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Le 109, un tiers lieu en devenir Fabrice Lextrait • Matthieu Nicoletti SEPTEMBRE 2020
Cette étude a été produite à l’initiative de la direction générale de la Culture de la Ville de Nice en lien étroit avec Robert Roux, conseiller municipal délégué aux arts dans l’espace public, au cinéma, au pôle de cultures contemporaines « Le 109 », subdélégué aux musées et aux musiques actuelles.
Ce travail n’aurait pu se réaliser sans la mobilisation des acteurs du 109, artistes, opérateurs culturels et services municipaux. Les images des perspectives architecturales ont été réalisées par Philippe Dardelet-Doya de la direction de l’Aménagement et de l’Urbanisme.
Mise en page, Paul Gilonne, Uss Studio
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REMERCIEMENTS INTRODUCTION CONTEXTE SITUATION GÉOGRAPHIQUE HISTOIRE DU SITE TEMPORALITÉ DU PROJET INSCRIPTION DANS L’HISTOIRE DES LIEUX NIÇOIS LE CHANTIER SANG NEUF L’INSTALLATION DE NOUVEAUX RÉSIDENTS LA STRUCTURATION DU SITE SITUATION URBAINE ET ARCHITECTURALE PROJECTIONS ET RÉALISATIONS URBAINES ET ARCHITECTURALES 2007 - 2019 2007 : ETUDE CAB 2008 : ETUDE DE FAISABILITÉ NCA 2009 – 2013 : ETUDE AUBRY GUIGUET 2014 : ETUDE DE FAISABILITÉ POUR UN ESPACE DÉVELOPPEMENT ET PROSPECTIVE 2015 : ETUDE DE FAISABILITÉ POUR UN HÔTEL 2009 - 2018 – RÉALISATIONS ET SPÉCULATIONS PLAN D’OCCUPATION DU SITE, DESCRIPTIF DES ESPACES LISTE DES ESPACES FICHE DE DONNÉES ET D’ILLUSTRATION LE 109 OCCUPATION DU NIVEAU REZ-DE-CHAUSSÉE LE 109 OCCUPATION R1 ET R2 BUDGET DES TRAVAUX RÉALISÉS STATION + 24 ATELIERS + ENTREPONTS + STUDIO DANSE : 4 M€ PAYSAGE ACTUEL DE LA PROGRAMMATION DU 109 LES ACTEURS RÉSIDENTS PERMANENTS LA STATION L’ENTRE-PONT LE HUBLOT LE GRAIN DE SABLE LA CIE/TRANS THÉÂTRE DE LA MASSUE LE FORUM D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME LA COMPAGNIE DE DANSE ANTIPODES BOTOX(S) SYNDICAT DES ARCHITECTES DE LA CÔTE D’AZUR LES 29 ATELIERS MUNICIPAUX LES ACTEURS TEMPORAIRES PANDA EVENT FESTIVAL DE MONACO MOVIMENTA HÉLIOTROPE SEPT-OFF CODE & PLAY OVNI EN VILLE ASSOCIATION WEIRDBROWSER LA PROGRAMMATION ET LES PROJETS COMMUNS PAYSAGE ACTUEL DES CHAMPS DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DANS LE DOMAINE DU NUMÉRIQUE, DES LOISIRS DU TOURISME, DE LA FORMATION ET DE L’ALIMENTATION LES LIEUX DÉDIÉS À L’INNOVATION ET AUX NUMÉRIQUES LES AXES DE DIFFICULTÉS DU TERRITOIRE NIÇOIS LES MOTIFS D’ESPOIR UNE OFFRE DE FORMATION À DÉVELOPPER
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ANALYSE DES RÉUSSITES CULTURELLES ARTISTIQUES DES MANQUES / « IL FAUT ! » ATTRACTIVITÉ, ACCESSIBILITÉ, OUVERTURE ET MIXITÉ PUBLIQUE NATURE DU PORTAGE LA QUESTION DES MOYENS LE RAPPORT AU QUARTIER LA REVENDICATION D’UN PROJET PARTAGÉE ET DE PUBLICS MULTIPLES
LES QUATRE SCÉNARII DÉPART ET RENTABILISATION GEL DU SITE ET DES PROJETS INSTITUTIONNALISATION MIX ET TERRITORIALISATION
MIX ET TERRITORIALISATION : UN PROCESS D’ACCÉLÉRATION CONSOLIDATION CULTURELLE MAINTENIR ET RENFORCER LES PROPOSITIONS ARTISTIQUES ET CULTURELLES INITIÉES PAR LES RÉSIDENTS PERMANENTS METTRE EN ŒUVRE DES PROPOSITIONS ARTISTIQUES STRUCTURANTES ENGAGER UNE POLITIQUE DE PRODUCTION ET DE DIFFUSION DANS LE DOMAINE DES MUSIQUES ACTUELLES RENFORCER LA POLITIQUE D’ATELIERS D’ARTISTES SÉQUENCER LA PROGRAMMATION DU 109 INITIALISER ET RENFORCER LES ACTIONS SUR LE TERRAIN DES CULTURES URBAINES CULTIVER UN PROJET DU PAYSAGE ASSOCIANT DES PRATIQUES AGRICOLES URBAINES CONSTRUIRE AUTREMENT CROISER CULTURE ET UNIVERSITÉ HYBRIDATION CULTURELLE ET ÉCONOMIQUE : LES NOUVEAUX ATELIERS LES ATELIERS DU NUMÉRIQUE LES ATELIERS DES MAKERS LES ATELIERS DE LA TRANSITION AUTRES ACTIVATIONS POSSIBLES POUR LE LIEU ELARGISSEMENT DU CHAMP GÉOGRAPHIQUE
STRUCTURATION LA STRUCTURATION URBAINE DE L’ÎLOT LA PREMIÈRE HYPOTHÈSE 18 500M² LA DEUXIÈME HYPOTHÈSE 22 500 M² LA TROISIÈME HYPOTHÈSE 28 000 M² LA STRUCTURATION DU PILOTAGE ET DE LA GESTION
ANNEXES
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Introduction Le site du 109 est depuis dix ans un projet s’inscrivant dans ce qui a été nationalement identifié comme « une nouvelle époque de l’action culturelle »1. Nice a été, dès la fin des années 80, le terrain d’expériences qui ont permis à des artistes et à des opérateurs culturels de réinterroger la présence artistique et ses socialisations dans la société contemporaine. Positionné au cœur des quartiers Est, sur une parcelle de 2.25 hectares, Les Abattoirs de 18 000m², ont permis, depuis 2009, d’offrir à ces initiatives multiples un terrain de travail s’inscrivant dans la politique culturelle de la ville avec ce qui a été qualifié de « Sang Neuf ». Le fondement du projet a été d’ouvrir « un lieu de création foisonnant », « un lieu d’effervescence », « un outil multidisciplinaire », de générer « un outil de recherche », pour créer « un laboratoire où le public sera contributeur, un lieu qui fera émerger de nouvelles formes de culture, en mariant l’art, la technique et la science », et d’être « un authentique vivier de création » 2 . Des actions de préfigurations, des résidences, des manifestations temporaires, des explorations, ont permis de préfigurer et de nourrir le projet avec « L’observatoire des choses en cours » de Stefan Shankland, « la Kunstellation » de Didier Faustino, l’exposition « The Surface of the East Coast, from Nice to New-York », les propositions de la Station, comme « Ecotone », « Laboratorium » ou « Flux Tendu », les interventions dans l’espace public de Antipodes, les résidences théâtrales et chorégraphiques de l’Entrepont orchestrés par Diva-Le Hublot, la Cie Le Grain de sable, la Cie/TranS/ et le Théâtre de la Massue, les résidences des ateliers réunis dans l’association L’A. Central, les ateliers pédagogiques du Forum de l’architecture, l’accueil de manifestation comme Ovni ou sept-off et bien sûr les deux premières éditions d’Eclairage Public. Aujourd’hui, « dans sa configuration, Le 109 se positionne comme une interface essentielle à la création contemporaine dans le paysage culturel local, national et international par un travail de coordination des actions menées par les protagonistes du site mais surtout par une programmation riche, diverse et ambitieuse en son sein tournée vers différentes typologies des problématiques culturelles, artistiques et sociétales de notre époque ». Le projet, fort des ses dix premières années d’explorations, doit aujourd’hui générer de nouvelles dynamiques, accueillir de nouveaux acteurs et s’ouvrir plus largement aux publics. La ville, initiatrice en 2008 du projet a souhaité que nous dressions une monographie de cette expérience singulière et proposions des scénarii de développement. Dans la première partie de ce travail, nous avons souhaité poser l’analyse du contexte dans lequel Le 109 évolue avec : la localisation du site, son histoire, sa temporalité, sa situation urbaine et architecturale, son paysage actuel de programmation culturelle et le paysage des champs de développement économique possibles. La deuxième partie propose d’analyser les réussites et les manques des dix premières années du site et de ses acteurs et de regrouper les « il faut » recueillis. Avec la troisième partie, nous avons identifié quatre scénarii possibles, pouvant être mis en œuvre dans un futur proche. Le process d’accélération que nous préconisons est scénarisé dans une quatrième partie sur un principe de mix et territorialisation. La cinquième partie propose les hypothèses de structuration de cette dynamique.
1 • Une nouvelle époque de l’action culturelle : Rapport à Michel Duffour, secrétariat d’état au patrimoine et à la décentralisation culturelle, mai 2001 2 • Toutes les citations entre guillemets de l’introduction sont issues des pages du site www.le109.nice.fr/structure/ville-de-nice-le-109
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Contexte SITUATION GÉOGRAPHIQUE Le 109, longé par l’historique route de Turin, est positionné au cœur d’un territoire en mutation à Nice, les quartiers Est, qualifiés dans de nombreux documents récents comme « stratégiques en matière de développement et d’aménagement ». Avec au Sud le quartier universitaire de St Jean d’Angély et au Nord le pôle hospitalier de Pasteur, Le 109 est depuis dix ans positionné comme « un pôle culturel », situé dans une parenthèse constituée d’une part par le Paillon et d’autre part par la gare. Les quartiers Est, notamment desservis par une ligne de tramway, s’étendent sur 500 hectares et plus de 30 000 niçois y résident avec au cœur la place St Roch. Dans ce quartier le lycée Guillaume Apollinaire et l’école primaire Arziari sont à proximité du 109.
Le 109
Aux deux bords sud et Nord, un important complexe cinématographique va émerger porté par Adim et un centre de quartier à forte programmation musicale, La Black Box est implantée. L’îlot du nettoiement voisin du 109 va accueillir une importante opération immobilière de logements (34 000m²) livrable en 2025 et le Comptoir Métallurgique du Littoral en friche (35 000m²) doit également être un site de promotion immobilière dans les années à venir. Quartier Saint-Roch
Le 20 mars 2015, le Maire de Nice rappelait que la valorisation de ce quartier était articulée autour de quatre thèmes : • La qualité du cadre de vie avec notamment l’aménagement des berges du Paillon dans la continuité des aménagements piétons et paysagers de la Promenade du Paillon. • La santé autour du projet Paillon 2020 (hôpital Pasteur…) • L’emploi : création d’incubateurs et de pépinières pour des entreprises innovantes
Quartier Pasteur
• La culture contemporaine dans ses différentes expressions assurant des pôles de création et de production à l’échelle européenne et internationale Dans cette stratégie urbaine, les anciens abattoirs, dénommés quelques temps Sang Neuf, puis baptisés « Le 109 », sont clairement identifiés comme un enjeu politique prioritaire sur lequel, la Ville, des opérateurs culturels et des artistes sont engagés depuis 2009.
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HISTOIRE DU SITE Situé entre les rues Georges Chapel, le boulevard Jean-Baptiste Vérany et la route de Turin les abattoirs1 ont été construits entre 1866 et 18682. Bombardés lors de la seconde guerre mondiale, ravagés par un incendie dans les années 50, leurs reconstructions les classèrent parmi les plus modernes d’Europe. Sur plus de deux hectares, 500 personnes y travaillaient quotidiennement et 150 bouchers s’y rendaient chaque matin3. Du « couloir de la mort » à « la salle de découpe », le site à une histoire qui a été conclue tout d’abord par l’arrêt de chaîne d’abattage en 1988, puis par une cessation d’activité complète en 1999. Dans les années suivantes, les Abattoirs vont être utilisés comme des entrepôts logistiques des services de la ville, du nettoiement et de l’éducation notamment, jusqu’à une décision du maire, Christian Estrosi, annoncée en septembre 2008, d’en faire « le grand lieu de la création artistique à Nice (…) qui permettra à de jeunes artistes de la Méditerranée ou d’ailleurs, d’occuper le site ponctuellement et de travailler en collaboration avec les artistes permanents »4. La première structure dédiée à investir les espaces fut la Station qui était contrainte de quitter les locaux qu’elle occupait dans les locaux du CHU, pour y installer un centre Alzheimer. Quelques jours plus tard, en octobre, Christian Estrosi annoncera sa « volonté de développer une action qui s’inscrit dans le cadre d’un projet urbanistique de revitalisation d’un quartier, aujourd’hui en déshérence»5, en confiant à Sophie Duez, conseillère municipale d’opposition, la présidence d’une mission afin de travailler sur un projet d’ensemble « véritable enjeu pour l’image de notre ville, pour l’avenir d’un quartier, et pour la vitalité de la création artistique »6. Un an plus tard Sophie Duez, démissionnaire de son poste de conseiller municipal rejoindra le Cabinet du Maire et s’installera dans les bureaux de la Villa Nord pour mener le « Chantier Sang Neuf », assistée quelques semaines plus tard par Yves Nacher avec lequel la mission sera, d’accélérer la relocalisation des services municipaux localisés sur le site, de préfigurer avec des projets artistiques le « Projet Sang Neuf » et d’écrire un programme pour un concours architectural devant s’organiser en 2011. Comme une première analyse des activités du 109, la consultation d’un site qui y réside, « Ligne 16 » (média participatif et citoyen de proximité), est très intéressante pour toute personne cherchant à interroger la mémoire du lieu. Les web reporters qui l’animent (dont de nombreux enfants) ont enquêté sur le passé des abattoirs et organisé une émission publique afin de mettre en relation les anciens ouvriers, les habitants et les artistes et associations, installés à présent dans les locaux. La dimension patrimoniale est réelle avec les entretiens de Mr Giacomo qui y a travaillé à l’âge de 30 ans, d’Alexandre Ivaldi6 qui en est aujourd’hui gardien et en a été contrôleur des tonnages et des entrées des viandes ou encore celui d’Hervé Dolmetta de « Rivera Boyaux », seul commerce encore en activité dans le quartier ayant connu l’époque où ce lieu était encore en action.
1 • https://www.mixcloud.com/RadioL16/interviewdyvan-gastaut-sur-la-m%C3%A9moire-des-abattoirs-et-de-cette-partie-de-nice-est/ - Dans cet entretien Yvan Gastaut raconte l’histoire du site – 15 février 2017 2 • https://www.dailymotion.com/video/xrxmrf - Nice patrimoine : Les abattoirs de Nice France 3 – 03 juillet 2012 3 • https://vimeo.com/305733694 (mot de passe : 109) – Travail commandé à l’association l’éclat et réalisé (sans aboutissement) par Tony Faria Fernandes de 2009 à 2013 4 • Les abattoirs transformés en ateliers d’artistes – Nice Matin - samedi 20 septembre 2008 5 • http://www.tvpaca.com/article-24309857.html - 3 novembre 2008Matin - samedi 20 septembre 2008 6 • https://www.youtube.com/watch?v=bvU_AqnzXGk Visite des abattoirs - 24 janvier 2017
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TEMPORALITÉ DU PROJET INSCRIPTION DANS L’HISTOIRE DES LIEUX NIÇOIS La dynamique des nouveaux territoires de l’art dans laquelle s’inscrit Le 109, est une dynamique que la ville de Nice connaît depuis la fin des années 80. Dans le quartier St Roch, jouxtant Le 109, un groupe d’artistes, Nux Vomica, a très tôt, dès 1989, inventé un lieu dans l’ancien hangar à bus du boulevard pour y pratiquer un développement culturel mêlant musiques, chansons, carnaval et arts de la rue. Les Nux Vomica sont reconnus comme une des forces de création qui a travaillé la culture populaire niçoise au sein d’un hangar de 3 000m² dans lequel ils ont pratiqué la peinture, la sculpture, la musique en souhaitant en faire « un lieu populaire adapté à la mixité des gens du quartier »1. De et par cet ancrage, ils y ont même longtemps cultivé une forme de Carnaval dans le quartier. Saint Roc, un quartier niçois : le hangar p.12
Saint Roc, un quartier niçois : les diables-bleus p.41
Dix ans plus tard, dans le même quartier, une autre aventure exemplaire pris racine dans l’un des bâtiments de l’ancienne caserne St Jean d’Angély. Identifié comme l’une des expériences symbole des lieux intermédiaires2, le collectif créé à l’initiative de musiciens, de comédiens, de plasticiens a inventé un lieu de vie et de résistance qui a participé au développement de la cohésion sociale, contribuant à tisser des liens entre générations mais aussi entre voisins, luttant contre les inégalités culturelles et sociales. »3 Nombre des acteurs du collectif alors appelé « les Diables-bleus » sont aujourd’hui impliqués dans l’Entre-Pont, d’autres ont ouvert un local dans le quartier également route de Turin… et le 16 mars 2019, Nux Vomica présentait son nouvel album au 109.
LE CHANTIER SANG NEUF Alors qu’en août 2008, le Maire de Nice se rend à la Station dans les locaux qu’ils vont devoir quitter rue Molière, il annonce comme imminente une solution positive au relogement de l’association. Quelques jours plus tard en octobre seront annoncés l’implantation de La Station aux Abattoirs et l’implication de Sophie Duez, alors conseillère municipale dans ce qui s’appellera « Le Chantier Sang Neuf ».
1 • Nux Vomica, Nouvelle Vague 2 • Espaces intermédiaires, Friches, Squats, Fabriques… Une nouvelle époque de l’action culturelles, rapport à Michel Duffour, secrétaire d’Etat à la Culture, la documentation Française, 2001 3 • St Roch un quartier niçois, le 80éme anniversaire de la création du boulevard St Roch, Ville de Nice, 2016 4 • http://www.lastation.org/exposition/ecotone/ 5 • Artiste belge de 37 ans, dessinateur, sculpteur, parfois moqueur 6 • Pascal Bernier, Valère Costes, Geoffrey Cottenceau / Romain Rousset, Noël Dolla, Èrik Dietman, Karim Ghelloussi, Michel François, Lina Jabbour, Laurent Le Deunff, Sonia Lévy, Ingrid Luche, Zora Mann, Géraldine Pastor-Lloret, Bruno Pelassy, Alexandra Pellissier, Tony Regazzoni, Peter Rösel
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L’exposition inaugurale de La Station eu lieu, quant à elle, dans la halle sud du Chantier 109, du 2 octobre au 5 décembre 2009. Intitulée Écotone (secteur de transition entre deux communautés écologiques adjacentes, sorte d’espace commun au sauvage et au domestique), elle fut composée d’un projet monographique dans la salle principale et d’un dispositif collectif dans la galerie de circulation constituant un grand bestiaire sauvage, « genre de revanche des animaux »4. Construite autour, d’une part d’une proposition de Michaël Dans5, et d’autre part d’une exposition collective6, l’exposition sera « chapeautée » par la figure de Joseph Beuys dont le film de Helmut Wietz documentant la performance de 1974, « I Like America and America Likes Me », face à face entre l’artiste et le coyote, fut diffusé le soir du vernissage. En parallèle de l’implantation de La Station, Sophie Duez se voit confier par le maire une présidence bénévole, qu’il lui est proposé de conduire comme « un véritable enjeu pour l’image de la ville, pour l’avenir d’un quartier, et pour la vitalité de la création artistique ». Tout d’abord présidente, puis conseillère au cabinet du Maire après sa démission en tant qu’élue, Sophie Duez s’engage dans la conception d’un lieu de vie qui soit, « une plate-forme éco-urbaine, (…) et un territoire pour l’expérimentation, (…) interrogeant des géographies invisibles, notamment celle du Paillon, comme un lien urbain prolongeant la future Coulée verte. »
Dès la phase de préfiguration, « cette métamorphose en un organisme vivant dédié aux pratiques culturelles et sociétales contemporaines » sera qualifiée de processus de recherche action. Pour Sophie Duez, « Le 109 est un espace qui, comme une chaîne complète, part de la matière brute, vers les techniques, le savoir-faire et leur transmission, la fabrique, l’œuvre, sa monstration, son contact avec le public, l’éducation artistique, sa place dans le quotidien, la famille, l’intergénérationalité dans l’emploi du temps (temps de travail/temps libre), les pratiques, les échanges, une chaîne complète, donc, qui signifie un mouvement de vie dans laquelle la forme artistique ne serait qu’un maillon permettant l’assemblage des multiples sphères du « vivre ensemble ».1 « Il doit être un laboratoire de la création où le public sera contributeur, un lieu qui fera émerger de nouvelles formes de culture, en mariant l’art, la technique et la science. »2 « La vocation du Sang Neuf est d’être une plateforme éco-urbaine transdisciplinaire offrant des synergies entre différentes formes de culture. Parmi elles, les cultures auto-productives des usagers de la Ville Intelligente du XXIe siècle. »3 La presse considérera alors que cette rénovation des anciens abattoirs est « un vaste chantier pour « Kunstellation » Lorsque vous arrivez au 109, redorer l’aura culturelle de Nice ».4 vous êtes obligatoirement marqué par des traces Le 24 juin 2011, Sophie Duez déclare : « l’idée est que le lieu en friche puisse recevoir le public et proposer des événements, des débats et s’interroge sur ce qu’il va devenir avec des expériences artistiques ». Il est à noter dans cet entretien vidéo pour Nice Matin que Sophie Duez qualifie les anciens abattoirs de Tiers-Lieux « un endroit qui n’est pas le bureau, qui n’est pas la maison, un endroit où on peut venir travailler tout en se sentant en train de vivre dans une société où l’on peut rencontrer en toute convivialité des gens. »5 Avec Sophie Duez chargée de cette mission politique interviendra, grâce à Alain Philip, alors adjoint au maire en charge de la Voirie, des Travaux et de l’Urbanisme et Conseiller Métropolitain, Yves Nacher premier « permanent » de la structure posée comme « plateforme de recherche-action ». Yves Nacher est un architecte qui a, pour partie, développé son parcours professionnel à l’Institut Français d’Architecture et dans des postes décentralisés du Ministère. Il prend pour trois ans un poste de directeur avec une lettre de mission lui confiant les tâches de vider les lieux, de préfigurer le projet du site avec des projets artistiques et de préparer le programme pour un concours d’architecture prévu en 2011. Yves Nacher va dans ce contexte proposé deux résidences majeures avec Didier Faustino et Stefan Shankland et piloter l’étude de programmation confiée au bureau d’étude Aubry et Guiguet. Avec l’intervention de Didier Faustino et Stefan Shankland, sont produits une « Kunstellation » et une démarche « HQAC - Haute Qualité Culturelle et Artistique ». Pour l’équipe d’alors « ces deux interventions artistiques ne sont pas des fins en soi, mais une manière de rendre les lieux « habitables » par d’autres artistes et intervenants ».
de l’installation que Didier Faustino a conçue pour le site. Le « réseau de dispositifs habitables interconnectés » proposé par l’artiste-architecte avait comme dessein « de multiples manières de ressentir corporellement les lieux comme d’être ensemble et d’interagir entre individus ». Le travail de Didier Faustino avait comme enjeu de mettre « en place un processus de définition des axes de programmation d’un futur établissement culturel et éco-urbain ». Kunstellation a été conçu sous la forme d’un réseau évolutif de sept dispositifs temporaires (le dôme, l’arène, la scène, l’assemblée, le forum, le serveur et les tables rondes) constituant « un support du processus de réflexion, de sensibilisation et d’anticipation sur le devenir des Anciens Abattoirs. Avec ce travail l’artiste posait un principe politiquement et poétiquement juste sur « les constellations du Sang Neuf » offrant « des découvertes potentielles des lieux à travers différentes perspectives : collective, individuelle, immersive, expansive, participative, contemplative… ». Ce réseau évolutif à géométrie et dimension variable s’offrait aux temporalités et aux spatialités reconfigurables selon les programmations à venir.
1 • https://www.artcotedazur.fr/archives,302/en-ville,3/ nice,49/Chantier-Sang-Neuf-lancement-du-833 2 • Un «Sang Neuf» culturel pour les abattoirs de Nice – Le monde – 28 décembre 2009 3 • Nice Matin, 25 juin 2011 4 • Objectif Sang Neuf – Le Point – 12 novembre 2009 5 • https://www.youtube.com/watch?v=xUn4JQaiWtI
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Stefan Shankland crée « des processus de
J’ai réuni une iconographie très diversifiée
ICI Nice a été présentée, de décembre 2011 à
réflexion, de concertation et d’action autour des
et très riche sur cette cosmogonie en travaillant
mars 2012, dans la « Kunstellation » comme
mutations urbaines » en mettant en œuvre des
« Tout ce qui est en cours » en collaboration
un guide de la ville par 50 artistes contemporains
démarches à Haute Qualité Artistique et
avec le graphiste, Frédéric Teschner et
niçois. L’installation scénographiée par Stéphanie
Culturelle, « HQAC » qui ont pour vocation
l’artiste marcheur Hendrik Sturm. L’idée
Marin offrait un guide sensible, un itinéraire Bis,
d’accompagner les projets de développement
était d’interroger, au-delà de la « carcasse »,
donnant l’occasion de découvrir la ville sous un
territorial et urbain dans leurs dimensions
un site dynamique en interrogeant trois processus
angle original.
artistiques, culturelles et environnementales afin
qui se télescopaient : La transformation de
d’en renforcer leurs singularités, leurs durabilités
l’animal à la viande, la transformation
et leurs capacités de travail de la cohésion sociale.
architecturale et la transformation urbaine.
Nice a été, après Ivry-sur-Seine, la deuxième ville
Nous avons produit des marches, des visites,
à produire une démarche de Stefan Shankland qui
des rencontres avec plus de cinquante personnes,
est aujourd’hui investi dans de multiples
des productions graphiques en interrogeant
expériences de mutations urbaines. Pour Stefan
« le bâtiment-machine » sensé « transformer
Shankland « la résidence s’est construite après
de la matière », en proposant un point de vue
une rencontre avec Yves Nacher en Allemagne à
plastique sur un site industriel et un quartier
l’occasion d’un séminaire sur le théme d’art et
en cours de mutation. Il a été très compliqué de
mutation urbaine. La mission qui m’a été confiée,
générer une dynamique sociale avec le projet.
était de faire émerger des lignes forces à partir
Je ne sais pas à quoi cela a été dû. Il a été difficile
des potentiels des Abattoirs. Ma mission était plus
d’inviter les gens à faire avec nous. Isolement
ouverte que celle de Didier Faustino, et j’ai donc
du bâtiment ? Vastitude du lieu ? Pressions ?
passé beaucoup de temps sur place, à visiter in
Fragmentations ? Je n’ai pas connu un échec
situ et autour, monastère, observatoire, abattoirs,
mais un projet inabouti. »
Plusieurs générations d’artistes, issus de cultures et de pratiques diverses, ont joué le touriste dans leur propre ville. Ainsi, dessins, aquarelles, photos, mènaient de l’incontournable Place Masséna aux Collines de la liberté vue par Ben, d’une jetée déserte tracée par Edmond Baudoin à la plage fusionnante du Castel croquée par Virginie Broquet. Le guide fut édité chez Bernard Chauveau Editions
archives…
Le dispositif mis en place dans ces premières années du projet ne parvint pas à trouver un développement harmonieux. Du coté opérationnel, des tensions avec Sophie Duez conduiront Yves Nacher, le professionnel opérant à se retirer du projet. La non-transformation des partis pris dans le cadre de cette mission conduira ainsi à un ralentissement de l’activité sur le site et à un départ de Sophie Duez en mars 2015 dont il faut reconnaître l’engagement qui a permis de construire le principe de la destination culturelle du site, de produire des projets artistiques structurants et de conduire une étude de programmation architecturale.
Les Abattoirs furent en novembre 2011, le site d’accueil de l’Anti G20 à Nice
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L’INSTALLATION DE NOUVEAUX RÉSIDENTS Face à la non continuation de la mission de Sophie Duez et du projet de requalification totale du site, face à des sollicitations d’acteurs culturels devant être relocalisés et face à des besoins d’espaces de travail artistique, la Ville a enclenché un deuxième temps du projet, proche de ce qui avait été réalisé avec La Station. « Vos projets sont intéressants, vous avez une démarche constructive et nous devons répondre aux besoins des artistes et structures culturelles ». La Ville de Nice a ainsi engagé une nouvelle tranche d’investissement permettant de loger une compagnie impliquée sur le site depuis son ouverture, la compagnie Antipodes, de transférer le Forum d’architecture et d’Urbanisme, de créer des ateliers d’artistes et de déménager l’Entre-Pont du site Spada. En 2016, le site du 109 passe de l’occupation quotidienne du site par une vingtaine d’artistes, à un lieu en accueillant prés d’une centaine par jour. Lieu de forte permanence artistique, le site s’ouvre aussi à une nouvelle fréquentation du public que ce soit par le travail du jeune public ou par le croisement de propositions s’inscrivant dans les missions de producteurs de disciplines différentes.
Le 17 novembre 2019, Le 109 a produit une soirée réunissant plusieurs propositions à l’occasion de l’accueil d’une soirée du festival Ovni, Le Hublot a ainsi présenté à l’Entrepont une conférence sur les exo-planétes de François-Xavier Schmider, chercheur à l’Observatoire de Nice, la performance audiovisuelle qui expérimente la dualité du nanoplancton d’Elio Libaude, le concert de Dimitri from Panisse, les installations de Cécile Beau et Nicolas Montgermont avec « Radiographie » et « Cosmogonie », celle de Denis et Julien Gibelin avec « terr-e-toile », celle de Marc Limousin et Erik Lorré avec « Irrigation », et celle d’Antoine Schmitt avec « Blacksquare ».
LA STRUCTURATION DU SITE Après Yves Nacher puis messieurs Groner, Genies et Thénaut, c’est Romain Vignat, fort de son expérience au Théâtre Lino Ventura, qui va incarner à partir d’avril 2017 le rôle de coordinateur du 109. Familier de nombre des résidents du 109 qu’il a croisé depuis l’expérience de la Caserne d’Angely et de ses parcours aux cotés de musiciens de la scène des musiques actuelles, Romain Vignat devoir gérer les acteurs culturels et les artistes résidents, produire la programmation conçue par Cédric Teisseire en tant que directeur artistique, accueillir les demandes d’utilisation du site qu’elles soient culturelles ou commerciales, et structurer une équipe en liaison avec les autres services de la ville afin que le site soit bien entretenu et que sa communication lui permette de séduire de nouveaux publics. La mise en place de cette « structuration » sera fragile car la nature du projet partagé n’est pas définie, qu’aucun dispositif de co-construction n’est mis en place, que la complicité indispensable entre le directeur du site et le directeur artistique ne sera pas au rendez-vous et ce dans un contexte de précarité des moyens. Cette précarité de moyens en termes humains1, en termes techniques et en termes de production financière a été, et est, un handicap majeur à l’accompagnement des producteurs résidents et extérieurs souhaitant réaliser des coproductions au 109, et à l’émergence de projets artistiques spécifiques. L’échec de cette structuration du site, pour partie due à cette insuffisance de moyens, interroge également sur les autres causes qui l’ont provoqué. Alors que « dans sa nouvelle configuration, Le 109 se positionne comme une interface essentielle à la création contemporaine dans le paysage culturel local, national et international par un travail de coordination des actions menées par les protagonistes du site mais surtout par une programmation riche, diverse et ambitieuse en son sein tournée vers différentes typologies des problématiques culturelles, artistiques et sociétales de notre époque »2, plusieurs témoignages craignent simultanément que la politique mise en place cherche « à en faire le moins possible ». Pour certains, « la programmation du site a été empirique et les travaux de transformation du site n’ont pas été suffisamment conduit ». Pour d’autres « la Ville passe des conventions avec des résidents qui ne portent pas d’objectifs partagés » et « les mises à disposition ne sont liées qu’aux objets associatifs des différents statuts ». Le budget 2018 du 109 est évalué à 1M €. Le budget de coproduction a été en 2018 de 160 000 €.
Le public pouvait également regarder les vidéos de près de 14 artistes programmés par Héliotrope afin de « rêver d’un poste de télévision qui implose afin que quelque chose d’important et de bouleversant se produise et transforme sa vie ». Avec le programme Total Contest TV, le public pouvait également se retrouver « au milieu de l’océan, où d’une île couverte de jungle, abritant en son cœur une ville vivante, battant au rythme de tours électriques dressées vers le ciel et le temps », dans une création de Maxime Martins. La Station quand à elle proposait de découvrir les « Grands canons » d’Alain Biet qui depuis 2004 dessine, à l’aquarelle et à l’échelle 1, tous les objets qui entrent chez lui et les scénarise dans un film singulier. La contemplation des films de João Onofre, Pedro Alonso et Hugo Palmarola sollicitant un regard nouveau sur la ville était quand à elle offerte par le Forum. Nombre de visiteurs : 800.
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Dans l’organigramme 2017 – 2018, 9 personnels municipaux sont pris en charge. Le Directeur : Romain Vignat Le Directeur artistique : Cédric Teisseire Le Directeur technique et Directeur Unique sécurité incendie : Michel Henocq Le Régisseur : Georges Porro Le Secrétariat Général : Emmanuelle Fighiera Secrétariat : Sandra Guyomarch Gardien : Alexandre Ivaldi Gardien : Jean Nöel Harraca Gardien : Antoine Adorno (Absent)
2 • www.le109.nice.fr/page/a-propos-du-109
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SITUATION URBAINE ET ARCHITECTURALE PROJECTIONS ET RÉALISATIONS URBAINES ET ARCHITECTURALES 2007 - 2019 Le 109 est un site stratégique des quartiers Est qui par sa conservation dans le domaine public a un rôle déterminant dans l’aménagement et le développement du territoire. Dans la démarche que nous avons initiée, l’étude se devait d’associer les autres directions de la ville qui sont impliquées sur les questions d’aménagement et de transformations urbaines et architecturales. Plusieurs réunions ont eu lieu avec les directeurs de services, et des techniciens ont été mobilisés dans la production des documents. Dans le document de consultation pour l’îlot du nettoiement, la ville pose dans un schéma des principales mutations récentes et à venir dans le quartier sur 7 sites : Le campus St Jean d’Angely, Auvare (multiplexe, logements), Halle Spada (cité du carnaval), Ilôt du Nettoiement (logements et 5 000m² d’activités à définir), le Comptoir Métallurgique (logements, scolaires) et le Pont-Michel (site du nettoiement, parking). Il ne faut pas oublier dans cette approche trois autres sites qui sont à des stades de réflexion très différents, mais qui jouent avec les Abattoirs : celui de la gare St Roch et de ses 22 hectares sur lequel de multiples échanges ont eu lieu entre la ville et la Sncf ; celui du Paillon et de ses rives traitées dans une partie jusqu’en proximité du 109 et celui du Centre Delval 2, enjeu majeur de la ville en termes de recherche et de développement. Dans cette situation urbaine, un élément essentiel au devenir du 109 est celui de sa perception de desserte. En effet il faut constater aujourd’hui que Le 109 est considéré comme excentré et mal desservi. L’absence de parking au public du fait de la configuration des lieux et de sa sécurisation, la faible desserte de bus, la distance de 10 à 15mn à pied de la station de tramway, l’implantation décalée des bornes de vélos, la nature des parcours pédestres, handicapent sa perception par le grand public. Il ne faut pas oublier non plus que son positionnement d’entrée de ville est marqué par le trafic routier important de la pénétrante du Paillon et de la route de Turin. La densité constructive et la nature des programmes qui seront retenus sur cette parcelle de 22 000m² au sol, devront bien entendu dialoguer avec le plan général de voirie et de transports qui émergera dans les mois à venir au regard de cette transformation des quartiers est. Dans le cadre de cette étude, une réunion provoquée avec les services de l’urbanisme et de l’architecture a permis la production d’un « rapport d’activités architecturales » intitulé : Du Sang-Neuf au 1091. Dans celui-ci, il est rappelé que les abattoirs ont toujours été considérés comme « un ilot de déverrouillage potentiel d’un quartier en déshérence ». Ce document reprend les petites et grandes phases du dossier sur plus de dix ans, de l’étude sur le quartier du cabinet CAB en 2017, à la réflexion sur l’implantation des commodités.
1 • Du Sang-Neuf au 109 Direction Aménagement et Urbanisme - 2018
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2007 - ETUDE CAB ARCHITECTES Plan de quartier avec Le 109 comme pôle économique et/ou pépinière d’entreprises de 40 000m² (Spada étant « la friche culturelle »)
2008 - ETUDE DE FAISABILITÉ NCA
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2009 – 2013 : ETUDE AUBRY GUIGUET C’est sur la base d’un processus de Recherche-Action que le projet fut programmé à tous les sens du terme. Il devait combiner le programme et la réalisation architecturale de l’organisme futur tout en permettant la vie du site au cours de sa reconversion. « Il se définit comme une plate-forme d’éco urbanité, mêlant arts, culture et technologies numériques, mais aussi économie d’entreprise, expression sociale et lieux de vie ouverts sur le quartier ». Il est présenté comme combinant artistique – technologique – loisirs culturels – économique commercial. C’est l’agence Aubry & Guiguet qui produit la programmation. Le programme projeté est de 20 000 m². Par son périmètre d’influence le projet du Sang-Neuf doit « déborder largement du périmètre des abattoirs. Il est en effet destiné à se laisser pénétrer par les trajets naturels du quartier vers le cœur des lieux urbains qui lui seront offerts sur son site, mais il aura également une influence sur les modes d’organisation des projets urbains environnants. L’idéal serait de parvenir à organiser une synergie urbaine avec les différentes « rives » de l’opération, mais aussi d’aider à générer à sa périphérie des projets innovants mettant en œuvre à la fois des logements, des locaux d’activité et des commerces originaux et réellement spécifiques. C’est ce que nous entendons par une nouvelle forme d’éco-urbanité. » Dans ce projet le parvis nord et le parvis sud sont considérés comme deux entrées du site.
LE PROJET SANG NEUF RAPPORT AUBRY-GUIGUET /// LES ENJEUX ET OBJECTIFS
/// LES AXES DU PROGRAMME
/// LES FONCTIONS
• Contribuer au rayonnement de la ville de Nice à l’échelle nationale et internationale
• Une plate-forme d’éco-urbanité, mêlant arts, culture et créativité, mais aussi économie d’entreprise, expression sociale et lieux de vie ouverts sur le quartier
• Culture(S) Lab : Lieu de rencontre, d’échanges et de travail partagé. Lieu de diffusion et d’expérimentation auprès du grand public, il offre un véritable tremplin aux jeunes professionnels (plateaux spectacle vivant, danses, créations urbaines et musicales)»
• Participer à la requalification et au renouvellement de l’entrée ville • Redonner vie à un quartier actuellement inerte • S’appuyer sur la potentialité des espaces et conserver le particularisme des lieux • Initier un processus durable de co-valorisation entre le Paillon et la reconversion des abattoirs • Générer une véritable dynamique créative en prenant appui sur l’innovation et les pratiques croisées • Développer une économie de la créativité ouverte aux entreprises émergentes ou confirmées • Accompagner et capitaliser les rencontres et les échanges intergénérationnels • Permettre une utilisation évènementielle des lieux • Développer une équipe et un cadre juridique ad hoc bénéficiant d’une grande réactivité
• Un lieu de création artistique et d’innovation • Un lieu de production et d’expérimentation en directe avec le public • Un lieu urbain de rencontre ouvert en permanence • Un lieu de vie et d’échanges entre professionnels et grand public • Un lieu porteur et d’accompagnement professionnel
• Creative Lab : Espace de développement et de prospective technologique et entrepreneurial (pépinière, plateaux d’enregistrement et tournage, studio post-production…) • Open Fabrique : Espace de travail des artistes en résidence (ateliers de création ouverts à toutes les disciplines) • Les Modules : Espace de diffusion événementiel, ils offrent des échelles et des typologies variés en prise avec leur usage initial. Réactifs et flexibles, ils s’adapteront aux projets et initiatives publiques ou privées. • Le Forum : Lieu de réflexion et d’interrogation sur les nouvelles pratiques. Il offre un lieu de convivialité et de débats sur des thématiques d’actualités : la ville communicante, les nouvelles technologies, le développement durable, l’urbanité, ... Espace de prestige, il pourra être ouvert aux partenaires et entreprises en prise avec ces thématiques. • Les Extérieurs : Liant indispensable, ils structurent Le 109, ses flux, son rythme en lien étroit avec son environnement proche et lointain (quartier, paillon, collines, vieux Nice…) et participent pleinement à son activité et son attractivité.
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Rapport Aubry - Guiguet 2013
Rapport Aubry - Guiguet 2013
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2014 - ETUDE DE FAISABILITÉ D’UN ESPACE DE DÉVELOPPEMENT ET DE PROSPECTIVE Cette étude a localisé à l’angle de la rue Georges Chapel et du boulevard Jean-Baptiste Vérany une construction de 5 220m² atteignant en pointe R+6
2015 – ETUDE DE FAISABILITÉ D’UN HÔTEL
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2009 - 2018 – RÉALISATIONS ET SPÉCULATIONS Le projet du 109 a débuté avec Didier Faustino et Stefan Shankland un parcours qui aurait dû être « exemplaire » de ce qui a été théorisé par Hubert Tonka et Jean Nouvel autour du principe de la modification architecturale et par Patrick Bouchain avec la maîtrise d’usage. En effet ces deux artistes ont par leurs démarches, des écritures qui interrogent les espaces et les usages, et ils auraient pu nourrir le dispositif de travail engagé. En lieu et place de cela, les urgences de relocalisation (en 2009 comme en 2016) et l’élaboration d’un programme d’ensemble n’ont pas permis la construction d’un projet partagé entre le maître d’ouvrage, les usagers et les publics.
Une entrée pour la halle
Au 109, il est à noter que la maîtrise d’œuvre a toujours été assumée en interne, en l’absence d’un schéma d’orientation. Les localisations et la nature des transformations ont souvent été réalisées sans vision globale. Dans les réalisations nous pouvons identifier trois phases principales : • La première phase en 2009 est bien sûr celle des ateliers de plasticiens qui a permis d’installer la Station avec les ateliers et la salle d’exposition. • La seconde phase est celle de la grande Halle nécessaire aux premières programmations qui a été transformé en ERP en 2011.
Les briques élémentaires d’exposition
• La troisième phase est celle de l’aménagement des ateliers de plasticiens, de l’installation de l’Entrepont et du studio d’Antipodes entre 2016 et 2018. Il est intéressant de noter dans le même temps que de nombreuses esquisses ont pu être produites pour des espaces ou des équipements sans aboutir.
Il est à noter que d’autres implantations ont été imaginées sur le site comme • Le projet de la salle de musique de Panda Event • Le projet de la chambre des métiers avec un centre de séjour pour artisans incluant des formations bijouterie, cuir, mobilier • Le rapatriement du Cirm
Un Wagon-food - 2018
• L’installation de l’Ecole de Condé ou de l’Ecole Design Sustainable • La création de la Fédération du paysage initié par Michel Pena
Contrôle d’accès billeterie - 2018
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PLAN D’OCCUPATION DU SITE, DESCRIPTIF DES ESPACES
LISTE DES ESPACES Afin de parvenir à un approfondissement des études et des usages, il a été mis en œuvre dans le cadre de l’étude une compilation des données qui pourra permettre, dans les mois à venir, de constituer une base d’information pouvant nourrir les futurs travaux. Une fiche de données et d’illustration va donc être réalisée pour chaque espace en concertation avec les usagers sous la conduite du directeur technique et des services de l’urbanisme et de l’architecture. Chaque fiche technique consigne la localisation, l’utilisateur, l’usage, le descriptif technique, l’historique des travaux, les améliorations souhaitables et un plan coté de niveau. Près de 80 sont établies.
MÉMOIRE DES FICHES DESCRIPTIVES D’ESPACES DU 109 ETABLE 3 ANTIPODES STUDIO DE DANSE
DESSUS FRIGO 3 EN ATTENTE EN ATTENTE
LA TRAVERSE MULTIUTILISATEURS ESPACE PUBLIC
ATELIER MÉCANIQUE EN ATTENTE ATELIER CONSTRUCTION (C109 TABLE RONDE)
FRIGOS DE RESSUAGE EN ATTENTE ATELIER / STOCKAGE EN ATTENTE (C109 LOGISTIQUE) BERGERIE EN ATTENTE FRIGO 16 SALLE DE DÉCOUPE MULTIUTILISATEURS EN ATTENTE SALLE DE CONCERT EN ATTENTE HANGAR RESTOS DU COEUR LES BUREAUX ATELIERS HANGAR PLASTICIENS ENTRE-PONT RESTOS DU CŒUR ATELIERS D’ARTISTES BUREAUX A DÉMOLIR RUE ET PLACE INTÉRIEURE MULTIUTILISATEURS ESPACE PUBLIC
SÉCHAGE DES PEAUX EN ATTENTE EN ATTENTE
MAISON DU GARDIEN EN ATTENTE EN ATTENTE
ABATTAGE MOUTONS EN ATTENTE EN ATTENTE
PARVIS CHAPEL MULTIUTILISATEURS ESPACE PULIC / STOCKAGE
ATELIER ENTRE-PONT ATELIER CONSTRUCTION
PARVIS TURIN MULTIUTILISATEURS ESPACE PUBLIC
ABATTAGE EN ATTENTE EN ATTENTE
MAISON DU DIRECTEUR FORUM / SACA / ADMIN 109 BUREAUX
TRIPERIE / CUIR ENTRE-PONT ACCUEIL TRIPERIE / CUIR ENTRE-PONT SALLE INTERNET
HALLE SUD LA STATION HALLE D’EXPOSITION HALLE SUD LA STATION ATELIERS 9 ?
TRIPERIE / CUIR ENTRE-PONT SALLE DE SPECTACLE ETABLES ENTRE-PONT TRIPERIE / CUIR STUDIO DANSE ENTRE-PONT SALLE DE REPETITION ETABLES TRIPERIE / CUIR ENTRE-PONT ENTRE-PONT STUDIO THÉATRE SALLE DE REPETITION TRIPERIE / CUIR ETABLES ENTRE-PONT ANTIPODES CIRCULATION STUDIO DANSE TRIPERIE / CUIR ENTRE-PONT STUDIO 1
CENTRALE ÉLECTRIQUE EN ATTENTE EN ATTENTE
TRIPERIE / CUIR ENTRE-PONT FRIGO 1 STUDIO 2 MULTIUTILISATEURS STOCKAGE
FRIGO 2 FORUM DE L’URBANISME SALLE D’EXPO ET ATELIERS FRIGO 3 FORUM DE L’URBANISME SALLE D’EXPO ET ATELIERS FRIGO 4 CINÉMATHÈQUE STOCKAGE ATRIUM MULTIUTILISATEURS CIRCULATION + ATELIERS
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FICHE DE DONNÉES ET D’ILLUSTRATION lieu �����������������������������������������������������������
ETABLE 3
utilisateur ����������������������������������������������ANTIPODES usage �����������������������������������������
STUDIO DE DANSE
DESCRIPTIF TECHNIQUE Description : Salle de danse et de répétition pour une compagnie en résidence. Accueil de public possible Superficie : 208 m² Une entrée principale donnant sur la cour intérieure, une issue de secours donnant sur la cour parvis Paillon. Capacité d’accueil : Théorique : 370 personnes. Réelle : 60 personnes (Présence d’un lieu d’évolution de 126 m² recouvert de tapis de danse non accessible au public). Catégorie : 3ème catégorie de type L Équipement : Lumière d’ambiance standard. Loges et vestiaires. Toilettes et douches. Sol de danse et tapis de danse. Sonorisation de base. Climatisation et chauffage. Alarme incendie. Contraintes particulières: Présence réduite de public éventuel due à l’occupation d’une grande partie de la salle par une aire d’évolution des danseurs non accessible aux spectateurs. Pas de places assises ou de chaises.
HISTORIQUE DES TRAVAUX 2016 : Désamiantage de tout le bâtiment « Entrepont ateliers » 2017 : • Renforcement des poutres du bâtiment pour réalisation des bureaux à l’étage. • Réalisation des chapes • Changement des fenêtres (double vitrage) • Création des réseaux EU, EP, Electricité et adduction d’eau. • Aménagement des locaux : > Bureaux à l’étage > RDC : -1 salle de danse -1 atelier marionnettes -1 réserve -Réfection complète de l’étanchéité de la toiture « SHED » 2018 : • Transformation du Local réserve en salle de danse pour « Antipodes » > Création de vestiaires > Création de douches et WC (PMR) > Création des réseaux électriques éclairage et incendie > Installation d’un système de chauffage/climatisation et d’une VMC Améliorations souhaitables : • Accès depuis la cour en faisant évoluer la barrière Plan de Niveau
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LE 109, OCCUPATION DU NIVEAU REZ-DE-CHAUSSÉE
Atelier mécanique Atelier construction (c109 table ronde) En attente Hangar / restos du cœur Atelier / stockage A démolir (c109 logistique) Bergerie A démolir A démolir
Étables Abattage Entre-pont En attente En attente Studio de danse Atelier Entre-pont Atelier construction
Étables Atrium Multiutilisateurs Entre-pont Studio théâtre Circulation + ateliers
Maison du directeur Forum / Saca / Admin 109 Bureaux
Étables Centrale électrique Antipodes En attente Studio de danse En attente
Rue et place intérieure Multiutilisateurs Espace public Parvis Turin Multiutilisateurs Espace public
Parvis chapel Multiutilisateurs Espace public Maison du gardien En attente En attente Triperie / cuir Entre-pont Accueil
Triperie / cuir Entre-pont Studio 2
Triperie / cuir Entre-pont Triperie / cuir Entre-pont Salle de spectacle Salle de répétition
Triperie / cuir Triperie / cuir Triperie / cuir Entre-pont Entre-pont Entre-pont Studio 1 Salle de répétition Circulation
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La halle Multiutilisateurs Expositions et événements Frigo 2 Frigo 16 Forum de l’urbanisme Multiutilisateurs Salle d’expo et ateliers Salle ce concert Triperie / cuir Halle sud La traverse Frigo 3 Frigo 1 Forum de l’urbanisme Multiutilisateurs Entre-pont La station Multiutilisateurs Salle d’expo et ateliers Stockage Salle internet Ateliers Espace public Halle sud La station Salle d’exposition
LE 109, OCCUPATION R1 ET R2
Abattage moutons Séchage des peaux En attente En attente En attente En attente
Salle de découpe En attente En attente
Ateliers Entre-pont Bureaux
Frigos de ressuage En attente En attente
Dessus frigo 3 / 4 En attente En attente
Les bureaux Plasticiens Ateliers d’artistes
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BUDGET DES TRAVAUX RÉALISÉS Année
Total
Principaux travaux réalisés
2009-2010
291 000 €
Aménagement de La Station
2011
378 722 €
Travaux et entretien : Menuiserie,Maçonnerie, plomberie, Electricité Lancement d’un AMO
2012
81 715 €
Travaux et entretien : Menuiserie,Maçonnerie, plomberie, Electricité Fin AMO
2013
69 726 €
Travaux et entretien : Menuiserie,Maçonnerie, plomberie, Electricité
2014
259 190 €
Electricité, alarme incendie, étanchéité
2015
1 794 008 €
Plasticiens : créations des Ateliers, création terrasse (étanchéité) Entrepont Spectacles : création de la salle de spectacle, salle de danse, salles de classe,etc)
977 835 €
Travaux Atrium Travaux plasticiens (atelier 27,labo photo, corniches) Travaux villa nord (arrivée SACA et forum urbanisme) Travaux entrepont Spectacles (fin de travaux: sécu incendie etc.) Travaux entrepont Ateliers Phase 1(désamiantage, renforcements planchers) Travaux traverse ( aménagement bureaux entrepont provisoires) Travaux Entree Sud ( mise en place contrôle d’accès) Travaux Botox : Création d’un nouveau bureau Travaux extérieurs : installation tranformateur EdF - 2 tarifs jaunes Entretien : purges corniches, pose pics anti-pigeons,dépose chaudière
727 292 €
Travaux Entrepont Atelier Phase 2 ( bureaux,salle de danse, atelier marionnettes) Travaux installation salles d’expositions Forum Urbanisme dans frigos 2 et 3: - Ouvertures en façade - Electricité, chauffage, climatisation Travaux antipodes phase ( salle de danse) Travaux Traverse : Désamiantage Mise Hors d’eau local «ex-bergerie» pour stockage Travaux de mise en accessibilité (rampes PMR, places de parking PMR,etc
216 201 €
Travaux antipodes phase 2 (fin de travaux salle de danse) Etanchéité (terrasse atelier 27, entrepont spectacle(10%)) Installation climatisation 1er etage Villa Nord et guérite entrée Nord Création d’un réseau visiophone IP (entée Sud vers divers associations) Réfection conduite principale «eau municipale» cour intérieure Réfection réseau «eau municipale» grande Halle
4 795 690 €
2016
2017
2018
TOTAL
Les 4,8M€ investis ont permis de traiter quelques 8 000m² d’usages en espaces recevant du public, en bureaux, en ateliers de travail et en stockage, soit 500€ le m².
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PAYSAGE ACTUEL DE LA PROGRAMMATION DU 109
LES ACTEURS RÉSIDENTS PERMANENTS Plusieurs acteurs se sont implantés sur le site avec des capacités d’accueil liés à leurs projets. Dans cette catégorie d’acteurs résidents il est difficile d’identifier l’unité du résident par le fait qu’il ait signé une convention avec la Ville. Avant d’avancer sur la nomenclature qui pourrait ce dessiner pour cette nouvelle phase du projet nous avons identifié 6 structures résiedentes, et le groupe des plasticiens : • La Station, la dizaine de plasticiens qui la composent, les expositions et événements publics qu’elle produit • L’Entre-Pont et les quatre structures qui la composent avec ses accueils en résidence et les événements publics que l’association accueille ou produit. • Le Forum de l’architecture et de l’urbanisme, un service municipal produisant 6 à 8 expositions par an des ateliers et des rencontres. • La Compagnie Antipodes qui gère un lieu de travail dans lequel elle réalise des accueils de publics en formation et des compagnies en production. • Le Syndicat des architectes qui possède un bureau et réalise deux à trois événements par an. • Botoxs qui a son siège sur le site.
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LA STATION La Station a été fondée en 1996 par Cédric Teisseire1, Florence Forterre2 et Pascal Broccolichi3 rejoints, peu à peu, par une dizaine d’autres plasticiens4. Elle soutient et diffuse la vie culturelle et artistique contemporaine à Nice par tous les moyens et dans toutes les formes que celle-ci revêt. Elle vise à montrer ce qui se fait dans cette ville, et à attirer d’ailleurs, de France et d’Europe, des pratiques très contemporaines de l’art. Elle a pour but notamment d’aider les artistes et de participer au développement, à la promotion et à la diffusion de leurs activités. Cette dynamique permet l’éclosion de recherches dans des conditions réelles et professionnelles d’exposition ou de production. « C’est dans une volonté de proposer un maillon supplémentaire reliant au plus près les artistes, les institutions, les centres d’art, les galeries et le public que La Station trouve sa pertinence, en tentant d’apporter une valeur ajoutée à un panorama culturel existant. Une attention particulière est également portée sur des pratiques connexes aux arts visuels, par la programmation d’événements ponctuels tels que des lectures, des concerts, des projections vidéo, des écoutes sonores, des performances… Cela produit le double avantage d’ouvrir et de nourrir les champs d’investigations de La Station par des influences extérieures, pointant ainsi des processus de création communs et de toucher un public plus large afin d’obtenir une grande ouverture des genres et un croisement des audiences.5 » La Station a été l’une des premières associations de plasticiens en France, à trouver avec des acteurs disposant de fonciers disponibles, des accords de mise à disposition, permettant le travail quotidien de plasticiens. Avant de s’installer aux Abattoirs, elle a changé 4 fois de locaux. 1 • « La peinture continue à opposer certaines résistances, ce qui m’a donné, il y a quelques années, l’intuition qu’elle avait encore des ressources. L’idée de commettre des infractions m’a paru une source d’investigation assez large pour me servir de ses nomenclatures comme d’un outil, mais pas dans un sens idéologique d’un bouleversement de ses éléments constituants ni d’une dénégation de ses bases historiques. Il s’agit juste d’une transgression opérée sur les principes du minimalisme, du pop art, de l’abstraction par exemple... ou aussi sur des éléments de la sculpture, de l’installation... comme étant des matières manipulables dans leur mixité. » Cédric Teisseire - 1998 2 • Florence Forterre dirige désormais l’Association Del’art qui s’adresse à la fois aux artistes, aux professionnels de l’art, aux porteurs de projets culturels, aux particuliers et aux entreprises. Programmation, édition, conseil, formation professionnelle, éducation artistique. Avec un intérêt marqué pour l’art dans l’espace public. L’association gère le Narcissio, nouvel espace d’art contemporain à Nice : expositions, évènements, librairie. 3 • Pascal Broccolichi a été coorganisateur de La Station de 1996 à 1999. Il est professeur des Écoles Nationales Supérieures d’Art à la Villa Arson dans le département son. Il explore les phénomènes de l’écoute sous de multiples formes. Une étude détaillée de l’œuvre de Pascal Broccolichi est développée par Thierry Davila dans sa dernière monographie « Cartographie de l’inouï » publiée aux presses du réel. 4 • Jean-Robert Cuttaïa, Natacha Lesueur, Maxime Matray, Marc Chevalier, Aïcha Hamu, Stéphane Steiner, Jean Baptiste Ganne, Arnaud Maguet, Ingrid Luche et Olivier Imfeld 5 • http://www.lastation.org/ 6 • Les autres membres de l’association Starter sont Jean-Baptiste Ganne, Nathalie Lavarenne, Justin Sanchez. 7 • La Station – Musée Moderne de Nice - 2000 8 • Enrico Pedrini 1940 - 2012 était un universitaire, un théoricien et un collectionneur d’art conceptuel. Il a également enseigné l’épistémologie en Italie.
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« L’égosystème », 10 ans de La Station au Confort Moderne (Poitiers)
Le bureau de l’association Starter qui l’anime, est composé de Ian Simms, président et professeur à l’école d’art de Toulon, Cédric Teisseire, plasticien, vice-président, Nicolas Guillaume développeur web, engagé dans des organisations non gouvernementales, Christine Lidon, musicienne, auteur, et membre du Conseil d’Administration de la Sacem et de Gaëtane et Roland Botrel collectionneurs, dont la caractéristique est d’acheter là où ils ont vu l’œuvre. « Si les institutions ne sont pas dans l’association6, c’est que nous n’y avons jamais pensé et souhaitons une réelle indépendance » déclare Cédric Teisseire.
En 2000, alors qu’ils sont résidents sur un site au numéro 26 du boulevard Gambetta, les artistes de la Station furent invités à produire une exposition au Musée d’Art Moderne de Nice par Gilbert Perlein, son conservateur. Dans le catalogue7, Enrico Perdini8 explique la Station « comme agrégation dynamique de communication et implication politique de solidarité opérative ». Il décrit les artistes de la Station comme « porteurs d’une exigence relationnelle dépassant les possibilités de l’œuvre elle-même, pour atteindre un processus créatif capable de construire d’autres procédés par d’autres procédés pour de nouveaux rapports sociaux ». Il considère en conclusion de son texte que « la Station veut en définitive se proposer comme possibilité d’affirmer encore la présence d’un endroit, d’un espace d’amitié, capable de réunir soit des langages, soit des expériences créatives ? »
LA STATION Quelques années plus tard en 2006, ils seront invités à fêter leur dixième anniversaire à Poitiers, au Confort Moderne, l’un des lieux phares des cultures alternatives, avec une exposition dénommée « l’égosystème1 » que Cédric Teisseire définit comme « un groupe de communautés biologiques qui se partagent un milieu physique. Cet ensemble formé par une association d’êtres vivants constitue un réseau d’interdépendances et de connexions permettant les échanges, le maintien et le développement de la vie. Ainsi, cette unité fonctionnelle évolue en permanence au travers des flux et des déplacements, grâce à une grande capacité d’adaptation tout en modifiant notablement le milieu qui l’accueille ».
« La Station est proche de Lieu Commun à Toulouse, du CCNOA2 à Bruxelles, de Glass Box à Paris ou du Confort de Poitiers »3. Dans le principe de résidence permanente des plasticiens, « chaque arrivée et chaque départ connotent le projet et le font évoluer. La Station travaille sans cesse l’adaptation au temps et au lieu. Ici, les artistes sont acteurs de leurs structures. C’est un choix. On peut avoir une existence de marchandise, une existence institutionnelle ou une existence autonome. La station n’est pas un centre d’art. La station n’est pas un squat. La station est un lieu où l’on réfléchit. La station est un lieu autogéré qui regroupe des artistes aux parcours très différents qui génèrent les orientations et les programmations. A un moment il y a eu beaucoup de poésie par exemple. L’initiative du Clou, qui permettait des propositions artistiques dans le passage du 109, est une proposition de Julien Bouillon5 alors qu’il était en résidence4».
En aout 2008, le maire de Nice, Christian Estrosi annonce que la bâtisse de la rue Molière mise à disposition de La Station est destinée à accueillir la nouvelle maison Alzheimer de la Fondation Claude Pompidou. Il indique qu’un site transitoire, dans les locaux du CHU au Cantaron, va leur être attribué avant une nouvelle implantation plus structurelle. Il déclare alors : « Pourquoi en ce début de 21ème siècle, à partir de ce modèle que constitue la Station ne serions-nous pas capable de bâtir un grand nouveau lieu de référence pour tous ces intellectuels, ces artistes, tous ces écrivains qui dans le bassin Méditerranéen sont à la recherche d’un grand lieu d’exception.6 » Quelques jours plus tard, le 19 septembre 2008, le Maire annoncera que le lieu d’accueil de la Station sera les Abattoirs qui dans leur globalité seront dédiés à un projet culturel. En 2009, La Station devient donc le premier résident artistique en investissant les 1000m² des Abattoirs divisés en sept ateliers7, deux studios (pour 650m²) et des espaces d’exposition « Les Frigos » (pour 350m²). Une douzaine d’artistes y travaillent depuis en tant qu’artistes résidents8. Les artistes permanents n’ont pas de durée de résidence, mais ils signent une charte. Ils ne payent pas de loyers mais font des apports en industrie, pour le bon fonctionnement de l’association et travaillent ainsi « une solidarité opérative ». Ces artistes résidents s’interdisent toute exposition in situ. Dans un atelier double, la Station accueille également des résidents qui changent régulièrement, dont de jeunes artistes issus de la Villa Arson. Une indemnité de 3500€ leur est versée et un appartement est mis à disposition, pour les 6 mois de leur accueil. La Station confirme avec son implantation aux Abattoirs être « une plateforme professionnelle permettant aux artistes émergents d’être visibles, fonctionnant sur sa propre économie par la mise en commun des compétences de ses protagonistes. La Station offre ainsi des espaces d’ateliers où les artistes-résidents trouvent un lieu de production favorisant la maturation, l’autonomie et l’identité de leur travail personnel. Les conditions proposées à La Station évitent un isolement et un repli sur soi. A contrario, elles permettent de s’inscrire dans une dynamique de groupe tout en préservant les prérogatives des recherches personnelles de chacun. »
1 • « L’égosystème » - 10 ans de La Station au Confort Moderne - 2006 2 • Center for contemporary non-objective art 3 • Cédric Teisseire le 04.09.2018 4 • Cédric Teisseire le 04.09.2018 5 • Julien Bouillon est un artiste contemporain français, né en 1971 à Forcalquier. Il vit et travaille à Nice. Julien Bouillon a travaillé ces dernières années à détourner un certain nombre de formats standard (tableaux, magazines, etc.) pour produire des objets spécifiques. 6 • La Station déménage - webtvnice.com - 16.08.2008 7 • Un atelier fait en moyenne 40m² 8 • Karim Badi, Arnaud Biais, Jean-Baptiste Ganne, Tom Giamperi, Alexandra Guillot, Christine Lidon, Ludovic Lignon, Cédric Teisseire, Omar Rodriguez Sanmartin, Justin Sanchez, Tom Barbagli, Agathe Wiesner.
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LA STATION « UN ATELIER EST UN ÉLÉMENT FONDATEUR POUR UN ARTISTE. »
Le bilan1 des 10 ans d’activités de la Station au 109 permet de mettre en évidence que plus de cinq-cent artistes ont participé au développement du projet, avec parmi eux quarante qui ont nourri le projet en bénéficiant d’une résidence longue en atelier. Quarante-deux expositions ont été réalisées et cinquante-neuf concerts, conférences, lectures, projections… ont été produits et coproduits avec des structures comme Héliotrope, Panda, La Villa Arson, L’Eclat, Il était un truc, Ovni…
La Station est projet singulier qui permet à des artistes de bénéficier d’un lieu de travail permanent, socialisant leurs démarches artistiques en permettant de s’interroger sur leur place dans notre société. Elle n’est pas ni un phalanstère, ni une galerie, ni un centre d’art, elle est une friche artistique, un tiers lieu qui produit des expositions, produit des espaces de travail, produit des démarches de médiation. Sa caractéristique soulignée par Eva Vautier est d’être « fabriquée et gérée par des artistes. Il y a une sensibilité fragile à cultiver, à protéger »2.
La Station réalise 80% de son activité aux Abattoirs et 20% à l’extérieur dans des structures invitantes en France ou à l’étranger. L’association qui a connu sa première salariée en 2009 avec Pauline Thyss dans le cadre d’un poste d’Agent de Développement Artistique et Culturel financé par le Conseil Régional, avait pu développer à trois salariés son équipe de production, mais a été obligée de réduire ses couts de fonctionnement et n’a donc à ce jour qu’une unique salariée, Donia Ben Mohamedia, en tant qu’administratrice.
Le budget 2018 de La Station est de 124 000€ avec • Le Ministère de la Culture : 48 500 €
( Fonctionnement : 20 000 € + résidences temporaires : 18 500 € + actions pédagogiques : 10 000 € )
• La Région PAC : 20 000 € • La Ville de Nic : 14 000 € • Le Département des Alpes Maritime : 9 000€
(Fonctionnement : 5 000 € + actions pédagogiques : 1 000 € + aide exceptionnelle à l’expo : 3 000 € )
• ASP Emploi aidé : 4 000 € • Fonds propres : 28 500 €
1 • La Station – Artist-run space – 2009>2018 2 • Eva Vautier le 24.01.2019
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(cotisations, prestations, vente, buvette…) + Contribution volontaire en nature : 20 500 €
LA STATION Douze artistes constituent la base de la permanence aujourd’hui, auxquels s’ajoutent les 2 résidences temporaires anuelles de 4 mois chacunes. Deux générations d’artistes y sont résidents, les cinquantenaires et les trentenaires : Karim Badi est résident à la Station depuis 2006. Il est l’un des pionniers de « La haute-fidélité en direct » avec le groupe musical les Dum Dum Boys qui a donné des concerts dès les premières implantations de La Station à la fin des années 90. Il dispose aujourd’hui d’un studio in situ à partir duquel il développe des écritures croisées, témoignant de porosité entres les arts plastiques et la musique.
« Cédric Teisseire est connu pour ses tableaux composés de lignes colorées qui tombent en ligne droite et qui forment comme des rideaux improbables jetés sur la grande cuisine du visible dont on s’attend à découvrir en général sur un tableau tel ou tel aspect. D’une certaine manière, ces toiles nous laissent en effet à la porte du visible en nous barrant le regard et en décevant notre attente. Mais, dans le même temps, elles nous offrent une « image » particulière, celle de cette déception même ».1
Jean-Baptiste Ganne est enseignant depuis quelques années à la Villa Arson, dont il a été étudiant après avoir suivi celle de la photographie d’Arles. En 2006, il a initié à la Station, El Albergue Holandés, un projet ou « une lampe rouge lisait l’ensemble du Quijote de Cervantès en code morse ». La lecture de l’œuvre durera environ quarante jours. Depuis 2009, il a intégré la Station avec une implication très forte dans le lieu.
Omar Rodriguez Sanmartin est un jeune diplômé de la Villa Arson arrivé en 2017. Il propose un travail de sculpture et d’installation fondées sur des accouplements et des combinaisons formant des agencements insolites, des configurations inédites mais finalement très familières. Il est un artiste de la galerie Vautier.
Christine Lidon est une auteur compositeur musicienne qui s’est réinstallée à Nice en 2007. Elle a contribué aux propositions musicales de la Station. Son studio de travail est localisé dans la Station depuis plus de dix ans, d’où elle exerce son travail de création et le travail de production qu’elle a initié avec son label Niceprod qui produit le jeune rappeur Sean. Elle a un label. Elle mène un important travail d’activités pédagogiques avec les scolaires. Elle est membre de la Sacem
Justin Sanchez mène un travail axé sur la littérature, le cinéma et les histoires de vie. « Ses œuvres recèlent, derrière la forme, un récit, une aventure, une expérience. Ses installations sont caractérisées par quelques constantes formelles et thématiques qui en constituent les mutiques obsessions. La couleur noire vient souvent y contrecarrer une apparente naïveté Réciproquement, le désenchantement est volontiers tempéré par des accès d’optimisme »2. Il a intégré La Station en 2016.
Ludovic Lignon est un artiste formé à la Villa Arson. Son parcours atypique a été exposé en 1997 par la Station. Son travail porte sur la lumière et le hasard. Il a proposé une exposition à la Station en 2006 en écho à l’expo de 1997. Il s’est intégré à l’association en 2009.
Tom Barbagli, résident à La Station depuis 2017, a eu une formation de designer qu’il a choisi d’inscrire dans un parcours artistique. Il explore ainsi les limites entre le monde du design et le monde de l’art pour les supprimer. « Il se livre à des expérimentations singulières, déviant les lois de la physique par autant de matériaux utilitaires, que de matières naturelles. »
Tom Giampieri est un jeune peintre diplômé de la villa Arson en 2016. Il travaille dans sa pratique picturale le pigment en s’interrogant sur « comment créer de la couleur ». La galerie Espace à vendre a produit une exposition en 2019 « Précipité », dans laquelle il a expérimenté une nouvelle recherche axée sur l’action de bactéries issues de boues rouges.
Agathe Wiesner, diplomée de la Villa Arson en 2016, mène un travail sur l’image et la fiction dans des combinaisons d’images. Elle fait des installations et projections. Elle a participé à l’exposition « avis de grand frais » produite par La Station dans le centre d’art de Cannes
Arnaud Biais diplômé de la Villa Arson en 2016, travaille sur la récupération dans ses sculptures, peintures et dessins. Il détourne les matériaux, joue avec le feu et mène beaucoup d’expérimentation. Entre sculptures trouvées, toutes faites, et sculptures aidées, voire arrangées, il traite de « la burlesque d’objets ».
Anne Laure Wuillai est arrivée à La Station en 2018, après avoir suivi les BeauxArts de Paris. Elle réalise des installations et des sculptures qui expriment son travail sur les éléments naturels comme le bois, la pierre, le liquide. Elle mène un travail conceptuel sur la nature.
1 • Jean-Louis Poitevin – 2008 In www.lacritique.org 2 • Cédric Schönwald in www.documentsdartistes.org
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LA STATION La Station – Run Space
Actions éducatives en direction des publics3
Les Artist run spaces qui ont émergé un peu
Lieu de travail et lieu d’exposition, La Station est
partout dans le monde, attestent de la grande
également un outil de médiation qui « accueille
capacité des artistes à inventer leur propre
régulièrement des visites pédagogiques dont le
économie dans des lieux qui, à l’ombre des
niveau s’étend des moyennes et grandes sections
méga-fondations privées, des galeries
de maternelle jusqu’aux étudiants en
mainstream et des structures muséales,
enseignement supérieur des arts plastiques,
fabriquent et/ou exposent de l’art typiquement
en passant par les collèges et les lycées
contemporain. Ainsi que le déclarent les auteurs
spécialisés en arts plastiques.
d’Artist-Run Spaces : Non Profit Collective
Par le biais de la découverte d’un lieu d’art,
Organizations in the 1960s & 1970s1, « pour
l’enfant apprend à se comporter de manière
définir ce modèle, on peut parler d’une « culture
adéquate (ne pas parler fort, ne pas toucher
de l’auto-organisation collective dans l’art
les œuvres, ne pas courir dans l’exposition…)
contemporain », basée sur les relations sociales,
tout en développant ses capacités sensibles
l’interaction et la participation. « Il s’agit là de
et intellectuelles.
structures permettant aux artistes d’organiser et de contrôler, par des outils technologiques et des dispositifs collaboratifs, leur production, diffusion, commentaire, circulation internationale. Apparues au milieu des années 1960 en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et en Australie, ces organisations collectives à but non
formulant pas un concept, cela peut cependant s’apparaître comme tel puisqu’il s’agit également, de prendre le contre-pied de la pratique curatoriale qui réunît pour travestir. Ce n’est ni le français, commissaire, ni l’anglais,
que l’on ne peut confondre avec l’expression du manque. La notion de « travail » est si nuisible dans la mise en ordre politico-économique qu’elle contamine le vocabulaire de l’art même. Pourtant, si l’on s’en retourne au W, la notion physique de Travail (Work), comme mesure
Pour les plus grands, c’est un moyen de
du déplacement d’un objet, on arrive très
questionner le monde, et d’approcher de manière
exactement à la question de ce que c’est que
concrète une histoire de l’art trop souvent
d’organiser une exposition, le désir de déplacer
cantonnée aux livres et aux musées.
des objets et de mesurer ce qu’il advient
que la capacité à créer des réseaux
l’accent sur les conditions de leur réalisation :
internationaux ou à redéfinir la relation entre l’art
expliquer comment une idée devient un tableau,
et le public. Chacun s’implique dans
une photographie, une sculpture… une étape
l’organisation d’un « commun » qui repose sur un
essentielle à la compréhension de ce qu’est
mode de fonctionnement non hiérarchique et des
une œuvre d’art.
lorsqu’ils se trouvent dans un même espace à un même moment […]4
En tant qu’association, La Station n’oublie pas son rôle social, et favorise les liens de proximité :
Ces structures se constituent donc comme
ainsi, les élèves de l’école Bon-Voyage, de
formes spécifiques de l’art et comme activité
Pasteur et du lycée Apollinaire ont été reçus à
collective de production, promotion, aide et vente,
plusieurs reprises. Conséquence : les enfants
dont les logiques de création sont susceptibles de
invitent leurs parents à revenir à La Station, et
contribuer à l’émergence de nouveaux
créent à leur tour du lien socio-culturel… »
production pour l’art.
où dire la contradiction et la complexité. Cela ne
son corps et des objets dans l’espace…
et conceptuelle des œuvres présentées, met ici
spaces démontrent de nouvelles formes de
bâtir un lieu, précisément l’espace d’exposition,
accompagne le mouvement des activités, un désir
communication sont des points forts, de même
nouvelles formes de citoyenneté. Les Artist run
de mettre en place un espace de possibilités, de
couleurs, des formes, prise de conscience de
La médiation, si elle n’élude pas la part théorique
environnements, de nouveaux outils et de
pour construire du discours. Mais il y a un désir
doit ici se comprendre comme la dynamo qui
discours, la forme et les modes de
qu’esthétiques, politiques ou artistiques. »2
de concept qui artificiellement lierait des objets
capacités cognitives : reconnaissance des
tableau, une sculpture, une vidéo, un dessin…
positions collectives fortes, tant éthiques
association regroupant des artistes. Il n’y a pas
du désir de déplacer et de l’envie de voir. Le désir
et d’expérimentation communs entre artistes
organisation collaborative autogérée. Maîtriser le
et ce, essentiellement parce qu’il s’agit d’une
exercices visuels, il exerce également ses
plastique lui sont également inculquées : un
l’artiste s’inscrivant dès lors dans une
curatoriale mais sur une rencontre des pratiques,
curateur, qui définissent cette activité qui relève
une idée simple : créer des espaces d’échange
donc au-delà de l’acte individuel de création,
expositions basées non sur une directive
sa sensibilité propre. Par le biais de petits
Des notions élémentaires de vocabulaire
du marché de l’art. L’enjeu de ces structures va
à Nice depuis 1996 a toujours organisé des
En exprimant ses sensations, l’enfant découvre
lucratif fondées par des artistes reposent sur
d’avant-garde, situés en marge des institutions et
[…] La Station, structure associative installée
1 • Gabriele Detterer, Christophe Cherix, AA Bronson, Maurizio Nannucci, Artist-Run Spaces: Non Profit Collective Oraganizations in the 1960s & 1970s - JRP/ Ringier - 2013 2 • Artist run spaces : nouvelles formes de production pour l’art ? IVe Rencontres Internationales de l’Art et du Design – Reims - 24 octobre 2013 3 • Bilan des actions éducatives en direction des publics (vol1 & vol2 ) – La Station – 2009 – 2018 4 • Jean-Baptiste Ganne. Extrait in cat. « El albergue holandèse » Exposition en 2006 5 • www.lastation.org/exposition/ecotone 6 • www.lastation.org/exposition/laboratorium 7 • Jean-Luc Verna, né en 1966 à Nice, a été formé à la Villa Arson à Nice et y suit notamment l’enseignement de Noël Dolla. Il est un artiste polymorphe, sa pratique incluant également la photographie, la sculpture, ou encore la performance, et formant un ensemble cohérent « autour du corps, de son propre corps, piercé et maquillé. Il réalisa ce soir-là le trio d’artistes-musiciens-chanteurs-bruiteurs-programmateurs-performeurs, « I Apologize ».
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LA STATION
FOCUS SUR TROIS PROJETS
Pour Cédric Teisseire, « les expos les plus marquantes sont celles où les artistes ont produit un travail in situ, expérimental et réalisé spécifiquement en dialogue avec le lieu où le projet d’artist run space de La Station ». « Le premier focus je le porte sur la première exposition aux abattoirs, « Ecotone5 », en 2009. Je dois commencer par décrypter ce titre. L’écotone est ce secteur de transition entre deux communautés écologiques adjacentes, sorte d’espace commun au sauvage et au domestique. Le terme vient des mots grecs oikos (maison / milieu de vie) et tonos (tonalité / tension), un endroit donc où les écologies sont dans la tension. Trivialement, c’est par exemple le lieu où le randonneur égaré se retrouve face au cougar affamé ! En fait, nous avons réalisé une double exposition (monographique et collective) dont le titre et le postulat marquaient exactement le changement de destination de cet ancien lieu de travail, reprenant vie et activités grâce à des artistes via leur création autour d’un monde animal large et transfiguré. Cette expo a eu un gros succès mêlant la curiosité à propos du lieu et le foisonnement et l’originalité des œuvres.
Mon deuxième focus est « Laboratorium6 », en 2010, une exposition très atypique, foisonnante et expérimentale dans son format dont l’élaboration mêlait l’installation, le spectacle vivant, la performance et un concert de Jean-Luc Verna7 dans l’installation le soir du vernissage, le tout faisant étant un décor labyrinthique d’un tournage « foutraque ». Il y a eu un très gros succès avec près de 800 personnes et une jubilation du public. Cette exposition avait été proposée par un des résidents de l’époque, Paul Chazal8, maintenant installé à Bruxelles.
FOCUS SUR DEUX PARCOURS SINGULIERS DE PLASTICIENS ACCUEILLIS À LA STATION
« David Raffini14 et Florian Pugnaire15 ont été résidents à La Station de 2009 à 2016. Les ateliers et les possibilités de production de La Station leur ont permis de réaliser et développer leurs sculptures et films en un temps relativement court au vu des ambitions de leurs productions. Vivien Roubaud16, artiste en résidence de 2011 juste après son diplôme à la Villa, jusqu’en 2016, a pu développer ses recherches de façon optimale à La Station et présenté son travail qui trouva rapidement un écho auprès de centres d’art et de galeries. Tous les 3 sont partis en 2016 créer à Bruxelles des ateliers communs dans un bâtiment de 1200 m2 qu’ils louent à 6.» « On voulait faire le chaînon manquant » Cédric Teisseire - La Station
8 • Paul Chazal construit de la dimension à coup de crayon. « Ses tracés en traits et en pointillés ne seraient qu’un plan si n’intervenaient pas ici des objets incongrus, là des signes du temps, ici encore des débordements... construit de la dimension à coup de crayon. Ses tracés en traits et en pointillés ne seraient qu’un plan si n’intervenaient pas ici des objets incongrus, là des signes du temps, ici encore des débordements... » Strada février 2012. 9 • www.lastation.org/exposition/flux-tendu/ 10 • Delphine Reist (1970) présente dans ses expositions toutes sortes de choses qui s’animent toutes seules comme des voitures ou des outils, des éviers transformés en fontaines, des chaises de bureau ou des drapeaux qui tournent sur eux-mêmes. Ce ne sont pas des images d’autres choses et, de ce fait, il s’agit d’une forme d’art concret. (V. Pecoil) 11 • www.lastation.org/exposition/dominique-ghesquiereeditions-p/
Mon troisième focus sera sur « Flux Tendu9 », en 2016, une exposition avec 2 artistes vivant en Suisse, Delphine Reist10 et Laurent Faulon11. Ils se sont servis du cheminement des rails au plafond pour suspendre leurs œuvres, aucune ne touchait le sol sauf 2 pieds de cochons aussi suspendus et animés par un système qui aléatoirement se mettait en marche et faisait toucher les sabots au sol produisant un son de pas. Une expo très réussie et riche visuellement, le dialogue artistique fonctionnait très bien entre les artistes et le lieu. J’ai envie de rajouter un bonus12 avec la double exposition réalisée en 2010. D’une part la première monographie de Dominique Ghesquière13 à Nice avec toutes les pièces de l’expo spécifiquement conçues par l’artiste pour ce projet et produites par La Station, et d’autre part le déploiement de toutes les productions du catalogue d’artistes de la maison d’édition P déployés, très diverses et riches. »
14 • Diplômé de la Villa Arson à Nice, David Raffini réalise, souvent en duo, avec son complice Florian Pugnaire, des installations qui mêlent différents matériaux mais aussi de grandes toiles qui semblent moins les supports d’une peinture que de véritables objets et de véritables présences.
12• Laurent Faulon développe un art d’interventions, le plus souvent éphémères et fortement contextualisées. En une vingtaine d’années, son travail s’est déplacé de la performance à la sculpture. Concevant souvent des œuvres qui entrent en résonance avec les caractéristiques architecturales, politiques, économiques ou sociales des lieux qui les accueillent, ces derniers constituent le point de départ de sa réflexion. Sa pratique est basée sur l’analyse des conditions de production et d’exposition, et cherche à en reconfigurer les enjeux.
15 • Florian Pugnaire porte une attention particulière à la notion d’atelier comme lieu de la pratique, mais aussi comme lieu de fiction, un entre-deux où la finalité du travail n’est pas encore définie et où tout peut encore être inventé ou modifié. À travers une pratique personnelle ou collaborative (avec David Raffini), il manifeste un intérêt pour le processus de fabrication et de création, et situe son travail dans un espace intermédiaire entre l’atelier et le lieu de l’exposition.
13• Les œuvres de Dominique Ghesquière ont affaire avec l’histoire, les histoires, petites et grandes. On pourrait même dire qu’elles en tricotent au point de faire basculer notre sens de la mémoire, faillir nos repères spatio-temporels. La mémoire et l’histoire sont deux choses distinctes, la mémoire étant un phénomène d’apparition perpétuelle dans un éternel présent, alors que l ‘histoire serait une représentation du passé, si l’on en croit Pierre Nora. La première prend racines dans le concret, les espaces, les gestes, les objets, tandis que l’histoire est toujours une production intellectuelle a posteriori relative. Les objets que Dominique Ghesquière fabrique appartiennent au quotidien.
16 • Vivien Roubaud se définit lui-même comme un « bricoleur généraliste » : il sélectionne et prélève des produits mis au rebut, puis les répare, les combine, les hybride, de manière à obtenir des machines « a-productives », mais qui pourtant s’animent encore grâce aux protocoles techniques qui ont permis leur création. La dysfonction est ici force créative, les technologies sont déconstruites pour devenir techné, média : des pièces issues de frigidaires et de climatiseurs produisent une sculpture de glace ; une imprimante démembrée trace sur le sol, déconstruit la mise en page, change ses référentiels ; un fil électrique fou, dansant dans l’espace, anime un tas de néons d’enseignes … Des œuvres frénétiques, qui trouvent leur « équilibre dans la catastrophe
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L’ENTRE-PONT L’Entre-pont est un lieu pluridisciplinaire pour la création contemporaine : théâtre, danse, marionnette, cirque, arts de la rue, arts numériques... Il est géré par quatre structures associatives : Diva-Le Hublot avec Frederic Alemany, la Cie Le Grain de Sable avec Nicole Enouf et Jacques Laurent, la Cie/TranS/ avec Laurence Marthouret et le Théâtre de la Massue, avec Ezéchiel Garcia Romeu. Il a été créé en 2011, alors que ces associations étaient encore implantées dans la Halle Spada qu’elles ont occupées de 2007 à 2017. Avec son déménagement en 2016-2017 de la Halle Spada au 109, l’Entre-Pont a pu disposer, de salles de répétitions, d’un atelier de construction, d’un espace numérique, d’un studio lab, de bureaux, et d’un vaste espace extérieur.
L’Entre-pont se déclare être un lieu pour les artistes, un lieu de réflexion, un lieu pour les publics. « L’objectif du lieu est de développer, structurer et promouvoir la création locale. Pour cela, L’Entre-Pont accueille en résidence différents projets de création locaux et nationaux et s’attache à développer le maillage culturel régional et national. L’Entre-Pont met ses locaux à disposition d’artistes, moyennant une adhésion à l’association. Cet accueil en résidence simple est destiné à des équipes artistiques professionnelles dans le cadre de la réalisation d’un projet de création. »1 « La base de notre projet est d’être structurée pour avoir un lieu dédié au travail des artistes mais il ne s’agit pas seulement d’avoir des locaux mais de cultiver un esprit, de partager des enjeux. »2 « En fait, nous sommes le seul lieu sur le territoire qui soit à la fois un lieu de fabrication, de répétition de création et de rencontre avec le public par des ateliers, des spectacles partagés et des propositions événementielles. Il y a une permanence artistique et une fréquentation publique ! »3 Outre les bases de résidence permanente qu’elle apporte à ses quatre compagnies fondatrices, l’Entre-pont propose de l’accueil de compagnies et des résidences accompagnées. L’Entre-pont apporte ainsi des ressources d’espaces de travail, mais également des ressources de production à certaines compagnies, dans le cadre d’appel à projets.
1 • http://le109.nice.fr/structure/l-entre-pont 2 • Nicole Enouf le 05.09.2018 3 • Ezechiel Garçia Romeu le 05.09.2018
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L’ENTRE-PONT En se qualifiant de « lieu pour les publics et les habitants », le collectif programme des spectacles et des actions culturelles. L’arrivée au 109 de l’Entre-Pont a permis de produire en 2017 une programmation financée par des fonds propres de la structure, avec une difficulté résidant dans la lisibilité « des travaux de chacun et des travaux communs, et bien sûr dans une difficulté liée aux moyens de production. »1 Le lieu accueille près de 50 compagnies professionnelles par an, présente des spectacles, des performances et des événements et propose des ateliers réguliers, des stages et des master-class associant les publics les plus larges possibles. La programmation est la combinaison de propositions des structures composant le collectif, de propositions communes et d’accueils extérieurs. Elle répond aux principes d’une programmation culturelle composée par un collectif dans une direction artistique plurielle. L’Entre-pont est un lieu de pratiques. Chaque semaine plus de 200 personnes y développent une pratique artistique. L’Entre-pont est une base de travail pour des structures travaillant étroitement avec le milieu scolaire et éducatif. A l’Est par exemple avec le Lycée Guillaume Apollinaire, les Collèges Nucéra, Bon Voyage, Ecole St Charles et Bon Voyage. Au Nord au Collège Fabre ou à l’Ecole Ariane.
La nature de la convention avec L’Entre-Pont est une convention triennale avec la Ville L’équipe est composée d’un régisseur, d’un administrateur et d’un chargé des relations publiques. L’association compte 2700 adhérents et accueille 25 000 spectateurs et praticiens tout au long de l’année.
Le budget 2018 de L’Entre-pont est de 150 000€ avec • Le Ministère de la Culture : 40 000 € • La Région PACA : 37 000 €
(Fonctionnement : 25 000 € + résidences temporaires : 12 000 €)
• La Ville de Nice : 18 000 € • Le Département des Alpes Maritimes : 0€ • Fonds propres : 55 000 €
(cotisations, prestations, vente, buvette…)
• Valorisation local : 128 000€
1 • Catherine Ruf le 05.09.2018
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L’ENTRE-PONT Sur les traces des bâtisseurs1 n’est pas un projet
Le projet des 99 femmes2 est une démarche
de la période 109 de l’Entre-Pont mais il permet
imaginée par Geneviève Flaven, auteure française
de resituer la nature du parcours et des
qui a vécu à Shangaï et a réalisé déjà à deux
engagements que cette démarche porte. En 2009,
reprises ce projet en Chine puis en Inde. Projet de
l’association a mené un travail artistique autour de
création théâtrale collaborative pour le texte et la
la mémoire du site Spada en collectant les paroles
mise en scène, cette expérience est construite à
ouvrières et en rassemblant des paroles
partir de récits de vie de femmes réelles de toutes
d’historiens sur le parcours de cette entreprise, de
origines sociales ou ethniques. Pour Geneviève
ses fondateurs et de ses forces vives. Ce travail
Flaven « le faire ici, signifiait produire une
patrimonial a également été un travail de création
proposition de vivre ensemble dans une ville
auquel écrivains, comédiens, musiciens ont été
coupée en deux. Réaliser ainsi des créations
associés pour produire « une œuvre commune ».
permet de se poser ensemble la question de la
Avec ce projet nous sommes dans le travail de
définition et du sens du travail artistique
création participative dans lequel le Comité
aujourd’hui ».
d’entreprise Jean Spada, le Hublot, la Divine Quincaillerie, le Grain de sable, la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, l’Université de Nice Sophia-Antipolis, le Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine, l’Université de Provence (Aix-Marseille I), l’UMR Telemme, et le
1 • Sur les traces des bâtisseurs – Regards d’artistes / Mémoire ouvrière / Halle Spada, Serre Editeur, 2011.
Réseau pour l’Histoire et la Mémoire des Immigrations et des Territoires en région PACA ont
2 • https://www.facebook.com/99femmes 3 • Johanna Piraino est une artiste complète. Accordéoniste confirmée et passionnée elle a également participé à des spectacles de rue. Elle joue dans du théâtre classique avec notamment des collaborations avec la compagnie le Grain de Sable. Elle a notamment publié et enregistré « Echappée Belle » en 2009. 4 • Fathia Sadek travaille avec Le Grain de Sable sur l’Arianne dpuis les années 200 et a très tôt collaboré avec l’Entre-Pont qui est pour elle « un lieu de travail, un lieu de partage, un lieu dynamique ». 5 • Fathia Sadek, de la Cie « Conte sur moi », le 6/12/2018. 5 • Journal de France 3 du 6/12/2018 https://www.youtube.com/watch?v=sdVmYxEoJwg
mutualisé des énergies et participé à une écriture commune. Plusieurs publications ont relayé ce travail de création multimédia comme « IN VIVO - Lieux d›expérimentations du spectacle vivant » dirigé par l’association ARTfactories/Autre(s) pARTs autour des friches culturelles sur le territoire français ou « Nouveaux Regards Identités Parcours & Mémoire », rétrospective de douze années de productions artistiques engagées, par l’association Teknicité, Culture & Développement.
Coordonnée par Laurence Marthouret, Johanna Piraino3 et Fatiha Sadek4, l’écriture fut initiée en juin 2017 par la collecte de la matière pour l’écriture de la pièce, par des entretiens avec des femmes. « Avec des projets comme 99 femmes, nous accueillons au 109 des gens qui n’y étaient jamais (et qui n’y seraient) jamais venus »5. Ce projet collaboratif de l’écriture aux planches de théâtre, fondé sur l’engagement et la mixité sociale a réuni sur le plateau plus d’une cinquantaine de femmes qui « parlent des hommes, des enfants, de la violence, de la religion avec pudeur et intensité »6. Cette création qui a généré des centaines d’heures d’ateliers, des écritures partagées, des présentations lors de nombreux chantiers, a proposé l’ultime phase de sa démarche au Théâtre de Nice le 8 décembre 2018 devant plus de 800 personnes.
L’Entre-Pont réalise des résidences accompagnées dans lesquelles une coproduction est passée avec les compagnies. Un comité, rassemblant acteurs culturels et institutions, choisit les projets artistiques. Une coproduction de 4 000€ en numéraire est établie. Les compagnies utilisent les espaces de travail et donnent une visibilité publique à leurs travaux. En 2018 ont été accueillies : Une petite voix m’a dit et Cie B, « Opéra minuscule » Ciel , « La Marelle » Les Passeurs , « Héroïne(s) » Gorgomar, « Le grand orchestre de poche »
Sortie de résidence accompagnée Le Grand orchestre de poche Cie Gorgomar - 18.06.18
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Collapse, « Maïdan Inferno » La Paloma, « Ravie »
L’ENTRE-PONT L’Entre-Pont accueille également en résidence des compagnies qui ont besoin d’espaces professionnels pour créer et démultiplier les réseaux. En 2018 ont été accueillies Art en Ciel « K-BaRock » Chiara Taviani et Henrique Furtado P. Vieira – Association Siège « Stand still you ever moving spheres of heaven » 8ème Alchimie « Le Doux Parfum des Temps à Venir » cocréation avec la Cie Kâ-Théâtre Adapt’Art « Cinna » d’après l’oeuvre de Pierre Corneille
Anima « Cola Pesce argumetaire », « Lumena », « Les plus heureux » Dodescaden « Lemon island » Marie-Pierre Genovese « 3D Dense » Sixiemetage « HEO » résidence Collectif Art Spes « Retro-sexuel » Léo Rousselet « Speed Tartine » S.H.A « Bluesette »
Centre Complétement Dramatique La Berlue « Homnimal »
Bakhus « Gaïa 2.0 »
B.A.L « Tombés du ciel »
Celaine « Astray » En devenir « Hedwig Tanner »
Une petite voix m’a dit « Les barbues »
Eugénie Andrin « I S S U E »
Landscape Tape Groupe de musique
Les hommes de mains « Frontières »
Eva Rami « Tais-toi »
Limite Larsen « Toi moi nous »
Aurore Allo « 32 mars » et « adeu » Artaniak « Instants au Bel Allié »
Padam Nezi « Sous les eaux du lac »
Voix Public adaptation théâtrale d’un roman d’Andrée Chédid Be « Lumière » et « Opéra Minuscule » Terrain Vague « Lynchtown » Collectif Mains d’œuvres « R+J La Petite Histoire » Magali Gibelin La ronde des clowns « Hôp »
Orchestre d’Harmonie du Centre Musical Méditerranéen TCMA « Esthétique du combat » Deux cinq deux « Le présage du papillon » Julien Marcland « Beaux présents dorés » L’Arpette « Albert ou le voyageur immobile »
Reveida « La Constellation des Petits Pois »
L’Entre-Pont a développé un travail public remarquable en termes de Parcours d’Education Artistique et Culturelle. A titre d’exemple sur l’année scolaire 2018/2019 les compagnies Les Passeurs, L’Autre lune, Le Grain de Sable, /TranS/, Une petite voix m’a dit, BE, Mains d’Œuvre et Zootrope sont en charge de ces travaux. Ces interventions auront lieu dans des classes allant de la maternelle au lycée. Plus de 450 élèves sont concernés dans une trentaine de classes de 9 établissements.
« Notre parcours artistique remonte à Utopie
Il faut s’interroger sur comment nous pouvons
d’Angély où nous avons fait nos premiers pas.
aller plus loin au 109. L’expérience avec
Nous avons vécu de la Caserne à la Semeuse de
Eclairage Public a été très intéressante aussi,
multiples lieux de travail artistique. Lorsque
mais dans le mode de gestion on se sent parfois
nous avons monté Gorgomar en 2007 nous
au cœur de l’absurde, quand on nous demande
avions un désir d’indépendance et avons réussi
3 500€ pour avoir le droit d’installer notre
avec « Journal d’une grosse patate » et « Mr
Chapiteau pour y travailler. Ils ont été finalement
Mouche » à nous installer dans le paysage
ramenés à 450€… sans caution… Il est assez
théâtral en réussissant à très bien diffuser nos
étonnant aujourd’hui pour nous d’avoir une
créations. Nous avons très vite voulu construire
subvention de la Ville de 3 000€ et de reverser
une relation avec Le 109 et avons eu une
avec Collectif 8, 4 600€ de frais pour la mise à
résidence de création pour « Orchestre de
disposition d’un local de stockage dans un local
Poche » en 2018. Le public a été présent et nous
de la ville non sécurisé… Aujourd’hui, Le 109
avons ainsi vécu un moment très important du
peut apporter des solutions à ce que nous avons
processus de création.
rassemblé comme besoin des compagnies régionales dans un document « La Compagnie Générale »1 . » Aurélie Peglion, Cie Gorgomar le 17.10.18
Sortie de résidence accompagnée Héroines Cie Les Passeurs - 05.06.18
Caroline Duval de la Cie Be considère que l’Entre-Pont est un lieu fort. « Il m’apporte du stockage, de l’accueil, de l’échange, de la production, du partage, de la diffusion et me permets de mener à Nice mes créations associant les populations, comme celle du « Bestiaire » d’Apollinaire que je poursuis avec des groupes venant de l’Ariane, de Bon Voyage ou de Pasteur. C’est ainsi que nous ouvrons les portes du 109. C’est ainsi, en faisant « tomber les grilles » que les familles peuvent s’approprier le lieu. Nous devons cultiver du lien entre les occupants. C’est essentiel, c’est là que ça se joue dans cette culture de la curiosité et de la relation à l’autre. Pour saisir la profondeur du lieu, il manque du liant et de l’imbrication comme les visites théâtralisées organisées lors d’une exposition sur l’habitat au Forum. »
1 • Le dossier « La Compagnie Générale » a été produit, en 2017, par Le carrefour des abeilles, bureau d’études culturelles. Il a été établi le budget consolidé de 11 compagnies du territoire 1 200 000€ et les proportions d’autofinancement et de financements publics.
Le 08.12.18
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LE HUBLOT Le Hublot est un centre de création dédié au spectacle vivant et multimédia, créé en 2004. Il propose « un point d’accès internet, un lieu de formations personnalisées et d’ateliers de création multimédia pour les jeunes publics, un centre de ressources numériques dans la création artistique et poursuit son action en faveur de la création en favorisant les relations du spectacle vivant, de la danse, de la musique et du théâtre avec les arts numériques. »1
1 • http://www.lehublot.net/ 2 • http://www.lehublot.net/ 3 • Johanna Piraino Pizzicato 4 • Fabien Nicol
Depuis 2013, Ligne 16 est un média participatif produit par des citoyens assumant le choix des sujets, leurs préparations et leurs réalisations. Les web reporters réalisent des reportages et les publient sur le site web www.ligne16.net . Par l’organisation des plateaux, le média participatif permet de travailler sur des sujets de société en invitant des spécialistes et des habitants et en cultivant ainsi un espace public. Poèmes sonores, libres paroles radiophoniques, témoignages, interviews de personnalités, reportages… permettent à des publics multiples de prendre la parole et de la construire. Un travail avec de multiples acteurs du territoire est construit, et l’ancrage au 109 est travaillé, sur les événements5, les expositions6, les ateliers pédagogiques7, les démarches artistiques et sociétales8, les
Il produit le festival d’Arts Numériques « Arrêt sur Image » qui en 2018 avait pour théme les paysages extraterrestres et permettait de découvrir des installations audios visuelles interactives et des performances d’artistes du réseau de la création numérique nationale : Cécile Beau, Nicolas Montgermont, Antoine Schmitt, Denis et Julien Gibelin, Erik Lorré, Marc Limousin, d’Elio Libaude, Franck Vigroux, Cyrille Mellerio. Il est important de noter que cet événement qui devient un des rendez-vous structurants de l’Entre-pont/109 a été réalisé en collaboration avec le festival Ovni, la biennale des imaginaires numériques Chroniques, le théâtre Anthéa et les soirées de l’Observatoire de la Côte d’Azur. En 2019, pour sa troisième édition, « Arrêt sur Image » poursuivra ce travail sous l’égide des « Chroniques des imaginaires numériques » en Région Sud avec le théme « Copie conforme ou non ? La reproduction ». Cinq œuvres numériques, trois performances audiovisuelles, une conférence scientifique, une rencontre du réseau national de la création numérique (marché, bourse aux projets) et une rencontre avec les publics « Se former à la création numérique ? » seront proposées. En termes public, tout au long de l’année, un très important travail est fait en relation avec le milieu scolaire, à la fois pour des ateliers de création numérique et pour des ateliers de médiation. Près de 500 jeunes participent à cette démarche. « L’association Diva qui forme un binôme avec le Hublot a été créée en 1994 par un collectif d’artistes afin de soutenir la création artistique et sa diffusion vers un large public. L’originalité de sa démarche est cette volonté, commune à chacun des artistes, d’explorer de nouvelles formes artistiques, de sortir des lieux de spectacles traditionnels et d’interroger les relations que les publics entretiennent avec la création artistique. »2 Le travail artistique de Frédéric Alemany, fondateur du Hublot, force active des Diables Bleus puis de Spada, est accompagné dans ce dispositif, pour ces démarches de création comme « Géolitic » qui questionnent la formation de la Terre, en mêlant installations numériques et paysages minéraux sur des supports en ciment et mortier. En 2018 ont également été produits les travaux de Johanna Piraino Pizzicato3 avec « Echappée Belle » et de Fabien Nicol4 avec « The waves ». Le Hublot dispose sur le site d’un studio de travail multimédia de 55m², d’un studio dédié au travail artistique de 57 m², de la salle internet de 55 m² et de son bureau administratif
festivals9… Un travail remarquable a également été produit à l’arrivée du dispositif au 109 sur la mémoire10 par des entretiens avec messieurs Ivaldi et Giacomo travailleur historique du
Le budget 2018 de Diva-Le Hublot est de 260 000€ avec • Le Ministère de la Culture : 55 000 €
quartiers de la ville avec Yvon Gastaut.
En 2019, le travail porte sur la révolution
• Le Ministère de la Jeunesse : 5 000 €
numérique et les transformations qu’elle
• Politique de la Ville : 19 000€
site, Hervé Dolmetta le commerçant de « Rivera Boyaux », ou l’historien des
entraîne.
(Arts Numériques : 24 000€ + Education aux médias : 13 000€ + Média Citoyen : 8 000 € + Dicréam : 10 000€)
• La Région Sud : 70 000 €
(Fonctionnement : 30 000 € + Internet citoyen + projets : 40 000 €)
5 • www.ligne16.net/emission-sur-la-culture-libre A l’occasion de code&play, 16 avril 2018
• La Ville de Nice : 8 000€
6 • www.ligne16.net/exposition-ma-ville-est-mon-ecole Exposition ma ville est une école, 26 juin 2018
• Le Département des Alpes Maritimes : 11 000€
7 • www.ligne16.net/creations-3d-au-109 Stage de création graphique 3D, 10 novembre 2018 8 • www.ligne16.net/et-le-handicap-2 Interview Morgane Mortelmans militante pour le respect du handicap et Jacques Laurent de la compagnie Grain de Sable et organisateur du festival « L’Autre Emoi » sur la différence, 29 novembre 2018
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Visite de l’atelier d’OTOM, graffeur niçois – mai 2018
• Fonds propre : 92 000€
(cotisations, prestations, vente, buvette…)
9 • www.ligne16.net/le-109-en-action-pour-le-festival- 10 • www.ligne16.net/alexandre-le-gardien-des-abattoirs movimenta Alexandre Ivaldi est depuis 1991 gardien des anciens Entretiens avec organisateurs et artistes, 5 décembre 2017 abattoirs situés sur la route de Turin à l’Est de Nice, 25 janvier 2017.
Le Grain de sable est une compagnie, créée à Nice en 1985 par le metteur en scène Jacques Laurent et coanimée avec Nicole Enouf, qui mène un travail de création tout public et jeune public ainsi que des actions culturelles auprès et avec des publics comme des jeunes et LE GRAIN DE SABLE adultes du quartier de l’Ariane1, des personnes handicapées ou des jeunes en formation. Historique à Nice du site des Diables Bleus à la Caserne d’Angely, cofondatrice de l’EntrePont, ayant participé à l’aventure du site Spada, elle mène ses recherches, depuis 10 ans, « dans le domaine des écritures contemporaines (Lagarce, Durif, Melquiot, Visnïec …) et ouvre le champ de ses collaborations artistiques à des metteurs-en-scène (Antonio Vigano du Teatro la Ribalta), des chorégraphes (Lisie Philip d’Antipodes), des circassiens (Cie la rue Luberlu), des musiciens (Tom Garcia, Pascal Giordano) ainsi qu’à des écrivains locaux telles que Françoise Laurent et Maryline Desbiolles »2. En 2018, ils ont mené plusieurs travaux et accompagnements notamment « Prière d›amour », un projet de Claude Bertili parolier, compositeur et chanteur de chansons pleines d’intensité et de déchirures. Forte de son engagement dans le travail avec les personnes en situation de handicap, l’un des derniers travaux de la compagnie a été d’inviter Antonio Vigano3, un metteur en scène qu’ils ont souvent associé à leur démarche, à proposer « Les empreintes de l‘âme ». Cette adaptation d’un texte de Giovanni De Martis qui traite de l’eugénisme, et plus précisément des opérations visant à éliminer les personnes handicapées, malades, inaptes au travail sous le régime nazi a été joué en intégrant des comédiens en situation de handicap, celles-là mêmes qui auraient pu être victimes de cette élimination programmée. Les Dits du lundi sont un rendez-vous mensuel
La seconde, qui a vécu à Alger et à Tunis avant
chaque premier lundi du mois autour de lectures
de s’établir à Toulouse est poète et traductrice.
et performances proposées par le Grain de Sable
Elle est l’auteur de « J’aurais voulu être un
et destinées à faire découvrir des auteurs de
escargot », paru en 2011 et de trois recueils de
théâtre contemporain. Ainsi en mars 2019 les
poésie, « Brouillons amoureux », « Une échelle
Dits du lundi ont accueilli Aya Mansour et Souad
de poche pour atteindre le ciel », et « Je rends
Labbize. La première est poète et journaliste
grâce à l’@ ».
irakienne, activiste démocrate et féministe auteurs de deux recueils de poèmes « Une forêt de doigts », « Seule elle chante » qui ont atteint Atelier Lycée – le Grain de Sable – 2018
les premières places des succès de librairies pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
En février c’est une lecture de « La maladie de la mort » de Marguerite Duras qui avait été proposée par Magali Revest et Loïc Langlais alors qu’en décembre 2018 c’est une lecture de « Grand Manège » de Stéphane Jaubertie qui « écrit, efface et récrit des fables initiatiques » qui avait été proposée. Ce travail sur le théâtre contemporain permet des croisements et des recherches rassemblant à la fois des professionnels et des publics curieux.
La compagnie dispose sur le site de l’espace théâtre ouest de 90 m² et de bureaux mutualisés Le budget 2018 du Grain de Sable est de 63 000€ avec • Le Ministère de la Culture : 15 000 € • La Région Sud : 0€ • La Ville de Nice : 12 000€ • Le Département des Alpes Maritimes : 5 000€
Les Dits du Lundi - Emma Laurent Cie Le Grain de Sable - 04.06.18
• Fonds propres : 31 000€
(cotisations, prestations, Cget, Fdva, Drfip, Caf…)
1 • Le Grain de Sable a publié en 2016 un livre, « Histoire(s) de l’Ariane, Chronique d’une cité en rénovation » écrit par Nicole Enouf, Yvan Gastaut et Robert Matthey. Ce livre offre au lecteur des repères sur la construction d’un quartier encore et toujours en devenir. 2 • http://www.legraindesable.org/compagnie.php 3 • Antonio Vigano a écrit un manifeste « Le théâtre comme processus d’intégration sociale » www.teatrolaribalta.it
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LA Cie/TRANS
Atelier danse contemporaine et Les corps imaginaires – Laurence Marthouret - 2017
La Cie/TranS, cofondatrice de l’Entre-Pont, a été créée en 2000 par Laurence Marthouret. Le nom de sa compagnie signifie « au-delà de », « à travers », et porte la nature de sa démarche, « une interaction entre la danse et la musique, en y intégrant l’image pour certains projets ». Mobilisant les nouvelles technologies, elle a créé plusieurs pièces interactives dont « Proposition I, Séances d’écoute du Métafort » à Aubervilliers, « Proposition II pour la Villette Numérique » à la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris, « Espaces Sensibles » au Palais de Tokyo et au Cube-Art 3000, ou « Monade 2008-2011 » au Cube et aux festivals Musica et Manca. Elle développe « un univers particulier et sensible, organique et technologique » en s’associant régulièrement à d’autres auteurs, compositeurs, scénographes, artistes visuels et développeurs multimédias. Elle mène « un travail d’écriture et de recherche de processus de composition entre la musique, la danse et l’image, lui permettant d’ouvrir de nouveaux champs d’expérimentation et de rapports possibles entre ces trois arts ». La compagnie s’implique également dans des missions d’éducation et de transmission de la danse régulière sur le site du 109, à l’Université de Nice Sophia-Antipolis UFR Danse où elle est chargée de cours et dans des projets comme « 99 femmes ». Dans la spécificité de son association à l’Entre-Pont et au 109, Laurence Marthouret a initié en 2018 « Les Inclassables », évènement qui propose de présenter des dialogues entre un chorégraphe et des artistes et/ ou chercheurs de diverses disciplines : historiens, anthropologues de la danse, philosophes, scénographes, plasticiens... Le 1er évènement de 2018 avait pour thème : « Mettre en mot, mettre en signe l’expérience dansée » durant lequel des spectacles, des ateliers et stages ont été proposés par Patricia Kuypers1, Eugénie Andrin2, Fiorenza Menini3 ou Julien Marcland3. Le thème de la deuxième édition de mai 2019 est « Espace et Territoire ».
Issue - Cie Eugénie Andrin Les Inclassables - Cie TranS – 24 mars 2018
Eugénie Andrin
1 • Patricia Kuypers est danseuse, chorégraphe, éditeur. Elle est conseillère artistique de l’association Contredanse. Elle enseigne régulièrement le Contact Improvisation et l’improvisation en Belgique et à l’étranger. 2 • Nourrie du langage classique et rapidement attirée par la fantaisie du contemporain, Eugènie Andrin, met cette double facette au service de créations exigeantes et imaginatives. Elle crée sa propre Compagnie en 2007 et se lance dans la chorégraphie à travers de nombreuses créations de Ballets d’Opéra pour Toulouse, Monte-Carlo, Santiago du Chili, Tel Aviv. 3 • Fiorenza Menini développe le lien entre image et récit, photographies et textes, mémoire, écriture, lecture. Elle construit dans la photographie, le film et la performance, une œuvre contemporaine, où on trouve autant les performances qu’elle réalise, qu’une pièce pour le théâtre, un film vidéo, une collection de silence de cinéma, des textes, et articles édités dans la presse. 4 • Julien Marcland est poète, dramaturge, comédien, formateur et créateur de jeux, de spectacles et d’évènements. Funambule du langage Julien Marcland utilise la diversité de ses expériences pour développer une expertise singulière...
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La compagnie dispose sur le site d’un studio de danse aménagé de 208 m² et de son bureau administratif. Elle mutualise son espace de travail. Le budget 2018 de Trans + est de 17 000€ avec • La Ville de Nice : 4 000€ • Le Département des Alpes Maritimes : 1 500€ • Fonds propres : 11 500€
(cotisations, prestations …)
THÉÂTRE DE LA MASSUE Théâtre de la Massue a été résident de Spada de 2010 en 2012 et a rejoint l’Entre-Pont en 2013. La compagnie entretient des liens avec la Scéne 55 à Mougins et le Théâtre de Nice. Elle développe des projets européens avec l’université et participe avec des compagnies comme Velo, Arketal ou Cuisine à la reconnaissance des écritures théâtrales particulières qu’ils portent dans le domaine de la marionnette, de l’objet, de l’image. Son metteur en scène, marionnettiste, scénographe, enseignant à l’Université de Nice Sophia-Antipolis, Ezéquiel Garcia-Romeu participe activement à l’exploration de nouvelles formes d’écritures scéniques, particulièrement dans l’art de la marionnette contemporaine, situées à la croisée de plusieurs disciplines et à leur présentation dans le monde du théâtre et ses institutions. La compagnie parcourt les diverses scènes internationales et nationales telles que le Théâtre National de Chaillot, le Théâtre de l’Odéon, scènes nationales et centre dramatiques nationaux. La compagnie a acquis une dimension internationale, invitée à Lille 2004 Capitale Européenne de la Culture, au festival In d’Avignon, au Berliner Festspiele ainsi qu’au Carrefour International de Québec ou à La Caserne Dalhousie de Robert Lepage. Son atelier de production est une « fabrique », « une base de travail » des créations qui parfois peuvent se diffuser sur le site. « La Méridienne » a ainsi était joué au 109 en janvier 2018. Sa dernière création le petit théâtre du bout du monde opus ll », dont le thème est celui des hommes au travail dans des conditions difficiles, a été présenté au Théâtre de Nice en novembre 2018, avec une scénographie intégrant des caméras vidéo, des barrières
de contrôle et une surveillance satellitaire représentée par un jeu vidéo, conçu avec l’entreprise « Nectar de code ».
La compagnie dispose sur le site d’un studio-atelier aménagé de 207 m² dans lequel elle accueille d’autres projets artistiques lorsque celui-ci est disponible et de son bureau administratif mutualisé.
Budget global 2018 : environ 280 000€ de base auxquels se rajoute un tiers des 200 000€ du projet « Europe – créative » lissé sur 3 années • Ministère de la Culture : 50 000€ • Région Sud : 30 000€ • Région Institut Français : 10 000€ • Département 06 : 10 000€ • Ville de Nice : 19 000 € • FONPEPS : 10 000 € • Plovdiv capitale européenne de la culture : 20 000 € • Spedidam : 15 000 € • Ventes et co-productions : 116 000€
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LE FORUM D’URBANISME ET D’ARCHITECTURE Le Forum d’Urbanisme et d’Architecture est un lieu de sensibilisation, de diffusion et de découverte pour les professionnels et le grand public, un point de rencontre, un lieu de documentation et de référence pour les Niçois et les visiteurs, qui traite de l’architecture. Il a été relocalisé au sein du 109 depuis l’automne 2016. Le Forum d’Urbanisme et d’Architecture est tourné vers les professionnels de l’acte de construire autant que vers le grand public. Expositions, conférences, débats, promenades urbaines, projections de films, fonds de livres, publications, conseils sur les déclarations de travaux, concertations et enquêtes publiques, alimentent le débat d’idées sur l’architecture, l’urbanisme et le paysage, et le rende familier au plus grand nombre, diffusant ainsi la culture architecturale et urbaine. Le Forum est un acteur pédagogique engagé avec des actions menées tout au long de l’année dans le cadre scolaire avec des ateliers de création sur le thème de l’architecture et de la ville, l’accueil de classes dans ses expositions, et par des programmes pluriannuels de sensibilisation à l’architecture et à la ville. Il est associé au réseau d’institutions homologues de promotion et de diffusion de la culture architecturale et urbaine et il accueille de nombreuses contributions étrangères Il favorise, par son implantation au 109, le dialogue entre l’architecture, l’urbanisme et le paysage et d’autres champs de la culture : arts visuels, cinéma ou spectacle vivant. Exposition « Ma ville est mon école » juin 2018
En s’intéressant, en ouverture des locaux du Forum au 109, à la figure de l’architecte niçois Guy Rottier (1922-2013), créateur multiforme au parcours romanesque, le Forum souhaitait souligner comment Nice pouvait être un territoire d’invention et d’audace en architecture. En associant le Forum, le MAMAC et le Service des Archives, le 109 accueillait ainsi « une exposition comme mémoire d’un futur rêvé » à laquelle ont contribué une vingtaine d’auteurs venus de tous horizons (architectes ou artistes, historiens ou gens de théâtre, universitaires ou designers…). En collaborant avec la Cité de l’architecture ou avec le pavillon de l’Arsenal, le Forum permet de diffuser au 109 des expositions essentielles comme celles qui dressent le portrait des jeunes architectes et paysagistes lauréats et donnent à voir le lien entre leurs personnalités, leurs identités et leurs projets. Outre l’adaptation contextuelle de l’exposition « en tournée », le Forum produit des rencontres et des moments singuliers comme des “conversations” entre des architectes locaux et des lauréats des Ajap 2018 ou forme une ligue d’improvisation de l’architecture capable de percer « la vie invisible des projets ». En exposant « La ville en jeux », le Forum, accompagné de La Compagnie des rêves urbains, association de médiation en architecture, produit également un travail de pédagogie mobilisant des jeux de société ayant pour toile de fond l’architecture ou l’urbanisme. Ainsi le Forum décale la présentation de « La Ville en jeux » en la proposant comme « une exposition à vivre », permettant de découvrir autrement la mécanique des villes avec un clin d›œil lointain, à la sociabilité des tables de casino ayant fait la légende de la Côte d’Azur. Le forum a 152 m² de bureaux situés dans la villa et deux salles d’expositions et ateliers de 400 m². Le budget de production du Forum est de 115 000€ (expositions, intervenants, publications…) sur un budget global évalué à 450 000€. L’équipe est constituée de 7 personnes (5 administratifs, secrétaire, infographiste, chargé de production, chargé de médiation, et 2 agents d’accueil)
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LA COMPAGNIE DE DANSE ANTIPODES La Compagnie de danse Antipodes, fondée par Lisie Philip intervient pour et dans les espaces publics et les espaces atypiques. Elle associe 5-6 interprètes dans un travail qui vise à « mettre la danse au quotidien »1. La Compagnie Antipodes propose une écriture chorégraphique pour « une danse poétique et sauvage dans des univers oniriques, grinçants et décalés » qui est programmée dans les principaux festivals Arts de la Rue. Lisie Philip « travaille la matière urbaine et humaine (…) en utilisant toutes les possibilités offertes par la rue (mobilier urbain, architecture) » en gardant « toute l’atmosphère des lieux (…) leur charge émotionnelle » (…) et « sculpte ces impressions » avec « une danse qui aime le macadam, épouse le mobilier urbain, ausculte les lignes de fuite des boulevards. Une danse acrobatique, d’endurance qui se veut signifiante dans la narration. »2 La compagnie a travaillé dans la Halle Spada dès 2003, mais cherchait des espaces scénographiques dans lesquelles sa choréologie pouvait s’expérimenter et s’exprimer. « Dès 2009, nous avons eu accès au lieu pour utiliser ces espaces, et nous avons échangé avec Yves Nacher et Sophie Duez pour réfléchir sur le lieu et y proposer des interventions dans le cadre d’une résidence. J’ai alors construit une proposition s’inscrivant dans ma démarche, un travail in situ avec des classes, en dialogue avec les installations de Faustino. Il a été passionnant de travailler sur l’Autopont qui avait été fermé et sur lequel nous avions un terrain d’investigation très intéressant. »3
La compagnie Pica Pica en résidence à Antipodes
La résidence de la compagnie s’est ainsi développée sur ce fondement artistique et Lisie Philip a initié des soirées de performances et des réunions de chorégraphes. « Nous avons ainsi été inscrits dans le lieu, en le pratiquant, mais nous n’avons eu notre base de travail qu’en 2018. Ce studio est un outil de travail qui est la base de la compagnie, mais qui accueillera également de nombreuses autres équipes pour cultiver une pluralité. Ce qui est très important est que ce studio soit un outil de travail accessible au public. Notre travail des derniers mois c’est à la fois un stage amateur de 2 jours avec 10 personnes de 23 à 74 ans dans les jardins de Roc Fleuri sur le théme de penser sauvage / penser paysage, la répétition performance de « Mutatis Mutandis »4, le tournage de « Animal » dans une coproduction Héliotrope, une performance dans le musée Photo autour de l’œuvre de Franco Fontana Body Landscape, la tournée au Portugal pour Les ponctuelles, les ateliers d’écritures autour du corps de Fiorenza Menini ou la préparation du travail avec Patrice de Bénédetti et bien sûr nos séances de training quotidien ! »5 La compagnie est diffusée sur 45 dates par an.
La compagnie dispose sur le site d’un studio de danse aménagé de 204 m², de son bureau administratif et de son espace de stockage. Avec cet outil, outre le travail initié par la compagnie, Antipodes accueille des résidences dans une réelle programmation comme Pica Pica ou Sixièmétage.
Résidence de la Compagnie Le SixièmEtage
Le budget 2018 de Antipodes est de 57 000 € avec • Le Ministère de la Culture : 0 € • La Région Sud : 9 000 € • La Ville de Nice : 12 000 € • Le Département des Alpes Maritimes : 2 500 € • Fonds propres : 33 500 €
(cotisations, prestations, vente, buvette…)
1 • Lisie Philip le 5/09/2018 2 • http://compagnie-antipodes.com/presentation 3 • Lisie Philip le 5/09/2018 4• Ce qui devait être changé ayant été changé une fois effectué les changements nécessaires 3 • Lisie Philip le 5/09/2018
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BOTOX(S)
Botox(S) dispose d’un bureau sur le site du 109.
Botox(S), réseau d’art contemporain Alpes & Riviera, a été fondé en 2007. Il fédère une trentaine de lieux engagés dans la production et la diffusion de l’art contemporain, qui témoignent de la vitalité d’un réseau constitué de structures de nature différente, composé de centres d’art, de galeries, d’associations, de collectifs d’artistes, de maisons d’édition, de musées… Botox(S) est une plateforme d’échanges, un espace de réflexion, de communication et de travail qui organise des process de découverte et de médiation dans les domaines de l’art contemporain. Il produit une communication commune pour tous ses membres. Il organise « Les Visiteurs du Samedi », un samedi par mois, qui propose un parcours d’art contemporain dans 4 à 5 lieux de son réseau. Les Visiteurs sont accueillis par les directeurs, conservateurs, médiateurs, artistes, commissaires d’exposition du lieu. Dans ce cadre, Botox(S) produit également, une fois par an, au printemps, « Les Visiteurs du Soir », nocturnes de l’art contemporain et événement-phare de la vie culturelle niçoise qui invite le public pendant deux jours, à un parcours libre et gratuit à la découverte d’une quarantaine de lieux d’art contemporain. Le prochain événement se conclura en mai 2019 par une soirée au 109. Botox(S) produit aussi les
Son budget est de 70 000 € avec • Le Ministère de la Culture : 21 000 € • La Région Sud : 20 000 € • La Ville de Nice : 7 000 € • Le Département : 5 000 € • Fonds propres : 17 000 €
(cotisations, prestations, vente, buvette…)
Tchatches, inspirées des Pecha Kucha, des projets artistiques, des expertises et du commissariat d’exposition. Botox(S) cherche ainsi à : • Donner tout son rayonnement à l’actualité artistique et culturelle de notre territoire en présentant la vitalité et la richesse de la création azuréenne. • Assurer la diffusion et la promotion de l’art contemporain azuréen auprès des acteurs institutionnels et des professionnels de la culture, en France comme à l’international. • Sensibiliser les publics et permettre au plus grand nombre d’accéder à l’art contemporain par une action pédagogique soutenue.
LE SYNDICAT DES ARCHITECTES DE LA CÔTE D’AZUR Le Syndicat des Architectes de la Côte d’Azur1, membre de l’Union Nationale des Syndicats Français d’Architectes, a pour vocation « d’étudier et de défendre les intérêts matériels et moraux des Architectes, de représenter la Profession pour défendre ses intérêts collectifs et personnels en toutes circonstances, d’améliorer les moyens et les conditions d’exercice Le Syndicat dispose d’un bureau de la Profession. »2 Il produit les jeudis du Syndicat qui permettent de travailler la culture sur le site du 109. architecturale, le concours archicote, la nuit des architectes, des visites de chantiers, des formations et des interventions en milieu scolaire. Sa localisation sur le site du 109 « a été une opportunité proposée par le maire, du fait de notre dimension culturelle. Nous avons un regard extérieur et nous ne sommes pas aussi forts que les autres. Nous trouvons que la volonté politique de regrouper sur ce site des acteurs culturels est intéressante et espérant y contribuer à notre échelle. »
1 • http://www.lesaca.fr/ 2 • Matthieu Marin, président du Syndicat d’Architectes le 11/09/2018
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LES 29 ATELIERS MUNICIPAUX
Les 29 ateliers municipaux de la ville de Nice sont logés au 109 depuis 2016. Ces espaces ont une superficie moyenne de 48 m². Photographie, dessin, peinture, sculpture, installation... tous les médiums et toutes les générations y sont représentés. Depuis 2010, les artistes se sont fédérés en association, L’A. Central afin de pérenniser la dynamique générée par ces ateliers et de donner une visibilité au travail qui y est produit. La Ville de Nice met à disposition les ateliers pour une durée de 3 ans qui a été prolongée d’un an jusqu’à fin 2019, pour les premiers résidents qui avaient pris place en 2016. Actuellement, les artistes résidents qui représentent tous les médiums, photographie, dessin, peinture, sculpture, installation et toutes les générations y sont représentés.
Anne Gérard, est une diplômée de la villa Arson du début des années 90, qui peint et dessine. « Elle s’attache à représenter ce qui accompagne nos vies au jour le jour. Prospectus, schémas d’utilisation ou d’installation d’appareils divers et variés : friteuse électrique, meubles à monter, consignes de sécurité etc… sont détournés du quotidien et réinvestis. Elle convoque dans sa pratique des techniques qui mettent à mal l’image qu’elle fabrique. Il y a comme une nécessité à la mettre en danger, la malmener, parfois jusqu’aux limites du lisible. Aux gestes prémédités et volontaires de la peinture, elle oppose les « accidents », les traces incontrôlées et autres fruits du hasard. On sent toujours dans ses œuvres quelque chose de l’ordre de l’ambivalence, de la contradiction, mais également, derrière l’apparence d’un bonheur un peu convenu, une forme de violence contenue, de dérision et de mélancolie. »1
Arnaud Maguet, diplomé de la Villa Arson en 1998, « interroge les fondements de la subculture des années 1950 à 1970. Partant en premier lieu de la sphère musicale, tout en croisant les films expérimentaux, le graphisme, la littérature underground, le cinéma populaire, ce sont un grand nombre de légendes plus ou moins connues qui sont convoquées. Ses pièces transforment toutes ces légendes en reliques de notre mémoire collective, amplifiant ou déformant les fictions. Il construit ainsi une œuvre dans laquelle chaque élément rajouté complète le programme d’un spectacle qui se forme au moment même de sa réalisation, créant un label de musique (Les Disques en Rotin Réunis), tout en devenant lui-même membre de groupes (ALPHA-60, Beauty & the Beat, the Groovers, Finger On You) »2.
Kristof Everart, né en 1966, analyse les flux et en propose des modélisations immersives. « La géographie de l’espace, la dimension spatiale est une composante essentielle de la conscience. Chaque individu y déploie quotidiennement des stratégies géographiques : positionnement, déplacement, espacement, orientation, mémorisation. Mon travail consiste à traduire visuellement, non seulement, les différents courants d’énergies commun à la situation d’un site, ainsi que les différentes incidences des flux si référents, mais aussi à donner une lecture nouvelle de l’intimité à découvrir. » Il considère « la relation à l’espace et au vivant comme un système d’interdépendances complexes dans lequel le rôle et la valeur de ceux-ci sont notamment déterminés par la perception et l’évaluation subjective dont un lieu, un paysage, un habitat, ou un espace vide, est l’objet. L’espace intime, devient un exemple de la conception de la nouvelle géographie de l’espace relationnel ».3 Il participe depuis 1997 aux activités du collectif Guignol’s Band, ainsi qu’au groupe musical Power Trio.
Anne Favret & Patrick Manez, ont décidé, en terminant en 1988 leurs études à l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, de mener « une œuvre commune sur la base d’une pratique de la photographie à la chambre grand format dont la qualité descriptive serait mise au service d’une vision qui refuse l’expressivité mais qui porte l’affirmation de leur subjectivité. Ils se sont appropriés les contraintes de la commande pour expérimenter une approche distanciée du territoire. Cela leur a permis de photographier l’urbain comme s’il s’agissait d’un paysage de nature et de créer ainsi un écart entre l’enregistrement d’une réalité concrète et l’évocation de la part intime que ces lieux peuvent représenter ».4
1 • http://letecontemporain.e-monsite.com/pages/content/ anne-gerard.html
4 • http://favretmanez.free.fr/Site_Favret_Manez_IWeb/ Texte_calern.html
2 • http://www.cnap.fr/arnaud-maguet
5 • Stéphane Léger in http://karimghelloussi.blogspot.com
3 • http://kristofeverart.net/
6 • http://www.cnap.fr/aicha-hamu-0/
Diplômé de la Villa Arson en 2001, Karim Ghelloussi est « traversé, dans sa démarche, comme dans sa pratique et ses techniques, par cette énergie du solde de la mémoire passé au tamis du corps sensible, du reste, du réemploi, du déplacement au long cours, en plates-formes flottantes et non instituantes, faites d’assemblages, de constructions, de composés, toujours instables. Dès lors, il revendique une continuité dans les variations et les expérimentations de son travail en atelier, à l’opposé d’une dynamique de ruptures illusionnistes. Celle qui aura marqué l’esprit de la modernité, à travers l’autorité des monolithes identitaires et nationaux ; tout autant que celle de la post-modernité, dans sa vacuité à réitérer des spectres « avant-gardistes » comme une information déjà désuète à peine énoncée. Cette résolution à saisir un présent qui échappe de toute façon, et souvent dans une formule du ridicule, n’est que la fiction de ce qui devient dans l’éternel retour des choses et de ses différences, singularités, évènements, non prévisibles, même et surtout les plus imperceptibles. Volonté à laquelle Karim Ghelloussi répond par des gestes anarchiques, revendiquant l’imaginaire et la poésie comme interdépendance du politique tel qu’Aristote en construisait l’éthique du lien. »5
L’œuvre de Aïcha Hamu, diplômé de la Villa Arson en 1998, travaille « la tension entre deux attitudes apparemment opposées : celle de la projection imaginaire et celle de l’incarnation. Sur le premier versant de son œuvre s’inscrit une série de propositions polymorphes, diversifiées aussi bien par leur situation dans l’espace que par la matériologie dont elles sont constituées, qui vont de la production d’objets intimes comme ses coussins de satin blanc où apparaissent par grattage des évocations de visages hurlants jusqu’à des installations réalisées « in situ » à l’échelle quelquefois géante des espaces qu’elles modifient. Que ce soit des grattages, des découpages, des broderies, des flocages au henné, des éclaboussures stylisées, cette référence à la première activité imageante des systèmes de représentation historiques traverse toutes les déclinaisons de l’œuvre »6. Aïcha Hamu est chanteuse et bassiste dans le groupe rock électronique Alpha-60.
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Thierry Lagalla est diplômé de l´école de la Brossalhas en 1983. « Artiste plasticien et vidéaste folklorique, il se montre, s´expose, se produit, se manifeste, se risque dans des mises en scène vidéastiques plus drôles et stupéfiantes les unes que les autres. Il réussit à faire se côtoyer l´humour et le burlesque. Il est un militant du réel. Dans ses petits films, on le voit, souvent plein cadre, et on l´entend. Il s´exprime en patois niçois, mais pas seulement, car il traduit la langue d´oc en un anglais extraordinairement chantant et coloré. Dans ses petits films, on le voit, souvent plein cadre, et on l´entend. Il s´exprime en patois niçois, mais pas seulement, car il traduit la langue d´oc en un anglais extraordinairement chantant et coloré. Dans cet univers on peut croiser au détour d´une chansonnette, un Gobi, un pigeon, une tortue, une sardine, une patate, une bite, tous ses éléments du quotidien qui deviennent pour lui les vecteurs d´une démystification. »1
Florent Mattei, diplômé en 1998 de la Villa Arson, « invite à une réflexion sur l’idéal de perfection profondément humain et la séduction impossible et dérisoire que traduisent les images de la publicité et de l’art. Il piège le regard du spectateur, devenu stéréotypé et passif, en introduisant dans ses photographies des accidents, des parasites. L’artiste interroge aussi l’identité malléable, parasitée par les codes et finalement réduite à néant avec “Nobody”, série d’autoportraits où seul l’accessoire varie. ”My life” prolonge ce travail de dénaturation des codes visuels en proposant, pourquoi pas, une réappropriation d’un objet trop fortement symbolisé : la cagoule ; posant avec femme et enfant encagoulés, Florent Mattei s’invente un combat pour libérer un objet de ses chaînes de signifiants. »
Sandra D. Lecoq est diplômée de la Villa Arson en 1996. « La couleur chez elle se tresse, se coud, se confectionne. Au pinceau se substitue l’aiguille, les bouts de tissus font de bons aplats, et quand la peinture est là, c’est pour se remplacer elle-même. Dans le souvenir des gestes analytiques de déstructuration du tableau initié par Supports/ Surfaces, elle tresse et coud des tissus multicolores qui prennent lieu et place du châssis et de la toile, naissent de cela des formes oblongues et sexuelles péniennes qui se répandent au sol, sur les murs parfois, comme autant de taches de peinture, pollutions diurnes de la pensée amusée. La réalisation longue et minutieuse de son travail se confronte avec la véhémence de son objet mettant en évidence ses paradoxes et tensions internes, suggérant que c’est bien l’inconscient de “l’âme de la femelle sauvage“ qui est à l’œuvre. »2
« J’ai eu un mon atelier au 109 en 2017 suite à mon expérience de Spada ou j’étais une des résidentes dès 2007. Ce qui est essentiel pour moi dans ces espaces regroupant des ateliers est de ne plus être isolée et de cultiver une proximité qui permet des échanges formidables. Les liens entre les artistes sont forts, même si les échanges avec la danse et le théâtre ne sont pas assez développés. Même si l’étage des ateliers a été conçu avec une méconnaissance totale de ce que l’on fait et de qui on est, ces ateliers sont essentiels pour les artistes de la ville. Ils permettent d’être dans une communauté qui n’a pas la force de la Station qui est une famille, mais qui permet de cultiver sa liberté. Même s’il faut du sang neuf dans les ateliers, la question est de savoir où ceux qui ne sont pas reconduits
Frédéric Nakache, né en 1972 : « la photographie contemporaine est marquée par trois orientations principales. La plus courante est celle de la photographie documentaire qui porte un regard critique ou non sur la réalité. La photographie narrative se rapproche plus du cinéma et du journal intime. La troisième orientation s’inscrit dans la tradition picturale et donne à voir des “tableaux”. Mon travail se situe à la croisée de ces trois grands axes. J’assemble des morceaux du monde matériel, des éléments personnels ainsi que de l’histoire de l’art et de la photographie. Avec ces fragments, je construis une narration particulière, qui n’est autre que l’exploration de ma propre expérience de la réalité ».
François Paris, né en 1975 « Les dessins de François Paris semblent naître d’un désir d’histoires. Eléments parcellaires et essentiels d’un récit qui les dépassent, ils sont autant de chemins possibles activant un monde en permanente construction. Récupérées dans le flux des images circulant sur l’internet ou spécialement réalisées, les photographies qui servent à l’artiste de points de départ ont des qualités diverses. Singulières ou anecdotiques, elles évoquent souvent le corps ou la mécanique, le visage ou le crâne humain… Elles renvoient à la fugacité et à l’apparence. Chaque dessin constitue le point de départ d’un récit elliptique à inventer. Les expositions de François Paris sont donc des scénarios ouverts, des séquences. En ce sens, on pourrait donc dire que ces œuvres empruntent autant au cinéma qu’à la photographie : les points de vue, les cadrages, les personnages, les indices, mais aussi et surtout, cette capacité à mettre en place des éléments capables d’ouvrir la voie à l’imaginaire. »3 François Paris « Je suis un dessinateur inspiré
Florent Mattei a ouvert son parcours dans les
pourront aller. »
par le cinéma, formé à la Villa Arson dont je suis
friches en 2008 à l’atelier Spada. « Notre idée
Le 11.08.18
photographique, puis revenu au dessin … en
était d’avoir un lieu avec une unité même si nous
dessinant des photos. En fait j’inverse le dessin,
n’avons pas pu aboutir à un aménagement
je le recompose. Pour un plasticien comme moi,
cohérent. Les soucis et les insuffisances
l’atelier est indispensable. Le dessinateur et le
techniques sont nombreux. Trois accès existent,
garagiste ont le même besoin d’atelier. L’atelier
un seul est ouvert. Nous avons des œuvres
est l’espace de travail qui permet également de
lourdes et aucun monte-charge n’a été installé.
recevoir les curateurs, les acheteurs. Même si je
Alors que nous avons une terrasse partagée
dois avoir des activités pour assurer quelques
formidable, nous ne pouvons pas faire de
impératifs économiques, je suis là tous les jours.
moment de convivialité avec un barbecue… et lorsque j’ai voulu travailler dans un lieu inutilisé,
sortie en 2000. Je suis passé par un travail
Avoir un atelier à côté d’autres ateliers permet de développer les relations entre les artistes. C’est
un lieu en friche et bien on me l’a refusé. »
1 • https://www.artcotedazur.fr/artistes,181/artcontemporain,183/thierry-lagalla,10412.html
Le 13.09.18
2 • https://nezumi.fandom.com/fr/wiki/Sandra_D._Lecoq
artistes à Nice et faciliter leurs passages en leur
3 • Guillaume Mansart in https://contemporaneitesdelart. fr/exposition-la-conjoncture-du-hasard-francois-parisnicolas-schevin-galerie-eva-vautier-nice/
offrant de bonnes conditions de travail.
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comme cela que la ville peut pérenniser les
Le 16.11.18
LES 29 ATELIERS MUNICIPAUX
Jean-Simon Raclot, né en 1969, convie à une réflexion sur la lumière, sur la peinture et ses différents plans de réalité. Dans presque chaque tableau ou chaque dessin, deux univers très différents se côtoient : une nature luxuriante universelle, intemporelle et un homme moderne à baskets colorées et jean. Avec ses œuvres, il propose de vivre une expérience singulière et, d’emblée, nous invite à dépasser les apparences pour accéder à la vérité même de la peinture. Nous ne nous situons pas par rapport au réel mais par rapport à la vraisemblance de l’œuvre et à sa finalité. La question qui semble se poser devant ses toiles tourne autour de celle du paysage en peinture, de celle de la représentation de la nature et de ce que signifie peindre des paysages aujourd’hui.
Olivier Roche est plasticien et scénographe. C’est comme photographe qu’il a débuté, réalisant des images d’accumulations d’objets. Celles-ci deviendront ensuite le sujet de ses recherches, à travers la mise en œuvre d’installations dans l’espace. L’artiste privilégie les matériaux de récupération et les formes géométriques simples. Sa recherche sur l’espace, la couleur, la forme ou la signalétique convoque l’universel au service d’un langage commun. Avec humour et ironie, il met en images les contrastes du monde : nature et culture, abstrait et concret, visible et invisible.
Junko Yamasaki vit et travaille à Nice, diplômée de la Villa Arson, elle mène depuis de nombreuses années une réflexion sur les rapports entre nature et culture. Au croisement d’une culture occidentale et japonaise, elle élabore un questionnement autour de l’animalité, des tabous et de la sexualité. Elle investit l’espace de la galerie en exposant différents travaux : une installation de 1000 grues (origami) suspendues, des vêtements à poils et des photographies de paysages grand format. Elle entend interroger la part animale de l’homme, un retour à son instinct et à la satisfaction de ses besoins primaires : manger, bouger, excréter, se reproduire... L’artiste privilégie ainsi un rapport à la nature et à nos comportements au regard de sa culture japonaise et de la société européenne. Par ailleurs, l’idée de protection est fortement présente dans l’œuvre de l’artiste, protection de la nature, protection de notre corps et de notre versant animal.
Jérome Grivel, Si l’on devait trouver un dénominateur commun au travail pluridisciplinaire de l’artiste, ce serait celui de la perception. Qu’elles se concrétisent sous forme de sculptures, d’installations sonores, de vidéos ou bien encore de performances, les stratégies en jeu dans son travail visent constamment à impliquer les limites physiques et perceptuelles des spectateurs ou de son propre corps. Il reprend (quasiment au sens musical du terme « reprise ») les tactiques de l’ensemble que constitue ses références (l’avant garde des années 70, le cinéma expérimental, les musiques extrêmes) tout en les désamorçant. Dispositifs sonores muets, architectures s’écroulant sur elles-mêmes ou bien vaine tentative d’hurler plus fort que le train qui passe sont quelques exemples à l’œuvre dans ses propositions. Volontairement aussi bien efficace qu’inefficient, le travail de Jérôme Grivel questionne, avec une ironie dissimulée mais tout en s’interdisant le moindre cynisme, nos manières d’être face aux objets, aux formes et autres stimuli qui nous entourent. Il collabore notamment avec Michaël Allibert.
Mathieu Schmitt, diplômé de la Villa Arson, École Nationale Supérieure d’Art de Nice, en 2009, joue au travers du prisme de l’art, de la technique, du multimédia, et de l’électronique. Un théoricien fournit le point de départ de son travail : Heinz Von Foerster, l’un des pères de la cybernétique. Selon lui, constate Mathieu Schmitt, «les systèmes numériques, qui ne laissent plus aucune place à l’erreur, ont fait leur temps». L’artiste aime décaler le point de vue, il s’active d’ailleurs à se faire déborder par ses œuvres. À cette fin, il met en place des dispositifs permettant à ses sculptures d’acquérir une certaine autonomie. Dès lors, dans sa production, des plantes vertes en pot choisissent elles-même leur niveau de luminosité, elles composent des poèmes ou des tableaux, un monumental Ouija communique avec l’au-delà... Maniant la technique avec humour, l’artiste s’en sert comme d’un vecteur permettant l’interprétation du monde. Dans son œuvre, Mathieu Schmitt met sa maîtrise au service de l’incident, de l’accident, il se met ainsi en quête de vivant.
Jürgen Nefzger, né en 1968 est un photographe allemand, lauréat du Prix Niépce 2008. Diplômé de l´École nationale supérieure de la photographie d’Arles, il vit et travaille à Paris. Depuis 2007, Il enseigne la photographie à l’École supérieure d’art de Clermont-Ferrand. Jürgen Nefzger s’intéresse au paysage, qu’il photographie à la chambre 4 x 5 et 20 x 25, dans une veine documentaire. La photographie du paysage lui permet de montrer les mutations de la société. L’urbanisme, en particulier de loisir, à la mer et à montagne, la maison individuelle, les zones périurbaines avec les destructions de tours et de barres, l’espace rural très mécanisé, les dégâts sur l’environnement, les usines en particulier les centrales nucléaires, constituent les éléments pour une vision contemporaine du paysage. Photographiant en grand format à la chambre, il associe rigueur de la composition, humour et tension entre la beauté généreuse et la clarté assurée de la détérioration du monde.
François Xavier-Orsini, Il explore toutes les formes d’arts (le dessin, la sculpture, la vidéo, le graphisme...), car pour lui on ne peut pas n’avoir qu’une seule forme d’art, ou qu’un seul mouvement. Il a travaillé autour du disque vinyle, qui est modifié, transformé, arrangé, de la pochette au microsillon traduit en gravure. Il utilise différentes techniques : dessin, sculpture, vidéo, graphisme… « Ma personnalité et ma curiosité, dit-il, font que je me refuse à me spécialiser dans tel ou tel moyen d’expression. J’éprouve sans cesse le besoin d’explorer des voies nouvelles. » Par détournement, relecture, hybridation, Orsini produit des images qui interpellent le spectateur avec force. Combinant différentes techniques et niveaux symboliques, elles l’arrachent aux images toute faites, issues des médias ou de la culture, pour créer un univers étrange et déroutant, qui suscite l’interprétation, de la même manière qu’elles ont été produites : en toute liberté.
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Marc Chevalier, né en 1967, a été diplômé de la Ville Arson en 1993. Il pratique la peinture, la sculpture, et produit des installations et des performances. Il a été l’un des fondateurs de La Station. « Je fais de la peinture sans peinture. La toile et le sujet sont de la même substance. Je créé des toiles en scotch. Je produis de la peinture abstraite sans peinture. Il y a un problème sur ce que l’on entend quand on entend peinture. Quand je fais de la sculpture j’associe des objets et des idées. Sur ce fauteuil, j’ai trouvé que le coussin était une coline et j’ai donc planté un cactus, mais attention un cactus qui avait un nez… ».
Gérald Panighi est né le 1 novembre 1974 à Menton. Passionné de dessins depuis son enfance, il a fait l’Ecole des beaux-Arts à la villa Arson de Nice pendant 5 ans, puis une prépa à Monaco pendant 2 ans. Un collectionneur niçois passionné par son travail lui a permis d’être exposé très jeune dans une galerie à Paris. C’est sur des feuilles blanches marquées de tâches de café et d’auréoles qu’il pratique le dessin. Les grands sujets politiques et économiques ne l’intéressent pas. Ce qu’il cherche ce sont des moments insignifiants, décrire la vie des autres comme un journal intime. Ses dessins représentent des Polaroïds, des images instantanées accompagnées d’une phrase détournée du quotidien. Le sens de l’économie, il connaît bien, laissant respirer son papier blanc, travaillant seulement sur une partie. S’inspirant du quotidien des autres, il «surfe» sur les forums de divorce pour trouver ses textes et créer des histoires qui peuvent s’assembler selon la compréhension de chacun. Il est un artiste permanent à la galerie Eva Vautier.
Loïc le Pivert, pratique le dés-emploi, ou encore la procrastination, qui n’est rien d’autre que l’art de remettre à demain ce qu’on pourrait faire aujourd’hui. Tout petit, déjà, il dessinait. « Mais, précise-t-il, comme une pratique pas pour en faire un métier ». Entre « faire l’armée ou la Villa Arson », il choisit d’entrer à la Villa Arson : « J’y ai trouvé les outils qui me manquaient pour comprendre certaines choses (comme la pertinence de la question « qu’est-ce que tu veux faire ?»). En sortant de la Villa en 1998, c’est vrai que j’ai compris qu’artiste était un métier. La villa aura mis à jour mon mode de fonctionnement et mon rapport au monde. » Il pratique le dessin, au rythme d’un dessin par jour, parfois moins. Il lui arrive cependant d’arrêter pendant plusieurs mois, de mettre son travail en « jachère » : « Lorsque j’ai l’impression qu’il devient facile, il faut laisser les choses se reposer d’elles-mêmes. » Il utilise des feuilles de papier machine de format A4 et un critérium japonais. Il place un tirage d’une photo réalisée au moyen d’une imprimante laser, « donc d’entrée une image très dégradée », sur une petite table lumineuse et il la reproduit avec son crayon sur la feuille de papier. « Ce qui m’intéresse, ce sont les choses de l’ordre de l’installation, entendue au sens très large. Une nature morte, pour moi, c’est une installation ».
Fiorenza Menini développe le lien entre image et récit, photographies et textes, mémoire, écriture, lecture. Elle construit dans la photographie, le film et la performance, une œuvre contemporaine, où on trouve autant les performances qu’elle réalise, qu’une pièce pour le théâtre, un film vidéo, une collection de silence de cinéma, des textes, et articles édités dans la presse. Investigation géographique, déplacement corporel, évènements réels, évènements fictifs, mémoire, rencontres, récits, écritures, et le silence, blanc, vide, suspension, corps, histoire du corps, performance, théâtre, résistance, mutisme, et enfin traversée, corps, âme, paysage. Ses photographies et ses vidéos ont été présentées dernièrement à Arles Photo (2016), et dans différents lieux ; au New Museum (NY), Art Chelsea Museum (NY), Contemporary Art Museum of Santa Monica (L.A.),
Agnès Vitani, établit par sa pratique picturale une symbiose entre le réel et l’abstraction selon un principe de débordement et de contamination. Elle utilise des gestes simples et travail avec le temps comme la répétition d’essuyer le pinceau sur le bord du pot de peinture qui peut faire apparaître des couronnes de stalactites. Elle récupère et recycle les traces mnésiques de son travail pictural en élaborant des pièges à tâches (les tatoos, les grilles ramollies de l’abstraction géométrique, les synapses). Les fragments de peinture qui couvraient le sol sont ainsi fixés et vont plus tard être absorbés par la surface du tableau. Elle recycle des fragments du réel, des images furtives du banal. Ses installations nommées « douces et refroidies », « la promenade ou pas de printemps pour Marnie », sont inscrites dans un système d’apparence hétéroclite régi par l’accumulation, la répétition et l’entropie.
Quentin Spohn, est un artiste contemporain français né en 1984, surtout connu pour ses grandes fresques dessinées à la pierre noire. En 2007, alors qu’il intègre la Villa Arson il décide d’abandonner la peinture et la couleur par la suite, pour privilégier le dessin, la pierre noire et donc le noir et blanc4. Ce médium lui évoque les esquisses des XVe siècle et XVIe siècle, époque où le crayon à papier n’existait pas. En 2017, revenu d’une résidence d’artistes à Pékin, en Chine, il développe de nouvelles influences : il s’inspire désormais de la tradition du paysage chinois, notamment du shanshui, à mi-chemin entre la montagne et l’eau. Il continue cependant à mêler réel et merveilleux, à introduire de l’étrange dans un cadre réaliste.
Pour Quentin Spohn « Si on compare, Spada était sinistre et Le 109 est formidable, mais même si la terrasse des plasticiens est formidable, même si l’on trouve de l’activité sur le site Le 109 n’a pas d’âme. Ce que nous tentons de faire pour faire vivre le lieu, comme la semaine dernière durant laquelle j’ai accueilli un artiste que travaille pour le carnaval, est réprimé, critiqué. Il y a besoin de plus d’ateliers à Nice. Trente jeunes plasticiens sortent de la Villa Arson chaque année. »
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Quentin Derouet, est diplômé de la Villa Arson en 2012. Son travail a notamment été exposé au Centre d’Art de la Villa Arson à Nice, Kunst Arte Merano en Italie, Private choice (Fiac) à Paris, à la galerie des beaux-Arts à Grenoble, à la galerie Helenbeck à Nice, à la galerie Eva Vautier à Nice… En 2017, Quentin Derouet a été invité pour une résidence en Chine par la galerie ArtCN qui a exposé son travail à Shanghai. Depuis quelques années, il développe un projet autour de la création, notamment en collaboration avec l’entreprise Meilland, à la création d’un nouveau spécimen de rosier. Cette nouvelle variété de rose, a la particularité de laisser la plus « belle » trace, quand on l’écrase sur un support. A partir de cette rose, Quentin Derouet réalise différentes œuvres, des dessins, des peintures, mais aussi des œuvres monumentales.
Anna Tomaszewska a été diplômée de la Villa Arson en 2014, année lors de laquelle elle obtient le prix de la Jeune Création de la Ville de Nice. Son travail sculptural montre depuis ses débuts une grande attention pour la texture des surfaces, des objets et des matériaux qu’elle manipule, déplace et agence. Il est souvent question de dispositifs au regard dans ses installations. La tension immédiatement perceptible de son travail tient moins dans l’installation des formes que dans les vides qui les sépare. Les formes génèrent de l’espace, multipliant les potentiels d’interprétation des matières, des échelles, des narrations. Anna Tomaszewski fait un travail de recherche qui, bien que motivé par la pratique et le contact avec la matière, n’en cherche pas moins des vibrations invisibles, des tensions toujours à la limite du basculement, vers la fiction, vers d’autres échelles, vers la possibilité d’une illusion.
Mouna Boukali, lauréat du prix de la ville de Nice 2018, peint et dessine sur des matériaux pauvres autant pour des raisons financières que d’autonomie. Elle s’est installée peu à peu dans ces pratiques de peinture et dessins en aimant les gouaches d’Henri Michaux, les lithographies de Jonathan Messe, les autoportraits d’Artaud, les peintures de Martin Kippenberger et Werner Büttner. Puis elle a lu la pensée d’Adorno. C’est à la suite de cela qu’elle a écrit son mémoire sur l’improvisation et le jazz et appris à ne plus se satisfaire de son travail antérieur. C’est alors qu’elle commence des installations dans lesquelles sa production trouve cohérence et consistance et qu’elle fait sienne la phrase de Nicolas Boileau « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ».
La première pratique de Johan Christ-Bertrand, lauréat du prix Venet 2018, est le dessin figuratif dans des carnets. Quand il est passé des carnets à la toile et qu’il a commencé de peindre, il s’est demandé ce que la peinture pouvait apporter que la photographie ne permettait déjà. Sa première inspiration est celle de la BD et des dessins animés. Dans sa peinture, l’hyperréalisme n’est pas loin, la peinture californienne non plus mais pas seulement. Privilégiant la ligne claire, les aplats et les couleurs pop, il part d’un espace qui ressemble à une scène, à une planche où il vient construire poser des objets et des figures. Mais toujours très peu. Il a un protocole. La culture populaire est très importante dans son travail : le flipper des bars dans Pinball Clarfield (visible à la galerie de la marine) aussi bien que des dessins animés ou la décoration de meubles du XVIII siècle en Alsace avec ses leurres, ses illusions, son goût du faux. Mais toujours de façon épurée, la plus simple possible.
Martin Caminitti, né en 1959 à Taurianova (Italie), vit, enseigne et travaille son art à Nice. En 1987, il décroche le Diplôme National Supérieur dʼExpression Plastique. Il se fait remarquer par la qualité de son trait et par son approche particulièrement originale des objets qu’il s’approprie ou détourne dans la « logique » de Marcel Duchamp et des « anciens » de l’Ecole de Nice. La véritable originalité de Martin Caminiti, au delà des références qu’il fait à la lignée des artistes manipulateurs d’objets et jongleurs de concepts, c’est la relation spéciale qu’il entretient comme sculpteur à la notion d’espace. Ses collages fonctionnent d’une manière métamorphique à partir d’un objet originel, retravaillé, augmenté, étiré comme une projection spatiale qui conserverait toujours le souvenir d’une bidimensionnalité initiale. C’est ainsi que l’aspect aérien et l’élégance nerveuse de la majorité des pièces évoquent souvent la netteté incisive et sans repentir de l’épure. Ces qualités esthétiques particulières tiennent évidemment aussi à la matériologie propre à cette sculpture : scions de canne à pêche en fibre de verre, lames de bambou, fil de nylon ou d’acier... Comme la modulation du trait est souvent produite par une tension qui dessine la courbe, aucune mollesse ne vient dégrader la dynamique de la construction graphique qui forme à partir du ready-made originel l’augmentation spatiale de la sculpture. Aujourd’hui il est Directeur de la Villa Thiole et y professe également le dessin, le volume et la perception de l’espace.
Martin Caminitti « Même s’il manque un montecharge, les ateliers d’artistes du 109 sont essentiels pour les plasticiens qui y travaillent comme moi car nous pouvons produire, mais aussi échanger. La scène plastique niçoise est dans les ateliers du 109 et c’est pour cela qu’à la Villa Thiole que je dirige j’en ai sollicité dix pour qu’ils soient enseignants ».
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LES ACTEURS TEMPORAIRES
Le 109 est un lieu produit par des acteurs permanents mais aussi par des acteurs venant y trouver des espaces et des rapports aux publics singuliers. La présentation faite ici ne vise pas à présenter l’intégralité des acteurs temporaires, mais de témoigner de l’importance de ces contributions à l’identité en construction du 109. De disciplines artistiques variées, de natures très différentes, de régularités diverses, les dix coproductions présentées doivent permettre de poser les bases d’une politique refondée de ces accueils. Benoit Gelli1, le fondateur et animateur de Panda Event est l’un des producteurs de référence dans le domaine des musiques actuelles à Nice. La totalité des structures du groupe réalise 3,5M€ de chiffre d’affaires dont 500K€ sur Nice. « Animal hyperactif », Panda produit sur la Côte d’Azur, et à l’international, des festivals, concerts et soirées dont les Plages Electroniques à Cannes, les festivals Crossover à Nice, Les Dunes Electroniques en Tunisie ou Martizik en Martinique. Créé en 2009, Crossover (comprendre « croisement ») est un festival qui met à l’honneur les métissages artistiques, et les groupes conviés évoluent à la croisée des cultures et des courants musicaux. Avec une programmation musicale révélatrice des tendances artistiques du moment, avec des musiciens, mais également avec des plasticiens, des vidéastes, des cuisiniers… Pour Benoit Gelli « Crossover a été l’un des premiers événements à ouvrir les portes du 109 a un large public dès 2012, après une première intervention de notre structure en 2011 avec le UK festival à La Station. La dernière édition du 8 au 11 juin 2017 a réuni plus de 30 artistes et plus de 3000 personnes en utilisant les divers espaces du site.
1 • Benoit Gelli, le 15.11.18 2 • Résident de la Concrète, Leo pol, est qualifié dans la presse comme le « libre-penseur » de la musique électronique. A l’origine batteur et fan de punk, il trouve son inspiration dans des cultures qu’il a découvertes en grandissant. Il est capable de trouver des sonorités venant de différents mondes. Ses lives puisent aussi bien dans la musique brésilienne, le disco et le funk africain. 3 • Aether est un artiste berlinois associé au célèbre label de Tale Of Us : Afterlife. Aether a une conception innée du renouvellement et de la recherche sonore. Une exploration entre musique ambient et sons naturels fusionnés à une techno douce et profonde avec des synthés pointus et séquences hypnotiques.
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Réaliser des événements dans cette friche culturelle a été très important pour nous, même si nous n’avons jamais trouvé l’équilibre économique et même si l’exploitation technique du lieu était difficile. Nous regrettons de ne plus pouvoir exploiter le lieu pour des raisons de nuisances acoustiques mais je ne sais pas comment nous aurions fait pour trouver les moyens de le perpétuer dans ces conditions. Pour nous les années 109 représentent un investissement à perte de 250K€ dont 90K€ pour notre dernière année ». Outre ce festival Panda a programmé en avril 2018 au Frigo 16 « Data Music » avec notamment Leo Pol2 live et Aether3. « Nous aimons ce lieu qu’est Le 109, et nous trouvons que le Frigo 16 est un bon outil, mais il est impossible de fermer un lieu à deux heures du matin avec ces propositions musicales. »
4 • Alexandre Ivaldi est gardien du site, ancien employé des Abattoirs du temps de leur activité première. 5 • Marianne Khalili et Estelle Maçé, le 11.09.18. 6 • Tony Faria-Fernandes est né en 1986. Il a suivi des études de cinéma à Nice et met en scène des films de chambre.
Le Festival de Monaco a investi une seule fois les Abattoirs. En mars 2011 son directeur Marc Monnet a programmé l’un des quatuors les plus reconnus, le Fine Art Quartet de Chicago pour un concert dont le lieu, le programme et les interprètes avaient été cachés aux spectateurs invités. Alexandre Ivaldi4 se souvient « d’un moment formidable. Le public, qui était rassemblé dans six autocars, arriva sur le site pour découvrir un lieu de propositions culturelles qu’il ne pouvait imaginer. Il y avait des concerts étonnants, un violoncelliste à l’étage, là où sont maintenant les ateliers des plasticiens, un quatuor dans la grande halle, des percussions dans la porcherie, un orchestre dans le frigo 16, il y a même eu des… C’est inoubliable. »
Movimenta5 a été produit par l’association L’Eclat, lieu d’Expériences pour le Cinéma, les Lettres, Arts et technologies, qui assure une circulation entre la diffusion, la formation et la création dans le domaine des arts visuels et sonores, notamment à travers ses missions de Pôle Régional d’Education Artistique et de Formation au Cinéma de la région. Implantée à la Villa Arson, l’association a été très tôt associée au Chantier Sang Neuf pour réaliser une mission audiovisuelle de juillet 2009 à décembre 2011 qui a été conduite par Tony Faria Fernandes6. Movimenta est un des projets d’envergure que Le 109 a accueilli. Il était l’un des lieux forts du dispositif mis en place pour cet événement réalisé en 2017 dont Marc Barani était le Commissaire.
La Compagnie Humaine fondée en 2002 par Eric Oberdorff1 a réalisé en 2011 un film au 109 intitulé « Butterfly Soul » 2 créé pour l’ouverture du Festival international de danse de Cannes 2011. Butterfly Soul mêle danse et architecture dans un solo chorégraphié et filmé pour la danseuse Cécile Robin Prévallée. « Butterfly Soul explore et raconte l’état de fragilité de l’artiste lorsqu’il crée »3. Par sa choréologie comme par sa mise en scène, Eric Oberdorff témoigne par ce travail la sensibilité qu’il cultive à l’égard de ce lieu, en termes scénographique et politique. S’inscrivant depuis lors à plusieurs reprises dans la vie du 109, avec par exemple « L’eau dans tous ses états »4 , la dernière collaboration éclaire un autre versant du rapport au projet. Au Frigo 16 en 2018, le chorégraphe a mené un laboratoire de création avec « Abraxa » initié dans le cadre du Collège des Ecoles d’Art et de Design regroupant les 6 écoles d’art et de design du territoire. Cette démarche illustre l’engagement de la compagnie dans « Studio Trade », réseau d’échanges européen créé en 2010 et regroupant dix-huit membres répartis sur neuf pays. « Les membres de ce réseau sont des compagnies de danse, des lieux de résidence et des structures de production qui ont en commun de disposer de studios à partager. Leur but est de favoriser la mutualisation de lieux de recherche, de création et de prospection de nouveaux territoires comme autant d’espaces alternatifs de rayonnement pour les artistes chorégraphiques en Europe. »
Sept-off, le festival de la photographie méditerranéenne a fêté le 22 septembre 2018 ses 20 ans par une soirée au 109 en proposant les travaux de Nicolas Cabos, Joseph Charroy, Martine Dawson, Rebekka Deubner, Bérangère Fromont, Pauline Hisbacq, Melchior Tersen, Camille Vivier, Dohyeon Eom, une projection d’Héliotrope, un light show d’Emmanuelle Negre et un concert de Moïse Turize. Cette 20ème édition du festival a aussi été le moment d’une projection vers l’avenir, « pour imaginer les formes renouvelées de notre engagement auprès des photographes, des publics, et des acteurs institutionnels, associatifs et privés avec lesquels nous avons tissé des liens durables de confiance et grâce auxquels notre action se transforme et se diversifie d’année en année »5. Pour Orphée Grisvard, le coordonnateur du nouveau souffle du festival « notre objet est de défendre la photographie émergente et bien entendu, le lien au 109 est indispensable. Dans une ville ou existe le musée de la photographie, deux galeries et des initiatives comme l’association Photon, nous sentirions bien une implantation au 109 pour nos bureaux, nos ateliers, nos expositions. Il faut rappeler que des résidents des ateliers sont fréquemment exposés dans le festival comme pour cette édition Anne Favret et Patrick Manez et que notre démarche pédagogique est essentielle. Cette année par exemple nous travaillons avec l’éducation nationale à l’Ariane et à Beausoleil. La question reste bien entendu celle des moyens. Nous aurions aimé cette année faire une exposition dans la Halle, mais nous sommes dans l’incapacité de financer l’accueil et le gardiennage sans une coproduction du 109.6»
Depuis 2015, Ovni en Ville propose en novembre / décembre, chaque année un rendez-vous d’art vidéo et d’art contemporain. Avec le salon Camera Camera qui est installé dans l’hôtel Windsor, Ovni fédère des acteurs locaux, nationaux et internationaux autour d’exposition, salon, concert, performances, table ronde, workshop, ponctueront le festival pour des rencontres et échanges entre institutionnels, galeristes, collectionneurs, artistes et amateurs d’art vidéo et d’art contemporain. Prés de 150 artistes sont exposés durant cet événement et Odile Redolfi travaille à ce que Nice soit positionnée comme capitale de la vidéo, comme Avignon l’est pour le théâtre, St Etienne l’est pour le design ou Angoulême l’est pour la bande dessinée. Pour l’édition 2018, Ovni a fédéré les énergies de plusieurs producteurs permanents (La Station L’Entre-Pont, Le Forum) et extérieur (Héliotrope et Un festival c’est trop court) afin de produire une soirée métaphorique du « 109 commun »7.
Concrete Island - Maxime Martins (France, 2018, 11’30)
Eric Oberdorff
1 • Eric Oberdorff, le 02.10.18 2 • https://vimeo.com/33526532 3 • www.compagniehumaine.com/pages/piecespag.html
Aglaè Bory – Les traversées – sept-off 2017
4 • https://www.youtube.com/watch?v=u7626PnmWCI &index=27&list=PLE6C20F7B1D1A783A&t=0s 5 • Sept-Off, dossier de presse du 20éme festival de la photographie 6 • Orphée Grisvard, le 02.10.18 7 • Odile Redolfi, le 27.10.18
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Casa Doc / Héliotrope / Il était un truc / Regard Indé / Autour d’Eux1, collectif pour un lieu collaboratif dédié à l’image fixe et en mouvement, sont les cinq structures opératrices dans le champ de l’image qui ont adressé à la Ville de Nice une demande d’espaces pouvant permettre de mutualiser des moyens par leur regroupement. La plupart de ces structures est dans une relation actuelle spécifique au 109. Casa doc qui réalise et produit du documentaire a collaboré avec Movimenta et est intervenu sur le média Ligne 16. Héliotrope, qui a fêté au Frigo 16 ses vingt ans en 2017, promeut les « films de moins d’une heure » qui accède peu aux salles et aux écrans. Dans le rapport au 109, elle mène également un travail avec la Compagnie Antipodes. Il était un truc « développe des expériences cinématographiques sous la forme d’ateliers de pratiques artistiques, et transmet ses lumières par l’appropriation d’outils de création et d’expérimentation en mobilisant notamment la structure mobile et modulable des Films en Tubes. L’association mène un important travail d’action culturelle avec des enfants réfugiés et une association de lutte contre l’illettrisme. Cette année elle a par exemple proposé une projectionrestitution du clip réalisé par des adolescents du Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile et des enfants de la structure Accueil Travail Emploi.
Pour Autour d’Eux, qui travaille la diffusion du cinéma et gère un parc de matériel, la collaboration au 109 a été faîte sur les deux Eclairage Public. Leur siège social est déjà à l’Entre-Pont et leur ancrage dans l’histoire du 109 peut aussi être illustré par la numérisation en cours des films relatant l’histoire de Nux Vomica et du Collectif du 20 mai.
1 • Collectif, le 03.10.18
5 • « L’artiste français exilé à Bruxelles s’empare des codes de la musique pop pour les détourner à sa manière. Maoupa Mazzocchetti navigue en eaux troubles, entouré de sonorités allant de la techno expérimentale à la techno industrielle voire noise, mais aussi en explorant la synthpop et même le reggaeton. » www.beyeah.net le 31 octobre 2018
2 • Traduction, le fureteur, Qui cherche, fouille partout, s’enquiert de tout 3 • Vidal Benjamin (Versatile) - Whodammany (Firecracker) - December - Interstellar Funk & Robert Bergman (Rush Hour) - Ossia (Blackest Ever Black) - Cera Khin - Philip Jondo - Low Jack (Editions Gravats) - Zaltan (Antinote) - Brian not Brian etc. 4 • Axel Amoyal, le 12.02.2109
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Pour Virginie Fonséca, Laurent Trémeau, Amélie Masciotta, Vincent Jourdan, Xavier Vaugien, c’est en mutualisant que l’on peut développer et résister aux baisses de financement. Le concert de Françoiz Breut qui a été organisé par ces structures le 19 juillet 2018 est en ce sens métaphorique du principe de coproduction qui doit être travaillé au 109 où lors de cette soirée fut à la fois produit un concert de Françoiz Breut et diffusé le film de Coralie Martin « Françoiz Breut, des rivages sibyllins ».
6 • Figure montante de la techno en France, résidente chez Rinse France, Myako enchaîne les productions audacieuses, jonglant entre son nom courant et son alias mental Bluereed. Membre du crew Qui Embrouille Qui, la jeune DJ fait parti de ce nouvel underground français, qu’elle nous fait (re)découvrir dans un mix puissant et éclectique. » Trax le 16 avril 2018.
Depuis l’été 2017, l’association Weirdbrowser2 organise des soirées de musiques électroniques en invitant les artistes émergents de la scène contemporaine3. Les premières ont eu lieu à la Villa Arson. En 2018 cinq événements s’y sont déroulés et pour la première fois Le 109 a été investi. Pour Axel Amoyal4, l’un des fondateurs de Weirdbrowser « notre première démarche avec les Abattoirs remonte à 2010/2011 par des échanges avec Sophie Duez. Nous avons dit que cet espace nous intéressait et qu’il y avait un potentiel. On y croyait… mais rien ne s’est concrétisé. Avec son aménagement, le Frigo 16 nous a séduit par sa nature de friche, même si les contraintes de distance du centre-ville, et d’heures de fermetures sont lourdes. Au 109 ce que l’on aime c’est les espaces, le côté industriel, la modernité brut-indus. Nous avons programmé Maoupa Mazzocchetti5 et Myako6, et avons fait 196 entrées, un peu moins que ce que nous sommes sûrs de pouvoir faire en prenant, avec le public, nos marques dans le lieu. En 2019 nous ferons d’autres événements pour cultiver notre singularité et cultiver le désir des publics de rencontrer des propositions musicales exigeantes ».
Imago production est une association créée en 2011 par David Benaroche1 « musicien amateur » qui produit et coproduit jusqu’à 25 concerts par an. Imago s’inscrit dans la politique des musiques actuelles de la ville qui coproduit certaines dates permettant ainsi de faciliter l’accès à tous les publics grâce à une réduction du prix d’entrée (passage à moins de 20€ de place qui sont sinon vendu 40€). L’espace de travail est situé Gare Riquier dans une location à un propriétaire privé. De l’école de Condé au Forum Nice Nord en passant par le Black Box, le Théâtre Lino Ventura, le Forum Jorge François et de très nombreux lieux de vie dans la ville Imago est un des acteurs essentiels de la diffusion musicale dans la vile. Imago est également « un accompagnateur » de groupes en voie de développement avec « La Ruche » à laquelle participe Fred Luzignant, « un producteur » permettant à des artistes de construire leurs parcours et « un éditeur » de productions musicales. De Magma à Syna Awel, de Jean Pierre Como à Sashird Lao, en passant par Clément PalombaGrayssoker, Imago accompagne des artistes locaux, nationaux et internationaux. Imago est également très engagé dans le Jazzophone, journal crée en 2014 pour mieux faire découvrir l’étendue et la variété du Jazz. En mai 2018, Imago à produit avec le Hublot à l’Entre-Pont, le concert de Cyril Atef.
Le bibliobus est accueilli sur le site du 109 deux fois par semaine entre 10h et 12h. Cette initiative doit s’intégrer dans la possibilité de penser le lien potentiel entre Le 109 et les deux bibliothèques de St Pons et de St Roch. Des artistes résidents au 109 interviennent déjà dans les bibliothèques et ces travaux pourraient s’approfondir pour Magali Fouque, bibliothécaire, dans les deux sens : « Plus d’artistes dans les bibliothèques et plus de publics des bibliothèques, notamment les jeunes publics au 109 dans des projets partagés. »2
1 • David Benaroche, le 27.09.18 2 • Magalie Fouque, le 22.11.18
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LA PROGRAMMATION ET LES PROJETS COMMUNS Le 109 est ainsi un lieu de travail, de production qui accueille en permanence plus de 70 artistes de toutes les disciplines, artistes résidents associés sur plusieurs années ou artistes en résidence sur des projets accueillis pour quelques jours, une semaine ou un mois. Dès l’ouverture de la Station, dès la préfiguration du projet avec le Chantier du Sang Neuf, les anciens Abattoirs ont très vite accueilli le public, condition sine qua non, de la construction d’une friche culturelle, d’un lieu intermédiaire, d’un tiers lieu culturel. Depuis 2016, Le 109 offre une programmation régulière dans toutes les disciplines et des événementiels publics. Sur une semaine en mai 2018, juste après un événement dans le domaine des nouvelles technologies comme Code&Play qui s’était tenu mi-avril, les propositions ont été :
La proposition musicale de jazz libre de Jean-Marc Baccarini, Christian Mariotto, Philippe Canovas avec la formule guitare / sax / batterie organisée par Le Hublot VENDREDI 4 MAI – 19H30
La lecture par Sylvie Teissier de « La fulgurance du geste » de Fabienne Swiatly dans le cadre des Dits du lundi, organisé par la Cie Le Grain de Sable LUNDI 7 MAI – 19H30
Le concert à l’Entre-Pont d’Alexandre Lemerde situé entre la « beauf Camping music » et la « House Techno Dance Futuriste », SAMEDI 12 MAI – 20H
La première présentation au public de « La Marelle », la création circassienne de Eva Luna Frattini de la compagnie L., organisée par L’Entre-Pont dans le cadre du projet des résidences accompagnées. LUNDI 14 MAI – 19H
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Le concert « Papatef – Aka », de Cyril Atef, homme-orchestre fréquemment associé à Vincent Segal, Matthieu Chedid ou au Gotan Project, qui offrit ce soir-là son DJ set / live drums à l’Entre-Pont en association avec Imago Production. VENDREDI 18 MAI - 19H
Une présentation de la résidence d’exploration du Théâtre Désaccordé, « Théâtre de lettres vivantes » qui explorait, à l’invitation du Théâtre de la Massue, des procédés grâce auxquels les lettres d’un prénom pourraient devenir un corps marionnette. SAMEDI 19 MAI 2018 – 17H
Une sortie de résidence musicale « Prière d’Amour », coorganisée avec le Grain de Sable, de François Barucco et Claudel Bertili. SAMEDI 19 MAI 2018 – 20H
Une manifestation pluriculturelle « Eclairage Public », proposant 3 jours de découvertes, de rencontres et de création artistique construite par les acteurs du site () et par d’autres acteurs de la ville (Théâtre national de Nice) Le premier Eclairage public en mai 2017 avait eu un budget de 70 000€ du 109 et avait réuni 7 000 visiteurs sur 3 jours. Eclairage public n°2 en mai 2018 a eu un budget de 30 000€ et a réuni 5 000 visiteurs. VENDREDI 25, LE SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 MAI
« La Fabrique à Chansons » a pour sa troisième édition au 109, proposé Johanna Piraino (chanteuse-accordéoniste, auteur, compositeur et comédienne) et Frédéric Martinez (guitariste, auteur-compositeur) ont travaillé avec une classe de CM1-CM2 de l’école Pasteur et de l’école Bon Voyage 1, afin de créer ensemble une chanson originale suite à plusieurs rencontres avec les artistes. LE LUNDI 28 MAI 2018 À 14H
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PAYSAGE ACTUEL DES CHAMPS DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DANS LE DOMAINE DU NUMÉRIQUE, DES LOISIRS DU TOURISME, DE LA FORMATION ET DE L’ALIMENTATION
LES LIEUX DÉDIÉS À L’INNOVATION ET AUX NUMÉRIQUES Quand nous interrogeons des acteurs de l’accompagnement de l’innovation en France (School Lab, Digital Village...) qui ne sont pas encore présents à Nice, malgré un développement qui s’accentue en province, ils nous formulent systématiquement les 2 réponses suivantes : « Nice, c’est intéressant, c’est une très belle ville, la 5ème de France, il doit y avoir du potentiel », et en même temps « Nous ne connaissons pas bien, voire pas du tout cette ville, quel est son écosystème économique ? Qui sont les entrepreneurs niçois ayant réussis ? Quels sont les grands groupes ou PME actifs et les relais sur lesquels nous pourrions appuyer le développement d’une offre d’accompagnement de l’innovation ? »
Et à cette question, nous séchons souvent à donner une réponse précise. Même sans bien connaître une ville comme Toulouse, il nous vient immédiatement à l’esprit Airbus, le secteur aéronautique, Sigfox1, le CEA2. Sur Lyon, nous pensons à Cegid3, LDLC4, la logistique, le numérique. Mais à Nice, quels relais privés pour appuyer notre démarche ? Car il ne faut pas se tromper, la rentabilité de la plupart des lieux accueillant des startups, freelanceurs, chercheurs,… dépend très souvent de la vitalité du tissu économique local. En effet, le modèle économique de ces lieux pourrait être diviser en 3 : • Tiers 1 : la location des postes de travail (à des freelance ou des startups/PME) • Tiers 2 : la location d’espaces pour de l’évènementiel (séminaire de groupes, conférences,…) • Tiers 3 : la vente de missions de conseil, d’accompagnement en innovation, essentiellement à des grands groupes.
Si sur le Tier 1, l’offre peut créer la demande et encore, il n’est pas gagné qu’un lieu, aussi exceptionnel soit-il, suffise à décider une startup parisienne de venir s’installer à Nice, par exemple. Il s’agit d’un des paramètres d’une décision qui passe par l’analyse de nombreux autres paramètres : qualité de vie, facilité de recruter des profils compétents, proximité des clients, accessibilité (sur ce point, un aller-retour Paris-Nice en avion sera par exemple toujours plus couteux en temps, argent et/ou émission carbone qu’un même aller-retour depuis Lyon, Bordeaux, Lille, ou Nantes). Il reste l’ouverture à l’international, véritable atout pour Nice. En revanche, les Tier 2 et 3 dépendent quasi exclusivement du dynamisme du tissu économique local. Si School Lab vient s’installer à Nice, à qui vendront-ils leurs missions d’accompagnement en innovation ? Quelles entreprises de la région y emmèneront leurs équipes en séminaire pendant quelques jours ?
1 • Réseau IET 2 • Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives 3 • Système de paiements 4 • Commerce matériel informatique
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LES AXES DE DIFFICULTÉS DU TERRITOIRE NIÇOIS UN ÉCOSYSTÈME STARTUPS TRÈS PAUVRE Avant de créer un lieu pour héberger des startups, il convient d’analyser le besoin réel et le marché auquel on s’adresse. Or le marché des startups qui se créent et se développent à Nice n’apparait pas être des plus dynamiques. Lorsque l’on compare le nombre de startups inscrites dans l’annuaire French Tech (chiffres disponibles sur le site www.lespepitestech.com), on se rend compte que la French Tech Côte d’Azur, avec 130 startups inscrites à l’annuaire (dont 71 dont le siège est à Nice), est assez loin derrière des villes comme Lyon (350), Marseille (250) ou encore Bordeaux et Toulouse (200 chacune). Si quelques belles réussites sont à souligner, telles que MyCoach, Qwant, EllcieHealthy, cela reste assez faible en comparaison avec d’autres grandes villes françaises, et nous manquons d’un ou plusieurs champions dont le siège serait établi à Nice (Qwant est sans aucun doute un des champions français, mais le siège est resté à Paris et les bureaux niçois ne sont qu’une de ses antennes délocalisées). Cédric Marsella My Coach, FrenchTech Côte d’Azur (startup) « Il n’y a pas assez de leader charismatique sur la scène startup niçoise, d’entrepreneurs affichant de solides réussites et mettraient leur réussite au service de l’écosystème. On me dit que je suis le porte-drapeau des startups niçoise, on m’invite partout, mais je suis encore microscopique ! J’ai encore besoin d’être aidé. Même si j’accompagne volontiers les initiatives de la FrenchTech, que je sois autant mis en avant comme la réussite niçoise est révélateur d’un problème. On manque de succès, on manque de soutien et on manque de liant entre les initiatives et les territoires. Comme si chacun voulait tirer la couverture à lui et était jaloux de la réussite de l’autre. Il n’y a pas de dynamique d’écosystème, d’entraide. Nous essayons de regrouper les énergies, avec la French Tech et l’association Nice Startup, pour que les entrepreneurs du territoire parlent d’une même voix, puissent se regrouper, développer leur réseau, obtenir de l’accompagnement. Mais c’est particulièrement difficile sur ce territoire morcelé où les initiatives individuelles s’additionnent mais sans jamais créer un vrai mouvement cohérent. Nous manquons de soutien politique, et économique. Ni nos clients, ni nos investisseurs ne sont ici. On brandit My Coach comme la réussite de la métropole, mais nous sommes encore tout petit, fragile, et à des années lumières de pouvoir assumer un rôle de moteur pour tout un écosystème, comme peuvent le faire des Sigfox à Toulouse, Free à Paris ou Cegid à Lyon ».
Victor Desnot CEO Teach on mars (startup)
Jean-François Richardoz Village by CA (coworking)
“J’ai choisi de m’installer à Nice pour la qualité de vie, la mer, et l’aéroport international. J’ai choisi d’installer les bureaux de ma startup à Sophia pour le pôle de compétitivité CACA, la densité des associations et entreprises présentes sur les lieux, les rencontres type business breakfast. Le territoire de la Côte d’Azur c’est un peu une succession de fiefs, on ne sent pas une énergie commune. Il y a par exemple plusieurs équipes Frenchtech alors que cela ne fait pas de sens sur un si petit territoire. Créer un nouveau lieu pour les startups ? Pourquoi pas, mais y’a-t-il suffisamment de startups sur le territoire ? Il y a beaucoup de m² en construction à Sophia mais je ne pense pas que tous trouverons preneurs. Mes clients ne sont pas là, ils sont à Paris, ou à Lyon, il n’y a pas assez de centre de décision sur la Côte d’Azur. Mon seul client local est Virbac. Il n’y a pas d’investisseur non plus localement. Le seul que j’ai rencontré pendant mes différentes levées de fonds est basé à Marseille – Paca investissement. Il m’est également impossible de citer le nom d’un business angel impliqué sur la côte d’Azur, d’un entrepreneur de la tech à succès qui redistribuerait son temps et réinvestirait son argent. Pour toutes ces raisons, l’écosystème est encore assez pauvre.Je vois en revanche un besoin dans la création de lieux de séminaires ou d’évènementiels. Je fais venir une fois par an tous mes clients grands groupes pour une journée « mobile learning » et tous descendent : c’est la magie de la côte d’azur. Mais il m’est difficile de les regrouper quelque part. L’autre gros atout de la Côted’Azur, c’est la facilité d’y recruter des talents. Une main d’œuvre tout aussi qualifiée qu’à Paris, moins chère et bénéficiant d’un meilleur cadre de vie. »
Réseau d’accélérateurs et accompagnateurs de startups, Le Village by CA est un accélérateur de business qui met en relation des start-up avec des Grandes Entreprises, ETI, PME (partenaires). Développés par le Crédit Agricole, 29 villages ont aujourd’hui vu le jour en France, et ont accompagné 723 startups et 508 partenaires. « Nous avons choisi de nous implanter à Sophia avant tout par opportunisme immobilier, car nous avons pu avoir accès à un bâtiment qui correspondait parfaitement à notre cahier des charges, pour un budget raisonnable. Nous aurions été ravis d’étudier des opportunités à Nice mais elles ne se sont pas présentées. L’avantage d’être implanté à Sophia est le lien privilégié que cela crée avec les entreprises de la Technopole, même s’il est évident que pour beaucoup l’accès est plus compliqué que si nous étions placés dans le centre-ville de Nice. Notre plus grosse difficulté à ce jour est de faire exister le village au sein d’un territoire très éclaté, avec peu d’initiatives rassembleuses ».
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UNE OFFRE DE COWORKING OU D’ACCOMPAGNEMENT FAIBLE ET ÉCLATÉE Une simple cartographie des lieux dédiés à l’innovation suffit à comprendre que ces derniers sont éclatés, de faible dimension et avec un rayonnement et des moyens limités, à l’exception peut-être de l’ECEII (Coworking Nice Meridia) qui a réussi à agréger une masse critique intéressante de startups et à développer différents axes d’accompagnement pour ces dernières. La verrière : 30 postes, initiative privée, presque « personnelle » afin de mieux valoriser les bureaux de son cabinet d’expertise comptable, qui occupent 17 des 30 postes mis à disposition. Quelques évènements organisés chaque mois regroupant quelques dizaines de participants. Le Labo : 20 postes, quelques évènements. Des privatisations par des entreprises non niçoises qui viennent en séminaire sur la côte d’azur. Un potentiel pour un modèle Chateauform au 109 ? Les satellites : Les Satellites représentent une communauté ayant inventé le plus grand espace de coworking de Nice. Ils ont choisi « de travailler ensemble et de sortir de la solitude ». Communauté d’entrepreneurs, d’indépendants, de freelances et de sociétés vivant dans un environnement innovant, ils ont investi des espaces partagés et produisent des événements. Les relations qu’ils nous créent permettent d’enrichir chaque projet, de développer des opportunités et d’entretenir « l’intention collaborative ». Les Satellites cherchent à s’agrandir.
Workhouse café : une 20aine de postes, quelques évènements. Fonctionnement hybride avec une zone de co-working à l’étage et de café/restauration au RDC. Beaucoup d’étrangers qui utilisent le lieu à la journée du fait de son positionnement central. Développement récent : suppression du restaurant/café pour étendre la partie bureau/membership. Volonté d’en faire un espace plus fermé, premium, réservé aux membres, et de développer les services pour ces derniers. ECEII : c’est peut-être l’écosystème le plus développé aujourd’hui avec plus de 30 startups hébergées, de l’accompagnement, des évènements, et un emplacement au cœur du développement de la zone tertiaire Meridia. Accélérateur Allianz : écosystème de quelques dizaines de startups accompagnées par l’accélérateur d’Allianz. Des startups locales mais de nombreuses qui sont aussi de passage pour bénéficier de l’apport d’Allianz dans leur développement. 27 Delval : projet de la maison de la santé connectée, initié il y a quelques années et qui tarde à trouver son rythme, avec peu d’activité générée et de startups accompagnées. Le projet d’extension est pour l’instant en stand-by.
Village by CA : une 20aine de startups et une centaine de postes. Deux types de startups : celles qui ont l’équipe fondatrice sur place et celles qui ont des bureaux de passage et n’occupent les lieux que de temps en temps. Des espaces évènementiels et un amphi privatisable pour les entreprises de Sophia. Quelques partenariats et collaborations avec les entreprises de Sophia mais ce n’est pas le cœur du fonctionnement, basé avant tout sur l’hébergement, le coaching et l’accompagnement des startups membres. Locataire de l’immeuble de Sophia pour 3 ans mais sont ouverts à regarder une autre implantation, notamment à proximité de Nice. Les Villages sont une initiative portée et financée par le Crédit Agricole, l’activité n’étant pas rentable en soir. Sophia Antipolis, un écosystème à part, très isolé. Peu d’organes de direction mais beaucoup de départements de R&D de grands groupes qui fonctionnent avec les instituts de recherche sur place. 36,000 personnes qui y travaillent chaque jour. implantation, notamment à proximité de Nice.
Nous pourrions également citer, le Bar à Bureaux, La Ruche, Coolwork, Le Labo, Regus, Buro Club ou Joya Life Store, autres initiatives de coworking, et devons bien sûr faire référence à l’annonce faîte de la mise à disposition de 200m2 pour implanter le siège de la French Tech au 9 rue d’Italie, dans le quartier Notre Dame. Un petit tour sur le site de le French Tech côté d’Azur est d’ailleurs révélateur de la situation. Le site n’est que très peu développé et on n’y trouve que des informations parcellaires. Sont notamment mis en avant, les membres de l’écosystème, les institutions, les collectivités territoriales, et les membres associatifs. Mais à aucun moment on ne parle des startups, des investisseurs, des évènements ! Alors que c’est l’information la plus vitale. Il suffit de comparer avec le site de la French Tech de Bordeaux. On y retrouve une présentation de chaque startup de l’écosystème, les contacts des fondateurs, les évènements à venir sur le territoire, la cartographie des investisseurs et accompagnateurs de l’innovation …
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Philippe Garcia, Co-fondateur My Coach et président Nice Startup (startup) Nice Startups est une association qui regroupe 70 startups et ETI représentant un total de 500 emplois. Leur constat est que Nice manque cruellement d’un lieu totem pour ces jeunes entreprises, qui pourrait offrir des conditions de travail adaptées (installations, convivialité, accompagnement,… ) à des tarifs abordables. De nombreuses initiatives voient le jour à l’Ouest (ECEEI, Nice Matin, Allianz,..) mais le quartier est excentré et n’offre que très peu d’installations conviviales « ce n’est pas un quartier de vie, il manque une identité qui puisse attirer les jeunes salariés ».
Dans le même temps, les espaces de co-working du centre-ville sont trop petits pour représenter une réelle alternative. « Les satellites, la plus grande structure de coworking du centre-ville – une cinquantaine de postes – cherche à s’agrandir. Ils pourraient être intéressés par le 109, mais pas à n’importe quelle condition, car le site est beaucoup moins central que leur emplacement actuel ». Nice Startup a remis un rapport à la ville pour développer un projet au niveau de l’actuel palais des congrès. Ils sont intéressés pas le projet 109 et pour mobiliser la communauté locale dans le cadre d’un projet d’envergure.
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MANQUE DE RELAIS PRIVÉS Il manque aujourd’hui à Nice une figure industrielle qui souhaite investir du temps et des ressources dans des projets de développement du territoire, créer une dynamique d’emplois et fédérer des initiatives d’innovation autour d’elle. Quelques exemples marquants existent dans des villes similaires en France : • Sigfox à Toulouse qui crée l’IOT Valley autour de son siège, afin de regrouper les startups les plus prometteuse autour des sujets de l’IOT • GL Events à Lyon • The Camp à Marseille Toutes ces initiatives sont des initiatives privées, portées par des industriels et patrons à succès de ces territoires, avec le soutien des acteurs publics qui y voient de formidables opportunités de dynamisation de leur territoire. Si Nice souhaite se doter d’une politique d’innovation de premier plan, caractérisée par des lieux mais surtout par une politique globale d’accompagnement, un écosystème dynamique, l’accès à des talents et compétences multiples, à des financements… Cela passera nécessairement par la mobilisation des forces vives privées et par les entrepreneurs à succès souhaitant partager ce succès avec le territoire.
LES MOTIFS D’ESPOIR LA FORCE DE SOPHIA ANTIPOLIS Nice a été classée en 2019 dans le top 50 des meilleures villes au monde pour y installer sa startup. Si le critère de la qualité de vie (chère certes) est mis en avant, c’est avant tout la force du cluster IT de Sophia et de ses 23,000 employés qui est relevé dans la justification du classement donné par le site valuer.ai. “Named the Entrepreneurial Riviera of France, Nice takes a deserved place on this list. According to Frenchtechticket: “The IT cluster of the Côte d’Azur today comprises nearly 1,700 companies (23,000 employees) totaling 4 billion € in revenues, one of Europe’s high-tech locomotives thanks to its strong technological foundation concentrated in the Sophia Antipolis science park.” However, Public transport is far from perfect. Life in Nice is expensive. Like many on our list, it’s also home to high taxes and bureaucracy. On the bright side, Nice offers a great and diverse startup community, events and meetings for entrepreneurs, hackathons, tech, and innovation. This town is connected with related networks, conoma-working spaces, incubators and accelerators, grants and crowd investments platforms, angels, etc. Startups: synchronext, Studeal, incentersmedia Co-working spaces: Workhouse Café, La Verrière, Regus – Nice Arenas” On notera que l’article mentionne des espaces comme La Verrière, tout à fait confidentiel, et qui de notre point de vue, ne peut participer à faire de Nice une destination startup friendly. La force de Nice ne réside actuellement ni dans ses espaces d’accueil pour les startups, ni dans le dynamisme de sa communauté, comme semble l’écrire l’article. UN VIVIER DE FREELANCE ET DÉVELOPPEURS La côte d’Azur attire les freelance et autres talents indépendants qui n’ont pas besoin d’intégrer un siège d’entreprise et peuvent travailler à distance pour des clients se trouvant à des centaines de kilomètre. Ils sont attirés par le cadre de vie, la richesses cosmopolite des autres développeurs croisés « qui viennent du monde entier, avec beaucoup d’anglo-saxons », et les conditions de travail (peu de temps de trajet, moins de stress,…). Il manque en revanche cruellement d’un lieu qui puisse fédérer ses travailleurs indépendants, leur permettre de mutualiser leurs énergies, de prospecter de nouveaux clients ou trouver des missions dans la région.
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UNE DYNAMIQUE NATIONALE PORTÉE SUR LA DÉCENTRALISATION ET L’ACCOMPAGNEMENT « SCALE UP » La métropole est engagée dans l’appel d’offre French Tech qui vise à renouveler l’offre d’accompagnement envers les territoires et à concentrer ses actions sur une accélération du « scale-up » pour permettre de faire émerger des ETI puissante. Si Nice manque singulièrement de jeunes startups en phase d’amorçage par rapport à d’autres territoires, elle peut en revanche avoir une carte à jouer pour attirer des sociétés plus robustes, et leur permettre de se développer dans un cadre propice, ouvert sur l’international. Des initiatives voient le jour dans la région. De The Camp à Aix à P Factory à Marseille et Sophia, en passant par l’ouverture du 25ème Village by CA à Sophia et le projet d’incubateur géant porté par la Compagnie de Phalsbourg et Xavier Niel, la région est attractive. Jean-François Richardoz, Village by CA « Nous avons choisi de nous installer à Sophia car il y avait une belle opportunité immobilière et que nous n’avons rien trouvé de tel à Nice, mais ce qui est certain c’est que nous souhaitions ouvrir un village sur le territoire car nous sentions un potentiel ». Au niveau national, nous assistons à un renforcement des politiques d’accompagnement de ces initiatives décentralisées au niveau des territoires. C’est ainsi que la Caisse des Dépôts a mis en place la Banque des Territoires, dont la mission est double : • conseiller les acteurs locaux dans la mise en place de projet de lieux et d’accompagnement consacrés à l’innovation (analyse des besoins, structurations, identification des partenaires et investisseurs potentiels) • participer au financement de tels projets, celui-ci intervenant en support d’un financement public/privé préexistant, d’où la nécessité de trouver des partenaires privés. La Caisse des Dépôts remplit ainsi une mission visant à revitaliser les territoires qui en ont besoin, en soutenant des projets qui misent sur des thématiques porteuses. Parmi les exemples de projets accompagnés dernièrement par la Banque des Territoires, citons la Numa Factory à Angers, le Moho à Caen. Dans le cas du 109, la Banque des Territoires pourrait voir d’un très bon œil un projet qui rayonne sur l’ensemble des territoires de Nice Est et contribue à leur meilleur développement et intégration. Les thématiques visées pourraient concerner la Smart City, l’IOT, la santé ou encore le multimédia et l’audio.
Amaury Peillon, freelance, membre communauté Digital Village « Développeur web parisien, je suis venu m’installer à Nice il y a un an, très attiré par le cadre de vie qu’offrait cette ville, et voulant fuir l’étouffement parisien. En 1 an, mes clients sont restés à 100% parisiens. Je suis frappé du peu de volume d’affaire dans la région. Je n’ai vu passer aucun appel d’offre et n’ai reçu aucun dossier entrant. J’ai pu m’expatrier à Nice car j’avais déjà constitué ma clientèle à Paris. Mais pour quelqu’un qui se lance à Nice c’est très dur, c’est pour cela que beaucoup de talents du digital et du web s’en vont. » « Pourtant des talents, il y en a ! Et à un taux horaires 2 fois plus faible qu’à Paris, du pain béni pour les agences web ou les clients. La ville a un pouvoir d’attractivité très fort chez les freelances, qui peuvent travailler à distance et augmentent souvent leur productivité à Nice par rapport à Paris (peu de transport, conditions de travail idéales, santé & bien être).
Il y a donc selon moins un potentiel très important de constituer un hub de production web à Nice. Un peu comme Sophia l’a fait autour de l’IT et la R&D. Ce hub pourrait d’ailleurs se positionner pour traiter des projets sur la Suisse ou l’Italie, deux territoires proches de Nice sur lesquels il manque énormément de compétences digitales et web. Mais ce hub ne pourra voir le jour que s’il y a un minimum de volume d’affaire garanti pour les freelance hébergés. Comment ? En attirant sur le territoire une grosse agence web nationale, en pratiquant la préférence locale en terme d’appels d’offres publics & privés, en développant un lieu aussi, mais seulement si ce lieu permet de générer du volume d’affaire. C’est toute l’idée des communautés Digital Village, dont le dernier lieu vient d’ouvrir à Marseille. Un digital village à Nice ? Bien sûr, mais si la structure parisienne peut garantir un volume d’affaire suffisant pour le freelance hébergés. Si c’est le cas, ce lieu sera pris d’assaut ! ». Les clients de Lille et Paris vont aussi à Wereso Paris - clients captifs Volonté de développer en franchises pour les agglo qui encerclent les grandes villes. La difficulté vis-à-vis du 109 concerne son emplacement, hors de l’hyper centre, et donc loin des flux naturels. Peu d’intérêt en l’état.
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Victor Desnot, CEO Teach on mars (startup) « L’autre gros Atout de la Côte-d’Azur, c’est la facilité d’y recruter des talents. Une main d’œuvre tout aussi qualifiée qu’à Paris, moins chère et bénéficiant d’un meilleur cadre de vie. Mais là encore, peu d’accompagnement pour aider au recrutement, faciliter la circulation des offres d’emplois, et attirer des nouveaux talents dans la région. »
Nouvelle labélisation French Tech pour la team côte d’azur ! Avril 2019. La French Tech Côte d’Azur s’offre un sésame de Capitale pour les trois ans à venir. Reste à confirmer côté filières. Telecom Valley, Nice Start(s)Up, Cannes is up, Club des Entreprises du Pays de Grasse : quatre territoires pour un dossier commun, quatre fondations pour ce titre convoité de Capitale French tech officialisé ce 3 avril à Bercy en présence du tout nouveau secrétaire d’Etat en charge du numérique, Cédric O. Plus qu’un titre conservé, un symbole, bâti sur les hyper-croissances côté startups, de bon augure. «Cette labellisation nous permet d’exister au niveau national» souffle Cédric Messina, co-président de la French Tech Côte d’Azur. «Nous avons maintenant trois ans pour changer de dimension, pour être parmi les meilleurs, et surtout gommer ce qui a pu parfois nous desservir : les problèmes de lisibilité plus que de territoires.» Avec plus de 300 startups dans les starting-blocks, la FTCA se muscle à mesure qu’elle s’impose dans son rôle fédérateur.
Franchir la barre symbolique scale-up Faire de la croissance, beaucoup de croissance, pour passer d’une myriade de startup à un terroir de scale-up, tout l’enjeu de cette Capitale azuréenne désormais adoubée, qui pourrait bien attirer quelques investisseurs à même d’épauler les jeunes pousses déjà bien amorcées pour les porter jusqu’au succès chiffré : l’objectif pour le ticket présidentiel azuréen Leandri (Qwant)/Messina (MyCoach), qui appellent le capital risque de tous leurs vœux. «Nous sommes l’un des départements les plus dynamiques en termes de créations de startups, mais bons derniers dès qu’il s’agit d’atteindre la barre de solide PME», confirme Cédric Messina. La rançon à payer dans un territoire où la réussite entrepreneuriale, hors tourisme et/ ou services, est un nouveau cheval de bataille aux aplombs prometteurs. «Nous avons trois ans pour changer la donne et faire naître une génération d’entrepreneurs capables de tirer les autres vers le haut. Et surtout de trouver des fonds...» Fonds (au sens propre du terme) pour l’heure absents sur la filière numérique azuréenne (contre quatre sur le flanc marseillais, et 300 sur l’ensemble de la France). Un trou dans la raquette hexagonale à combler d’urgence.
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UNE OFFRE DE FORMATION À DÉVELOPPER Nice n’est pas une ville étudiante comme les autres. Elle est classée 14ème au palmarès l’étudiant 2018/2019 des villes françaises en termes d’attractivité auprès des étudiants. Loin derrière des villes comme Bordeaux, Lille ou même Nantes au niveau de la quantité de formations disponibles et de l’accès à l’emploi, elle caracole en tête sur l’accès à la culture et est sur le podium en terme de pourcentage d’étrangers.
Nombre étudiant (%pop. totale)
Nice
Bordeaux
Lille
Toulouse
Marseille
Lyon
Nantes
44,000 (4.7%)
92,000 (10.4%)
117,000 (11%)
114,000 (12%)
93,000 (5%)
160,000
60,000 (9%)
+21%
+21%
+21%
+6%
+26%
+27%
Croissance pop. +15% Etudiante en 10 ans
(10%)
Offre culturelle (note/150)
129
115
125
112
142
138
95
Nb. musées > 10k visites
22
6
6
6
16
9
3
128
116
144
89
132
133
Formations 75 supp. /100k hab Offre logement (note/150)
58
69
79
90
72
70
87
% 3e cycle
4%
4%
2.6%
4.6%
4.3%
4%
3.6%
% erasmus
18%
15%
26%
14.1%
12%
16.7%
18.2%
Emploi
442,000
588,000
587,000
669,000
808,000
923,000
497,000
Dynamisme emploi sur 10 ans
+4%
+13%
+5.8%
+15%
+7%
+11%
+13.2%
Comparaison classement l’Étudiant
Les étudiants viennent à Nice pour l’accès à la culture et la proximité avec Sophia Antipolis (2,000 entreprises et 36,000 emplois). L’université de Nice Sophia Antipolis est inscrite au classement de Shanghai.
Le site du 109 est positionné dans une zone très riche en installation étudiante, avec l’antenne Saint-Jean d’Angely de la fac de lettre, et la fac de Médecine, soit plus de 7,000 étudiants à moins de 10 min du site. Il constitue une réserve foncière stratégique pour développer une nouvelle offre de formation sur le territoire et attirer ainsi de nouveaux talents pour servir la recherche et l’économie de l’innovation et du numérique.
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Analyse En dix ans de 2009 à 2019, les acteurs culturels et la politique culturelle de la ville, ont créé, à l’initiative du maire, un projet singulier, une fabrique, un espace intermédiaire, un nouveau territoire de l’art, un run space… Après l’état des lieux des 10 ans faisant état d’un vécu programmatique, nous avons souhaité faire une analyse des réussites et des manques de l’expérience du 109. Dans un projet de cette nature, il n’existe pas d’expertise des (+) et des (-). L’analyse ne peut se construire qu’avec les acteurs qui ont participé aux réalisations et qui pour la plupart ont eu « un vécu sensible » de l’aventure construit sur des engagements personnels et sur des démarches partagées dans un cadre économique très contraint.
DES RÉUSSITES CULTURELLES Le 109 a réussi à réunir des acteurs porteurs d’une action culturelle exigeante qui avaient dans les années précédentes témoigné de leurs engagements politiques afin de cultiver des aventures permettant d’offrir des possibilités de lieux de travail artistiques et de rencontres avec le public. Le 109 a ainsi rapproché des acteurs engagés dans des disciplines artistiques multiples, les arts plastiques, le théâtre, la danse et l’architecture. Dans leurs diversités, ces acteurs sont dans une démarche « plurielle » et « coopérative » qui a permis, malgré l’échec de la politique de coordination, de poser les bases de nombreuses coopérations. L’année 2019, témoigne des possibilités d’accélération, tant sur les collaborations artistiques, que sur les politiques d’ouvertures aux publics.
Les acteurs réunis au 109, incarnent également une approche culturelle de la diversité culturelle. Dans le paysage culturel niçois, il était très important de pouvoir réunir des acteurs qui incarnent des pluralités artistiques et esthétiques dans un principe d’exigence culturelle. Le 109 est ainsi un tiers-lieu qui accueille, héberge, invite des propositions de natures singulières, pouvant mobiliser et se faire rencontrer des formes qui peuvent parfois s’enfermer dans des étiquettes et des labels. Le 109 doit cultiver cette approche afin de ne pas être un tiers-lieu « fourre-tout », mais bien un tiers-lieu intermédiaire de la diversité culturelle1.
Les structures résidentes du 109 travaillent la transmission, la pédagogie et la participation par la nature de leurs programmations, par les dispositifs d’action culturelle mis en place et par des projets artistiques. La médiation culturelle portée par chaque structure concerne à la fois l’accessibilité des programmations, le développement des pratiques artistiques de tous les publics par l’animation d’ateliers exigeants et la production de projets artistiques participatifs. La fréquentation publique du site est caractérisée par cet engagement politique.
Les deux dernières années ont permis avec Eclairage public d’expérimenter, un événement fédérateur, « un espace de collaboration »2, qui offre à la fois une visibilité des productions réalisées au 109 et une appropriation par les niçois de cet espace dont ils n’ont pas encore perçu l’ouverture. L’orientation de 2019, démultipliant l’accueil de producteurs extérieurs en résonnance avec la nature du projet d’ensemble ou avec des propositions artistiques identifiées doit permettre de passer un cap, dans l’appropriation du projet par les acteurs de la ville et par les publics les plus diversifiés.
1 • Jean Michel Lucas, Résonances, n° 13 décembre 2007. 2 • Catherine Ruf le 05.09.2018
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ARTISTIQUES L’exigence artistique qui a été installée au 109, par la localisation de la Station et par les commandes faîtes à Didier Faustino et Stefan Shankland, est essentielle au projet. La proposition portée par Ben avec « la vie est un film » en est encore un témoignage. Au 109 « il y a la place pour une création qui s’interroge, une création qui doute1 » et l’importance de la place des artistes dans les dispositifs de conduite des structures est une singularité cultivée. Cette exigence est en effet qualifiée par la permanence artistique, permise par les lieux de travail artistique qui sont disponibles. Plus de 50 artistes sont des résidents « permanents » ayant pour plusieurs années leurs base de travail sur le site et plus de trois cent cinquante2 sont des résidents temporaires engagés dans des projets de production, de diffusion ou de transmission. Au 109 la politique artistique ne repose pas sur une direction artistique. La diversité artistique qui qualifie Le 109 est fondée sur la force des producteurs et des compagnies installées sur le site incarnant des écritures exigeantes allant du Run Space au théâtre d’objets et de formes, de la danse urbaine aux écritures dans les arts du multimédia en passant par les écritures architecturales et paysagères.
Quelques chiffres pour l’année 2018 qui donnent idée de la vitalité du 109 et de ses producteurs : • Plus de 12 000 spectateurs aux propositions musiques et théâtre • Plus de 9 000 visiteurs d’expositions • Plus de 5 000 participants aux ateliers et conférences
Avec : Les expositions produites comme Lang et Baumann (1 500) ; le festival Eclairage Public (4 000 personnes), et les programmations occasionnelles Chassol (300) et celles invitées…
L’activité de L’Entre-pont qui a accueilli, outre ses 4 compagnies fondatrices, 49 compagnies pour des répétitions, six compagnies en résidence et une création majeure, « 99 femmes ». Plus de 5000 spectateurs ont été accueillis et plus de 1000 niçois ont participé aux ateliers. La Station a produit en 2018 cinq expositions qui ont accueilli 3 000 visiteurs. Les nombreux ateliers ont réunis 400 participants. Le Forum a lui accueilli 4700 personnes pour ses expositions, 600 pour les conférences et plus de 3000 scolaires à ses ateliers. La Cie résidente Antipodes a mobilisé plus de 400 personnes mobilisées sur cette d’année en ateliers et présentation de sorties de résidences. Au côté des résidents les producteurs invités comme Ovni (1 500), la Ballade en sons et en images (350), l’Orchestre Philarmonique (400), Directo Production (300) ou Weirdbrother (300) … participent à l’attractivité des publics sur le site
1 • Ben, la lettre, avril 2019 2 • Une vingtaine pour la Station, cent cinquante pour l’EntrePont, une vingtaine pour Antipodes et plus de cent cinquante dans les productions accueillis
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DES MANQUES / « IL FAUT » Parmi les manques initiaux dans la transformation des Abattoirs, la non association de la Station au Chantier Sang Neuf est une erreur fondamentale. Dans le dossier de presse de 2011, il est présenté une intervention de deux artistes (Faustino + Shankland) sans parler de ce que l’initiative municipale a permis d’implanter en premier, La Station. Deux ans plus tard, le non aboutissement de la mission du premier directeur chargé de conduire les actions de préfiguration a stigmatisé la Mission du Sang Neuf. La politique que la ville avait initiée s’est trouvée doublement handicapée et la revendication politique du projet n’a plus été affirmée, ni dans la mobilisation des moyens, ni dans la revendication de l’expérience. Dans le « Nice Expression 2018 – 2008 » n° 67 titré « Depuis 10 ans Nice a bien grandi » dans la rubrique « la culture en liberté » seulement trois lignes à la page 57 aborde Le 109… Ce manque initial n’a pas pu être corrigé, malgré la volonté politique, car la nature du portage juridique du projet est d’être une régie directe, inadaptée à ce type d’établissement, même si la création d’un Etablissement Public de Coopération Culturel avait été envisagée avec Sophie Duez. La coordination instable et administrativement lourde a freiné la consolidation d’un projet d’ensemble singulier et empêchée la reconnaissance par les professionnels comme par le grand public. L’étude Aubry Guiguet a été ainsi construite « hors-sol », proposant à notre connaissance un projet d’aménagement à 30M€ sans plan de financement du fonctionnement. Dans cette situation, les résidents n’ont pas revendiqué Le 109, certains oubliant même de l’inscrire dans leur localisation…
Handicapé par cette situation, le projet n’a pas pu réunir les conditions indispensables à la mobilisation des moyens qui auraient permis la production de propositions structurantes, tant sur le plan artistique (absence de réelle capacité de production), que sur le plan fonctionnel (problème d’aménagement des locaux, d’accès, de parkings, de desserte…).
« Tous les ingrédients sont là mais la dynamique est absente. Le 109 est un site qui fonctionne mal au quotidien, avec une équipe opérationnelle sinistrée, une absence de programmation partagée, une indépendance imprescriptible du résident, une autonomie de chaque opérateur. » Yves Nacher Directeur du Forum d’urbanisme et d’architecture de la ville de Nice
« Le 109 est une coquille vide et floue » et se pose la question de « ce qu’est Le 109 ». Geneviève Paris Productrice de « Thank you for coming1 » et commissaire de Movimenta au 109 en 2017
« Il a été très compliqué de générer une dynamique sociale avec le projet. Je ne sais pas à quoi cela a été dû. Il a été difficile d’inviter les gens à faire avec nous. Isolement du bâtiment ? Vastitude du lieu ? Pressions ? Fragmentations ? Je n’ai pas connu un échec mais un projet inabouti.
« Au 109, il n’y a pas de cohérence de programmation. La question que je pose est « qui porte Le 109 ? ». »
Stefan Shankland Artiste plasticien, enseignant
Lisie Philip Chorégraphe de la compagnie Antipodes
1 • « Thank you for coming » est la mobilisation de personnalités se déplaçant à Nice pour analyser et « critiquer » des initiatives artistiques et culturelles
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ATTRACTIVITÉ, ACCESSIBILITÉ, OUVERTURE ET MIXITÉ PUBLIQUE « Au 109 il faut briser les murs et affiner la diversité. Il faut que ce soit ouvert, intégré au quartier. Il faut ancrer une dynamique dans ce quartier populaire afin qu’un équilibre se trouve entre les activités pointues et les activités populaires et partagées. Il faut une réappropriation, une ouverture avec du Street Art, du BMX du Skate ! Il faut faire rentrer les gens ! » Robert Roux Conseiller municipal délégué aux arts dans l’espace public, au cinéma, au pôle de cultures contemporaines « Le 109 », subdélégué aux musées et aux musiques actuelles
« Il y a toujours sur ce site « l’image » de l’odeur du sang. Dans cette période d’appropriation du lieu par les artistes, la vocation du site se confirme mais la population se demande ce que c’est. La transversalité artistique est positive mais il faut voir comment concerner un public qui ne soit pas spécialisé. Il faut élargir le public, familiariser la population au projet. » Jean Luc Gagliolo Adjoint du Maire au patrimoine historique, littérature, lutte contre l’illettrisme, théâtre, langue niçoise, archéologie
« Il y a un entre-soi au 109. Le public qui tourne est faible et il n’y a pas d’accueil. » Nathalie Queyron Service du Théâtre et des Arts Vivants, ville de Nice
« Pour moi Le 109 est inexistant, dans le sens, on ne sent pas ce qu’il s’y passe. Les grandes grilles jaunes fermées sont symboliques de l’absence d’ouverture sur la ville. Depuis dix ans la ville tente quelque chose mais n’y arrive pas. Pourquoi ? La Station, les Ateliers d’Artistes, Eclairage Public sont des choses positives et constructives mais il faut que le lieu attire plus. » Hélène Fincker Créatrice de la Maison Abandonnée
« Je suis une habitante du quartier depuis 30 ans. Le 109 n’a jamais été communiquant avec les habitants de la route de Turin. Il est perçu comme atypique par les gens du quartier qui ne s’y retrouvent pas. Il y a eu des événements exceptionnels comme l’opéra hors-les-murs, mais souvent il y a des propositions jugées trop élitiste. Pourquoi ne peut-on pas organiser comme sur la place St Roch du cinéma de plein air, exigeant et grand public ? » Géraldine Colin Comité de quartier St Roch
NATURE DU PORTAGE « La régie directe est insupportable. Trop pyramidale. » Nicole Enouf Compagnie Grain de Sable
« Les réunions produites n’ont été que des rappels des règles. » Frédéric Alemany Entre-Pont / Diva
« La question qui se pose pour nous est souvent celle de comment vivre avec les associations résidentes. Chacune à sa vie, ils sont chez eux, on leur loue, il y a un cloisonnement. C’est un peu une copropriété. Le 109 est le syndic. »
« Même si les résidents font des propositions, il n’y en a pas assez sur le site. C’est trop une niche. Il faut en faire plus : Il faut faire que ce soit accessible, il faut faire des événements plus grand public et il faut faire se mélanger les publics et les artistes ». Axel Amouyal Association weirdbrother
« Pour accéder au 109, il y a en termes de circulation un flux à droite montant et un flux à gauche descendant avec du vide au milieu… Il faut dés-excentrer Le 109. » Lisie Philip Chorégraphe de la compagnie Antipodes
« Au 109 nous avons produit deux moments jazz en juillet 2011 avec « Bœuf aux abattoirs, une jam-session menée par le saxophoniste Seb Chaumont et son 4tet, et un parcours sonore avec César Valente, Bela Lorent, Laurent Valette, Fatokoma Traoré, Laurent Sariien, Olivier Giraudo, Emmaes Sambalek, Sébastien Chaumont et 4 danseurs du collectif AKA de Carlos Lopez. Aujourd’hui la question du public étudiant est un enjeu à travailler. Les Diables Bleus des années 2000 manquent à Nice. Un endroit où l’on peut se rencontrer sans forcément savoir ce qui est proposé. » Frederica Randrianome-Karsenty Coordonnatrice du Nice Jazz Festival et des Musiques Actuelles
« Le 109 avec un potentiel extraordinaire a une genèse ratée. On donne pour de bonnes et mauvaises raisons des espaces et il y a un énorme problème de gouvernance. » Eric Oberdorff Chorégraphe de la compagnie humaine
Michel Henocq Directeur technique du 109
« Un projet comme Kunstellation n’a pas été produit ». Vincent Brochier Directeur adjoint du Théâtre d’Antibes
« Le 109 héberge des lieux de résidence d’associations par défaut qui ne partage pas de projet commun. Elles privatisent des espaces conventionnés avec des propositions élitistes qui ferme le site au quartier. Il faut se poser plusieurs questions : Celle de l’ouverture aux cultures urbaines, celle du mode d’attribution des ateliers et celle du « produire ensemble. » » Romain Vignat Directeur du 109 de 2017 à 2018.
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LA QUESTION DES MOYENS « Pour que Le 109 soit un bon outil, et il peut l’être, il faut investir dans les toilettes, la propreté, l’étanchéité, les plaques d’égouts qui causent des entorses, les revêtements de murs trop poussiéreux qui empèchent la pose des affiches, la desserte en transports et les parkings ! » Estelle Colin Coordonnatrice de « Code & Play » Grande Halle du 109 du 12 au 14 avril 2018. Cet événement qui aborde les thèmes de l’éducatif numérique a réuni 3200 visiteurs dont un millier de scolaire
« Le manque de chaleur n’est pas lié à La Station ou à l’Entre-pont, mais à l’absence d’arbres, d’herbes, de boulangerie ! » Jennifer Moreau Service du Théâtre et des Arts Vivants, ville de Nice
« Aujourd’hui Le 109 est froid, glauque et difficile. Ma première expérience pour Movimenta a été très difficile. J’ai réalisé des visites sur le théme de l’interaction entre les sciences et les jeux vidéo, et hélas la lecture des œuvres était perturbée par la dureté du contexte. » Marc Monticelli Membre du Laboratoire de Mathématiques J.A. Dieudonné
« Le 109 est l’avenir de l’action culturelle niçoise. Mon fils de 24 ans et ma fille de 11 ans, doivent voir un lieu inventer une nouvelle forme d’action culturelle. Il ne faut pas que Nice soit suiveuse et il ne faut pas faire la guerre de 39 comme celle de 14 au 109. Certes les moyens financiers manquent et ils ne sont pas forcément disponibles, mais il faut trouver les modalités de construction et d’existence d’un projet singulier qui confortera l’existence de la ville de Nice dans la création contemporaine. » Hervé Barelli Conseiller du maire de Nice, culture, discours, patrimoine
LE RAPPORT AU QUARTIER « Par rapport au quartier plus de concert avec du méga-son. » Jean Marc Giaume Adjoint du Maire à l’éducation, restauration scolaire et activités périscolaires et au territoire cœur de Paillon
« Ce bâtiment sent le sang, n’est pas visible, n’est pas joli et est triste ! (…) Nous n’accepterons plus que des concerts nous empèchent de dormir. Il fallait voir comment durant ces concerts nous avions l’impression que les musiciens étaient chez-nous » Mauricette Ghigi et Josette Mathieu Représentantes du comité de quartier PasteurSaint-Pons-corniche Frère-Marc
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Il faut que Le 109 soit plus fait pour les gens du quartier. Il faut que le Lycée travaille avec Le 109. Il faut attirer les gens de l’Ariane tout en étant vigilent. Il faut prendre en compte que mes nouveaux voisins sont, chanteur à l’opéra pour l’un et chercheur en astrophysique pour l’autre… Il faut faire une brocante, faire une salle des associations, un café… pour que nous n’y allions plus comme des étrangers. » Géraldine Colin Comité de quartier St Roch
« Il faut inventer un grand marché comme on en avait à St Jean d’Angély ». Christophe Garin Président du Cercle des amis du territoire 5
« Il faut faire de ce lieu un espace public, mutualiser des services et des publics et l’utiliser comme levier du redéploiement du quartier ». Yves Nacher Directeur du Forum d’urbanisme et d’architecture de la ville de Nice
LA REVENDICATION D’UN PROJET PARTAGÉE ET DE PUBLICS MULTIPLES « Les anciens abattoirs ont toujours intéressé. Ils sont populaires. Ils incarnent également la souffrance animale, celle incarnée dans le film de Georges Franju en 1949, « Le Sang des Bêtes ». Il faut donner au 109 l’image d’un lieu phare aux dynamiques plurielles. Il faut jouer une identité plurielle et multiple en trouvant un équilibre entre structure artistiques et structures économiques. » Marianne Khalili Directrice de Eclats / Movimenta
« Le 109 est un projet global avec 1 centre d’art, 1 lieu de création, une fabrique, un forum d’urbanisme et bien d’autres programmes et projets potentiels. Il faut représenter le projet global avec des résidents,dont le Collectif de La Station et la Fédération de l’Entrepont. Comment qualifier Le 109 sans cette permanence et cette diversité ? » Frédéric Alemany Entre-Pont / Diva
« Il faut au 109 un projet poétique, politique et pragmatique. Il faut aérer. Il faut plus d’artistes internationaux. Il faut plus de stockage. Il faut pouvoir monter des éléments entre le rdc et le 1er étage. Il faut un vrai rapport au quartier. » Sandra Lecoq Artiste résidente 109
« Ce lieu suscite le désir. Le 109 est un serpent de mer dont on ne sait jamais ce que ça va devenir et ce que c’est vraiment dans ce quartier que l’on souhaite voir se développer. On a l’impression que la ville n’a pas confiance en son propre projet, en ce projet qu’elle a voulu et dont elle est l’instigatrice. La progression de l’activité depuis 2 ans est importante et le succès des deux jours d’ouverture de bonne qualité artistique, en 2017, ont montré que le lieu pouvait être attractif. De ma place, avec la complicité historique avec la Station, le travail sur les arts plastiques est remarquable et l’installation par la ville des ateliers d’artistes a été très bénéfique, mais les niçois ne vont pas au 109. Il faut ouvrir. Il faut plus de vivant. » Eric Mangion Directeur du centre d’art de la Villa Arson
« L’enjeu éducatif du travail depuis et avec Le 109 est fondamental. Il faut que Darsonval qui travaille déjà beaucoup avec le conservatoire se rapproche encore du 109 avec l’Ecole Arziari, le Lycée Appolinaire et toutes les écoles de la Ville. Il faut que la question de la transmission soit au cœur du projet, que l’on parle de patrimoine ou de création contemporaine. » Jean Marc Giaume Adjoint du Maire à l’éducation, restauration scolaire et activités périscolaires et au territoire cœur de Paillon
« Le 109 est encore un espace en friche, on peut s’y projeter, on est en mode chantier. Il faut faire devant des pistes d’athlétisme, du BMX, des jardins. Il faut construire une couveuse / pépinière par rapport à la politique de la ville avec Feder, il faut accueillir des associations comme cyclotrope1 avec via vélo, travailler avec l’association Galice qui gère le Centre social Nice Nord et celui du Liseron avec un projet de Centre Social 2.0, nouer des relations avec la Black Box et Anima Nice, cultiver des jardins partagés avec l’association pour la Promotion de la Prévention et de l’Economie Sociale en Europe ou installer un parc d’entraînement de street workout2 avec Hamza Daikhi3, des Accrobarz. Audrey Biancotto Chef de projet sur les secteurs de l’Ariane et de Nice Est à la direction des la Politique de la Ville et de la cohésion sociale de la Métropole Nice Côte d’Azur
« Le 109 ne doit pas être la réserve d’un microcosme. Il faut ouvrir, et faire écho dans la population. Le travail de la Station est très bon, l’ouverture des ateliers d’artistes était indispensable, L’introduction du spectacle vivant en 2017 était essentielle et elle doit être plus forte. Je crois que le lieu doit être mis à disposition plus largement et il faut cultiver au 109 l’accueil de ce qui ne peut l’être dans les autres lieux de la ville comme les arts urbains et surtout travailler l’interaction du culturel et de l’économique. » Gérard Baudoux Adjoint du Maire aux musées, art moderne et contemporain, développement du mécénat et financement culturels
« Il faut qu’il y ait plus de sport. Il faut une proposition à la base pour les enfants. Il faut occuper les jeunes en leur proposant des activités. Il faut faire un festin dans la cour. » Mauricette Ghigi et Josette Mathieu Représentantes du comité de quartier Pasteur-SaintPons-corniche Frère-Marc
« Il faut faire au 109 les choses que l’on n’attend pas : Programmer de la musique du XVIIIe, du Bach et du Couperin ! » Thierry Müller Directeur du conservatoire de Nice
« Il faut que le volet de la jeune création qui ne se limite pas au street art soit défendu. Nice a besoin d’offrir plus de lieu de travail aux artistes qui sans cela quittent la ville. Au 109 ils sont essentiels mais trop isolés, pas assez visibles. » Hélène Guenin Directrice du Mamac
« A Nice, il n’y a plus de salle de diffusion pour les artistes locaux, les studios de répétitions à l’heure coûtent €20 environ. La Scène de Musiques Actuelles la plus proche est le Tandem dans le Var. Il faut un lieu pour les musiques actuelles » Robert Delaude et Julien Verger Directeurs de l’école de Musique de Baous et de l’Association Yuna Crew
« Les lieux de travail aux Abattoirs sont très souvent gérés avec un découpage du temps qui peut faire craindre la non prise en compte du projet artistique. Il faut un lieu adapté à nos projets de création qui puisse être un support logistique, administratif et technique. Il manque à Nice un lieu de Fabrique. » Paulo Correia et Gaelle Boghossian Collectif 8
1 • Association pour encourager les déplacements à vélo au quotidien et ouvrir les esprits sur le monde des possibles offert par la bicyclette.
2 • Le street workout (littéralement « entraînement de rue »)
« Il faut que Le 109 soit le cœur et que l’on diffuse sur toute la ville. » Michel Sajn Directeur de La Strada
est une pratique sportive à mi-chemin entre la gymnastique et la musculation. Mélangeant figures de force, de souplesse et d’équilibre, c’est un loisir qui se pratique essentiellement en extérieur.
3 • https://www.20minutes.fr/nice/2057803-20170427-niceadeptes-street-workout-reclament-nouveaux-equipements
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« Nous sommes sur un territoire qui outre l’école supérieure de danse de Cannes Rosella Hightower et le théâtre de Grasse qui est conventionné danse avec la Ministère, n’a pas de lieu dédié à la danse. Il faut une cité de la danse et de l’image à Nice. Je veux faire sur 3 à 40000m², « une cité du corps » qui casse l’entre-soi disciplinaire. » Eric Oberdorff Chorégraphe de la compagnie humaine
« En tant qu’enseignante à l’Ecole Supérieure d‘Arts Plastiques de la Ville de Monaco et en tant que chercheuse dans les domaines de la vidéo, de l’exposition et de la performance, j’ai eu plusieurs expériences avec Le 109. De la table ronde suscitée par Sophie Duez sur la vidéo, au workshop avec les quatre écoles d’art du sud en passant par l’exposition pour Movimenta ou le travail sur Guy Rottier, j’ai, depuis sa fondation, beaucoup fréquenté professionnellement Le 109. Je le pratique aussi comme mère, puisque mon fils participe au cours de danse avec Laurence Marthouret. Le 109 doit être plus ambitieux. Il faut une relation au quartier de l’Ariane, il faut plus de collaboration entre les structures, il faut de la transdisciplinarité, il faut plus de cultures urbaines avec un skate-park et je crois qu’il faut une direction artistique. »
« Il y a une attente vis-à-vis du 109. A Nice il faut que de nouvelles émergences puissent voir le jour et toucher les publics jeunes. Le projet de Medi est en ce sens exemplaire à Nice. » Emmanuel Ethis Recteur de l’Académie de Nice
« Il faut voire autre chose que l’institutionnel et l’événementiel. Il faut qu’il y ait une politique de soutien à l’intermédiaire, au civil. Comment jouer cela dans la modernisation de la ville. » Ezéchiel Garcia Romeu Metteur en scène du Théâtre de la Massue
Mathilde Roman Enseignante et commissaire d’exposition
Dans une publication du 18 février 20161
Les artistes en mouvement interprètent les lieux
Yves Nacher propose une approche politique sur
(…)
le théme « Espace Public, territoire, art ». Dans ce texte qui n’est pas lié au 109, nous pouvons trouver une incroyable résonnance avec les problématiques du 109. « La primauté du visuel est écrasante dans la consommation d’un lieu. Mais la perception d’un environnement fait aussi appel à des sens interconnectés qui conditionnent le regard. A l’espace physique se superposent des espaces sonores, odorants, gustatifs, tactiles, des espaces sensibles, constitués de rencontres, d’impressions
Un espace ne se dessine pas nécessairement de A à Z. Il se vit, il se déduit, il a parfois une vie propre (…) Qu’est-ce qui fait qu’un espace public est public ? Est-ce sa fréquentation ou son processus de décision ? Une place, une rue, peu fréquentées sont-elles plus publiques qu’un centre commercial, lieu privé mais noir de monde et avec tous les attributs de la vie sociale ?
fugaces, d’images mentales qui construisent des
Comment qualifier ces quartiers de voisins
récits autour de signes. Le sociologue Lucius
vigilants, où l’espace public au sens du foncier (les
Burckhardt a formulé dans les années 80 la
rues, les trottoirs) serait en quelque sorte réservé
Promenadologie2 comme perception focalisée et
aux résidents qui sont propriétaires des parcelles
consciente de notre environnement.
privées qui le bordent, et dont la relative
Deux visions de l’espace se présentent ainsi : l’une (la vue en plan) relève du regard vu de haut, de la vue aérienne, de la vue lointaine ; l’autre (l’itinéraire) relève de la frontalité du regard en
homogénéité sociale et solidarité dans une défense de leur intégrité leur permet de repérer et de juger de qui est légitime dans l’espace dit public – qui, de fait, ne l’est plus tout-à-fait (…) »
mouvement, qui ménage au long des parcours des échappées perspectives, des passages ou des juxtapositions. La vision de l’espace vue de haut (la carte) et celle, frontale, du regard en ne sont pas exclusives l’une de l’autre, mais fonctionnent au contraire en mode complémentaire ou alterné en une congruence psycho géographique du mouvement et de la perception (…)
1 • https://www.choregraphesassocies.org/yves-nacher/ 2 • Lucius Burckhardt, sociologue, urbaniste, historien de l’art, enseignant à Kassel, a fondé une nouvelle discipline, Spaziergangswissenschaft, que l’on pourrait traduire par « science de la promenade », « promenadologie » ou « déambulogie ».
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Les quatre Scénarii Aujourd’hui, le terrain est ouvert car des scénarii très différents coexistent et sont éligibles. Nous en identifions quatre avec : le départ du site et sa rentabilisation ; le gel du site et des projets ; l’institutionnalisation d’un projet culturel et économique ; la territorialisation du projet et son hybridation programmatique.
DÉPART ET RENTABILISATION
GEL DU SITE ET DES PROJETS
Confronté à l’absence de projet viable et sérieux, le pouvoir politique pourrait décider de ne pas poursuivre l’expérience culturelle du 109 en valorisant les dix ans d’utilisation du site et en relocalisant les activités dans d’autres bâtiments, privilégiant ainsi une approche d’immobilier et abandonnant toute idée de « friche culturelle », « d’espace intermédiaire » et de « tiers lieu ».
Bien que Le 109 soit aujourd’hui occupé à moins de 50% de ses planchers et que plus d’un tiers de la partie accessible aux publics, la Grande Halle, n’ai pratiquement pas été occupée en 2018, Le 109 est dans un petit équilibre permettant d’accueillir le travail artistique de plasticiens, de danseurs, de comédiens et de metteurs en scène et de s’ouvrir grâce à l’énergie de ses résidents et de quelques producteurs extérieurs aux publics. Pour 5 millions de travaux d’aménagement et pour un budget consolidé des structures résidentes sur le site de 2 M€ (mais qui parfois ne diffuse que peu sur le site comme pour le Théâtre de la Massue) le 109 est aujourd’hui une base de travail, accueillant des publics dans une programmation aux moyens limités. Ce « gel du site et des projets » serait la reconduction de ce qui a pu se passer en 2018 :
Assumant bien sûr son appui au tissu culturel, la ville financerait la relocalisation des activités qui devraient déménagées, dans d’autres fonciers municipaux, en éclatant à priori chacune d’elle. Antipodes, La Station, Le Forum, l’Entrepont et les plasticiens retrouveraient ateliers, studios, salles de répétitions, d’exposition ou de représentation en étant dispersés sur le territoire. Coût prévisionnel de l’opération 5 à 10 millions d’euros auquel il sera rajouté les 4 millions d’euros des dix précédentes années. En lieu et place la Ville engage une opération de valorisation foncière dans un appel à projet ou entre l’existant à conserver d’une façon sacralisée (la halle) et les densifications foncières. Le site pourraient proposer entre 15 000 et 30 000m² de planchers dont nous ne savons valoriser le prix de vente, mais que nous estimons largement capable de couvrir les investissement initiaux et nécessaires aux relocalisations.
• Un événement mutualisateur comme Eclairage Public • Les cinq à sept installations du Forum d’architecture et d’urbanisme • Les quatre à cinq expositions de la Station • Les événements portés par l’Entre-Pont et ses associés comme Les dits du lundi, Les inclassables, L’Autre Emoi, les résidences (sans présentation de chantier) des projets théâtraux et chorégraphiques accompagnés, les soirées théâtrales et musicales accueillies et coréalisées • Les sorties de résidence du studio d’Antipodes concernant la compagnie elle-même ou celles accueillies • Les 3 à 4 accueils de soirées musicales accueillis au Frigo 16 comme celle de Weirdbrother. • Les 2 ou 3 autres accueils arts plastiques et arts multiples Bien entendu, Le 109 reste aussi dans ce « gel du site et des projets » un lieu de fabrique pour les artistes disposant d’un atelier pour une durée plus ou moins longue et un lieu de médiation par le travail porté par les producteurs du site dans une démarche d’élargissement et de diversification des publics. Ce scénario devrait pour son bon déroulement s’appuyer sur les forces vives du site qui, rappelons-le, produisent dans une précarité réelle du fait de l’absence de structuration du dispositif et de l’intensité d’un engagement bénévole. Ce scénario ne serait pas en mesure d’élargir les champs disciplinaires concernés et l’absence quasi complète des musiques actuelles et des cultures urbaines perdurera. Ce scénario ne permettrait pas d’élargir les publics et de favoriser l’ancrage dans le quartier. Ce scénario ne susciterait pas de possibilité de consolider « un dispositif de direction » du site, sa gestion et sa coordination resteraient difficilement municipales et devraient être externalisées.
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INSTITUTIONNALISATION
MIX ET TERRITORIALISATION
Nous croyons que le projet 104 (en référence au lieu parisien) du Sang-Neuf exprimé dans l’étude d’Aubry & Guiguet » du 12 juin 2014 n’a pas pris une ride et qu’il garde son actualité dans le cadre d’une politique culturelle institutionnelle pouvant mobiliser les moyens nécessaires (30M€ en investissement et 5M€ en fonctionnement).
Penser l’évolution des Abattoirs après ces dix ans d’exploration ne peut se faire sans analyser la force de l’expérience qui a été conduite.
Si pour cette institutionnalisation le réflexe public est le plus rapide et le plus facile, il n’est pas exclu que des démarches privées puissent la relayer La difficulté de cette institutionnalisation sera bien entendu économique, mais elle sera également politique, car elle devra composer avec des acteurs du site dont la légitimité est évidente, mais qui verront leurs reconnaissances atteintes par un processus d’institutionnalisation exogène. Cette institutionnalisation, n’est à notre avis aujourd’hui possible que dans un seul dispositif que nous nous permettrons d’appeler « Réinventer le 109 ». Dans cet appel à projet la Ville de Nice propose un bail ou une cession du foncier à un opérateur-ensemblier qui doit proposer un projet programmatique, économique, écologique, architectural et urbain intégrant les acteurs présents et des éléments complémentaires qu’il serait utile de valoriser dans le cadre de la politique culturelle (musique et cultures urbaines). Ce processus difficile en termes économiques (cf. les expériences parisiennes non fiabilisées, et la rapide projection sur la rentabilité foncière contrainte) pourrait susciter des intérêts d’investisseurs impliqués sur le territoire ou en train de s’y implanter.
Durant les six mois de notre travail, nous avons bien sûr pu recueillir les frustrations, les insuccès, les non-réussites, les revers du projet mais il est nécessaire de souligner que la démarche qui a été initiée, avec les moyens qu’elle a eus, a permis de produire infiniment plus que ce qu’une autre démarche institutionnelle aurait produit. L’explication de cette « rentabilité sociétale » doit-être recherchée dans l’identification du secteur dans lequel la vie du 109 s’exprime, celui que Ray Oldenburg a défini en 1989, en le qualifiant de tiers-lieu. Le principe de « Mix et territorialisation » que nous préconisons est un principe qui doit permettre de cultiver Le 109 comme un tiers-lieu, « un lieu qui ne se définit pas par ce que l’on en dit mais par ce que l’on en fait... », «un lieu qui ne se crée pas, qui se révèle », « un bien commun entretenu par et avec un collectif dans un cadre de confiance où des individus hétérogènes se réunissent pour travailler et explorer », en générant « un langage commun et réappropriable entre des mondes différents et parfois contradictoires » et en développant « une approche intelligente de la gouvernance »…1. Le dessein que nous proposerions est bien sûr de cultiver le principe « d’un projet culturel pour un projet urbain », mais de dépasser cette approche en proposant un projet culturel pour un projet urbain, pour un projet économique, pour un projet éducatif, pour un projet écologique, pour un projet social, pour un projet sociétal. A Nice, Le 109 peut initier en transversal dans le quartier, une dynamique des tiers lieux qui installe l’Est de la ville comme un territoire d’innovation politique.
1 • Collectif, Le Manifeste des Tiers Lieux, http://movilab. org/index.php?title=Le_manifeste_des_Tiers_Lieux
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Mix et territorialisation Un process d’accélération
Le territoire sur lequel Le 109 est implanté est en pleine transformation. Jean Marc Giaume1 rappelle que «la résidentialisation du quartier va être importante, de l’îlot du nettoiement au Comptoir Métallurgique » et que « l’avenir de la gare St Roch construite en 1932 est une question très importante dans ce quartier de 400000 habitants sur 600 hectares. » Pour Christian Tordo2 « il faut construire une contrepartie dans l’Est à ce que nous sommes en train de mener à l’Ouest. L’installation du multiplexe et ce que nous allons faire au 109 doit se diffuser dans le quartier. Nous devons corréler le choix sur l’ilot de nettoiement avec cette mutation en cours et il faut que nous trouvions le « Josep Lluis Matteo »3 des quartiers Est. Dans la définition des priorités d’aménagement, la création peut être l’axe de développement pour Le 109 où nous voulons contribuer au principe de la ville inclusive4. »
1 • Adjoint du Maire à l’éducation, restauration scolaire et activités périscolaires et au territoire cœur de Paillon 2 • Adjoint du Maire, délégué à l’économie, l’industrie, au numérique, au foncier et à l’urbanisme 3 • Architecte et urbaniste en chef du pôle stratégique du Grand Arénas 4 • « L’usage de cette notion pourrait-il rendre compte de l’émergence d’une nouvelle conception des projets urbains, plus attentive aux pratiques de ceux qui habitent et circulent dans la ville, plus écologique, plus participative ? Intégrer ces dimensions changerait-il la manière de fabriquer la ville ? » De quoi la « ville inclusive » est-elle le nom ? Exploration d’un concept émergent à partir de discours scientifiques et opérationnels, Garance Clément et François Valegeas, 2017 5 • Conseiller municipal délégué aux arts dans l’espace public, au cinéma, au pôle de cultures contemporaines « Le 109 », subdélégué aux musées et aux musiques actuelles 6 • Hélène Guenin – Directrice du Mamac, le 27.09.18 7 • Michel Sajn – Directeur de La Strada, le 27.09.18 8 • « Interroger la responsabilité dite « sociétale » du projet consiste à interroger sa responsabilité relativement aux conséquences culturelles, économiques, sociales et environnementales de ses activités. C’est une démarche de processus permanent de progrès qui a fait l’objet d’une norme internationale, adoptée par le vote en 2010 de 86 pays, la norme ISO 26000 qualifiant la responsabilité sociétale des organisations (entreprises, collectivités territoriales, syndicats, associations). La responsabilité sociétale est une approche éthique, et non morale. Elle est prise en compte dans les approches éthique et d’écologie politique, d’affichage environnemental. La norme ISO 26000 la définit comme : la « responsabilité d’une organisation visà-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement éthique et transparent qui contribue au développement durable, à la santé et au bien-être de la société ; prend en compte les attentes des parties prenantes; respecte les lois en vigueur et qui est en accord avec les normes internationales de comportement; et qui est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations ». 9 • Cédric Teisseire – La Station, le 04.09.18
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Pour Robert Roux5 « Le 109 doit s’affirmer comme un Tiers Lieux 4.0. Nous avons en dix ans réussi à préfigurer, fonder et développer de multiples projets. L’indispensable travail fondateur de la Station dans les arts plastiques réinventant chaque jour le principe de centre d’art, les résidences d’artistes comme Faustino, Shankland, le laboratoire de danse urbaine de Antipodes, le laboratoire ouvert aux publics de l’Entrepont et de ses fabriques allant du théâtre d’objet aux nouvelles technologies, l’implantation du forum d’architecture permettant d’expliquer et de débattre sur la ville, l’introduction des arts urbains avec Otom, nous permettent aujourd’hui de penser à l’accélération indispensable sur ce site. Ce que nous avons fondé avec Christian Estrosi doit permettre d’identifier la nature de ce que seront les quartiers Est : Un quartier culturel du 21éme siècle ». Le process d’accélération que nous préconisons, pour mixer le site et territorialiser le projet, repose sur une stratégie de consolidation culturelle, d’hybridation culturelle et économique et d’élargissement du champ géographique qui puissent s’inscrire dans un quartier historique, un quartier avec des opérations engagées, un quartier aux potentiels multiples, un quartier essentiel aux équilibres. Fort de son histoire et de la volonté politique qui l’anime Le 109 peut affirmer son identité de Tiers Lieu en travaillant sur : • La permanence artistique sur le site avec ouverture à des disciplines insuffisamment soutenues comme l’art urbain et les musiques actuelles • La mixité d’opérateurs et de résidents sur des secteurs culturels et sociétaux élargis • L’accueil d’opérateurs culturels porteurs d’autonomie économique • La pluri-programmation par des opérateurs permanents et des opérateurs invités • L’ouverture sur tous les publics et toutes les populations • L’intervention forte dans la transformation urbaine des quartiers est Parce que « le 109 est un maillon essentiel, un feuilletage6 », « la question que le 109 doit poser avec sa programmation, sa vie, est celle de la place de la culture dans notre société, de sa place sociétale7 8» pour travailler « un lieu qui ne soit pas univoque mais qui ait sa cohérence9 ».
CONSOLIDATION CULTURELLE Le premier enjeu pour Le 109 est une consolidation à court terme, dès 2019, des moyens de son activité et de sa vie publique. La démarche engagée avec l’année du cinéma est métaphorique de ce qui doit se confirmer et s’amplifier en 2020 et 2021. Neuf axes de travail peuvent être identifiés. MAINTENIR ET RENFORCER LES PROPOSITIONS ARTISTIQUES ET CULTURELLES INITIÉES PAR LES RÉSIDENTS PERMANENTS ET LES ACTEURS INVITÉS Produire les permanences artistiques pluridisciplinaires Le soutien complémentaire aux résidents, et l’accueil coproduit d’acteurs invités, permettront de renforcer les propositions artistiques et culturelles. Le renfort des structures résidentes passe bien sûr par une analyse précise de chaque cas dans le paysage culturel régional et national. La légitimité des démarches est reconnue unanimement mais la nature de chaque projet doit être travaillée. Est-ce que l’obtention de labels ministériels comme celui de Centre d’Art pour La Station ou de Scène Conventionnée pour l’Entre-Pont serait la bonne démarche ? Pour développer Le 109, il est indispensable de mettre en oeuvre, un travail partenarial autour de chaque projet, pour consolider leurs démarches et définir à moyens termes les besoins d’espaces et de moyens économiques. Sur les six prochains mois, un enjeu pourrait être de produire, fort de l’analyse de l’existant établi dans la première partie de l’étude, les perspectives à moyen et long terme de « programmation » du site, tout autant sur le plan de la programmation des résidences et des propositions publiques, que sur la programmation des outils de travail et ce fort des résidents permanents et des acteurs invités. Certains des acteurs invités depuis 2009 pourraient dans ce contexte enrichir à court terme la permanence (Cité de la danse et de l’image, plateau collaboratif autour du cinéma…). La structuration de chacune de ces contributions doit ainsi être systématiquement pensée dans la relation à la future structure partenariale animant et gérant le site. 1 • Parmi les acteurs ayant imaginé des développements dans le domaine musical au 109, l’Ecole de Musique de Baous, créée en 1992, et l’Association Yuna Crew des Baou, créée en 2008 dirigées et animées par Robert Delaude et Julien Verger ont travaillé sur « Le grand labo, cœur et poumon de la métropole en termes de musiques actuelles ». Forts de leurs interventions dans le moyen pays depuis 2012 et de leurs actions (locaux à Vallauris, studio à Vence, animations des jardins partagés avec de petites formes musicales à Gattières, Mad Tour des groupes amateurs,
METTRE EN ŒUVRE DES PROPOSITIONS ARTISTIQUES STRUCTURANTES Un projet artistique annuel majeur et partagé La programmation produite pour le centenaire des studios de la Victorine va permettre de mettre en œuvre une proposition artistique structurante avec l’exposition de Ben en cultivant la relation à l’un des producteurs fondateurs La Station. La confirmation d’une augmentation de la capacité de production propre au 109 permettrait dés 2020 de renouveler le principe d’un événement public de cette ampleur et de projeter sur les années suivantes des projets structurants. Pour cela, plusieurs curseurs devront être travaillés. • L’inscription dans le paysage culturel de la Ville (Biennale, saison thématique…) et dans des rendez-vous nationaux et internationaux • La structuration par ces projets communs des producteurs résidents et des croisements disciplinaires • L’accueil de propositions artistiques portées par des producteurs extérieurs • Les dimensions nationales et internationales des choix artistiques • La mobilisation des publics les plus larges Dans le contexte du 109 et des paysages culturels contemporains, la nature de ces programmations va devoir être portée politiquement dans des process innovants permettant d’allier exigence culturelle et opportunités politiques et économiques.
collaboration avec la maison des jeunes et de la culture Picaud ou avec le Forum Nice Nord, formations…), les deux structures ont comme objectif la création d’un centre sur les musiques actuelles qui puisse être un lieu de répétition, un lieu de formation et un lieu de concert pouvant accueillir des musiciens amateurs, des émergences et des musiciens aguerris. Dans le projet, une collaboration étroite avec le conservatoire est prévue. Pour ces missions « d’enseignement, d’accompagnement et de diffusion » les deux styles qui seraient privilégiés seraient le Jazz et le Rock,
ENGAGER DE LA PRODUCTION ET DE LA DIFFUSION DANS LE DOMAINE DES MUSIQUES ACTUELLES 50 concerts par an et 4 studios de musique Le 109 avec le Frigo 16 dispose d’un outil de diffusion des musiques actuelles sousexploité. A très court-terme la mise en place de possibilité d’utilisation de cet espace plus adapté à cet usage (sécurité, heures de fermetures, accessibilité…) permettrait d’offrir à de nombreux producteurs des conditions de diffusion absente du territoire niçois. Il s’agirait dans cette phase de poser les bases d’une programmation de plus de 50 dates par an, à partir de la rentrée 2019. La stratégie de cette programmation reposera sur lamobilisation des producteurs locaux avec un dispositif à construire autour d’une structure capable de coordonner cela. Panda, acteur incontournable des musiques actuelles pourrait conduire cette politique d’accueil dans le cadre d’un cahier des charges à construire avec les acteurs des musiques actuelles de Nice. Une articulation particulière devrait être trouvée avec la Black Box et le travail du centre Anima Nice situés à 800 mètres du 109 qui, sous l’impulsion de son directeur, Frédéric Finocchi, a généré l’un des projets musicaux les plus justes en termes politiques et artistiques des dernières années avec la résidence de Medi. Cette politique de diffusion musicale doit pouvoir être associée à une politique d’accueil de groupes en répétition et à une politique de médiation autour de musiques actuelles1.
styles prédominants. Un budget de fonctionnement à hauteur de 350 000€ a été esquissé, financé par le Ministère de la Culture 40% et la Ville et Région à hauteur de 15% chacune. Un budget d’équipement matériel de 185 000€ serait nécessaire. Conçu sur trois étages le programme est de 1 700m² avec des espaces de diffusion, de répétition, de formation et de laboratoire. Il aurait un budget de l’ordre de 1 700 000€ à 2 000 000€.
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RENFORCER LA POLITIQUE D’ATELIERS D’ARTISTES Des structures d’accueil et d’accompagnement, 20 ateliers par an sur 5 ans dans la ville dont 5 par an au 109 La création des 29 ateliers sur le site a été un acte politique essentiel et indispensable qui doit s’amplifier à l’échelle de la ville bien sûr, mais en particulier sur le 109 et ses environs. Au préalable, il est nécessaire de rappeler que Nice a la chance économique d’être dans un territoire où la pression foncière est forte, témoignage de son attractivité. Cet état de fait, conduit par contre les artistes à avoir des difficultés importantes pour trouver sans l’intervention publique, des conditions de travail acceptables. La volonté politique affirmée d’être une ville accueillante pour les artistes1, qu’ils soient originaires de Nice ou attirés par son contexte, impose la multiplication des espaces de travail qui peuvent leurs être dédiés. Si cela peut se faire à l’échelle de tout le territoire, le 109 et les quartiers alentours peuvent encore en accueillir et mettre en place, à la fois, des lieux pérennes et temporaires. Au sein du projet du 109 se pose la question du sens de la présence de tel ou tel artiste. En effet l’obtention d’un atelier au 109 est-elle liée au rapport entretenu avec le projet du site ou est-elle indépendante de celui-ci ? Pour traiter cette question, l’intervention d’une ou plusieurs structures intermédiaires pourrait être une réponse adaptée permettant de plus de garantir une plus grande diversité. Dans le dispositif à mettre en place, la question des conditions d’exercice de leur activité pour les résidents non renouvelés va être importante. Les conditions économiques du dispositif peuvent également être remise en question, car il peut être essentiel d’accueillir sur le site des artistes déjà reconnus et ayant des capacités économiques supérieures à celles de jeunes artistes dans le cadre de convention avec des écoles. Cette notion peut également être travaillée au regard des échanges artistiques entre chaque artiste et le projet du 109. A court-terme, il est indispensable que de nouveaux ateliers soient mis à disposition et que soient pensés les outils pouvant être partagés par les plasticiens comme cela a été fait par l’atelier de l’Entre-Pont dans le spectacle vivant.
SÉQUENCER LA PROGRAMMATION Organiser 6 à 8 temps forts dans l’année Le 109 doit affirmer une ouverture au public qui en termes événementiels ne peut réussir qu’avec des temps forts regroupant plusieurs propositions produites par différentes structures, résidentes et accueillis. Eclairage Public 2019 est en soi un exemple de ces temps forts car porteur de l’identité du 109, il ouvre avec le vernissage d’un événement fort, l’exposition « la vie est un film », propose des spectacles qui ont eu des résidences et présentations tout au long de l’année, accueille un artiste de rue invité par l’une des structures résidentes et expérimente des activités qui pourraient trouver au 109 une place au quotidien. D’autres temps forts, d’une moindre ampleur doivent rythmer la programmation du 109 avec par exemple sur un vendredi / samedi : vernissages croisés entre La Station et le Forum + concert d’un producteur extérieur programmé au Frigo 16 + sortie d’ateliers dans les studios de danse + représentation d’une compagnie en résidence accompagnée à l’Entre-Pont.
1 • A Nantes plus de 60 ateliers ont été aménagés par la ville. 21 ateliers sur deux quartiers avec « les Bonus Ateliers » cogérés par six structures locales (Apo 33, d’Entre-deux, Collectif R, association Manifestement Peint Vite, Millefeuilles et la galerie Paradise) + 17 de « Mille feuilles » + 19 de « La Ville en Bois ». 2 • Le street workout (littéralement « entraînement de rue ») est un loisir sportif mêlant la gymnastique et la musculation. Mélangeant figures de force, de souplesse et d’équilibre. Il se pratique essentiellement en extérieur. Les premières vidéos de ces pratiques sont celles du jeune afro-américain new-yorkais « Hannibal For King » (2008) 3 • Série et répétitions 4 • https://www.facebook.com/ Accrobarz-1398501000403588/
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INITIALISER ET RENFORCER LES ACTIONS SUR LE TERRAIN DES CULTURES URBAINES Fresques urbaines + playground Le développement d’actions sur le terrain des cultures urbaines est une nécessité du site. Il est important de trouver un mode d’accueil des pratiques de « street workout »2, de « sets & reps »3 et de « freestyle » comme celles proposées par l’association Accrobarz4 ou lors d’événement comme les « kif-days5 ». Le 109 se doit de coproduire des actions avec les praticiens des cultures urbaines qui permettront de mixer les publics et les pratiques. Dans ce registre, il est bien évident que travail développé par Thomas Debatisse alias Otom, à Nice, visant la création d’un site d’art urbain proche des pratiques de l’Aérosol à Paris, de la Friche à Marseille ou du Bifurk à Grenoble est à accompagner. Pour Otom, responsable des associations Whole Street (Association d’art urbain) & Free Ride Fondation (Sport urbain) « Nice dans le domaine du Street-art, part d’une page blanche. Le 109 peut-être un accélérateur de culture alternative alliant Sport-Musique-Art Urbain. Il faut pousser « la rentabilité niçoise » à se tourner vers les pratiques alternatives et à réussir ce qui peut être fait pour les cultures urbaines. » Le projet pourrait s’écrire en accompagnement de la transformation de l’ilot du nettoiement6, en l’accueil de manifestations internationales7 et en interventions mettant en valeur de nouvelles promenades urbaines de la station du tramway au 109 et du 109 au centre-ville par le long du Paillon.
5 • Les « kif-days » ont été programmées au 109 en avril 2019, en association avec le service des sports de la ville. Cette journée itinérante réunit 24 équipes de 8 personnes ayant entre 8 et 16 ans dans un raid sportif et culturel. 6 • Une piste de réflexion a été ouverte en imaginant comment un projet artistique fort pourrait dans ce champ accompagner l’opération de transformation urbaine de l’îlot du nettoiement. 7 • Plusieurs projets événementiels pourraient être accueillis. A noter les contacts pris avec Manuel Gerullis, le fondateur de Meeting of Styles http://meetingofstylesfrance.com/news/ qui souhaite réaliser en 2020 un événement.
CULTIVER UN PROJET DU PAYSAGE ASSOCIANT DES PRATIQUES AGRICOLES URBAINES
CONSTRUIRE AUTREMENT
CROISER CULTURE ET UNIVERSITÉ
Projet culturel pour projet urbain
De la production agricole, du vert et de la pédagogie
Le projet du 109 peut être un espace de création contemporaine architecturale en termes politiques et plastiques. Le 109 peut être un espace urbain exemplaire dans ses transformations. Il est indispensable de mettre en place dans ce contexte un mode de transformation du site qui se nourrissent des multiples expériences architecturales des dix dernières années5. Celles-ci ont montré lors de la dernière biennale d’architecture de Venise, dans le Pavillon Français, comment pouvait être produite différemment la ville. Cette approche de « lieu infini » est nécessaire (indispensable ?) à Nice dans la dynamique du 109 car elle permettra de travailler en association avec les résidents du site, les nouveaux entrants, les populations des quartiers Est et plus largement les niçois, et bien sûr avec le milieu architectural. Pour cela il s’agira de mettre en œuvre un process collaboratif qui nourrisse et pilote les prochaines opérations d’aménagements. Avec le Forum, avec le Syndicat des architectes, un travail exemplaire peut-être mené qui interrogerait les questions de la maitrise d’ouvrage et celles des maîtrises d’œuvre et d’usage. Dés 2020 pourraient être initiés des projets qui permettraient de localiser de nouveaux acteurs sur le site sur la base d’architectures provisoires expérimentant et préfigurant les futurs usages. La réalisation d’une base de vie, en lien avec la transformation de l’îlot du nettoiement pourrait être symbolique de cette démarche politique. L’implantation d’un chapiteau éphémère expérimentant la justesse de l’architecture foraine dans le processus de transformation du site serait à investiguer. La construction d’un plateau « modèle » éphémère de 1 500m² permettant à de futurs utilisateurs de s’impliquer au 109 pourrait répondre à des besoins, et démultiplier les potentiels de développement du site et des quartiers Est.
Les processus de recherche et de formation
Au 109, peut-être cultivé un projet du paysage associant des pratiques agricoles urbaines. En 2018, une initiative a été prise par le cabinet du Maire1, demandant au service « développement du moyen pays et montagne » de réfléchir à la possibilité d’implanter des jardins potagers urbains sur le site. Les potentiels du site ont ainsi été appréhendés. « Nous avons actuellement un projet très important sur le site du toit du Carrefour qui ne se situe pas très loin du 109. Ce toit-terrasse est une friche sur laquelle nous pourrions monter une ferme urbaine. Nous pensons qu’avec Le 109, il y a un projet global à définir, pour lequel il est évident qu’il faut trouver un porteur. » C’est dans ce contexte que le service a produit une première note de programmation « d’un jardin potager urbain » avec « des jardins potagers en bacs ». Les préconisations proposent « de mettre à disposition le lieu à une association en capacité d’accompagner la mise en œuvre », de concerter « les habitants, les futurs usagers, les intervenants, les élus et le monde associatif et de co-construire pour une inscription dans la durée »2. Les échanges eues avec plusieurs opérateurs3 4 de ce champ, permettent de mesurer l’importance de l’initialisation d’un projet majeur à Nice, et les espaces extérieurs du site sont un potentiel exceptionnel. Cette orientation pourrait être traitée dans des phases de préfiguration et être une dimension essentielle du projet d’aménagement en intégrant une intervention majeure sur le pont. Le projet à initier, pourrait combiner une production réelle de ressources maraichères, une dimension pédagogique fondamentale et une intervention plastique de land-art combinant un travail de plasticiens et de paysagistes.
Cette démarche, cette approche devrait résonner avec l’ensemble du process de développement des quartiers Est.
Le 109 peut être l’un des principaux sites s’inscrivant dans la logique de l’Université Côte d’Azur qui s’efforce de croiser recherche académique et créativité artistique. Le 109, ses résidents et les projets qu’ils accueillent peuvent coproduire avec l’Université le cinquième centre « de référence » permettant de croiser les acteurs académiques et des acteurs issus du monde socio-économique. Plusieurs acteurs culturels sont déjà impliqués dans ce dispositif universitaire qui aborde les thèmes du Développement Durable et de la Ville intelligente (Imredd), de la Santé et du Bien-être (Helixx), du Numérique (Digital Tech Platform) et des parfums et cosmétiques (Ciso). Au 109, il s’agirait, là encore, d’engager une accélération transversale entre les secteurs et les acteurs.
1 • Pauline Herouan (Environnement/Eau) et Christine Gilly (Vie de quartier) 2 • Entretiens avec Sylvie Dupuy et Franck Salière, ville de Nice, le 02.11.2018 3 • Entretien avec Lina Cappelini présidente de potagers en ville le 06.02.2019 : « Nous avons développé une plateforme de co-jardinage qui travaille l’agriculture urbaine avec près de 300 adhérents. L’association organise les 48h de l’agriculture urbaine (l’année dernière au jardin Sacha Sosno), des ateliers pédagogiques, des conférences et nous avons produit un potager créatif à la maison de l’environnement, une ferme en aquaponie à Montpellier, ou un hôtel à insectes au jardin Albert 1er. » 4 • Entretien avec Nathalie Orvoën le 28.02.2019 : « Notre structure, « Les Potageurs », sont des créateurs de potagers sur-mesure pour les entreprises et les particuliers. Au-delà de notre travail sur les rez-de-chaussée des promotions urbaines et de création de communautés autour de projets pour travailler les cinquièmes façades nous pensons que nous pouvons aller plus loin pour développer les circuits-court et créer à Nice « une coulée maraichère ». 5 • Hypothèses collaboratives, conversations avec les collectifs d’architectes, éditions hyperville, 2018.
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HYBRIDATION CULTURELLE ET ÉCONOMIQUE : LES NOUVEAUX ATELIERS Le deuxième enjeu pour Le 109 est une hybridation des programmations ; Le 109 doit dans sa programmation foncière comme dans sa programmation événementielle attirer sur son site des activités aux économies multiples, relevant du privé et de l’intermédiaire. Ces activités peuvent être des activités de travail, de formation, d’hébergement, d’exposition ou de commerce, mais elles doivent pouvoir vivre ensemble et contribuer à la cohérence et à l’attractivité globale du site.
Nous proposons d’organiser ces nouvelles activités en les regroupant par catégorie d’atelier. Ce que nous entendons par ce terme « d’atelier », c’est que le 109 est et doit rester avant tout un lieu de production, de travail, ce qui d’ailleurs a fait son histoire et qui de notre point de vue peut faire sa richesse de demain. Il ne s’agit pas d’amener des activités touristiques, contemplatives, qui seraient déconnectées du territoire et de ses besoins. La notion d’« atelier » rappelle une connexion au territoire et une densité d’utilisation, quotidienne, par ses habitants. C’est un lieu vivant, hybride, dans lequel on vient pour faire autant que pour voir et apprendre. Le 109 accueille déjà et développe des ateliers artistiques. Il doit demain représenter un territoire d’accueil pour des ateliers du numérique, des ateliers des makers, ou des ateliers de la transition. Au 109, « les nouveaux ateliers »sont l’hybridation culturelle et économique à conduire. LES ATELIERS DU NUMÉRIQUE Une communauté d’acteurs des métiers de la création numérique fonderait un hub regroupant les startups du territoire, des investisseurs, freelance, créateurs et pratiquant du e-sport, ainsi que des formations. Développer une offre de coworking « from scratch » sur le site du 109 n’a pas de sens, car cela rajouterait à la dispersion de l’offre actuelle, sans que le besoin soit clairement établi. Il demeure néanmoins que Nice manque cruellement d’un lieu phare ou pourraient se retrouver les acteurs de l’innovation, startupeurs, équipes digitales et de transformation des entreprises locales, accompagnateurs privés et publics, formateurs. Un tel lieu ne pourrait voir le jour qu’avec la caution d’un acteur de très grande renommée, qui pourrait entrainer avec lui tout un écosystème (exemple de la station F à Paris avec Xavier Niel). Autre hypothèse, regrouper dans ce lieu les initiatives locales déjà existantes, à commencer par l’ECEEI. Le développement économique du territoire se déroulant plutôt à l’ouest avec la plaine du var et Sophia Antipolis, ne faudrait-il pas donner une couleur un peu différente aux entreprises qui viendraient s’emparer de ces espaces, startups ou pas. Ce pourrait être les entreprises des métiers de la création et des métiers créatifs : de l’audiovisuel à la communication, en passant par les médias, les technologies du son et de l’image. Ce pourrait également être les acteurs du pôle santé, dont la proximité de Pasteur rend la légitimité évidente. Les entretiens réalisés ont également montré qu’il y avait à Nice une population de freelance et de développeurs importante et de qualité et qu’il était même plutôt facile pour les startups implantées sur le territoire de recruter ou faire appel à ces ressources techniques. Cette population est aujourd’hui éparpillée au sein de lieux différents, et ne bénéficie d’aucun accompagnement particulier, notamment en terme d’apport d’affaires, alors même qu’il se révèle très difficile de trouver des clients localement pour ces ressources indépendantes qui vendent leur savoir-faire à Paris ou à l’étranger. Enfin, plusieurs marques d’intérêts ont été montrées pour une implantation à Nice sur le volet de la formation numérique, ce qui pourrait contribuer à densifier l’offre de formation présente sur le territoire, encore en sous densité par rapport à des villes françaises comparables.
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ACTEURS POTENTIELS (rencontrés au cours des derniers mois et qui ont montré un intérêt pour le projet du 109):
NICE STARTUP
DIGITAL VILLAGE
CODE CODE CODEC
Association regroupant 70 startups & ETI, représentant plus de 500 salariés & entrepreneurs. Pourraient mobiliser une communauté et un opérateur (du territoire – Les Satellites cherchent à s’agrandir, ou de l’extérieur) pour ouvrir le plus grand coworking de Nice dans un environnement propice à l’accueil d’entreprises (quartier animé, peu éloigné du centre-ville, abordable). Regroupement d’acteurs du territoire type P Factory, BA06. Besoin de trouver l’opérateur.
Réseau de freelance spécialisés dans le développement digital et le web (UX designer, UI designer, graphistes…). Potentiel intéressant à Nice, qui possède une population importante de freelance internationaux dans le domaine du numérique. Possibilité de s’appuyer sur le réseau national de Digital Village qui se structure dans une dizaine de villes pour faire de l’apport d’affaire. Amaury Peillon, freelance installé au Workhouse Café et membre de la communauté Digital Village, pourrait porter ce projet.
MCAPITAL
NUMERIC GAMES
Lancement d’un fonds régional dédié à la transmission d’entreprises. Pourraient être intéressés pour des bureaux accueillant des entreprises, des accompagnants, des formations.
Organisateur de la plus grande compétition de e-sport à la Paris La Défense Arena, en juillet 2019. Opérateur de lieux de musée, de pratiques et de formations autour du jeu vidéo. Intéressé par un développement rapide dans plusieurs villes de France.
Ecole de code informatique pour enfants, Code Code Codec a ouvert deux espaces, à Grenoble (Isère) et à Paris. Les salles de cours sont installées dans des boutiques, avec pignon sur rue. D’un côté de la vitrine, voir des enfants programmer des ordinateurs éveille la curiosité des passants. De l’autre, l’activité perpétuelle de la rue met de l’animation. L’entreprise propose des stages de vacances ainsi que des cessions durant la semaine et le week-end. En un an, un peu plus de 250 élèves ont été formés. En quête de financements, l’entrepreneur se lance dans l’ouverture d’autres Code Code Codec, notamment à Lyon. Il réfléchit, par ailleurs, à plusieurs formes de développement (en franchise ou en licence de marques) pour répondre à des demandes de mairies et d’associations, intéressées par le concept.
CNRS
LE WAGON Une école de codage informatique fondée il y a 4 ans par les frères Boris et Romain Paillard, plus tard rejoints dans l’aventure par Sébastien Saunier. En 2018, 2000 élèves sont attendus dans les 27 villes d’implantation du Wagon, soit autant que la totalité des élèves formés pendant ses trois premières années réunies. Développement des points de formation à travers le monde, en franchise ou en propre : Bruxelles, Londres, Amsterdam, Lille, Marseille, San Paolo, Lisbonne…
Intérêt évoqué par la Direction Régionale du CNRS pour la création d’une antenne satellite du campus de Sophia, notamment sur le programme 3IA, permettant aux labos niçois de travailler sur les sujets d’intelligence artificielle sans avoir à se rendre à Sophia. Ce lieu pourrait également être un lieu de conférence et de rencontres entre chercheurs et entrepreneurs, ainsi qu’un lieu d’exposition des travaux du CNRS pour le grand public.
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LES ATELIERS DES MAKERS Le Maker Mouvement est une branche de la grande tendance du Do it Yourself, spécialisé dans la création d’objets, de mobilier, de machines, par le biais des nouvelles technologies. Ce mouvement s’est amplifié ces dernières années grâce notamment au développement des fablab, des lieux imaginés au MIT et qui sont arrivée en France en 2010. Il s’agit de lieux ouverts au public où il est mis à sa disposition toutes sortes d’outils, notamment des machines-outils, pour la conception et la réalisation d’objets. Ils constituent aussi un espace de rencontre et de création collaborative qui permet, entre autres, de fabriquer des objets uniques. Aujourd’hui, on compte un peu plus de 200 fablab sur le territoire national, et quelques initiatives simplement sur le sol azuréen, avec le fablab de la Faculté de Sciences, ainsi que celui de Sophia Antipolis. Dans le cadre des nouveaux ateliers, le 109 pourrait développer l’un des plus grands fablab de France, ainsi qu’un écosystème global dédié aux makers et aux nouvelles solutions de production décentralisées et pilotées par le numérique.
ACTEURS POTENTIELS (rencontrés au cours des derniers mois et qui ont montré un intérêt pour le projet du 109) : MAKEICI
DELIVEROO EDITIONS
ATELIERS ET RESSOURCES
Premier réseau de manufactures collaboratives et solidaires pour les artisans, artistes, designer, startups. Des lieux entièrement équipés qui accueillent une communauté d’abonnés utilisateurs, et dispensent également des formations, notamment en faveur des écoles et des associations de réinsertion professionnelle.
Des cuisines tout équipées développées par l’application de livraison Deliveroo et qui permettent à de jeunes restaurateurs de lancer un concept dans un territoire où l’implantation d’un restaurant est difficile. Les équipes louent une cuisine et Deliveroo se charge de livrer les plats préparés dans la zone de chalandise.
Avec l’atelier positionné par Entre-Pont, le site atteste de sa capacité à être un espace de production. Cette dynamique pourrait être développée avec des liens avec la Halle Spada et la thématique carnavalesque, mais aussi avec d’autres structures comme le Parc Régional de Matériel.
Besoin : 1,500 à 2,000 m² pour le lieu, et une intégration forte dans l’écosystème local permettant de générer un chiffre d’affaires suffisant pour les artisans de la communauté, avec par exemple un engagement de commandes de projets (venant de la puissance publique ou de promoteurs privés).
Besoin : 200 m² environ
Loyer : 100€/m²/an Nicolas Bard, co-fondateur de Makeici « Nous avons visité le 109 avec le groupement Bouygues qui répondait à l’appel d’offre sur l’ilot du nettoiement, et souhait nous intégrer à la réponse. Le site et la ville sont intéressants, mais nous n’avons pas donner suite. Mais nous serions ravi d’étudier à nouveau le dossier 109, avec le bon écosystème et le bon niveau d’engagement autour ».
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Loyer : à déterminer
DISTILLERIE MAISON BARATT Portée par deux jeunes niçois très impliqués à Nice, Déborah Salvetti et Carl James Barrat, cette jeune entreprise est à la recherche d’un local pouvant accueillir le concept d’une distillerie et de son stock ainsi qu’un Café-Restaurant. Ils proposent une vision concrète de tout le processus de fabrication des produits, avec et sans alcool, travaillés uniquement avec des matières premières de qualité issues de l’agriculture locale. Les alambics en activité serait au centre d’un décor.
LES ATELIERS DE LA TRANSITION Le 109, pour être un tiers-lieu d’avenir, doit défendre des principes de préservation de l’environnement et de renforcement des liens humains qui unissent ses utilisateurs et les habitants du territoire. Ces deux enjeux sont au cœur du développement des villes de demain, comme le montrent notamment les contenus des derniers appels à projet lancés à Paris: le projet Bruneseau qui intègre une recyclerie de 5,000 m², les pariculteurs qui vise à végétaliser 100 ha de la capitale d’ici 2020, et tant d’autres... La ville intelligente et ultra connectée est l’avenir, mais seulement si cette intelligence est mise au service du lien humain et de l’écologie. La programmation du 109 se doit donc d’accueillir des acteurs de la transition écologique, du vivre ensemble, de l’action sociale et solidaire. ACTEURS POTENTIELS : TRUFFAUT
FONDATION DE NICE
LA MAISON DU 109
L’enseigne de jardinerie souhaite développer des formats plus urbains qui offrent également des prestations de services et de formations. Nice est un territoire qu’ils visent et sur lequel ils souhaitent se développer.
La Fondation, dirigée par Caroline PoggiMaudet et présidée par Dominique Saillet a été créée par le Patronage Saint Pierre Actes en 2016. Fort de l’ancrage séculaire de cette œuvre de charité qui compte 300 salariés, le développement du projet de la ressourcerie existante pourrait être structurante sur Le 109 avec de plus une possibilité d’Epicerie solidaire. Pour Nicolas Braye et Géraldine Cardona, au 109 « la question posée est de savoir comment la colonne vertébrale culturelle peut travailler avec la dimension ressourcerie en rapport avec la ville verte de la méditerranée ».
Il est indispensable sur le site d’ouvrir un lieu convivial, vivant et partagé. Un caférestaurant-épicerie-magasin est bien sûr une programmation naturelle sur un site de cette nature. Dans cette catégorie des Ateliers de la transition, cette « Maison du 109 » pourrait être ouverte très rapidement en combinant les énergies du site et les nouveaux investisseurs du quartier.
Besoin : 2,000 m² intérieur et 200 m² extérieur, 50 places de parking. Loyer : 400€/m²/an
L’arrivée d’un résident comme la fondation, pourrait aborder structurellement la question écologique et la question d’insertion, en impliquant sur le site des personnes en insertion et en cultivant de nouveaux échanges avec les artistes.
AUTRES ACTIVATIONS POSSIBLES POUR LE LIEU Dans le domaine hôtelier et gastronomique, les différents acteurs rencontrés mettent en avant plusieurs inconvénients du site : l’éloignement du centre-ville touristique, qui pourrait être gommé par la présence d’un arrêt de tramway à proximité immédiate du site, ce qui n’est pas le cas. Enfin l’éloignement de l’aéroport et de la zone tertiaire de Nice Ouest et Sophia, le rendant peu attractif pour des populations de tourisme business. Le 109 est néanmoins susceptible d’intéresser des acteurs dédiés à la population étudiante (Student Hotel), ou des marques très fortes qui ont fait du développement en périphérie des villes leur marque de fabrique (MOB Hotel). Mais ces opérateurs ne se positionneront qu’à travers une intégration dans un projet urbain dépassant le cadre du 109, et requalifiant plus largement le quartier.
Dans le domaine du sport, plusieurs marques d’intérêt, mais des doutes émis sur la taille du site et sa capacité à accueillir une offre suffisante et atteindre une vraie taille critique. Les concepts trop centre-ville ou haut de gamme ont décliné car le site ne correspond pas à leur positionnement. Il semble en revanche opportun de proposer le site à des acteurs de sports urbains tels que le foot en salle ou l’escalade, encore peu développés à Nice et qui cherchent à y entrer. Acteurs potentiels : Escalade avec Arkose ou Climb, Sport urbain, foot en salle avec Five
Dans le domaine du loisir culturel, il existe à ce jour moins d’initiative, et le site du 109 n’a pas suscité à ce jour d’engouement particulier tels que d’autres sites en réaffectation auraient pu le faire. Les espaces atypiques du 109 permettent en revanche d’imaginer ce type d’implantation, de manière pérenne ou éphémère, et il serait dommage de se priver d’interroger ces nouveaux acteurs culturels, qui ont souvent une capacité d’investissement leur permettant de porter seuls les projets et une force marketing permettant d’y accueillir un nouveau public. Acteurs potentiels : Sur l’évènementiel avec le Festival de Street art « Meeting of Styles » ou sur le loisir culturel avec « Destination immersive » par MK2 ou « Moment Factory » de Culturespaces.
Acteurs potentiels : Student Hotel, Mob, The babel company
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ÉLARGISSEMENT DU CHAMP GÉOGRAPHIQUE «Le choix de la réhabilitation des Abattoirs s’est rapidement imposé par la qualité architecturale propre à ce bâtiment, mais surtout parce qu’il s’agit là comme l’a exprimé avec talent Jean Nouvel d’un projet culturel pour un projet urbain». Christian Estrosi - www.tvpaca.com - le 03.11.08
Le troisième enjeu, de cette politique de mix et territorialisation est un élargissement du champ géographique en thématisant le développement des quartiers Est. Au 109, l’enjeu est donc de changer d’échelle en posant le site comme l’épicentre des quartiers Est qui vont être dans les dix prochaines années en redéploiement. Les quartiers Est peuvent, avec l’ancrage du109, être le terrain de construction de multiples programmes s’inscrivant dans une écologie culturelle à écrire pour le 21éme siècle et reposant sur la création artistique et les pratiques culturelles. Le 109 peut-être « le noyau culturel » d’un quartier refondé. Les quartiers Est, sont en redéfinition pour un projet d’aménagement durable avec des programmes diversifiés, certains réalisés, d’autres en cours de réalisation… ou en cours de programmation : Le projet campus avec logements étudiants, le faculty club, le Crous, la maison étudiant, l’opération1 avec cinéma, logements, activités et parking, la cité européenne de la santé, le site du Pont Michel avec les services de la ville et les archives, le site Auvare avec ses logements et services, les comptoirs métallurgiques du littoral, la halle Spada, Le 109, les locaux en bordure et sur site Sncf ou l’ilot du nettoiement, … L’îlot du nettoiement, sur son terrain de 14 500 m² pour plus de 30 000m² de construction (logements 26 000m² et commerces/activités en rdc 4 000m²) « est attendu pour entretenir des synergies avec le site des abattoirs »2. « La façade nord de la parcelle ouverte sur le futur parvis du 109, devra être animée, en vue de favoriser les interactions avec le programme voisin », en cultivant « le caractère innovant du rez-de-chaussée ». Cet appel à projet est pour nous métaphorique de l’esprit qui se génère dans les quartiers Est d’une « créative city » pouvant s’accélérer. La possibilité d’intégrer au sein de cet îlot des programmations d’activités orientées sur la thématique culturelle serait un des marqueurs forts d’une nouvelle politique de développement du secteur. Cette programmation en 2023/2024 pourrait être préfigurée sur le site du 109.
De la Black-Box aux bibliothèques municipales et universitaire en passant par Nissart per Tougiou4, des structures culturelles irriguent le territoire et pourraient à la fois contribuer à une dynamique et en retirer des opportunités de développement.
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Sur le site de Spada, Annie Sidro3 est en train de faire le programme de la Cité du Carnaval qui serait un Centre de production du carnaval, avec une bibliothéque, un musée, une école du carnaval, une ressource technique dotée d’ateliers et de compétences de menuiserie, de ferronnerie, de carrosserie, de costumes. En s’appuyant sur les exemples de la Citadelle de Via Reggio et de la Cité de la Samba à Rio, la Ville pourrait dans la dynamique du 109, créer avec ce deuxième outil un aménagement territorial majeur. La dynamique culturelle du quartier serait ainsi multiple, investissant les filières de la création, du festif et du tourisme culturel.
1 • En 2021 le carré Vauban sera livré avec son cinéma multiplex de 10 salles dont 2 art et essai, ses 13 000 m² de logements, ses 5 000 m² de commerce et ses parkings… Un jardin de 3 800m² sera aussi aménagé à coté de Saint Jean - d’Angély 2 • Appel à projet de la ville sur le site 3 • Carnavals en liberté de Annie Sidro et Dominique Leroy, Vilo, 2005 4 • Jeff Marro, président de l’association le 24.01.2019 « L’association qui a plus de 20 ans réuni 450 membres et travaille sur une idée niçoise et la culture de sa langue en refusant le folklorisme. Installés depuis 2011 dans le quartier rue du Trident à 100 m de l’entrée du 109, nous proposons aux adhérents des cours de langue, une bibliothèque, de la cuisine, des ateliers de théâtre, des fêtes et concerts. La base d’activité des quartiers Est, permet également de préparer des interventions dans toute la ville comme la festa nissarda culturala ou la festa dei mai d’en Riquier. Au 109, Nissart per Tougiou réfléchit à produire « Sound de Nice ».
L’Ilot CML va être dans les cinq prochaines années une opération immobilière d’importance du secteur. Dans le cadre de sa programmation, la thématique culturelle pourrait nourrir des segments en cours de définition.
La parcelle Sncf est bien sûr une ressource foncière importante faisant à la fois l’objet d’échanges et déjà de nouvelles programmations fonctionnelles. A ce stade, dans le développement du quartier du grand Est autour des thématiques culturelles, il peut être établi un échange politique majeur avec l’entreprise publique pour spéculer sur des usages culturels temporaires du site pouvant nourrir la réflexion globale.
Avec le groupe scolaire René Arziari et le lycée Guillaume Apollinaire, le 109 peut amplifier et approfondir une politique de travail artistique et culturel majeur avec des établissements éducatifs. La Ville, la Région et le Ministère de l’Education pourraient en lien avec d’autres institutions culturelles élargir sur les quartiers Est, une démarche volontaire dans ce domaine.
Dans les quartiers Est, le programme mixte de près de 24 000 m² de surface de plancher qui comportera un nouveau parking relais pour le tramway (360 places), 221 logements, 320 places de stationnement et 5160 m² de commerces porte comme point fort de cette opération de renouvellement urbain un autre équipement culturel. Adim Cote d’Azur avec Mégarama vont réaliser et exploiter un multiplexe de 10 salles de 1930 places, destiné « à rééquilibrer l’offre cinématographique de la ville, concentrée à l’heure actuelle dans l’hypercentre et à l’ouest de la commune »1. Ce nouvel équipement culturel devrait être livré au deuxième semestre 2021.
Le 109 est accessible depuis le centre-ville par le tramway et les voitures, quant à elles, longent le Paillon. Les piétons peuvent emprunter les deux trajets. Dans cette approche, les parcours liant la ville au 109 pourraient être travaillés avec des propositions artistiques s’inscrivant dans la dynamique de la ville en termes d’art urbain. Les aménagements réalisés en bord Paillon pourraient être valorisés et nourris de propositions artistiques de la façade d ’A c ro p o l i s j u s q u ’ a u 1 0 9 . C e t te programmation pourrait s’inscrire dans la dynamique du 109, des biennales et plus globalement dans la dynamique de développement des quartiers Est sur des cimaises urbaines temporaires et durables.
1 • https://www.tpbm-presse.com/nice-la-guerre-desmultiplexes-se-deplace-a-l-est-2633.html.
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Structuration Dans le développement proposé, trois structurations doivent être générées, agencées et portées avec la structuration de la programmation, la structuration urbaine de l’îlot, la structuration du pilotage et de la gestion.
LA STRUCTURATION URBAINE DE L’ÎLOT Il va être nécessaire de retravailler le dispositif de développement du site dans l’esprit du « Construire autrement » afin d’affirmer une approche architecturale et urbaine qui travaillent en relation étroite avec les usages et les programmes existants et à venir, dans une économie raisonnée. Les trois premières étapes d’occupation des espaces ont été conduites pragmatiquement et dans une économie de moyens. Elles ont permis d’utiliser les espaces, de préfigurer des usages, d’expérimenter des localisations. Ce capital et les études qui ont été conduites permettent d’avoir aujourd’hui la base de la structuration qu’il est possible d’accélérer en adéquation avec les nouvelles programmations et la nature de leurs montages.
Trois hypothèses apparaissent envisageables. Elles peuvent être travaillées et engagées en cherchant une amplification rapide de l’activité du site sans pour autant procéder à une détermination définitive du programme : • La première hypothèse : 18 500 m2 de planchers et 9 000 m2 d’espaces publics et d’espaces verts
• La deuxième hypothèse : 22 500 m2 et 7 000 m2 d’espaces publics et d’espaces verts
• La troisième hypothèse : 28 000 m2 et 6 000 m2 d’espaces publics et d’espaces verts
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LA PREMIÈRE HYPOTHÈSE : 18 500 M2 DE PLANCHERS ET 9 000 M2 D’ESPACES PUBLICS ET D’ESPACES VERTS
La première hypothèse est de compléter les 9 300m² actuellement utilisés par les 4 700m² nets restant en friche, renforcés par 4 500m² nouveaux et une option de silo parking de 2 000m². Nous arriverions ainsi à un site de 18 500m² construits, plus une centaine de places de parking. Le plan général et les affectations pourront être revus en intégrant notamment l’incidence de la nouvelle programmation de l’ilot du nettoiement sur la façade sud. Les bâtiments sur rue chapelle sont actuellement occupés par des espaces de travail et devraient être rendus à un usage public. Nous aurions dans cette hypothèse : • Programmes existants pour partie relocalisés (La Station, L’Entre-Pont, Le Forum, Les Ateliers, Les Espaces de représentation et d’exposition) • Programmes nouveaux avec des modes de gestion diversifiés Ateliers d’artistes / Studios musiques / Black Box spectacle vivant / Plateau bureaux Ateliers Fablab / Restaurant / Artisans et commerces • Parking • Espaces publics avec activités agricoles et sportives, incluant la passerelle
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LA DEUXIÈME HYPOTHÈSE : 22 500 M2 ET 7 000 M2 D’ESPACES PUBLICS ET D’ESPACES VERTS
La deuxième hypothèse est de passer à un site de 22 500 m² construits, plus une centaine de places de parking. Le principe est d’accroitre les plateaux bureaux, le fablabs et les ateliers artisanaux et commerces.
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LA TROISIÈME HYPOTHÈSE : 28 000 M2 ET 6 000 M2 D’ESPACES PUBLICS ET D’ESPACES VERTS
La troisième hypothèse est d’intensifier l’usage foncier en passant à un site de 28 000 m² construits, plus une centaine de places de parking. Cette densification signifie bien entendu une élévation importante pouvant travailler le dialogue avec les élévations de l’îlot du nettoiement. La destination d’un tel programme murira dans le cadre du dispositif attractif mis en place sur le site et le quartier.
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LA STRUCTURATION DU PILOTAGE ET DE LA GESTION Cette approche de mixité et de territorialisation des programmations d’usages interroge le mode de lotissement et le mode de gestion. En fonction du contexte local artistique, culturel et économique, la structuration proposée a été retenue car elle est garante : • De la capitalisation de l’engagement municipal des dix dernières années • Des expériences nourries par les acteurs résidents • De l’intégration de nouveaux acteurs privés innovants dans ce secteur. Le premier acte serait la création d’une structure de pilotage mixte du type d’une société coopérative d’intérêt collectif1 qui mettrait en place l’organisation et le pilotage général du site : Ses fonctions seraient : • Gérer l’exploitation fonctionnelle du site • Animer une programmation culturelle produite par des acteurs en résidence, des acteurs invités et ses propres équipes • Développer le site en suscitant l’implantation de programmes consolidant et hybridant culturellement et économiquement le paysage existant • Générer une dynamique transversale dans les quartiers Est pour affirmer la dimension économique de la culture Sa capitalisation reposerait sur : • Les collectivités publiques et l’Etat • Les acteurs associatifs résidents avec un collège réunissant les structures et un collège d’artistes • Les salariés • Des acteurs économiques et sociaux de divers secteurs (culture, bâtiment, tourisme, santé, insertion…) • Des citoyens du quartier • Des personnalités culturelles locales, nationales et internationales Entre trois et six collèges seraient ainsi constitués avec des droits de vote à définir2. Une équipe opérationnelle devrait être constituée avec : Un directeur // Un secrétaire général et un assistant // Un responsable de la communication et un assistant // Un régisseur bâtiment // Un régisseur événement et sécurité // Des chargés de projets Sa première mission sera de coordonner une programmation annuelle reposant sur : 1 • Une Scic est une coopérative de production régie par le titre II ter de la loi 47-1775. Son sociétariat doit être obligatoirement multiple, public et privé. C’est une société anonyme (SA), une société par actions simplifiée (SAS) ou une société à responsabilité limitée (SARL) qui associe obligatoirement autour d’un projet des acteurs salariés, des acteurs bénéficiaires (clients, usagers, riverains, fournisseurs…) et des contributeurs (associations, collectivités, sociétés, bénévoles, etc.) pour produire des biens ou des services d’intérêtcollectif au profit d’un territoire ou d’une filière d’activités. 2 • Dans une Scic le collège est attribué d’un % de droit de vote. Le montant du prix de l’action peut être différent entre deux collèges. 3 • Le 19 septembre 2018, Julien Denormandie, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la cohésion des territoires a annoncé à la remise du rapport de Patrick Levy-Waitz, président de la Fondation Travailler autrement, « Tiers lieux et coworking », un plan de 110 millions d’euros de soutien. La ville de Nice pourrait proposer d’être l’un des 300 sites pilotes avec Le 109 qui doivent être labelisés et soutenus. A lire aussi, l’analyse faîte par le réseau des Fablabs sur http://www.fablab.fr/le-rapportmission-coworking-des-tiers-lieux-aux-fabriquesdu-territoire/
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• Le travail et la transmission artistique • L’accueil de publics les plus divers pour des pratiques artistiques et culturelle, des visites d’expositions et des participations en tant que spectateurs à des propositions théâtrales, musicales, cinématographiques, festives et conviviales (marché, arts urbains, sports urbains…). Sa deuxième mission sera de susciter l’arrivée de nouveaux résidents porteurs de propositions s’inscrivant dans le cadre du projet global du « nouvel atelier ». Sa troisième mission sera de réunir les conditions économiques « public-privé » de réalisation du projet en garantissant le montage qui s’inscrira dans une démarche d’économie sociale et solidaire, mobilisant tous les outils disponibles dans ce domaine3. Sa quatrième mission sera de mettre en place un atelier architectural permettant de poser les bases du « projet culturel pour un projet urbain » avec : • Un schéma général d’organisation avec des études de programmation et un atelier d’architecture • Des opérations temporaires pouvant offrir des espaces de travail et d’échanges pour une durée de trois à six ans préfigurant les occupants de la future tranche dès 2020 • Une tranche de travaux de 3 à 5 000m² correspondant aux besoins d’espaces communs, d’espaces de travail artistique, et d’espaces des ateliers (numérique, makers, transition).
Annexes
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Annexe – LISTE DES ENTRETIENS ET RÉUNIONS
ELUS À LA VILLE DE NICE Robert Roux - conseiller municipal délégué aux arts dans l’espace public, au cinéma, au pôle de cultures contemporaines « Le 109 », subdélégué aux musées et aux musiques actuelles Christian Tordo – Adjoint du Maire, délégué à l’économie, l’industrie, au numérique, au foncier et à l’urbanisme Jean Marc Giaume – Adjoint du Maire à l’éducation, restauration scolaire et activités périscolaires et au territoire cœur de Paillon Jean Luc Gagliolo – Adjoint du Maire au patrimoine historique, littérature, lutte contre l’illettrisme, théâtre, langue niçoise, archéologie Gérard Baudoux - Adjoint du Maire aux musées, art moderne et contemporain, développement du mécénat et financement culturels Rudy Salle - Adjoint du Maire au tourisme, congrès, relations internationales et animation des quartiers
Martine Garcia - Chef de projet Développement Economique et Emploi Thierry Pitout - Développement durable, Réseaux et infrastructures : Gilles Delorme – Chef de projet Service bâtiment
ACCUEIL ET PRODUCTION, LE 109 Romain Vigna – Ville de Nice - Directeur du 109 de 2017 à 2018 Michel Henocq – Ville de Nice - Directeur technique du 109
Denis Carlo - Espace public et voirie
Emmanuelle Fighiera – Ville de Nice Secrétaire générale
François Feuillade – Directeur Général Adjoint Aménagement, logement et mobilité
Yves Nacher – Ville de Nice - Directeur du Forum d’Urbanisme et d’Architecture
Romain Deux – Directeur Aménagement et Urbanisme
Cathy Ruf - Entre-Pont / Coordonnatrice de l’Entrepont
Philippe Dardelet-Doya – Chef de projet Aménagement et Urbanisme
Margot Pallen - Entre-Pont / Coordonnatrice de l’Entrepont
AUTRES COLLECTIVITÉS ET MINISTÈRES Florian Laurençon – Directeur Général Adjoint en charge de la culture à la Région Sud
Nicole Enouf et Jacques Laurent - Entre-Pont / Grain de Sable Ezechiel Garcia Romeu - Entre-Pont / Théâtre Massue Laurence Marthouret – Entre-Pont / Trans
Maud Vincent – Chargée de mission à la Région Sud
Frederic Alemany – Entre-Pont / Diva / Le Hublot
TECHNICIENS À LA VILLE DE NICE
Florence Ballongue – Chargée de mission à la Région Sud
Lisie Philip - La Compagnie de danse Antipodes
Alain Philip – Directeur Général des Services Techniques
Gilles Bégusseau - Chargée de mission à la Région Sud
Michel Bensa – Conseiller à la Direction Générale des Services Techniques
Sylvaine Pontale - Chargée de mission à la Région Sud
Hervé Barelli – Conseiller au Cabinet du maire
Emmanuel Ethis - Recteur de l’Académie de Nice
André Santelli - Directeur des Affaires Culturelles Hervé Bonein – Chef de projet à la Direction des Affaires Culturelles Philippe Lemaire – Responsable Sécurité DGA Culture Nathalie Queyron – Directrice Théâtre et des Arts Vivants Direction des Affaires Culturelles Jennifer Moreau - Chef de projet Théâtre et des Arts Vivants Direction des Affaires Culturelles Audrey Biancotto - Chef de projet sur les secteurs de l’Ariane et de Nice Est à la Politique de la Ville Frederica Randrianome-Karsenty Coordonnatrice du Nice Jazz Festival et des Musiques Actuelles Frédéric Finocchi – Coordonnateur Bon Voyage & Salle de Spectacle Blackbox Franck Salière – Directeur Développement du Moyen pays et Montagne Sylvie Dupuy – Chef de projet Développement du Moyen pays et Montagne Sébastien Vassalo – Chef de projet quartier Thierry Cacciuttolo – Chargé de mission Pôle sport
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Marc Ceccaldi – Directeur régional des Affaires Culturelles du Ministère de la Culture Maylis Roques –DRAC adjointe du Ministère de la Culture Françoise Turin – Conseillère pour la musique du Ministère de la Culture Sylvie Raissiguier - Conseillère pour le théâtre, les arts de la rue et le cirque du Ministère de la Culture
Cédric Teisseire - La Station / Le 109 Directeur artistique et Plasticien Donia Ouassit – La Station / activité pédagogique et médiation Françoise Debos – La Station / Plasticien Justin Sanchez – La Station / Plasticien Jean Baptiste Ganne – La Station / Plasticien Eric Mangion - Botox(S) / Villa Arson – Membre du bureau et directeur Matthieu Marin - Président du Syndicat d’Architectes - 11/09/2018
AUTRES ARTISTES RÉSIDENTS AU 109 Quentin Spohn – Artiste 109
Eva Antonini – Conseillère pour la danse du Ministère de la Culture
Sandra Lecoq – Artiste 109
Louis Burle – Conseiller pour le livre et la lecture et coordinateur du pôle publics et territoires du Ministère de la Culture
Thomas Otom – Artiste urbain
Noëlle Delcroix – Conseillère pour l’action culturelle et territoriale du Ministère de la Culture
Florent Mattéi – Artiste 109
Eric Oberdorff – Compagnie Humaine Gaëlle Boghossian et Paulo Correia – Collectif 8 Geneviève Flaven – Artiste Entre-Pont
Hélène Audiffren – Conseillère pour les arts plastiques du Ministère de la Culture
Aurélie Pèglion et Thomas Garçia – Compagnie Gorgomar
Jean-Louis Riccioli – Conseiller pour les musées du Ministère de la Culture
Medi - Mehdi Parisot – Musicien
Isabelle Millies – Conseillère éducation artistique et culturelle du Ministère de la Culture Isabel Martinez – Conseillère pour l’action culturelle et territoriale du Ministère de la Culture
Marc Monticelli – Membre du Laboratoire de Mathématiques J.A. Dieudonné François Paris – Plasticien Stefan Shankland – Artiste
Martin Caminiti - Artiste plasticien et directeur Emap
Jean François Marro – Nissart per Tougiou
Bertrand Moine - Fondatrice Digital Village
Caroline Duval – Artiste Entre-Pont
Vincent Brochier – Directeur adjoint du Théâtre d’Antibes
Gad Berdugo - Responsable du développement, Deliveroo Editions
Fatia Sadek – Artiste Entre-Pont
Eva Vautier – Galeriste
Michael Allibert et Hélène Baisecourt – Trucmuche
Hélène Fincker - Maison Abandonnée
Ludovic Flandin - Directeur Développement Truffaut
PRODUCTEURS EXTÉRIEURS AYANT TRAVAILLÉ AU 109 ET IMPLANTATIONS POTENTIELLES Julien Verger – Conservatoire de Nice / Maison de la Musique, Association Edm Baous Robert Delaude - Association Yuna-Crew
Nathalie Orvoën - Les potageurs
Catherine Ramon - Fondatrice Young Entrepreneur School
Florence C. De Peretti – Présidente d’un potager en ville
Luc Archambaud – Directeur de Développement, Culturespaces
ACTEURS ÉCONOMIQUES Cédric Marsella – Fondateur My Coach, coPrésident FrenchTech Côte d’Azur
Elisha Karmitz - CEO MK2 Philippe et Serge Canatella - Fondateurs du Groupe Canatella (restauration) Adam Tsou - Fondateur de Qixotic (restauration)
Jean-François Richardoz – Directeur Village by CA (coworking)
Céline Molière - Fondatrice d’Emilies Cookies (restauration)
David Benaroche - Imago production
Valérie Ammirati - Fondatrice la Verrière (coworking)
Steve Guillou - Fondateur d’Arkose (sport)
Marianne Khalili et Estelle Macé - Directrice et coordonnatrice de Eclats / Movimenta
Géraldine Zermati - Fondatrice le Labo (coworking)
Benoit Geli – Panda event
Mathieu Mari - Fondateur Workhouse Café (coworking)
Giovanni Meregaglia – Olodum Musique Laurent Genre - La régie Paca
Claire Migraine – Across nouveaux commanditaires et résidence de critique d’art Mathilde Roman – Enseignante et commissaire d’exposition Laurent Trémeau - Héliotrope Orphée Grisvard-Pontieux – set-off Virginie Fonséca - Casa’doc Amélie Masciotta - Il était un truc Xavier Vaugien – Cinéma de Beausoleil et Autour d’eux Estelle Colin – Code & Play Odile Redolfi - Ovni en Ville Magali Fouque - Bibliothèque de Pasteur Axel Amouyal - Association weirdbrother
Benoit Baillard – Directeur Lab The Camp (coworking/formation)
Jean Louis Decos - Fondateur de Climb-up (sport) Kenny Cacigas - Fondateur Vertical Art (sport) Cyril Durand - Fondateur Temple Noble Art (sport) Tony Jalinier - Fondateur Le Five (sport)
Cécile Bensa – Directrice des partenariats et de l’open innovation CDC (institutionnel)
Nicolas Quiliquini - Fondateur Trampoline Park (sport)
Pierre-Alexis Castel - Chargé de développement Agence Côte d’Azur Banque des Territoires (institutionnel)
Robin Cassuto - Fondateur La Crème training (sport)
Leonid Goncharov - Fondateur d’Anticafé (coworking) Armand Verger - Fondateur de Wereso (coworking) Philippe Garcia - Co-fondateur My Coach et président Nice Startup (startup) Jeanick Brisswalter - Vice-Président de la Commission de Recherche (recherche)
Véronique Huurneman - fondatrice Centre Qee (sport) Julie Strat - Fondatrice Chez Simone (sport) Cyril Aouizerate - Fondateur MOB Hotel Sophie de Becdelièvre - Directrice du développement, Student hotel (hôtel et résidence étudiante) Caroline Dubois - Babel Company
Hamza Daikhi – Association Accrobarz
Marjorie Nanteuil - Directrice adjointe CNRS (recherche)
Olivier Berthaud - Fondateur de Okko
Kristof Everart - Arteflux
Victor Desnot - CEO Teach on mars (startup)
Manuel Gerulis - Meetng of Style
Pascal Keiser - French Tech Culture, member du board programme Starts & Microfolies (startup et culture)
Jocelyn Berthier - Directeur Commercial, Urban Renaissance
Nicolas Braye et Géraldine Cardona – Fondation de Nice Yann Le Clanche – La Source
PERSONNALITÉS CULTURELLES
Amaury Peillon - Freelance, membre communauté Digital Village Nicolas Bard - Co-fondateur Make Ici
Hélène Guenin – Directrice du Mamac
Stéphane Cosse – Co-fondateur Numeric Games (esport)
Michel Sajn – La Strada
Romain Paillard - Fondateur Le Wagon
Thierry Benmussa - Directeur de cabinet du Président de l’Université
Déborah Salvetti et Carl James Barrat Maison Barratt
Thierry Muller – Directeur du Conservatoire de Nice
Eric Benamou - Fondateur de Code Code Codec
François Paris – Directeur du Cirm
Julien Jolmes - Fiminco
PERSONNALITÉS Géraldine Colin – Comité de quartier St Roch Josette Mathieu et Mauricette Ghigi - Comité de Défense des Intérêt du quartier Pasteur / St Pons et Corniche Frère Marc Christophe Garin - Président du Cercle des amis du territoire
Julien Fayer – Co-fondateur School Lab (coworking et formation)
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LA COOPERATIVE
Le nouvel espace où entreprendre, travailler et vivre autrement à Montpellier, inspiré des tiers-lieux ▬
Le projet
Dans une ancienne halle mécanique de 4000m² construite en 1913, nos équipes de la coopérative illusion & macadam développent la Halle Tropisme, un espace inspiré des tiers-lieux qui répond aux nouveaux usages et rapports au travail des entrepreneurs et qui s’ouvre au grand public à travers une programmation culturelle et artistique. Ce futur écosystème qui regroupe de nombreux acteurs des Industries Culturelles et Créatives* à Montpellier permet à chaque résident de travailler, entreprendre et vivre autrement dans un lieu connecté, mutualisé, créatif et inspirant.
*Les Industries Culturelles et Créatives (les ICC) regroupent la création, la production et la commercialisation de contenus créatifs (les arts visuels, le spectacle vivant, la musique, le livre, la presse, la télévision, le cinéma, la communication, les jeux vidéo, la radio, ainsi que la mode, le design, l’artisanat d’art…).
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La Cité Créative
La Halle culturelle Tropisme s'inscrit sur le site de l’ancienne École d’Application de l’Infanterie (EAI), près du parc Montcalm : futur pôle métropolitain des ICC. En effet, la Métropole Montpellier Méditerranée (3M), par délégation de la Ville (propriétaire du site), a décidé d’y implanter un cluster des Industries Culturelles et Créatives : la Cité Créative. Le programme s’amorce dans un esprit de friche urbaine, mêlant structures pérennes et architecture éphémère, associant logements et activité économique. La Métropole de Montpellier a retenu la coopérative illusion & macadam pour organiser et gérer la Halle Tropisme.
Un comptoir de services pour tous les acteurs du secteur créatif Un objet de réflexion pour expérimenter les nouvelles façons de travailler Un espace de rencontres et d'échanges pour les habitants du quartier Un lieu de vie installé dans une ancienne halle mécanique 94
Notre histoire
illusion & macadam est un groupement d'entreprises culturelles s'inscrivant dans le champ de l'économie sociale et solidaire. Fondée à Montpellier en 2001, notre coopérative s'est développée sur trois axes : -1-
STRUCTURER LE SECTEUR CULTUREL
Notre coopérative s'est construite autour d'une offre d'accompagnement structurante pour les acteurs culturels : gestion de la paye des intermittents, création d'un cabinet d'expertise comptable dédié au secteur, développement d'un centre de formation professionnelle, conseil sur l'organisation des entreprises... Conseiller, accompagner et sécuriser les entreprises culturelles fait partie de notre cœur de métier. -2-
PRODUIRE & DIFFUSER LA CRÉATION
Nous nous attachons à créer du lien entre les œuvres et le public et à faciliter la vie professionnelle des artistes. C'est ce que nous avons fait dès notre création avec la création d'un bureau technique, puis d'un bureau de production en danse contemporaine, du bureau des médiateurs et de Bipolar. -3-
ENTREPRENDRE DANS UN MONDE EN MUTATION
Forts d'une expérience concrète des mutations à l'œuvre dans le secteur culturel, nous développons aujourd'hui des actions dites "d'accompagnement au changement". Parce qu'inscrire la culture dans une logique de transition est fondamental, nouveaux modèles économiques et rapports au travail, gouvernance participative, innovation sociale, coopération et numérique sont autant de domaines que nous explorons pour provoquer le changement systémique. Ces parti-pris sont incarnés par le Festival Tropisme et son Académie, l'accélérateur créatif et entrepreneurial Sophomores, les rendez-vous professionnels, ateliers et conférences et traversent l'intégralité des services que notre coopérative propose.
TROIS TERRITOIRES
Depuis 2015, un rapprochement avec l'association La Petite et la coopérative la terre est ronde nous permet d'accompagner les acteurs culturels à Montpellier, Toulouse et Lyon. http://www.montpellier3m.fr/cite-creative & http://www.illusion-macadam.coop/cooperative/halle-creative & http://www.entreprendre-montpellier.com/fr/grands-projets/la-cite-creative
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H7, le plus grand lieu de vie dédié aux start-ups à Lyon - HALLE GIRARD
La Métropole de Lyon a choisi un consortium d’acteurs pour l’exploitation de la Halle Girard, futur lieu totem de la French Tech à Lyon, dédié aux start- ups, développé en partenariat avec la Région Auvergne Rhône Alpes et l’association Lyon French Tech. Ce consortium est composé d’Arty Farty, de Scintillo/Groupe SOS et d’1Kubator. Ce consortium constitué de trois structures (Arty Farty, Scintillo/Groupe SOS et 1Kubator) sera en charge de la gestion, de l’animation et de la commercialisation des 4000 m² de la halle Girard : 3000 m² dédiés aux start-ups (combinant parcours entrepreneurial, services à la création, coworking, espaces de convivialité…) et 1000 m² dédiés à l’animation, l’événementiel et la restauration. Ces trois acteurs sont complémentaires de part leurs formes, leurs missions, leurs objectifs et compétences. Le consortium Arty Farty, 1Kubator et le groupe SOS/Scintillo ambitionne de porter un projet au service du territoire, des start-ups du numérique et des industries créatives, avec un modèle d’accompagnement unique et ambitieux. Le consortium sera garant de 3 enjeux : • l’excellence dans la démarche d’accompagnement des start ups à tous les stades de leur développement ; • une démarche ouverte à l’ensemble de l’écosystème, dans une perspective rassembleuse et en capacité de fédérer les acteurs du territoire, dans une logique d’intérêt général ; • le lien fort et structurel avec notre territoire dans une logique de valorisation, d’attractivité et de rayonnement, à la fois à l’échelle de la Confluence et de la Métropole. Les trois structures qui portent le projet sont reconnues comme des acteurs essentiels dans chacun de leurs domaines, apportant des savoirs faire précis et des compétences permettant de porter une candidature riche et solide. Ce projet combine donc les forces d’éditorialisation, d’animation et d’événementiel d’Arty Farty, le cycle entrepreneurial développé par 1Kubator, et les synergies offertes par le plus grand groupe d’innovation sociale de France, le groupe SOS. 2
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H7, le plus grand lieu de vie dédié aux start-ups à Lyon
IlsnousparlentdeH7 -Leshelpers « Internationalisation, levée de fonds, recrutement, problématiques d’associés,
introduction en bourse … la vie d’un entrepreneur n’est pas un long fleuve tranquille mais d’autres entrepreneurs sont passés par là avant vous et seront là pour vous aider. Les « H7 Helpers » sont des entrepreneurs lyonnais ou d’ailleurs, qui vous soutiendront dans les difficultés, mais également (et surtout) célébreront vos succès avec vous. »
Home
L'ESPACE DEDIE A L'ENTREPRENEURIAT 3 800m2 pour travailler, se réunir, créer et grandir ensemble. Home est un espace dédié aux entrepreneurs, composé d’open space, de bureaux privatifs et de salle de réunions. Installez votre équipe au cœur de la halle.
Un accompagnement « 1 to 1 » : permanences, ateliers, bootcamps et masterclass.
Heat
L'ESPACE DEDIE A LA FOOD CULTURE
600m2 de Food-Hall, 6 exploitants et un bar central, sous une charpente métallique
couverte et chauffée au cœur de H7, le lieu de rendez-vous des curieux de découvertes en matière de cuisines, avec une scène culinaire en perpétuel mouvement. Un espace convivial et ouvert à tous pour devenir un lieu de rencontres et d’échanges.
Host
L'ESPACE DEDIE A L'EVENEMENTIEL
1000 m2 d’espace événementiel dont une nef de 740m2 pouvant accueillir
1 800 personnes debout et 3 foyers représentant une surface privatisable supplémentaire de 190 m2
Entièrement équipée, la salle pourra accueillir plusieurs types d’événements : Séminaire, ateliers, workshops, hackathons, conférences, lancements de produit.
https://h-7.eu/ & http://www.lyonfrenchtech.com/wp-content/uploads/2018/06/DP-H7_V7-BD-OK.pdf
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La COOP : une culture coopérative de la ville Strasbourg
Au cœur du territoire de projet, la COOP offrira aux habitants du territoire des Deux Rives une centralité culturelle, économique, citoyenne, associant services de proximité et attractivité métropolitaine. La Coop accueillera en effet plus de 60 000 m² d’espaces dédiés à des fonctions économiques et socio-culturelles ainsi que des services de proximité et environ 350 logements. Ces espaces ouvriront dès 2019, concomitamment à la mise en service de la station de tramway StarCoop-Petit Rhin. La « COOP » est principalement constituée des emprises et bâtiments de l’ancienne « union des coopérateurs d’Alsace », réseau de distribution emblématique du territoire. La « coopé » y installa son siège en 1911 et y développa ses activités de production et distribution au cours du XXème siècle, jusqu’à la cessation d’activité de l’entreprise et le rachat du site par la SPL Deux-Rives en 2015. L’organisation du festival d’arts numériques et de musiques électroniques Ososphère, la présence d’ateliers d’artistes ou l’esprit coopératif historique de l’entreprise COOP d’Alsace ont conforté les premières orientations stratégiques du site : un lieu de nouvelles mixités entre économie (portuaire, industrielle, créative, numérique, sociale & solidaire, …), culture et vie citoyenne. L’état et l’histoire du lieu éclairent ainsi le devenir de la coop. Coop Alsace fut un projet entrepreneurial et social, le projet d’une autre manière de consommer, un projet de valorisation de savoir-faire et produits locaux. La « coop » porte et décline cet héritage dans ses projets et sa démarche. La coop devient le lieu où s’invente avec A. Chemetoff une « culture coopérative » de la ville. La coop constitue un patrimoine à la fois matériel et immatériel. Le site offre une incroyable diversité d’espaces et de bâtiments construits au fil des besoins de stockage et de production. Les ateliers, bureaux, logements, magasins de stockage, espaces de fabrication, menuiserie, garage, cave à vins ou boulangerie s’agencent autour de cours et de rues et se composent déjà en quartier urbain. Comme quittés à la hâte dans les années 2010, ils conservent en eux l’histoire vivante de leurs occupants. Leur dégradation rapide exige pourtant d’agir vite. Il faut leur donner de nouvelles affectations, identifier les porteurs de projets et engager au plus vite les travaux de réhabilitation. Alexandre Chemetoff, architecte-urbaniste-paysagiste du projet, s’appuie sur l’histoire des lieux, sur les caractéristiques architecturales et spatiales données pour mieux penser l’avenir. Dans un souci de « frugalité généreuse », les projets et programmes s’adaptent aux caractéristiques des bâtiments. Les qualités existantes des espaces nourrissent la réflexion sur leurs usages futurs : pourquoi ne ferait-on pas ainsi un « FabLab » dans l’ancienne menuiserie, un espace de conservation d’œuvres d’arts dans l’ancien magasin de stockage, des ateliers d’artistes dans les anciens ateliers, des bureaux et résidences dans les anciens logements de fonctions, un bar-concert dans le garage, etc. ? Inspiré par l’esprit de la Coop Alsace, l’innovation et les projets s’inscrivent en outre dans une approche citoyenne et collaborative : les outils de travail et les services sont mutualisés ; l’habitat se développe dans des démarches participatives ; les cultures, savoirs, idées et savoir-faire s’échangent ; des projets économiques et solidaires, à la fois ouverts sur l’Europe et en prise avec le territoire du Port du Rhin, y trouvent ancrage ; un « réseau coop » transfrontalier se structure progressivement,… Dès l’été 2019, s’ouvriront des espaces vecteurs d’une vie de quartier dynamique ainsi que d’un rayonnement économique et socio-culturel transfrontalier. Ces lieux sont notamment constitutifs d’un équipement culturel de la Ville de Strasbourg qui se déploie sur plusieurs bâtiments réhabilités : La Cave à vin – Bâtiment d’environ 12 500 m², dont environ 8 200 m² seront réhabilités en tant qu’équipement de la Ville de Strasbourg. La Cave à Vin accueille de vastes espaces multi-usages, supports de projets et d’évènements culturels et socioéconomiques, ainsi que des espaces de bureaux et ateliers. Emblème de la Coop, elle sera ouverte à une diversité de publics et porteurs de projets, tissant des liens nouveaux entre réseaux socio-culturels et économiques. La Virgule – Environ 4 600 m² sont réhabilités pour créer des espaces de création et d’innovation : ateliers d’artistes et d’artisans, espaces de médiation culturelle, un Makerspace/Fab Lab, espace public équipé pour l’accueil d’évènements, … 98
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L’Union sociale – Pôle de Conservation et d’Etudes des Musées de la Ville de Strasbourg (8 200 m²). Ancien magasin de stockage, l’Union Sociale accueillera la partie de l’équipement de la Ville dédiée à la conservation et à l’étude des collections des musées de la Ville de Strasbourg ainsi qu’à la médiation autour de ces activités et collections. Avec le Port et Starlette, la Coop est aussi le site où s’ancre le développement économique des deux-rives. Le site proposera en effet de nombreux services aux entreprises, salariés et entrepreneurs : espaces de réunion / formation, salles évènementielles, espaces de coworking, accompagnement à la formation et à l’entrepreneuriat, Makerspace pour le design et prototypage, services aux salariés, …). La coop doit devenir le support de nouvelles collaborations entre des acteurs économiques et culturels divers : industriels, acteurs de l’économie sociale et solidaire, acteurs créatifs, français, allemands, européens, …. Le site offre ainsi différents types d’espaces dédiés à l’économie, tels que le Kaléidoscoop (regroupement des acteurs de l’entrepreneuriat et de l’économie sociale & solidaire), et au total, 40 000 m² (dont 15 000 m² en réhabilitation) dédiés aux activités économiques (bureaux-formation, ateliers, locaux artisanaux, activité logistique, commerces…). Lieu Eurométropolitain, la Coop est aussi un quartier où la culture coopérative de la ville se décline au quotidien. Habitat, commerces et services de proximité, activités associatives, cafés, … sont autant de projets vecteurs de vie de proximité, d’une diversité d’habitants et d’acteurs et d’une animation aux différents temps urbain. 350 logements environ, leurs habitants et des usages de proximité ancreront ainsi le projet à son territoire, tissant des liens avec les quartiers alentours, du Port du Rhin à Kehl. Coop en chiffres : 90 000 m² à développer, dont la moitié en réhabilitation, la moitié en construction neuve, Environ 350 logements diversifiés et atypiques (habitat participatif, logements « bruts » …) 20 500 m² réaffectés dans le cadre du projet d’équipement public Coop (espaces à vocation culturelle, économique et citoyenne). 40 000 m² (dont 15 000 m² en réhabilitation) dédiés aux activités économiques (bureaux-formation, ateliers, locaux artisanaux, activité logistique, commerces…). Coop en dates (calendrier prévisionnel): Printemps 2017 Extension du tramway D >mise en service de la station StarCoop-Petit Rhin en 2019*, soit à l’arrivée des premiers habitants et salariés, et à l’ouverture de l’équipement socio-culturel Coop. Premiers appels à manifestations d’intérêt opérateurs, en vue de la réhabilitation du bâtiment de l’Administration (13 000 m² à réhabiliter dans le cadre d’un projet mixte ateliers-bureaux-habitat). Désignation des premiers activateurs et occupants du site (Futurs occupants de la Menuiserie/Makerspace et du Garage/Ateliers d’artistes et artisans) Fin 2017 – Début 2018 Lancement des travaux sur la Coop Fin 2019- Début 2020 Ouverture des 20 500 m² de l’équipement public Coop : espaces de la Virgule (ateliers, makerspace, espace extérieur évènementiel), de la Cave à vin (espaces évènementiels de la salle hypostyle et salle d’embouteillage, ateliers, …) et de l’Union Sociale (pôle de conservation et d’études des musées).
Croquis du projet Coop par Alexa
http://strasbourgdeuxrives.eu/fiche/la-coop-une-culture-cooperative-de-la-ville/
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Annexe – TABLEAU RÉALISÉ DANS UNE JOURNÉE DE PARTENARIAT RÉUNISSANT PRÉS DE 25 ACTEURS DU 109 ET DE LA SOCIÉTÉ CIVILE DU QUARTIER
Annexe 3 – Tableau réalisé dans une journée de partenariat réunissant près de 25 acteurs du 109 et de la société civile du quartier
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