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Enseignement agricole : la preuve par l’exemple

Alors que le lycée professionnel fait l’objet de nombreux griefs quant à son organisation pédagogique « cloisonnante » et peu en prise avec les réalités du terrain, l’enseignement agricole a développé depuis plusieurs années des enseignements coopératifs, ouverts et transversaux qui sont souvent montrés comme un exemple à suivre pour la réforme de la voie professionnelle.

l’heure où les acteurs de la voie professionnelle rebattent leurs cartes pour tenter d’améliorer ou d’optimiser l’existant, aux dires d’un certain nombre d’entre eux, l’enseignement agricole (EA) serait paré de toutes les vertus d’un modèle à suivre.

Il est un fait que l’EA est un terreau de l’innovation pédagogique et que celle-ci a permis de déployer dans les territoires des actions qui semblent de beaux fruits appétissants.

Ainsi, l’interdisciplinarité, appelée pluridisciplinarité dans le champ de l’EA, n’est pas qu’un principe mais une réalité pédagogique à raison de 2 heures hebdomadaires pour les élèves, associant les enseignant·es de deux, voire trois disciplines différentes.

Autre exemple : les espaces à l’initiative de l’établissement (EIE) sont des temps d’enseignement non affectés accordés aux équipes pédagogiques, qui en disposent librement, pour mener à bien des actions de méthodologie, d’orientation ou d’insertion professionnelle des élèves. Ces EIE représentent 2 heures hebdomadaires en 1re et Terminale, et jusqu’à 4 heures/semaine en classe de 2nde.

C’est dans le cadre de ces temps d’enseignement non disciplinaires qu’interviennent très souvent les enseignant·es de l’éducation socio-culturelle, une autre spécificité de l’EA créée dans les années 60 pour affermir chez les élèves la pratique culturelle et l’ouverture à la citoyenneté par le biais d’une pédagogie de projet.

Quant aux disciplines académiques proprement dites, elles sont enseignées par le prisme d’une approche transversale tendant à développer chez les élèves des « capacités générales » à construire une réflexion, à participer à un débat, à agir collectivement et en société etc.

Pour autant, l’herbe n’est pas toujours plus verte dans l’EA.

Le décrochage est un phénomène statistique qui pose toujours autant question dans certaines filières : il concerne 25 % des effectifs en CAP agricole entre la 1re et la 2e année contre 9 % en bac professionnel. « Il vaudrait mieux parler de déperdition », nuance Jean-Jacques Henry, enseignant en lycée agricole et animateur du pôle pédagogie au SEAUNSA. « Le transfert vers l'apprentissage n'explique pas tout et cette déperdition n'est pas nouvelle. Le ministère ne sait pas où passent ces élèves. »

Le modèle agricole est donc à suivre, sous réserve que son cadre et son mode de fonctionnement soient préservés et améliorés, alors qu’il commence à être attaqué par petites touches, comme les effectifs de classe dont les seuils ont été augmentés de 24 à 27 élèves, seuils devenus désormais indicatifs, donc dépassables.

L’UNSA Éducation revendique donc une inspiration vers le haut et nons vers le bas, appelant à ce que l’EA serve de référence à la voie professionnelle et non l’inverse, qu i menacerait alors gravement l’EA de perdre ses spécificités.

Gilles Leluc gilles.leluc @unsa-education.org

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