été réalisé sur l’action. La réalisation d’outils de valorisation du projet : Des outils ont été conçus par des professionnels pour capitali ser l’ensemble des projets. Un livre, Portrait[s] de Famille[s], a notamment été réalisé par So phie Boussahba, photographe. Le site internet defamilles-lacsf.orgwww.portraits

• Accompagnement du national : Des outils méthodologiques, des comptes rendus et des fiches techniques ont été réali sés ; un comité de suivi a été mis sur pied.

Les moyens mis en œuvre La tête de réseau a accompa gné les associations en termes de soutien méthodologique, de formations, d’organisation de la communication, de mise à dispo sition d’outils, de mise en cohé rence des projets et de valorisa tion en direction du réseau et des partenaires financiers ou non.

• renforcement des relations entre la tête de réseau et les associations locales ; • capitalisation des différentes actions menées localement. Les suites de l’opération Une évaluation globale du projet ainsi que l’élaboration d’un guide méthodologique font actuellement l’objet d’un travail mettant en avant l’utilité sociale de cette D’oresaction.etdéjà en y regardant de plus près, ont observe que les attitudes changent. Des parents s’organisent pour véhiculer les jeunes à la sortie des boites de nuit. D’autres pa rents veulent mettre en place des actions de départ en vacances. Après l’exposition à Paris, des parents ont décidé d’organiser une exposition dans leur quar tier. Le vernissage a rassemblé plus de 80 personnes : une pre mière pour un évènement dans ce quartier. Suite à l’opération « Portraits de Familles », un conseil général a demandé à un groupe parents CSF de donner leur avis pour faire évoluer le service «info sociales en ligne». Un autre conseil général a demandé avec la CAF une participation des pa rents CSF à un groupe de travail sur la lisibilité, l’utilité et le fonc tionnement du REAAP. Au sein même des familles, les regards aussi ont changé. ■ ne maîtrisent pas la langue mais les méthodes étaient pensées de façon à permettre à TOUT parent de participer à l’action.

Résultats Concernant les familles et no tamment les parents :

DES ASSOCIATIONS FAMILIALES

ACTIONS

ACCOMPAGNER

2 Tous les projets français ont été conduits par des associations ou fédérations sont présentés dans « Intervenir auprès des parents. Réfléchir, construire et expérimenter des projets dans un contexte européen », op. cit.

Depuis une quinzaine d’années, en particulier avec la création des Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents en 1999, les initiatives locales de soutien à la fonction parentale se sont multipliées au sein du réseau Familles Rurales. Au milieu des années 2000, un besoin d’innovation et une demande de « professionnalisation » des interventions émergent pour renouveler et conforter les actions conduites aussi bien par des responsables bénévoles, des parents que des salariés. En 2009-2010, un programme européen d’éducation des adultes (« Grundtvig »), piloté par la fédération nationale Familles Rurales et mené avec des partenaires allemands, belges, grecs, lituaniens et roumains, a permis de réfléchir sur une décennie d’action, de conduire des expérimentations de formation et d’action en France et en Europe, et de produire de nouveaux outils.

113INITIATIVES TERRAIN FAMILLES RURALES

1 « Intervenir auprès des parents. Réfléchir, construire et expérimenter des projets dans un contexte européen », ouvrage collectif sous la direction d’Olivier Prévôt, éditions Familles Rurales, novembre 2010, 262 p., en cours de réédition.

1

Eric ROSSI Responsable Pôle « Développement des activités et des services » Fédération nationale Familles Rurales Au-delà de leur diversité, toutes les formes d’action visent à valoriser les parents, leurs compétences, tout en cher chant à les renforcer et à les faire progresser. Les réflexions des associations locales sur l’impact de leurs actions sur les pratiques éducatives parentales ont conduit à chercher à propo ser davantage de combinaisons d’actions individuelles et collec tives s’inscrivant dans la durée, à concevoir des programmes annuels visant souvent autant les enfants que les parents, de manière élargie même à l’envi ronnement éducatif, institution nel ou quotidien de l’enfant ou du jeune (école, loisirs, trans ports…). Car si certaines actions ponctuelles, ou occasionnelles peuvent remporter une certaine audience (conférence-débat), leur impact sur les pratiques parentales n’est pas assuré. En général, les actions se sont appuyées sur des structures ou des services existants, des lieux déjà identifiés et fréquentés par les parents. Familles Rurales compte plus de 350 structures d’accueil des moins de six ans dont 30 lieux d’accueil parentsenfants agréés, près de 1200 accueils collectifs de mineurs déclarés et 140 Relais Familles. Certains types d’action (groupe de parole) ont toutefois montré leurs limites dans des villages ou petites communes rurales où proximité du voisinage et res pect de la confidentialité coexis taient difficilement. Des actions concrètes Voici quelques exemples de projets dont la durée varie de plusieurs mois à une année, avec des publics d’une dizaine à des centaines de parents. 2 En Vendée, le projet « Être parent à l’ère du numérique » de la fédération départemen tale Familles Rurales s’est réa lisé puis pérennisé sur le thème des technologies modernes de communication, des réseaux sociaux, des jeux vidéo... Il visait les parents d’ « ados ». Il s’est mis en œuvre en plusieurs phases : d’abord des soirées de décou verte à ces médias et nouveaux outils pour se plonger dans l’uni vers de leurs ados (MSM, blog, Facebook…), puis une confé rence-débat avec l’intervention d’un expert, le Docteur Juche reau, et enfin la constitution de petits groupes de parole. Le pro jet a été mis en œuvre et suivi par un comité d’organisation réunissant plusieurs partenaires (association Familles Rurales, association de parents d’élèves, professionnels…). Tout au long de la démarche, les parents ont exprimé leurs attentes, souhaits, questions, idées, notamment par questionnaires. En Allemagne, l’organisation AWO-SPN de la Sarre a conduit un projet de « cinéma forum ». L’action a été portée par un comité de parents initié par des travailleurs sociaux. Les parents choisissaient les thèmes à partir de des difficultés vécues (édu cation, agressivité, violence, alcool…) et cherchaient un film pour l’illustrer. Le film était pro jeté et donnait lieu à une discus sion ultérieure. Le premier sup port a été le film « Billy Elliot » pour traiter de la question du genre. En parallèle, de l’autre côté de la frontière, en Meurtheet-Moselle, une action similaire s’est déroulée dans une asso ciation avec un petit groupe de parents en utilisant ce même film. Il a été intéressant de confronter et d’échanger entre professionnels sur l’implication, les réactions des parents, et les conséquences sur les relations familiales.

LES PARENTS DANS LA PROXIMITÉ

En Aveyron, un projet mis en œuvre par la fédération dépar tementale Familles Rurales a émergé autour de la question de l’implication des pères dans l’éducation. Il a été envisagé de réaliser un diagnostic « familial », d’évoquer ces questions avec les pères à l’occasion de séances de pêche, activité partagée entre pères et fils. Les animateurs de pêche ont suivi une sensibilisa tion aux questions de parentalité. Pendant des loisirs, il a semblé plus facile d’écouter, de repérer et d’aborder des problèmes per sonnels ou familiaux, qu’en orga nisant des actions spécifiques pouvant les stigmatiser.

En Meurthe-et-Moselle, un projet a été conduit par le Relais Familles de l’association Familles Rurales d’Einville-au-Jard en par tenariat avec plusieurs écoles maternelles, autour des relations entre parents et enseignants, sur les thèmes de la détente et du sommeil. Différentes séquences de relaxation ont été proposées par un « relaxologue » aux en fants d’une part, puis aux parents et aux enseignants d’autre part pour favoriser le rapprochement et les échanges. Les organisateurs ont remarqué une implication croissante des enseignants et des professionnels, d’abord associés puis vraiment porteurs du projet (médecin de la protection mater nelle et infantile, psychologue, éducateur de jeunes enfants…).Pour en savoir plus :

tionpeutettionactionservices,quellesmenttionsestnologies-relationsscolarité-métier,santé-alimentation,nouvellestechsociales...Surl’approchedesparents,ilpréférabled’aborderlesquesdeparentalitéindirectepard’autresactivitésauxilsparticipent(loisirs,événements…).Toutedoitreposersurunedéfinidelaparentalité,desvaleursundiagnosticpartagé,etneseconduiresansimplicadesparents,quedansune

www.famillesrurales.org

114 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

logique d’entraide éducative (coéducation). Il faut faire avec les parents dès le diagnostic. Compte tenu de l’évolution des sociétés en Europe, la dimension interculturelle (diversité des cultures, modèles familiaux et parentaux) doit être interrogée au démarrage de tout projet pour trouver une action adaptée au contexte et aux familles. L’utili sation de supports pédagogiques modernes, novateurs et attrac tifs (cinéma, jeux…) peut per mettre d’aborder les questions de manière pratique, concrète ou ludique en dédramatisant. Sur les publics visés, au-delà des parents, les organisateurs doivent agir sur différents leviers, les enfants et leur environne ment (école, loisirs, transports…) pour mieux conforter les pa rents. Sur le temps de l’action, les projets nécessitent du temps, notamment pour la compréhen sion, l’appropriation, l’adhésion, qui conditionnent la confiance et la participation des parents. Les organisateurs locaux, notam ment bénévoles, ne doivent pas se décourager quand les initia tives n’accueillent pas immédia tement un public important de parents. Le soutien à la parenta lité s’inscrit dans la durée. ■ En Belgique, la Ligue des familles, mouvement familial francophone, a proposé et péren nisé une formation adressée aux jeunes qui assurent du baby-sit ting, autant pour leur permettre d’aider les parents, les conseiller, que pour les préparer eux-mêmes à devenir éventuellement de fu turs parents. La formation a duré trois journées. Ce projet reposait sur le postulat que parents et professionnels doivent échanger autour d’un service ; ils doivent s’apprendre mutuellement. Des clés de méthodologiquesréussite Ces actions ont mis en évi dence quelques clés de réussite et permis de confirmer les préoc cupations des parents à certains âges de leurs enfants (surtout les premières années et l’ado lescence) et autour de certaines questions :

LES UNIVERSITÉS POPULAIRES DE PARENTS1

• Les Universités Populaires de Parents ont une charte, docu ment fondateur et fédérateur que chaque UPP s’engage à res pecter.

115INITIATIVES TERRAIN ACEPP

Universités Popu laires de Parents, des parents, avec le soutien d’universitaires mènent des recherches sur la parentalité qui portent sur le décrochage scolaire, la transmis sion des valeurs, la cohérence éducative, l’autorité, l’image des quartiers populaires… Ces tra vaux sont ensuite le support pour initier des débats avec les acteurs locaux (enseignants, travailleurs sociaux, élus…) et générer des propositions et des projets lo caux autour de l’éducation, des actions citoyennes de rencontres avec les institutions (écoles, col lèges, programme de réussite édu cative, Reaap, villes…). A ce jour, il y a une vingtaine de nouvelles Universités Populaires de Parents avec l’Acepp partout en France. Objectifs des Universités Popu laires de Parents

• Permettre à des parents de me ner eux-mêmes des recherches sur la parentalité aujourd’hui.

• Les Universités Populaires de Pa rents locales se composent d’un groupe de parents réuni avec un animateur. Les parents choi sissent un thème de recherche pour deux ans (par exemple, l’école, la coéducation, l’image des quartiers….). Des universi taires interviennent auprès des parents sur un niveau méthodo logique.

• Les Universités Populaires de Parents nationales sont coor données par l’ACEPP. Elles sont constituées par les universités lo cales qui tiennent un séminaire une fois par an. Régulièrement, des temps de coordination re groupent les animateurs locaux et les universitaires. Des comités de pilotage sont organisés avec les institutions nationales.

L’ACEPP Réseau national des collectifs enfants parents professionnels, l’ACEPP est un mouvement édu catif et parental qui regroupe un millier d’initiatives dont 800 lieux d’accueil gérés par les parents sur tout le territoire : multi accueils, garderies périscolaires, micro crèches, cantines, ludothèques, lieux enfants parents, passe relles, centres de loisirs, relais assistantes maternelles, services itinérants, ateliers d’éveil cultu rel, intergénération, maisons des parents… L’ACEPP travaille au renforcement de la place des parents dans tous les lieux de vie des enfants, dans le dialogue et la coopération avec les profession nels. L’ACEPP se compose d’une équipe nationale et d’un réseau fédératif de trente associations départementales ou régionales. ■

Pour en savoir plus : www.upp-acepp.com Ouvrage collectif coordonné par Emmanuelle Murcier et Mi chelle Clausier coordinatrices des Universités Populaires de Parents au sein de l’Acepp. Edition Chronique sociale Juin 2010 – 208 pages, Prix 16,50 € (commande possible à l’Acepp + 3,55 € de frais d’envoi.) Cet ouvrage présente la dé marche des UPP et les résultats des recherches des parents. En analysant cette expérience, l’ou vrage invite à questionner nos ap proches, sur l’accompagnement des parents, l’éducation populaire, la démarche participative et sur l’action sociale, en proposant de nouveaux regards et de nouvelles approches pour penser les actions autour de la parentalité. à lire...

1 Les Universités Populaires de Parents (UPP) sont une marque déposée.

ACTIONS DES ASSOCIATIONS FAMILIALES

Permettre aux parents de s’ex primer eux-mêmes sur la réalité qu’ils vivent paraît essentiel : ils détiennent une connaissance d’usage indispensable pour com prendre ce qu’est la parentalité aujourd’hui. L’ACEPP propose de mettre en place des Universités Populaires de Parents reconnues en tant qu’espaces de savoir et d’innovation.Auseindes

La question de la parentalité est souvent mise sur le devant de la scène. Mais force est de constater que la voix des parents notamment de milieu populaire, est souvent absente et que de nombreux stéréotypes et préjugés courent sur eux. En 2005, l’ACEPP a créé les Universités Populaires de Parents et ne cesse depuis d’en développer le principe.

• Les Universités Populaires de Pa rents européennes permettent les échanges entre parents européens sur l’aboutissement des réflexions dans chaque pays (Allemagne, Belgique, France).

• Organiser un dialogue entre les parents et les autres acteurs (ins titutionnels et professionnels). Modalités des Universités Popu laires de Parents

La parentalité est aujourd’hui l’objet de nombreux débats, ré flexions et écrits de spécialistes. Elle est étudiée par des socio logues, des psychologues, des anthropologues qui s’interrogent sur la fonction et le rôle des pa rents sur l’éducation, sur l’évolu tion de la famille… Toutefois, il est peu laissé de place à l’expression des parents eux-mêmes. Lorsque celle-ci existe, elle ne parvient que rarement à un niveau natio nal et européen. Que pensent les parents de leur manière de vivre la parentalité ? Comment conçoivent-ils leur rôle ?

• Des outils créatifs et adaptés sont utilisés pour recueillir la parole du quotidien et la fixer dans le temps.

• Des forums sont organisés par les parents avec des profes sionnels et des institutionnels pour débattre des résultats des recherches.

DES PARENTS ACTEURS, CHERCHEURS ET CITOYENS

❶ Des rencontres inter-paren tales favorisant la convivialité et permettant dans le respect des orientations particulières, de diffuser de l’information (confé rences, bulletins) et de la forma tion (stages de LSF et de LPC). Cette action en direction des parents intègre aussi des groupes de paroles et l’accompagnement personnalisé dans les démarches au quotidien. ❷ La scolarité des jeunes : des associations locales ou des Unions régionales ont développé, là où cela s’imposait, des services Fédération ANPEDA : Association Nationale des ParentsEnfants Déficients Auditifs 37-39, rue Saint75011SébastienPARIS Tél : 01 43 14 00 contact@anpeda.fr38 d’accompagnement de la mater nelle à l’université, en complé ment du dispositif existant.

Didier

❸ L’accompagnement vers l’emploi : les Unions régionales accueillent, informent et accom pagnent des jeunes sourds dans leur démarche vers l’emploi. Elles sensibilisent et préparent aussi les entreprises à accueillir ces jeunes. 3 000 personnes environ bénéficient chaque année de ce dispositif, relai précieux pour les familles. ❹ La prise en compte des difficultés psychologiques par fois liées à la surdité ou à son contexte : souvent silencieuses ou déniées, elles peuvent en gendrer des conduites à risque, jusqu’au suicide ou à des troubles mentaux. Cette situation a fait l’objet d’une enquête nationale sur la « détresse psychologique » en 2010, avec l’aide de l’INPES et de TNS Sofres (résultats sur le site : www.anpeda.fr). L’ANPEDA travaille avec l’UNISDA pour que soient développés - avec l’appui de professionnels mieux informés et formés - une prévention et un accompagnement précoces des jeunes et des familles confrontés à cette difficulté. Une action est menée auprès des ARS pour un recensement des réseaux de pro fessionnels sensibilisés aux diffi cultés psychologiques des jeunes et adultes sourds ou malenten dants, une autre l’est auprès de l’INPES pour la prévention de ce risque ; ❺ Les familles ayant un enfant sourd avec handicap(s) associé(s) : ces familles sont confrontées à de graves carences du dispositif d’accueil existant. En lien avec des associations spécialisées (CLAPEAHA, APARSHA, GNCHR) l’ANPEDA travaille à l’émergence de solutions pour ces situations demeurant aujourd’hui parmi les plus critiques. ■ VOÏTA Président de l’Association Nationale des ParentsEnfants Déficients Auditifs Pour en savoir plus : www.anpeda.fr

Auditifs, reconnue d’utilité publique, réunit depuis sa création en 1948 les associa tions de parents d’enfant sourd ou malentendant, avec ou sans handicap associé.

L’ANPEDA, Fédération des Associations Nationales de Parents d’Enfants Déficients

L’ANPEDA, UNE ASSOCIATION DE PARENTS

Son activité se décline aux niveaux national, régional, départemental et local.

116 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

Au plan national, l’action est à la fois politique et de ser vice en direction des familles. Politique, pour être la voix des familles auprès des instances nationales (Ministères concer nés - Education, Culture, Affaires Sociales, Santé, Handicap -, CNCPH, UNAF, Comité d’entente etc.) et en lien avec les associations partenaires (Droit au Savoir, UNIS DA, PEP, CLAPEAHA, CNIR etc.). En direction des familles, l’ANPEDA assure une veille et une diffusion de l’information sur la surdité, en ligne sur www. anpeda.fr, par un bulletin (lettre de L’ANPEDA) via une newslet ter. L’ANPEDA propose aussi à ses adhérents un service d’assu rances pour tous les types d’ap pareillages auditifs, aux tarifs et prestations avantageux. Enfin, cette année a été inauguré un partenariat avec l’UCPA, pour proposer des « vacances acces sibles » à destination des jeunes sourds et malentendants. Leur succès immédiat témoigne bien du besoin existant. Pour les associations de ter rain, l’action se concentre, avec des spécificités locales, autour de 5 pôles principaux.

FÉDÉRATION NATIONALE COUPLES ET FAMILLES COMMENT LA THÉRAPIE FAMILIALE VIENT-ELLE SOUTENIR ET AIDER LA FAMILLE, LE COUPLE, L’INDIVIDU ?

117INITIATIVES TERRAIN

En travaillant avec les familles en situation de crise, ce sont les différents sous-systèmes que nous soutenons : l’individu, le système conjugal, le système pa rental et la fratrie.

ASSOCIATIONS FAMILIALES

familialelorsQu’observons-nousd’unethérapie?

ACTIONS

L’individuation n’est pas l’in dividualisme. La clé de la dyna mique relationnelle est basée sur la capacité de chacun à pouvoir « donner et recevoir ». Ce prin cipe fait vivre la notion de réci procité, c’est-à-dire la responsa bilité d’une personne vis-à-vis d’une autre, notion tellement mise à mal selon ce que disent les couples en situations de crise qui nous consultent. se construit, trouve son identité La famille est un véritable « laboratoire relationnel » ! Ce petit « atome social » mo dèle les comportements et pose les jalons de la façon de commu niquer avec les autres. Ce que nous avons vu se jouer sous nos yeux dans notre famille d’origine et les représentations que nous en avons, (l’image du couple conjugal, parental, les relations dans la fratrie, la façon dont on communiquait, la façon d’être en lien, nos relations à l’ar gent ou des choses aussi banales que la façon de manger les spa ghettis ou d’organiser nos loisirs, etc.) orientent nos choix et in fluencent notre vision du monde. La famille joue un rôle essen tiel dans l’évolution de l’individu, dans la confiance qu’il a en luimême et dans les autres. Je vérifie chaque jour dans ma pratique, à quel point « pour le meilleur et pour le pire », chacun transporte en soi, sa famille originelle, tantôt comme un poids et une source de limitations, tantôt au contraire comme une force, une ressource et une richesse ; car la famille peut jouer un rôle de structure idéale, mais elle peut aussi être un lieu de destruction et de souf france.Oncomprend alors, combien le travail auprès des familles est important !

Le cadre thérapeutique est posé de manière à ce que chacun puisse exprimer ses besoins et identifier les contraintes qu’im pose un respect mutuel. Nous of frons ainsi le modèle d’un cadre sécurisant avec suffisamment de liberté et de frontières claire ment définies pour préserver et encourager l’individuation

Car la façon dont les familles accomplissent leur fonction de première « cellule de vie » détermine en grande partie les chances de réussite des individus dans leur parcours vers l’autono mie, la réalisation de leur projets personnels et le développement de compétences sociales.

Une mise en scène interac tive d’un scénario conjugal et familial ! Cette « représentation » jouée devant les co-thérapeutes1 comme une scène de théâtre, leur permet de restituer aux acteurs de la scène ce qu’ils ob servent.Cette fonction d’observateur et de « miroir », relayée par une parole qui témoigne des relations perçues ou ressenties par les thé rapeutes, permet à chacun des membres de la famille de s’ob server en retour et de prendre conscience de son rôle et des ressources du système familial. Autrement dit, en nous inté ressant au fonctionnement du système dans son ensemble, nous pouvons repérer et aider la famille à prendre conscience de son organisation, des places et des fonctions de chacun, des modes d’interaction, des codes, des règles implicites et explicites qui dictent à chacun la façon dont il doit agir ou penser… La famille est un lieu d’identifi cation majeur ! C’est la matrice, le creuset à partir duquel l’individu se définit, La théorie de la thérapie familiale systémique se base sur le fait que l’humain n’est pas un être isolé, mais un être actif et réactif, qui influence et est influencé par son environnement. L’image que l’on pourrait en donner, c’est celle « du poisson dans son bocal », c’est-à-dire qu’aucun comportement individuel ne peut être considéré en lui-même, sans tenir compte du contexte dans lequel il est observé. C’est l’approche avec laquelle je travaille et qui constitue la base des quelques observations qui suivent.

1 Nous sommes deux thérapeutes pour les entretiens familiaux ; la co-thérapie en plus de la singularité de chacun offre deux regards qui permettent à la famille d’avoir des appuis différenciés et « encourage » l’individuation Caroline MARCHAL Fédération nationale Couples et Familles DES

118 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

La Fédération Nationale Couples et Familles se compose de plus de trente associations en France Métropolitaine et à La Réunion, regroupant plus de 750 Conseil lers Conjugaux et Familiaux.

Pour en savoir plus : www.couples-et-familles.com

Au cours des entretiens, les thérapeutes favorisent l’échange, distribuent la parole, empêchent qu’une personne ne parle à la place d’une autre, ou qu’elle soit coupée, soutiennent les plus faibles, soulignent les com pétences et encouragent les membres de la famille à la gratifi cation et à la validation des points forts de chacun. Car il est impor tant que la famille s’identifie aussi comme lieu d’apprentissage de la solidarité et lieu de soin. Pour conclure, la famille et plus particulièrement le couple sont des lieux privilégiés de la ré pétition de modèles relationnels trans-générationnels (la répéti tion du vécu passif de chacun). La thérapie familiale permet de pouvoir prendre conscience des empreintes familiales et de nos loyautés qui peuvent parfois, une fois adulte, nous conduire à reproduire jusqu’aux dysfonc tionnements. La thérapie familiale offre un champ thérapeutique complexi fié, mais pas plus compliqué, par le nombre de personnes et la multiplication des interactions. La multitude d’informations que l’on peut recueillir facilite, au contraire, la compréhension que l’on a des personnes et de leurs comportements ; le symptôme d’un patient désigné peut alors trouver son sens dans la perspec tive de l’homéostasie familiale 2 La famille constitue un para doxe en ce qu’elle est à la fois un ancrage qui conditionne notre sécurité de base, mais également un lieu de passage. La thérapie familiale permet de se confronter à ce double mouvement et de se préparer au travail délicat de la séparation… ■ 2 L’homéostasie est une régulation qui permet au système de préserver son équilibre. Le patient désigné peut être porteur de la symptomatique du groupe.

C’est ce que propose EFA au travers de groupes de paroles, présents dans la grande majo rité des 92 associations dépar tementales qui composent le mouvement. Il ne s’agit ni d’un coaching, ni d’une démarche thé rapeutique mais essentiellement d’un soutien entre pairs, d’un espace d’échanges entre per sonnes qui vivent ou ont vécu la construction d’une famille adoptive. Animés conjointement par des bénévoles d’EFA formés à l’écoute et un thérapeute, ils bénéficient souvent de l’appui financier des REAAP. Parallèle ment, journées festives, confé rences ou rencontres à thèmes permettent aux parents de ne pas se sentir seuls, de continuer à s’informer et à partager. La solidarité entre les familles fait partie intégrante de l’accompa gnement que l’on peut trouver « dans la grande famille EFA », comme les adhérents se plaisent parfois à le dire. Enfin, en com plément et en relai des actions locales dans les départements, la fédération a également créé une ligne d’écoute nationale, qui res pecte l’anonymat des personnes. Nécessaire après l’arrivée de l’enfant, cet accompagne ment ne l’est pas moins avant.

Faire sien l’enfant né d’une autre, avec son histoire, sa dif férence, peut sembler un acte généreux. Mais pour les parents, il s’agit avant tout de construire sa famille sur des fondations qui peuvent être fragiles. Pour Blan dine Hamon, médecin et ani matrice de groupes de paroles au sein d’EFA, l’enfant adopté présente des options supplé mentaires : il a souvent un passé inconnu avec lequel il devra apprendre à vivre, il n’arrive pas toujours en bonne santé, sa per sonnalité a été imprégnée par abandon et ruptures, quel que soit l’âge auquel il est adopté. De ce fait, les parents adoptifs doivent également développer des options supplémentaires 1, dont la plus importante est sans nul doute celle de pouvoir créer une relation sécurisante avec leur enfant, à force de temps et de patience. Or si leur volonté est forte, le chemin est difficile avec des périodes de doute ou de découragement. D’autant plus qu’ils doivent souvent affronter le regard normatif de la société, de l’école, l’incompréhension de la famille et de l’entourage face à un enfant qui développe des comportements difficiles à comprendre. Il est donc impor tant pour eux de trouver du sou tien et des conseils appropriés.

119INITIATIVES TERRAIN EFA

Avoir trouvé du soutien dans la construction de son projet et dans la période d’attente de l’enfant (la durée de validité de 5 ans de l’agrément ne suf fit parfois plus aujourd’hui) permet d’oser en rechercher après, lorsque des difficultés surviennent. Si les candidats à l’adoption sont accueillis et accompagnés à EFA, la prise de conscience de cette néces sité est plus lente au niveau des acteurs institutionnels, maillons d’un parcours qui manque au jourd’hui de coordination.

Certains Conseils Généraux ont créé, à destination des fa milles et des candidats, des es paces spécialisés où ils peuvent trouver conseils et informa tions. C’est le cas par exemple de l’espace adoption de LoireAtlantique, co-animé par le ser vice adoption et un collectif d’associations, dont EFA fait par tie. Mais ces initiatives restent encore rares et disparates, et les familles souffrent d’un manque de structures professionnelles capables de répondre de ma nière adéquate à leurs questions spécifiques : quelques trop rares centres médico-psychologiques (CMP) se sont spécialisés et les Consultations d’Orientation et de Conseil en Adoption au sein des CHU peinent à se dévelop per, faute de moyens et de vo lonté politique. ■ En 60 ans d’existence et grâce aux 200 000 familles qui ont fait l’histoire du mouvement, la fédération Enfance et Familles d’Adoption a vu évoluer le monde de l’adoption et les préoccupations des familles. Depuis de nombreuses années, l’accueil et l’accompagnement des familles adoptives, mais aussi des candidats à l’adoption, sont au cœur de son action.

ACTIONS DES ASSOCIATIONS FAMILIALES

1 « Quels accompagnements des familles ? » in Evaluer l’adoptabilité – la question du projet de vie de l’enfant – EFA – janvier 2011 Françoise TOLETTI Vice-Présidente d’Enfance & Familles d’Adoption, équipe « accompagnement des familles » Si leur volonté est forte, le chemin est difficile avec des périodes de doute et de découragement

LE NÉCESSAIRE SOUTIEN DES FAMILLES ADOPTIVES

« Parents par adoption : des mots pour le quotidien » de Blandine Hamon-Clémentz

120 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

Cette fédération de 93 associations départementales regroupe près de 9000 familles (parents adoptifs, postulants, adoptés majeurs). Reconnue d’utilité publique, elle s’emploie à faire respecter le droit de chaque enfant à grandir auprès de pa rents, et à défendre les intérêts moraux et matériels des fa milles qu’elle représente. EFA participe à l’évolution des idées et de la législation, à la préparation des futurs adoptants, et à l’accompagnement des familles. Contact : 01 40 05 57 70 A lire aussi les actions menées en partenariat avec les UDAF page 100

Pour en savoir plus : www.adoptionefa.org

La nouvelle édition, revue et augmentée, de l’ouvrage de Blandine Hamon, Parents par adoption : des mots pour le quotidien, est enfin parue ! Cet ou vrage aborde les questions que se posent tous les parents adoptifs sur l’histoire première de l’enfant ; le quotidien avec l’enfant ; la scolarité ; la sexualité des enfants, sujet peu abordé et pourtant capital ; l’adolescence, âge de questionnements et de remises en question. Chaque chapitre est accom pagné de notes de (re)lecture, permettant de compléter le propos ou de l’approfondir. Pratique, concret mais sans « recette toute faite » ni jugement, ce livre aide chaque famille à identifier ses failles, mais aussi à reconnaître ses atouts. Cette nouvelle édition est enrichie d’un nouveau chapitre sur l’estime de soi, notion essentielle dans le parcours et le devenir des enfants adoptés. Enfance & Familles d’Adoption, 2011 - 17€ (bon de commande sur le site EFA) à lire... Enfance & Familles d’Adoption

• Mettre à disposition des psychologues spécialisés dans la problématique des familles de multiples avec lesquels ces dernières pourront débattre à cœur Ecoutonsouvert.

les familles que je reçois ont des enfants dont l’âge varie de la naissance à 5 ans environ. Les moyens mis en place sur le terrain peuvent varier d’une association Jumeaux et Plus à l’autre, et les actions de soutien à la parentalité se conjuguer sur d’autres modes : réseau d’écouteconseils, mamans-relais, listes de discussion sur internet permet tant l’échange entre familles modérées par les bénévoles des associations, journal trimes triel (vecteur d’informations et recueil de témoignages des familles), cafés-parentalité, ren contres familiales, conférencesdébats ou encore consultations de soutien à la parentalité. ■ Fédération Jumeaux et Plus 28, Place Saint Georges 75009 Paris Tél : 01 44 53 06 secretariat@jumeaux-et-plus.fr03 www.jumeaux-et-plus.fr La Fédération Jumeaux et Plus, créée en 1979 et re connue d’utilité publique en 2003, regroupe 80 associa tions départementales gérées par plus de 800 bénévoles. Ensemble, ils défendent les intérêts d’environ 14 000 familles adhérentes. Sous l’impulsion du Professeur Pons, elle s’est dotée d’un Comité Scientifique actuelle ment présidé par le Profes seur Yves Ville et composé de spécialistes reconnus : méde cins, psychologues, démo graphes...

• Soutenir les familles, les écouter, leur permettre d’exprimer leurs émotions souvent ambivalentes ;

CONSULTATION

• Briser l’isolement social ;

121INITIATIVES TERRAIN

FÉDÉRATION NATIONALE JUMEAUX ET PLUS

• Profiter du partage d’expé riences pour dépasser un quotidien épuisant ;

Corinne Tenti, psy chologue clinicienne en cabinet, qui a mis en place une consulta tion de soutien à la parentalité, à la demande de l’Association Jumeaux et Plus de Paris.

Nous aidons ces familles à préparer l’arrivée des jumeaux, triplés ou plus dans le couple, la fratrie, que ce soit au cours de la grossesse, à l’arrivée des bébés ou pendant la vie des en fants car si le désir d’enfant est le choix des parents, l’arrivée de multiples ne l’est pas et peut placer la famille face à des dif ficultés d’ordre médical, socioéconomique ou psychologique ayant des conséquences impor tantes sur la cellule familiale et l’insertion socio-professionnelle des mamans.Dans ce contexte, Jumeaux et Plus place le soutien à la parentalité au cœur de ses actions. ➜ Notre but :

• Fournir des pistes d’organi sation indispensables ;

Avoir 2 enfants nés le même jour, c’est 2 fois plus de bonheur » « Certes, c’est ce que nous disent les parents lorsque leurs enfants sont un peu plus grands. Mais il faut bien dire que les débuts peuvent s’avérer assez chaotiques.Faceàla fréquence des dépressions maternelles, une consultation a été créée et fonctionne depuis plusieurs années. Elle se tient tous les samedis matin, ce qui permet aux papas de ve nir, dans nos locaux du 11ème, sachant que les rendez-vous peuvent également être téléphoniques, notamment pour les mamans en fin de grossesse. Elle est gratuite pour les parents adhérents. Les futurs parents ou les parents viennent me voir seuls, individuelle ment, en couple, ou en famille avec les enfants qui leur semblent en difficulté, y compris les aînés quand ces derniers réagissent mal à la naissance des mul tiples, ou, parfois aussi, pour les prépa rer à cette naissance à venir. Ce n’est pas un lieu de prise en charge à long terme et j’oriente donc les personnes lorsque cela me paraît nécessaire. Mais je peux accompagner ponctuellement une famille sur plu sieursGlobalement,séances.

Les associations Jumeaux et Plus ont pour but l’entraide et l’information à destination des parents d’enfants issus de naissances multiples. En 33 ans, notre mouvement a soutenu plus de 275 000 familles.

POUR LES PARENTS DE « MULTIPLES »

ACTIONS DES ASSOCIATIONS FAMILIALES

des ateliers Prospect Famille à l’UNAFAM UNAFAM LE PROGRAMME

SOUTIEN DES FAMILLES PAR DES FAMILLES

1 European federation of associations of families of people with mental illness. 2 Docteur et chercheur australien, K. Alexander a développé, à partir de son expérience personnelle de père touché par la psychose de son fils, 14 principes pour faire face à la maladie psychique.

Prendre du recul semble une nécessité pour trouver la bonne distance. Prendre conscience de ses savoirs et des savoir-faire L’idée que la famille serait res ponsable du déclenchement des troubles psychiques est dépassée mais elle a laissé une blessure qui doit être prise en compte. « Prospect » va conduire les par ticipants à alléger leur culpabilité et retrouver leur capacité à être parents. En échangeant des savoirfaire acquis depuis des années, les familles prennent conscience de leurs compétences. Elles se sentent désormais expertes par expérience, tout en reconnais sant leurs propres limites et leurs fragilités.

122 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

Depuis 2005, des familles touchées par les troubles psychiques d’un proche bénéficient d’un programme qui leur est dédié. Elles se retrouvent dans des ateliers d’entraide « Prospect-Famille » où elles échangent sur leur vécu et leurs attentes quant à la prise en charge de leurs proches. Elles expriment leurs difficultés et leurs souffrances pour les dépasser. Elles puisent dans leur expérience des compétences pour élaborer des stratégies afin de faire face et envisager l’avenir. Le programme « Prospect-Famille » a été conçu par des familles pour des familles. Lors d’un congrès de l’EUFAMI 1, des familles de divers pays euro péens, s’appuyant sur les travaux de Ken Alexander 2, ont élaboré le programme « Prospect » car elles ont pris conscience qu’elles par tageaient le même vécu doulou reux et les mêmes besoins, trop peu pris en compte par les forma tions existantes. « Prospect-Famille » fait par tie d’un ensemble de trois pro grammes : le premier destiné aux familles et amis, créé et animé par des familles pour des familles. Le deuxième, conçu par des per sonnes ayant l’expérience intime de la maladie, est aussi animé par des pairs. Le troisième enfin, écrit et animé par des profes sionnels pour des professionnels qui travaillent en lien avec des personnes souffrant de troubles psychiques. Expérimentation en France Les ateliers d’entraide Pros pect-Famille ont été expérimen tés en France, grâce à un soutien financier de la Caisse nationale de solidarité et d’autonomie (CNSA), dans le cadre de sa poli tique d’aide aux aidants. Depuis, l’UNAFAM a développé ce projet qui est mis en œuvre localement par les délégués régionaux de l’association qui obtiennent des subventions auprès des ARS. Le bilan, à ce jour, est très posi tif et encourageant : cinquante bénévoles actifs de l’UNAFAM formés en interne par l’équipe de pilotage, ont en effet animé des ateliers Prospect-Famille dans toute la France, au béné fice d’environ 2000 participants depuis 2005, dont les évaluations prouvent qu’ils y ont trouvé aide, soutien et un réconfort quant à leur capacité à jouer leur rôle parental. « Prospect » les aide à démentir l’accusation de « famille défaillante » qu’on leur a trop sou vent prêtée et ainsi sortir de la culpabilité. Les objectifs : « un travail centré sur l’entourage familial » Les familles confrontées aux troubles psychiques d’un proche développent une hyper-vigilance à l’égard de la personne malade, négligeant parfois les autres membres de la famille au détriment de leur propre équilibre physique, psy chique et social. L’objectif des ateliers « Prospect » est de faire prendre conscience de ces processus et d’envisager des perspectives d’avenir. Rompre l’isolement Dans un atelier « Prospect » où les animateurs sont eux-mêmes concernés par les thèmes évo qués, les participants découvrent un espace de liberté permettant de déposer leurs sentiments de solitude, de disqualification ou d’impuissance. Ils partagent un destin commun avec d’autres familles avec lesquelles ils tissent très vite des liens. Prendre du recul Les familles dont un membre souffre de troubles psychiques sont souvent déstabilisées et démunies face à des comporte ments insupportables et souvent conflictuels qui les épuisent. Souvent écartelées, les familles oscillent entre des positions extrêmes : tout accepter ou tout refuser, protéger ou rejeter…

Christine CHAISE Bénévole Marie-FrançoiseDebourdeau équipePsychologue,depilotage

PROSPECT-FAMILLE :

Module 8 Recenser toutes les aides dispo nibles. Module 9 Comprendre la nécessité de changer et se fixer des objectifs.

123INITIATIVES TERRAIN

3 Co-animation par deux animateurs bénévoles de l’Unafam qui ont suivi un parcours de formation interne par une équipe de pilotage. et que leur expérience est prise en considération. On note aussi une réelle satisfaction quant à la construction de techniques pour faire face. Le fait de se sen tir moins isolé apparaît toujours comme un apport majeur des ate liersDed’entraide.nombreux participants attendent un prolongement des ateliers « Prospect »… L’UNA FAM peut alors leur proposer de rejoindre un groupe de parole, qu’ils dynamisent souvent, ou de s’investir dans le bénévolat pour transmettre à de nouvelles familles ce qu’ils ont pu décou vrir. ■ La mise en œuvre des ateliers Prospect famille Les ateliers sont organisés au niveau régional et départemental par les bénévoles de l’UNAFAM for més par l’équipe nationale de pilotage « ProspectFamille ». La participation aux ateliers est ouverte à toute personne concernée par la maladie psychique d’un proche, qui éprouve le besoin de partager avec d’autres dans un atelier où sont respectées les règles de confidentialité et de non jugement. Les partici pants s’engagent pour l’ensemble des 10 modules de l’atelier (soit 20 heures), le plus souvent sur deux week-ends. Une participation financière de 20 € par personne est demandée. Pour connaître les dates et lieux des prochains ateliers « Prospect » ou trouver de l’aide auprès d’une psychologue, appelez le service écoute-famille au 01 42 63 03 03 L’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (UNAFAM) a été créée en 1963 à l’initiative de familles avec le soutien de psychiatres. Face à la maladie psychique, les aidantset en premier lieu les familles - se sont regroupés afin de sortir de l’isolement et faire reconnaître le rôle essentiel qu’ils jouent auprès de leur proche ma lade. Actuellement, 15 000 familles sont adhérentes à l’UNAFAM. www.unafam.org

Identifier des stratégies pour faire face Face aux troubles psychiques, les méthodes éducatives habi tuelles se révèlent souvent ino pérantes ! « Prospect » va per mettre d’en acquérir d’autres en réfléchissant ensemble sur trois points qui épuisent les fa milles dans la relation avec leurs proches : l’incapacité à dire non, le danger d’être confronté aux idées délirantes ou de s’épuiser à les combattre, et enfin la tenta tion d’une relation fusionnelle.

Développer un réseau d’aide Les familles prennent conscience de la nécessité de renforcer leur réseau d’aides ami cales, familiales, associatives et professionnelles, et de tisser des liens avec les différents interlo cuteurs des champs médicaux, sociaux, juridiques, aux compé tences appréciées et reconnues. Ce filet protecteur allège le poids énorme de la psychose sur l’en semble de la famille. Développer confiance et estime de soi « Prospect » qui permet de se découvrir « experts par expé rience » renforce l’estime de soi. Les participants s’aperçoivent qu’ils ont supporté des pres sions énormes auxquelles ils ont fait face alors qu’ils n’étaient pas préparés à de telles épreuves (découverte de la maladie, risque suicidaire, refus de soin, incom préhension des soignants qui n’entendent pas leur désespoir). Ils ressentent de la fierté d’avoir réussi à s’être adaptés sans re lâche et de continuer à le faire : « nous sommes des parents héroïques ! » s’est écriée une participante un jour... Le contenu des ateliers Prospect Un atelier « Prospect » est ani mé par deux animateurs 3, dans une position d’égalité par rapport aux participants qui les recon naissent comme des pairs. « Pros pect » ne conviendrait pas à ceux qui rechercheraient des recettes ou à ceux que rassurerait le savoir d’un professionnel. Il s’adresse surtout à ceux qui veulent retrou ver le plaisir de penser, souvent mis à mal par la psychose, à ceux qui ne se détournent pas devant les remises en question de leurs attitudes et sont prêts à changer. Module 1 Faire connaissance, établir les règles des ateliers. Module 2 Dresser l’inventaire de ce que la maladie mentale nous a appris ! Module 3 Repérer les pressions pour allé ger celles qui peuvent l’être, à l’avenir. Module 4 Identifier nos signes personnels de stress pour apprendre à le gérer. Module 5 Evaluer ce que nous avons perdu et découvrir les étapes nécessaires pour sur monter notre douleur.

Module 10 Inscrire résolument nos objec tifs dans une perspective d’ave nir. L’évaluation des ateliers Des questionnaires d’évalua tion permettent de recueillir les réflexions des participants et des animateurs afin d’établir un bilan quantitatif et qualitatif. L’UNA FAM transmet ensuite à l’EUFAMI ce bilan pour une évaluation eu ropéenne.Lepoint le plus marquant est sans conteste le fait que les par ticipants se sentent reconnus

Module 6 Acquérir des techniques actives pour faire face. Module 7 Développer des techniques rai sonnées pour faire face.

ACTIONS DES ASSOCIATIONS FAMILIALES

Les Services d’Aide à la Parentalité existent depuis juin 2002 à Lille, janvier 2003 à Roubaix–Tourcoing. La base des interventions repose sur l’adhésion des parents. Le but recherché est l’étayage des fonctions parentales. Nos actions visent ainsi à favoriser l’émergence de nouvelles compétences à partir des ressources de la famille.

Les adultes-parents accom pagnés par le Service d’Aide à la Parentalité présentent une déficience intellectuelle légère à moyenne. Le handicap intel lectuel fait partie de l’identité de ces parents, mais c’est le statut de parent qui oriente de façon prédominante les actions mises en place dans le cadre de cet accompagnement. éthiquePositionnement

UNAPEI

Les visites à domicile consti tuent l’outil principal utilisé par les professionnels, mais chaque moyen est à envisager et à adap ter en fonction de la singularité des situations. Ainsi, quand cela est nécessaire, les éducateurs accompagnent les parents lors de rendez-vous médicaux, sco laires, de loisirs : cela rassure les parents car il est possible de réexpliquer ce qui a été dit. Des actions collectives (sor ties ou groupes de parents) sont aussi un outil d’action : les mo ments partagés permettent aux parents d’entendre que d’autres rencontrent les mêmes difficul tés, d’échanger sur leur rôle, de recevoir des conseils de pairs. Actions Il s’agit essentiellement pour l’éducateur d’assurer une fonc tion de guidance et d’étayage auprès de l’adulte. Des conseils concernant l’éducation au sens large sont en outre dispensés. Les actions menées peuvent se situer à travers la médiation : entre les parents et l’enfant, entre les parents eux-mêmes ou entre les services partenaires et la famille. Il s’agit aussi d’accom pagner les parents dans la réali sation de leurs propres compé tences et de valoriser leur statut deLaparent.finalité des interven tions est de permettre aux pa rents d’avoir une plus grande confiance en leurs compétences parentales et d’avoir les meil leures interactions possibles avec leurs enfants. L’objectif général est la prévention et le développement harmonieux de l’enfant. Outils et interventions Pour chaque famille et en fonction des situations rencon trées, l’équipe met en place différents outils. Il peut arriver d’utiliser la grille de développe ment qui précise les acquis et les jouets convenant à chaque âge de l’enfant ; l’usage de calen driers est aussi très utile pour des parents non lecteurs (dif férencier par couleur les ren dez-vous des enfants) ; la photo peut constituer un support inté ressant pour mobiliser les sou venirs en lien avec le passé de l’enfant ou de mesurer son déve loppement.Réfléchir avec les parents sur leur statut et rôle (C’est quoi, un papa/une maman ?) peut faire avancer et discuter les adultes entre eux sur leur représenta tions et permettre de faire le point sur la situation actuelle. COMMENT AIDER LES PARENTS DÉFICIENTS INTELLECTUELS

124 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

Public accueilli

Si les membres de l’équipe travaillent au cœur de la rela tion parents-enfants, le parent reste le référent absolu, le res ponsable, au centre de l’action. Les interventions ne se font que lorsque les parents sont deman deurs ou d’accord avec l’aide proposée.Accompagner ces parents, c’est leur permettre de se réali ser, soutenir leurs potentialités, leurs aptitudes tout en respec tant leur niveau de développe ment intellectuel. Ce positionnement demande aux professionnels de voir la personne comme unique et glo bale, et de l’accompagner dans son altérité. La démarche ne s’inscrit pas en substitution de l’action parentale mais dans le contexte d’un soutien au déve loppement des compétences de la famille.Undes premiers constats est la double dimension dans laquelle nous intervenons : nous devons tenir compte de la dimension de l’adulte au travers sa fonction et ses compétences parentales, mais sans nier celle deL’idéel’enfant.est de faire prendre conscience aux parents des besoins physiques et moraux de leur enfant : ce qui peut leur sembler adéquat ne l’est pas tou jours pour différentes raisons (histoires de vie). Modes d’interventions

Patricia MUNCH Chef des services de milieux ouverts des PAPILLONS BLANCS DE LILLE, association membre de l’UNAPEI Contact UNAPEI : www.unapei.org

ACTIONS DES ASSOCIATIONS FAMILIALES

Parmi les outils utilisés de ma nière commune, le Projet d’Ac compagnement Parental signé au démarrage de l’accompagne ment entre les parents, l’équipe et les partenaires socio-éduca tifs. Il comprend les objectifs que les parents nous demandent de les aider à atteindre : « trou ver un mode de garde, préparer l’entrée à l’école, savoir se faire obéir, préparer la séparation mère-enfant, etc. ». Ils sont revus chaque année, avec l’adhésion de la famille. Un bilan écrit de l’année est réalisé pour faire le point des ac tions menées, des difficultés et les objectifs pour l’année à suivre (arrêt ou continuité de l’accom pagnement). Il est lu en équipe et aux parents le jour du PAP (Plan d’Actions Personnalisé). L’équipe de Roubaix-Tour coing organise « les lundis des mamans » une fois par mois, animés par une puéricultrice Naissance des services d’aide à la parentalité dans le Nord Il y a environ 50 ans, dans l’APEI (Asso ciation de Parents d’Enfants Inadap tés) de Lille, des parents d’enfants et d’adultes handicapés mentaux créèrent les premiers foyers d’hébergement pour assurer la sécurité des enfants lors du décès des parents. 20 ans plus tard, les enfants devenus adultes quittaient ces structures pour vivre dans des appartements de trois personnes où des éducateurs interve naient. Très vite, certains ont préféré emménager seuls dans des studios. Puis les premiers couples se formèrent et demandèrent à vivre ensemble. Les pre miers enfants virent le jour en 1995. En 2001, une enquête est menée par l’UDAPEI (Union Départementale des Associations de Parents d’Enfants Ina daptés) sur les adultes en position de parents fréquentant les ESAT (Etablisse ments d’Aide et Services par le Travail) : le total des enfants concernés dans le département est estimé entre 1500 et 2 000. « Nous avons pris conscience qu’il convenait d’accorder une atten tion particulière aux façons d’étayer ces parentalités », explique Brigitte Doré, Directrice générale adjointe de l’Udapei. La plupart des enfants étaient pla cés dans le cadre de l’Aide Sociale à l’Enfance et les adultes vivaient mal cette situation : « Pourtant mon enfant n’était pas malheureux, on ne le tapait pas ! ». L’enquête a montré que si un parent avait une reconnaissance Coto rep, cela signifiait de manière implicite son incompétence à élever son enfant. La Direction Enfance Famille du dépar tement du Nord (DEF) permit la créa tion expérimentale de services d’aide à la parentalité pour des parents défi cients intellectuels en juin 2OO2. Forte des résultats, la DEF pérennisa l’action en 2007.

Des frises peuvent être uti lisées, tout comme des outils favorisant la symbolisation, l’imagination (ex : films, pâte à modeler, livres, images…). Les jeux de société autorisent des moments agréables au sein de la famille, tout en permet tant la mise en place de règles, ou d’aborder de manière plus légère un problème familial. Les outils mis en œuvre sont uniques à chaque intervention : ce qui constitue aussi un enri chissement de tous les instants pour les éducateurs, qui bénéfi cient d’une grande autonomie. Les services et les outils dans le cadre de l’accompagnement

125INITIATIVES TERRAIN

126 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

de PMI, en présence de l’un des éducateurs du service. Sur Lille, des groupes de parents permettent des rencontres. Ils fonctionnent en deux temps : d’abord autour d’un thème puis de discussions ouvertes. Le travail en réseau Les actions du service sont menées en lien avec d’autres intervenants.Toutd’abord, il est important de s’appuyer sur les personnes déjà présentes auprès des pa rents, comme leur famille, leurs voisins, leurs amis et personnes identifiées comme « aidantes » et pouvant « donner un coup de mainParallèlement,». un partenariat est mené avec les équipes qui accompagnent les adultes en se mi-autonomie et autonomie, les professionnels des délégations à la tutelle, les équipes d’Unités Territoriales de Prévention et d’Action Sociale (UTPAS), ser vices de Protection Maternelle et Infantile (PMI), Service So cial Départemental (SSD), Aide Sociale à l’Enfance (ASE), les organismes et associations, les spécialistes libéraux, les écoles et autres professionnels. Le rôle de l’éducateur consiste à coordonner les ac teurs médico-sociaux, complé ter si nécessaire ce qui est déjà en place, voir comment s’arti culent les uns les autres pour éviter les redondances ou que la famille se sente perdue dans « qui fait quoi ? ». L’éducateur permet également de faire en tendre la voix du ou des parents accompagnés. ■

Ecouter avec empathie, sans jugement ni « conseil », c’est la mission première d’Allo Parents Bébé. L’objectif est de permettre aux personnes qui appellent d’exprimer leurs difficultés avec leur enfant sans avoir peur d’être jugés. Allo Parents Bébé soutient les parents et futurs parents, et les aident à trouver les meilleures réponses à leurs difficultés. Lorsque cela est nécessaire, Allo Parents Bébé oriente les appelants vers les structures de proximité adaptées (maternités, PMI, associations…) et les profes sionnels de santé et de la petite enfance. C’est un service complé mentaire du réseau existant. Pour relayer sur le terrain les demandes d’aide des parents fragilisés, les écoutants Allo Parents Bébé dis posent d’une base de données qui permet d’orienter les appe lants vers les réseaux existants et les professionnels concernés, sur tout le territoire français. Cette orientation est essentielle pour permettre aux personnes qui ap pellent d’être soutenues près de chez elles et de pouvoir commen cer un vrai travail d’accompagne ment et d’aide. Une équipe de profes sionnels de la petite enfance à l’écoute Pour répondre aux interro gations, voire aux angoisses des parents, des professionnels spé cialisés dans le secteur médicosocial et de la petite enfance (puéricultrices et psychologues cliniciennes) sont à l’écoute. Leur rôle est d’encourager les appelants à parler de la situation vécue et de favoriser le dialogue pour dédramatiser une situation tendue, parfois difficile à expri mer. Ils sont également attentifs pour déceler d’éventuels symp tômes de fragilité de la fonction parentale, et repérer les signes de débordement qui pourraient affecter les premières relations parents-bébé.Lesécoutants encouragent donc les parents à se confier, à parler de sujets qu’ils ne pour raient pas ou n’oseraient pas abor der avec la famille ou les amis. Ils travaillent beaucoup sur la tonalité de la voix pour aménager un espace de parole rassurant avec chaque appelant. De plus, l’anonymat qu’offre un Numéro Vert aide souvent à libérer la parole. BÉBÉ

C’est dans les années 20042005, dans la perspective de la célébration en 2009 des 20 ans de la Convention Internationale rela tive aux Droits de l’Enfant, qu’En fance et Partage a décidé d’appli quer au plus près l’article 6 qui stipule que « l’enfant a un droit inhérent à la vie ». A travers sa longue pratique de la téléphonie sociale, Enfance et Partage avait identifié que les violences subies par les enfants se produisent à plus de 85 % dans le cadre familial et qu’elles sont souvent le fruit de dysfonctionnements graves dans la relation entre l’enfant et ses parents.L’association franchit un pas supplémentaire vers la préven tion précoce de la maltraitance en lançant Allo Parents Bébé en février 2008. Son objectif ? Agir au service du développement har monieux du bébé dans sa cellule familiale, avec la volonté d’inter venir le plus en amont possible des difficultés et de la dégradation éventuelle des situations. Avec la création d’Allo Parents Bébé, l’association franchit un pas sup plémentaire vers la prévention précoce de la maltraitance. L’aide à la nouveauparents-bébé,relationunbesoin L’éloignement géographique de l’entourage familial, la disponibi lité moindre des grand-mères qui travaillent encore, la brièveté des séjours en maternité mais aussi la persistance d’un tabou qui veut que la naissance se doit d’être un moment d’épanouissement pour la famille et pour la mère en par ticulier, expliquent le désarroi des jeunes parents qui n’arrivent pas toujours à dire leurs difficultés. Sur l’ensemble du territoire national, de nombreux services sanitaires et sociaux entourent la grossesse, la naissance et la santé des bébés. Dans l’entourage de la cellule familiale, il n’existait pas de ligne d’écoute permettant de répondre aux questions que se posent les jeunes parents dès qu’une difficulté apparaît, aux heures où les professionnels ne sont pas disponibles, ou qu’une inquiétude se fait jour dans leur relation avec le nourrisson. C’est pour pallier l’absence de ce maillon dans la chaîne sani taire et sociale autour des jeunes parents qu’Enfance et Partage a conçu ce nouveau service. Et les résultats de l’étude réalisée par TNS-Sofres en janvier 2008 pour Enfance et Partage ont confirmé le diagnostic qu’avait fait l’associa tion en révélant qu’1 mère sur 5 - soit près de 50 000 femmes - ne sait pas vers qui se tourner pour trouver de l’aide face aux réac tions et au comportement de son bébé, ainsi qu’à ses propres senti ments.

ACTIONS D’AUTRES ASSOCIATIONS

0800 00 3456

ALLO PARENTS

127INITIATIVES TERRAIN

A l’écoute depuis 2008, Allo Parents Bébé est le premier Numéro Vert national, anonyme et gratuit d’aide à la parentalité. Ce service, créé par l’association Enfance et Partage, s’est donné pour mission d’écouter, de soutenir et d’orienter les parents inquiets dès la grossesse et jusqu’aux trois ans de l’enfant.

Ecouter, soutenir, orienter : 3 fondamentalesmissions

128 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 TERRAININITIATIVES

Allo Parents Bébé, un service de l’association Enfance et Partage Enfance et Partage se bat depuis 35 ans pour les droits de l’enfant, en France et dans le monde. L’association protège et défend les enfants contre la maltraitance (physique, psycholo gique ou sexuelle) avec des missions de prévention, d’écoute, de conseil et de soutien juridique et psychologique aux enfants victimes et à leur famille. Pour en savoir plus : www.alloparentsbebe.org

Plus de 20 000 appels La réalité des premiers mois avec un bébé à la maison ne cor respond pas toujours à l’idée que le couple s’en faisait… L’appel type à Allo Parents Bébé, c’est une maman d’une trentaine d’années qui appelle au sujet de son pre mier bébé, âgé de moins de 6 mois dans la moitié des cas. Environ 75 % des appels concernent 3 grands thèmes de la vie quotidienne d’un nouveau-né, c’est à dire l’allaitement, l’alimen tation et les troubles digestifs, les pleurs et le sommeil, et enfin la fatigue de la mère accentuée par le baby blues.

Une analyse fine des appels montre que les mamans qui appellent ne sont pas forcément celles qui se rendent en consul tation, parfois pour des raisons d’éloignement géographique mais pas seulement. Des mamans qui sont réticentes à la démarche d’aller consulter un psychologue vont en effet « oser » plus volon tiers appeler Allo Parents Bébé car elles ont le sentiment que cela les expose moins. L’entretien téléphonique est donc un mode d’écoute et de soutien particuliè rement adapté pour les personnes qui auraient du mal à faire le pre mier pas vers un professionnel en entretien classique. Pour aller plus loin, une ligne de soutien per sonnalisé complète le dispositif C’est pour répondre aux at tentes des nombreux parents qui appellent plusieurs fois le Numé ro Vert qu’Allo Parents Bébé pro pose depuis février 2012 des ren dez-vous d’aide et de soutien avec une écoutante en particulier qui devient leur interlocuteur unique. Ce suivi, temporaire, prolonge le d’écoute initié par le Numéro Vert. Il est destiné à aider les pa rents à surmonter des difficultés ponctuelles qu’ils rencontrent, avec un nombre d’entretiens limité afin de ne pas installer la relation mais au contraire de les inciter le cas échéant à consulter un professionnel de proximité. En pratique Allo Parents Bébé s’adresse aux femmes enceintes, futurs papas, parents, frères et sœurs, grandsparents et proches de l’enfant jusqu’à 3 ans, mais également aux professionnels de la santé et de la petite enfance. Le centre d’appels, situé à Paris au siège d’Enfance et Partage, fonctionne le lundi, mardi et jeudi de 10h à 20h, le mercredi de 10h à 13h et de 17h à 20h et le vendredi de 10h à 17h. Des kits de communication composés d’affiches, de trip tyques professionnels et de flyers grand public sont disponibles sur simple demande à contacts@allo parentsbebe.org. ■

25 % des appels sont de véri tables appels de détresse. Der rière des questions concrètes et pratiques de puériculture ou d’éducation peuvent se cacher de véritables demandes d’aide et d’accompagnement que l’entou rage n’a pas décelées ou aux quelles il n’est pas en mesure de répondre.Depuis sa mise en service, les appels au 0800 00 3456 ont permis à l’équipe d’Allo Parents Bébé de soutenir plus de 20 000 parents désemparés par l’arri vée d’un bébé dans leur vie, et de les aider à trouver en eux les ressources pour construire la rela tion avec leur bébé.

RÉALITÉS FAMILIALES - 2012

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE129

Sous l’angle des politiques publiques, des actions concrètes ou de conseils pratiques aux parents, le soutien à la parentalité fait l’objet de nombreuses publications. La plupart des rapports et ouvrages professionnels sont disponibles au centre de documentation de l’UNAF. En librairie, les ouvrages pour aider les parents sont si nombreux, qu’à l’instar de certaines UDAF qui proposent des bibliothèques aux parents, nous avons élaboré une sélection d’ouvrages sur différentes thématiques.

La parentalité fait l’objet d’un regain d’intérêt des chercheurs. Néanmoins, cette notion ne se définit pas simplement, surtout dans un contexte où les structures familiales sont mises à mal ou la frontière entre famille et paren talité n’est pas évidente et où le glissement de l’un à l’autre interroge. A la lumière des évolutions sociétales et législatives, les acteurs du champ socioéducatif se trouvent confrontés à des enjeux nouveaux et la place des parents au sein du travail de suppléance familiale se pose. Les contributions sont regoupées en trois grands chapitres : un panorama plutôt historique des évo lutions des structures familiales, un tour d’horizon de la fonction parentale et enfin les aides et le soutien à la fonction parentale.

Évolution de la parentalité

* Parentalité (La) : une affaire d’Etat ? / BUGHIN, Michel ; LA MARCHE, Colette ; LEFRANC, Pascale.- L’Harmattan : 2003. - 223 p. : ill., tabl. (Logiques sociales).- (A 31.01 BUG) La prise en compte et le succès de la notion de parentalité dans les années 1990 montre la reconnaissance des différentes formes que peut prendre le rôle de parent. En témoignent les néologismes mono-parentalité, co-paren talité, homo-parentalité... Ainsi dans le même temps que l’importance du rôle parental était reconnu et que de nombreuses actions de soutien à la parentalité étaient mises en place, a-t-on jamais autant entendu parler de violences urbaines ou scolaires dont la seule origine aurait été la démission des parents. En évoquant l’évolution des structures familiales puis en donnant la parole aux familles, aux pro fessionnels, les auteurs cherchent à « favoriser une analyse plus lucide des enjeux de cette mise en exergue de la parentalité ».

Qu’est-ce Que la parentalité ?

* De la difficulté d’être parent : Qu’en comprendre, qu’en dire, qu’en faire ? / COUM, Daniel ; dir. Les Carnets de parenteL, n° spécial, 2010.- 230 p.- (L 14.1 DEL) S’il est avéré qu’il est difficile d’être parents, à quoi tient cette difficulté et comment aider les parents ? C’est à ces questions que ce numéro spécial des Carnets de Parentel se propose de répondre. Les contributions abordent ainsi la notion de parentalité, la place de l’enfant dans la société, celle des grands-parents, le rôle du père, ainsi que l’aide à la parentalité et les REAAP (Réseau d’Ecoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents).

* De la parenté à la parentalité / BRUEL, Alain ; FAGET, Jacques ; JACQUES, Lucille.- ERES : 2001.- 94 p.- (L 14 DEL) Face à une fonction parentale malmenée, le recours à la notion de parenta lité s’étend notamment par rapport aux recompositions parentales. Or cette notion n’existe pas au plan juridique. Plusieurs spécialistes de disciplines différentes proposent des regards croisés sur cette question ouvrant ainsi le champ de la réflexion et des pistes pour l’action.

130BIBLIOGRAPHIE RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 BIBLIOGRAPHIE

* Parentalité en questions (La) / VOSSIER, Bernard ; dir.- ESF éditeur ; ANDESI : 2002.- 212 p. (Actions sociales/ société).- (L 14 PAR)

* Nouvelles conjugalités et nouveaux modèles familiaux ? - Poli tiques sociales et familiales, n°96, 2009.- 123 p.- (A 31 NOU) Les conceptions du couple et de la famille ont connu d’importantes muta tions en quelques décennies : diversification des formes d’union et de vie Les documents précédés d’un astérisque sont disponibles au Centre de documentation de l’UNAF : unaf_doc@unaf.fr LA SÉLECTION PARENTALITÉ DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE L’UNAF

* Être parents aujourd’hui : dossier / BOUREGBA, Alain ; coord. ; OTT, Laurent ; coord.- JournaL des professionneLs de L’enfanCe, n°51, 2008.- pp. 35-65.- (L 14 ETR) Ce dossier du Journal des Professionnels de l’Enfance regroupe les contribu tions de spécialistes issus de champs aussi variés que la psychologie, sociologie ou anthropologie, l’éducation et l’enseignement et enfin la justice. Chacun, en fonction de son expérience, donne sa définition de la fonction parentale, l’autorité parentale ou encore les relations entre les institutions et les familles. Des expériences d’accueil de parents sont également évoquées. En dernier lieu, une contribution aborde la place du père dans le travail avec les parents. Au final, les auteurs s’accordent à reconnaître la solitude croissante des parents face à leurs responsabilités alors que celles-ci deviennent un enjeux central des débats public et politique.

- 123 p.- (A 31.01 ENF) Pourquoi maintenir des liens entre les enfants et les parents dont ils sont séparés ? Comment maintenir ces liens et jusqu’où ? Faut-il parler de liens ou de chaînes ? Comment se passe le placement de l’enfant, sa dynamique, ses obstacles, son accompagnement ? Telles sont les questions auxquelles tente de répondre ce dossier.On notera également un survol historique rappelant que quitter sa famille était pratique courante pour les enfants européens jusqu’au XIXe siècle ainsi qu’une contribution sur les liens à reconstruire chez les enfants d’immigrés maghrébins.

> parentalité et divorce

* Précarités et éducation familiale / ZAOUCHE-GAUDRON,Chantal ; dir.- Erès : 2011.- 455 p.- (L 14.1 PRE)

Les parentalités « particulières » > parentalité et handicap

* Nouvelles formes de parentalité et le droit (Les) : Une journée d’auditions publiques de la commission des Lois / Sénat, HYEST, Jean-Jacques ; rapp.- doCuments parLementaires sénat, n°392, 2006. - 71 p.- (B 40 SEN) Deux tables rondes, l’une consacrée à l’évolution des modes de filiation, l’autre à l’adaptation du droit aux familles recomposées, réunissaient des spécialistes de la famille (juristes et magistrats, sociologues, psychanalystes et pédopsychiatres, représentants d’associations parmi lesquelles l’UNAF). Autour de la filiation, les discussions ont notamment porté sur l’ouverture aux célibataires et aux homosexuels de la PMA (procréation médicalement assistée) et de l’adoption. Le statut du beau-parent a été abordé aux cours des discussions portant sur les recompositions familiales. Ce document re prend l’intégralité des auditions et des débats. Rapport disponible sur le site www.senat.fr

* Nouvelles formes de parentalité (Les) : Journées nationales de la FNEPE [Fédération nationale des Ecoles des parents et des Edu cateurs]. L’Ecole des parents, n°1HS, 2005.- 66 p.- (A 31 NOU) C’est un lieu commun de dire que la famille a changé. Les modèles fami liaux se sont diversifiés et on parle désormais de « parentalité » pour parler des rôles parentaux. Ce terme apparu dans les années quatre-vingt englobe à la fois des responsabilités juridiques, morales et éducatives.Trois volets à ce compte-rendu des travaux : l’évolution de la parentalité : causes, ampleur et nature des changements ; la pluriparentalité aujourd’hui ; l’accompagne ment des formes plurielles de la parentalité.

* Parents... « comme les autres ! » - ViVre ensembLe, n°106, 2011. - pp. 6-11.- (L 14 PAR) Ce dossier est consacré aux personnes déficientes intellectuelles qui ont décidé de devenir parents en dépit des préjugés encore nombreux. A quelles diffi cultés spécifiques sont-elles confrontées dans l’éducation de leurs enfants ? Comment les accompagner ?

» Article en ligne sur www.cairn.fr

* Un droit de la famille centré sur la parentalité / FOSSIER, Thierry.informations soCiaLes, n°149, 2008.- pp. 32-38.- (B 40 FOS) « Le droit français a évolué assez rapidement du concept de puissance à celui d’autorité et de l’attribut paternel à la responsabilité d’un couple parental. Mais les recompositions familiales ouvrent maintenant d’autres horizons, en évoquant l’idée d’une responsabilité du groupe familial tout entier, soli daire autour de l’enfant. La dérive serait alors de créer un droit à l’enfant, dont plusieurs débats parlementaires passés, actuels ou à venir font craindre l’irruption.

* Quand la parentalité est empêchée... / LEGO, Gaëlle ; coord. - Les Carnets de parenteL, n°33, 2011.- 120 p.- (L 14 QUA) Ce numéro est consacré au travail d’accompagnement à la parentalité lorsque celle-ci est « empêchée » : lors du deuil d’un enfant, lors de l’arrivée d’un enfant handicapé, lorsque les parents ne parviennent pas à jouer leur rôle et délaissent leur enfant, ou bien encore à la manière dont un enfant handicapé devenu adulte s’investit dans la fonction parentale.

* Femmes seules avec enfants face à la précarité / NEYRAND, Gérard ; coord.- diaLogue, n°163, 2004.- 88 p.- (A 31.41 FEM) Monoparentalité et précarité sont souvent liées, comme le montre le sociologué Gérard Neyrand qui analyse l’interactivité de ces deux proces sus. Les professionnels sont souvent démunis face à cette situation et des dispositifs se mettent en place pour soutenir les femmes en situation de précarité. La situation est particulièrement difficile pour les femmes seules d’origine immigrée qui se heurtent et aux problèmes culturels et à une précarité spécifique liée à leur statut de femmes migrantes. Com ment les politiques publiques prennent en compte cette spécificité ? Un tour d’horizon des politiques sociales européennes permet une approche comparative des réponses apportées. Article en ligne sur www.cairn.fr

* Faut-il réformer le rôle des tiers en droit de la famille ? : suite et fin / FENOUILLET, Dominique.- petites affiChes, n°59, 2010. - pp. 7-22.- (B 40 FEN) La notion de « parentalité », prise en charge effective de l’enfant, est ici explicitée et son contenu à peu près défini. L’auteur démontre que son ren forcement, prévu par un projet de réforme, est « discutable et guère convain cant ». Elle démontre qu’il perturbe profondément l’autorité conférée par le droit aux parents. Dans un second article, elle s’interroge sur les « effets pro bables d’entraînement » de la réforme, notamment « l’homoparenté ». Elle distingue ainsi trois catégories : le renforcement des innovations projetées, la propagation à des questions collatérales (nom, patrimoine et succession, obligation alimentaire) et enfin « l’induction remontante » (adoption, pro création médicalement assistée...).

La parentalité : aspects juridiQues

* Enfant séparé de ses parents : quels liens poursuivre ? (L’) : dossier / EPELBAUM, Catherine ; coord.- diaLogue, n°119, 1993.

* Pour une éthique parentale : Essai sur la parentalité contem poraine / GHITTI, Jean-Marc.- Editions du Cerf : 2005.- 234 p. (Recherches morales).- (L 14 GHI) Qu’est-ce que la parentalité aujourd’hui ? s’interroge Jean-Marc Guetty spé cialiste de la famille. L’évolution des structures familiales et du droit bous cule les schémas établis et amènent à chercher ce qui fonde la responsabilité parentale tandis que les figures de la parentalité se multiplient : biologique, éducative, adoptive, naturelle...

131BIBLIOGRAPHIE de couples, instabilité des unions, dissociation entre filiation et mariages, recomposition conjugale et familiale... Ces évolutions ne sont pas sans in fluence sur nos modes de penser le couple et la famille. On peut dès lors se demander ce qui fait famille aujourd’hui. Le dossier offre des clefs d’analyse de la conjugalité et de la parentalité. Trois axes ont été retenus : les formes du couple, les familles recomposées et enfin l’homoparentalité. Les articles de ce dossier sont disponibles sur www.caf.fr / rubrique « publications »

> parentalité et précarité

* Collaboration parents/professionnels concernant l’accueil des nouveaux parents et l’accompagnement du jeune enfant (La) : dossier. teChniC handiCaps [Les Cahiers de L’unapei], n°11, 2003. - 18 p.- (L 14.1 COL) L’objectif de ce dossier consacré aux relations des professionnels et des parents d’enfants handicapés mentaux est de déterminer les services à mettre en place pour soutenir les parents et les accompagner dans leur fonction éducative.

> homoparentalité

* Education aux médias (L’) : Un kit à l’intention des enseignants, des élèves, des parents et des professionnels / UNESCO : 2006. - 205 p.- (M 80.9 ORG) L’UNESCO reconnait le rôle important de l’éducation aux médias et propose ce manuel à l’intention des enseignants, élèves, parents, journalistes, produc teurs, professionnels des médias pour leur donner des bases solides et durables pour une éducation aux médias large et systématique destinée aux enfants dès leur plus jeune âge, tant à l’école que dans les familles et dans les médias.

Document en ligne sur www.unesco.org / rubrique Communi cation et information

* Manipulation des enfants (La) : par la télévision et par l’ordi nateur / LURCAT, Liliane.- François-Xavier de Guibert : 2008. - 240 p.- (M 83.21 LUR) L’auteur, chercheuse en psychologie sociale, tente de faire prendre conscience du problème extrêmement préoccupant que posent la télévision et l’ordina teur au foyer, face à des parents démunis et à l’impuissance de l’école inapte à protéger les enfants.

* Homoparentalité en question (L’) : Et l’enfant dans tout ça ? / BOURGES, Béatrice, FLAVIGNY, Christian ; préf.- Le Rocher : 2008.- 135 p.- (A 31 BOU) L’enfant semble être le grand perdant des débats sur l’homoparentalité et des évolutions juridiques constatées. C’est en tout cas le point de vue défendu par Béatrice Bourges dans son essai. Elle plaide pour une filiation reconnais sable par les enfants et défend la différenciation sexuelle des parents comme facteur essentiel de la construction de l’enfant.

* Adoption au coeur de la société (L’) : dossier.- aCCueiL, n°148, 2008.- 46 p.- (F 47 ADO) Ce dossier consacré à l’adoption vise à repérer l’image de l’adoption dans la société et sa place dans la diversité des structures familiales. Il cherche également à analyser la parentalité adoptive et ses spécificités et à mettre en évidence les apports de l’adoption en terme de valeurs et d’enjeux.

- (A 31 HOM) Cette nouvelle édition revue, mise à jour et augmentée regroupe les contribu tions de nombreux chercheurs afin de faire le point sur la question toujours aussi controversée de l’homoparentalité. Elle examine les études et recherches faites sur la parenté, ainsi que sur les aspects sociologiques, ethnologiques, anthropologiques, juridiques et cliniques des familles homoparentales et leurs enfants.

Cet ouvrage collectif rassemble les résultats de recherches en sociologie, psy chologie, sciences de l’éducation et travail social sur les précarités socio-éco nomiques et leurs conséquences sur les structures familiales et la fonction parentale, en Europe et au Québec. Ils montrent les actions mises en oeuvre auprès des populations précarisées et indiquent les pistes à suivre en matière de politiques familiales et sociales.

* P@RENTS ! : la parentalité à l’ère du numérique : les outils à destination des parents / UNAF ; MICROSOFT France.- (M 85.4 UNI) Cette brochure aborde la question de l’exercice de la parentalité à l’ère du numérique. Ce guide parental, simple et informatif, aborde les grands principes de l’éducation et de la civilité dans l’environnement cyber-médiatique et propose une série de conseils et de solutions pour accompagner les parents.

* Mes papas, mes mamans, et moi ? : la place de l’enfant dans les nouvelles parentalités / BESSON, Jacques ; dir. ; GALTIER, Mireille ; dir.- Editions ERES : 2007.- 170 p. (Les dossiers de Spirale). - (A 31 MES) Les découvertes biomédicales, les évolutions sociologiques de la famille et l’apparition de nouvelles formes de parentalité posent la question du développement identitaire de l’enfant. Les auteurs proposent un parcours de la question de la parentalité aujourd’hui. Ils soulignent les impasses possibles mais aussi les perspectives qui structureront peut-être la société du futur.

* Parents au quotidien - Accueil, n°152, 2009.- 40 p.- (L 14 PAR) Dans son dossier sur la parentalité adoptive, la revue Accueil donne la parole à des parents adoptifs. Ils expriment leur ressentis et leurs préoccu pations concernant leur vie de « Parents au quotidien » et les contributions de psychologues, psychiatres, pédagogues ou philosophes viennent étayer et compléter ces témoignages. La notion de parentalité est ainsi expliquée, les processus d’adaptation qui s’instaurent lors de l’arrivée de l’enfant dans sa famille, la scolarisation lorsque l’enfant accueilli est déjà en âge d’aller à l’école, ou bien encore la place du parent vis-à-vis de l’enfant adopté et le regard de l’extérieur. > parentalité et travail * Couple, famille, parentalité, travail des femmes : les modèles évo luent avec les générations / MAINGUENE, Alice.- INSEE Première, n°1339, 2011.- 4 p.- (A 31 MAI) Les structures familiales se sont transformées depuis une cinquantaine d’an nées.Les mentalités ont accompagnées ces changements et banalisées d’une certaine manière la diversité des parcours conjugaux et familiaux. Si on se place du point de vue de l’intérêt de l’enfant, les évolutions sont plus nuancées et un consensus se dégage autour du rôle des deux parents dans le développement de l’enfant. Le regard porté sur le travail des femmes a éga lement profondément évolué. L’impact du travail des parents sur les enfants reste encore une question de genre et les effets négatifs sont davantage associés au travail des mères. En ligne sur www.insee.fr * Parent au travail, travail de parents : Colloque : La parentalité au travail.- L’eCoLe des parents, n°586HS, 2010.- 58 p.- (D 45 PAR) Ce hors-série reprend les actes du colloque « La Parentalité au travail » organisé par l’Ecole des Parents et des Educateurs d’Ile-de-France en juin 2010. Les contributions ont été organisées autout de quatre thématiques : la concurrence des temps familiaux et professionnels, avec un point sur parentalité et précarité ; la coparentalité, qui traite du couple, de l’auto rité au sein de la famille... ; la séparation et ses conséquences financières, notamment pour les mères ; et enfin le « travail parental » : de quoi s’agit-il, reconnaissance du statut parental... Les conclusions abordent, quant à elles, la question de l’autorité des parents mais aussi des enfants. parentalité et médias

* Homoparentalités, état des lieux / GROSS, Martine ; dir ; COM MAILLE, Jacques ; préf.- Erès : 2005.- 443 p. (La vie de l’enfant).

* Famille envahie par les images (La) - Le diVan famiLiaL, n°7, 2001. - 181 p.- (M 80.6 FAM) La famille a un rôle important à jouer dans l’apprentissage d’une attitude critique vis-à-vis des images. Les textes de cette revue explorent quelques uns des problèmes posés aujourd’hui autour des « images en famille ». L’attitude des parents avec les enfants joueurs de jeux vidéo, qui se montrent plus sou vent prescripteurs que compréhensifs et médiateurs. Un article rend compte de la première étude menée sur les relations des jeunes et des écrans et analyse l’impact sur les relations familiales de l’usage de plus en plus intensif des écrans. Enfin, une contribution évoque le caractère récurrent du débat sur la violence des images en rapport avec celle des comportements et invite à une pédagogie des images.

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> parentalité et adoption

132 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 BIBLIOGRAPHIE

La notion de soutien à la parentalité revêt différentes significations selon le domaine à partir duquel elle est abordée : éducation, droit parental, sociologie de la famille... Les contributions réunies dans ce numéro de la Revue internationale de l’éducation familiale se proposent d’étudier le sou tien à la parentalité sous ses divers aspects, notamment les besoins des parents d’enfant handicapé ou encore les attentes des parents en matière d’informa tion et de formation afin qu’ils puissent prendre part à la vie scolaire de leur enfant, aussi bien que dans d’autres domaines de la vie quotidienne, dans leurs pratiques éducatives... > éclairage européen

* Intervenir auprès des parents : Réfléchir, construire et expéri menter des projets dans un contexte européen / PREVOT, Olivier ; dir. ; DAMIEN, Thierry ; préf. ; POURTOIS, Jean-Pierre ; préf. ; VI GNON, Jérôme ; préf.- Familles rurales : 2010.- 262 p.- (L 14.1 INT) Réalisé dans le cadre du projet européen « Clés d’accompagnement des familles en Europe » et en collaboration avec l’Institut des sciences de la famille de Lyon et l’Institut des pratiques sociales de l’université de FrancheComté, cet ouvrage a pour objectif de favoriser les actions innovantes dans le domaine du soutien à la parentalité. > des dispositifs de soutien parental Médiation familiale * Courants de la médiation familiale - Chronique sociale éditions : 2012.- 187 p.- (B 42 COU)

* Participation des pères aux soins et à l’éducation des enfants (La) : l’influence des rapports sociaux de sexe entre les parents et entre les générations / BRUGEILLES, Carole ; SEBILLE, Pascal.- poLitiques soCiaLes et famiLLes, n°95, 2009.- pp. 19-32.- (A 31.8 BRU) Les évolutions législatives mais aussi l’évolution des mentalités ont contribué à faire émerger l’image d’un « nouveau père » plus impliqué dans l’éduca tion des enfants et dans le partage des tâches domestiques. Dans la réalité, la répartition des tâches parentales reste encore assez inégale. Les auteurs analysent ces inégalités de répartition et cherchent à en expli quer les causes. Ils s’appuient pour ce faire sur l’enquête de l’INED (Institut national d’études démographiques) sur les relations familiales et intergéné rationnelles.

* Education familiale : Acteurs, processus et enjeux / DURNING, Paul.- L’Harmattan : 2006.- 290 p. (Savoir et formation).- (L 14 DUR) L’éducation familiale est « l’action d’élever ou d’éduquer un ou des enfants, mise en oeuvre le plus souvent dans les groupes familiaux par des adultes, parents des enfants concernés ». Dans une plus large mesure, il s’agit éga lement de « l’ensemble des interventions sociales mises en oeuvre pour pré parer, soutenir, aider, voire suppléer les parents dans leurs tâches éducatives auprès de leurs enfants ». Cet ouvrage est la réédition et une actualisation de la thèse de Paul Durning parue en 1995 sur l’intervention éducative en direction des familles. Il étudie les processus éducatifs intrafamiliaux, explique les dysfonctionnements de l’activité parentale et examine l’indis pensable partenariat entre professionnels et parents.

* Zap l’écran, vive la vie ! : GSM, télé, ordi : comment les maîtriser ? / GILLY, Patrice.- Couleur Livres / Vie Ouvrière : 2008.- 120 p.(M 85.4 GIL)

* Accompagnement des parents (L’) / RIBES, Bruno, BRIN, Hubert ; préf.- Dunod : 2003.- 178 p.- (L 14.1 RIB) Dans l’ensemble les parents ne sont pas défaillants. Mais ils reconnaissent avoir des difficultés et certains d’entre eux se disent dépassés ou désorientés. Ils éprouvent le besoin d’être soutenus et épaulés dans leur fonction édu cative. Ils s’interrogent sur les questions d’autorité, sur la crise des valeurs, sur la violence sur les comportements des adolescents... Dans la première partie de l’ouvrage, Bruno Ribes propose en regard de ces interrogations des pistes de réflexion pour accompagner les parents. Il met ainsi en évi dence l’interdépendance entre les liens familiaux et les liens sociaux. La deuxième partie est essentiellement consacrée aux réseaux d’écoute, d’ap pui et d’accompagnement des parents (REAAP) mis en place en 1999. Ces réseaux ont pour objectif l’accompagnement de la fonction parentale. Bruno Ribes en rappelle les fondements et les objectifs.

L’auteur analyse la place de plus en plus importante accordée à l’image (télé vision, ordinateur, téléphones, etc.), tant dans les stratégies commerciales que dans les pratiques des jeunes en général et propose aux parents désorien tés des solutions pour renouer le dialogue, retrouver le sens critique et sortir du monde virtuel. Ce livre, basé sur des témoignages, des informations et des analyses est un outil d’éducation aux médias. du côté des pères

* Partager la parentalité. Les Carnets de parenteL, n°21, 2004. - 63 p.- (L 14 PAR) A qui revient l’éducation de l’enfant ? Aux parents ? Mais face aux mutations familiales et aux bouleversements qui traversent les structures familiales, cette réponse apparemment d’évidence s’avère plus délicate et plus complexe. La question de la parentalité et de son partage sont au centre de l’interrogation sur la fonction parentale. De même qu’il faut s’interroger sur l’articulation avec les professionnels et leur place dans l’accompagnement de la parentalité.

Article en ligne sur www.caf.fr * Paternité aujourd’hui (La) : pratiques, implications et politiquesreCherChes et préVisions, n°76, 2004.- pp. 3-86.- (A 31.8 PAT) L’histoire des pères et de la paternité est complexe. On est passé du statut de toute puissance du pater familias à une paternité en crise, et à un statut en creux. Le dossier de la revue de recherches de la CNAF propose quelques éclairages sur la paternité contemporaine en mettant en lumière les attitudes et les pratiques des pères dans l’exercice de leur fonction parentale. Le dossier présente également les résultats d’une étude sur les pères bénéficiaires de l’al location parentale d’éducation et ce que cela révèle des structures familiales. Une comparaison des politiques publiques française et anglaise en direction des pères élargit le regard. Enfin, les chercheurs dressent une rétrospective des évolutions de la fonction paternelle sur 20 ans et brossent les évolutions possibles de cette fonction dans les 20 prochaines années. En ligne sur www.caf.fr * Pères vont bien ! (Les) : Comment les hommes affirment et assument aujourd’hui leur paternité / SELLENET, Catherine.- Flammarion : 2005.- 245 p.- (A 31.8 SEL) En regroupant des témoignages d’enfants, de parents et de professionnels de l’enfance, et en s’appuyant sur des recherches en psychologie, sociologie et anthropologie, l’auteure retrace l’évolution du rôle des pères, la place qu’ils occupent aujourd’hui, leur implication plus forte et plus revendiquée auprès de leurs enfants ainsi que la manière dont les rôles sont partagés entre père et mère. soutien parental et responsabilité parentale > le soutien parental

133BIBLIOGRAPHIE

* Soutien à la parentalité : les attentes des parents. Revue interna tionale de l’éducation familiale, n°23, 2008.- 164 p.- (L 14.1 SOU)

* Couples en crise... famille fragilisée ? : colloque, 21 novembre 2008. Paris : actes / Fédération syndicale des familles monoparen tales, n°148, 2009.- 48 p.- (A 31.4 FED) Le colloque organisé en 2008 par la Fédération syndicale des familles monoparentales s’est centré sur les conséquences des crises du couple sur les relations familiales et singulièrement sur la fonction parentale. Les inter ventions et les réactions de la salle ont porté sur la distinction entre le couple conjugal et le couple parental, le maintien du lien et de l’exercice de la parentalité après une séparation, le rôle de la médiation familiale dans les situations conflictuelles.

www.travail-solidarité.gouv.fr

«Cet ouvrage présente quatre courants de la médiation familiale : la médiation-rencontre de parentèle, le modèle groupal narratif, la média tion sur intérêts, le courant transformatif. Chaque courant est présenté dans ses appuis théoriques, ses méthodes d’intervention illustrées par des vignettes cliniques. Pour chaque approche, le cadre éthique et déontolo gique de la médiation est révélé.»

134 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 BIBLIOGRAPHIE Prix 6,50 Réalités REVUE NATIONALE ASSOCIATIONS FAMILIALES « PARRAINER UN ENFANT PRÈS DE CHEZ SOI »

* Rôle de parent. Attentes et besoins des familles (Le) : Actions innovantes dans les réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagne ment des parents / CREPIN, Christiane. dossiers d’etudes [CNAF], n°144, 2011.- 76 p.- (L 14.1 CRE) L’auteur s’intéresse aux actions innovantes mises en oeuvre par les REAAP d’après les besoins identifiés par les familles au regard du rôle de parent : « le fonctionnement quotidien et courant de la famille et les rôles attendus des parents ; et les besoins spécifiques de familles en grandes difficultés sociales ou familiales pour lesquelles d’autres problèmes captent entièrement l’attention et l’énergie de la famille ». Le dossier, en deux parties, étudie dans un premier temps les besoins des familles et porte dans un deuxième temps sur les actions des REAAP : leurs objectifs, la participation et l’implication des parents, les bonnes pratiques ou actions innovantes. Il conclue par « des enseignements sur les attentes d’une poli tique intégrée du rôle de parent à l’échelon local, des pistes pour l’action et des questionnements pour la recherche ». Numéro en ligne sur www.caf.fr

* Groupes de parents vus par les parents (Les) : contribution à l’évaluation / ASSOCIATION RESCIF ; REAAP 67 ; GUIRAUD TERRIER, Elisa ; coord.- 2009.- 56 p. (L 14.1 ASS) Cette étude présente une démarche d’évaluation qualitative des actions de soutien parental du REAAP 67 (Réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents) et ses résultats. Les témoignages d’une dizaine de parents ayant participé à ces actions (café-parents, conférencesdébats...) permettent de mieux comprendre les freins et les déclencheurs à la participation des parents. Ils permettent également de répondre à certaines questions qui se posent dans les REAAP comme les types de groupes de parents visés dans les politiques de soutien à la parentalité, la participation des pères, la place des professionnels dans les actions, ou encore la mixité socioculturelle.

Parrainage*Enfanceet parrainage : guide du parrainage d’enfants / Ministère de la Justice ; Ministère du travail, des rela tions sociales, de la famille et de la solidarité ; Comité national du Parrainage, CABOURDIN, Philippe-Pierre ; préf ; TREGOAT, Jean-Michel ; préf.- 48 p.- (F 47 MIN) « Chaque jour, de nombreux bénévoles et associations s’en gagent en acceptant de parrainer un enfant, de s’impliquer dans son éducation et son développement en lui consacrant du temps et une attention complémentaires à celles dont il bénéficie dans sa famille ou son environnement habituel. [...] Ce guide pratique constitue le cadre de référence dans lequel doivent s’exercer les actions de parrainage d’enfants en France. Enfants, parents, parrains et professionnels y trouveront des repères et des exemples clairs, des réponses aux nombreuses questions que peut susciter cette relation si particulière, ainsi que les garanties de qualité et de sécurité offertes à tous les acteurs du parrainage ». Guide sur * Parrainer un enfant près de chez soi / UNAF ; réaLités famiLiaLes, n°89, 2009.- 60 p.- (F 47 UNI) Le parrainage est souvent associé à l’action humanitaire. Mais, il existe aussi une forme de parrainage local, de proximité qui s’est développé d’abord à l’initiative de d’associations ou de personnes privées. Ce par rainage acquiert aujourd’hui une légitimité publique en prenant place au nombre des interventions sociales d’aide à l’enfance et de soutien à la parentalité. Il s’appuie sur des outils qui en fixent le cadre et qui précise les droits et devoirs des acteurs. Cette reconnaissance ne règle pas toutes les questions. Le dossier fait le point sur cette pratique. Il en reconstitue l’his toire, il en décrit le cadre. Il donne la parole aux acteurs qui témoignent de leur expérience pour souligner les apports du parrainage tant au par rainé qu’au parrainant mais aussi les interrogations et les difficultés qui peuvent surgir. Ce numéro dessine aussi les contours d’une diversité de déclinaisons de cette pratique.

(RéseauxREAAP d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents) * Comment la parentalité vint à l’Etat : Retour sur l’expérience des Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents / BASTARD, Benoit ; CARDIA-VONECHE, Laura.- reVue française des affaires soCiaLes, n°4, 2004.- pp. 155-172.- (L 14.1 BAS) Cet article retrace l’histoire de l’intervention de l’État dans la famille avec la notion récente de « parentalité » et les conséquences de celle-ci sur les rapports entre associations, professionnels de la famille et institutions. En décrivant la démarche des REAAP, l’auteur « replace le mouvement récent du « soutien à la parentalité » dans les changements des politiques sociales appliquées à la famille ». Il montre également le double visage du REAAP qui peut permettre aux familles de se réaliser ou au contraire peut se cantonner à l’injonction normative. Article en ligne sur www.cairn.fr

135BIBLIOGRAPHIE

* Médiation familiale aujourd’hui : richesses et ouvertures (La) / FENAMEF : 2007.- 12 mn de film + 20 mn de bonus .- (B 42 FED) Le film est le témoignage d’un couple qui a eu recours à la médiation familiale pour régler les conflits de la séparation. Le témoignage est entre coupé d’interventions de professionnels.

* Médiation familiale, c’est mieux d’en parler (La) / BORDERIE, Olivier.- Atmosphere en images : 2009.- 100 mns.- (B 42 BOR) Au travers les témoignages des professionnels, des parents, des enfants, ce film présente la réalité du vécu et de l’évolution du dispositif de médiation familiale. Ce processus permet aux parents en conflit de reprendre le dia logue et de trouver une solution à la séparation. Ce documentaire donne la parole aux parents mais surtout aux enfants qui expriment leur ressenti face au conflit conjugal. Le service de médiation familiale de l’UDAF d’Ille-et-Vilaine présente son service de médiation familiale, la « Marmite des mots », destiné à l’expression des enfants.

ressources audiovisuelles (dvd)

* Analyse du projet de loi relatif à la prévention de la délinquance au regard de ses dispositions relatives aux familles / JESU, Fré déric. JournaL du droit des Jeunes [La reVue d’aCtion Juridique et soCiaLe], n°260, 2006.- pp. 15-22.- (A 65 JES) Analyse critique du projet de loi de prévention de la délinquance tel qu’adopté en première lecture par le Sénat. Frédéric Jésu s’attache tout particulièrement aux dispositions du texte qui concerne les familles, leur repérage et les mesures de « soutien » proposées pour les familles « fragiles ». Il met l’accent sur l’orientation générale du texte qui privilégie la sanction plutôt que l’éducatif, les risques de confusion des compétences des maires et des conseils généraux, les risques de violation du secret professionnel et l’empilement de dispositifs. Il rappelle l’opposition et de nombreux conseils généraux et du secteur associatif au contrat de responsabilité parentale. Frédéric Jesu fait un large écho aux positions de l’UNAF sur ce projet.

Rapport en ligne sur www.strategie.gouv.fr

* Stages de responsabilité parentale : Eviter la réponse répressive / BOUGEARD, Nathalie. Lien soCiaL, n°998, 2010.- pp. 10-16. - (L 14.1 BOU) Les stages de responsabilité parentale, instaurés par la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance, ont été mis en oeuvre dans les tribunaux de grande instance dans le cas où les parents ne se soumettent pas à leurs obligations légales. Ils sont une réponse alternative à la poursuite des parents en difficulté. Ce dossier fait le point sur le sujet et donne la parole à des travailleurs sociaux qui ont animé de tels stages, ainsi qu’à Françoise Duvignau, chargée de mission au cabinet du procu reur de la République de Paris.

* Responsabilisation des parents, une réponse à la délinquance des mineurs ? (La) : Perspectives internationales : actes du col loque - 21 janvier 2008 /- Centre d’Analyse Stratégique : 2009. - 101 p.- (A 65 CEN) Quelle responsabilité peut-être imputée aux parents dans la délin quance des mineurs ? Cette question est au coeur du débat public et poli tique.Lecolloque organisé par le Conseil d’Analyse Stratégique vise à éclairer la réflexion sur cette question. Experts et spécialistes donnent leur point de vue sur le rôle des parents dans la délinquance juvénile. Ils font le point sur l’implication des parents dans les recommandations européennes de prévention et de lutte contre la délinquance juvénile. Enfin, une série d’interventions présentent plus spécifiquement des expériences étrangères de responsabilisation des parents. La question finale étant de savoir ce qui peut être adapté au cas français.

* Remous dans la parentalité. Lorsque l’enfant fait la famille : Un échange avec Serge Lesourd, animé par Françoise Hurstel / LACROIX, Daniel.- ANTHEA : 2004.- 40 mns environ (Parole donnée).- (A 31.01 LAC) Deux psychanalystes du Laboratoire de Psychologie Famille et Filia tion de l’Université Pasteur de Strasbourg, précisent le cadre général des questions autour de la parentalité et des nouveaux symptômes liés aux transformations de la famille. Plusieurs thèmes sont abordés : la pater nité, le couple, la place généalogique des parents, la place de l’enfant dans la famille, l’éducation de l’enfant, le narcissisme des parents, l’autorité parentale et la problématique de la violence des adolescents.

* Faut-il apprendre à être parent(s) ? / DELATTRE, Dominique.La Cathode : 2007.- 95 mns. (Un film pour en parler).- (L 14 DEL) Ce documentaire sur la parentalité nous fait découvrir la diversité des démarches entreprises par des parents pour tenter de résoudre certaines de leurs difficultés concernant l’éducation, l’autorité et leur rôle paren tal. Au travers de témoignages de parents mais aussi de professionnels, le documentaire présente quelques dispositifs et associations qui viennent en aide aux parents.

Pour les professionnels

* CRP [Contrat de responsabilité parentale]: un contrat pour responsabiliser les parents ? (Le) : dossier. traVaiL soCiaL aCtuaLités, n°1097, 2007.- pp. 13-18.- (L 14 CRP) Malgré les protestations des associations, le Contrat de responsabilité parentale (CRP) est entré en vigueur à la rentrée scolaire 2006. Mis en place à la suite des émeutes urbaines de novembre 2005, il a pour but de responsabiliser les parents et de les aider à exercer leur autorité parentale auprès de leurs enfants, en cas de défaillances éducatives. Il leur propose un accompagnement assuré par des travailleurs sociaux. En cas de refus ou de non-respect du contrat, la sanction peut aller jusqu’à la suspension des allocations familiales. Ce dossier explique les fondements du dispositif, les défaillances éduca tives visées par le contrat, l’aide apportée aux parents et les dispositifs de soutien à la parentalité existants, les sanctions éventuelles.

* Guide de bonnes pratiques de soutien à la parentalité / Fédé ration nationale des Associations d’accueil et de réinsertion sociale. 2008.- (L 14.1 FED) Ce guide a pour objectif de mettre en valeur et développer les pra tiques de soutien à la parentalité à travers deux axes : la place du père et l’accompagnement des enfants. Pédagogique, il présente 10 expériences de bonnes pratiques permettant d’élaborer des outils méthodologiques de mise en oeuvre de pratiques professionnelles. Document en ligne sur www.fnars.org

* Aider ou surveiller les familles ? / HELFTER, Caroline. aCtuaLités soCiaLes hebdomadaires, n°2652, 2010.- pp. 28-31.- (F 40 HEL) Les dispositifs publics tendent à repérer le plus en amont possible les dif ficultés éducatives rencontrées par les parents. Si cette prévention précoce s’inscrit a priori dans une démarche de protection de l’enfance, elle n’est pas sans risque et beaucoup de professionnels dénoncent une résurgence du contrôle social et de la « police des familles ». Les missions des acteurs sociaux s’en trouvent brouillées et leur rôle de prévention dévalorisé.

DANS LA VITRINE DU LIBRAIRE

Gouverner les familles - Les classes populaires à l’épreuve de la parentalité / Manuel BOUCHER- L’Harmattan, 2011. 471 p. (Collection : Recherche et transformation sociales) Depuis plusieurs décennies, la responsabilisation éducative des familles des classes populaires est devenue une préoccupation forte pour les institutions soucieuses de l’intérêt et de la protection des enfants mais aussi pour celles qui sont directement préoccupées par la gestion des « turbulences urbaines ». Dans ce contexte, Manuel Boucher a dirigé une enquête sociologique dans des quartiers populaires de trois départements français au sein desquels des intervenants sociaux, des acteurs politico-institutionnels et des familles directement concernés par des actions de soutien à la fonction parentale ont été rencontrés. Parents-professionnels : la coéducation en questions / Sylvie Rayna - Marie-Nicole Rubio - Henriette Scheu - Editions Eres, 2010 ; 160 p. (Collection Enfance & parentalité) Largement employée dans le champ de la petite enfance et au-delà, la notion de coéducation recouvre des réalités multiples. Souvent associée au terme, non exempt d’ambiguïté, de soutien à la parentalité, elle se rapporte aux relations parents-professionnels qui président à l’éducation des enfants. Alors qu’on assiste à une disqualification des compétences parentales et que sont interrogées les compétences professionnelles, elle est ici mise en questions. Regards cliniques et approches critiques se croisent autour de « l’éduquer ensemble avec, ou côte à côte ». De la suppléance familiale au soutien à la parentalité / Dominique Fablet - L’Harmattan, 2010. 145 p. (Collection : Savoir et formation) Cet ouvrage rassemble des articles publiés au cours de la dernière décennie. Ils rendent compte de l’évolution du champ des interven pour les professionnels tions socio-éducatives, celles-ci pouvant être définies comme les in terventions de professionnels visant à assurer une action éducative complémentaire de l’action éducative intrafamiliale ou, lorsque des difficultés à ce niveau apparaissent, d’aide et de soutien à la famille dans ses fonctions éducatives (AED/AEMO) ou de suppléance fa miliale (placement en internat spécialisé ou placement familial). Cet ouvrage s’adresse aux étudiants et professionnels engagés dans des activités éducatives relevant du champ de l’éducation familiale.

Enjeux de la parentalité (Les) / Didier Houzel - Editions Erès, 2010 (1ère édition 1999) ; 200 p. (Collection Enfance & paren talité) Y-a-t-il des conditions optimales pour le développement psychique d’un enfant ? Quelle est la nature des liens qui s’établissent entre l’enfant et ses parents ? Si l’enfant ne peut rester dans sa famille est-il souhaitable ou non de favoriser des rencontres avec elle ? Quels sont les enjeux, à moyen et à long terme, de la rupture ou du maintien des relations entre un enfant placé et ses parents ? Quels liens peuvent-ils alors élaborer ? Comment évaluer la capacité des parents à assumer à nouveau, après une période de séparation, tout ou partie de leurs fonctions parentales ? Comment y préparer l’enfant ? Partant de l’analyse détaillée de cas cliniques qui mettent en scène ces interrogations, le groupe de recherche sous l’égide du ministère de l’Emploi et de la Solidarité s’est donné pour tâche de mieux comprendre les enjeux de la parentalité.

136 RÉALITÉS FAMILIALES - 2012 BIBLIOGRAPHIE

Le conseil conjugal et familial - Repères historiques, ins titutionnels et cliniques / Geneviève Valla - Erès, 2009. 163 p. (Collection : Trames) Ni tout à fait nouveau ni très ancien, le métier de conseiller conjugal et familial est à la fois globalement identifié, encore flou et mal connu. La discrétion s’explique, au moins en partie, par son his toire et par sa diversification. En effet, cette fonction s’ancre à la fois dans une forte évolution du contexte socioculturel et dans un foison nement de références théoriques, de cadres, de pratiques, de statuts.

Travailler avec les familles - pratiques de l’entretien familial à visée de changement / Jean-Pierre Ernst - In Octavo, 2004. 142 p. Directement issu d’un programme de formation continue largement éprouvé, « Familles, je vous aide « n’est ni un ouvrage de sociologie, ni un ouvrage de psychologie sociale, mais une démarche pédagogique qui s’articule autour de dix principes « chocs « visant à proposer des repères génériques réalistes, mis en valeur et illustrés par des situations concrètes, nombreuses et variées et destiné au plus grand nombre. L’art de vivre en famille(s) / Antoine et Chantal d’AUDIFFRET - Éditions de l’Atelier (en partenariat avec l’UNAF) 2011. 192 p. L’Art de vivre en famille(s) s’adresse aux parents et familles en devenir et offre également aux professionnels (médiateurs et conseillers conjugaux) un support original et ludique pour s’adresser à eux et promouvoir une famille harmonieuse et moderne. Des sujets tels que la responsabilité éducative, la transmission des valeurs et ses modalités, la notion de parentalité, la question de l’arrivée de l’enfant, du coût de l’enfant, du dialogue dans la famille, la gestion des conflits, la prise en compte des nouveaux modèles familiaux (familles recomposées, familles monoparentales), la place du couple dans la vie de famille, les itinéraires familiaux, les choix de vie, la place de la famille dans la cité... sont abordés. Ca mord à la crèche / LÉONARD-MALLAVAL, Marie ; Éditions Erès – 2009 – 147 p. L’éveil des tout petits / BACUS, Anne ; Éditions Marabout –2012 – 160 p. La 1ère année de bébé pour les nuls / SABAN, Eric, GAYLORD, James,HAGEN,Michelle ;Éditions Générales First – 2010 – 372 p. Massages pour mon bébé / Nicki BAINBRIDGE et Alan. HEATH ; Éditions Hachette – 2000 – 96 p. Le livre de bord de votre enfant de 3 à 6 ans / BACUS, Anne ; Éditions Marabout – 2002 – 282 p. L’autorité sans fessées / ANTIER, Edwige ; Éditions Robert Laffont – 2010 – 194 p. Un enfant heureux / PLEUX, Didier ; Éditions Odile Jacob –2010 – 256 p. De l’écoute au respect, communiquer avec les enfants / FRANCE-DELFOS, Martine ; Éditions Erès – 2007 – 191 p. Grandir avec la télé / Catherine, MULLER-François CHEMEL ; Éditions Marabout – 2007 – 253 p. Comment donner à son enfant le goût d’une alimentation variée / THAREAU-DUPIRE, Marie-Claire ; Éditions LEDUC .S2010 - 256 p. Sommeil de l’enfant et de l’adolescent / DVD UNAF, Réseau Morphée,Académie de Paris, INPES, Matelsom L’enfant et les jeux dangereux / ROMANO, Hélène ; Edition Dunod - 2012 N’ayez pas peur d’éduquer vos ados... / Véronique MORAL DI, Michèle GAUBERT - Les Editions de l’Homme, Août 2010. 272 p. Avis à tous les parents d’adolescents et de préadolescents qui se sentent parfois freinés par la peur ou la culpabilité. Il est légitime et nécessaire d’éduquer vos ados... et possible de le faire sans les contrôler ! Comment ? En agissant fermement, en les aimant sans jamais rompre le lien, tout en leur permettant de vivre leurs propres expériences. N’ayez pas peur d’éduquer vos ados... vous donne des conseils très concrets pour parvenir à nouer une relation de qualité avec vos ados, fondée sur la communication et le respect. L’adolescent autrement / DUMONTEIL-KREMER, Catherine ; Edition Jouvence – 2010 – 269 p. L’adolescence pour les nuls / FIZE, Michel ; Éditions Géné rales First – 2010 – 344 p. Etre parent aujourd’hui : amour, bon sens, logique / Braconnier, Alain – éditions O. Jacob, janvier 2012. 305 p. « Êtes-vous un parent parfait ? Impossible. Mais vous pouvez être, aujourd’hui, le meilleur parent qui soit, en donnant de l’amour tout en étant réaliste ; en pensant à vos enfants et à vous-même. Regardez le monde à travers leurs yeux, mais aussi à travers les vôtres ; favorisez les rires et ne craignez pas les pleurs ; faites des câlins mais n’oubliez pas de punir. Un parent peut se sentir heureux et satisfait lorsqu’il donne de l’amour à ses enfants qui, en échange, par leurs comportements, le lui rendent bien. Construisez votre éducation sur les trois piliers fondamentaux : la confiance en soi de l’enfant, le sens des responsabilités et le goût de sourire. »

Chacun cherche un père / RUFO Marcel ; Éditions Anne Car rière – 2009 – 235 p.

BIBLIOGRAPHIE 137

Familles recomposées, un défi à gagner / Sylvie CADOLLE ; Éditions Marabout – 2006 – 221 p.

Comment réussir à être parent au quotidien ? / RABILLER, Jean ; Éditions 2 Encres – 2001 – 125 p.

Les grands-parents ne sont plus ce qu’ils étaient. Papy zé Mamy du troisième millénaire, oubliez l’exemple de vos grands-parents à l’ancienne. Vous êtes jeunes (tout le monde vous le dit), actifs, vous vous intéressez à votre époque qui bouge sans arrêt... et ce n’est pas avec la naissance de ce petit être merveilleux mais si remuant que ça va changer ! Préparez-vous à endosser un second rôle qui déménage, de sa première nuit chez vous à sa première Playstation en passant par les vacances au bord de la mer, le retour des bonnes manières et le numéro d’assistance spéciale gros chagrins... Suivez les conseils de Mamy Coeur et devenez à votre tour un super héros, pour le plus grand bonheur de vos petits-enfants ! pour les parents (en partenariat avec l’UDaF61)

Agacements : les petites guerres du couple / KAUFMANN, Jean-Claude ; Éditions Le livre de poche – 2008 – 314 p.

Parents, osez dire non ! / Docteur DELAROCHE, Éditions Albin Michel - 1996 - 250 p.

Peut-on être une bonne mère ? / OLIVIER, Christiane ; Édi tions Fayard - 2000 - 108 p Le guide du nouveau papa / COOPER, Colin ; Éditions Bro quet – 2009 – 128 p.

Cet ouvrage de référence est construit comme un manuel théorique et pratique. Il en présente l’histoire, les enjeux sociétaux et les cadres d’exercices professionnels.

Grands-parents débutants / COTINAUD Caroline ; Éditions Générales First – 2009 – 191 p.

NUMÉROS DISPONIBLES Pour tout savoir sur tout ce qui touche à la vie quotidienne des familles : logement, santé, éducation, consommation... 0220 9926 Prix 6,50 Réalités REVUE DE L’UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS FAMILIALES « PARRAINER UN ENFANT PRÈS DE CHEZ SOI » CouvRealite89:CouvRealite89 18/11/09 RéalitésREVUE DE L’UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS FAMILIALES ISSN : 0220 9926 Prix 6,50 € N° 91 2010 « FAMILLES ET SURENDETTEMENT » RéalitésREVUE DE L’UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS FAMILIALES ISSN 0220 9926 Prix 10 LA PLACE DE L’ENFANTDANS LA MÉDIATION FAMILIALE 2008-2009 “L’Europe des familles” Prix : 6,50 e 2009 “Parrainer un enfant près de chez soi” Prix : 6,50 e 2010 Prixet“Famillessurendettement”:6,50 e 2011 “Nouvelles technologies santé et familles” Prix : 6,50 e 2010 “La Place de l’enfant dans la Prixfamiliale”médiation:10 e 2005 “La fin de vie en débat” Prix : 6,50 e 2007 “Le pouvoir d’achat des familles” Prix : 10 e 8988 9392-94918382-76 2008 “Vivre avec la maladie d’Alzheimer : un défi pour le xxie siècle” Prix : 13 e 8786852011 “L’accueil de la Petite Prixenfance”:13e 2012 “Le Prixunelogement,questionfamiliale”:10 e 2012 “Soutien à la parentalité avec et pour les parents” Prix : 10 e101100-9998-979695-

NOM DE L’ABONNÉ : .................................................................................................. (précédé de M., Mme ou Mlle) COMPLÉMENT D’INTITULÉ : .......................................................................................... (organisme, service, titre, n° bâtiment, résidence...) N° RUE, LIEU-DIT, B.P. : (écrire le nom de la commune en entier) CODE POSTAL : ....................................... BUREAU DISTRIBUTEUR : ............................................................ (bureau distributeur) (si différent de la commune d’habitation ou nom du pays étranger) S’ABONNE pour ............................. Abonnement(s) au prix unitaire de 22 e TTC - Étranger 25 e TTC ET RÈGLE ❏ par chèque bancaire à l’ordre de l’UNAF, ci-joint la somme de ........................e ❏ par chèque postal à l’ordre de l’UNAF, ci-joint la somme de : .......................... e Date : À renvoyer à : Union Nationale des Associations Familiales - 28, place Saint-Georges, 75009 Paris - Tél. : 01 49 95 36 00 ❏ Je souhaite recevoir les numéros suivants : ......................................................................................... Prix d’un numéro : 6,50 e + 3,15 e* de frais de traitement Numéro double : 10 e + 3,15 e* de frais de traitement Numéro triple : 13 e + 3,15 e* de frais de traitement * Prix pour un exemplaire, en cas de commande multiple : contactez le Service des Relations extérieures. STRICTEMENT RÉSERVÉ AUX NOUVEAUX ABONNÉS POUR COMMANDER Nom : ........................................................................... Prénom : .......................................................... Adresse : .................................................................................................................................................. Code postal : ................................ Ville :............................................................................................... Adresse électronique : “Réalités Familiales” Service des Relations extérieures Union Nationale des Associations Familiales (UNAF) 28, place Saint-Georges, 75009 Paris - Tél. : 01 49 95 36 00 Site Internet : www.unaf.fr - E-mail : realites.familiales@unaf.fr ❏ Chèque bancaire (ci-joint) ❏ Chèque postal (ci-joint) ❏ Autre (préciser) 6,50 e le simplenuméro10 e le simplenuméro numérosparandont1double 3

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