www.urbania.ca automne 2006 | numéro 13 | folie | fabriqué à montréal | 7,95 $
La réalité nous dépasse Passer toutes ses soirées, ses fins de semaine et ses journées de congé à réaliser ce magazine pour qu’à chaque saison une nouvelle édition voit le jour, c’est plus fou qu’il n’y paraît. Faire ça pendant trois ans de suite avec les moyens du bord, ça c’est vraiment mongol. Alors, pour ne pas céder à la schizophrénie qui nous guette et pour retrouver un rythme de vie équilibré, on vous annonce que l’équipe du magazine cesse désormais ses activités pour se consacrer plutôt à ses passions premières que sont l’horticulture ornementale, la composition de mélodies relaxantes pour animaux domestiques et le sexe en plein air. Voilà comment débuterait cet éditorial si la folie avait atteint notre cortex. Au lieu de se laisser aller à des extravagances dignes de Jean Leclerc, nous avons plutôt décidé de garder la tête froide, de prendre une grande respiration et de plonger tête première dans la démence. Le thème étant flou et ambigu, il nous fallait trouver l’angle sous lequel l’aborder. La folie, comme dans passionné ? La folie, genre génie créatif ? La folie, dans le sens de malade mental ? On croyait au départ que le sujet allait être rigolo et qu’on interviewerait plein de gens un peu bizarres et inoffensifs... Toutefois, plus le magazine avançait, plus on s’apercevait que la folie, c’est aussi et surtout un mal qui affecte une partie importante de la société. L’événement du Collège Dawson nous a prouvé à quel point il s’agit qu’un seul fou se laisse guider par son délire pour ébranler notre conscience collective. Et là, on ne rit plus. Bonne lecture quand même. rédacteurs en chef et éditeurs Philippe Lamarre · Vianney Tremblay direction artistique Philippe Lamarre conception graphique Gabriel Dawe aide à l’édition Judith Lussier collaborateurs Mélanie Baillairgé · Simon Beaudry · Annie Brissette · Marc-André Brouillard · Mathieu Caron · Anne-Marie Clermont · Christophe Colette · Marie-Ève Corbeil · Annie Deschamps · Mariève Desjardins · Christian Desrosiers · Sébastien Diaz · Émilie Dubreuil · Sylvain Dumais · Maxime Dumont · Mike Fradette · Julie Gauthier · Caroline Gouin · Dominic Goyet · Edouard Hardcore · Patrick Henley · Pascal Henrard · Marc-Antoine Jacques · Emmanuel Joly · Patrick John-Lord Joseph · Dominique Lafond · Émilie Lamontagne · Dave Landry · Daviel Lazure-Vieira · Sophie Lecathelinais · Mathieu Lévesque · André Marois · Marie-Reine Mattera · Émilie Pelletier · Catherine Perreault-Lessard · Alain Pilon · Laurent Pinabel · Gabriel Poirier-Galarneau · Roger Proulx · Erika Reyburn · Michaël Reyburn · Marie-Josée Richard · Nicolas Ritoux · Antoine Rouleau · Daniel Shipp · Guy Tessier · Sylvain Thomin · Tomasz Walenta correctrice Violaine Ducharme ventes publicitaires Patrick John-Lord Joseph 514.989.9500 poste 27 · pub@urbania.ca abonnement 1 an (4 numéros) : 25 $ · 2 ans (8 numéros) : 44 $ (prix avant taxes) Pour vous abonner à Urbania, contactez Express Mag au numéro sans frais 1 800 363 1310 ou par Internet au www. urbania.ca/abonnement.Vous pouvez poster votre coupon d’abonnement à : express mag, 8155 rue larrey, montréal, québec, h1j 2l5 impression vic couleur inc. distribution lmpi dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, 2006 · Bibliothèque nationale du Canada, 2006 © 2006 magazine urbania inc. Le contenu d’Urbania ne peut être reproduit, en tout ou en partie, sans le consentement écrit de l’éditeur. Urbania est toujours intéressé par vos articles, manuscrits, photos et illustrations : redaction@urbania.ca poste-publications Inscription n° 40826097 magazine urbania 3708, boul. saint-laurent · 2e étage · montréal (québec) h2x 2v4 tél. 514.989.9500 fax 514.989.8085 · info@urbania.ca · www.urbania.ca urbania est imprimé sur le papier chorus art d’unisource
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Sous des allures de faux-semblants, où l’on sent que tout a été minutieusement disposé, la cour arrière — avec sa piscine, son spa et son patio — n’est pas sans rappeler les aménagements plastiques de Barbie. Sylvie Longpré exhibe sans gêne une candeur appartenant au monde de l’enfance et parle avec exubérance de sa douce folie pour les Barbies. Celle dont la photo est sortie en une du Journal de Montréal avec la déclaration « C’est moi la vraie Barbie ! » possède, en plus du look, une pièce consacrée à ses poupées où n’entre pas qui veut. Flash sur l’univers rose de Miss Barbie. ¶ interview : Émilie Lamontagne // photo : Christophe Collette // retouches : Mathieu Lévesque
Combien de Barbies possèdes-tu? ¶ Ma collection compte 650 Barbies, sans oublier tous les meubles et les accessoires. J’ai deux grosses maisons de poupées, une pour les Barbies des années 1959 à 1970 et l’autre pour celles de 1970 à aujourd’hui. J’ai aussi fait un coin où se trouvent le gym des Barbies et la garderie pour les enfants. Tu vois ce petit ourson? [ndlr : il n’est pas plus gros que son petit orteil] Je l’ai payé 75 $! Je laisse toujours la pièce à la noirceur pour éviter d’endommager le caoutchouc des Barbies. Je possède aussi le 4-roues et le bateau de Barbie. Et je conduis la même Corvette jaune que Barbie! Tout ça, en plus des vêtements que je me confectionne. Le plus compliqué, c’est de trouver les mêmes tissus. Ça me prend parfois des années pour enfin compléter un kit. ¶ Portes-tu vraiment les vêtements de Barbie dans la vie de tous les jours ? ¶ Si je me lève un matin et que je feel Barbie, j’enfile une robe de Barbie. Ça m’amuse ! ¶ Qu’est-ce qui fait que tu achètes une Barbie plutôt qu’une autre ? ¶ Si la poupée me frappe, que je la trouve belle et que ses vêtements me plaisent, je peux la payer 10$ comme je peux la payer 900$. Le prix n’a aucune espèce d’importance à mes yeux. ¶ Qu’est-ce qui te pousse à te procurer sans cesse de nouvelles poupées, à les entretenir et à les préserver ? ¶ Que veux-tu, c’est ma passion. Il y en a qui jouent au golf ou qui voyagent, moi je joue à la Barbie ! ¶ Non seulement tu les collectionnes, mais tu joues aussi avec elles ? ¶ Rassure-toi, je ne les fais pas parler, mais je les change et je les nettoie ! ¶ Et combien de temps par semaine leur consacres-tu ? ¶ Pour être bien honnête avec toi, ça vient par crises, même que ça peut être de grosses crises... Je suis insomniaque, de sorte que je dors environ quatre nuits par semaine, alors celles où je suis debout, j’organise de nouveaux set-up. ¶ Et quand ton chum se lève la nuit pour aller à la toilette, est-ce qu’il te rejoint et joue à Ken ? ¶ Euh non... Il retourne se coucher. Il est habitué ! ¶ À combien estimes-tu la valeur de ta collection ? ¶ En ce moment, selon moi, elle vaut environ 20 000 $. ¶ Jusqu’où irais-tu par amour pour Barbie, si on t’en donnait le pouvoir ? ¶ J’aimerais tellement acquérir la collection complète de Barbie! Sinon, ce que je voudrais le plus au monde serait d’avoir une Barbie de taille réelle, comme les mannequins dans les vitrines de magasins. Je l’assoirais avec moi dans mon salon !
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Avant de commencer l’entrevue, Normand L’Amour m’a demandé si j’acceptais qu’il s’adresse au Seigneur « pour qu’il ouvre mon âme à la vraie grandeur de Dieu ». J’ai dit oui. Il a fermé les yeux, puis il a fait entrer l’Esprit Saint à partir du haut de ma tête, jusqu’entre mes jambes. Lorsque la cérémonie fut terminée, il m’a prévenue que de mauvais esprits allaient bientôt tenter de communiquer avec moi, mais que je ne devais pas leur répondre et que je devais attendre l’appel de Jésus... Rencontre avec un chanteur hautement spirituel ou l’Évangile selon Normand. ¶ interview : Catherine Perreault-Lessard // photo : Émilie Pelletier
Où avez-vous appris cette technique ? ¶ Jésus me l’a enseignée. C’est lui qui a ouvert mon âme la première fois. Ça a commencé il y a plusieurs années, quand j’étais propriétaire d’un dépanneur. Durant la nuit, trois personnes sont venues pour m’attaquer. Elles m’ont dit : « Ce soir, quand on va en avoir fini avec toi, tu ne verras plus clair ! » Heureusement, je suis venu à bout d’elles et je me suis sauvé. Le lendemain, j’ai déconstruit le magasin et deux mois plus tard, j’ai reçu un appel de Jésus, à deux heures du matin. Il m’a envoyé tellement d’amour au cœur qu’il m’a réveillé. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé mon travail de missionnaire. ¶ Si je comprends bien, vous n’êtes pas seulement un chanteur ? ¶ Non! Jésus m’a mandaté pour faire l’ouverture des âmes. J’ai travaillé pendant plusieurs années dans les villages de la province pour demander aux gens qu’ils acceptent son message. J’ai aussi fait un peu de guérison pour les corps, mais le Seigneur m’a demandé de lui laisser cette tâche. D’ailleurs, toi qui me questionnes, si tu n’as pas peur qu’on le dise, tu as vraiment reçu cette ouverture tantôt. Quand tu écoutes ma musique, je te transmets aussi son message d’amour, mais d’âme à âme. C’est du subliminal. Je suis un instrument du Seigneur. ¶ Comment doit-on faire pour qu’il nous utilise? ¶ Il faut que ton divin soit vrai avec ton toi-même et il faut chasser tes démons. Si tu es voleur, il faut que tu arrêtes de voler. Moi, mon vice, c’est que j’étais énormément sexé. ¶ Sexé ? ¶ Oui, j’étais très sensuel. En fait, je n’ai rien à cacher, j’étais homosexuel. Dans les dernières années, j’ai combattu très fort pour ne plus avoir de jouissances et je suis devenu assez fort pour chasser ce démon. Aujourd’hui, ça fait 27 ans que je n’ai pas eu de sexe. ¶ Vingt-sept ans! C’est difficile à croire... vous êtes assez bel homme ! ¶ C’est parce que je suis dans le Seigneur et tout se passe au plan divin. Pour y parvenir, il faut avoir atteint un haut niveau dans sa spiritualité. ¶ Pourtant, l’homosexualité est mal perçue dans la religion catholique... ¶ Mon côté homosexuel je ne l’ai pas cherché. Je suis né au monde de cette façon. J’ai dansé des plains avec des femmes pour essayer de faire lever le moteur, mais ça lève pas! On dirait que ça rentre par en-dedans! J’ai souffert énormément de ça. Au début, quand je chantais sur scène, j’avais toujours une crainte incroyable qu’on me traite de fifi. Quand j’ai décidé de l’annoncer aux gens de mon village, ils ont commencé à m’arracher la chair. J’ai eu de la misère à réapprendre à aimer, mais maintenant, je peux aimer tout le monde sans exception : tous les peuples et toutes les nations. Jusqu’à aujourd’hui, j’ai rencontré 118 nations différentes auxquelles j’ai transmis de l’amour. ¶ Comment êtes-vous devenu chanteur ? ¶ À 52 ans, le Seigneur m’a dit : « Regarde Normand, il y a un piano dans la vitrine. Achète-le ». J’avais seulement 800 $ à la banque et l’instrument coûtait 600 $. Je l’ai acheté, même si je ne savais pas jouer aucune note de musique. Jésus m’a donné des chansons. Elles étaient très avancées spirituellement, mais depuis, il a descendu le niveau de spiritualité pour que je puisse rejoindre la moyenne des gens. ¶ Comment procédez-vous pour composer vos chansons ? ¶ Le petit pinson, par exemple, s’est chanté dans ma télé spirituelle (il pointe son front). J’ai vu la porte de ma chambre s’ouvrir. Il y avait un buisson avec un oiseau. Il m’écoutait et fredonnait ma chanson en faisant cuicui. J’ai chanté ce que j’ai vu. J’ai écrit Bombe amoureuse de la même façon. Je me voyais monter dans un ballon dirigeable. Je voyais la Terre qui était en bas et elle tournait. Ensuite, je montais dans un avion et je lançais des bombes amoureuses! Quand vous écoutez ce qui me sort du corps et du cœur, ça vous aide à vous ouvrir. Vous pouvez aussi venir me voir au restaurant Madrid sur la 20 du mardi au dimanche, de 8 heures le matin à 5 heures le soir. Pas obligé d’acheter des records ! ¶ Prenez-vous de la drogue M. L’Amour ? ¶ Non, aucune sorte de drogue. Je ne prends jamais de boisson et je n’ai jamais fumé de ma vie. ¶
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Dans son roman Folle, Nelly Arcan vomit sa colère contre son ex sur 200 pages. On s’est dit que le gars avait bien le droit à sa réplique. Réponse du « pauvre type », du « sale mec », de « l’homme qui ne voyait en elle qu’un objet sexuel ». par Nicolas Ritoux [niko@vulusu.ca]
En décembre 2003, alors que notre relation n’était plus qu’épisodique, tu m’as déclaré que j’allais « passer au cash » dans ton prochain livre. Tu cèdes parfois au joual sous le coup de l’émotion, oubliant ton légendaire dédain pour tes origines. Moi aussi je renie copieusement les miennes, et c’est pourquoi ce qui m’a fait le plus chier au premier abord, c’est d’être dépeint comme le Français de service. J’ai ensuite été forcé d’admettre que ton analyse de ma double nationalité était très juste ; ce passage de ton livre est troublant pour un immigrant comme moi (au participe présent parce qu’on n’a jamais vraiment fini d’immigrer), perpétuellement soumis au double regard excluant de deux nations. À part ça, je n’ai pas vraiment été blessé par ton livre, d’abord parce qu’il est très romancé, et ensuite parce que tu n’as pas vraiment réussi à porter ta menace à exécution. Tu crois heurter mes points faibles mais tu tires à côté de la cible. Me connaissais-tu vraiment ? Peut-être as-tu cru bon de satisfaire tes lecteurs avant ta vengeance, ce qui est sage. Tu m’as répété maintes fois (avec raison) que dans un roman, « il n’y a de vérité que littéraire » ; que les gens se fourvoient en cherchant la trace de l’autobiographie dans ta lecture ; qu’ils devraient s’abandonner au plaisir du texte en laissant ces questions à la télé-réalité. Moi qui ai étudié la sémiotique, en revanche, je crois que « n’est vrai que ce que l’on croit vrai » ; que comme dirait Eco, « l’intention de l’auteur » est comme une bouteille jetée dans une mer d’interprétations possibles que seule « l’intention du lecteur » aura l’autorité d’actualiser ; que la Vérité (« l’Objet dynamique », pour continuer dans la frime universitaire) est hors d’atteinte car située au bout d’un chemin de perceptions dont le circuit est propre à chacun. En somme, on ne croit que ce qui nous arrange le mieux. C’est vrai, d’un point de vue littéraire, tous ces gens qui ont cherché à deviner la vérité dans ton livre aboyaient au mauvais arbre, comme disent les Anglais. Mais qu’en est-il si le lecteur est aussi un personnage du livre ? Bon gré mal gré, je suis confronté à certaines perceptions des gens qui ont lu ton livre, et que leur interprétation soit légitime ou non, je suis bien obligé de rectifier ce qui a été interprété comme des faits — ne serait-ce que pour ma famille et mes amis. Terre-à-terre certes, mais que veux-tu, je ne suis qu’un journaliste.
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Puisqu’il le faut, allons-y donc de la manière la plus froide et illittéraire qui soit : des points de forme ! >>> Je ne t’ai jamais giflée ou crachée dessus en baisant. Je t’ai attachée une fois à ta demande et avec la corde que tu m’as fournie. >>> « Mister Dad », dont le vrai pseudo est Mister Bad, ne t’a jamais embrassée à ma connaissance et, je le souhaite, celle de sa femme. Une chance pour lui qu’elle ne parle pas un mot de français. Si la traduction anglaise de Folle pogne autant que celle de Putain, on peut dormir tranquille. >>> Oui, j’ai pris mon sexe en photo, mais une seule fois il y a des années, par pur jeu, comme tous ces excès que l’on fait quand on est surexcité et qu’on ne sait plus quoi transgresser pour se satisfaire. >>> C’est vrai, j’ai écrit un roman dans la fin de notre relation, et ta manière de me décrire en train de jouer les artistes au café en tentant de devenir l’énième émulateur de Céline est aussi blessante que vraie (il n’y a que la vérité qui blesse). J’ai aujourd’hui le bonheur de t’annoncer l’abandon de mes vélléités d’écrivain. Tu avais raison – même si ça me fait chier de l’admettre. Par contre, ton attitude de compétition était déraisonnable ; n’avais-je pas le droit d’essayer ? >>> Je pense avoir consommé autant de cyberpornographie que tous les gars de mon âge ; aujourd’hui je n’en regarde plus beaucoup d’ailleurs, mais je la garde au cas, dans un dossier nommé « System » – d’ailleurs j’ai rencontré au moins trois gars qui ont eu la même idée, ce qui est assez comique. >>> J’ai effectivement consommé beaucoup de cocaïne avec toi, et j’étais très inquiet que ma famille l’apprenne dans un livre publié au Seuil, notamment mon père, qui était alors en phase terminale d’un cancer du foie – et qui n’a jamais été astronome. Je suis heureux qu’il n’ait pas eu le temps de lire ça. Contrairement à toi, je ne tire aucun plaisir à faire publiquement de la peine à ma famille. Cet homme tendre et passionné, que j’ai aimé trop tard, avait toujours peur que je finisse dans la rue à force d’avoir la tête en l’air, et tes histoires de branlette et de coke ne l’auraient pas laissé partir en paix. >>> J’ai lu sur le Web des commentaires sur ton livre où on résumait mon personnage par une caricature, du « pauvre type » au « sale mec ». Je suis peut-être un peu trop indépendant, mais mes défauts sont raisonnables ; je crois que tu cherchais un jaloux possessif, capable de te coller 24/7 et de te faire des scènes en public, c’est pas mon genre voilà tout. >>> Je n’ai pas plus convoité d’autres filles que n’importe quel gars qui socialise dans les règles normales de fonctionnement de la vie sociale. Quand ta tenue vestimentaire était d’une provocation surréaliste, que j’entendais les filles passer des commentaires dans ton sillage, et que tu te félicitais des idiots qui te sifflaient, aurais-je dû me fâcher comme toi, lorsque je te faisais remarquer qu’une fi lle était jolie et que tu répondais assez fort pour qu’elle entende : « alors vas-y, va la baiser » ? Il est normal et sain de désirer par moments, le temps d’un songe, d’autres personnes que sa blonde ou son chum. D’ailleurs, les filles qui pratiquent le plus le « eye contact » sur la rue sont souvent celles qui ont un chum au bras. Quant aux filles virtuelles, voir plus haut. >>> Tu as fait souffrir plusieurs hommes avant que je te fasse souffrir, notamment celui, devenu cliniquement psychotique depuis, auquel tu as caché pendant des années ton métier d’escorte avant qu’il ne le découvre. Eux n’auront pas droit comme moi à un livre. Alors pourquoi moi ? Sans doute n’avais-tu jamais vécu de déception amoureuse ; c’est une leçon qu’il vaut mieux apprendre tôt dans la vie. Désolé de te l’avoir donnée. >>> « Annie », peu rancunière mais surtout honnête, persiste à porter une grande admiration à ton écriture malgré son personnage de victime niaiseuse dans Folle. >>> « Nadine » et « Martine » n’ont pas pu terminer ton livre mais ont pris la chose en riant. Ça correspond à leurs personnages, tu me diras. >>> T’es mieux de pas avoir battu ma chatte pour vrai. S’il y a un individu qui n’y est pour rien dans tout ça, c’est bien Fouffy. Ironique quand on sait que je te l’avais confiée en période de crise, quand un biker habitait chez moi sans mon autorisation ; une longue histoire qui ferait un autre très bon roman. Eh oui, je l’avoue : malgré ma position ambiguë de lecteur-personnage, j’ai quand même vu dans Folle une nouvelle preuve de ton écriture magistrale. C’est juste difficile de vivre avec une fille qui écrit magistralement. Je le déconseille à tout le monde.
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Prendre le temps d’observer le monde qui nous entoure peut se révéler nettement plus absurde qu’un épisode de 450 chemin du Golf. Le photographe Guy Tessier a ouvert l’œil ces derniers mois et nous présente cinq clichés témoignant de la douce folie qui règne dans notre belle province.
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! ! !Plus on regarde, plus on cherche à savoir ce qu’il y a de trop dans cette cour... Et franchement, on est tenté de répondre : la maison. " Derrière le concept de placement publicitaire, le mot-clé, c’est quand même placement. Il faut que le propriétaire de ce sex-shop soit assez dérangé pour se faire vendre ce panneau en rase campagne par un représentant d’une compagnie au nom qui fait autant ti-clin. !Les centaines de béquilles accrochées à l’intérieur de l’Oratoire Saint-Joseph témoignent des miracles exécutés par le Seigneur. À quand un mur de prothèses mammaires désuètes dans les cliniques de chirurgie plastique ?
" Un peuple à genoux qui, une fois debout, érige une statue en mémoire de l’homme qui l’a tenu dans la grande noirceur... Qu’attend-on pour le déboulonner de son socle ? Une invasion américaine ?
[ guytessier.com ]
!Un palais sur Lacordaire! Le jeune qui ramène une fi lle chez lui, il doit-tu être gêné. « Non non, mes parents sont pas importateurs de cocaïne, ils s’ennuient juste un peu de l’Italie. »
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« Ma folie serait de m’habiller en robe de princesse victorienne à mille crinolines, m’installer avec mes pouliches et les peigner en regardant un épisode de Candy. »
[ www.alt-6.com ]
— geneviève bernier
La réponse que nous avons reçue en plus grand nombre est de se foutre à poil en public. Cependant, aucune des personnes l’ayant suggéré n’a osé le faire. Comme quoi la nudité demeure l’ultime folie. Les foufounes téméraires qu’on peut admirer sont celles d’un ami de Roger qui a accepté de se sacrifier pour la bonne cause.
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