Urbania #34 Parisiens

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URBANIA.CA

ÉTÉ 2012 | NUMÉR0 34 | SPÉCIAL PARISIENS | BREF, ON L’A FABRIQUÉ PUTAIN


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CHRONIQUE

DE L’INC NVÉNIENT D’ÊTRE PARISIEN Si j’étais français, français de France, je ne voudrais pas être parisien. Je me contenterais d’être lyonnais ou toulousain. De même que si j’étais américain, je ne serais pas de New York, mais de Pittsburgh ou de Baltimore. texte : aleksi k. lepage illustration : benoit tardif (bentardif.com)

I

ci même, dans ce pays qui n’en est pas un mais l’hiver, j’échangerais volontiers ma citoyenneté municipale contre celle d’un gars de St-Jérôme ou de Trois-Rivières. Être montréalais, et montréalais du Plateau par-dessus le marché, me pèse mystérieusement. C’est qu’il faut constamment veiller à briller quand on vient d’une métropole « branchée ». Oui, briller. Ou comme on dit par chez nous, faire son smatte. C’est-à-dire se tenir au courant, être constamment à l’affût des phénomènes culturels, sociaux, politiques, y poser un regard original et possiblement détraqué. Savoir ce qui est IN, prévoir ce qui sera OUT, avoir vu les films que personne n’a encore vus, les spectacles confidentiels, les vernissages, les lancements de livres, s’intéresser à « la scène alternative », avoir des idées étonnantes, dire des choses intéressantes, avoir le verbe facile et spontané. J’imagine avec compassion le calvaire d’un jeune Parisien totalement déconnecté des modes et des tendances, pépère et sans curiosité pour la nouveauté dans la Ville Lumière, ville de plaisirs où quatre habitants sur cinq meurent de chagrin (écrivait Chamfort il y a plus de deux siècles.) Évidemment, il y a les banlieues et les immigrants, il y a les petits vieux et les petites gens : Paris, c’est aussi juste une ville, avec des beaufs et du monde normal. Reste qu’on s’attend presque machinalement d’un Parisien, dès qu’il se dit Parisien, à ce qu’il soit suffisamment cultivé pour parler avec aisance de culture et de contre-culture, à ce qu’il parle fort, vite, et toujours éloquemment. Tout ce qu’on attend également d’un New-Yorkais à Knobbs Springs, Texas. Et sans doute tout ce qu’attendent les gens de La Tuque d’un Montréalais. Le jeune Parisien idéal a voyagé, il a des

amis à Londres, à Barcelone et à Berlin, métropoles dont il connaît les nightclubs vraiment cool et les endroits franchement hot. Il sait des choses que le provincial ignore. Le jeune Parisien, quand il est ailleurs qu’en sa ville, sait qu’on l’attaquera éventuellement du seul fait qu’il est parisien et que les Parisiens sont donc bien chiants. Comment ne le seraient-ils pas, en cette cité où a germé le bel esprit ? Oui, l’urbain fait toujours un peu chier, bien contre son gré, c’est pour lui presque un karma. Et il le sait, et il le redoute et s’en défend, sans quoi il ne serait pas vraiment urbain. À plus forte raison le Parisien, car on le soupçonne d’être supérieurement intelligent et, d’une manière ou d’une autre, raffiné, même dans le mauvais goût. Le Parisien doit savoir ce qui est ringard, comme le Montréalais doit savoir ce qui est quétaine. Le Parisien doit accepter, assimiler pour mieux les contourner et les détourner, tous les clichés perpétrés et répétés à son endroit. On ne dira pas, du moins chez nous, qu’un natif de Rome est « tellement romain » ou que tel Vietnamien « fait trop Saigon. » Mais il appert qu’un Parisien sera toujours un parisien, sans doute parce que Paris sera toujours Paris, et que les slogans font effet. Le Parisien « importé » sera donc un peu forcé, en son pays d’adoption, d’agir en détracteur, en anti-ambassadeur de sa ville. On lui demandera : Pourquoi es-tu parti ? Qu’as-tu fui exactement ? Que trouves-tu de mieux ici ? À quoi il devra répondre, idéalement d’un ton et d’un air vaguement honteux mais résolus : « Je suis venu ici parce que les Parisiens sont chiants. » PARIS PÂTÉ Mais il y a pire que le devoir de briller comme poids à porter, et plus lourd : le fardeau de l’Histoire, ancienne et récente. Paris est une antiquité, attire les touristes pour ses reliques, ses musées, ses cimetières où reposent Chopin, Balzac et Baudelaire. Mais aussi Sartre, Wilde, Gainsbourg. Paris attire pour ses immeubles miraculeusement préservés du Marais, pour la Seine et le Louvre, les bouquinistes, Notre-Dame, les jardins du Luxembourg, Joe Dassin et autres vestiges poussiéreux. Le touriste ordinaire québécois aime beaucoup le Paris « vieux pays », avec ses boulangeries et ses charcuteries typiques, ses cépages qu’on ne trouverait jamais à la SAQ et ses fromages qui ne trônent pas dans les étalages de Hamel ou de La Vieille Europe.


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« On s’attend presque machinalement d’un Parisien, dès qu’il se dit Parisien, à ce qu’il soit suffisamment cultivé pour parler avec aisance de culture et de contre-culture, à ce qu’il parle fort, vite, et toujours éloquemment. » Paris hédoniste, Paris « bonne bouffe », avec « ce petit vin dont vous me donnerez des nouvelles. » Ce Paris qui nous rappelle de manière presque subliminale les sangliers d’Obélix, alors qu’on sait pertinemment que les Gaulois n’aiment pas beaucoup Lutèce. Quant à l’Américain moyen, il reste accroché à l’idée parfaitement kitsch d’un Paris toc, d’un Paris laminé, ce fameux Paris « valse musette » des cartes postales qui n’a toujours existé que dans l’imaginaire collectif des États-uniens. Ce Paris Zou bisou bisou libertaire et libertin. Ce Paris Ratatouille, Paris baguette, jambon-beurre et camembert qui pue. Et ce Parisien Pepé Le Pew des cartoons de l’après-guerre, beau parleur lubrique et odorant, ou cette Parisienne à la Amélie Poulain, agace, ingénue, petite et brunette qui finit toujours par dire oui. On comprend mieux l’affluence de nouveaux arrivants français fraîchement débarqués de Paris, migrants venus au Québec, souvent à Montréal, parce qu’ils aiment notre simplicité, notre bonne humeur, ce froid qui nous rendrait si chaleureux, notre fantaisie, notre accent, nos filles avenantes, nos hommes timides qui ne jouent pas les coqs, notre sirop d’érable, nos bancs de neige, nos sapins, nos Inuits, nos Indiens, à la limite notre poutine et, sait-on jamais, nos caribous, nos feux follets, nos carcajous et la chasse-galerie. Enfin, tout ce qu’on trouve facilement au Marché Jean-Talon. Personne n’échappe aux clichés.


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CHRONIQUE

Je savais que je ne fittais pas dans cette famille. Mais je l’ai compris quand Caroline est débarquée, telle une météorite dans ma piscine hors-terre. texte : marie-noëlle clermont illustration : gabrielle titley (gabriellelaila.blogspot.ca)


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É

té 1991, j’ai 10 ans. Ma tante Caroline est venue faire un tour cet après-midi. C’est ma tante préférée. Peut-être parce qu’elle vient de Paris, qu’elle a un accent qui chante et qu’elle tient tête à mon père. C’est la seule personne que je connais qui ose faire ça. Et mon père a l’air de trouver ça drôle. Peut-être parce qu’elle a des gros seins. Je me sens bien avec elle. Peut-être parce que c’est la seule personne de ma famille qui accorde de l’importance à mon intérêt pour la musique et le dessin. Elle me dit tout le temps que je suis différente des autres membres de ma famille, comme mon oncle Vincent qui ne mange pas de légumes. Il habite chez ma grandmère, en haut de chez Caroline à Saint-Michel. Lorsqu’on a des soupers de famille, ma grand-mère lui fait toujours un plat à part, avec des patates frites et de la viande brune, avec de la sauce brune. Ma tante ne l’aime pas trop, mon oncle Vincent. Ni mon oncle Sylvain, le mari de ma tante Sylvie. Il vend des voitures. Il a une grosse moustache et il fait des jokes cochonnes. Moi non plus je ne l’aime pas. Le seul oncle que j’aime vraiment est mon oncle Gilles, le mari de ma tante Caroline. Il est professeur de morale au secondaire. J’aime ça parler avec lui et avec ma tante. C’est probablement parce qu’elle me comprend. Là-bas, à Paris, ils sont différents de nous. Ils parlent mieux, et ils sont plus à l’aise avec leur corps. J’ai toujours trouvé que Caroline ressemblait à Claudia Schiffer. Mais elle a de plus gros seins. J’aime sa façon de se maquiller comme dans les années 1960, avec ses souliers à talons compensés. Elle a toujours des talons. Il n’y en a pas au Québec, des talons compensés. En tout cas, moi, je n’en vois pas. Lorsqu’elle a emménagé avec Gilles au Québec, elle a apporté tous ses trésors de Paris, des choses qu’on n’a pas ici. En tout cas, pas dans ma famille. Plein de livres, de musique, de nappes colorées et de bibelots qui viennent de loin. Elle m’a donné une biographie de Woody Allen. Son cinéaste préféré, qu’elle dit. Elle m’a fait promettre de le lire. Et aussi, elle me fait toujours écouter du Barbara ou du Julien Clerc en me faisant des crêpes — des crêpes minces avec du vrai sirop, pas des crêpes épaisses Aunt Jemima, comme chez nous — dans son demi-sous-sol en-dessous de chez ma grand-mère. C’est mon endroit préféré, chez ma tante. C’est comme un cocon, je me sens à l’abri de tout. Peut-être parce que c’est très petit et que les plafonds sont très bas. Elle vient souvent nous visiter à Vaudreuil, comme aujourd’hui. On se baigne dans la piscine semi-hors-terre que mon père a montée.

« J’aime regarder Caroline dans son maillot noir — elle porte toujours du noir — avec ses seins plus gros que ceux de Claudia Schiffer. Je pense que les hommes aussi aiment ça la regarder. »

Un modèle spécial en forme ovale. Mon père dit que c’est très rare, cette forme-là, pour une piscine hors-terre. Il en est bien fier. J’aime regarder Caroline dans son maillot noir — elle porte toujours du noir — avec ses seins plus gros que ceux de Claudia Schiffer. Je pense que les hommes aussi aiment ça la regarder. Après la piscine, on est allées prendre une marche dans ma rue, elle et moi. Elle me dit toujours qu’elle aimerait avoir une fille comme moi. Ça m’a fait plaisir. On a parlé de tout et rien, je ne me rappelle pas trop. Mais je me rappelle bien ce qu’elle a fait. Je l’aime encore plus pour ça. Elle m’a dit : - Tu crois que j’ai des gros seins, n’est-ce pas ? J’ai bafouillé. - Eh bien, regarde ! Et elle a levé son chandail. En pleine rue. Et elle a même ajouté : - Attends, sans soutien-gorge, c’est mieux ! J’aime ma tante Caroline, parce que ça ne la dérange pas. Elle vit, je crois qu’elle est heureuse. Elle a fait mon éducation, en grande partie. Maintenant elle est retournée vivre à Paris. Mon oncle et elle se sont séparés, parce que mon oncle a trouvé une autre blonde à Montréal, dans une de ses classes. Moi, je suis allée étudier en cinéma après avoir lu la biographie de Woody Allen. Mais c’est encore ma tante préférée, et je sais maintenant qu’elle a des plus gros seins que Claudia Schiffer.


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REPORTAGE

S

OUPER

DE

ONZESSES EMMANUELLE


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Elles ont la classe de Coco Chanel, le style de Charlotte Gainsbourg et le sex-appeal d’Emmanuelle Seigner. Les Québécoises ont-elles vraiment de quoi envier les Parisiennes ? Urbania a réuni quatre nanas dans la vingtaine autour d’une poutine et de quelques bouteilles de bulles pour en avoir le cœur net. texte : catherine perreault-lessard photos : john londono (rodeoproduction.com) assistante : virginie gosselin // retouches : visual box (levisualbox.com)

C

a s’est passé dans notre petit appartement dans Châtelet, l’appartement temporaire où je logeais avec toute l’équipe d’Urbania le temps de notre séjour à Paris. Par un beau dimanche soir de printemps, j’ai convié des amies et des amies d’amies à venir souper (dîner) chez nous. Pour avoir du bon temps, mais surtout pour démystifier les clichés les plus clichés au sujet de la fameuse « Parisienne ». Celle-là même que je m’étais mise à jalouser depuis le début de mon séjour à Paris. Trop mince, trop belle, trop mode, trop distinguée, trop parfaite… trop toutte. C’est Marion qui est arrivée la première, vêtue d’un t-shirt noir, des jeans et… des baskets. Marion est mon ancienne collègue de travail. Pendant plus de deux ans, elle a été la gestionnaire de communauté du site d’Urbania. Aujourd’hui de retour dans sa ville natale, elle bosse dans une boîte de com. A suivi Emmanuelle, une jolie brunette aux yeux verts, qui a séjourné pendant sept ans en territoire québécois et qui est arrivée les bras chargés de macarons. « Je suis revenue en septembre dernier et j’ai trouvé un boulot comme chargée de projet. Je redécouvre tout le cachet parisien, je suis encore eu-pho-ri-que ! » m’a-t-elle raconté, le sourire fendu jusqu’aux oreilles, alors qu’on passait au salon. Attachée de presse pour Rolex, Julia est arrivée avec quelques minutes plus tard. Ce soir, la blonde qui travaille dans le milieu du luxe avait opté pour une chemise à carreaux et des jeans. Tout ce qu’il y a de plus relax. Cécile est finalement entrée la dernière. Journaliste dans un magazine féminin, il s’agissait de la plus jeune, mais aussi de la plus gênée du groupe. J’ai pris son trench et je l’ai placé sur un cintre dans le garde-robe. Mon quatrième en dix minutes. L’ENTRÉE Après avoir rapidement fait connaissance au salon, les filles ont pris place autour de la table. Je leur avais promis du champagne, mais faute de budget, je leur ai plutôt servi de la Blanquette de Limoux, que j’ai poppée sur fond de Django Reinhardt, musique qui créait une ambiance faussement parisienne. On était fin prêtes pour notre souper de filles.

MOI : Depuis que je suis arrivée à Paris, j’arrête pas de me dire que ça doit être difficile d’être parisienne, que vous devez avoir une pression pas possible. Ici, les femmes sont toujours parfaitement mises. Est-ce seulement une impression ou est-ce bien le cas ? CÉCILE : Quand on est parisienne, on ne se rend pas compte de ces choses-là. On en prend seulement conscience lorsqu’on nous dit : « Ah oui, toi, t’es bien parisienne ! » EMMANUELLE : Pour nous, ce sont des habitudes naturelles. Quand tu as vécu ailleurs qu’ici, tu te rends compte que le standing des gens qui sortent dehors n’est pas pareil. Tu fais vachement plus attention à Paris ! MOI : Mais à quel point les Parisiennes font-elles attention à leur apparence ? J’ai l’impression que vous passez deux heures chaque matin devant votre miroir ! Moi, j’pourrais juste pas. JULIA : C’est vrai qu’on passe beaucoup de temps le matin sur les cheveux et sur le maquillage. Sinon, on traîne toujours un plan B dans notre sac pour la soirée. MARION : Moi, la préparation ne me stresse pas, c’est autre chose. L’autre soir, j’allais dans une soirée pour un apéro avant une soirée. J’étais fière de comment j’étais habillée. Quand je suis arrivée, mon amie était habillée exactement comme moi. Et mon autre amie aussi. Y a vraiment un style Parisienne ! Le trench en fait partie… EMMANUELLE : … les bottines, le blouson de jeans, la chemise à carreaux, le perfecto, le hit bag… MOI, SÉRIEUSE : Le hit bag, c’est pour frapper sur les gens qui vous font chier, c’est ça ? Les filles éclatent de rire et m’expliquent qu’il s’agit plutôt du dernier sac à la mode. « Ta réponse est mythique », s’exclame Emmanuelle. La glace est cassée. MOI : Dites-moi, ressentez-vous une certaine pression quand vous marchez dans la rue ? Celle de vos pairs qui vous jugent sur la façon dont vous êtes vêtues, par exemple ? Un peu comme dans The Devil Wears Prada, mais de façon permanente? EMMANUELLE : C’est certain qu’il y a une pression à Paris qu’on ne sent pas à Montréal. Le dimanche, à Montréal, les filles portent


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g tour

uidé

13 h 00

avec

Charlotte Le Bon

Charlotte Le Bon est québécoise, mais depuis qu’elle a été recrutée par Canal+ en 2010, où elle a sévi comme Miss météo au Grand Journal, elle est devenue une vraie de vraie Parisienne. On a profité du fait que John Londono, notre photographe, la connaissait pour se payer un tour guidé de luxe de Paris. texte : judith lussier photos : john londono (rodeoproduction.com) assistante : virginie gosselin retouches : visual box (levisualbox.com)

John avait déjà shooté Charlotte à Paris, et avait remarqué son arrivée en Vespa. « Je trouvais ça cute qu’elle ait apprivoisé la ville de cette façon. Je lui ai donc demandé de faire un tour, pour Urbania. » Sauf que lorsque Charlotte est arrivée sur les lieux du rendezvous, John s’est presque fait chicaner par l’ex-mannequin devenue actrice : « Quoi, t’as pas de casque ? » Mais bon, comme un Parisien sur deux possède un casque de moto, ça n’a pas été trop difficile d’en trouver un à John.


REPORTAGE

Charlotte étant une artiste, elle était très soucieuse de montrer à John les lieux les plus iconiques de Paris. De La Bastille, elle a transporté notre photographe à la tour Eiffel, en passant par Notre-Dame, l’allée des bouquinistes. « On s’est promenés sur les Champs-Élysées, on a croisé l’Arc de Triomphe, puis on est arrivés à La Concorde, probablement le rond-point le plus dangereux de Paris », dit John, qui a plutôt l’habitude de conduire son scooter en ligne droite à Montréal. « Avant la balade, j'ai cru comprendre qu'une personne de votre équipe hésitait sur l'idée du scooter, craignant le fait que je sois une froussarde mémère sur mon bolide. Mon esprit de combattante a voulu prouver le contraire. Et j'ai amené John dans les lieux routiers les plus dangereux de Paris. Et aussi secrètement parce que je n’aime pas John ! » révèle pour sa part l’actrice.

13 h 20 Ce qui a été plus difficile, c’était de prendre des photos sur un deux-roues. La caméra attachée au poignet de la main gauche, John appuyait sur le déclencheur de la main droite, celle qui s’agrippait à Charlotte. « Heureusement, elle portait un casque qui révélait son visage. C’est un casque Ruby, très trendy là-bas. Sur la rue, les gens la reconnaissaient et étaient étonnés de voir cette curieuse séance photo. »

13 h 40

14 h 00 « J'ai amené John dans les lieux routiers les plus dangereux de Paris »

14 h 45 À Paris, les ronds-points sont partout, les motos se faufilent entre les voitures, et apparemment, Charlotte a vraiment adopté la conduite parisienne. « Feu rouge = Arrête-toi juste si t'en as envie. Feu jaune qui clignote = Free for all et/ou meurs si t'en as envie. Feu vert = Fonce et ne considère personne, surtout pas les piétons », résumet-elle, ajoutant que « mettre son clignotant, c’est pour les faibles. » Ce n’était pas qu’elle roule vite qui rendait John si nerveux, mais le fait qu’elle regarde plusieurs fois l’objectif, et non la route. Sacrée poseuse !

15 h 00 En bonne Parisienne, Charlotte n’est pas à l’abri de la rage au volant. Ce fuck you un peu stagé, ça illustre un peu la colère d’une petite Québécoise dans une capitale qui roule tout croche. Mais Charlotte n’en veut pas nécessairement au tout Paris. « Comme bien des Québécois qui vivent là-bas, il y a des choses qui l’agacent chez les Parisiens, explique John, mais elle a un chum parisien, elle tourne avec Gondry, elle doit tout à la culture parisienne. Ce fuck you, c’était plus comme un jeu de rôle ». Charlotte n’a pas peur du ridicule, elle peut parler avec un gros accent québécois, faire des grimaces et des blagues sur les Parisiens. « C’est une belle fille, mais elle aime jouer la tannante », dit John. Après lui avoir fait faire le tour de Paris, Charlotte a déposé John à son prochain rendezvous. « Au fond, elle a été mon taxi parisien. Le luxe, man ! »

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PORTRAIT

CŒUR DE PIRATE à l’Hôtel Amour

La première fois qu’elle débarqua à Paris, elle n’avait que 19 ans. Déboussolée dans la Ville Lumière, Cœur de Pirate a toutefois vite trouvé ses repères et, accessoirement, l’amour de sa vie. texte : catherine perreault-lessard photos : john londono (rodeoproduction.com) assistante : virginie gosselin retouches : visual box (levisualbox.com)

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REPORTAGE

DÉSOLÉ, CECI EST UN

CLUB PRIVÉ Les jeunes qui veulent sortir ont la vie dure à Paris. Les gars doivent être accompagnés de filles, les filles doivent être habillées en top modèles, et après avoir fait la queue pendant une heure, le verdict tombe : vous n’êtes pas sur la liste. La scène ne serait pas si cruelle si les suivants ne parvenaient pas à entrer, une seconde après, sans plus de formalité. Bienvenue dans l’univers de la discrimination socialement acceptée parisienne. texte : judith lussier photos : john londono (rodeoproduction.com) assistante : virginie gosselin retouches : visual box (levisualbox.com)

bak, au baron


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