WWW.URBANIA.CA HIVER 2005 | NUMÉRO 07 | STYLE | FABRIQUÉ À MONTRÉAL | 6,95 $
Avez-vous du style ?
Le style sous toutes ses coutures Dans ce numéro, on ne parlera pas de style au sens traditionnel. Ce qui est in et ce qui est out, on préfère laisser ça aux décrypteurs de tendances. À la manière de Paul Arcand, Urbania pose plutôt les « vraies » questions. Par exemple, une personne mal habillée peut-elle avoir du style ? Pourquoi payer 200 $ pour une paire de jeans ? Et surtout : qu’est-ce qu’avoir « du style » ? Au fil de nos rencontres et cogitations, une chose nous est apparue certaine : le style ne s’achète pas dans les boutiques de centres d’achat. Il se crée. Le style, c’est l’authenticité. C’est être soimême sans devenir une victime de la mode et de la tendance du moment. Regardez notre danseur en couverture. Observez la confiance qu’il dégage… malgré l’accoutrement et la pose. Il est bien dans sa peau. Selon nous, c’est ce qui s’appelle avoir du style. D’autres gens qui ont du style ? Nos collaborateurs. Chacun à sa façon contribue à créer le magazine et à offrir un contenu aussi riche et varié. D’ailleurs, vous n’êtes pas sans remarquer que le look du magazine a passablement évolué depuis un an et demi. Bien qu’il ait pris du poids et s’habille maintenant en 4 couleurs, jamais il n’a eu autant de style. Bonne lecture ! L’équipe d’Urbania en couverture Photo du danseur sportif Nicolas Perreault-Lessard par Mathieu Laverdière
Du style pour votre bibliothèque Votre collection est incomplète ? N’attendez plus pour commander les exemplaires qui vous font défaut. Commandez-les en ligne au www.urbania.ca/abonnement. À 10 $ chacun, incluant les taxes et les frais de livraison, le prix demeure tout à fait raisonnable. De plus, pour la modique somme de 25 $ par année (ou 45 $ pour deux ans) vous obtenez les quatre prochains numéros, livrés directement à votre domicile par un facteur moustachu prénommé Claude ou Francine. rédacteurs en chef et éditeurs Philippe Lamarre · Vianney Tremblay coordonnatrice Katia Reyburn design Toxa site web Franck Desvernes collaborateurs Éloi Beauchamps · Pascal Beauchesne · Nadine Bismuth · Julien Brault · Georges Chartier · Evelyne de la Chenelière · Sébastien Diaz · Émilie Dubreuil · Violaine Ducharme · Sylvain Dumais · Omeech · Dominic Goyet · Élise Gravel · Rad Hourani · Muriel Ide · Tania Jiménez · Patrick John-Lord Joseph · Maïté Larocque · Daviel Lazure-Vieira · Mathieu Laverdière · Leda & St. Jacques · Martine Letarte · Francis Léveillée · Mathieu Manikowski · André Marois · Martin Matje · Florence Meney · Noémi Mercier · Jérôme Mireault · Isabelle Picard · Gabriel Poirier-Galarneau · Steve Proulx · Vanessa Quintal · Michel Rabagliati · Michaël Reyburn · Marc Serre · David Thibodeau · Yan Turcotte · Vincent · Tomasz Walenta correctrices Nadine Bismuth · Violaine Ducharme ventes publicitaires Patrick John-Lord Joseph 514.989.4515 · pub@urbania.ca communications Muriel Ide · muriel@urbania.ca relations de presse Pascal Beauchesne · pascal@urbania.ca fontes The Imbiss Package · Fountain · www.fountain.nu · Dolly · Underware · Acropolis + Gotham · Hoefler & Frere-Jones · www.typography.com impression Litho Chic 418.842.4882 distribution lmpi abonnements 1 an (4 numéros) : 25 $ · 2 ans (8 numéros) : 45 $ · Pour vous abonner, vous n’avez qu’à vous rendre sur notre site Web : www.urbania.ca/abonnement dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, 2004 · Bibliothèque nationale du Canada, 2004 © 2004 Toxa inc. Le contenu d’Urbania ne peut être reproduit, en tout ou en partie, sans le consentement écrit de l’éditeur. Urbania est toujours intéressé par vos articles, manuscrits, photos et illustrations : redaction@urbania.ca poste-publications Inscription n° 40826097 magazine urbania 3708, boul. saint-laurent · 2e étage · montréal (québec) h2x 2v4 tél. 514.989.9500 fax 514.989.8085 · info@urbania.ca www.urbania.ca
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*Paris, collection automne-hiver 2005 ? Tokyo, nouvelles tendances ? New-York, 5th Avenue ? Milan, post-nĂŠo-rĂŠtro ? www.lacuriositeenmetpleinlavue.ca
Vous allez aimer ce que vous allez voir
PHOTO LEDA & ST.JACQUES STYLISTE RAD HOURANI MISE EN BEAUTE PACO @ GIOVANNI MANNEQUINS AMELIE, KAROLYNE ET DIA (MONTAGE), NAZOYAN ET DAN (GIOVANNI), PHILIPPE, CHARLES ET BLANDINE (FOLIO), ASSISTANTS PHOTOS GABRIEL ET MARTIN ACCESSOIRES VOYEUR (514.288.6556) PRODUITS DE BEAUTÉ BIOTHERM www.productionsleloi.com · www.radhourani.com
PHILIPPE DUBUC CHRISTIAN MISTRAL CARLITO DALCEGGIO ERIC BENSIMON AZAMIT JEAN DION ALVARO LEDA & ST. JACQUES
Qu’ils travaillent le tissu ou le corps, les mots ou les images, les huit créateurs que nous avons rencontrés définissent à leur manière le monde qui nous entoure. Du style, ils en créent.
DES GENS QUI ONT DU STYLE
PHILIPPE DUBUC
Porte-étendard du milieu de la mode d’ici, Philippe Dubuc est un créateur singulier au style urbain et moderne. D’abord reconnu pour ses collections masculines aux lignes épurées, il dessine désormais tant pour les femmes que pour les hommes. Dubuc, sa griffe éponyme, est distribuée à travers le monde aux côtés des Paul Smith et Helmut Lang. Entretien avec un homme pour qui l’esthétique n’a rien de superficiel.
disparaisse du jour au lendemain. Quel vêtement trouves-tu le plus agréable à dessiner ? Le pantalon. C’est le vêtement qui représente le plus grand défi en terme de souplesse, de confort et d’ergonomie. C’est d’ailleurs ce que j’enfile en premier le matin et ça influence tout ce que je mets ensuite. Trouves-tu parfois lourd d’avoir à porter le poids d’une griffe de vêtements qui porte ton nom ? Il doit t’arriver d’avoir envie d’aller au dépanneur habillé comme la chienne à Jacques… Pour moi, me vêtir est une manière de m’exprimer. Pour beaucoup de gens, c’est un geste inconscient, mais on s’habille toujours en fonction de ce qu’on veut communiquer au monde extérieur. La plupart du temps, je m’habille selon mon humeur du matin… ou selon ce que j’ai de propre ! Quel aspect de la mode t’irrite ? La jalousie des gens du milieu de la mode québécois. Beaucoup de personnes attendent juste que je me plante. Trouves-tu que les gens au Québec ont du style ? Par rapport au reste du Canada, oui, mais si on se compare à l’Italie ou à l’Angleterre, non. Les gens d’ici manquent souvent d’exubérance et n’osent pas s’habiller pour faire tourner les têtes. La question piège : le sens du style est-il inné chez les gais ? Je suis assez mitigé à ce sujet. La grande majorité de ma clientèle est hétéro et a généralement beaucoup de goût, tandis que plusieurs gais que je connais sont tellement occupés à être gais, presque comme si c’était une profession. Parce qu’ils sont gais, ils pensent détenir la science infuse en matière de style. Ça, ça m’énerve. Cela dit, les gais ont contribué à rendre l’homme plus coquet et c’est généralement pour le mieux. Tes collections sont assez monochromes, dans des teintes de gris et de noirs. Arrive-t-il à Philippe Dubuc de porter un t-shirt rose ? Jamais ! J’aurais trop peur d’avoir l’air fif ! [rires] J’aime beaucoup jouer avec les subtilités de couleurs. Il existe des noirs plus chauds, d’autres plus bleutés, etc. Mon style est très précis et j’aime travailler avec une palette réduite, ça me force à me concentrer sur les matières et la perfection des détails. Y a-t-il des gens qui copient tes vêtements et qui les revendent moins chers ? Simons est un de mes meilleurs clients et me copie fréquemment. Je n’ai rien contre ; c’est même flatteur car les plus grands designers se font plagier. En autant qu’ils le font avec une saison de retard ! N www.dubucstyle.com
URBANIA 07 | STYLE | 11/12/13
Quelle est ta définition du style ? Avoir du style, c’est refuser de succomber aux modes et demeurer cohérent avec soi-même au fil du temps. Quel est le premier vêtement que tu aies créé ? C’était pour une figurine GI Joe ! C’est ma marraine qui m’en offrait, mais comme je préférais jouer aux Big Jim (qui étaient un peu plus trapus), je devais modifier leurs vêtements pour qu’ils fassent à mes Big Jim. On peut donc dire que j’ai commencé ma carrière de designer en faisant des altérations ! Adolescent, étais-tu déjà une carte de mode ? Je ne connaissais pas grand-chose aux créateurs de mode à cet âgelà. J’étais plutôt influencé par la musique, surtout par les mouvements alternatifs et new wave. J’en avais contre le mainstream et ça se voyait dans ma manière de me vêtir. Je ne portais jamais d’espadrilles et je magasinais dans les friperies. Qu’est-ce qui t’inspire à l’extérieur du monde de la mode ? L’architecture. Je suis quelqu’un de foncièrement urbain, et en ville les immeubles sont comme des personnages. La texture des matériaux, la manière dont ils réfléchissent la lumière, tout ça contribue à donner la personnalité à un quartier, à une ville. Qui décide des grandes tendances ? Par exemple, qui a décidé que les ponchos revenaient à la mode cette année ? Ce sont véritablement les stylistes qui choisissent ce qu’ils veulent mettre de l’avant dans les magazines et les publicités. Les créateurs ne font que leur fournir la matière brut et eux pigent à droite et à gauche certains morceaux qu’ils jugent être dans l’air du temps. As-tu peur de devenir un jour prisonnier de ton style ? Non, mais j’ai peur de mal vieillir, de ne plus sentir le pouls de la jeunesse. Montréal est une ville très confortable où il est facile de s’engourdir. Si on veut constamment évoluer, il faut être toujours on the edge. Il ne faut jamais cesser de prendre des risques, tant financiers qu’artistiques. J’aurais pu me contenter de la reconnaissance que j’ai obtenue localement, mais je ne me suis pas assis sur mes lauriers et j’ai décidé de me mesurer à l’international. Ça fait maintenant quatre ans que je vais à Paris présenter mes collections alors que j’aurais très bien pu investir l’argent pour m’acheter une maison de campagne. Si un jour une compagnie comme Gucci t’appellait et te proposait un poste comme celui que Tom Ford occupait, soit celui de directeur de création de la marque, y penserais-tu ? Certainement. Mais il faudrait que je puisse uniquement me concentrer sur la création. Serais-tu alors prêt à abandonner la marque Dubuc? Jamais. Ça fait dix ans que je travaille d’arrache-pied à développer le style Dubuc, à le peaufiner et je ne pourrais pas accepter que ça
Si vous habitez le Mile-End ou le Plateau, vous avez certainement aperçu ces graffitis rigolos, appliqués à pratiquement tous les coins des rue. Urbania a déniché pour vous l’auteur de ces bijoux d’art urbain.
Grosse année pour l’artiste au style interventionniste. Deux arrestations et une vingtaine de styles différents de graffitis effectués en pleine nuit pour surprendre les passants blasés et matinaux, mais, surtout pour ne pas se faire prendre par la policia, la « pôlisse » comme le dit si bien Monsieur G. avec son accent torontois délicat. Délicat comme les anglophones instruits à « MacGill » et qui ont décidé de s’installer dans la métropole, loin de la pollution ou de la droite politique, loin du quartier des affaires de la Ville-Reine. Ces anglos, un peu grunge, installés de préférence dans le Mile-End, quartier qui convient parfaitement à leur style : un quartier qui fait corps avec le chandail de laine troué, les sandales Teva et le multiculturalisme, entendre cohabitation des vieilles ethnies : Juifs orthodoxes, Italiens, Grecs et Portugais et anglo-canadiens en exil. Notre artiste à la pensée écologique est un peu peintre, un peu musicien, très cycliste (même en hiver), probablement végétarien. Il déteste les angles droits, les balises et autres règles qui laissent la pauvre populace demeurant à l’extérieur du Mile-End indifférente. En transformant les lignes de la rue indiquant les passages piétons en guirlandes de laurier, en trace de pied ou en balles de fusil, les angles droits qui déterminent la place que doit prendre une voiture sur le bord des trottoirs en « plogue » électrique, il espère, comme tant d’artistes, éveiller les consciences, remettre en question les règles sociales établies et, peut-être, changer les mentalités. Il a le style de ceux qui pensent avant d’agir, qui ont une conscience sociale et boivent du café équitable, le style de ceux qui ont des lettres, le style du jeune homme qui n’hésite pas à comparer ses graffitis à l’œuvre de Marcel Duchamp. Vous ne connaissez pas l’artiste parisien qui présenta un urinoir baptisé Fontaine comme une œuvre d’art ? Duchamp s’était aussi amusé à dessiner une moustache sur une carte postale de la Mona Lisa de Léonard de Vinci. En 1919, l’œuvre avait fait mouche. Surtout que l’artiste avait rajouté au bas du tableau une légende : l.h.o.o.q. (elle a chaud au cul). Marcel Duchamp est considéré à ce jour comme le créateur de l’irrévérence et de l’irrévérencieux. Monsieur G., qui désire demeurer dans l’anonymat — c’est son droit le plus légitime — rêve d’accomplir les mêmes idioties géniales : « Nous avons trop de révérence, de respect visà-vis de la rue. Il faut jouer avec les règles, les icônes, avec la sacro-sainte religion de l’automobile, réinjecter de l’humanité dans les symboles de l’efficacité urbaine. » Dans le style révolté ludique, on ne fait pas mieux. Son chandail de laine un peu troué, l’artiste cite aussi Milan Kundera : « Le livre du rire et de l’oubli », acheté probablement dans une librairie de livres usagés, elle-même porteuse d’un style, le style intellectuel, désargenté. « Les choses privées de leur sens supposé, de la place qui leur est assignée dans l’ordre prétendu des choses, provoquent chez nous le rire. À l’origine, le rire est du domaine du diable… il a quelque chose de méchant. » (Milan Kundera, 1978) La guirlande de Laurier dessinée sur le passage piétonnier : le rire méchant (et sympathique) du cycliste qui s’attaque aux symboles routiers respectés par le s.u.v. détesté par l’artiste du Mile-End. Un rire stylisé, délicieusement anglo-granola. N
MONSIEUR G. : STYLISTE ENGAGÉ
Un portrait d’Émilie Dubreuil
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ILS DONNENT DU STYLE À LA VILLE
LA MORT DE
PIERRE LAPOINTE Une discussion où il est question de télévision, de mode et de Nana Mouskouri
Photo : Sylvain Dumais (sylvaindumais.com) | Un gros merci à Rembourrage Opéra pour les gâteaux et le café !
Par Sébastien Diaz
« Je suis incapable de terminer un livre. Ça m’emmerde au plus haut point. Les gens qui écoutent mon disque croient toujours que j’ai étudié en lettres et que j’ai une culture phénoménale, mais je ne suis pas comme ça ! » Entre deux bouchées de biscuit, attablé au Café Esperanza de la rue Saint-Viateur, en plein cœur du Mile-End, Pierre divague, soudainement inspiré par le décor. « Tu vois cette vieille peinture défraîchie avec une petite ballerine derrière le comptoir ? Quand je travaillais dans un salon pour personnes âgées, une vieille dame en avait une pareille ! En fait, je crois que c’est la même ! », me chuchote l’artiste avant que je n’’évoque les critiques qui l’ont désigné comme le prochain Jean Leloup et le successeur de Desjardins. Pouffant de rire et se penchant au-dessus de la table comme pour me confier un secret gênant, il revient doucement à lui. « Je dois avouer quelque chose : je ne suis pas capable de terminer un livre ! Ça m’emmerde au plus haut point ! Les gens qui écoutent mon disque croient toujours que j’ai étudié en lettres et que j’ai une culture phénoménale, mais je ne suis pas comme ça ! » Un mirage, une illusion… Le grand Pierre
ne serait donc pas ce qu’il prétend être. « Souvent, je m’assois pour composer une chanson sans savoir où ça va se terminer. Ce qui m’intéresse, c’est le rythme des mots et leur façon d’évoquer des émotions lorsqu’on les prononce. » Au fond de moi-même, je me dis qu’il en a bien le droit, et je pense à David Bowie, qui compose encore ses tubes en pigeant des mots dans un chapeau pour en faire des phrases qui ont du sens. Les dadaïstes sont toujours parmi nous. En personne, Lapointe fait bien ses 23 jeunes années derrière son visage long et expressif et sa carrure de grand mince à peine sortie de l’adolescence. « Les critiques ont dit que mon disque était vraiment mature pour quelqu’un de mon âge, mais la plupart des chansons qui sont là-dessus sont composées depuis longtemps. Dans mon show, je joue une pièce que j’ai composée au début de mon secondaire ! Ça fait longtemps que je digère tout ça, et voilà pourquoi ça
« Je ne suis pas en manque de visibilité au point de participer à des émissions de télévision ou des projets qui ne m’intéressent pas. Mon but n’est pas l’argent et la gloire. » paraît si mature. » Si Pierre rigole lorsqu’on le prend encore pour le cousin d’Éric Lapointe, il devient plus posé lorsque j’évoque le fait que malgré qu’il se soit maintenu dans le top 10 des ventes québécoises depuis la sortie de son album, il demeure inconnu par la majorité du public. « Vois-tu, je ne suis pas en manque de visibilité au point de participer à des émissions de télévision ou des projets qui ne m’intéressent pas. Mon but n’est pas l’argent et la gloire. Je vise autre chose. » Cet « autre chose », c’est une liberté créatrice totale, qu’il a obtenue de sa maison de disques dès le tout début. Terminant son casse-croûte, Pierre rappelle sa participation au concept de la pochette de l’album (« je voulais une pochette anti-commerciale, sans mon nom sur la photo, mais on ne peut pas tout avoir »), son implication dans la scénographie de son dernier spectacle se déroulant dans une forêt peuplée d’arbres tous blancs et l’élaboration de son prochain clip pour la chanson Tel un seul homme qu’il devrait tourner cet hiver. « Je voulais attirer les gens par un style musical assez accessible. Maintenant, je veux les amener ailleurs complètement, vers quelque chose de plus expérimental. J’ai passé ma jeunesse dans les musées, où les gens ne vont pas assez. J’aimerais amener mon public au même degré de conscience atteint devant une œuvre d’art, mais par des moyens plus traditionnels. D’ici quelques années, je rêve de monter moi-même une exposition. Peut-être quelque chose sur la chanson et sur la perception qu’on a de l’espace lorsqu’on se retrouve dans une galerie. Je viens des arts plastiques, et le fait que j’aie atterri en musique est peut-être accidentel. Je veux m’exprimer, et ç’aurait pu débuter autrement, par les arts visuels par exemple. » Mais pour le moment, nous connaissons Pierre Lapointe pour sa musique unique, de celles qui traversent les âges tant elles sont intemporelles, jamais désuètes. « Un peu comme du Nana Mouskouri ! », de blaguer l’artiste. Assistant aux allées et venues des clients du Café Esperanza durant deux bonnes heures, nous divaguons sur tout et sur rien, sur la révélation qu’a été pour lui la première écoute de L’Heptade d’Harmonium et le disque de Charlebois en duo avec Louise Forestier, le côté éphémère de la vague rétro des Strokes et des White Stripes, les films de Lars Von Trier, les vieux monologues d’Yvon Deschamps et la ressemblance du monologuiste avec l’ancien alter ego scénique de Pierre Lapointe. Me suggérant de courir voir Dumas et les Breastfeeders en spectacle, Pierre a tout à coup l’air loin de la scène et de son orchestre, loin de ce qu’il représente et ce qu’il dégage. Hors de son habit et à des kilomètres du chic dandy trop suffisant qu’il laissait autrefois chanter ses mots, le jeune homme gigote sur sa chaise et discute dans un français tout ce qu’il y a de plus québécois. Lapointe est bel et bien mort. Voici Pierre. N
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ierre Lapointe est mort. N’avez-vous pas lu les journaux ? Dans son dernier spectacle, Pierre Lapointe dans la forêt des mal-aimés, plus de personnage, plus de subterfuge. Rien que Pierre. « Je me souviens de la première fois où je suis monté sur scène. J’étais en costard et j’ai joué au dandy par déformation scénique, mais aussi pour faire référence à la chanson française du début du siècle et au style des chanteurs de cette époque. J’ai étudié durant deux sessions en théâtre à Saint-Hyacinthe, et je crois que c’est venu de là, cette façon de poser sans cesse et d’avoir les pieds nus pour monter sur les planches. Ensuite, c’est resté, comme une façon de vaincre ma gêne de me présenter devant les gens. Ça m’a fait connaître, mais ça m’a joué des tours, dans le sens où les gens en sont venus à me connaître pour ça, pour cette image du gars habillé en Dubuc qui parle à la française… » Finie, donc, l’époque où Pierre Lapointe jouait une version moderne de Boris Vian, insultant son public et ses musiciens entre chaque chanson en se répétant à quel point il est beau et bon. Actualisant ses chansons et se présentant sur scène avec davantage de sobriété, le chanteur à l’image unique passe à une autre étape de son plan de carrière, car il en a un. On a déjà dit de Pierre Lapointe qu’il ne sera jamais à la mode sans toutefois être démodé. À l’heure où les succès radio à numéro sonnent tous comme le buzz d’un réfrigérateur (pour emprunter l’image de Radiohead) et où la jeunesse épuise les piles de son iPod en écoutant les groupes rebelles créés par des multinationales américaines, cette image trouve tout son sens. Dans son genre bien à lui, Pierre Lapointe ne fait pas dans le hip-hop ou le rock garage, mais dans la chansonnette française, citant comme une de ses premières influences la Française Barbara, celle qu’il écoutait jadis à répétition, passant des heures à faire jouer et rejouer les mêmes chansons sans s’en lasser. « Je veux toucher les gens en les déstabilisant. Sur mon album, beaucoup de chansons ont des textes grossiers et évoquent des images plutôt désagréables, mais j’ai tenu à les coller à des mélodies grandioses et à des arrangements super léchés, comme des valses et des tangos. Ça ne va pas ensemble, et c’est ce qui dérange. Dans mon dernier spectacle, il y a un passage musical très romantique au piano, avec une mélodie très riche. On a fait exprès pour la mener jusqu’à la limite entre le beau et le cul-cul, et en plein milieu, un de mes musiciens incorpore des bruits électroniques et des sons de grues et de vie urbaine. Pourtant, je suis persuadé que ça touche les gens et que le message passe ! »
Ou l’histoire d’un dessous qui voulait être dessus Par Steve Proulx
L
a combinaison de coton ou de laine, boutonnée jusqu’au cou, descendant jusqu’aux genoux, dotée d’une porte arrière pour la livraison de numéros deux. Tel était le sousvêtement du mâle américain au début du siècle dernier. Rappelons-nous, c’était avant l’entrée officielle du mot « sexy » dans le dictionnaire (1925). Une légende raconte que lors de la Première Guerre mondiale, des soldats étatsuniens expédiés dans les vieux pays auraient été séduits par leurs homologues français, ou plutôt par leur interprétation du sous-vêtement masculin, composé d’un gilet de corps (de type camisole). La légende n’abonde cependant pas de détails sur le comment ce sous-vêtement français a pu aboutir dans le fourniment des soldats américains, à leur retour chez eux. Quoi qu’il en soit, la découverte de ce dessous ô combien confortable est une révélation au sein de l’armée américaine. Et comme toute révélation n’est pas bonne à voir, la Marine donne des manches courtes à la camisole française. Avec sa forme en « T », on le baptise « t-shirt ». En 1920, le mot fait son entrée dans le dictionnaire Merriam-Webster. Comme la sueur dans le dos d’un gros type, le t-shirt se répand rapidement. Il est d’abord populaire auprès des jeunes hommes en rut, qui le préfèrent à l’antique combine du père Gédéon. Sur les campus, le t-shirt commence même à être porté seul, surtout comme vêtement de sport. Cependant, le temps n’est pas encore venu pour le t-shirt de sortir officiellement du placard. Mais petit à petit, l’oiseau fait son nid.
HISTOIRE D
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, 12 millions de soldats suent dans le sous-vêtement. Et comme les nouvelles des tranchées sont présentées au public américain par le biais des films d’actualités (newsreels) au cinéma, la populace s’habitue tranquillement à la présence du t-shirt, porté sur le torse musclé des « boys » partis mâter du Teuton. Pour les jeunes filles d’âge pubère, cela s’avérait une représentation fort érotique du héros mâle.
La guerre terminée, les hommes rentrés au pays n’abandonnent pas leur t-shirt, qui reprend toutefois son rôle de sous-vêtement. C’est davantage du côté des enfants qu’il gagne en popularité dans la dernière moitié des années 50. On commence d’ailleurs à imprimer des t-shirts aux couleurs des héros de l’époque que son Roy Rogers et Davy Crockett. Preuve que le t-shirt, en tant que vêtement à part entière, est d’abord l’apanage des enfants, le chroniqueur du Monde, Jacques Cellard, propose (en 1974) le mot « gaminet » comme terme pour éviter l’anglicisme « t-shirt ». Un jeu de mots censé désigner les t-shirts des gamins. Holà à ceux qui voudraient ploguer le terme dans une conversation afin de paraître cultivés, l’Office québécois de la langue française considère aujourd’hui « gaminet » comme une forme fautive pour remplacer « t-shirt ». Mais revenons à nos moutons. Si l’épidémie de t-shirts demeure circonscrite à la population infantile pendant quelques années, les choses changent en 1951. Dans le film A Streetcar Named Desire, un certain Marlon Brando déchire au grand écran son t-shirt, dévoilant ses pectoraux (alors montrables). Une brutale allégorie de la masculinité. Dans cette scène classique, le t-shirt joue son plus grand rôle de décomposition et subjugue l’Amérique adolescente, qui se l’arrache. Cette année-là, 180 millions de t-shirts sont vendus aux États-Unis. Quatre ans plus tard, une autre star d’Hollywood, James Dean, donne au t-shirt son petit air rebelle dans le film Rebel Without a Cause. Le blouson, le blue-jean, le t-shirt immaculé, voilà désormais l’uniforme officiel de l’adolescent frondeur et ténébreux, prêt à dévergonder les filles de bonnes familles. Mais si le port du t-shirt seul devient socialement accepté, il demeure un vêtement strictement masculin.
les ventes de cochonneries. Aujourd’hui, des millions de gens se transforment chaque jour en hommes-sandwichs, au grand plaisir des pubistes.
Fin des années 70, le t-shirt dans toute sa diversité est porté par les enfants, les hommes et les femmes. Finalement, le dessous est devenu dessus. Quelles péripéties pourraient encore connaître le célèbre vêtement ? En 1977, l’actrice Jacqueline Bisset, dans le film The Deep, émerge de l’eau en portant un t-shirt trempé, ce qui laisse évidemment transparaître le relief sensuel de ses mamelons en érection. Et un autre tabou était tombé. Les historiens des choses humides lient souvent cette scène du film The Deep à la naissance des concours de wet t-shirts. Ces compétitions amicales mettent en scène un panel de naïades vêtues d’un tshirt. Celles-ci se faisant asperger d’eau, la réaction chimique entre le liquide et le textile crée une semi-transparence qui dévoile, sans dénuder, les attributs mammaires des concurrentes. Dans une ambiance bon enfant, un regroupement de jeunes hommes est ensuite invité à apprécier le volume, la tenue et l’aspect général des poitrines qui leur sont ainsi présentées.
DU T-SHIRT
Et aujourd’hui ? On peut facilement déduire qu’un jeune qui porte un t-shirt arborant le visage du « Che » n’a pas voté pour Jean Charest. Que celui qui porte un t-shirt « Jesus is my homeboy » est probablement athée, tout comme n’a jamais lu No Logo de Naomi Klein celui qui revêt un t-shirt signé Nike. En outre, celui qui porte un t-shirt de Harvard n’a probablement jamais étudié à Harvard (au contraire de celui qui porte un t-shirt de l’uqam). Certes, le t-shirt est désormais un vêtement dont le port est généralisé. Mais il est surtout, et plus que jamais, une extension de la personnalité de celui qui le porte. N
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Avec la révolution culturelle des années 60 et 70, le t-shirt se dote de nouvelles couleurs. La sous-culture hippie popularise la technique de la teinture au noeud (tie-dyeing) qui consiste à créer des formes circulaires psychédéliques en teignant un t-shirt au préalable enroulé dans une corde. Autre révolution des années 60 : de nouvelles technologies d’impression sur textile rendent viable la commercialisation du t-shirt imprimé. Du coup, plutôt que de n’être qu’un symbole générique de la rébellion, le t-shirt devient un espace où le porteur peut exprimer librement ses goûts musicaux ou sa fidélité indéfectible à une marque de bière. Parce que les publicitaires ont rapidement identifié le t-shirt imprimé comme un véhicule médiatique idéal pour mousser
Après la morosité des années 80 sur le plan des idées révolutionnaires, les années 90 sont marquées par un renouveau militant. Avec la mode grunge, le t-shirt retrouve sa vocation rebelle. La grosse mode : travestir des logos de multinationales pour leur faire dire à peu près n’importe quoi. Un classique du genre demeure le « M » de McDonald’s suivi de la mention « Marijuana ».
ENQUÊTE EXCLUSIVE URBANIA
10 JOURS DANS LA PEAU D’UNE BRUNE Notre journaliste à la tignasse blonde a subi une transformation radicale de son look capillaire afin de se glisser dans la peau d’une brunette. Cette enquête des plus rigoureuses nous a fait réaliser l’anonymat dans lequel sont plongées ces femmes qui ne se font pas siffler constamment par des hommes à la recherche de blondeur affriolante.
MARTINE
LETARTE UNE FEMME BRUNE A-T-ELLE DROIT AU MÊME TRAITEMENT QU’UNE FEMME BLONDE DANS LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE ACTUELLE ? URBANIA A MENÉ POUR VOUS UNE ENQUÊTE EXCLUSIVE.
Lorsque j’ai dit à mon chum que je deviendrais brune pour voir ce que ça change dans une vie, il était découragé. « Tu ne penses quand même pas que les gars regardent tes cheveux lorsqu’ils te klaxonnent dans la rue ? » Tu risques d’être surpris mon amour. « Être blonde, c’est comme avoir un char sport rouge », m’a déjà dit un ami. J’ai toujours été blonde. Celle qui est toujours trop blonde pour être intelligente. Imaginez, j’ai les yeux bleus en plus ! Être blonde, c’est accepter de ne jamais passer inaperçue.
LA GRANDE BLONDE SUR SAINT-LAURENT
« Pauvre petite fille, ça paraît qu’elle vient de Montréal ! », me dit la brunette sur un ton moqueur. Évidemment, rien ne sert de préciser que cette petite brune a grandi dans le très rural quartier NotreDame-de-Grâce à Montréal alors que, malgré ma blondeur, j’ai passé les 17 premières années de ma vie dans la très urbaine municipalité de Boischatel en face de l’Île d’Orléans, près de Québec. Ayant toujours aimé la bouette et les bibittes, j’ai passé mon enfance à suivre mon ingénieur forestier de père lorsqu’il allait sur sa terre. Mais ça, on ne veut pas le savoir. On veut rire, car une blonde dans le bois, c’est très drôle. C’est ainsi qu’en plus de tous les autres privilèges, ma blondeur me donne l’honneur d’être prise pour une nunuche bonne seulement à boire des martinis dans des clubs branchés en parlant du nouveau look de Tinkerbell, le petit chihuahua de Paris Hilton.
Un après-midi ensoleillé d’automne, je fais des courses sur le boulevard Saint-Laurent. Après quelques pas, une camionnette me dépasse et un coup de klaxon retentit. Ça ne veut pas nécessairement dire que c’est pour moi. Je passe à côté de la camionnette qui s’est garée un peu plus loin et le conducteur — un homme de couleur d’un certain DEVENIR BRUNE : LA DÉCOUVERTE âge — ouvre sa portière en laissant entendre le sifD’UN MONDE PARALLÈLE flement typique. Rien de trop surprenant; beau— Tu vas déprimer en brune. Tu auras beaucoup coup d’hommes noirs s’excitent bruyamment en moins de regards, d’attention », m’a dit une amie. voyant une chevelure blonde. Business as usual. — Cool, a répondu mon chum. Pourquoi ne pas rester brune ?
LA GRANDE BLONDE DANS LE BOIS
Pas facile d’aller dans le bois pour une blonde. Dans un endroit organique, exception faite du spa bien sûr, on confond nécessairement une blonde avec une participante à La Vie Rurale. Lors du tournage d’un court-métrage universitaire (oui, oui, je suis blonde ET je vais à l’université) sur le bord d’une route à Sainte-Adèle, le caméraman ricane : « Une chance que t’as pas mis tes talons hauts Martine ! ». Original comme blague ! Je ne l’avais jamais entendue celle-là. J’ai failli apporter mon sac à main Louis Vuitton aussi. Pourtant, la brune de l’équipe de tournage n’est pas victime d’une telle discrimination. Plus tard dans la journée, je ne peux m’empêcher de laisser échapper quelques plaintes car mes souliers sont détrempés.
PREMIÈRE SORTIE OFFICIELLE EN BRUNETTE : LE RESTAURANT J’entre au Cosmos Café, rue Grande Allée à Québec. Je suis accompagnée de mon chum et de mon amie coiffeuse qui a les cheveux d’un drôle de blond qui tend vers le mauve. Elle porte un petit chapeau en minou rose à la Dick Tracy et, encore en 2004, des bottes plate-forme de cinq pouces. Je cherche les regards insistants que j’ai l’habitude d’ignorer. À mon grand désarroi, je n’en trouve pas. Les femmes jettent un coup d’œil sur moi, mais toute leur attention est sur mon amie. Je n’arrive pas à croire qu’une simple modification capillaire puisse avoir un effet aussi radical.
LES CHOSES SE CORSENT : LE MAGASINAGE
EN BRUNE, ELLE SE FAIT IGNORER LORSQU’ELLE MARCHE SUR LA RUE SAINTE-CATHERINE.
de type bombe, comme l’était Marilyn Monroe, émane la pure sexualité. Par contre, ces femmes se font beaucoup trop remarquer, elles sont trop disponibles. Ce sont elles qui récoltent les sifflements dans la rue. Il allègue également que les femmes qui se colorent les cheveux de cette couleur souffrent généralement d’insécurité. Après tout, qui a besoin de tant d’attention ? Pour ce qui est des brunettes, Grant McCrackenles explique dans son livre qu’elles LE MESSAGE Ai-je vraiment besoin de dire que je n’en ai rien à sont plus discrètes lorsque vient le temps d’exprimer cirer que Monsieur « est-de-Montréal » trouve que leur sexualité. Elles savent choisir le bon moment. « Mmm, c’est beau ça » ? Non, ça ne me fait pas plaisir, même pas un tout petit peu. On croirait que ma CONCLUSION DE L’ENQUÊTE blondeur me transforme en morceau de viande dans Étant blonde depuis ma naissance, je croyais la vitrine d’une boucherie. que toutes les jeunes femmes relativement jolies Selon Grant McCrackenles, auteur de Big Hair: avaient droit au même traitement de faveur dans la A Journey into the Transformation of the Self, notre rue. Mais non. Il semblerait que ce rôle soit destiné chevelure est une partie très puissante de notre arse- aux blondes. nal psychologique et sexuel. Dans son tableau de Une chose est certaine, ces commentaires finisblondeur, M. McCrackenles explique que la blonde sent par créer un mur qui sépare les blondes du reste
du monde ; elles développent un genre de filtre, un écran protecteur. En fait, plusieurs (et j’en suis !) deviennent agressives face à tant de délicates attentions. Rares sont ceux qui réussissent à s’approcher de nous suffisamment pour saisir davantage que notre blondeur. Et ce n’est surtout pas les siffleux de trottoir qui auront ce privilège. J’ai beau me plaindre, si ça m’agaçait tant que ça de me faire klaxonner dans la rue, je pourrais toujours me teindre définitivement les cheveux en brun. Mais ce n’est pas aujourd’hui que j’ai envie de commencer à poireauter dans des line-up. Être blonde a quand même ses avantages ! N
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Je me promène rue Masson, rue Sainte-Catherine, au Centre Eaton et aux Cours Mont-Royal. J’ai la paix, la sainte paix ! Après quelques heures, je ne me suis pas encore fait siffler ni klaxonner. Test ultime, je passe à côté d’un gang de blacks assez yo. Je m’attends au classique « Hey ! What’s up baby girl ? » ou le non moins fréquent « Hey babe ! Come here ! » Rien ! Incroyable. Comme si soudainement, en devenant brune, je devenais respectable. Tout cela s’est confirmé une fois de retour chez moi. J’enlève la perruque. Les cheveux sales et aplatis, je me traîne jusqu’à l’épicerie. Je fais quelques pas sur la très en vogue rue Masson et je croise un homme, typiquement « est-de-Montréal », qui me regarde de la tête aux pieds. « Mmm, c’est beau ça », s’exclamet-il, langoureusement. Toujours très flatteur…
LE STYLE EN IMAGES par Mathieu Laverdière
Source d’expression corporelle et vestimentaire, la danse sportive est un étrange croisement entre le tango, le patinage artistique et le look disco. Fasciné par la chose, Mathieu Laverdière s’est offert d’explorer cette activité sociale qui deviendra sous peu un sport olympique. Urbania vous présente donc ses photos prises lors de la compétition Joréfique à la Place Taschereau de Longueuil, le 13 novembre dernier.
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