Connexion Français 2 - Livre-cahier

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LIVRE-CAHIER AA

LIVRE-CAHIER AAÉditionsVANIN

Beatriz Cueva Alvarez

Alix Francise

Nathalie Heymans

Sylvain Huybrechts

Ariane Leturcq

sous la coordination de et avec Claude Marion

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Connexion français 2 - Livre-cahier A

Auteurs : Beatriz Cueva Alvarez, Alix Francise, Nathalie Heymans, Sylvain Huybrechts, Ariane Leturcq, sous la coordination de et avec Claude Marion

Couverture : Nor production

Mise en page : Nor production

Illustrations : Lotty et Achile (Thibaud Lissonnet)

Les photocopieuses sont d’un usage très répandu et beaucoup y recourent de façon constante et machinale. Mais la production de livres ne se réalise pas aussi facilement qu’une simple photocopie. Elle demande bien plus d’énergie, de temps et d’argent.

La rémunération des auteurs, et de toutes les personnes impliquées dans le processus de création et de distribution des livres, provient exclusivement de la vente de ces ouvrages.

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L’éditeur s’est efforcé d’identifier tous les détenteurs de droits. Si, malgré cela, quelqu’un estime entrer en ligne de compte en tant qu’ayant droit, il est invité à s’adresser à l’éditeur.

L’orthographe telle que rectifiée le 6 décembre 1990 par le Conseil Supérieur de la langue française est d’application dans la collection. Toutefois, afin de respecter les écrits des auteurs, l’orthographe d’origine y est respectée.

ÉditionsVANIN

© Éditions VAN IN, Mont-Saint-Guibert – Wommelgem, 2021

Tous droits réservés.

En dehors des exceptions définies par la loi, cet ouvrage ne peut être reproduit, enregistré dans un fichier informatisé ou rendu public, même partiellement, par quelque moyen que ce soit, sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

1re édition, 2021

ISBN 978-90-306-9309-3

D/2021/0078/145 Art. 590982/01

Bienvenue dans Connexion Français 2, le manuel de français qui t’accompagnera tout au long de cette année. Son objectif ? T’apprendre à mieux communiquer, c’est-à-dire à mieux lire, mieux écouter, mieux parler et mieux écrire.

Tu identifies les différentes parties

Les deux tomes de ton livre-cahier forment un ensemble constitué :

de 16 chapitres, appelés tantôt Séquence tantôt Interlude ;

de Ressources de base ;

d’Entrainements

Les séquences et les interludes sont des dispositifs pédagogiques qui visent à t’outiller. Une séquence, c’est une suite d’apprentissages et d’activités qui te permettront d’accomplir une tâche finale. Chaque séquence s’ouvre sur une introduction te communiquant le but à atteindre et comporte un tableau récapitulant ce qui sera travaillé.

Dans chaque séquence, tu trouveras :

• des encadrés intitulés « Tu fais le poinT » et annoncés par le logo . Dans ces encadrés, on a récapitulé l’essentiel de ce que tu as appris ou la procédure, la méthode à utiliser pour accomplir une tâche ;

• un logo annonçant « Tu poursuis Ton dico perso » : en effectuant les consignes qui s’y trouvent, tu augmenteras régulièrement tes connaissances en vocabulaire.

Les interludes ont pour but d’augmenter tes connaissances sur la langue française.

Les ressources de base contiennent des savoirs te permettant de mieux lire, écrire, parler ou écouter. Pour y circuler vite et bien, tu disposes d’un index

Les entrainements sont constitués d’exercices supplémentaires. Ils servent à remédier à des difficultés que tu pourrais avoir, à perfectionner ou accroitre tes savoir-faire.

Tu navigues entre les différentes parties

Si tu éprouves des difficultés à répondre à une question, consulte les ressources de base qui te sont renseignées.

Si tu éprouves le besoin de t’entrainer, rends-toi dans ton livre-cahier B. Tu y trouveras des exercices supplémentaires.

Tu rencontres des pictogrammes

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1.
338 Table des matières LIVRE-CAHIER A DISPOSITIFS PÉDAGOGIQUES Introduction 3 Séquence 1 Pourquoi ? Parce que… 5 Lire et écrire le texte informatif explicatif Séquence 2 À ne pas prendre au pied de la lettre 31 Écrire un poème à partir d'une expression toute faite Interlude 1 Quand complexité rime avec clarté 45 Identifier et utiliser les phrases complexes Interlude 2 Remettre en question 65 Répondre à un questionnaire de lecture Séquence 3 Derrière le micro 79 Lire un texte informatif à voix haute Séquence 4 Mettre en appétit de lecture 91 Rédiger un résumé de présentation ou un résumé incitatif Interlude 3 Promenade orthographique 117 Résoudre des problèmes orthographiques en autonomie Interlude 4 J'insiste ! 137 Identifier et rédiger des phrases emphatiques Séquence 5 À chacun ses secrets 151 Lire un roman complet et écrire un extrait de journal intime fictionnel Séquence 6 Célèbre, vous avez dit célèbre ! 181 Lire un récit de vie factuel et présenter oralement une personne célèbre Séquence 7 Voisines, voisins ! 199 Rédiger un courrier « toutes-boites » pour convaincre ses voisin(e)s de participer à un projet citoyen Séquence 8 T'en as pensé quoi ? 223 Exprimer un avis de lecture via un BookTube Séquence 9 En quête de la bonne info ! 245 Exploiter un dossier informatif Interlude 5 Rendons à César… 269 Développer une réflexion sur la langue Séquence 10 Si on en parlait ? 287 Lire, partager sa lecture et présenter oralement un roman Séquence 11 Ne pas rester sur sa fin... 313 Amplifier un (extrait de) récit de fiction ÉditionsVANIN
339Table des matières LIVRE-CAHIER B RESSOURCES LINGUISTIQUES MOTS 5 Fonctions et classes de mots 5 1. Fonctions 5 2. Classes de mots 12 Classes de mots variables 13 1. Noms 13 2. Déterminants 18 3. Adjectifs 25 4. Pronoms 30 5. Verbes 37 Classes de mots invariables 40 1. Adverbes 40 2. Mots de liaison 42 Sens des mots 46 1. La polysémie 46 2. Les synonymes 47 3. Les antonymes 48 4. Les homonymes 49 5. Les homophones grammaticaux 50 PHRASES 53 Types et formes de phrases 53 1. Types de phrases 53 2. Formes des phrases 55 Phrases verbales et non verbales 56 1. La phrase verbale 56 2. Les phrases verbales à constructions particulières 56 3. Les phrases non verbales 56 Phrases simples et phrases complexes 57 1. La phrase simple 57 2. La phrase complexe 57 AUTRES RESSOURCES 60 Anaphores 60 Ponctuation 62 Intention de communication 64 Convaincre 65 Informer 69 Récit 71 Caractériser un personnage 75 ÉditionsVANIN
340 Table des matières Retranscrire un dialogue 81 Relation cause-conséquence 84 ENTRAINEMENTS 85 Chaines d’accord / Classes de mots / Fonctions / Conjugaison 87 Classes de mots / Anaphores / Homophones grammaticaux 92 Les phrases complexes / Les relations sémantiques 98 Convaincre 106 Ponctuation / Intentions de communication 114 Tout / Même / Quel / Relire sa copie 118 DICO PERSO 121 INDEX DES RESSOURCES 129 LISTE DES CRÉDITS p. 24 1 Jour 1 Question « Comment peut-on prévoir la météo ? ». Scénario d’Elise Rangot, dessins de Jacques Azam, une coproduction © Milan Presse et France Télévisions pp. 39-41-42 « Poèmes pour peigner la girafe », © 1994, Hachette Livre/Gautier-Languereau, Jacques Charpentreau p. 59 À toi qui n’est pas encore né(e), d’Albert Jacquard, © Éditions Calmann-Lévy, 2000 p. 66 Claudel, P Le Monde sans les enfants et autres histoires. © Éditions Stock, 2006. p. 101 Buzzati, D. (1966). Le veston ensorcelé. Titre original : Il colombe © Arnoldo Mondadori Editore, 1966 Traduction française : Le K. Éditions Robert Laffont, S.A. 1967 p. 104 Sarah Okcler, #Scandale, Traduction : Anne Guitton, © Nathan p. 154 Meg Cabot, Journal d’une Princesse, © Le Livre de Poche Jeunesse p. 157 Spinder, Simon van der Geest et Karst-Janneke Rogaar, © Éditions La Joie de lire, 2018 p. 171 Elizabeth Jane Howard, À rude épreuve, La saga des Cazalet, tome II, traduction française de Cécile Arnaud, © Éditions de La Table Ronde, 2020 p. 175 Desplechin M., Le journal d’Aurore, © École des Loisirs, 2011 p. 239 Fredric Brown, Attention, chien gentil !, © Nouvelles Éditions Oswald, 1984 p. 240 Longue vie à Monstieur Moustache, Nouvelles Verte de Mikaël Ollivier© Thierry Magnier, 2005, 2010 p. 288 Cécile Alix. Six contre un. Illustrations de Dimitri Zegboro. © Magnard coll. Presto, 2018. p. 288 Hubert Ken Demoun. La fille seule dans le vestiaire des garçons. © Flammarion p. 289 Arthur Ténor L’enfer au collège. © Milan. Junior 9-10 ans. p. 291 Xavier-Laurent Petit. Maestro. © École des Loisirs. Médium Poche. 2005. p. 300 Leon Walter Tillage. Leon. © École des Loisirs. Neuf. 2015 p. 300 J.R.R. Tolkien. Bilbo le Hobbit. Traduction : Francis Ledoux. © Libraire Générale Française – Le Livre de Poche p. 314 Malika Ferdjoukh. Sombres citrouilles. École des Loisirs. Médium/Poche. 2015 p. 318-320 Malika Ferdjoukh et Nicolas Pitz. Sombres citrouilles. Rue de Sèvres. 2019 p. 322-324-325 Julia Billet et Claire Fauvel. La guerre de Catherine. Rue de Sèvres. 2017 ÉditionsVANIN

Séquence 3

Derrière le micro

Lire un texte informatif à voix haute

À l’école, on pratique beaucoup la lecture dite « silencieuse ». Quand tu lis à la maison, tu le fais aussi « dans ta tête », un peu comme en classe. Mais t’arrive-t-il parfois de lire à voix haute ? Peut-être pas. Pourtant, cette lecture-là est importante aussi. Alors que lire silencieusement est un acte solitaire, lire à voix haute est un acte qui, généralement, s’adresse à autrui.

79
Lire un texte informatif à voix haute 1. Faire part de son ressenti face à une tâche orale 2. Déterminer les critères de réussite d’une lecture à voix haute 3. Maitriser le stress lié à une performance orale 4. Maitriser les pauses ÉditionsVANIN

Activité liminaire

Tu fais part de ton ressenti et de ton expérience

Au terme de cette séquence, tu auras à lire un texte à voix haute.

1. Comment réagis-tu face à cette tâche ?

a) Coche la ou les propositions qui te convien(nen)t.

Tu trouves cette tâche : excitante inutile stressante trop difficile trop facile …

b) Partage tes réactions avec la classe.

2. Selon toi, cette tâche nécessite-t-elle une préparation ?

a) Si oui, quelle serait-elle ?

b) Si non, explique.

3. En ce qui te concerne, comment préfèrerais-tu effectuer cette tâche ?

En direct, devant la classe.

En différé, en t’enregistrant à la maison.

4. Justifie ton choix.

5. Dans quelles circonstances ou situations peut-on être amené(e) à lire à voix haute ? Donne des exemples.

6. Connais-tu des personnes qui lisent à voix haute ?

a) Si oui, lisent-elles par obligation professionnelle ou par plaisir ? Illustre ta réponse.

b) Pour quelle(s) raison(s) estimes-tu que ces personnes lisent bien ?

c) Est-ce important qu’elles lisent bien ? Justifie.

d) Apprécies-tu les écouter lire ? Pourquoi ?

7. Et toi, as-tu déjà lu un texte à voix haute ?

a) Si oui, dans quelles circonstances ? Raconte brièvement.

b) Étais-tu à l’aise ou plutôt intimidé(e) ? Explique.

8. Partage tes réponses avec la classe.

Séquence 3
ÉditionsVANIN

Tu évalues une lecture à voix haute

Tu détermines les critères de réussite d’une lecture à voix haute pour évaluer une prestation

1. Écoute la lecture à voix haute diffusée par ton (ta) professeur(e), en vue de l’évaluer.

2. Selon toi, cette lecture est-elle réussie ?

a) Si tu estimes qu’elle l’est, énonce ses qualités.

b) Si tu estimes qu’elle ne l’est pas, que faudrait-il améliorer ?

TU FAIS LE POINT

Pour qu’une lecture à voix haute soit réussie, elle doit présenter certaines qualités.

1) L’audibilité, c’est la qualité de ce qui est audible, de ce qui peut être entendu.

a) Pour être audible, il faut veiller à ne pas parler trop bas. En effet, dans ce cas, le public, qui entend mal, doit faire de gros efforts pour écouter. Il risque de se décourager et de renoncer. Il convient donc d’adopter un volume sonore suffisant. Cependant, il faut aussi éviter de crier, sous peine de fatiguer les auditeurs.

b) L’articulation est un autre facteur essentiel d’audibilité. Si on parle, même fort, mais sans articuler, on ne sera pas entendu.

2) Le débit, c’est la vitesse d’élocution. Il est capital. Trop rapide, il manifeste la nervosité de l’orateur et donne l’impression que ce dernier a envie d’en finir au plus vite. Trop lent, il peut agacer. Tout est donc dans la mesure.

ÉditionsVANIN

3) L’intelligibilité, c’est la possibilité pour un phénomène, un discours, un texte… d’être saisi par l’intelligence. En un mot, c’est la possibilité d’être compris. À l’oral, les pauses constituent un moyen essentiel pour assurer l’intelligibilité de ce que l’on dit.

Il existe deux sortes de pauses : les pauses brèves (on s’arrête de parler très peu de temps) et les pauses longues (on s’arrête plus longtemps). La plupart du temps, les pauses sont commandées par la ponctuation du texte.

Quand il y a un point, il faut faire une pause longue (//).

Quand il y a une virgule, on fait une pause brève (/).

Cependant, on peut en ajouter d’autres : soit pour respirer, soit pour insister. Mais on ne peut pas les introduire n’importe où. C’est le sens qui doit guider.

Séquence 3 81 Activité 1

Tu découvres comment atténuer ta peur de parler en public

Tu maitrises ton stress

Manifestement, la lectrice que tu as écoutée avait le trac. Lis le texte cidessous et réponds aux questions qui le suivent.

Sais-tu qu’une des peurs les plus répandues au monde est incontestablement celle qui saisit la personne qui doit prendre la parole en public ? Pour les spécialistes, cette peur remonte à la nuit des temps. À l’époque où les hommes vivaient à l’état sauvage, quand tous les regards se posaient sur un individu, celui-ci comprenait qu’il allait être capturé et/ou tué. Or l’orateur qui parle devant un auditoire, tout le monde le regarde avec attention. Et cela active cette mémoire très ancienne qui associe le regard des autres au danger. Cette peur met l’orateur en difficulté. Parfois, elle l’empêche même de parler. Mais il est possible de la maitriser.

1. Qu’est-ce qui rapproche un orateur devant un public des hommes préhistoriques ?

2. Quelle conséquence cela entraine-t-il pour l’un et pour les autres ?

3. L’explication fournie par ce texte est-elle de nature à t’aider ? Explique.

Séquence 3 82 Activité 2
Une peur universelle
ÉditionsVANIN

4.

question suivante à des jeunes de ton âge

Que faites-vous pour diminuer votre stress avant de prendre la parole en public, en classe par

Voici leurs réponses.

trois grands verres de coca

Moi,

répète toute la nuit. Ainsi je suis prête

peur, je n’y pense surtout pas

sinon c’est foutu

Moi, je porte un costume tout neuf…

respire lentement et profondément.

devant

rien de mieux

Moi,

sais que mes potes vont me soutenir et

me rassure.

Séquence 3 83
On a posé la
: «
exemple ? »
Moi, je bois
; ça me calme ! Moi, la
:
! Moi, je
Moi, je m’entraine
mes parents.
je
ça
Improviser,
!
je
!
Mehdi
Jurgen Asma Britanny Alicia Malik Lian Victor
a) Que penses-tu de ces réponses ? Selon toi, ces méthodes peuvent-elles être efficaces ? b) Pourquoi ? 5. Discutez-en. ÉditionsVANIN

6. Et toi, as-tu des recettes pour diminuer ton stress lorsque tu dois prendre la parole en public ? Qu’est-ce qui est de nature à t’aider :

a) avant la prise de parole ;

b) pendant la prestation ;

c) après la prestation ?

TU FAIS LE POINT

7. Partage tes réponses avec la classe. La peur de parler en public est une peur courante. Si elle ne disparait pas totalement, il est possible de l’atténuer.

Quelques moyens pour vaincre sa peur

1) Prendre conscience que sa peur est normale, qu’on n’est pas seul(e) dans ce cas

2) Se faire une image de son public

En effet, il ne faut pas craindre les auditeurs : il est rare qu’ils soient à priori malveillants vis-à-vis d’un orateur.

3) Bien se préparer

Mieux on aura préparé sa prise de parole, plus on l’aura répétée, et plus grandes seront les chances de réussir sa prestation.

4) Pratiquer un exercice de respiration

Avant de prendre la parole, il est recommandé de pratiquer un exercice de respiration profonde susceptible de calmer la panique : on pose la main sur son ventre et on inspire profondément et le plus lentement possible par le nez. Le ventre se gonfle. On bloque alors sa respiration une ou deux secondes. Ensuite, on expire par la bouche, le plus lentement possible, comme si on soufflait sur une bougie en faisant attention de ne pas l’éteindre. On répète cet exercice trois fois de suite.

5) Rebondir

ÉditionsVANIN

Si, malheureusement, on a raté une intervention orale, il ne faut jamais rester sur cet échec. Il convient plutôt de faire le point sur les raisons de cet accident de parcours pour le transformer en expérience positive et essayer de reprendre la parole en public le plus vite possible. C’est comme après une chute de cheval ou de vélo : il faut se remettre en selle dès qu’on s’est relevé !

Séquence 3 84

Tu adaptes l’audibilité de tes prises de parole

1 Tu maitrises le volume de ta voix

1. Parle plus fort ! Parle moins fort !

a) Formez un cercle de dix élèves. Chacun à votre tour, prononcez « lire un texte » en augmentant le volume sonore de 1 jusqu’à 10.

LIRE UN TEXTE

LIRE UN TEXTE

LIRE UN TEXTE

LIRE UN TEXTE

LIRE UN TEXTE

LIRE UN TEXTE LIRE UN TEXTE

LIRE UN TEXTE LIRE UN TEXTE LIRE UN TEXTE

b) Formez un nouveau cercle et faites le même exercice mais en diminuant le volume sonore de 10 à 1 avec l’expression « à voix haute ».

À VOIX HAUTE

VOIX HAUTE

VOIX HAUTE

VOIX HAUTE

VOIX HAUTE

HAUTE

c) Que pouvez-vous conclure ? Sur une échelle de 1 à 10, quel est le volume sonore le plus adapté à l’espace de votre classe ?

d) Discutez-en et mettez-vous d’accord.

2. Imagine deux situations de communication dans lesquelles le volume de la voix a toute son importance.

3. Fais part de tes propositions à la classe et discutez-en.

Séquence 3 85 Activité 3
À
À
À
À
À VOIX
À VOIX HAUTE À VOIX HAUTE À VOIX HAUTE À VOIX HAUTE
ÉditionsVANIN

Tu t’exerces pour mieux articuler

Ci-dessous des virelangues (ou casse-langues ou fourchelangues). Il s’agit de locutions (ou de phrases ou de petits groupes de phrases) à caractère ludique, caractérisées par leur difficulté de prononciation ou de compréhension orale, voire les deux à la fois.

1) Le juge rend justice.

2) Le scout mange son casse-croute cru.

3) Mille millions de merveilleux musiciens murmurent des mélodies multiples et magnifiques.

4) Sachez cacher votre angoisse.

5) Qu’a bu l’âne au lac ? L’âne au lac a bu l’eau.

6) Suis-je chez ce cher Serge ?

7) Trois très gros rats dans trois très gros trous rongèrent trois très gros grains d’orge.

8) Les grains de gros grêlons dégradent Grenade.

9) Je veux et j’exige d’exquises excuses.

10) Fruits frais, fruits frits, fruits cuits, fruits crus.

11) Tic et Tac ont chacun leur tactique. Tic pique Tac quand Tac attaque Tic et Tac pique Tic quand Tic attaque Tac.

12) L’autocar part, gare, gare, car l’autocar part daredare quand l’autocar part tard.

1. À domicile, exerce-toi à dire ces virelangues à haute voix :

a) en articulant de manière exagérée ;

b) en commençant par les dire lentement ;

c) en terminant par les dire sur un rythme normal et sans forcer l’articulation.

2. Si tu veux optimiser l’exercice, serre un crayon entre tes dents, une fois dans le sens de la longueur, une fois dans celui de la largeur. Tu solliciteras ainsi tes lèvres : ce sont elles qui dessinent le son.

ÉditionsVANIN

Mets un crayon entre tes dents comme ceci et parle en exagérant le mouvement de tes lèvres.

3. En classe, dis à voix haute le ou les virelangues que ton (ta) professeur(e) t’attribuera.

Séquence 3 86 2

Tu aménages des pauses pour rendre intelligible un texte dit à voix haute

1 Tu justifies les pauses

Voici un texte dans lequel on a signalé les pauses longues (//) et les pauses brèves (/).

1. Lis-le.

2. Dans le texte écrit, il y a des signes qui indiquent les pauses à faire à l’oral. Prouve cette affirmation.

LE SAVIEZ-VOUS ?//

ÉditionsVANIN

Louis XIV n’a pas un seul lever,/ mais il en a deux.// Le premier a lieu à 8 heures :/ c’est le « petit lever ».// Le premier valet,/ qui a passé la nuit au pied du lit du roi,/ lui murmure :/ « Sire,/ voilà l’heure ».// Les premiers chirurgiens entrent alors et examinent sa majesté toujours couchée.// Ensuite,/ on ouvre le rideau du lit.// Six garçons de chambre sont prêts et regardent le roi.// Vient alors le tour des membres de la famille royale,/ des princes et d’autres courtisans,/ c’est-à-dire des personnes qui vivent à la cour du roi.// Au total,/ ce sont plus de vingt personnes qui se trouvent devant le roi encore engourdi.//

D’après Gasc, M. (14 mai 2017).

La journée-type de Louis XIV à Versailles. Raconte-moi l’Histoire En ligne : http://www.racontemoilhistoire.com/2017/05/louis-xiv/ (consulté le 9/12/2020).

Séquence 3 87 Activité 4
© J ean m arie h ullo T

2 Tu évalues et corriges l’aménagement de pauses

Ci-dessous, un texte où des pauses ont été notées, mais sans rigueur.

Certaines de ces pauses sont fautives. Corrige-les.

Certaines sont manquantes. Ajoute-les.

Partage tes réponses avec tes condisciples et, au besoin, justifie-les.

LE SAVIEZ-VOUS ?

À 8 h 15 précises, le premier valet/ de chambre dépose quelques gouttes d’esprit d e vin dans les mains du roi./ Cette boisson alcoolisée/ est réputée pour soigner les maux de cœur.// Le grand chambellan lui/ apporte/ le bénitier. Après un rapide signe de croix, il y a un court office religieux. Et le roi y assiste sans même avoir à bouger de son lit./ Après cela, le Roi se lève,// il enfile ses chaussons,/ sa robe de chambre et il s’assoit sur son fauteuil. C’est l’heure de se faire une beauté.// Le grand chambellan lui retire son bonnet de nuit. Le grand/ barbier le peigne chaque matin, mais ne le rase qu’un jour sur deux.

ÉditionsVANIN

Séquence 3 88
1.
2.
3.
D’après Gasc, M. (14 mai 2017). La journée-type de Louis XIV à Versailles. Raconte-moi l’Histoire En ligne : http ://www.racontemoilhistoire.com/2017/05/louis-xiv/ (consulté le 9/12/2020).

Tu aménages des pauses

1. Indique les pauses à prévoir pour le texte ci-dessous.

Tu seras capable de justifier oralement tes choix.

LE SAVIEZ-VOUS ?

8 h 30, c’est l’heure de la toilette. Le roi Soleil s’assoit sur sa « chaise d’affaire » pour y faire ses besoins. Pendant ce temps, le barbier termine de le peigner et lui pose sa perruque. Une fois vidé et présentable, le roi fait entrer les prêtres, les ministres, les conseillers, etc. Il est temps de s’habiller. Le roi Soleil retire seul sa robe de chambre, mais le maitre et le premier valet de garde-robe lui enlèvent sa chemise de nuit. Ils lui enfilent une nouvelle chemise. Le roi se lève, le grand-maitre de garde-robe accroche l’épée du roi et termine de l’habiller : veste, justaucorps, cravate… Combien de personnes ont assisté à ce spectacle matinal ? Une bonne cinquantaine.

D’après Gasc, M. (14 mai 2017). La journée-type de Louis XIV à Versailles. Raconte-moi l’Histoire En ligne : http ://www.racontemoilhistoire.com/2017/05/louis-xiv/ (consulté le 9/12/2020).

3. Quel est le type des titres de chaque texte ?

4. Selon toi, le lit- on de la même manière que s’il était déclaratif ? Explique.

Activité 5

Tu lis à voix haute

ÉditionsVANIN

1. Choisis un des trois textes ci-dessus.

2. Prépare-toi à le lire à voix haute.

a) Assure-toi que tu le comprends bien.

Garde à l’esprit qu’un mot inconnu est un obstacle pour la lecture à voix haute.

N’hésite pas, si nécessaire, à demander de l’aide.

3. À la demande de ton (ta) professeur(e), lis ce texte devant la classe.

Séquence 3 89
l eloir , M. (1931). Le lever du roi . Chromotypogravure d’aquarelles. 36 x 26 cm.
3
2.
b)
c)

Tâche finale

TU POURSUIS TON DICO PERSO

Au cours de cette séquence, tu as probablement rencontré des mots ou des expressions qui ne te sont pas familiers. Ils se trouvent soit dans les textes, soit dans les questionnaires ou dans les encadrés.

Reporte-toi à la page 30 de ton livre-cahier A et procède comme indiqué.

Séquence 3 90 1. Ton (Ta) professeur(e) va te confier un texte que tu auras à lire à voix haute. 2. Récapitule les différentes étapes de préparation. 3. Prépare ta lecture à voix haute. 4. Lis ce texte à voix haute en respectant les consignes de ton (ta) professeur(e). 5. Écoute attentivement les prestations de tes condisciples. 6. Évalue-les en formulant : a) deux conseils et/ou b) deux compliments.
ÉditionsVANIN

Mettre en appétit de lecture…

Rédiger un résumé de présentation ou un résumé incitatif

Des livres, des récits, il en existe des mille et des mille. Comment en choisir un ? En s’informant sur l’histoire, mais sans tout en découvrir. Sinon, à quoi bon le lire ? Comment en recommander un à quelqu’un ? En fournissant les informations utiles pour que la personne à qui on s’adresse puisse s’en faire une idée et, éventuellement, en faisant ce qu’il faut pour lui donner envie de le lire…

Séquence 4
91
Rédiger un résumé de présentation ou un résumé incitatif d’un récit 1. Identifier les caractéristiques d’un résumé de présentation et/ou d’un résumé incitatif • Comparer les intentions dominantes • Comparer résumé et texte source Sélection des informations Système de temps Narrateur Fidélité au texte source 2. Lire un récit et le schématiser 3. Identifier et utiliser des procédés incitatifs ÉditionsVANIN

Tu définis deux genres de résumés

1 Tu compares deux textes

Lis les deux textes ci-dessous, en centrant ton attention sur leurs ressemblances et leurs différences.

résumé 1

= Résumé

COCO

À la ferme des Lucas, les bêtes sont grasses et bien soignées. Parmi elles, Coco, un vieux cheval blanc que sa maitresse garde par charité et en souvenir du passé.

Elle le confie aux soins d’Isidore, un jeune paysan vivant à la ferme. « Zidore » a beaucoup de mal à s’occuper de l’animal auquel il reproche sa laideur, son âge et son inutilité. Par ailleurs, il ne supporte pas qu’il lui attire les moqueries des garnements du village.

Il décide de se venger.

Si

résumé 2

Résumé

COCO

À la ferme des Lucas, les bêtes sont grasses et bien soignées. Parmi elles, Coco un vieux cheval blanc, au regard extrêmement triste. Sa maitresse le garde par charité et en souvenir du passé.

Elle le confie aux soins d’Isidore, un jeune paysan vivant à la ferme, une brute épaisse à l’entendement limité. « Zidore » a beaucoup de mal à s’occuper de l’animal auquel il reproche sa laideur, son âge et son inutilité. Par ailleurs, il ne supporte pas qu’il lui attire les moqueries des garnements du village.

Et sa rage se transforme rapidement en haine ! Il décide alors de se venger… Comment va-t-il s’y prendre ? Et le vieux cheval pourra-t-il résister à tant de haine ?

Séquence 4 92 Activité 1
=
1. Quelles sont les ressemblances que tu as relevées ? 2. Quelles sont les différences ? 3. Ces deux textes sont des résumés. S’agit-il de résumés complets ? Si oui, prouve-le.
non, justifie ta réponse. ÉditionsVANIN

4. Qui sont, selon toi, les destinataires de ces deux résumés ?

5. L’un d’eux est communément appelé « résumé de présentation ». Selon toi, que faut-il entendre par là ?

6. L’un de ces résumés est communément appelé « résumé apéritif » ou « résumé incitatif ».

a) Que signifie l’adjectif « apéritif » ?

b) Que signifie l’adjectif « incitatif » ?

7. Relis les deux résumés ci-dessus.

a) Lequel est incitatif ?

b) Souligne les fragments sur lesquels tu te fondes.

c) Considère ces fragments et coche la ou les proposition(s) que tu estimes correcte(s).

Ces fragments fournissent des précisions supplémentaires.

Ces fragments font appel aux émotions du lecteur potentiel.

Ces fragments créent du suspense. …

8. L’autre résumé a pour seul objectif d’informer le lecteur.

ÉditionsVANIN

a) Lequel est-ce ?

b) De quoi l’informe-t-il ?

9. En va-t-il de même pour le résumé apéritif ? Explique.

10. Complète la deuxième ligne du tableau ci-avant en te basant sur les réponses que tu viens de fournir.

Séquence 4 93

2 Tu lis et schématises un récit

Henri de Maupassant (1850-1893) est un grand écrivain français. Il est l’auteur de Coco, la nouvelle dont tu as lu des résumés dans l’exercice précédent.

Lis le récit dans son intégralité en centrant ton attention sur la situation initiale et la situation finale.

Coco

Dans tout le pays environnant on appelait la ferme des Lucas « la Métairie ». On n’aurait su dire pourquoi. Les paysans, sans doute, attachaient à ce mot « métairie » une idée de richesse et de grandeur, car cette ferme était assurément la plus vaste, la plus opulente et la plus ordonnée de la contrée.

La cour, immense, entourée de cinq rangs d’arbres magnifiques pour abriter contre le vent violent de la plaine les pommiers trapus et délicats, enfermait de longs bâtiments couverts en tuiles pour conserver les fourrages et les grains, de belles étables bâties en silex, des écuries pour trente chevaux, et une maison d’habitation en brique rouge, qui ressemblait à un petit château.

ÉditionsVANIN

Les fumiers étaient bien tenus ; les chiens de garde habitaient en des niches, un peuple de volailles circulait dans l’herbe haute.

Chaque midi, quinze personnes, maîtres, valets et servantes, prenaient place autour de la longue table de

cuisine où fumait la soupe dans un vase de faïence à fleurs bleues.

Les bêtes, chevaux, vaches, porcs et moutons, étaient grasses, soignées et propres ; et maître Lucas, un grand homme qui prenait du ventre, faisait sa ronde trois fois par jour, veillant sur tout et pensant à tout.

On conservait, par charité, dans le fond de l’écurie, un très vieux cheval blanc que la maîtresse voulait nourrir jusqu’à sa mort naturelle, parce qu’elle l’avait élevé, gardé toujours, et qu’il lui rappelait des souvenirs.

Un goujat de quinze ans, nommé Isidore Duval, et appelé plus simplement Zidore, prenait soin de cet invalide, lui donnait, pendant l’hiver, sa mesure d’avoine et son fourrage, et devait aller, quatre fois par jour, en été, le déplacer dans la côte où on l’attachait, afin qu’il eût en abondance de l’herbe fraîche.

L’animal, presque perclus, levait avec peine ses jambes lourdes, grosses des genoux et enflées au-dessus des sabots. Ses poils, qu’on n’étrillait plus jamais, avaient l’air de cheveux blancs, et des cils très longs donnaient à ses yeux un air triste.

Séquence 4 94
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Quand Zidore le menait à l’herbe, il lui fallait tirer sur la corde, tant la bête allait lentement ; et le gars, courbé, haletant, jurait contre elle, s’exaspérant d’avoir à soigner cette vieille rosse.

Les gens de la ferme, voyant cette colère du goujat contre Coco, s’en amusaient, parlaient sans cesse du cheval à Zidore, pour exaspérer le gamin. Ses camarades le plaisantaient. On l’appelait dans le village CocoZidore.

Le gars rageait, sentant naître en lui le désir de se venger du cheval. C’était un maigre enfant haut sur jambes, très sale, coiffé de cheveux épais, durs et hérissés. Il semblait stupide, parlait en bégayant, avec une peine infinie, comme si les idées n’eussent pu se former dans son âme épaisse de brute.

Depuis longtemps déjà, il s’étonnait qu’on gardât Coco, s’indignant de voir perdre du bien pour cette bête inutile.

Du moment qu’elle ne travaillait plus, il lui semblait injuste de la nourrir, il lui semblait révoltant de gaspiller de l’avoine, de l’avoine qui coûtait si cher, pour ce bidet paralysé. Et souvent même, malgré les ordres de maître Lucas, il économisait sur la nourriture du cheval, ne lui versant qu’une demimesure, ménageant sa litière et son foin. Et une haine grandissait en son esprit confus d’enfant, une haine de paysan rapace, de paysan sournois, féroce, brutal et lâche.

L’été revenu, il lui fallait à nouveau aller remuer la bête dans sa côte. C’était loin. Le goujat, plus furieux chaque matin, partait de son pas lourd à travers les blés. Les hommes qui travaillaient dans les terres lui criaient, par plaisanterie :

ÉditionsVANIN

« Hé Zidore, tu f’ras mes compliments à Coco. »

Il ne répondait point ; mais il cassait, en passant, une baguette dans une haie et, dès qu’il avait déplacé

Séquence 4 95
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moneT, c. (1863). Cour de ferme en Normandie. Huile sur toile. 65 x 81,3 cm. Paris : musée d’Orsay

l’attache du vieux cheval, il le laissait se remettre à brouter ; puis approchant traîtreusement, il lui cinglait les jarrets. L’animal essayait de fuir, de ruer, d’échapper aux coups, et il tournait au bout de sa corde comme s’il eût été enfermé dans une piste. Et le gars le frappait avec rage, courant derrière, acharné, les dents serrées par la colère.

Puis il s’en allait lentement, sans se retourner, tandis que le cheval le regardait partir de son œil de vieux, les côtes saillantes, essoufflé d’avoir trotté. Et il ne rebaissait vers l’herbe sa tête osseuse et blanche qu’après avoir vu disparaître au loin la blouse bleue du jeune paysan.

Comme les nuits étaient chaudes, on laissait maintenant Coco coucher dehors, là-bas, au bord de la ravine, derrière le bois. Zidore seul allait le voir.

L’enfant s’amusait encore à lui jeter des pierres. Il s’asseyait à dix pas de lui, sur un talus, et il restait là une demi-heure, lançant de temps en temps un caillou tranchant au bidet, qui demeurait debout, enchaîné devant son ennemi, et le regardant sans cesse, sans oser paître avant qu’il fût reparti.

Mais toujours cette pensée restait plantée dans l’esprit du goujat : « Pourquoi nourrir ce cheval qui ne faisait plus rien ? » Il lui semblait que cette misérable rosse volait le manger des autres, volait l’avoir des hommes, le bien du bon Dieu, le volait même aussi, lui Zidore qui travaillait.

proche et dont l’odeur lui venait sans qu’elle y pût toucher.

Mais, un matin, Zidore eut une idée : c’était de ne plus remuer Coco. Il en avait assez d’aller si loin pour cette carcasse.

II vint cependant, pour savourer sa vengeance. La bête inquiète le regardait. Il ne la battit pas ce jour-là. Il tournait autour, les mains dans les poches. Même il fit mine de la changer de place, mais il enfonça le piquet juste dans le même trou, et il s’en alla, enchanté de son invention.

Le cheval, le voyant partir, hennit pour le rappeler ; mais le goujat se mit à courir, le laissant seul, tout seul, dans son vallon, bien attaché, et sans un brin d’herbe à portée de la mâchoire.

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Zidore décida alors de se venger de l’animal… Le gars diminua peu à peu la bande de pâturage qu’il lui donnait en avançant le piquet de bois où était fixée la corde.

La bête jeûnait, maigrissait, dépérissait. Trop faible pour casser son attache, elle tendait la tête vers la grande herbe verte et luisante, si

Affamé, il essaya d’atteindre la grasse verdure qu’il touchait du bout de ses naseaux. Il se mit sur les genoux, tendant le cou, allongeant ses grandes lèvres baveuses. Ce fut en vain. Tout le jour, elle s’épuisa, la vieille bête, en efforts inutiles, en efforts terribles. La faim la dévorait, rendue plus affreuse par la vue de toute la verte nourriture qui s’étendait sur l’horizon.

Le goujat ne revint point ce jourlà. Il vagabonda par les bois pour chercher des nids.

Il reparut le lendemain. Coco, exténué, s’était couché. Il se leva en apercevant l’enfant, attendant enfin, d’être changé de place.

Mais le petit paysan ne toucha même pas au maillet jeté dans l’herbe. Il s’approcha, regarda l’animal, lui lança dans le nez une motte de terre qui s’écrasa sur le poil blanc, et il repartit en sifflant.

Le cheval resta debout tant qu’il put l’apercevoir encore ; puis sentant bien que ses tentatives pour atteindre l’herbe voisine seraient inutiles, il s’étendit de nouveau sur le flanc et ferma les yeux.

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Le lendemain, Zidore ne vint pas.

Quand il approcha, le jour suivant, de Coco toujours étendu, il s’aperçut qu’il était mort.

Alors il demeura debout, le regardant, content de son œuvre, étonné en même temps que ce fût déjà fini. Il le toucha du pied, leva une de ses jambes, puis la laissa retomber, s’assit dessus, et resta là, les yeux dans l’herbe et sans penser à rien.

Il revint à la ferme, mais il ne dit pas l’accident, car il voulait vagabonder encore aux heures où, d’ordinaire, il allait changer de place le cheval.

Il alla le voir le lendemain. Des corbeaux s’envolèrent à son approche.

Des mouches innombrables se promenaient sur le cadavre et bourdonnaient à l’entour.

En rentrant il annonça la chose. La bête était si vieille que personne ne s’étonna. Le maître dit à deux valets :

« Prenez vos pelles, vous f’rez un trou là où qu’il est. »

Et les hommes enfouirent le cheval juste à la place où il était mort de faim.

Et l’herbe poussa drue, verdoyante, vigoureuse, nourrie par le pauvre corps.

D’après maupassanT, Guy de. (1885). Contes du jour et de la nuit

1. En quelques phrases, raconte ce que tu as découvert de neuf par rapport aux résumés. Pour ce faire, réponds aux questions suivantes.

a) Quelle décision Zidore prend-il ?

b) Quelle est la conséquence de cette décision ?

c) À la ferme, comment réagit- on à la mort de Coco ?

d) Que devient la dépouille de Coco ?

Séquence 4 97
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ÉditionsVANIN

2. Schématise cette histoire en élaborant le schéma narratif. Pour ce faire, complète le tableau ci-dessous.

Ressources de base, Récit , p. 71

ÉditionsVANIN

3. Confronte ton schéma à ceux de tes condisciples et, ensemble, parvenez à un accord.

Séquence 4 98

1. À quels éléments du schéma narratif correspondent les informations contenues dans les deux résumés que tu as lus précédemment ?

2. Voici le résumé apéritif d’un élève de ton âge. Son professeur l’a jugé insatisfaisant. Lis-le en centrant ton attention sur ce qui a pu motiver ce jugement.

COCO

La métairie des Lucas est une misérable ferme qui ne compte que quelques bêtes. Coco est l’une d’entre elles. Ce vieux cheval blanc est destiné à l’abattoir. Ses propriétaires le confient pour quelques semaines à leur fils cadet, Isidore.

Mais « Zidore » déteste s’occuper de l’animal qu’il considère comme laid, inutile et responsable des moqueries des villageois. Il n’en peut plus ! Sa haine envers l’animal grandit. Il décide alors de se venger et sa cruauté est sans limite… Je plains vraiment cette pauvre bête ! Et, si je croisais cet Isidore, je ne sais pas ce que je lui ferais…

a) Souligne dans la production de cet élève les fragments que, selon toi, le professeur aurait pu souligner.

b) Pour quelle raison chacun d’eux est-il inapproprié dans un résumé ?

ÉditionsVANIN

Séquence 4 99
3 Tu détermines les informations à sélectionner pour un résumé de présentation ou apéritif
Toulouse lauTrec, H. de (1881). Cheval Blanc Gazelle. Huile sur toile. 61
x 49,5
cm. Vienne : Albertina.

PARCOURS DIFFÉRENCIÉ

2. Voici le résumé apéritif d’un élève de ton âge. Son professeur l’a jugé insatisfaisant. Pour le signifier, il y a encadré et numéroté certains fragments.

a) Lis-le en centrant ton attention sur ces fragments.

COCO

La métairie des Lucas est une misérable ferme qui ne compte que quelques bêtes (1) Coco est l’une d’entre elles. Ce vieux cheval blanc est destiné à l’abattoir (2). Ses propriétaires le confient pour quelques semaines à leur fils cadet, Isidore (3) .

Mais « Zidore » déteste s’occuper de l’animal qu’il considère comme laid, inutile et responsable des moqueries des villageois. Il n’en peut plus ! Sa haine envers l’animal grandit. Il décide alors de se venger et sa cruauté est sans limite… Je plains vraiment cette pauvre bête ! (4) Et, si je croisais cet Isidore, je ne sais pas ce que je lui ferais… (5)

b) Lis ce que le professeur a noté sur la copie.

Tu ne respectes pas toutes les règles du résumé. En effet, un résumé doit impérativement être conforme au texte source et ne peut contenir aucune intervention personnelle de son auteur.

c) Souligne dans ce commentaire les deux règles du résumé sur lesquelles il insiste. d) Reformule ces règles à ta manière. e) Parmi les fragments encadrés, quels sont ceux qui : ne sont pas conformes au récit ; correspondent à des interventions personnelles de l’élève ?

Séquence 4 100
ÉditionsVANIN

Voici une autre nouvelle : Le veston ensorcelé de Dino Buzzati. Écoute-la en centrant ton attention sur le narrateur.

1. Qui est le narrateur de ce récit ? Réponds en réfléchissant au rôle qu’il y joue.

2. Sur quel indice te fondes-tu pour répondre ?

3. Prouve que tu as bien compris ce récit en expliquant son titre.

4. Élabore le schéma narratif en te limitant aux étapes que tu estimes nécessaires au résumé de présentation.

Séquence 4 101
4 Tu identifies une autre caractéristique importante du résumé de présentation et du résumé apéritif
ÉditionsVANIN

Écoute cette nouvelle une seconde fois afin de modifier et d’améliorer ton schéma.

1. Corrige et/ou complète le schéma narratif que tu viens de réaliser.

2. Sur cette base, rédige un résumé de présentation. Tu seras capable de justifier ta sélection d’informations.

ÉditionsVANIN

Séquence 4 102

3. Compare ton résumé au modèle qui t’est proposé ci-dessous.

Le veston ensorcelé

Le narrateur, un homme élégant, participe à une réception à Milan. La tenue parfaite d’un invité l’attire. Lors d’une discussion, il interroge l’homme sur son tailleur.

Le narrateur se rend chez l’artisan, un certain Corticella, qui accepte de lui confectionner un complet. Il ne sait pourquoi, mais le tailleur, trop souriant, l’a plutôt mis mal à l’aise.

Des semaines plus tard, alors qu’il porte le costume pour la première fois, il constate que, à chaque fois qu’il glisse la main dans sa poche, il en sort un billet de dix mille lires. Il rentre chez lui et passe des heures à tirer de son nouveau vêtement une somme de 50 millions.

Le lendemain, il apprend que la même somme a été brulée dans l'incendie d'une grande agence immobilière et que deux pompiers sont morts dans l’incendie.

a) Considère les informations.

Quelles étapes du schéma narratif figurent dans ce résumé de présentation ?

As-tu fourni les mêmes informations ?

En as-tu fourni davantage ? Si oui, lesquelles et pourquoi ?

En as-tu fourni moins ? Si oui, lesquelles et pourquoi ?

Ensemble, discutez de vos choix.

b) Considère la manière d’écrire.

ÉditionsVANIN

À quelle personne est rédigé ce résumé de présentation ?

Quel système de temps y est adopté ?

c) Si nécessaire, améliore ta production.

Séquence 4 103

Tu identifies et utilises des procédés d’écriture incitatifs

1 Tu identifies des procédés d’écriture incitatifs

Voici deux résumés d’un récit destiné à des adolescents. Lis-les en te demandant lequel des deux est le plus incitatif.

# SCANDALE

Auteure : Sarah Okcler

Traductrice : Anne Guitton

Éditeur : Nathan

Juin 2015 - 16.90 euros

Roman à partir de 15 ans ISBN : 9782092556085

Thèmes : Amour, Internet, Amitié, Honte/Gêne, Célébrité

Lucy est une adolescente heureuse de vivre. Elle est amoureuse de Cole, le petit copain de sa meilleure amie Ellie.

Le soir du bal d’automne, Lucy se retrouve au bras de Cole (Ellie étant malade) et finit par embrasser le jeune homme.

Mais bientôt, une photo de son baiser avec Cole est postée sur son propre compte Facebook, ainsi qu’une série de photos présentant ses amis dans des situations compromettantes. Le lycée entier la repousse, voire la harcèle en ligne. Elle ne sait pas qui lui en veut à ce point.

ÉditionsVANIN

Lucy est une adolescente heureuse de vivre. Mais elle a un secret : elle est amoureuse de Cole, le petit copain de sa meilleure amie Ellie.

Le soir du bal d’automne, Ellie est malade et Lucy se retrouve au bras du garçon qu’elle aime. Lucy finit par commettre l’irréparable : elle l’embrasse…

Mais bientôt, une photo de son baiser avec Cole est postée sur son propre compte Facebook, ainsi qu’une série de photos présentant ses amis dans des situations compromettantes. En quelques heures, le lycée entier la déteste ! Et pour elle, l’enfer commence… Comment pourra-t-elle supporter tant de haine ? Et qui lui en veut au point de ruiner sa réputation ?

1. Lequel de ces deux résumés est le plus incitatif ?

Séquence 4 104 Activité 2
résumé 1 résumé 2

2. Justifie ta réponse en y soulignant les fragments sur lesquels tu la fondes.

3. Confronte ta réponse à celles de tes condisciples.

4. Dans la troisième colonne du tableau ci-dessous, indique le ou les effets recherchés par les énoncés de la deuxième colonne, par rapport à ceux de la première. Choisis ces effets parmi ceux qui te sont proposés dans la liste cidessous.

Susciter la curiosité du lecteur

Provoquer l’émotion du lecteur

Dramatiser les évènements

Créer du suspense

énoncés énoncés effeTs recherchés

Lucy est une adolescente heureuse de vivre. Elle est amoureuse de Cole.

Lucy est une adolescente heureuse de vivre. Mais elle a un secret : elle est amoureuse de Cole.

Lucy se retrouve au bras de Cole. Lucy se retrouve au bras du garçon qu’elle aime.

Lucy finit par embrasser le jeune homme. Lucy finit par commettre l’irréparable : elle l’embrasse…

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Le lycée entier la repousse, voire la harcèle en ligne. Elle ne sait pas qui lui en veut à ce point.

En quelques heures, le lycée entier la déteste ! Et pour elle, l’enfer commence… Comment pourra-t-elle supporter tant de haine ? Et qui lui en veut au point de ruiner sa réputation ?

5. Partage tes réponses avec la classe. Tu seras capable de les justifier oralement.

Séquence 4 105

TU FAIS LE POINT

1) Des règles à respecter

Que l’on rédige un résumé de présentation ou un résumé apéritif, on est tenu de respecter certaines exigences. En effet, quand on informe, il faut le faire avec rigueur. C’est pourquoi il faut veiller à :

a) être fidèle à l’histoire ;

b) adopter un narrateur externe, même si le récit source est écrit en « je » ;

c) adopter le système de temps du présent.

2) Le résumé de présentation, comme son nom l’indique, informe le futur lecteur sur la teneur de l’histoire.

a) On y trouve donc des informations relatives à la situation initiale et à l’élément perturbateur. Mais, très souvent, il fournit aussi le début des péripéties.

b) Il va de soi qu’il ne consiste pas en un résumé de l’entièreté de l’histoire, sinon il n’y aurait plus beaucoup d’intérêt à lire le récit.

3) Tout comme le résumé de présentation, le résumé apéritif ou incitatif, consiste à informer le lecteur sur la teneur de l’histoire.

a) Il fournit donc les informations indispensables permettant de se faire une idée de l’histoire, sans pour autant en dévoiler trop, en un aperçu de l’histoire.

b) Mais l’auteur(e) d’un résumé apéritif poursuit également l’intention d’inciter le lecteur à lire le récit. Pour cela, il ou elle utilise des procédés d’écriture particulièrement incitatifs comme :

• des procédés qui dramatisent les évènements ou éveillent les émotions du lecteur, comme : les termes forts ou excessifs ; la phrase exclamative ;

• des procédés qui créent du suspense et une attente chez le lecteur, comme : la phrase suspensive (qui se termine par des points de suspension) ; la phrase interrogative.

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Séquence 4 106

2 Tu utilises des procédés d’écriture incitatifs

1. Reprends le résumé de présentation que tu as écrit pour la nouvelle Le veston ensorcelé et rends-le incitatif en utilisant les procédés que tu as découverts.

2. Présente ton texte à la classe et, ensemble, discutez-en.

a) Tu seras capable de justifier tes modifications et ajouts.

b) Si nécessaire, améliorez-le ensemble.

Séquence 4 107
ÉditionsVANIN

Voici deux nouvelles de Guy de Maupassant. Ton (ta) professeur(e) va t’en confier une. Lis-la attentivement en vue de rédiger un résumé apéritif ou un résumé de présentation selon la consigne qu'il (elle) t’imposera.

La parure

C’était une de ces jolies et charmantes filles. Elle était née dans une famille modeste. Pour elle donc, aucun espoir d’épouser un homme riche et distingué ni de mener la grande vie dont rêve toutes les jeunes filles. Elle se laissa marier avec un petit fonctionnaire du ministère de l’Instruction publique.

[…]

Elle souffrait sans cesse, se sentant née pour toutes les délicatesses et tous les luxes. Elle souffrait de la pauvreté de son logement, de la misère des murs, de l’usure des sièges, de la laideur des étoffes. Toutes ces choses, […] la torturaient et l’indignaient. […] Elle songeait aux grands salons vêtus de soie ancienne, aux meubles fins portant des bibelots inestimables, et aux petits salons coquets parfumés, faits pour la causerie de cinq heures avec les amis les plus intimes […]

Quand elle s’asseyait, pour dîner, devant la table ronde couverte d’une nappe de trois jours, en face de son mari qui découvrait la soupière en déclarant d’un air enchanté : « Ah! le bon pot-au-feu ! je ne sais rien de meilleur que cela », elle songeait aux dîners fins, aux argenteries reluisantes, aux tapisseries peuplant les murailles de personnages anciens et d’oiseaux étranges au milieu d’une forêt de féerie ; elle songeait aux plats exquis servis en des vaisselles merveilleuses, aux galanteries chuchotées et écoutées avec un sourire de sphinx, tout en

mangeant la chair rose d’une truite ou des ailes de gélinotte.

Elle n’avait pas de toilettes, pas de bijoux, rien. Et elle n’aimait que cela ; elle se sentait faite pour cela. Elle aurait tant désiré plaire, être enviée, être séduisante et recherchée.

Elle avait une amie riche, une camarade qu’elle ne voulait plus aller voir, tant elle souffrait en revenant. Et elle pleurait pendant des jours entiers, de chagrin, de regret, de désespoir et de détresse.

ÉditionsVANIN

Or, un soir, son mari rentra, l’air glorieux et tenant à la main une large enveloppe.

Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi.

Elle déchira vivement le papier et en tira une carte qui portait ces mots : « Le ministre de l’Instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M. et Mme Loisel de leur faire l’honneur de venir passer la soirée à l’hôtel du ministère, le lundi 18 janvier. »

Au lieu d’être ravie, comme l’espérait son mari, elle jeta avec dépit l’invitation sur la table, murmurant : Que veux-tu que je fasse de cela ? Mais, ma chérie, je pensais que tu serais contente. Tu ne sors jamais, et c’est une occasion, cela, une belle ! J’ai eu une peine infinie à l’obtenir. Tout le monde en veut ; c’est très recherché et on n’en donne pas beaucoup aux employés. Tu verras là tout le monde officiel.

Elle le regardait d’un œil irrité, et elle déclara avec impatience : Que veux-tu que je me mette sur le dos pour aller là ?

Séquence 4 108
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Il n’y avait pas songé ; il balbutia :

Mais la robe avec laquelle tu vas au théâtre. Elle me semble très bien, à moi…

Il se tut, stupéfait, éperdu, en voyant que sa femme pleurait. Deux grosses larmes descendaient lentement des coins des yeux vers les coins de la bouche ; il bégaya :

Qu’as-tu ? qu’as-tu ?

Mais, par un effort violent, elle avait dompté sa peine et elle répondit d’une voix calme en essuyant ses joues humides :

Rien. Seulement je n’ai pas de toilette et par conséquent, je ne peux aller à cette fête. Donne ta carte à quelque collègue dont la femme sera mieux nippée que moi.

Il était désolé. Il reprit : Voyons, Mathilde. Combien cela coûterait-il, une toilette convenable, qui pourrait te servir encore en d’autres occasions, quelque chose de très simple ?

Elle réfléchit quelques secondes […] et répondit en hésitant :

Je ne sais pas au juste, mais il me semble qu’avec quatre cents francs je pourrais arriver.

ll avait un peu pâli, car il réservait juste cette somme pour acheter un fusil et s’offrir des parties de chasse, l’été suivant […]

Il dit cependant :

Soit. Je te donne quatre cents francs. Mais tâche d’avoir une belle robe.

J’aimerais presque mieux ne pas aller à cette soirée.

Il reprit :

Tu mettras des fleurs naturelles. C’est très chic en cette saison-ci. Pour dix francs tu auras deux ou trois roses magnifiques.

Elle n’était point convaincue.

Non… il n’y a rien de plus humiliant que d’avoir l’air pauvre au milieu de femmes riches.

Mais son mari s’écria :

Que tu es bête ! Va trouver ton amie Mme Forestier et demande-lui de te prêter des bijoux. Tu es bien assez liée avec elle pour faire cela.

Elle poussa un cri de joie.

C ’est vrai. Je n’y avais point pensé.

ÉditionsVANIN

Le jour de la fête approchait, et Mme Loisel semblait triste, inquiète, anxieuse. Sa toilette était prête cependant. Son mari lui dit un soir :

Qu’as-tu ? Voyons, tu es toute drôle depuis trois jours.

Et elle répondit :

Cela m’ennuie de n’avoir pas un bijou, pas une pierre, rien à mettre sur moi. J’aurai l’air misère comme tout.

Le lendemain, elle se rendit chez son amie et lui conta sa détresse. Mme Forestier alla vers son armoire à glace, prit un large coffret, l’apporta, l’ouvrit, et dit à Mme Loisel :

Choisis, ma chère.

Elle vit d’abord des bracelets, puis un collier de perles, puis une croix vénitienne, or et pierreries, d’un admirable travail. Elle essayait les parures devant la glace, hésitait, ne pouvait se décider à les quitter, à les rendre. Elle demandait toujours :

Tu n’as plus rien d’autre ?

Mais si. Cherche. Je ne sais pas ce qui peut te plaire.

Tout à coup elle découvrit, dans une boîte de satin noir, une superbe rivière de diamants ; et son cœur se mit à battre d’un désir immodéré. Ses mains tremblaient en la prenant. Elle l’attacha autour de sa gorge, sur sa robe montante, et demeura en extase devant elle-même.

Puis, elle demanda, hésitante, pleine d’angoisse :

Peux-tu me prêter cela, rien que cela ?

Mais oui, certainement.

Elle sauta au cou de son amie,

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l’embrassa avec emportement, puis s’enfuit avec son trésor.

Le jour de la fête arriva. Mme Loisel eut un succès. Elle était plus jolie que toutes, élégante, gracieuse, souriante et folle de joie. Tous les hommes la regardaient, demandaient son nom, cherchaient à être présentés. Tous les attachés du cabinet voulaient valser avec elle. Le Ministre la remarqua.

Elle dansait avec ivresse, avec emportement, grisée par le plaisir, ne pensant plus à rien […]

Ils quittèrent la fête vers quatre heures du matin. […]

Une fois rentrée, elle se tint devant la glace, afin de se voir encore une fois dans sa gloire. Mais soudain elle poussa un cri. Elle n’avait plus sa rivière autour du cou !

Son mari, à moitié dévêtu déjà, demanda :

Qu’est-ce que tu as ?

Elle se tourna vers lui, affolée : J’ai… j’ai… je n’ai plus la rivière de Mme Forestier.

Il se dressa, éperdu :

Quoi !… comment !… Ce n’est pas possible !

Et ils cherchèrent dans les plis de la robe, dans les plis du manteau, dans les poches, partout. Ils ne la trouvèrent point.

Il demandait :

Tu es sûre que tu l’avais encore en quittant le bal ?

Oui, je l’ai touchée dans le vestibule du Ministère.

Mais si tu l’avais perdue dans la rue, nous l’aurions entendue tomber. Elle doit être dans le fiacre.

Oui. C ’est probable. As-tu pris le numéro ?

Non. Et toi, tu ne l’as pas regardé ?

Non.

Ils se contemplaient atterrés. Enfin Loisel se rhabilla.

Je vais, dit-il, refaire tout le trajet que nous avons fait à pied, pour voir si je ne la retrouverai pas

Et il sortit. Elle demeura en toilette de soirée, sans force pour se coucher, abattue sur une chaise, sans feu, sans pensée.

ÉditionsVANIN

Son mari rentra vers sept heures. Il n’avait rien trouvé.

Il se rendit à la Préfecture de police, aux journaux, pour faire promettre une récompense, aux compagnies de petites voitures, partout enfin où un soupçon d’espoir le poussait.

Elle attendit tout le jour, dans le même état d’effarement devant cet affreux désastre. Loisel revint le soir, avec la figure creusée, pâlie ; il n’avait rien découvert.

Il faut, dit-il, écrire à ton amie que tu as brisé la fermeture de sa rivière et que tu la fais réparer. Cela nous donnera le temps de nous retourner.

Elle écrivit sous sa dictée.

Au bout d’une semaine, ils avaient perdu toute espérance.

Et Loisel, vieilli de cinq ans, déclara :

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Il faut aviser à remplacer ce bijou.

Ils prirent, le lendemain, la boîte qui l’avait renfermé, et se rendirent chez le joaillier, dont le nom se trouvait dedans. Il consulta ses livres :

Ce n’est pas moi, madame, qui ai vendu cette rivière ; j’ai dû seulement fournir l’écrin.

Alors ils allèrent de bijoutier en bijoutier, cherchant une parure pareille à l’autre, consultant leurs souvenirs, malades tous deux de chagrin et d’angoisse.

Ils trouvèrent, dans une boutique du Palais Royal, un chapelet de diamants qui leur parut entièrement semblable à celui qu’ils cherchaient. Il valait quarante mille francs. On le leur laisserait à trente-six mille.

Ils prièrent donc le joaillier de ne pas le vendre avant trois jours. Et ils firent condition qu’on le reprendrait pour trente-quatre mille francs, si le premier était retrouvé avant la fin de février.

Loisel possédait dix-huit mille francs que lui avait laissés son père. Il emprunterait le reste.

Il emprunta, demandant mille francs à I’un, cinq cents à l’autre, cinq louis par-ci, trois louis par-là […]. Épouvanté par les angoisses de l’avenir, par la noire misère qui allait s’abattre sur lui, par la perspective de toutes les privations physiques et de toutes les tortures morales, il alla chercher la rivière nouvelle, en déposant sur le comptoir du marchand trente-six mille francs.

Quand Mme Loisel reporta la parure à Mme Forestier, celle-ci lui dit, d’un air froissé :

Tu aurais dû me la rendre plus tôt, car je pouvais en avoir besoin.

Elle n’ouvrit pas l’écrin, ce que redoutait son amie. Si elle s’était aperçue de la substitution, qu’auraitelle pensé ? qu’aurait-elle dit ? Ne l’aurait-elle pas prise pour une voleuse ?

Mme Loisel connut la vie horrible des nécessiteux. Elle prit son parti, d’ailleurs, tout d’un coup, héroïquement. Il fallait payer cette dette effroyable. Elle payerait. On renvoya la bonne ; on changea de logement ; on loua sous les toits une mansarde.

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Elle connut les gros travaux du ménage, les odieuses besognes de la cuisine. Elle lava la vaisselle, usant ses ongles roses sur les poteries grasses et le fond des casseroles. Elle savonna le linge sale, les chemises et les torchons, qu’elle faisait sécher sur une corde ; elle descendit à la rue, chaque matin, les ordures, et monta l’eau, s’arrêtant à chaque étage pour souffler. Et, vêtue comme une femme du peuple, elle alla chez le fruitier, chez l’épicier, chez le boucher, le panier au bras, marchandant, injuriée, défendant sou à sou son misérable argent.

Il fallait chaque mois payer des billets, en renouveler d’autres, obtenir du temps.

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Le mari travaillait, le soir, à mettre au net les comptes d’un commerçant, et la nuit, souvent, il faisait de la copie à cinq sous la page.

Et cette vie dura dix ans.

Au bout de dix ans, ils avaient tout restitué […].

Mme Loisel semblait vieille, maintenant. Elle était devenue la femme forte, et dure, et rude, des ménages pauvres. Mal peignée, avec les jupes de travers et les mains rouges, elle parlait haut, lavait à grande eau les planchers. Mais parfois, lorsque son mari était au bureau, elle s’asseyait auprès de la fenêtre, et elle songeait à cette soirée d’autrefois, à ce bal où elle avait été si belle et si fêtée.

Que serait-il arrivé si elle n’avait point perdu cette parure ? Qui sait ? qui sait ? Comme la vie est singulière, changeante ! Comme il faut peu de chose pour vous perdre ou vous sauver !

Or, un dimanche, comme elle était allée faire un tour aux Champs-Élysées pour se délasser des besognes de la semaine, elle aperçut tout à coup une femme qui promenait un enfant. C’était Mme Forestier, toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante.

Mme Loisel se sentit émue. Allait-elle lui parler ? Oui, certes. Et maintenant qu’elle avait payé, elle lui dirait tout. Pourquoi pas ?

Elle s’approcha. Bonjour, Jeanne.

L’autre ne la reconnaissait point, s’étonnant d’être appelée ainsi familièrement par cette bourgeoise.

Elle balbutia :

Mais… madame !… Je ne sais… Vous devez vous tromper.

− Non. Je suis Mathilde Loisel. Son amie poussa un cri.

Oh !… ma pauvre Mathilde, comme tu es changée !…

Oui, j’ai eu des jours bien durs, depuis que je ne t’ai vue ; et bien des misères… et cela à cause de toi !…

De moi… Comment ça ?

Tu te rappelles bien cette rivière de diamants que tu m’as prêtée pour aller à la fête du Ministère.

Oui. Eh bien ?

Eh bien, je l’ai perdue. Comment ! puisque tu me l’as rapportée ?

Je t’en ai rapporté une autre toute pareille. Et voilà dix ans que nous la payons. Tu comprends que ça n’était pas aisé pour nous, qui n’avions rien… Enfin c’est fini, et je suis rudement contente.

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Mme Forestier s’était arrêtée.

Tu dis que tu as acheté une rivière de diamants pour remplacer la mienne ?

Oui. Tu ne t’en étais pas aperçue, hein ! Elles étaient bien pareilles. Et elle souriait d’une joie orgueilleuse et naïve.

Mme Forestier, fort émue, lui prit les deux mains.

Oh ! ma pauvre Mathilde ! Mais la mienne était fausse. Elle valait au plus cinq cents francs !… de maupassanT, G. (1885). La parure. Contes du jour et de la nuit. Paris : Marpon-Flammarion.

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Une vendetta

La veuve de Paolo Saverini habitait seule avec son fils une petite maison pauvre sur les remparts de Bonifacio. La ville, bâtie sur une avancée de la montagne, suspendue même par places au-dessus de la mer, regarde, par-dessus le détroit hérissé d’écueils, la côte plus basse de la Sardaigne. À ses pieds, de l’autre côté, la contournant presque entièrement, une coupure de la falaise, qui ressemble à un gigantesque corridor, lui sert de port, amène jusqu’aux premières maisons, après un long circuit entre deux murailles abruptes, les petits bateaux pêcheurs italiens ou sardes, et, chaque quinzaine, le vieux vapeur poussif qui fait le service d’Ajaccio.

Sur la montagne blanche, le tas de maisons pose une tache plus blanche encore. Elles ont l’air de nids d’oiseaux sauvages, accrochées ainsi sur ce roc, dominant ce passage terrible où ne s’aventurent guère les navires. Le vent, sans repos, fatigue la mer, fatigue la côte nue, rongée par lui, à peine vêtue d’herbe ; il s’engouffre dans le détroit, dont il ravage les deux bords.

La maison de la veuve Saverini, soudée au bord même de la falaise, ouvrait ses trois fenêtres sur cet horizon sauvage et désolé.

Elle vivait là, seule, avec son fils Antoine et leur chienne « Sémillante », grande bête maigre, aux poils longs et rudes, de la race des gardeurs de troupeaux. Elle servait au jeune homme pour chasser.

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Un soir, après une dispute, Antoine Saverini fut tué traîtreusement, d’un coup de couteau, par Nicolas Ravolati, qui, la nuit même, gagna la Sardaigne.

Quand la vieille mère reçut le corps de son enfant, que des passants lui rapportèrent, elle ne pleura pas, mais elle demeura longtemps immobile à le regarder ; puis, étendant sa main ridée sur le cadavre, elle lui promit la vendetta. Elle ne voulut point qu’on restât avec elle, et elle s’enferma auprès du corps avec la chienne, qui hurlait. Elle hurlait, cette bête, d’une façon continue, debout au pied du lit, la tête tendue vers son maître, et la queue serrée entre les pattes. Elle ne bougeait pas plus que la mère, qui, penchée maintenant sur le corps, l’œil fixe, pleurait de grosses larmes muettes en le contemplant.

Les traînées d’écume pâle, accrochées aux pointes noires des innombrables rocs qui percent partout les vagues, ont l’air de lambeaux de toile flottant et palpitant à la surface de l’eau.

Le jeune homme, sur le dos, vêtu de sa veste de gros drap trouée et déchirée à la poitrine, semblait dormir ; mais il avait du sang partout : sur la chemise arrachée pour les premiers soins ; sur

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son gilet, sur sa culotte, sur la face, sur les mains. Des caillots de sang s’étaient figés dans la barbe et dans les cheveux.

La vieille mère se mit à lui parler. Au bruit de cette voix, la chienne se tut.

« Va, va, tu seras vengé, mon petit, mon garçon, mon pauvre enfant. Dors, dors, tu seras vengé, entends-tu ? C’est la mère qui le promet ! Et elle tient toujours sa parole, la mère, tu le sais bien. »

Et lentement elle se pencha sur lui, collant ses lèvres froides sur les lèvres mortes.

Alors, Sémillante se remit à gémir. Elle poussait une longue plainte monotone, déchirante, horrible.

Elles restèrent là, toutes les deux, la femme et la bête, jusqu’au matin.

Antoine Saverini fut enterré le lendemain, et bientôt on ne parla plus de lui dans Bonifacio.

Il n’avait laissé ni frère ni proches cousins. Aucun homme n’était là pour poursuivre la vendetta. Seule, la mère y pensait, la vieille.

De l’autre côté du détroit, elle voyait du matin au soir un point blanc sur la côte. C’est un petit village sarde, Longosardo, où se réfugient les bandits corses traqués de trop près. Ils peuplent presque seuls ce hameau, en face des côtes de leur patrie, et ils attendent là le moment de revenir, de retourner au maquis. C’est dans ce village, elle le savait, que s’était réfugié Nicolas Ravolati.

Toute seule, tout le long du jour, assise à sa fenêtre, elle regardait là-bas en songeant à la vengeance. Comment ferait-elle sans personne, infirme, si près de la mort ? Mais elle avait promis, elle avait juré sur le cadavre.

sommeillait, et, parfois, levant la tête, hurlait au loin. Depuis que son maître n’était plus là, elle hurlait souvent ainsi, comme si elle l’eût appelé, comme si son âme de bête, inconsolable, eût aussi gardé le souvenir que rien n’efface.

Or, une nuit, comme Sémillante se remettait à gémir, la mère, tout à coup, eut une idée, une idée de sauvage vindicatif et féroce. Elle la médita jusqu’au matin ; puis, levée dès les approches du jour, elle se rendit à l’église. Elle pria, prosternée sur le pavé, abattue devant Dieu, le suppliant de l’aider, de la soutenir, de donner à son pauvre corps usé la force qu’il lui fallait pour venger le fils.

Puis elle rentra. Elle avait dans sa cour un ancien baril défoncé, qui recueillait l’eau des gouttières ; elle le renversa, le vida, l’assujettit contre le sol avec des pieux et des pierres ; puis elle enchaîna Sémillante à cette niche, et elle rentra.

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Elle marchait, maintenant, sans repos, dans sa chambre, l’œil fixé toujours sur la côte de Sardaigne. Il était là-bas, l’assassin.

La chienne, tout le jour et toute la nuit, hurla. La vieille, au matin, lui porta de l’eau dans une jatte ; mais rien de plus : pas de soupe, pas de pain.

La journée encore s’écoula. Sémillante, exténuée, dormait. Le lendemain, elle avait les yeux luisants, le poil hérissé, et elle tirait éperdument sur sa chaîne.

La vieille ne lui donna encore rien à manger. La bête, devenue furieuse, aboyait d’une voix rauque. La nuit encore se passa.

Elle ne pouvait oublier, elle ne pouvait attendre. Que ferait-elle ? Elle ne dormait plus la nuit, elle n’avait plus ni repos ni apaisement, elle cherchait, obstinée. La chienne, à ses pieds,

Alors, au jour levé, la mère Saverini alla chez le voisin, prier qu’on lui donnât deux bottes de paille. Elle prit de vieilles hardes qu’avait portées autrefois son mari, et les bourra de fourrage, pour simuler un corps humain.

Ayant piqué un bâton dans le sol, devant la niche de Sémillante, elle noua

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dessus ce mannequin, qui semblait ainsi se tenir debout. Puis elle figura la tête au moyen d’un paquet de vieux linge.

La chienne, surprise, regardait cet homme de paille, et se taisait, bien que dévorée de faim.

Alors la vieille alla acheter chez le charcutier un long morceau de boudin noir. Rentrée chez elle, elle alluma un feu de bois dans sa cour, auprès de la niche, et fit griller son boudin. Sémillante, affolée, bondissait, écumait, les yeux fixés sur le gril, dont le fumet lui entrait au ventre.

Puis la mère fit de cette bouillie fumante une cravate à l’homme de paille. Elle la lui ficela longtemps autour du cou, comme pour la lui entrer dedans. Quand ce fut fini, elle déchaîna la chienne.

D’un saut formidable, la bête atteignit la gorge du mannequin, et, les pattes sur les épaules, se mit à la déchirer. Elle retombait, un morceau de sa proie à la gueule, puis s’élançait de nouveau, enfonçait ses crocs dans les cordes, arrachait quelques parcelles de nourriture, retombait encore, et rebondissait, acharnée. Elle enlevait le visage par grands coups de dents, mettait en lambeaux le col entier.

La vieille, immobile et muette, regardait, l’œil allumé. Puis elle renchaîna sa bête, la fit encore jeûner deux jours, et recommença cet étrange exercice.

Pendant trois mois, elle l’habitua à une sorte de lutte, à ce repas conquis à coups de crocs. Elle ne l’enchaînait plus maintenant, mais elle la lançait d’un geste sur le mannequin.

« Va ! » d’une voix sifflante, en levant le doigt.

Quand elle jugea le temps venu, la mère Saverini alla se confesser et communia un dimanche matin, avec une ferveur extatique ; puis, ayant revêtu des habits de mâle, semblable à un vieux pauvre déguenillé, elle fit marché avec un pêcheur sarde, qui la conduisit, accompagnée de sa chienne, de l’autre côté du détroit.

Elle avait, dans un sac de toile, un grand morceau de boudin. Sémillante jeûnait depuis deux jours. La vieille femme, à tout moment, lui faisait sentir la nourriture odorante, et l’excitait.

Elles entrèrent dans Longosardo. La Corse allait en boitillant. Elle se présenta chez un boulanger et demanda la demeure de Nicolas Ravolati. Il avait repris son ancien métier, celui de menuisier. Il travaillait seul au fond de sa boutique.

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Elle lui avait appris à le déchirer, à le dévorer, sans même qu’aucune nourriture fût cachée en sa gorge. Elle lui donnait ensuite, comme récompense, le boudin grillé pour elle.

Dès qu’elle apercevait l’homme, Sémillante frémissait, puis tournait les yeux vers sa maîtresse, qui lui criait :

La vieille poussa la porte et l’appela : « Hé ! Nicolas ! »

Il se tourna ; alors, lâchant sa chienne, elle cria : « Va, va, dévore, dévore ! »

L’animal, affolé, s’élança, saisit la gorge. L’homme étendit les bras, l’étreignit, roula par terre. Pendant quelques secondes, il se tordit, battant le sol de ses pieds ; puis il demeura immobile, pendant que Sémillante lui fouillait le cou, qu’elle arrachait par lambeaux.

Deux voisins, assis sur leur porte, se rappelèrent parfaitement avoir vu sortir un vieux pauvre avec un chien noir efflanqué qui mangeait, tout en marchant, quelque chose de brun que lui donnait son maître.

La vieille, le soir, était rentrée chez elle. Elle dormit bien, cette nuit-là.

maupassanT, G. (1885). Une vendetta. Contes du jour et de la nuit. Paris : Marpon-Flammarion.

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TU POURSUIS TON DICO PERSO

Au cours de cette séquence, tu as probablement rencontré des mots ou des expressions qui ne te sont pas familiers. Ils se trouvent soit dans les textes, soit dans les questionnaires ou dans les encadrés.

Reporte-toi à la page 30 de ton livre-cahier A et procède comme indiqué.

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