L'Éduc Mag - N°170

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Mars 2022

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CPPAP N° 0716 S 06569

l’Enseignement Public

4,60 €

La fédération UNSA des métiers de l’Éducation, de la Recherche et de la Culture


CASDEN Banque Populaire – Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable – Siège social : 1 bis rue Jean Wiener 77420 Champs-sur-Marne – Siren n° 784 275 778 – RCS Meaux – Immatriculation ORIAS n°07 027 138 • BPCE – Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 170 384 630 euros – Siège social : 50, avenue Pierre Mendès France 75201 Paris Cedex 13 – Siren n° 493 455 042 – RCS Paris – Immatriculation ORIAS n° 08 045 100 • Crédit photo : © Roman Jehanno • Conception : Insign 2020 • Merci à Carmen, Élise et Matthieu, professeurs des écoles, d’avoir prêté leur visage à notre campagne de communication.

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Directeur de la rédaction Frédéric Marchand Directeur de la publication Pierre Chateau Rédactrice en Chef Aline Boussaroque Ont participé à ce numéro : Denis Adam, Christelle Alan, Carine Aoun-Boudot Aline Boussaroque, Sylviane Corbion, Éric D’Alesandro, Julien Danglard, Véronique De Aguiar, Sébastien Decroix, Laurent Deleuze, Stéphanie De Vanssay, Thierry Fauconnier, Rémi Ferrières, Benoît Kermoal, Anne Sophie Laclautre, Béatrice Laurent, Yannick Lavesque, Frédéric Marchand, Claudine Némausat, Claire Papeghin, Yves Paploray, Hawa Sall, Maeve Treillet, Stéphanie Valmaggia-Desmaison Émilie Vandepœl, Morgane Verviers. Illustration couverture Aline Boussaroque Réalisation Yellowstone-design Publicité Anat Régie • 01 43 12 38 15 Impression Imprimerie IPS Pour les personnes souhaitant s’abonner, le prix du numéro est de 4,60 €, l’abonnement annuel de 18,40 €.

C.P.P.A.P. 0716 S 06569 Dépôt légal : Mars 2022

Contre l’extrême droite : nos voix comptent a guerre vient de faire son retour en Europe. La jeune démocratie ukrainienne et son peuple subissent l’agression des forces armées de Vladimir Poutine qui leur refuse la liberté. Cette guerre nous montre que le pire est toujours envisageable, y compris en Europe à quelques centaines de kilomètres de notre pays. N’oublions jamais que c’est possible. En France, dans quelques semaines, notre démocratie choisira le ou la présidente de la République pour le prochain quinquennat. Pour cette élection majeure, plusieurs candidat·es d’extrême droite se présentent. Leurs candidatures portent en elles une menace contre la République et contre la démocratie. L’extrême droite, c’est toujours la conception autoritaire du pouvoir et un nationalisme exacerbé. C’est tout ce qui conduit à la guerre. Ce n’est pas un hasard si Éric Zemmour et Marine Le Pen ont par le passé bien souvent affiché leur admiration de Vladimir Poutine. Leur projet, c’est la préférence nationale, la xénophobie, la haine, la réduction des droits sociaux, des droits humains, une menace pour les minorités et les libertés. Cela se traduit également dans le champ éducatif avec une conception rétrograde et antirépublicaine de l’École. Pour l’UNSA Éducation, les valeurs de notre syndicalisme sont totalement incompatibles avec l’extrême droite. Nous le réaffirmons avec constance, tout comme notre opposition à tous les extrémismes ou fondamentalismes politiques ou religieux qui viendraient menacer la République et la démocratie.

Pour l’UNSA Éducation, l’extrême droite, ça ne s’essaie pas. Et pour cela, il faut dès le premier tour de l’élection présidentielle aller voter et porter sa voix sur l’un·e des candidat·es du camp républicain afin que les candidat·es d’extrême droite aient les scores les plus faibles possibles et ne se qualifient pas pour le second tour. L’UNSA Éducation fera entendre sa voix pour un projet éducatif ambitieux pour la jeunesse, pour la mixité sociale et scolaire et la réduction des inégalités, pour la reconnaissance et le respect des personnels engagés pour le défendre, pour une fonction publique renforcée, pour construire une démocratie sociale assumée, pour un engagement face à l’urgence climatique, pour réaffirmer dans une vision universaliste le cadre républicain, ses valeurs et la laïcité. Le débat démocratique permettra de dénoncer les orientations qui vont à l’encontre de notre projet. Il y a besoin de ce temps. Les forces politiques républicaines portent une responsabilité importante pour créer des dynamiques d’adhésion, proposer des réponses aux problématiques réelles des citoyennes et citoyens, faire en sorte que chacune et chacun trouve sa place dans le projet républicain et ne pas laisser d’espace à l’extrême droite. Dès maintenant nos choix peuvent y contribuer, nos voix peuvent rappeler nos attentes. Nos voix comptent, votons et faisons voter pour la République laïque, démocratique et sociale.

Frédéric Marchand Secrétaire général de l’UNSA Éducation @FMarchandfred

UNSA Éducation 87 bis, Avenue Georges Gosnat 94853 IVRY-SUR-SEINE CÉDEX

Tél. : 01 56 20 29 50 national@unsa-education.org

unsa-education.com

Retrouvez les éditoriaux de Frédéric Marchand sur unsa-education.com

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Les brèves d’actu

10-11 • Baromètre 2022, tous sur le pont ... 15 • Attractivité des métiers de l’Éducation nationale : il est urgent d’agir !

17 • Autorité fonctionnelle des collectivités sur les adjoint·es gestionnaires : un choix politique inacceptable

20-21 • Inscrire les Cités éducatives dans le temps long 22 • Bilan 2017-2022 : en marche avant, en marche arrière, ou à marche forcée, et après … ?

23 • Le vote des femmes : quels enjeux pour l’extrême droite ?

25 • Immigration et « grand remplacement » : mensonges et dangers de l’extrême droite

QDE n°45 « Déterminé·es à faire reculer les inégalités »

Un guide pour combattre les idées d’extrême droite

Tel a été le thème du premier Rendez-Vous Annuel des métiers de l’éducation, organisé par l’UNSA Éducation, en novembre 2021 à Poitiers.

L’UNSA Éducation vous propose un guide pour combattre l’extrême droite.

Ce numéro de Questions d'Éduc porte la mémoire, la trace écrite de cette journée qui a fait appel à l’intelligence collective de tous les participant·es réuni·es ainsi qu’à l’expertise de nombreux invité·es, universitaires, militant·es du monde associatif, syndical, politique ou philanthropique. Exposé de connaissances, analyses d’expériences, débats en regards croisés éclairent donc dans ces pages l’injustice subie liée aux inégalités sociales et scolaires. Pour lire le QDE : www.unsa-education.com/magazines/ qde-n45-determine·es-a-faire-reculer-les-inegalites/

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Il sera accessible en ligne sur notre site fin mars : Ses idées, ses pratiques, son projet pour la présidentielle et le danger de ce courant politique seront expliqués. Afin d’accompagner ce guide, un parcours interactif Genially vous permettra d’approfondir vos connaissances grâce à des documents complémentaires (vidéos, articles...)



» « Impact Num par Mooc s’auto-former r la Plateforme Fun

atuite m ent su mprendre les À re trou ve r gr cours pour co de es ur he nnement et la Mooc, cinq ue pour l’enviro iq ér s, m nu du enjeux urs, les donnée er les indicate nn ag tio di es re qu op é, pr ét soci rger son un ndances et se fo te ur s po le er ns ys tio al ac an tés d’ r des possibili sur les nostic, identifie t une réflexion an gr té in en e bl ra s. du lle ue he numériq s et les éc s jeux d’acteur le s, ct re di in ts effe c.fr > www.fun-moo

« Quid », un p

odcast du CNA

« Science toi-

rgie atomique issariat à l’éne m om (C A CE Le le Cent-Quaalternatives) et et aux énergies ien lancent un ar tistique paris tre, tiers-lieu ntifiques de sc rencontres ie re at qu de e cl cy « Sc ie nc e to i20 22 . Intitul é chercheurs, fé vr ie r à ju in les regards de se oi cr il », ! e mêm ub er s su r des so ph es et yo ut éc riv ai ns , ph ilo é : confiance en ience et sociét inte lli ge nce questions de sc at , én ergi es et im cl e, nc ie sc la ar tificielle.

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? Envie de veut dire quoi ça é, nt sa e nn udes ? Pour« Être en bo reprenait des ét ? Devenir on si et b, jo de changer it du bien prochain, ça fa cléaire, quoi aider son recette ? Le nu la oi qu st c’e p, rroto in au à ce type d’ te un manager verte ? » C’est e AM, gi er CN én le le r el pa la nouv d, proposé ui Q t as dc po gations que le des réponses. tente d’apporter .cnam.fr > https://blog

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même ! »


« Bulles »

m ir ordre de V la di la Ru ss ie , su r , ens 22 oy 20 m s r ie de r vr Le 24 fé l’Ukraine pa r hi va en à cé men Poutine, a com . re qui es ir ta ili m age à une guer face avec cour it dymir fa lo in Vo is t vo en Ce pays du présid tie ra oc m dé la r re du co m ba t vise à renverse io n es t so lid ai at uc le Éd SA N U la liber té et el Ze le ns ky . L’ ainiennes pour e kr ss U ru et nt s ea en ni rig tes du di des Ukrai és expansionnis de. nt on lo M vo s du le e br ne ili condam péril l’équ té à mettre en aire face à qui n’a pas hési er unie et solid st re su s a ne en pé ient toutes le L’Union euro Éducation sout SA la N U ir L’ nt n. ra io ga ss à cette agre ir la paix et visent à rétabl initiatives qui es et tous. sécurité de tout raine

Restons solida

André-Georges

Prix Hamon

par la bande de la lecture ût go le r ne on D « Bulles en la promesse de dessinée, c’est entre PJJ (Proitif partenarial fureur », dispos ), Ministère de la Jeunesse re ai ci di Ju n tectio et autrices, et raires, auteurs lib , re ltu Cu la de rs, pratique arécialisés. Atelie journalistes sp exploration du e à voix haute, tistique, lectur écriture de ou sur papier, ue iq ér m nu in dess en régions et tions, débats, … si po ex ii, ar én sc ogramme ! à Paris : quel pr

> www.culture

.gouv.fr

ires avec l’Uk

France i ont eu lieu en Les élections qu r leur pa its pr es s pé le en 2021 ont frap record. Qu'en penn taux d'abstentio présides élections e ch ro ser à l'app gislatives ? dentielles et lé s, les » te o v e d n ues et historique « Extinctio vote dans ses dimensions symboliq mais , te vo le , France e de e représente, en inéqu d' ce es Replaçant l'act de rm e te ys en al t nt à une an les resituan , ls te, nu vo et du cs auteurs se livre es an s bl les form ion ou les vote uent les nouvel oq év n. Ils io s. aussi l'abstent nt le te el bs avec l'a et générationn ient leurs liens galités sociales tronique, et étud ec él ou n io at par procur us la direction vote » PUF, so de n io ct tin Ex « , 9 €. rj, Janvier 2022 de Vincent Tibe

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Le SNMSU UNSA Éducation représente les médecins de l’Éducation nationale et les médecins universitaires, titulaires et contractuels Le Bureau national est composé de douze médecins de neuf académies, dont trois co-secrétaires générales et une trésorière. Ces collègues sont des militant·es de terrain (car non déchargé·es totalement) et leur vision de la médecine scolaire est ancrée dans la réalité.

L

e SNMSU-UNSA Éducation s’inscrit dans un syndicalisme de proposition. Nous défendons l’expertise et la spécificité des médecins de l’Éducation nationale au service de la santé des enfants et adolescents à l’école, de la maternelle au post bac. L’attractivité de notre métier passe par une revalorisation et aussi par une modernisation de nos conditions de travail et une réforme de nos missions. Nous utilisons tous les leviers : audiences au ministère, auditions auprès de la représentation nationale et d’institutions telles que la Cour des comptes, participation aux travaux de commissions, intervention dans les médias. Nous avons fort à faire, car les « médecins scolaires » souffrent d’un grave déficit d’image. Pour le SNMSU, la santé des élèves doit être une priorité de notre ministère qui doit défendre ses personnels et promouvoir l’intérêt de notre métier.

Nous donnons également une grande place à la défense individuelle de nos adhérent·es et à l’information de tous les médecins de l’Éducation nationale, chaque membre du bureau est en charge d’un (ou plusieurs) « dossier(s) » pour agir au mieux des intérêts des médecins et de notre profession en général. Pour le SNMSU, la communication envers les « médecins scolaires » est une priorité. Nous mettons à disposition un bulletin d’information réservé aux adhérent·es trois fois par an, un site internet et des lettres en ligne. Nous participons aux différentes instances et travaux de notre Fédération et apportons notre expertise sur des dossiers transversaux. Notre syndicat est un « petit » syndicat dans l’UNSA Éducation mais c’est le syndicat majoritaire de la profession. Nous avons obtenu 60,63 % des voix aux dernières élections professionnelles de décembre 2018. Nous souhaitons que nos collègues sachent reconnaître le travail et l’accompagnement du SNMSU lors de ces 4 dernières années et qu’ils choisissent de nouveau de nous faire confiance en décembre 2022.

Claudine Némausat Co-Secrétaire générale du SNMSU-UNSA Éducation @snmsu_unsa snmsu@unsa-education.org

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Val d’Oise

Pontoise

Seine-Saint-Denis Hauts-de-Seine Versailles

Paris Val-de-Marne

Yvelines Evry

Essonne

Seine-et-Marne Melun

L’UNSA Éducation Île-de-France réinvente le syndicalisme Dans la première région de France, la nouvelle équipe du secrétariat régional, formée à parité (deux femmes et deux hommes) il y a six mois, se retrouve autour d’une idée simple : Dans un contexte de transformation du dialogue social, trouver d’autres voies pour être entendu·es. Agir inlassablement en participant à toutes les instances et tous les groupes de travail, en sollicitant des audiences auprès des autorités académiques et des collectivités territoriales. Transformer le dialogue social en proposant avec réalisme, en misant d’abord sur la conviction plutôt que sur la contestation. Construire une équipe régionale qui rassemble tous les responsables régionaux et départementaux de tous les syndicats de notre fédération. Nos objectifs sont la revalorisation et la convergence régionale des régimes indemnitaires d’une part, l’amélioration du cadre et des outils de travail - notamment des outils numériques - d’autre part. Notre priorité est de porter des valeurs de progrès et de changement dans le respect des personnels, à commencer par la reconnaissance de leurs engagements par une juste

Julien Danglard julien.danglard @unsa-education.org

Yannick Lavesque @Yannick_Lavesk yannick.lavesque @unsa-education.org

Pages UNSA Éducation coordonnées par :

rémunération, dans une région que le coût de la vie élevé rend de moins en moins attractive aux personnels de l’Éducation, de la Recherche et de la culture. Rassemblé·es autour de nous quatre au Congrès de Poitiers, une équipe élargie de militant·es venu·es d’horizons différents représentent tous les métiers de notre fédération, agissent dans nos territoires franciliens, et font le lien entre tous nos syndicats.

Rejoindre cette équipe, c’est vivre autrement le syndicalisme !

De gauche à droite : Thierry Fauconnier, SR Île-de-France, Anne-Sophie Laclautre, SR2A Paris, SR Maeve Treillet, SR2A Créteil et Laurent Deleuze, SR2A Versailles.

Thierry Fauconnier Secrétaire régional Île-de-France ile-de-france @unsa-education.org

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#Présidentielle 2022, La 10ème édition du Baromètre des métiers de l’éducation, de la recherche et de la culture est lancée ! Devenue une référence, cette enquête est surtout une occasion de plus pour rencontrer l’ensemble des personnels quels que soient leur mission, lieu d’exercice et le ministère auquel ils sont rattaché·es.

Comment vivez-vous votre métier ? Plus qu’un outil de développement, le Baromètre des métiers permet de recueillir ce ressenti, de le comprendre et de le faire entendre. Par cette édition 2022, l’UNSA rappelle combien il est urgent de parler - vraiment d’éducation. Quoi de mieux que de donner la parole aux enseignant·es, enseignant·es chercheurs, animateur·trices, AESH, personnels de vie scolaire, d’encadrement, d’inspection, ou d’administration, ingénieurs, personnels technique, de santé et de service social… En bref, toutes celles et ceux qui sont engagé·es au service du bien collectif et qui ont permis d’assurer la continuité du service public malgré cette crise inédite. Leur voix compte ! Face aux débats de société, aussi bien sur l’écologie, que sur la sécurité, la santé des jeunes, la démocratie ou le vivre- ensemble, est-il nécessaire de rappeler que « in fine », ce sera « une question d’éducation ». Tous les métiers réunis, nos voix comptent !

5 ans sous François Hollande, 5 ans sous Emmanuel Macron Avec cette 10ème édition, nous verrons si les résultats démontrent à nouveau combien les personnels aiment leur métier et y sont attaché·es. Toutefois, à partir des huit premières éditions du Baromètre (2013-2020), le Centre de recherche Henri Aigueperse a déjà mis en lumière le malaise profond et durable qui s’est installé. L’étude longitudinale a en effet suivi l’évolution du ressenti des personnels en parallèle des différentes politiques ministérielles menées. L’analyse donne des pistes pour les organisations syndicales en identifiant les attentes émergentes comme celles de la santé et du bien-être, la demande d’écoute, d’accompagnement, l’aide et le soutien. Du malaise au mal-être ? Une analyse qui met en évidence des nuances et parfois de réelles différences entre les métiers étudiés, à retrouver ici https://centrehenriaigueperse.com/tag/nos-travaux/

Du 7 mars au 7 avril 2022, participez et faîtes participer ! 9 000 en 2013, plus de 35 000 en 2021, ce nombre de répondant·es toujours plus élevé contribue à la notoriété de la Fédération et à celle de ses syndicats. Chacun·e et chacun peut contribuer à faire vivre cette campagne en participant et en diffusant ce Baromètre. Donc, n’hésitez pas, Nos voix comptent !

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Nos voix comptent ! Cette année, 5 questions consacrées à l’actualité contribuent à faire entendre les voix de tous ces métiers dans le cadre des échéances politiques à venir : quel est leur état d’esprit et quelles sont leurs attentes ?

Le Baromètre UNSA des métiers c’est 15 questions récurrentes Globalement, ressentez-vous de la reconnaissance et du respect dans votre pratique professionnelle ? Aimez-vous la profession que vous exercez ? Êtes-vous heureux·se d'exercer votre profession ? Les missions qui vous sont confiées ont-elles du sens pour vous ? Vos perspectives de carrière (avancement, promotion...) vous paraissent-elles satisfaisantes ? Diriez-vous que vos conditions de travail sont satisfaisantes ? Dans la dernière année, diriez-vous que vos conditions de travail se sont améliorées ? Pensez-vous que votre rémunération est à la hauteur de votre qualification ? Parmi les domaines suivants, quels seraient les 3 que vous voudriez voir améliorés prioritairement ? Souhaiteriez-vous changer de métier dans les prochaines années, dans le secteur privé ? Dans le secteur public ? Citez, si vous le souhaitez un point positif et un point négatif de l’actualité de votre secteur d’activité durant ces derniers mois Diriez-vous que vous êtes en accord avec les choix politiques faits dans votre secteur d’activité ? Conseilleriez-vous votre métier à un·e jeune de votre entourage ?

Tous sur le pont Baromètre 2022 Depuis 10 ans, notre Baromètre est un évènement majeur pour notre fédération. Cette année, il se déroulera du 7 mars au 7 avril. Donner la parole aux personnels de l’Éducation, de la Recherche et de la Culture, être au plus près de leurs réalités, faire entendre leur voix mais aussi exprimer leur besoin d’être reconnu·es et respecté·es est un acte essentiel. C’est pour cela que nous mobilisons nos forces militantes dans les établissements et services des territoires via le dispositif « Tous sur le pont Baromètre 2022 » du 14 mars au 7 avril. Aller à la rencontre des personnels est l’essence même de notre syndicalisme. Nos collègues doivent se savoir soutenu·es et écouté·es surtout pendant cette période compliquée et incertaine.

Ensemble, tous sur le pont avec notre Baromètre des métiers 2022 ! Éric D’Alesandro @riconovic eric.dalesandro @unsa-education.org

Morgane Verviers @MorganeVerviers morgane.verviers @unsa-education.org

Pierre Chateau @p_chateau pierre.chateau @unsa-education.org

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Urgence salaires et pensions Mobilisation du 17 mars Le pouvoir d’achat et les rémunérations doivent revenir au centre du débat, les Français·es le réclament. Depuis la crise de 2008, les salarié·es du privé ou du public, les actif.ves comme les retraité.es ont vu se dégrader régulièrement leur pouvoir d’achat. Avec la fin annoncée de la crise sanitaire aiguë, les mois qui viennent doivent avoir le social au cœur !

Les coups de pouce spécifiques, les mesures particulières ne sont plus suffisants. La hausse des dépenses contraintes (électricité, loyer…) pèse sur le reste-à-vivre qui ne cesse ainsi de diminuer. La baisse du pouvoir d’achat n’est pas qu’une impression, c’est ce que vivent chaque jour les Français. La primaire sociale de l’UNSA (RDV sur https://vu.fr/PflE) a permis de mettre en lumière cette aspiration de nos concitoyens. 78 % des répondants affirment que pour améliorer la vie des salarié·es, il faut augmenter les salaires. Cette préoccupation recueille le plus de suffrages, loin devant la nécessité d’augmenter la qualité de vie au travail (51 %) et d’aménager les fins de carrière (47 %).

Il faut rendre du pouvoir d’achat au plus grand nombre ! Pour l’UNSA, cela passe par une augmentation généralisée maintenant en commençant par les plus bas salaires et les plus basses pensions. C’est ce que l’UNSA réclame à travers la journée de mobilisation et de grève du 17 mars. L’UNSA s’attachera avec d’autres à construire les actions les plus unitaires et efficaces possibles dans les semaines qui viennent.

Stéphanie Valmaggia-Desmaison @secteurComm stephanie.valmaggia@unsa.org

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Complémentaire santé : 15€ /mois financés aujourd’hui, le double après 2024 Pour la première fois cette année, le ministère nous rembourse 15€ sur nos cotisations de mutuelle santé. C’est un progrès… mais c’est un dispositif temporaire, jusque fin 2024. À partir de 2025, le système de complémentaire santé de toute la fonction publique d'État sera complètement revu, avec un contrat collectif obligatoire choisi par l’employeur. ttachée aux principes du mutualisme, l’UNSA a exigé qu’en contrepartie de l’adhésion obligatoire - à laquelle nous n’étions pas favorables - le nouveau système apporte une bonne couverture santé à tout·tes les agent·es et une participation financière accrue de l’employeur (au moins 30€). Suite à une négociation serrée, l’accord a pu intégrer des éléments essentiels pour l’UNSA Éducation : Une solidarité entre actif·ves avec des cotisations en partie proportionnelles aux revenus.

Accompagner son enfant atteint de pathologie chronique ou de cancer Les parents qui apprennent la pathologie chronique ou le cancer de leur enfant pourront dorénavant bénéficier d'une autorisation spéciale d’absence (ASA) de deux jours. Pour l’UNSA, ce congé doit bénéficier à chaque parent et être de droit avec plein traitement.

Une solidarité intergénérationnelle qui permettra aux retraité·es qui le souhaitent de conserver cette couverture santé avec des cotisations plafonnées. Une solidarité familiale avec la couverture possible, au volontariat, des conjoint·es et des enfants à charge. Une gouvernance du dispositif qui associe les organisations syndicales. L’UNSA a signé l’accord interministériel qui constitue un socle qui pourra ensuite être amélioré par les négociations ministérielles à venir. Elle est également pleinement engagée dans la négociation pour améliorer la couverture prévoyance (incapacité de travail, invalidité, décès). Pour plus d’informations, consultez nos vidéos sur la playlist : Votre #santé de la chaine Youtube UnsaEducation

La scolarité de l’enfant sera aménagée : accueil adapté, période de transition pour faciliter le retour en classe, PAI. La liste des pathologies concernées sera établie par le ministère de la santé et publiée Maeve Treillet par décret. @UnsaEducCreteil maeve.treillet @unsa-education.org

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Véronique De Aguiar @v_de_aguiar veronique.deaguiar @unsa-education.org


Attractivité des métiers de l’Éducation nationale : il est urgent d’agir ! Les métiers de l’Éducation nationale ne mettent pas à l’abri des fins de mois difficiles. Dans un contexte d’inflation, le pouvoir d’achat est le premier sujet de préoccupation de nombreux collègues. Si on ajoute à cela des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader, on comprend pourquoi les métiers de l’éducation n’attirent plus.

Il faut réagir !

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mployeur public, nous vous adressons ce constat de la situation au sein du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports Un système qui fonctionne à flux tendu, avec des moyens en-dessous des besoins. Des personnels épuisés par un surinvestissement chronique et des consignes sans cesse changeantes, toujours plus exigeantes. Une difficulté réelle à recruter par concours, faute de candidat.es. Des recrutements de personnels contractuels tout aussi difficiles, le cadre d’emploi proposé étant moins bon que dans d’autres secteurs. Un corps professionnel, celui des médecins de l’Éducation nationale, qui est en train de disparaitre, privant les élèves de leur droit à la médecine scolaire. Le gel du point d’indice depuis plus de dix ans, alors qu’en un an l’inflation a atteint 2,9 % avec une forte hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires. Un régime indemnitaire bien inférieur que dans les autres ministères à fonctions équivalentes. Certains collègues, dont les AESH, qui vivent sous le seuil de pauvreté, faute d’accéder à temps plein au SMIC. Une égalité salariale et professionnelle qui n’est pas acquise, alors que de nombreux métiers sont très féminisés. Une médecine du travail inexistante. Une gestion des ressources humaines bien peu humaine.

L’UNSA Éducation revendique : Le dégel immédiat du point d’indice. La revalorisation de tous les métiers de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. La fin d’une gestion des emplois qui repose sur une part importante de contractuels. La création d’emplois statutaires à hauteur des besoins. L’amélioration des conditions de travail et des perspectives de carrière. La reconnaissance du travail accompli et le respect de tous les personnels. Si le monde politique s’accorde à dire que l’éducation de nos jeunes est importante alors il doit avoir le courage de faire le choix financier de rémunérer correctement les agent·es dont c’est la mission, et de veiller à ce qu’ils· elles exercent dans des conditions de travail satisfaisantes.

Il est urgent d’agir !

Véronique De Aguiar @v_de_aguiar veronique.deaguiar @unsa-education.org

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PRÉAU : un « comité d’entreprise » qui n’en est pas un … Le ministère a lancé en grandes pompes le portail PRÉAU. Cette association est censée concrétiser le 5 e engagement du Grenelle de l’Éducation : « Développer une offre de prestations culturelles, sociales, sportives, touristiques et de loisirs à destination de tous les personnels du ministère ».

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u-delà de l’effet d’annonce, la réalité laisse perplexe.

Primo, il faut payer 10€ pour adhérer. Payer pour adhérer à une association, on peut comprendre… … mais pour accéder à quelles offres ? Impossible de les consulter sans avoir adhéré. Curieuse manière d’inviter les personnels à bénéficier de nouveaux avantages ! Le ministère a finalement pris conscience de cette erreur et propose un accès gratuit pendant 7 jours.

Secundo : En adhérant, on réalise que les prestations auxquelles PRÉAU donne accès existent déjà et sont accessibles par d’autres biais gratuitement. L’UNSA Éducation demande que l’association bénéficie d’un budget à hauteur des besoins pour proposer des offres réellement intéressantes, accessibles à tous·tes les collègues sans condition. Elle demande que les représentant·es du personnel soient associé·es aux choix opérés. Les collègues ont des attentes et des besoins. Actuellement, PRÉAU n’y répond pas.

CESU garde d’enfant : Pensez à faire votre demande pour 2022 Vous avez des enfants de moins de 6 ans ? En fonction de vos revenus, vous pouvez percevoir une aide pour financer vos frais de garde. Le Chèque emploi service universel (CESU) est une aide financière dont vous pouvez bénéficier pour financer vos frais de garde. Selon vos revenus, le montant annuel de l’aide varie entre 200 euros et 840 euros par enfant à charge. L’aide est versée sous forme de Chèques CESU entièrement préfinancés. Elle est valable pour tout mode de garde : à domicile ou en structure collective (crèche, halte-garderie, garderie périscolaire). Disponibles en format papier ou dématérialisé, les CESU sont délivrés par année civile. N’attendez pas : connectez-vous sur le site : cesu-fonctionpublique.fr pour faire votre demande pour l’année 2022. Pour en savoir plus sur les aides sociales : demandez notre mémento en flashant ce QR Code.

Hawa Sall @sall_hawa hawa.sall @unsa-education.org

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Autorité fonctionnelle des collectivités sur les adjoint·es gestionnaires : un choix politique inacceptable La forte mobilisation de l’UNSA Éducation et des syndicats A&I UNSA et SNPDEN UNSA avait réussi à faire supprimer l’article relatif aux adjoint·es gestionnaires du projet de loi 3DS (1). Hélas, dans un revirement politique de dernière minute, le Parlement a réintroduit et voté une autorité fonctionnelle des départements et régions sur les adjoint·es gestionnaires des collèges et lycées. est un choix inacceptable Ces parlementaires ont cédé à la demande des collectivités territoriales alors qu’elles avançaient des motifs fallacieux, (le bio et les produits locaux à la cantine). La réalité relève d’enjeux purement politiques et de pouvoir. Cela montre la grande méconnaissance des parlementaires du fonctionnement quotidien d’un établissement et des missions des adjoint·es gestionnaires. Cette erreur majeure remet en cause l’autonomie des EPLE et risque de fragiliser les équipes de directions. Pourtant, tout l’arsenal existait pour un bon fonctionnement entre État, collectivités territoriales et établissements. Fallait-il encore s’en saisir… Inquiétant également : La demande d'un rapport, dans les six mois, sur les perspectives du transfert de la médecine scolaire aux départements. L’UNSA Éducation condamne toute volonté de décentralisation des personnels. Elle remercie tous·tes celles et ceux Véronique De Aguiar qui se sont mobilisé·es et @v_de_aguiar le feront encore pour que veronique.deaguiar des ambitions décentra@unsa-education.org lisatrices ne viennent pas Sébastien Decroix mettre en péril le service public d’éducation. sébastien.decroix (1)

Différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification.

@unsa-education.org

Contractuel·les : de nouveaux droits ! L’UNSA a obtenu : L’alignement de certains droits sur ceux accordés aux fonctionnaires : congé sans rémunération pour élever un enfant, congé parental... L’allongement du congé pour convenances personnelles. Le droit aux congés pour VAE et bilan de compétences. L’amélioration du calcul de votre ancienneté. Contractuel·les : l’UNSA défend vos droits et votre pouvoir d’achat. En savoir plus : https://bit.ly/3GMFg7f

Christelle Alan @lucioleforever christelle.alan @unsa-education.org

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Grèves dans l'animation et élections présidentielles... ... Nous pesons 500 000 voix !

Métiers de l’animation : reconnaissons et valorisons ces éducateurs·trices Au quotidien, les animateurs et animatrices participent à l’éducation des enfants et des jeunes. Et pourtant ils·elles ne sont pas reconnu·es, subissent une marchandisation du secteur de l’animation et vivent parfois dans la précarité. Ces difficultés sont dues au manque de reconnaissance de leur action et à l’absence d’une politique publique ambitieuse pour reconnaître l’Éducation Populaire.

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obilisation du SEP UNSA

Notre syndicat, le SEP UNSA s'est mobilisé sur les différents appels à la grève dans l'animation depuis l'automne. Sans vision politique nationale de l’Éducation populaire, rien n'avancera. C'est pour ces raisons que le SEP UNSA porte un mandat de loi cadre d'orientation sur l'Éducation Populaire qui déterminera les orientations, les prérogatives (État, collectivités, CAF, secteur associatif) et les moyens. En tant que syndicat responsable, nous ne pouvons pas nous contenter d'une vision manichéenne des choses. Les problématiques salariales et de reconnaissance du secteur ne tiennent pas toutes du simple fait de l'employeur. C'est tout un modèle socio-économique qui est à revoir.

Le SEP UNSA appelle à repenser les stratégies de financement du mouvement national de l'animation. À quelques semaines des élections présidentielles, il est encore temps de peser pour qu'une nouvelle majorité intègre une politique d'Éducation populaire et ainsi améliore la vie quotidienne des acteurs·trices de l'animation et des publics accueillis. Aujourd'hui, certains indicateurs sont en faveur de cette ambition : Les rencontres de l’Éducation Populaire à Marseille en janvier, celles de Poitiers en mars, les Assises de l'Animation... C'est le moment de faire connaître la voix du SEP et de l'UNSA Éducation. N'oublions pas, nous pesons 500 000 voix ! (1)

L’UNSA Éducation exige une reconnaissance et une revalorisation des métiers de l’animation : ce sont des acteur·rices essentiel·les pour le bienêtre des enfants et des jeunes et ils·elles sont indispensables à la cohésion de notre société. (1)

Les chiffres de 2014, auxquels s’ajoutent les emplois créés par la réforme des rythmes, nous amène à près de 500 000 salarié·es : https://www.csfpt.org/sites/default/files/33_-_rapport_filiere_ animation__1.pdf (voir tableau page 8 du rapport).

Hawa Sall @sall_hawa hawa.sall @unsa-education.org

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Inclusion et secteur médico-social, avec le point de vue du SNPCE Nos travaux internes sur l’éducation inclusive continuent avec le renfort précieux du SNPCE-UNSA (Syndicat National des Personnels des Communautés Éducatives) qui a la particularité de syndiquer tous les personnels d’un type d’établissement et non une catégorie spécifique de personnel. Ils ont pu nous partager les conséquences de la politique d’inclusion massive à l’école sur les établissements spécialisés et leurs professions. l y a eu ces dernières années de grosses coupes budgétaires et un nouveau public dans les IME (Instituts Médicaux Éducatifs) qui reçoivent beaucoup d’enfants avec des troubles du spectre de l’autisme. Ils ont un manque de moyens humains, matériels et de formation spécifique sur ce champ du handicap qui est très spécifique et met à mal les équipes. En effet, comme dans les établissements scolaires, travailler avec sérénité et bienveillance devient difficile quand on ne peut pas faire face. En répercussion logique, les métiers socio-éducatifs sont de moins en moins attractifs, ceux-ci n’ont pas été concernés par le Ségur des soignants, ils n’ont donc obtenu aucune avancée sur leurs conditions de travail ou leur rémunération. Les difficultés de recrutement entraînent une surcharge de travail ainsi que des conditions professionnelles et de prises en charge qui se détériorent. L’évolution actuelle qui consiste à rétribuer de plus en plus les personnels « à la tâche » induit un morcellement de l’accompagnement qui nuit à sa cohérence. La richesse possible dans les échanges EN-médico-socialéducatif est largement sous-exploitée, il est extrêmement appréciable que nous puissions y pallier, au moins entre nous, au sein de notre fédération syndicale.

Nous avons eu une audience avec la DGESCO en janvier, cette rencontre s’est faite dans un climat d’écoute polie en cette période politique incertaine avec l’approche des échéances électorales. Le principe d’un cycle de groupes de travail avec des entrées spécifiques a été retenu. Les thèmes que nous avons proposés sont les suivants : L’aide humaine sans fin comme « solution » à toutes les situations. Les élèves au comportement perturbateur. Le parcours d’un élève du repérage, à la notification MDPH, puis la mise en œuvre de l’inclusion et son entrée dans la vie active. Les stratégies de prévention. L’objectif de ces travaux, avec la précieuse participation des collègues du SNPCE, est de nous permettre d’identifier les leviers pour approcher, dans l'intérêt de tous, l’idéal d’une société plus inclusive. Stéphanie de Vanssay @2vanssay stephanie.devanssay @unsa-education.org

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Inscrire les Cités éducatives dans le temps long La carte des 74 nouvelles Cités éducatives a été dévoilée en janvier dernier. Avec cette extension, le nombre de Cités éducatives sera de 200, avec un périmètre étendu pour 8 d’entre elles. C’est plus d’un million de jeunes qui vont bénéficier de ce dispositif. Les cités, dont le financement arrive à échéance, seront prolongées d’un an jusqu’au 31 décembre 2023. ambition des Cités éducatives, c’est de rassembler autour de l’École, tous les acteurs qui contribuent ensemble à l’éducation des enfants et des jeunes, en lien avec leurs familles. Rappelons que ce dispositif a été pensé à partir d’initiatives menées sur le terrain par les élu·es locaux, les services de l’État et les associations à Grigny, à Clichy-sous-Bois ou encore à Nîmes. De Blois à Besançon, en passant par Saint Denis, des équipes se sont mobilisées autour de la mise en place des cités éducatives.

À Blois

Alors pour l’UNSA Éducation, il est nécessaire de laisser du temps aux équipes, de se concentrer sur l’évaluation de ce dispositif et des ajustements qui seraient nécessaires. À la veille des élections présidentielles, nous pensons qu’il est indispensable de rappeler que les politiques publiques méritent d’être menées sur un temps long ... qui n’est pas le temps des alternances politiques.

Faire des quartiers nord une cité où l’éducation est l’affaire de toutes et tous

3 objectifs sont fixés : Créer un réseau de partenaires socio-éducatifs. Assurer l’ambition des jeunes. Valoriser le rôle des parents. Pour la rentrée 2021, différentes actions sont mises en place pour soutenir la parentalité, accéder à la culture et aux savoirs, dessiner

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son avenir scolaire et professionnel, promouvoir la citoyenneté et agir sur la prévention. Les parents ont une place importante et des actions adaptées à leurs besoins sont proposées. Deux exemples avec la possibilité de bénéficier d’un·e traducteur·trice, et d’assister à des conférences thématiques.


À Besançon Des actions qui continuent d’être déployées

À Saint-Denis la cité éducative n’est pas « un dispositif de plus » Les équipes souhaitent relever le défi d’apporter une meilleure articulation et lisibilité des actions éducatives à destination des jeunes de 0 à 25 ans. La cité éducative vise également à renforcer la coopération des acteurs éducatifs du territoire. La rentrée 2021 a vu le lancement d’un plan d’actions autour de deux axes structurants : Créer un parcours du jeune qui soit lisible et continu en travaillant spécifiquement les moments charnières de son éducation. Travailler la thématique de la prévention par le sport et la santé, pour un bien-être physique et psychique des jeunes. À Saint Denis, un programme est prévu pour développer l’ambition : mentorat, mobilisation de l’internat, stages d’immersion en anglais, aides aux lycéens pros. Mais également pour ouvrir à la réussite : construction d’un bagage culturel, aide à la parentalité, actions sur les moments charnières et travail sur l’acquisition du langage et de la lecture.

Depuis 2020, la cité de Planoise, quartier situé au sud-ouest de Besançon, met en place des actions autour de 3 axes : Conforter le rôle de l’école : tablettes numériques pour les enseignantes de maternelle, fonds social pour le second degré, déploiement de l’internat de la cité éducative, recrutement de 5 médiateurs éducatifs pour les écoles élémentaires de la cité ... Promouvoir la continuité éducative : renforcer les ressources d’interprétariat qui favorise le lien école/famille, mentorat avec les bénévoles de l’AFEV pour un accompagnement des élèves repérés en difficulté, prise en charge financière de licences sportives pour permettre l’accès à des activités sportives et culturelles. Ouvrir le champ des possibles : des interventions sur l’égalité filles-garçons pour des classes de CE2, mise en place d’ateliers de « l’esprit critique » avec le CLEMI, théâtre d’improvisation au collège. Des actions complémentaires, répondant aux besoins identifiés sont aussi possible avec la cité éducative : mise en place d’une collaboration avec l’école d’orthophonie, dotation de livres pour les écoles.

Hawa Sall @sall_hawa hawa.sall @unsa-education.org

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Bilan 2017-2022 : en marche avant, en marche arrière, ou à marche forcée, et après … ? Dans un contexte particulièrement tendu et instable, le thème de l’éducation est central pour construire un projet de société. À quelques mois des élections présidentielles, force est de constater que l’espace du débat politique est saturé par des polémiques stériles. Pour la Fédération, l’Éducation doit rester un sujet sérieux à la hauteur des enjeux d’avenir.

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oin des pseudos évidences, des oppositions systématiques, ou des propositions poussiéreuses, l’UNSA s’engage pour un système éducatif plus inclusif qui permette de conduire chacune et chacun des 12 millions de jeunes vers sa réussite. Nous sommes résolument déterminé·es à faire reculer les inégalités qui le minent en faisant une force de la complémentarité de nos métiers.

À l’heure du bilan d’un quinquennat qui a engagé de nombreux changements, les a empilés à marche forcée, sans tenir compte d’un contexte de pandémie mondiale, ce sont bien les acteurs et actrices de terrain qui relèvent le défi si complexe de la démocratisation de l’éducation. Leur confiance est à reconquérir tant ces cinq années l’ont mise à mal. Si l’évolution du système éducatif est nécessaire car il se doit de s’adapter aux défis de son temps, la méthode utilisée pour conduire les changements décidés par le pouvoir politique est contestable et a été contestée au fur et à mesure des années, par un nombre de plus en plus grand de personnels. Rappelons que selon les résultats du Baromètre 2021 UNSA des métiers de l’éducation, seuls 10% des personnels étaient en accord avec les choix politiques faits en éducation. La période de campagne des Présidentielles peut permettre à chacun et chacune des professionnels de l’éducation, de se projeter dans les cinq ans à venir et de faire le point sur ses aspirations. Comment reprendre pied dans son métier ? Quels choix politiques auront le plus notre adhésion ? Des questions à se poser pour déterminer notre vote de citoyen·ne, mais aussi pour prioriser nos ambitions pour le modèle d’éducation que nous privilégions. Alors, prenez un temps pour réfléchir et donnez de la voix dans le dixième Baromètre UNSA Éducation du 7 mars au 7 avril 2022 !

Béatrice Laurent @Beaunsaeduc beatrice.laurent @unsa-education.org

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Le vote des femmes : quels enjeux pour l’extrême droite ? Longtemps boudés par les femmes, les partis d’extrême droite semblent néanmoins avoir capté leur attention ces dernières années.

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n effet, si un candidat ouvertement misogyne comme Éric Zemmour n’a pas encore beaucoup de succès auprès de l’électorat féminin, il n’en est pas de même pour la candidate du Rassemblement National qui dans un récent sondage rassemblait 20 % de femmes et 16 % d’hommes dans les intentions de vote. (1) Ainsi, à quelques semaines de l’élection présidentielle, le vote des femmes constitue un véritable enjeu de campagne pour l’extrême droite. Par le passé, le Front national (Rassemblement national aujourd’hui) a longtemps été un parti d’hommes dirigé par un homme dont les valeurs étaient essentiellement basées sur un modèle patriarcal et rétrograde. Mais depuis l’arrivée de sa fille à la tête de son parti, les choses ont changé. Le fait que le RN soit dirigé par une femme est déjà un signe fort envoyé aux électeurs·trices potentiel·les. C’est d’ailleurs sur le ton de la confidence que la numéro 1 du parti évoque lors de ses meetings ou de ses passages télévisés sa vie : Elle y dévoile son parcours personnel, son difficile passé de mère célibataire de 3 enfants et sa passion des chats… Un procédé de communication bien rôdé qui consiste à effacer toute trace de son père et de son parti, ce que Christelle Lagier chercheure en sciences politiques, expliquait déjà lors de la présidentielle de 2017 « Dire Marine, c'est éviter de dire LE PEN ou RN, nul doute que cela pèse dans la transformation de l'image de cette formation politique. » (2) Marlène Coulomb Gully nous avait confié en 2017 « Il faut se rappeler que la politique, ce sont des actes ». (3) Or, il est assez rapide de faire le bilan de la politique du RN en matière de droit des femmes. En effet, celui-ci s’est

opposé avec constance à la totalité des textes promouvant l’égalité femmes-hommes et en faveur de la lutte contre les discriminations sexuelles. Tout ce qui concerne la mise en place d’un meilleur accès à la contraception et à l’avortement, la lutte contre les stéréotypes de genre, la condamnation des violences faites aux femmes, ne semble pas concerner le RN. Certaines mesures du programme RN de 2022 d’ailleurs ne doivent pas tromper : le doublement du soutien aux mères isolées n’est en fait qu’un moyen détourné d’encourager la natalité tant prônée dans le programme du parti sur la famille. Ainsi la natalité est au centre avec la valorisation d’un modèle réactionnaire de la femme et de la famille et la préférence à la population nationale au détriment des migrant.es. Si on se tourne du côté de l’ex-chroniqueur de CNews, la défiance des femmes à son égard est très nette. Il fait 8 points de moins que sa principale rivale avec 12 % d’intentions de vote chez les femmes contre 17 % chez les hommes. En effet, l’auteur de « La France n’a pas dit son dernier mot » tient régulièrement des propos sexistes et misogynes qu’il tente de banaliser ou de nier sans réellement convaincre la majorité des femmes qui à 66 % disent craindre pour leurs droits si Éric Zemmour était élu. Pour conclure, les discours et procédés de dédiabolisation des partis d’extrême droite ne doivent pas faire oublier la réalité : leur arrivée au pouvoir entraînerait de graves régressions. L’UNSA Éducation milite pour la promotion du droit des femmes et s’oppose à toutes les tentatives pour les limiter.

(1)

Enquête sur le vote des Françaises et la question des droits des femmes durant la campagne présidentielle : https://bit.ly/enquêtefemmes

(2)

Les femmes et le RN, interview de Christèle Lagier : https://bit.ly/votefnsociologie

(3)

Interview de Marlène Coulomb-Gully professeure en Sciences de la communication à l’université de Toulouse 2-Jean Jaurès, spécialiste du genre, des médias et de la politique, elle a publié Femmes en Politique, en finir avec les seconds rôles aux éditions Belin, Collection Égale à égal, septembre 2016.

Carine Aoun-Boudot @carineaoun1 carine.aoun-boudot @unsa-education.org

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L’écologie est-elle soluble dans l’extrême droite ? L’écologie est présente dans les programmes de Marine Le Pen et Éric Zemmour, sans que cela soit un élément déterminant. Certains discours d’extrême droite s’habillent du vert de l’écologie faisant de l’« écofascisme » un sujet d’actualité. Pour le comprendre, commençons par remonter aux sources de cette idéologie et essayons de comprendre ce qu’elle dissimule. ux origines de l’extrême droite écologique Les liens entre xénophobie et environnementalisme de droite ne sont pas nouveaux. C’est en Allemagne, au début du XXème siècle, que l’extrême droite écologique prend racine. Communier avec la terre est dans l’air du temps : le fantasme de terres intouchées, sans autre homme que le « Blanc », permet de répondre à l’inquiétude d’une « extinction blanche ». De même, après la Seconde Guerre mondiale, les « nativistes » rejettent pour protéger leurs espaces naturels toute nouvelle immigration car elle serait la cause d’une surpopulation. Le credo « Sauvez les arbres, pas les réfugiés » est alors de mise. Plus proches de nous, dans les années 1970, c’est la philosophie du norvégien Arne Naess qui attire les « écofascistes ». Son « écologie profonde », qui veut faire de l’écologie une sphère englobant et acceptant tous les êtres vivants, se voit détournée par des adeptes de l’extrême droite qui dénigrent toute cette réflexion sur la valeur de la diversité biologique. Pour eux, le monde est inégal et les hiérarchies une conception logique de la nature. Ce que l’on peut appeler l’« écofascisme » possède donc une structure théorique et historique, ce qui le rend encore plus inquiétant. Ces mouvances sont en plus rarement isolées et peu éloignées des courants de l’écologie politique.

De la théorie à la pratique : l’extrême droite se met au vert L’extrême droite s’est donc appropriée les fondements de l’écologie pour les transformer en un discours faisant l’apologie de la haine et nourrissant son obsession identitaire. On y retrouve tous les lieux communs au service de leur légitimité : l’alimentation saine, la fascination des armes, la haine des migrants, le jardinage, la virilité et un retour à une sorte de paganisme. L’écologie permet aux « écofascistes » de défendre la terre comme le seul espace où les « populations de souche »

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peuvent vivre. Les migrants, eux, doivent se contenter de leurs contrées inhospitalières. Alain de Benoist, l’un des théoriciens d’extrême droite les plus en vue, parle même de la nature comme un concept qui permet de légitimer les inégalités et les hiérarchies entre les hommes. L’écologie de l’extrême droite serait donc une sorte de politique voulant préserver la vie sur Terre pour une minorité de la population, à savoir les « Blancs ». Avec la théorie, il y aussi des actes. Le 15 mars 2019, Brenton Tarrant ouvre le feu sur des centaines de personnes dans une mosquée à Christchurch en NouvelleZélande. Cet homme armé publie avant son attaque un manifeste où il se revendique « écofasciste ». Le 3 août 2019, c’est au Texas, à El Paso, que Patrick Crusius tire sur une cinquantaine de personnes dans un supermarché fréquenté par les Hispaniques. Son manifeste est tout aussi révélateur du phénomène. En Europe, des groupuscules armés se revendiquent également de l’« écofascisme » et vivent sur le modèle du « survivalisme ». Ce qui fait le lien, c’est le peuple, la terre et le sang. Le nationalisme y est bien ancré, prônant l’anticapitalisme et la force identitaire. Plusieurs militants ont fait le choix d’un retour à la terre, d’une vie loin des métropoles. Ce repli à la campagne est vu comme une première étape avant de partir à la reconquête du territoire. Le Rassemblement national a intégré dans son programme le « localisme » qui illustre bien comme ce parti a réinterprété l’écologie pour en faire un argument de rupture avec la mondialisation afin de promouvoir une production et une consommation au plus près de notre terre. Ainsi, à l’UNSA Éducation, nous devons aujourd’hui décrypter la manière dont ces groupes parlent de l’écologie pour la sortir de cette conception d’extrême droite et éduquer à une écologie respectueuse de tous et de toutes. Aline Boussaroque aline.boussaroque @unsa-education.org


Immigration et « grand remplacement » : mensonges et dangers de l’extrême droite S’il y a bien un thème de campagne qui unit le camp de Marine Le Pen et celui d’Éric Zemmour, c’est celui de l’immigration. L’extrême droite voit dans la présence d’étrangers en France la cause du déclin du pays et l’explication de tous ses malheurs. Elle place, dans une logique xénophobe et raciste, la question migratoire au cœur de son projet, jouant des peurs et de la désinformation.

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ès sa naissance à la fin du XIXème siècle, l’extrême droite a manipulé l’opinion en utilisant les phénomènes de rejet des étrangers. Aujourd’hui, la défense de l’« identité nationale » française prend le relais de cette hostilité. Pour cela, il faut mettre fin à l’immigration : c’est la solution à tous les problèmes, qui est défendue par le RN et le parti de Zemmour. Tous deux prônent dans leur programme un référendum où la question de l’immigration serait abordée afin d’être réglée. S’il existe quelques nuances, il s’agit pour ces deux courants de l’extrême droite de mettre en place une « préférence nationale » dans tous les aspects de la société française et de tarir les flux migratoires vers le pays. Une telle procédure serait anticonstitutionnelle, mais cela n’empêche pas Marine Le Pen et Éric Zemmour de faire de ce sujet leur principal cheval de bataille. C’est pourquoi ils n’hésitent pas à manipuler les chiffres, à relayer des fakes news, ou à promouvoir la théorie du « grand remplacement ».

Une bataille culturelle pour imposer leurs idées Le « grand remplacement » est apparu au grand jour dans le débat public tout récemment : il s’agit pourtant d’une théorie née après 1945, établissant que les « blancs » allaient être remplacés par d’autres civilisations et qu’il fallait en conséquence mener une guerre exterminatrice préventive. Théorie d’inspiration nazie, elle a trouvé au début des années 2000 un continuateur avec Renaud Camus, écrivain raté et raciste. Elle a même servi de support à des terroristes de l’ultra-droite pour justifier leurs actes de haine. Mais au sein de l’extrême droite française, on met pourtant en avant cette idée : Zemmour s’en revendique clairement, Marine Le Pen s’en détache pour évoquer davantage l’idée de « dépossession ».

Signe d’une certaine réussite de ce courant politique : ce thème est repris par d’autres dans l’actuelle campagne électorale.

Face aux fantasmes, la réalité des chiffres Aujourd’hui, certains voient dans cette théorie l’illustration d’une présence trop importante de populations étrangères. Mais là encore, cela ne repose sur aucun fait ni sur aucune réalité : ainsi, la France est un des pays d’Europe de l’Ouest où l’immigration est la plus faible. Rappelons quelques chiffres : en 2021, le pays a délivré un peu plus de visas et de titres de séjours que les années précédentes qui avaient connu une baisse en raison de la pandémie. Les demandes d’asile ont été en revanche bien plus importantes, puisqu’elles ont augmenté de 28 %, soit un total de 104 000 personnes. Cela s’explique avant tout à cause de la situation en Afghanistan, où la population cherche à fuir le régime de dictature des talibans. On est bien loin des fantasmes des démagogues d’extrême droite.

Ne pas laisser l’extrême droite imposer ses idées dans le débat public Il faut donc combattre ce discours xénophobe sur l’immigration qui influence le débat public lors de cette présidentielle. Pour cela, il importe de rappeler sans relâche les faits et de dénoncer les mensonges. Ne l’oublions pas : l’extrémisme de droite est un poison. Il vise à imposer ses idées afin de conquérir les esprits, pour ensuite prendre le pouvoir afin de détruire toutes nos libertés et nos institutions républicaines. Face à ce danger mortel, soyons vigilants et mettons en avant les valeurs universalistes que nous défendons. Benoit Kermoal @enklask1 benoit.kermoal @unsa-education.org

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L’extrême droite et la jeunesse : vers une nouvelle idylle ? Selon un récent sondage Ifop, Emmanuel Macron rassemblerait 24 % des intentions de vote des 18-30 ans contre 21 % pour Marine Le Pen et 9 % pour Éric Zemmour. Ensemble, le poids des candidats de l’extrême droite apparaît comme fort chez les jeunes. Comment expliquer une telle influence ? L’UNSA Éducation fait le point sur les stratégies d'influence d'Éric Zemmour et de Marine Le Pen pour convaincre cette partie de la population. « Il n'a jamais été aussi facile de s'en revendiquer, ni aussi difficile de s'y opposer » selon Raphaël Llorca, communicant et expert associé à la Fondation Jean-Jaurès. L'extrême droite impose ses idées, ses raisonnements, ses représentations. Ses stratégies se sont complexifiées pour faire accepter la radicalité au plus grand nombre. Le « Grand remplacement » , théorie raciste et complotiste de l’essayiste d’extrême droite Renaud Camus relayée par Éric Zemmour est aujourd'hui présente dans le débat public. D’autres questions radicales se posent de la même manière. Le leader de « Reconquête ! » est soutenu par l’ultra-droite et l’extrême droite, situés idéologiquement au-delà du Rassemblement national (RN). La fenêtre d’Overton - du nom de Joseph Overton, lobbyiste américain qui a théorisé le domaine du dicible dans le débat public - s’est élargie. Éric Zemmour parvient à étendre la sphère de ce qui peut être dit sans être frappé d'anathème et en restant toujours très présent dans les médias. Il a fait de la dérision une arme de communication notamment avec des mèmes, ces images virales visant à transmettre un message via les réseaux sociaux. Cette stratégie lui confère un capital sympathie et amoindrit ses dérapages. Quant à la candidate du RN, elle s’efforce de présenter un visage adouci en recevant en entretien chez elle avec ses chats, puis en jardinant. Cette stratégie de communication peut séduire les plus jeunes. Marine Le Pen et Éric Zemmour revendiquent le monopole sur le réel avec l'émergence des médias alternatifs d'extrême droite qui se prévalent de « ré-informer » en rompant avec le politiquement correct des médias traditionnels. Là encore, la jeunesse utilise elle aussi régulièrement de tels moyens d’information. En réalité leurs équipes créent de toutes pièces l'image du réel, fabriquent le sentiment qu'ils sont partout et instrumentalisent la

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défiance. Cette forte activité sur les réseaux sociaux est un des piliers de leurs stratégies depuis des années. Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l'extrême droite, explique qu’elle s’est saisie rapidement et avec vigueur de cet espace d’expression, difficilement contrôlable. Ainsi, les idées imprègnent les têtes et parviennent à séduire de plus en plus, notamment chez les jeunes très présents sur les réseaux et représentant un potentiel électoral important. Au-delà de l’apparente opposition, les deux candidats de l’extrême droite sont deux pièces complémentaires qui se renforcent mutuellement et portent un même combat. Comme le résume Raphaël Llorca : « Zemmour est d'autant plus fort que Le Pen est dédiabolisée, puisqu'il se présente comme le vrai nationaliste. Elle est d'autant plus forte qu’il est diabolisé. » L’extrême droite a beau présenter de nouveaux masques, elle n’en reste pas moins l’extrême droite et il est indispensable de montrer à la jeunesse les dangers de cette idéologie. L’ascension de ses idées est dangereuse, et chacun·e, à son échelle, peut agir. L’UNSA Éducation continuera à dénoncer la supercherie, l’inefficacité et la dangerosité de l’extrême droite. Il est urgent de se mobiliser dans toutes les couches socio démographiques pour contrer cette menace. Défendons pied à pied, les valeurs et les principes de notre République. Rémi Ferrières remi.ferrieres @unsa-education.org


– Unicorp.fr – © PHOTO : Shutterstock – Septembre 2020– 14799

Insultes, agressions, accidents… contre les risques du métier, vous avez prévu quoi ?

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L’école inclusive, entre idéalisme et réalité L’UNSA Éducation fait de la lutte contre les inégalités un cheval de bataille. Celles liées à l’accueil des enfants dans toutes leurs diversités en est une composante. Le droit à l’éducation sans discrimination, porté par l’école inclusive est un défi à réussir, dans tous les espaces éducatifs.

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es réformes aux intentions les plus nobles peuvent défaillir du fait d’une mise en œuvre approximative. Dans cette enquête inédite sur l’école primaire et la scolarisation des enfants les plus vulnérables, Sylviane Corbion dresse un état des lieux des dysfonctionnements du système scolaire. Son ouvrage montre l’écart abyssal entre, d’un côté, les prescriptions et recommandations des politiques ministérielles, qui affichent le souci d’une école inclusive et bienveillante, et de l’autre, le travail des équipes, peu formées, qui doivent faire preuve d’inventivité pour les élèves les plus vulnérables, dont les besoins éducatifs particuliers sont insuffisamment pris en compte. Elle esquisse également des solutions.

Pourquoi est-on passé en matière d’accueil d’enfants handicapés de l’intégration à l’inclusion ?

et contribuent à développer pour tous un regard plus positif sur les différences. Une conception matérialiste vise également l’insertion de tous les élèves dans le monde du travail et une revendication légitime d’adaptation « aux besoins de la vie ». De plus, les structures spécialisées qui accueillent encore bon nombre d’enfants handicapés, représentent un coût en termes de locaux adaptés, d’aménagements spécifiques, de professionnels spécialisés et formés. Dans une logique d’économie de moyens, les émoluments dans une école de quartier d’un enseignant et d’un AESH (Accompagnant d’élèves en situation de handicap) en contrat précaire, rémunéré 700 € par mois en moyenne et formé deux semaines (60 heures), partagé entre plusieurs élèves sur des établissements scolaires distincts, s’avèrent nettement moins coûteux économiquement que des établissements spécialisés avec tout le personnel afférent.

Vous relevez que la mise en œuvre de l’éducation inclusive se heurte à La scolarisation des élèves en situation de handicap a été l’objet de nombreuses évolutions ces dernières des « incohérences organisationnelles ». décennies. D’un modèle ségrégatif, mettant à l’écart Lesquelles sont les plus pesantes ? des enfants dits « arriérés » dans des établissements spécialisés, nous sommes passés à un modèle intégratif avec des dispositifs spécialisés au sein des établissements scolaires. Sous l’impulsion d’une demande sociale et de directives européennes, le modèle inclusif actuel prône la scolarisation en milieu ordinaire dans l’école du quartier de tous les élèves même les plus vulnérables. Actuellement, 385 000 jeunes relevant du handicap sont accueillis. Apprendre et vivre ensemble constituent une chance pour tous ces enfants mis autrefois à l’écart

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Pour l’institution, l’égalité des chances revêt davantage le caractère d’un pilotage d’une pluralité de dispositifs à optimiser et la mise en œuvre de réformes sans toujours en évaluer les effets, ce qui renforce cette impression de confusion. Les promesses tenues par l’État sont complexes à appliquer sur le terrain faute d’une réflexion pragmatique en amont et d’une concertation avec l’ensemble des acteur·rices pour savoir ce qui est humainement et professionnellement possible de mettre en œuvre en fonction du contexte. Les pouvoirs publics décident et c’est aux équipes dans les écoles de s’adapter, parfois dans l’urgence. La qualité de vie et d’apprendre pour tous les élèves, les conditions de travail et la formation des personnels dans les établissements scolaires sont les grandes oubliées de ces réformes.


Sylviane Corbion est professeure des écoles et docteure en sciences de l’éducation. Elle s’appuie sur des histoires de vie professionnelle d’enseignant·es du primaire dans des contextes sociodémographiques différents, et sur les expériences propres de ses deux métiers.

La réalité de l’éducation inclusive, c’est un indispensable travail d’équipe et de partenariats. Est-ce là le plus difficile à déployer ? Le champ d’action de l’école inclusive est vaste et nécessite pour les professionnels des écoles d’adapter l’offre éducative à toute la diversité du public scolaire avec des problématiques hétéroclites voire complexes : handicap, trouble du comportement, grande difficulté scolaire, précarité sociale. L’effort d’accueil de tous ces élèves à besoins éducatifs particuliers repose pour l’essentiel sur des professionnels isolés et peu formés à cette diversité. L’exercice se révèle fastidieux, éprouvant surtout quand s’ajoutent des contextes pénibles : éducation prioritaire, mésentente entre collègues, irrespect voire agressions de parents d’élèves, logique gestionnaire d’une hiérarchie pas toujours compréhensive, persistance de pratiques bureaucratiques contraignantes, directives fluctuantes du ministère, etc. Sans oublier la succession de protocoles sanitaires à gérer depuis la pandémie qui fragilisent encore un peu plus les acteurs de terrain. L’école inclusive implique une transformation des modes de pensée, un investissement important, une modification des pratiques pédagogiques, un travail en équipe plus conséquent et du temps pour s’y consacrer. L’instauration de partenariats avec des professionnels du secteur médico-social requiert une mutation des cultures notamment celle du partage professionnel.

Sylviane Corbion L’école inclusive Entre idéalisme et réalité Éditions Érès.

Béatrice Laurent @Beaunsaeduc beatrice.laurent @unsa-education.org

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La participation (mise) en questions « Participer, disent-ils ! » titrait une étude du ministère de la Jeunesse et des sports dans les années 1990. Si depuis la participation est devenue un mot clé des politiques de citoyenneté, elle reste un objectif ambitieux difficile à atteindre et complexe à mettre en œuvre. ne faible participation aux prochaines élections présidentielles et législatives est déjà attendue et crainte. Si elle est réellement basse, elle sera à analyser finement, mais elle révélera encore un peu plus la fragilité de notre système démocratique actuel et le peu d’engouement pour les scrutins qu’ils soient politiques, professionnels, étudiants (voire encart sur le rapport du CESE). Pour autant, la participation n’est pas qu’électorale. Elle est aussi une forme d’engagement pour des causes, des actions, des démarches… Elle concerne donc chacun·e dans tous les actes de sa vie quotidienne et professionnelle ; dans ce domaine, la participation se pose également au monde du travail et aux organisations syndicales. Que signifie participer dans son service, dans son établissement, dans son métier ? Répondre à des demandes de la hiérarchie ? Construire des projets ? Être à l’initiative de changements ? Être écouté.es, entendu·es, pris·es en compte ? Pour beaucoup, les syndicats sont trop éloignés des réalités du terrain, comment donc mieux intégrer la parole, les attentes, les propositions des personnels ? Quelles places faire aux adhérent·es, voire aux non-adhérent·es, dans les réflexions, des délibérations, les décisions des organisations syndicales ? Comment renouveler la démocratie interne et introduire davantage de participation afin de (ré)inventer le syndicalisme de demain ? Et en tant qu’éducatrices et éducateurs, comment former à la participation, la prise de parole, le partage des idées, le débat, la coopération, la co-construction ? Comment les mettre en œuvre dans les écoles, les établissements scolaires, les universités, les structures d’éducation populaire, de culture, de sports ? « La participation (mise) en questions » s’invite donc dans le débat citoyen, professionnel et syndical et sera le thème d’une des recherches menées par le Centre Henri Aigueperse - UNSA Éducation dans le cadre de son programme d’études financées par l’IRES en 2022.

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Le CESE pour plus de participation « Tout au long de leur vie, les Françaises et les Français sont régulièrement appelés à participer à des élections dans divers espaces : à l’école, à l’université, au travail, dans leur association, au sein de leur mutuelle, dans leur copropriété... ». Pour le CESE, « ces temps de citoyenneté qui assurent un continuum démocratique et renforcent la culture de l’engagement citoyen·ne » ont un caractère essentiel. Or, tous les acteurs font le constat d’une baisse continue de la participation à ces rendez-vous démocratiques. 5 % de participation aux élections professionnelles dans les TPE, 7 % aux élections des CROUS, 38 % pour les CSE dans les entreprises… Pour le Conseil, redonner du sens à l’acte de voter est le levier prioritaire pour renouer avec la participation quelle que soit l’élection. C’est pourquoi en s’appuyant sur près de 1 500 contributions majoritairement recueillies auprès de membres d’organisations représentées au CESE, le rapport adopté par le Conseil en décembre 2021 formule 28 préconisations, qui ont « pour objectif de redonner du sens à ces élections, en les rendant plus visibles, en valorisant les élues et élus et en assurant la redevabilité vis-à-vis des électrices et électeurs ». www.lecese.fr/travaux-publies/ renforcement-de-la-participationaux-elections-des-instancesgouvernance-democratique

Morgane Verviers @MorganeVerviers morgane.verviers @unsa-education.org

Denis Adam @denisadamunsa denis.adam @unsa-education.org


Une décision de justice chamboule le recrutement à l’AEFE Suite à une décision de justice, l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE) est contrainte d’annuler tout recrutement de résidents à recrutement différé pour la rentrée 2022. Ne pourront être recrutées que des personnes établies dans le pays ou pouvant justifier d’un rapprochement de conjoint. our l’UNSA Éducation, le timing de cette décision interroge. Beaucoup d’établissements vont se retrouver en difficulté pour mettre des enseignant·es dans les classes.

Loi concernant l’AEFE : Des propositions de l’UNSA Éducation reprises L’assemblée nationale a voté le mercredi 16 février une loi concernant l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE). Elle valide la création des instituts régionaux de formation à l’étranger. Elle fait suite à l’annonce présidentielle en 2018 de doublement des effectifs pour 2030. Au conseil d’administration, les représentant·es des parents seront désormais quatre contre deux auparavant. La mixité sociale et la capacité d’emprunt feront l’objet d’un rapport du gouvernement. La loi intègre des propositions de l’UNSA Éducation avec la commande d’un « rapport sur le respect des principes de la République, et en particulier de la laïcité, dans les établissements français à l’étranger ».

L’UNSA demande une aide financière exceptionnelle aux établissements. Nous proposons une subvention prenant en charge le différentiel entre la masse salariale des détachés et des personnels de droit local. Les détachements des personnels recrutables doivent être garantis. Nous proposons une réécriture du décret 2002-22. Nous demandons des aménagements pour un texte juridiquement inattaquable. L’UNSA propose une entrée fonctionnelle (sur les missions exercées) plutôt qu’une entrée sur critère géographique. Le recrutement distinguerait détachés à missions spécifiques ou d’enseignement. Nous avons obtenu un engagement sur le gel des postes non pourvus. Nous veillerons à ce qu’ils ne soient pas supprimés. L’UNSA demande des garanties à l’AEFE pour les personnels déjà en poste dans le réseau.

Adrien Guinemer @toupietwopi adrien.guinemer @unsa-education.org

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J’AI CHOISI POUR SON AUTHENTICITÉ

MGEN MUTUELLE SANTÉ - PRÉVOYANCE

Perrine Laffont a choisi MGEN pour son engagement à protéger la santé des personnes en toutes circonstances. Authentiquement mutualiste, MGEN rend accessibles les meilleurs soins à tous. Rejoignez-là.

PERRINE LAFFONT

CHAMPIONNE OLYMPIQUE DE SKI DE BOSSES & 4 FOIS VICTORIEUSE DE LA COUPE DU MONDE.

MGEN, Mutuelle Générale de l’Éducation Nationale, immatriculée sous le numéro SIREN 775 685 399, MGEN Vie, immatriculée sous le numéro SIREN 441 922 002, MGEN Filia, immatriculée sous le numéro SIREN 440 363 588, mutuelles soumises aux dispositions du livre II du Code de la mutualité. MGEN Action sanitaire et sociale, immatriculée sous le numéro SIREN 441 921 913, MGEN Centres de santé, immatriculée sous le numéro SIREN 477 901 714, mutuelles soumises aux dispositions du livre III du Code de la mutualité. Siège social : 3 square Max Hymans -75748 PARIS CEDEX 15.

www.antigel.agency - 02326 - Juin 2021 - © Hervé Thouroude - Document publicitaire n’ayant pas de valeur contractuelle.


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