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Féminin pluriel

De par le monde, le métier d’enseignant est largement féminin. C’est ce que mettent en évidence les dernières données de l’OCDE. Elles confirment d’ailleurs que la féminisation de l’enseignement est plus massive dans les petites classes de l’école et du collège, que pour des élèves plus âgés en lycée ou dans l’enseignement supérieur.

Un métier pour les femmes

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Au stéréotype genré qui attribue traditionnellement aux femmes le fait de devoir s’occuper des enfants, s’en ajoutent d’autres. La bonne concordance entre les horaires de travail des enseignantes et les horaires de classe de leurs enfants renforce l'adéquation des mères également enseignantes ; s'y ajoute enfin la possibilité, facilitée, de travailler à temps partiel.

Paradoxalement, l’Éducation étant majoritairement un service public, les salaires y sont fixés statutairement et ne présentent donc pas - théoriquement - de disparités entre celui des femmes et celui des hommes. Cela conduit au fait qu’à niveau de recrutement équivalent, une enseignante est légèrement mieux payée (en moyenne 3 % de plus) qu’une autre femme dans une autre profession équivalente. Mais, en revanche, pour les hommes diplômés de l’enseignement supérieur, le phénomène inverse s’observe : un enseignant gagne en moyenne 20 % de moins que dans d’autres professions.

Un métier « féminin » ?

L’OCDE explique que « comme il est financièrement moins intéressant pour les hommes que pour les femmes de devenir enseignant, cela dissuade les hommes d’entrer dans la profession ». Une autre lecture est également possible : maintenir des salaires bas dans les métiers de l’enseignement est une manière de conserver une féminisation de la profession.

La diffusion des savoirs ne passe plus exclusivement par l’École, la culture scientifique lui fait fortement défaut, alors même que celle-ci est fortement connotée comme « masculine » . Une conception stéréotypée de l’enseignement comme métier « féminin » peut contribuer encore davantage à sa dévalorisation.

Une meilleure reconnaissance d’un métier non genré Or deux constats s’imposent. À Tout d’abord, afin de construire leur personnalité, leurs rapports aux autres, leurs places dans la société, les enfants et les jeunes ont besoin d’être « exposer à des modèles aussi bien masculins que féminins » . Cela passe par « un bon équilibre du ratio hommes-femmes dans le corps enseignant », contribuant à « la diversité de l’environnement scolaire »

Par ailleurs, le rôle de l’enseignement et plus globalement de l’Éducation est primordial dans l’évolution de nos sociétés. Il est donc indispensable de « renforcer la reconnaissance de l’enseignement dans la société » . Une rémunération plus élevée, la prise en compte des heures de travail en dehors du face-à-face pédagogique, l’amélioration des conditions d’exercice du métier…, sont des mesures qui pourraient « permettre d’attirer davantage de talents dans la profession, et ce quel que soit leur sexe »

Une profession (toujours) en souffrance ?

À défaut, perdurera « un sentiment de désillusion généralisé chez les enseignants concernant la perception de leur profession dans la société, […] sentiment [qui] contribue aux difficultés de recrutement et de maintien en poste des enseignants »

Dans l’édition 2022 du baromètre UNSA des métiers de l’Éducation, seulement 15, 5 % des enseignantes et 16, 8 % des enseignants se disent prêt·es à conseiller leur métier à un proche de leur entourage, un chiffre quasiment divisé par deux en 10 ans et comparable aux résultats des études internationales.

Qu’en est-il en 2023 ? La nouvelle édition du baromètre de l’UNSA Éducation, conduite du 5 mars au 5 avril, apportera un nouvel éclairage sur la perception des collègues quant à leur sentiment de reconnaissance de leur métier. Les résultats seront révélateurs d’une volonté gouvernemental, ou non, de construire une Ecole s’appuyant sur la professionnalité de ses personnels - femmes et hommesmieux reconnue et valorisée.

Denis Adam @denisadamunsa denis.adam @unsa-education.org

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