L' Éduc' Mag n°174

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CPPAP N° 0716 S 06569 l’Enseignement Public La fédération UNSA des métiers de l’ É ducation, de la Recherche et de la Culture
4,60 € Mars 2023
Comme nous, rejoignez la casden, la banque de la Fonction publique ! CASDEN Banque Populaire –Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable –Siège social : 1 bis rue Jean Wi ener 77420 Champs-sur-Marne –Siren n° 784 275 778 –RCS Meaux –Immatriculation ORIAS n°07 027 138 • BPCE –Société anonyme à directoire et conseil de surveillanceau capital de 180 478 270 € –Siège social : 7, promenade Germaine Sablon 75013 PARIS –Siren n° 493 455 042 –RCS Paris –Immatriculation ORIASn° 08 045 100 • Crédit photo : © Roman Jehanno • Conception : Insign 2022 • Merci à Carm en, Élise et Matthieu, professeurs des écoles, d’avoir prêté leur visage à notre campagne de communication. casden.fr Retrouvez-nous chez La banque coopérative de la Fonction publique

Directeur de la rédaction

Frédéric Marchand

Directeur de la publication

Pierre Chateau

Rédactrice en Chef

Aline Boussaroque

Ont participé à ce numéro :

Denis Adam, Nicolas Anoto, Carine Aoun-Boudot, Karine Autissier, Steve Blanchard, Aline Boussaroque, Nathan Cazeneuve, Willie Charbonnier, Pierre Chateau, Julien Danglard, Véronique De Aguiar, Sébastien Decroix, Jérôme Giordano, Benoît Kermoal, Béatrice Laurent, Gilles Leluc, Julien Lucchini, Frédéric Marchand, Yves Paploray, Hawa Sall, Christèle Sauder, Gilles Tena, Diana Yien Kow.

Illustration couverture

Aline Boussaroque

Photo: © François Resnais

Réalisation

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Pour les personnes souhaitant s’abonner, le prix du numéro est de 4,60 €, l’abonnement annuel de 18,40 €.

C.P.P.A.P.

0716 S 06569

Dépôt légal : Mars 2023

UNSA Éducation

87 bis, Avenue Georges Gosnat 94853 IVRY-SUR-SEINE CÉDEX

Tél. : 01 56 20 29 50 national@unsa-education.org

La force de l’action syndicale

ès le départ, le président de la République et le gouvernement ont fait le choix d’avancer sur le recul de l’âge légal de départ à la retraite dans une réforme injuste et injustifiée.

Ce choix s'est fait malgré l’opposition d’une part importante, et croissante de l’opinion au fur et à mesure des « explications » donnés par les membres du gouvernement. Dans ce contexte, les organisations syndicales, agissant dans l’unité, ont fait la preuve de leur capacité à mobiliser fortement l’ensemble de la population pour donner corps à ce mécontentement : manifestations massives dès le 19 janvier, pétition dépassant le million de signataires, appel à mettre le pays à l’arrêt le 7 mars, actions diverses et variées dans tous les secteurs et sur tous les territoires, etc.

Avec dignité, responsabilité et avec beaucoup de force, l’action syndicale a su convaincre.

À l’heure où ces lignes sont écrites, nous ne savons pas encore quel sera le choix du président de la République et du gouvernement face à l’ampleur du rejet de sa réforme. Ce qui est certain, c’est qu’il est de leur responsabilité d’entendre la colère qui s’exprime. La démocratie est un bien précieux, mais nous vivons une crise de cette même démocratie, qui se traduit élections après élections par des abstentions massives et le progrès de l'extrême droite. Prendre le risque de l’accroître en faisant comme s’il n’y avait pas de problème serait irresponsable.

L’UNSA Éducation est auprès des travailleuses et travailleurs qu’elle représente pour refuser cette réforme et proposer des solutions alternatives.

Retrouvez les éditoriaux de Frédéric Marchand sur unsa-education.com

unsa-education.com 3 Internationale de l’Éducation - n° 174 - Mars 2023
@FMarchandfred Frédéric Marchand Secrétaire général de l’UNSA Éducation

6 • Les b rèves d’ a ctu

10 • Élections professionnelles 2022, la dynamique UNSA confirmée !

11 • Baromètre 2023 : Je donne mon avis sur mon métier !

13 • Retraites : les raisons de la colère

20-21 • La voie professionnelle dans les méandres de la concertation

23 • L’UNSA, déjà 30 ans !

24-25 • 8 mars : Journée internationale des droits des femmes

31 • Vie étudiante : la France doit miser sur sa jeunesse

Société inclusive, et l’éducation dans tout ça ?

Un sujet pas si facile mais d’une haute importance pour notre société, telle qu’on l’observe, telle qu’on la vit, telle qu’on la rêve. Inclure étant le co ntraire d’exclure, une société inclusive c’est donc une société qui éradique toutes formes de discriminations. Évidemment, cette société est encore un idéal, nous n’y sommes pas encore collectivement parvenus. Le monde de l’ É ducation y prend sa part.

L’UNSA Éducation a mis en réflexion, lors de son Rendez-vous annuel des Métiers 2022, comment mieux y arriver dans le respect de toutes les parties prenantes. Et parmi toutes les discriminations qui persistent, lors de cette journée déconce ntrée en 30 lieux, les personnes les plus vulnérables, celles qui sont porteuses de handicap, visibles ou moins visibles ont été au ce ntre des débats. Elles représentent 20 % de la population française, cela peut aller jusqu’à 4 0 % si on prend en compte le handicap temporaire. Questions d’Educ n°48 revient sur les contenus partagés en intelligence collective tout au long de cette journée.

4 - n° 174 - Mars 2023
N° 1 7 4

70 % des 16 ans et plus impliqués dans la vie associative

Une étude INJEP recense les bénévoles, adhérents ou donateurs dans une association au cours des douze derniers mois. Le bénévolat est la forme de participation la plus courante, mais pas la seule : il concerne un quart de la population. Plus largement, quatre personnes sur dix ont participé à une association comme bénévoles, militants, volontaires ou adhérents en 2021.

> https://injep.fr

Une plateforme 100 % EducPop

Un plaidoyer et des portraits nous invitent à (re)découvrir l’Éducation populaire. Elle promeut toujours une société égalitaire, juste, solidaire, écologique et inclusive où chacun et chacune peut vivre dans la dignité, construire sa place, avoir un rôle, trouver son utilité sociale. Cette société, l’Éducation populaire cherche à la construire au quotidien avec les jeunes, avec les citoyen·nes en s’appuyant sur les associations de jeunesse et d’Éducation populaire qui maillent les territoires, mobilisent les pouvoirs publics et structurent la société civile.

> www.educ-pop.fr

Déambuler

Déambuler dans une « vraie-fausse » école Artiste, poète, entrepreneur et semeur, Fabrice Hyber présente ses œuvres en créant des espaces d’inspiration scolaire. Il donne à voir et à réfléchir sur tous les domaines de la connaissance : les arbres, la guerre, les migrations, le pétrole, la génétique, le sport, … « J’ai toujours considéré que mes peintures étaient comme des tableaux de classe, ceux où nous avons appris à décortiquer nos savoirs par l’intermédiaire d’enseignant·es. »

Agir

« Construire ensemble des campus durables engagés dans la transition écologique » : tel est l’objectif d’une convention signée entre les CROUS et le RESES, qui représente 150 associations étudiantes, afin notamment de mener en commun des opérations de sensibilisation. La mise en place des actions de l’association sur les campus de France, et les projets liés aux enjeux écologiques et solidaires, seront subventionnés par le CNOUS. > https://le-reses.org

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contre les poubelles qui débordent et pour des campus durables

PARIS 2024

Avec le Marathon Pour Tous, des athlètes amateurs emprunteront le même parcours que le marathon olympique, permettant au plus grand nombre d’emboîter le pas à des athlètes d’exception. Pour la première fois dans l’histoire, des épreuves de course à pied « grand public » seront organisées, avec un marathon mais aussi un parcours de 10km. Paris 2024 s’engage à attribuer autant de dossards aux femmes qu’aux hommes.

L’égale dignité des invisibles

L’égale dignité des invisibles « Quand les sans-voix parlent de l’école », sous la direction de Marie-Aleth Grard. Ce livre donne la parole à ceux qui ne l’ont jamais et qui sont condamnés au silence. Pour parler d’eux, de leurs enfants, de leurs expériences, de leurs échecs, de leurs blessures, de leurs humiliations, de leurs regrets, mais aussi de leurs espoirs, de leurs ambitions, de leurs rencontres heureuses avec des femmes et des hommes qui ont su leur tendre la main, de leur reconnaissance et de leurs valeurs. Avec brutalité, avec humilité, avec humanité, ces témoignages toujours bouleversants, souvent dérangeants, nous disent aussi beaucoup du chemin que nous avons à parcourir si nous voulons être à la hauteur des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui sont celles de notre République.

Santé des enfants et environnement

Guillaume, ingénieur en santé environnementale et père de deux jeunes enfants, aborde des épisodes de 5 minutes sur une multitude de sujets pour améliorer la santé des enfants exposés aux pollutions.

> https://podcasts.apple.com/fr/podcast/ santé-des-enfants-et-environnement/

id1104796138

> v=T8yEloyQ-6swww.youtube.com/watch?

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Le STIP AEP UNSA, votre allié au quotidien

Le STIP AEP UNSA a été créé vers les années 1960 (installation du Centre des Expérimentations du Pacifique (CEP) et création du Corps de l’État pour l’Administration de la Polynésie Française CEAPF). C’était le seul syndicat des enseignants du premier degré. Le STIP (Syndicat Territorial des Instituteurs Publics) comptait alors 11 membres. Peu à peu, le STIP est devenu le STIP AEP avec l’adhésion des agents publics de la filière éducative du Pays, puis STIP AEP FAEN et en mai 2013, STIP AEP UNSA.

En Polynésie française, l’enseignement public concentre 9 0 % des écoles et structures du 1er degré.

Malgré l’étendue du territoire et le caractère archipélagique du territoire polynésien, l’instruction obligatoire y est assurée de plus en plus par des titulaires. Les archipels des Marquises et des Tuamotu Gambier sont caractérisés par de nombreuses structures scolaires à 1 à 3 classes et donc des personnels souvent très isolés. Plus de 5 000 personnels État et Pays œuvrent pour la réussite des élèves. Les populations scolaires 1er et 2nd degré des établissements publics et privées décroissent continuellement depuis des années, principalement du fait de la baisse de la natalité. L’accompagnement auprès de chaque enseignant est le fer de lance du syndicat, malgré les contraintes géographiques et financières liées aux coûts des déplacements.

Nous sommes présents dans toutes les écoles (environ 200 réparties sur une superficie maritime de 5.2 millions de km 2 ). Être le plus proche de nos personnels est le défi de notre quotidien.

Le STIP AEP se bat pour :

la mise en place d’une véritable RH de proximité au sein de notre administration ; une retraite pour toutes et tous qui correspond à 75 % de son salaire d’actif ; une programmation d’une visite médicale systématique pour tous les personnels ; des formations régulières tout au long de sa vie professionnelle ; l’ouverture de la prestation AIP aux agent·es contractuel·les.

@StipAep
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stip-aep@mail.pf

La section régionale de Bretagne

Le littoral breton représente un tiers des côte s françaises métropolitaines. Cette caractéristique, mais aussi le côté authentique de son terroir, joue en faveur de l’attractivité d’une académie très demandée.

Lacadémie de Rennes compte plus de 5 3 000 agents pour 58 0 000 élèves répartis dans 2 853 écoles et établissements du second degré publics et privés ( 1 759 publics). 13 7 000 étudiants se répartissent dans les universités et les établissements du supérieur répartis dans nos 4 départements.

Notre académie, avec son budget annuel de 2,93 milliards d’euros, connaît d’importants manques de moyens, les mêmes personnels en souffrance dans tous les métiers, la même désorganisation dans l’application des réformes que dans bien d’autres académies.

La faiblesse des rémunérations crée une difficulté à recruter en nombre suffisant AESH, personnels techniques et administratifs.

Pages UNSA Éducation coordonnées par :

Julien Danglard

julien.danglard @unsa-education.org

Gilles Téna

gilles.tena @unsa-education.org

En parallèle, les missions devenues impossibles font émerger une difficulté dans le recrutement de cadres, tant dans les établissements qu’au niveau des corps d’inspection.

Faute de places en structures spécialisées, on note un nombre d’élèves avec de forts troubles du comportement très supérieur à la moyenne nationale (16 % du total).

Cerise sur le gâteau, l’enseignement privé à majorité catholique, historiquement très présent en Bretagne, refuse parfois d’inscrire ces élèves « particuliers » alors qu’il a normalement les mêmes obligations que les écoles publiques.

Personne ne dit rien... conduisant à mettre en place des écoles à 2 vitesses, des filières de l'entre-soi qui balaient la société et la mixité sociale.

Ce dossier porté par notre seule fédération, mais aussi le travail de terrain de nos syndicats, expliquent nos résultats en progression aux derniers scrutins, résultats qui ont permis à l’UNSA Éducation de passer de la 4è à la 2 è place des OS au CSA de l’académie de Rennes.

Philippe Le Roy Secrétaire Régional UNSA Éducation Bretagne

@UNSAEducBZH

bretagne@unsa-education.org

Lille Amiens Laon Beauvais Arras
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Élections professionnelles 2022, la dynamique UNSA confirmée A

Dans la fonction publique, dans le privé, les électeurs adhèrent au syndicalisme réformiste et combatif de l’UNSA. Cela se traduit par une progression dans chacun des trois versants de la fonction publique et par l’obtention d’un 4è siège au Conseil Commun de la Fonction Publique. vec 95220 suffrages, notre fédération sort renforcée dans trois ministères et gagne des sièges (+4). Elle apporte 38 % du total des voix obtenues par l’UNSA à la fonction publique. L’UNSA Éducation est bien LA Fédération de TOUS les métiers de l’Éducation, l’Enseignement supérieur, la Recherche, les Sports et la Culture. À l’issue des scrutins, l’ UNSA Éducation est la première fédération de Jeunesse et sports avec 8 sièges sur 15 : majorité absolue au comité social d’administration ministériel. Les agents donnent un satisfecit à nos positionnements favorables au retour de J&S dans les ministères éducatifs.

Première fédération du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, l’UNSA Éducation obtient la confiance d’un quart des personnels et la seule avec 4 sièges au CSA ministériel. La dynamique créée par le retour du SNPTES au sein de l’UNSA a payé et permet ce résultat. Dans l’Enseignement agricole et à l’Éducation nationale, l’UNSA Éducation confirme clairement sa deuxième place , elle est un interlocuteur incontournable des ministres. Les 2 sièges au CSA de l’enseignement agricole prouvent que l’infatigable travail de terrain des équipes du SEA-UNSA est reconnu par nos collègues !

À l’Éducation nationale, l’UNSA Éducation obtient 3 sièges au CSA ministériel avec une capacité à peser pour représenter tous les collègues quel que soit leur métier avec plus de 78 289 voix.

À l’Agence de l’Enseignement du Français à l’Étranger, avec 2 sièges sur 10, l’UNSA Éducation conforte sa deuxième place et continue à se développer. À la culture, nous restons représentatifs avec un siège au CSA ministériel. Ce cycle électoral est marqué par une forte hausse de l’abstention. Les votants sont minoritaires. L’UNSA Éducation refuse cette fatalité, la participation aux élections professionnelles est un enjeu majeur pour la démocratie sociale. Le mode de scrutin électronique n’est pas seul en cause, l’explication est multi-factorielle. Le retrait de nombreuses compétences aux CAP, le procès en inutilité que le président de la République fait aux corps intermédiaires, expliquent cette chute de participation. L’UNSA Éducation interroge aussi des pratiques syndicales parfois trop éloignées du terrain. Notre fédération s’engage résolument dans des pratiques encore plus proches des personnels.

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Baromètre 2023 : Je donne mon avis sur mon métier !

La 11è édition du baromètre UNSA de nos métiers se déroulera du 5 mars au 5 avril 2023. C’est l’occasion pour 1,5 million de personnels de donner leur avis sur leur métier et ainsi de rejoindre les 4 3 000 collègues qui ont participé l’an dernier.

Le baromètre est reconnu par tous les collègues qui en ont fait un véritable instrument de mesure de leurs aspirations, de leur humeur du moment et de leur bienêtre au fil des années, quel que soit leur métier ou leur ministère.

La conférence de presse de présentation des résultats à la mi-mai attire de plus en plus de journalistes et donne un éclairage cru sur la manière dont la France traite les personnels qui éduquent et forment sa jeunesse.

Chaque année, ce sont 15 questions récurrentes qui vous sont posées pour parler de la vision que vous portez sur votre métier, sur vos conditions de travail et votre pouvoir d’achat, votre charge de travail ou vos relations avec vos collègues et votre hiérarchie. On vous demande, par exemple, si vous recommanderiez le métier à un proche. Les chiffres collectés nous permettent de mettre en avant les évolutions sensibles, comme par exemple, quand le ministre Blanquer a perdu la confiance des personnels envers sa politique au fur et à mesure du premier quinquennat d’Emmanuel Macron.

Et chaque année, nous vous proposons des questions d’actualité, qui nous permettent de mettre en valeur auprès des responsables politiques le regard porté par les métiers de l’éducation, de la recherche et de la culture sur les grandes questions sociales et culturelles. Pour 2023, nous allons vous questionner sur la transition numérique, sur la crise démocratique et sur le virage écologique. Comment vous situez-vous par rapport à ces transformations majeures du monde actuel ?

Tenez-vous prêts au départ, le compte-à-rebours est lancé et le « baro » débarque dans vos mails, réseaux sociaux, casiers d’établissement ou de service à compter du 5 mars midi. Vos réponses nous permettront de porter haut et fort vos préoccupations du moment.

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5 mars - 5 avril 2023 Je participe ! E nseignement S upérieur J eunesse & S ports É ducation C ulture A griculture R echerche

L’UNSA mobilisée

Deux énormes journées de mobilisation se sont déroulées le 19 et 31 janvier dans près de 300 villes. Le 31 janvier, avec plus de 2,5 millions de manifestants, la population a démontré qu’elle est fortement opposée au projet de réforme des retraites du gouvernement. Deux autre s défilés ont été organisés le mardi 6 et le samedi 11 février. Rien qu’avec ces 4 jours de mobilisation en un mois, la première bataille de ce conflit des retraites, celle de l’opinion publique a été remportée haut la main par l’intersyndicale. L’UNSA y a pris toute sa part.

Les français savent que cette réforme et injuste et injustifiée, ni urgente, ni vitale et que nous avons plusieurs autres solutions, notamment avec l’emploi des seniors, l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, ou les cotisations (notamment patronales). Ce mouvement social nous pouvons le gagner et contraindre le gouvernement à revoir son projet. Pour cela, il y a la mobilisation dans la rue bien sûr ! Mais aussi la pétition intersyndicale que nous devons continuer à faire signer !

L’UNSA a également mené la bataille des idées, notamment devant les députés, en avançant des pistes devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.

Parallèlement, l’UNSA a adressé 17 propositions d’amendements à tous les députés.

Le premier d’entre eux porte sur la suppression de l’article qui repousse l’âge légal de départ en retraite et accélère l’augmentation de la durée de cotisation à 43 ans. Ce même travail est mené auprès des sénateurs. L’UNSA y redira combien ce projet de réforme est injuste, injustifié et brutal.

Au-delà du seul sujet des retraites, il s’agit de reposer la question de la justice sociale. Celles et ceux que nous représentons méritent de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires et une meilleure protection sociale.

Ensemble, militantes et militants de l’UNSA, partout sur le territoire : mobilisons-nous .

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Retraites : les raisons de la colère

Le gouvernement n’est pas parvenu à convaincre et pour cause : ses arguments sont fallacieux.

À l’UNSA, on ne pratique pas l’intox, mais une analyse factuelle et honnête.

NON, notre système de retraites par répartition n’est pas en danger Aujourd’hui il est même excédentaire (3,2 Md€ en 2022 !) Certes le COR prévoit une dégradation d’ici 2030 avec un déficit éventuel de 12 Md€, mais avec ensuite un retour à l’équilibre. Cela paraît énorme mais à l’échelle du système de retraite (340 Md€) c’est peu. NON au recul de l’âge légal de départ en retraite !

Les études d’impact montrent qu’un recul de l’âge légal aboutit à un accroissement des inégalités : les pensions des plus aisé·es augmentent quand celles des plus modestes diminuent. Les mêmes qui sont déjà touché·es par une espérance de vie plus courte au moment du départ en retraite. Quant aux femmes, ce sont les grandes oubliées de la réforme . En raison de salaires plus bas et de carrières discontinues, elles touchent des pensions en moyenne inférieures de 4 0 % à celles des hommes. Exposées aux métiers précaires, pénibles avec des horaires atypiques - sans reconnaissance de cette pénibilité – elles accèdent difficilement au minimum vieillesse annoncé à 1200€, qui nécessite une carrière complète à taux plein. C’est donc la double peine.

Les propositions de l’UNSA

Améliorer l’emploi des séniors : Si 1 0 % des séniors qui se retrouvent en inactivité forcée travaillaient, il n’y aurait plus aucun problème de financement des retraites. Cela permettrait même de financer un nouveau besoin dans notre société qu’est celui de la dépendance.

Une égalité réelle des rémunérations femmeshommes créerait une augmentation des cotisations suffisante pour résoudre tout problème de déficit de notre système de retraites. N’est-ce pas socialement plus juste que de les pénaliser encore ?

Une augmentation mesurée des cotisations patronales de 10 à 15 €/mois suffirait pour éviter tout problème de financement des retraites.

Si l’objectif du gouvernement était réellement de pallier à un déficit temporaire il aurait accepté depuis longtemps l’une des solutions proposées par l’UNSA. Mais cet argument n’est qu’une façade pour masquer son choix politique d’une France où l’on travaille plus, une France à la course au PIB, une France où l’opinion et la santé de l’immense majorité des français·es ne compte pas.

L’UNSA dénonce cette réforme aussi injuste qu’inutile.

Elle veut un pays où chacun·e peut vivre et vieillir dignement.

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(1) COR : Conseil d’Orientation des Retraites
(1) Véronique De Aguiar @v_de_aguiar veronique.deaguiar @unsa-education.org
Photo : © Franc ois Resnais

Concertation ou négociation ?

Deux modalités de dialogue social bien différentes. De manière générale, l’employeur public se doit d’échanger avec ses agent·es, par l’intermédiaire de leurs repré sentant·es syndicaux. Il y est contraint sur un certain nombre de sujets (cf. article Nouvelles instances de dialogue social) avant de prendre une décision.

Le dialogue social peut se dérouler sous deux modalités aux conséquences bien différentes :

La concertation

La concertation définit les échanges ministère/organisations syndicales qui se déroulent en instances. Certains projets de textes sont présentés pour information, d’autres pour avis … mais l’administration garde la liberté d’agir selon son bon vouloir. Aussi, selon la qualité du dialogue social instauré, on peut voir certains projets de textes évoluer pour prendre en compte l’avis des représentant·es du personnel … ou bien ne pas bouger d’une virgule.

La négociation

Modalité très récente (2019) et encore méconnue dans la fonction publique, la négociation donne une portée juridique aux accords collectifs qui contraignent l’employeur et sont opposables devant le tribunal administratif. Pour être valide, un accord doit être signé par au moins 50 % des organisations syndicales représentatives, dont l’UNSA fait partie. Un accord peut être conclu sur plusieurs périmètres (ex : Fonction publique de l’État > Ministère > Académie). Dans ce cas, toute négociation à un échelon inférieur ne peut être que plus favorable aux agent·es que l’accordcadre : c’est le principe de faveur.

Les premières négociations dans la fonction publique

La première négociation concerne le télétravail. Un accord a été signé par l’UNSA le 13 juillet 2021, qui apporte un cadre de mise en œuvre du télétravail dans les trois versants de la fonction publique. Cette négociation s’est ensuite déclinée au ministériel pour les personnels de l’EN, J&S et de l’ESR. Elle est sur le point d’aboutir. Autre négociation d’ampleur : celle sur la protection sociale complémentaire santé (« mutuelle »). L’accord-cadre, signé par l’UNSA le 26 février 2022, contraindra l’État à financer, à partir de 2025, 50 % du coût de la complémentaire santé de chaque agent·e. La négociation s’entame actuellement au niveau ministériel afin de tenter d’améliorer les dispositions de l’accord-cadre.

La négociation protection sociale complémentaire prévoyance est en cours au niveau fonction publique. L’UNSA y participe activement afin d’améliorer les couvertures statutaire et complémentaire relatives au décès, invalidité et incapacité de travail.

14 - n° 174 - Mars 2023

Nouvelles instances : le dialogue social doit se faire correctement

La nouvelle mandature issue des élections professionnelles 2022 s’ouvre avec la refonte complète des instances de dialogue social. Exit les Comités technique (CT) et les Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) qui font place à une instance unique : le Comité social d’administration (CSA) et à sa Formation spécialisée (FS).

Changement de sigles ? Pas seulement !

Contrairement au dialogue social plus stratégique et efficace dans le respect des garanties des agents publics annoncé en 2019 par l’administration, l’UNSA Éducation redoutait au co ntraire son ré trécissement.

À peine installées, ces nouvelles instances ont confirmé nos craintes. Il aura fallu l’intervention énergique de l’UNSA Éducation pour que tous·tes les représentant·es élu·es, titulaires et suppléant·es, bénéficient d’une convocation, de l’ordre du jour et d’une autorisation d’absence pour siéger en instance. N’estce pas pourtant le minimum pour leur bon fonctionnement ?

Première séance sur la carte scolaire : premier refus de vote de la part des recteur·trices et des D ASEN . Pourtant, toute décision influant sur les conditions d’exercice des personnels doit être soumise au vote. Là aussi, les représentant·es de l’UNSA Éducation ont insisté pour obtenir la possibilité de voter au niveau de chaque département et académie.

« Les fonctionnaires participent par l'intermédiaire de leurs délégués siégeant dans des organismes consultatifs à l'organisation et au fonctionnement des services publics, à l'élaboration des règles statutaires, à la définition des orientations en matière de politique de ressources humaines et à l'examen de décisions individuelles dont la liste est établie par décret en Conseil d'État. »

Les compétences des nouvelles instances :

Le CSA est consulté , entre autres, sur les projets de textes qui concernent le fonctionnement et l'organisation des services, les lignes directrices de gestion, l'égalité professionnelle, le temps de travail, le rapport social unique.

Sa FS est consultée sur tous documents en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail, contribue à la prévention des risques professionnels et suggère toute mesure de nature à améliorer la santé et la sécurité du travail.

Faire entendre la voix des collègues

L’UNSA Éducation représente chacun des métiers qui font le service public d’Éducation, colonne vertébrale de notre république sociale et laïque. Elle réaffirme sa détermination à faire entendre la parole des collègues. Pour l’UNSA Éducation , le dialogue social est une des clés nécessaires à la réussite de l’École publique comme au progrès social. Toute entrave manifeste à cette garantie légale et constitutionnelle sera dénoncée afin que les dispositions qui permettent un dialogue social de qualité soient respectées.

15 - n° 174 - Mars 2023
@v_de_aguiar Sébastien Decroix sebastien.decroix @unsa-education.org
Véronique De Aguiar veronique.deaguiar @unsa-education.org

Une revalorisation indiciaire sans contrepartie !

Il est urgent de rattraper la perte de pouvoir d’achat accumulée depuis des années.

La hausse de 3,5 % du point d'indice en 2022 n’a même pas compensé l’inflation sur une seule année.

L’écrasement des grilles est tel que le ministre Stanislas Guérini reconnaît qu’un·e agent·e de catégorie C franchit les échelons sans augmentation de sa rémunération ! Quand

M. Guérini parle de « limites du système de rémunération actuel », l’UNSA répond précarisation, et même paupérisation alors que des personnels de cat. C, AED et AESH sont sous le seuil de pauvreté.

Les « 10 % sans contrepar tie » du candidat Macron, où sontils ? Ce ne sont pas des indemnités - encore moins liées du travail supplémentaire - ni des heures supplémentaires dont les collègues ont besoin.

Quels que soient le métier et l’avancée dans la carrière, l’UNSA demande une revalorisation indiciaire ainsi qu’une réintégration dans l’indiciaire de la partie indemnitaire, sans baisse de rémunération liée au surcoût des cotisations retraites.

Alors que le ministre Guérini s’apprête à ouvrir le chantier sur les parcours et les rémunérations dans la fonction publique, l’UNSA a demandé qu’une conférence salariale soit organisée en amont.

Car voici la réalité au MENJ et au MESRI :

Les assistant·es sociaux·ales , médecins et infirmier·ères scolaires exerçant en établissement ou dans les services du MENJ et du MESR sont les seul·es exclu·es du CTI. Le « choc d’attractivité » promis aux enseignant·es risque d’être un choc de déception. Le Pacte est aussi inacceptable qu’incohérent. Des « missions prioritaires » devraient ainsi « impérativement être couvertes » via du volontariat en travaillant encore plus. Faut-il rappeler que rémunérer du travail supplémentaire n’est en aucun cas une revalorisation mais le minimum des obligations de tout employeur ?

Rien n’est annoncé pour les CPE ni pour les PsyEN. Ni pour les directeurs et directrices d’école, personnels d’inspection et chef·fes d’établissements dont les missions seront encore alourdies.

Les personnels administratifs sont moins bien rémunérés que dans les autres ministères pour une charge de travail plus lourde. Idem pour l’ensemble des personnels BIATSS. L’UNSA exige la poursuite du relevé de décisions pour la filière administrative et le renforcement de la LPR.

Les services ministériels ont suspendu, sans information préalable, le versement de l’indemnité REP aux assistant·es sociaux·ales et aux PsyEN. Par contre celle-ci n’est toujours pas versée aux AED et aux AESH qui peuvent y prétendre. Que dire des frais de déplacement ou de jury toujours pas défrayés …

Tout cela est inacceptable et montre combien le ministre méconnait l’état d’épuisement des personnels et la réalité des conditions d’exercice. Plutôt que d’accumuler réforme sur réforme, il est urgent de mesurer enfin la colère qui gronde.

16 - n° 174 - Mars 2023
@sall_hawa Véronique De Aguiar veronique.deaguiar @unsa-education.org Hawa Sall hawa.sall @unsa-education.org @v_de_aguiar

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Jeunesse et sports : l’UNSA Éducation est la première force syndicale

MERCI à tous nos électeurs et électrices : L’UNSA Éducation obtient 8 sièges sur les 15 du comité social d’administration de la jeunesse et des sports (CSAMJS).

Notre représentattivité est renforcée

Nos collègues souhaitent un syndicalisme utile, à l’écoute de leurs besoins et un syndicalisme qui propose et agit efficacement. Bousculés, parfois isolés, les personnels Jeunesse et Sports méritent de voir leurs missions mieux reconnues. L’UNSA Éducation mettra toute la force de sa représentativité au service des nombreuses actions à mener.

Le SNAPS (Syndicat national des activités physiques et sportives) représente les professeur·es de sports et a obtenu 3 sièges sur 4 à la CAP nationale des personnels techniques et pédagogiques (PTP).

A&I UNSA (Administration et intendance) a remporté plus des deux tiers des sièges des CAP académiques des personnels administratifs avec 142 sièges obtenus sur 212. Les administratifs représentent aujourd’hui plus d’un tiers des électeurs du CSAMJS.

Le SEP (Syndicat de l’éducation populaire) représente les conseiller·ères d’éducation populaire et de jeunesse) a obtenu 3 sièges sur 4 à la CAP nationale des personnels techniques et pédagogiques (PTP).

Le SEJS (Syndicat de l’encadrement de la jeunesse et des sports) représente les inspecteurs et inspectrices de la jeunesse et des sports. Il a remporté 5 sièges sur les 6 à la CAP nationale, commune aux inspecteurs et inspectrices.

L’UNSA Éducation pèse sur l’agenda social 2023

Grace à sa représentativité, l’UNSA Éducation rencontre chaque mois les cabinets ministériels, la Direction générale des ressources humaines (DGRH) et la Direction des sports (DS), afin de peser pour que les conditions d’exercice des collègues soient améliorées.

Il est prévu l’élaboration conjointe d’une note qui permette - enfin ! - aux services académiques de mieux appréhender les spécificités des missions et des personnels J&S afin que cessent les injonctions qui en divergent.

L’UNSA Éducation pèse auprès du ministère afin que soit mise à l’agenda social la revalorisation indemnitaire pour les corps spécifiques de la jeunesse et des sports. @sall_hawa

18 - n° 174 - Mars 2023
Yves Paploray yves.paploray @unsa-education.org
Hawa Sall hawa.sall @unsa-education.org @YvesPaploray

Des annonces irréalistes et inefficaces pour le Collège

Dès septembre, le ministre déclarait devant la représentation nationale et dans les médias que le collège était « l’Homme malade du système » . Pour autant, il annonçait qu’il n’y aurait pas de réforme d’ampleur à venir. Depuis, les annonces se sont multipliées.

L’UNSA Éducation vous informe de ce qui changera dès la rentrée 2023.

Lannonce la plus médiatisée est certainement la consolidation ou l’approfondissement en 6è qui concerne le français et les mathématiques.

Elle se décline ainsi :

une heure par semaine intégrée dans les 26 heures hebdomadaire ;

des groupes constitués par trimestre ; une prise en charge par des professeurs des écoles, des professeurs de collège de toutes les disciplines ; des groupes réduits pour la consolidation.

Ce n’est que l’un des points présentés dans le Bulletin officiel n°2 du 12 janvier 2023.

Ce dernier comprend d’autres mesures notables :

le déploiement des laboratoires de mathématiques (pour les professeurs) doit être poursuivi et accentué ; la création de clubs de mathématiques, sur le temps de la pause méridienne et basés sur des activités ludiques, est encouragée ;

une certification nationale de compétences en mathématiques sera mise en place au deuxième semestre 2024.

Début janvier, le ministre a fait deux nouvelles déclarations dans les médias :

le dispositif « devoirs faits » sera obligatoire pour tous les élèves de sixième et probablement généralisé aux autres niveaux dans le futur ; la technologie est supprimée en 6è . Le ministre a saisi le Conseil supérieur des programmes et envisage une modification du cycle 4 concernant cette discipline.

L’UNSA Éducation dénonce des annonces, parfois irréalistes, faites dans la presse au mépris des personnels et craint que le retour aux « fondamentaux » ne se traduise par une hiérarchisation des disciplines.

La préparation de la rentrée prochaine ne peut se faire sereinement car beaucoup de flou demeure et les textes d'application paraîtront tardivement.

De plus, réformer à moyens constants revient à déshabiller Pierre pour habiller Paul. Cela révèle le peu d’ambition de ces mesures et une gestion uniquement comptable du système éducatif.

19 - n° 174 - Mars 2023

La voie professionnelle dans les méandres de la concertation

Après deux mois d’une première concertation, les différents acteurs de la voie professionnelle sont engagés dans un nouveau trimestre de bilatérales avec le cabinet de la ministre Carole Grandjean. Pour l’instant, ce sont 200 propositions issues des quatre groupes de travail (GT) interministériels qui ont été retenues.

Plusieurs d’entre elles émanent de nos syndicats (SE, SNPDEN, SIEN, SN2D, SEA) et de notre union interprofessionnelle UNSA qui ont participé à ces échanges.

Doit-on être satisfait du premier acte de la réforme de la voie professionnelle auquel nous avons consciencieusement participé ?

Certes, les quatre GT qui se sont réunis depuis novembre dernier ont rendu une copie prolifique et nos propos ont été entendus. Reste à affiner ce volumineux pavé qui vise à organiser la nouvelle réforme promise en six grands axes articulés sur la temporalité du parcours scolaire . Et en l’état actuel des discussions, rien ne laisse présupposer ce qu’il adviendra.

Côté UNSA, nous avons produit plusieurs notes affirmant et réaffirmant l’inutilité et surtout la nocivité d’augmenter la durée de la période de formation en milieu professionnel (PFMP). Car plus de PFMP menaçait les enseignements généraux dont on connaît l’importance pour permettre une insertion réussie, quelque soit la suite du parcours, des élèves de la voie professionnelle.

Toutefois, avec le SE-UNSA , nous avons entrouvert la porte d’une 4e année optionnelle qui pourrait permettre aux élèves les plus fragiles de consolider leurs acquis et d’augmenter le temps de stage en entreprise avec l’objectif de réduire le décrochage dont on sait qu’il se produit surtout lors des transitions, entre le lycée et l’entreprise (l’entrée dans la vie active) ou la première année du supérieur (la poursuite d’études).

En outre, nous avons émis la nécessité d’accorder à l’orientation toute la place qu’elle mérite en proposant un temps d’enseignement dédié à cette question afin de promouvoir une véritable « éducation à l’orientation » qui permettrait aux jeunes de gagner en autonomie. Celle-ci devrait selon nous être complétée par un accompagnement individualisé sous la forme d’un tutorat-mentorat afin d’éviter le décrochage de celles et ceux pour qui la construction du sens de leur avenir est plus problématique, quelle qu’en soit la cause.

Au collège, je m’oriente vers la voie professionnelle.

Je vis ma scolarité au lycée professionnel.

Je suis en situation de décrochage.

Je découvre le monde professionnel.

Je prépare la poursuite de mes études.

Je prépare mon insertion dans la vie active.

Bien d’autres points seront abordés pendant ces bilatérales et l’UNSA Éducation continuera de défendre l’intérêt des jeunes en veillant à une réforme équilibrée qui tient compte de l’égalité des chances dans la diversité des profils et des situations individuelles et territoriales, comme du maintien de la qualité d’une formation tant initiale académique que professionnelle donnant à toutes et tous les élèves la possibilité d’une insertion réussie.

20 - n° 174 - Mars 2023
Les 6 temps clés qui composent l’armature de la prochaine réforme
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Enseignement agricole : la preuve par l’exemple

Alors que le lycée professionnel fait l’objet de nombreux griefs quant à son organisation pédagogique « cloisonnante » et peu en prise avec les réalités du terrain, l’enseignement agricole a développé depuis plusieurs années des enseignements coopératifs, ouverts et transversaux qui sont souvent montrés comme un exemple à suivre pour la réforme de la voie professionnelle.

l’heure où les acteurs de la voie professionnelle rebattent leurs cartes pour tenter d’améliorer ou d’optimiser l’existant, aux dires d’un certain nombre d’entre eux, l’enseignement agricole (EA) serait paré de toutes les vertus d’un modèle à suivre.

Il est un fait que l’EA est un terreau de l’innovation pédagogique et que celle-ci a permis de déployer dans les territoires des actions qui semblent de beaux fruits appétissants.

Ainsi, l’interdisciplinarité, appelée pluridisciplinarité dans le champ de l’EA, n’est pas qu’un principe mais une réalité pédagogique à raison de 2 heures hebdomadaires pour les élèves, associant les enseignant·es de deux, voire trois disciplines différentes.

Autre exemple : les espaces à l’initiative de l’établissement (EIE) sont des temps d’enseignement non affectés accordés aux équipes pédagogiques, qui en disposent librement, pour mener à bien des actions de méthodologie, d’orientation ou d’insertion professionnelle des élèves. Ces EIE représentent 2 heures hebdomadaires en 1re et Terminale, et jusqu’à 4 heures/semaine en classe de 2nde.

C’est dans le cadre de ces temps d’enseignement non disciplinaires qu’interviennent très souvent les enseignant·es de l’éducation socio-culturelle, une autre spécificité de l’EA créée dans les années 60 pour affermir chez les élèves la pratique culturelle et l’ouverture à la citoyenneté par le biais d’une pédagogie de projet.

Quant aux disciplines académiques proprement dites, elles sont enseignées par le prisme d’une approche transversale tendant à développer chez les élèves des « capacités générales » à construire une réflexion, à participer à un débat, à agir collectivement et en société etc.

Pour autant, l’herbe n’est pas toujours plus verte dans l’EA.

Le décrochage est un phénomène statistique qui pose toujours autant question dans certaines filières : il concerne 25 % des effectifs en CAP agricole entre la 1re et la 2e année contre 9 % en bac professionnel. « Il vaudrait mieux parler de déperdition », nuance Jean-Jacques Henry, enseignant en lycée agricole et animateur du pôle pédagogie au SEAUNSA. « Le transfert vers l'apprentissage n'explique pas tout et cette déperdition n'est pas nouvelle. Le ministère ne sait pas où passent ces élèves. »

Le modèle agricole est donc à suivre, sous réserve que son cadre et son mode de fonctionnement soient préservés et améliorés, alors qu’il commence à être attaqué par petites touches, comme les effectifs de classe dont les seuils ont été augmentés de 24 à 27 élèves, seuils devenus désormais indicatifs, donc dépassables.

L’UNSA Éducation revendique donc une inspiration vers le haut et nons vers le bas, appelant à ce que l’EA serve de référence à la voie professionnelle et non l’inverse, qu i menacerait alors gravement l’EA de perdre ses spécificités.

21 - n° 174 - Mars 2023
À

Service National Universel : NON à la généralisation

L’objectif du SNU était de renforcer la citoyenneté et la culture de l’engagement des jeunes en favorisant la mixité. L’UNSA Éducation ne s’y opposait pas à certaines conditions : l’engagement des jeunes doit rester volontaire, le dispositif doit s’ancrer dans une démarche éducative, et des moyens en personnels adaptés.

Si le SNU s’inscrit dans un parcours d’éducation à la citoyenneté, l’UNSA Éducation milite avec d’autres organisations pour qu'il ne soit proposé que sur la base du volontariat et l'accord des familles. L'investissement des jeunes dans le SNU devra également pouvoir ê tre reconnu.

Elle revendique que ce dispositif s'inscrive dans le cadre du respect du principe de Laïcité et que ses objectifs demeurent éducatifs et non pas militaires. Ainsi, les personnel·les encadrants, quel que soit leur rôle, devront être formé·es et accompagné·es particulièrement à la gestion de groupes, aux valeurs de la République, aux enjeux de mixité sociale et de genre et d'inclusion.

Jusqu’à présent, le SNU n’a rien eu d’universel. Il n’a jamais atteint les objectifs en nombre de jeunes volontaires, et encore moins en origines sociales diversifiées. Les jeunes issus de classes favorisées ont investi ces séjours de cohésion, y voyant un élément valorisant à placer dans leur stratégie d’orientation pour la poursuite d’études supérieures. L’objectif de mixité sociale qui lui est fixé est manqué. Par ailleurs, cet objectif doit se réaliser d’abord lors du temps de scolarité obligatoire, et pour cela il faut en donner les moyens au système éducatif.

L’idée de sa généralisation est vraiment une mauvaise idée que nous combattons. Comment mobiliser toute une génération de jeunes de 16 ans sans empiéter sur le temps scolaire ? Les EPLE ont déjà fort à faire pour déployer toutes les injonctions qui leur sont faites. Comment assurer toute la logistique nécessaire à l’accueil de plus de 80 0 000 jeunes par an ? La France manque de structures adaptées pour les faire manger, dormir, bouger, … ainsi bien sûr, que des adultes indispensables pour les encadrer, penser les contenus éducatifs et pour organiser matériellement les séjours.

Tirer des leçons de la mise en œuvre expérimentale est la priorité pour améliorer à la fois l’accueil des jeunes volontaires et les conditions de travail de celles et ceux qui sont chargé·es de son organisation.

22 - n° 174 - Mars 2023

L’UNSA, déjà 30 ans !

À quoi sert l’Histoire ? Pour beaucoup, cela est avant tout synonyme d’heures passionnantes ou ennuyeuses passées sur les bancs de l’école. Pourtant, dans les séries et le cinéma, sur les nombreuses chaînes YouTube, dans la littérature contemporaine en passant par son omniprésence dans les débats politiques, l’Histoire semble partout. Sert-elle pour autant dans l’action syndicale ? Oui, elle aide à comprendre le présent et à envisager l’avenir. L’Histoire n’oblige pas à un perpétuel recommencement, elle ne dispense pas non plus d’une inventivité dans le répertoire d’actions collectives. Mais elle permet de garder la mémoire des combats passés et de se projeter vers l’horizon des possibles. Alors de la journée du 8 mars, à la naissance de l’UNSA, en passant par l’histoire sociale autour du Maitron et de la presse ancienne, voici un passage en revue de quelques exemples des usages de l’Histoire.

Il y a 30 ans naissait l’UNSA

C’est le 12 février 1993 qu’est née officiellement l’Union Nationale des Syndicats Autonomes.

Issue de la volonté de rassemblement de 5 organisations syndicales, cette nouvelle union interprofessionnelle apparaît dans un paysage syndical déjà complexe. Grâce à l’impulsion de la Fédération de l’Éducation Nationale (FEN), les syndicats FGAF (Fédération générale autonome des fonctionnaires), FMC (Fédération de la maîtrise des Cadres de la SNCF), FAT (Fédération autonome des transports) et FGSOA (Fédération générale des syndicats de salariés des organisations professionnelles de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire) se rassemblent autour d’un projet commun : créer un syndicalisme réformiste rassemblé, tout en étant fermement attaché à la laïcité, à la République, à la justice sociale, mais aussi à l’indépendance syndicale, aux libertés et à la lutte contre toutes les discriminations. Un autre point est essentiel : le choix de l’autonomie, c’est-àdire le souci de respecter l’identité et la liberté de chaque organisation membre.

Il faut également rappeler le contexte de l’époque : la chute du Mur de Berlin en 1989 a éloigné définitivement la possibilité de l’instauration du communisme, le modèle capitaliste semblant promis à une victoire par KO. Pourtant, les inégalités sociales se développent dans tous les pays, la gauche de gouvernement en France s’interroge sur ses perspectives et l’approche de l’an 2 000 engendre espoirs et inquiétudes. Il est donc logique que le monde syndical soit aussi en proie à des remises en cause : certains s’engagent dans une logique de contestation et de protestataire. D’autres veulent bâtir une organisation davantage en phase avec son époque.

Cette démarche doit beaucoup à la FEN, qui connaît depuis quelques années de forts remous qui aboutissent à une scission : d’un côté, les réformistes qui vont œuvrer pour créer l’UNSA, de l’autre, les syndicats toujours marqués par l’influence du communisme qui se regroupent dans la Fédération syndicale unitaire (FSU). Il s’agit donc pour la

FEN, en créant une nouvelle organisation interprofessionnelle forte de plus de 400 000 membres, de dépasser les anciennes querelles de tendances et lancer une nouvelle aventure syndicale. Cette union est-elle pour autant « une coquille vide » comme le dit à l’époque le quotidien Le Monde ? Il n’en est rien car l’UNSA se structure dès sa naissance, sous une forme originale : on trouve à sa tête un président (Jacques Mallet, cheminot ; le poste de président disparaît rapidement ensuite) et une secrétaire générale, Martine Le Gal, enseignante de la FEN. Cette dernière organisation est hégémonique dans la nouvelle UNSA mais d’autres forces syndicales, attirées par ce projet syndical réformiste, rallient la nouvelle union dans les années suivantes. L’ouverture vers le privé se concrétise, une structuration se met en place.

Les organisations syndicales membres changent aussi progressivement de nom : la FEN prend ainsi en 2 000 le nom d’« UNSA Éducation ». Comme a pu l’écrire Albert Camus, il y a deux types d’efficacité : d’un côté, l’efficacité du typhon, qui détruit tout sur son passage avant de laisser place à une éventuelle reconstruction. De l’autre, l’efficacité de la sève, qui permet de construire progressivement et durablement.

C’est cette dernière voie que l’UNSA a choisi : celle du syndicalisme réformiste rassemblé qui a aujourd’hui trente ans.

23 - n° 174 - Mars 2023

8 MARS : Journée internationale des droits des femmes

Le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes et celle-ci est célébrée depuis plusieurs dizaines d’années. Cependant, beaucoup ignorent son origine exacte et continuent, au mieux, à ne pas comprendre l’utilité d’une journée qui met à l’honneur les femmes, au pire, à leur souhaiter cyniquement « leur fête » . Un constat amer qui rejoint celui du dernier rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE fh) qui s’inquiète de l’essor du sexisme, surtout chez les plus jeunes. Pourtant, le 8 mars s’inscrit dans une histoire longue de lutte des femmes pour faire reconnaitre leurs droits et sur laquelle l’UNSA Éducation revient.

Cest en 1910 à Copenhague que naît l’idée, lors de la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes, d’une journée pour la mobilisation féminine au sein des organisations ouvrières : il s’agit de défendre le droit de vote des femmes et plus largement de manifester pour l’égalité des sexes.

Clara Zetkin, militante allemande, et Alexandra Kollontaï, militante russe, peinent à convaincre l’ensemble du mouvement international socialiste de se mobiliser pour ce type d’action. Mais à partir de 1911, à une date qui varie encore selon les années, les femmes socialistes partout dans le monde se mobilisent pour la défense de leurs droits. En 1914, pour la première fois en France, on assiste ainsi à des réunions féministes comme le relève le journal l’Humanité du 9 mars 1914. Plus tard, c’est l’URSS qui établira la journée du 8 mars comme journée des femmes en souvenir de manifestations qui eurent lieu ce jour en 1917. Celle-ci est ensuite instituée en 1977 par l’ONU et devient officielle en France en 1982 grâce à Yvette Roudy

La méconnaissance de l’origine du 8 mars est la parfaite illustration d’une histoire et d’une mémoire du féminisme encore trop absentes de notre éducation et de notre culture générale empreintes de stéréotypes genrés. Ainsi les progrès réalisés le sont trop souvent davantage dans la loi que dans les pratiques. La manifestation la plus concrète de ce décalage se retrouve dans la persistance de discriminations envers les femmes en progression chez les plus jeunes et

dont le HCEfh s’inquiète dans son dernier rapport. En effet, le sexisme, banalisé et aggravé, est à la source d’un continuum de violences qu’on retrouve dans les réseaux sociaux et la multiplication de courants de pensée masculiniste en France, mais également avec des restrictions des droits des femmes à disposer de leur corps dans différents pays du monde. Toutes ces manifestations ne sont que quelques exemples d’un « backlash » , terme que l’on peut traduire par « retour de bâton » , c’est-à-dire d’un mouvement en réaction au militantisme des femmes en faveur de l'égalité. C’est pourquoi, pour lutter contre ces phénomènes, une journée nationale de lutte contre le sexisme vient d’être instaurée le 25 janvier.

Ainsi, loin d’être anodine, la journée du 8 mars est bien le fruit d’une histoire, celle qui nous façonne et qu’on ne doit pas ignorer, d’autant plus quand elle est dans notre ADN. C’est pourquoi l’UNSA Éducation a voté l’adoption d’une charte de 9 engagements annexée à son règlement intérieur pour lutter contre toutes les formes de violences faites aux femmes. Cette charte s'inscrit dans la volonté de l'UNSA Éducation de renouveler le syndicalisme et de favoriser et promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes.

Carine Aoun-Boudot @carineaoun1

carine.aoun-boudot

@unsa-education.org

24 - n° 174 - Mars 2023
Clara Zetkin Alexandra Kollontaï Yvette Roudy
Insultes, agressions, accidents… contre les risques du métier, vous avez prévu quoi ? www.autonome-solidarite.fr www.maif.fr/offreeducation –Unicorp.fr –© PHOTO : Shutterstock –Septembre 2020–14799 MÉTIERS DE L’ÉDUCATION

Le prix Maitro n- UNSA Éducation : un moment fort pour l’histoire sociale

Le prix Maitron est décerné chaque année et couronne un mémoire de master en histoire ou sciences sociales qui prolonge l’œuvre de Jean Maitron, grand spécialiste de l’histoire sociale décédé en 1987. L’UNSA Éducation finance ce prix et participe au jury composé à parité d’universitaires et de syndicalistes. Cette année, la récompense a été remise à Etienne Hudon pour un mémoire sur l’histoire de la boulangerie durant la Commune de Paris.

Les journées Maitron se sont déroulées les 6 et 7 décembre 2022

À cette occasion, le mémoire intitulé « La Boulangerie parisienne en révolution : une microhistoire de la Commune de Paris de 1871 » d’Etienne Hudon a reçu le prix doté de 1 500 euros. L’ensemble du jury a loué la qualité de ce travail d’histoire sociale réalisé par un étudiant originaire du Québec, qui poursuit actuellement ses recherches en doctorat. Notre fédération attache beaucoup d’importance à ce prix qui existe depuis 1989.

Vous voulez poursuivre l’œuvre du Maitron ?

Le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social entame depuis peu un travail collectif sur les années 1968-1981, mais aussi au-delà jusqu’au début des années 1990.

Cette période est plus proche de nous et concerne de nombreux militantes et militants qui ont contribué à la naissance de l’UNSA, de l’UNSA Éducation et de ses syndicats. Et nous avons besoin de votre aide : vous avez des documents ou des archives sur cette période ? Vous voulez donner votre témoignage ? Vous souhaitez aider à la rédaction des notices des syndicalistes de cette période ? N’hésitez plus et contactez-nous, car votre appui et votre collaboration nous sont essentiels !

Adresse courriel de contact : benoit.kermoal@unsa-education.org

Ce prix se situe dans le sillage du dictionnaire biographique du Maitron, libre d’accès, qui permet de retrouver des milliers de notices de militantes et militants du mouvement ouvrier. Les syndicalistes de l’éducation sont très nombreux à figurer dans ce Panthéon de l’histoire sociale.

Pour accéder aux notices biographiques : https://maitron.fr/

L’histoire méconnue des syndicalistes résistants

Le Concours national de la Résistance et de la déportation a pour thème cette année « L’école et la Résistance. Des jours sombres au lendemain de la Libération »

La place des enseignantes et enseignants syndicalistes est très importante dans cette période et beaucoup risquèrent leur vie pour défendre l’idéal de liberté et participer à la Résistance. D’autres sont morts en déportation à cause de leur engagement.

C’est cette histoire que raconte la note publiée par la Fondation Jean-Jaurès « Parcours d’instituteurs syndicalistes et socialistes dans la Résistance ». De nombreuses archives retrouvées dans les locaux du SE-UNSA ont permis de rappeler cette histoire méconnue.

Pour accéder à la note : www.jean-jaures.org/publication/parcours-dinstituteurssocialistes-et-syndicalistes-dans-la-resistance/

26 - n° 174 - Mars 2023

Aller à la découverte du passé et de l’histoire avec RetroNews

Pour avoir accès au passé, la presse ancienne est un formidable outil. Le site de la BNF RetroNews permet, en complément du site Gallica, un accès à plusieurs centaines de titres. On y trouve également des ressources pédagogiques.

Julien Lucchini, chef de projet à RetroNews , a accepté de nous en parler.

Pouvez-vous tout d’abord nous présenter le site RetroNews ?

RetroNews est le site de presse de la BnF, qui a été créé en 2016 pour répondre à la fois à une problématique consistant à accélérer la numérisation des collections presse de la Bibliothèque ainsi qu'à une volonté d’éditorialiser et de diffuser ces fonds auprès du grand public. De ce fait, RetroNews a une double nature, qui fait écho à différents besoins. Il s’agit d’une part d’un site d’archives, avec à ce jour plus de 2 000 journaux publiés de 1631 à 1951 (ce qui représente la bagatelle de 19 millions de pages), pour tout type de presse (presse nationale quotidienne, presse régionale, illustrée, satirique, etc.).

Mais le site se présente également comme un site média, qui propose sous la plume d’historien·nes et de journalistes des contenus éditoriaux multimédias (articles, podcasts, vidéos).

Vous avez mis à disposition de toutes les équipes éducatives des ressources pédagogiques gratuites et en ligne. Quels sont ces contenus ?

En partenariat avec des réseaux d’enseignant·es, RetroNews édite et publie des ressources diverses à destination des enseignant·es du secondaire principalement : séquences pédagogiques « clés en main » , matériel pédagogique, entrées thématiques en fonction des programmes (de la 6e à la Terminale). Ces ressources sont accessibles gratuitement pour toute inscription au site avec un profil enseignant. Ces séquences pédagogiques sont relayées, chaque premier jeudi du mois, par une newsletter dédiée, La Lettre Éducation (inscription sur www.retronews.fr/content/ newsletter-la-lettre-education ).

Cette lettre a vocation à présenter la nouveauté mensuelle mais aussi à l’inscrire dans une perspective pédagogique : nous avons souhaité en faire un outil destiné à illustrer la manière dont les enseignants peuvent, dans la préparation de leurs cours, utiliser ces ressources presse.

Il existe également une revue papier, et donc l’ensemble des ressources du site de RetroNews. Avez-vous de nouveaux projets en cours ?

Notre activité se déploie en effet au-delà du seul site Retro News. Vous avez évoqué la revue, que nous publions chaque trimestre depuis septembre 2021. Plus récemment, nous avons également sorti, chez Flammarion, un ouvrage intitulé Chroniques ! qui invite à redécouvrir 50 chefs-d'œuvre de la littérature au prisme de leur réception par la critique. Nous poursuivons par ailleurs le travail sur notre podcast, « Séries Noires à la Une », dont la 3è saison est en cours.

www.retronews.fr

https://gallica.bnf.fr

Pour découvrir tous les contenus de RetroNews gratuitement pendant 1 mois , profitez du code suivant : www.retronews.fr/inscription/UNSA_2023

27 - n° 174 - Mars 2023

Comment construire une École émancipatrice ?

L’émancipation est « l’action de s’affranchir d’un lien, d’une entrave, d’un état de dépendance, d’une domination, d’un préjugé » selon le dictionnaire Larousse. C’est donc le moyen de devenir libre soi-même et de permettre la liberté pour toutes et tous. Le rôle de l’École est ici essentiel et la revue « Germinal » y consacre son dernier numéro. Nous avons interrogé son directeur, Nathan Cazeneuve, agrégé de philosophie et doctorant à l’EHESS, à propo s des moyens de construire « l’ É cole émancipatrice » .

Quels sont les objectifs de la revue Germinal, qui sont les auteurs et autrices des articles ?

La revue Germinal rassemble des chercheurs en sciences sociales et des acteurs publics autour d’une réflexion sur les transformations actuelles des États sociaux face aux conséquences de la mondialisation, des évolutions du travail et du défi écologique. L’ambition principale de ce collectif est de participer à l’élaboration théorique d’un socialisme écologique contemporain. Elle s’accompagne d’un autre objectif : promouvoir un dialogue renouvelé entre la recherche en sciences sociales et le monde de l’action publique alors que les liens qui les unissent se sont distendus. Ce dialogue ne peut être que fécond dans la mesure où les défis auxquels nos sociétés doivent faire face rendent nécessaire d’articuler finement les aspirations à la justice avec les évolutions sociales. C’est dans cet esprit que sont conçus les numéros. On trouvera donc par exemple, dans celui que nous avons consacré à l’École, autant des analyses historiques sur la démocratisation scolaire ou des enquêtes sociologiques sur l’enseignement professionnel que des contributions syndicales, des témoignages d’enseignants et de responsables publics tels que d’anciens recteurs, ministre ou DGESCO

Le dernier numéro porte sur l’Éducation et est intitulé « L’École émancipatrice » : mais qu’est-ce que cela signifie une école qui émancipe ? Est-ce à dire qu’il y a « une panne » de l’École sur ce point ?

L’École a connu dans la seconde moitié du XXè siècle une transformation majeure sous l’effet de la massification scolaire qui a permis une élévation sans précédent du nombre d’élèves scolarisés, de la durée de scolarisation et du niveau de qualification. Cette évolution a profondément transformé la société en produisant des effets d’émancipation : une réduction des inégalités, une laïcisation des consciences et un rapport plus réflexif au travail et à la société. Ce mouvement semble aujourd’hui entravé, notamment par le renforcement des inégalités scolaires. Selon les classements PISA, 25 % des élèves les plus défavorisés ont quatre fois plus de chances d’obtenir les plus mauvais résultats. La mixité scolaire recule, l’enseignement privé progresse et la profession enseignante connaît une nette dégradation de ses conditions d’exercice. Il nous faut donc retrouver la voie d’une École émancipatrice qui parvienne à mettre à distance les différences sociales et culturelles afin d’en limiter les déterminismes et de développer chez les élèves une réflexivité poussée sur les interdépendances sociales et écologiques qui structurent la société et forment les individus.

Plusieurs articles donnent des pistes pour une meilleure politique éducative, quelles sont-elles ?

On peut dégager du numéro trois enjeux majeurs pour une politique scolaire. Le premier est celui de l’amélioration des conditions d’exercice du métier d’enseignant. Elle implique une revalorisation salariale - le salaire d’un professeur débutant est passé de 2,2 fois le SMIC en 1980 à 1,2 en 2022 -, mais aussi une formation plus attractive

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où la pratique pédagogique arrive plus tôt que lors de l’année de stage et une réflexion sur les parcours professionnels qui pourraient être plus ouverts. Un deuxième enjeu est celui de la réduction des inégalités scolaires. Elle suppose une réflexion sur la répartition des moyens : les dépenses se concentrent le plus sur le lycée alors que les inégalités scolaires se forment en maternelle et en primaire. La mixité sociale à l’école régresse également ce qui implique de nouvelles pratiques comme les établissements multi-secteurs. Nous avons en France un nombre de jours de classe très inférieur aux autres pays de l’OCDE (144 contre 185 en moyenne), ce dont pâtissent surtout les enfants des classes populaires. Enfin, se pose la question de la démocratisation de l’organisation de la communauté éducative afin d’y associer des acteurs qui sont aujourd’hui plus nombreux et plus différenciés. Cela passe, par exemple, par une réflexion sur le rôle et l’autorité des chefs d’établissement ou sur l’association des élèves à la vie des établissements.

Pour construire une École qui émancipe, quel est le rôle selon vous des organisations syndicales ?

Plus largement de toutes les structures qui peuvent parler d’école (partis politiques, associations, intellectuel·les, etc.) ?

Au-delà de leur rôle de négociation et d’accompagnement des parcours professionnels, les syndicats sont une des seules institutions à même de nourrir un projet éducatif au plus près des pratiques scolaires et des difficultés qui s’y rencontrent. Ce travail est décisif car la question scolaire est aujourd’hui très marginale dans le débat public alors même que l’école structure nos sociétés et constitue une préoccupation croissante des familles. Il est donc urgent de remettre l’école au cœur du discours politique car ce qui se joue à travers elle est l’émancipation et la justice de la société dans son ensemble et non pas simplement des parcours individuels.

Benoit Kermoal

@enklask1

benoit.kermoal @unsa-education.org

« L’école émancipatrice »

G ERMINAL , n°5, novembre 2022. Ce numéro a été coordonné par Marion Bet et Christophe Prochasson

Il interroge des chercheur·es et intellectuels, mais aussi des responsables publics ou des organisations syndicales.

L’UNSA Éducation a été ainsi sollicitée pour y expliquer ses principales revendications. On y trouvera de nombreuses analyses éclairantes sur l’état de l’ Éducation aujourd’hui en France.

Pour s’abonner ou commander ce numéro : www.editionsbdl.com/ revue/germinal/

29 - n° 174 - Mars 2023

Féminin pluriel

De par le monde, le métier d’enseignant est largement féminin. C’est ce que mettent en évidence les dernières données de l’OCDE. Elles confirment d’ailleurs que la féminisation de l’enseignement est plus massive dans les petites classes de l’école et du collège, que pour des élèves plus âgés en lycée ou dans l’enseignement supérieur.

Un métier pour les femmes

?

Au stéréotype genré qui attribue traditionnellement aux femmes le fait de devoir s’occuper des enfants, s’en ajoutent d’autres. La bonne concordance entre les horaires de travail des enseignantes et les horaires de classe de leurs enfants renforce l'adéquation des mères également enseignantes ; s'y ajoute enfin la possibilité, facilitée, de travailler à temps partiel.

Paradoxalement, l’Éducation étant majoritairement un service public, les salaires y sont fixés statutairement et ne présentent donc pas - théoriquement - de disparités entre celui des femmes et celui des hommes. Cela conduit au fait qu’à niveau de recrutement équivalent, une enseignante est légèrement mieux payée (en moyenne 3 % de plus) qu’une autre femme dans une autre profession équivalente. Mais, en revanche, pour les hommes diplômés de l’enseignement supérieur, le phénomène inverse s’observe : un enseignant gagne en moyenne 20 % de moins que dans d’autres professions.

Un métier « féminin » ?

L’OCDE explique que « comme il est financièrement moins intéressant pour les hommes que pour les femmes de devenir enseignant, cela dissuade les hommes d’entrer dans la profession ». Une autre lecture est également possible : maintenir des salaires bas dans les métiers de l’enseignement est une manière de conserver une féminisation de la profession.

La diffusion des savoirs ne passe plus exclusivement par l’École, la culture scientifique lui fait fortement défaut, alors même que celle-ci est fortement connotée comme « masculine » . Une conception stéréotypée de l’enseignement comme métier « féminin » peut contribuer encore davantage à sa dévalorisation.

Une meilleure reconnaissance d’un métier non genré Or deux constats s’imposent. À Tout d’abord, afin de construire leur personnalité, leurs rapports aux autres, leurs places dans la société, les enfants et les jeunes ont besoin d’être « exposer à des modèles aussi bien masculins que féminins » . Cela passe par « un bon équilibre du ratio hommes-femmes dans le corps enseignant », contribuant à « la diversité de l’environnement scolaire »

Par ailleurs, le rôle de l’enseignement et plus globalement de l’Éducation est primordial dans l’évolution de nos sociétés. Il est donc indispensable de « renforcer la reconnaissance de l’enseignement dans la société » . Une rémunération plus élevée, la prise en compte des heures de travail en dehors du face-à-face pédagogique, l’amélioration des conditions d’exercice du métier…, sont des mesures qui pourraient « permettre d’attirer davantage de talents dans la profession, et ce quel que soit leur sexe »

Une profession (toujours) en souffrance ?

À défaut, perdurera « un sentiment de désillusion généralisé chez les enseignants concernant la perception de leur profession dans la société, […] sentiment [qui] contribue aux difficultés de recrutement et de maintien en poste des enseignants »

Dans l’édition 2022 du baromètre UNSA des métiers de l’Éducation, seulement 15, 5 % des enseignantes et 16, 8 % des enseignants se disent prêt·es à conseiller leur métier à un proche de leur entourage, un chiffre quasiment divisé par deux en 10 ans et comparable aux résultats des études internationales.

Qu’en est-il en 2023 ? La nouvelle édition du baromètre de l’UNSA Éducation, conduite du 5 mars au 5 avril, apportera un nouvel éclairage sur la perception des collègues quant à leur sentiment de reconnaissance de leur métier. Les résultats seront révélateurs d’une volonté gouvernemental, ou non, de construire une Ecole s’appuyant sur la professionnalité de ses personnels - femmes et hommesmieux reconnue et valorisée.

30 - n° 174 - Mars 2023

Vie étudiante : la France doit miser sur sa jeunesse

Les enjeux globaux qui font face à la France nécessitent, si nous voulons y répondre, que les Françaises et Français soient formé·es au plus haut niveau et puissent s’épanouir en exprimant leurs pleins potentiels. Répondre aux nombreux défis auxquels nos sociétés sont confrontées impose donc d’élever notre connaissance et de la transmettre au plus grand nombre. Cependant, pour que les étudiantes et étudiants réussissent dans leur formation, il faut qu’ils puissent se consacr er pleinement à leurs cursus et qu’ils disposent de conditions matérielles d’études au minimum satisfaisantes.

Pour l’UNSA Éducation, l’amélioration de la vie étudiante appelle ainsi des réponses sur l’ensemble des champs (l’inclusion, la parité, mais aussi les campus et le bâti universitaire, le logement, le transport, la restauration, l’accès aux soins, à la culture et au sport, etc.) et pas uniquement sur celui des revenus et bourses, quand bien même ce dernier demeure de première importance. Ainsi, dans un document de synthèse remis au ministère, l’UNSA Éducation propose plusieurs pistes d’amélioration pour la vie étudiante afin d’assurer une démocratisation réelle de l’Enseignement supérieur.

L’UNSA Éducation et ses syndicats défendent notamment la mise en place d’une allocation universelle d’étude comme levier fort pour permettre la réussite des étudiantes et étudiants. Les CROUS doivent également être renforcés pour assurer l’accès à une restauration collective de qualité sur tous les sites universitaires et pour financer un plan de construction de logements étudiants alors que les engagements présidentiels tardent à se concrétiser dans ce domaine.

Si pour la rentrée 2023, des mesures d'urgence sur l’aide sociale étudiante doivent être annoncées sous peu par le ministère, avec notamment une révision des barèmes et du montant des bourses, l’UNSA Éducation entend également s’impliquer dans la deuxième étape attendue de ce chantier qui doit aboutir en septembre 2024 à une réforme du système des bourses étudiantes, annoncée par le Président de la République.

31 - n° 174 - Mars 2023
Flashez ce QR Code pour accéder au document de synthèse remis au ministère par l’UNSA Éducation.

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Disponible sur Disponible sur MGEN, membre du groupe VYV, est une mutuelle régie par le Code de la mutualité et la première mutuelle en cotisations individuelles. Classement Argus de l’assurance, oct. 2022. © Photo : Frédéric Guelaf

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