REFLECT FEB Une publication de la Fédération des Entreprises de Belgique
PAS TAXER PLUS, MAIS MIEUX !
DES GOOGLE, FACEBOOK, SPOTIFY BELGES ?
p. 18
p. 22
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“LE PAPIER REPREND SES DROITS” DENIS GEERS, CEO DE GRAPHIUS GROEP p. 26
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
AVANT-PROPOS
Fiscalité analogique vs. économie numérique PIETER TIMMERMANS ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ DE LA FEB
L
a taxation de l'économie numérique
produits, services et connaissances partout
L'impact de la digitalisation sur le régime
est un sujet complexe. Tout le monde
dans le monde. Cette révolution numérique
fiscal va bien plus loin qu'il n'y paraît à
s'accorde à dire que l'économie
apporte de nouveaux défis au législateur
première vue. Une petite entreprise devient
numérique en tant que telle n'existe pas. Et
en matière de fiscalité, mais aussi de vie
subitement une micro-multinationale. D'autres
pourtant, on assiste bien à une digitalisation
privée et de droits des consommateurs par
entreprises numériques disparaissent aussi
poussée de la société, et des tendances
exemple. Elle facilite une nouvelle façon
vite qu'elles sont apparues. La digitalisation
claires se dessinent. Airbnb n’exploite pas de
de travailler et d'entreprendre et renforce
est aussi un facteur de démocratisation.
B&B, Uber ne possède pas de taxis ... Or, ces
l'adéquation entre l'offre et la demande.
entreprises pèsent des milliards de dollars
Aujourd'hui, tout le monde peut devenir micro-entrepreneur. Toutes ces évolutions
dans le monde entier. L’importance
L'Organisation de
ont propulsé bon nombre d'administrations
des actifs corporels, de
coopération et de
fiscales dans une sorte de dépression fiscale.
la présence physique,
développement
Elles ne peuvent s'y résigner mais doivent,
économiques (OCDE)
au contraire, faire profiter un maximum
est elle aussi consciente
de personnes de la prospérité que peut
des défis de l'économie
générer une économique numérique.
diminue de manière significative. Les ‘intangibles‘ ou actifs immatériels, tels que les logiciels, gagnent du terrain à vue d'œil. Ils sont en outre très
Les actifs immatériels sont source de création de valeur et de croissance économique
mobiles et représentent un défi sans cesse croissant pour les autorités nationales.
numérique. Dans les années à venir, le
J'enfonce une porte ouverte en affirmant
système actuel d’impôts
que, sans adaptations, notre législation
devra s’adapter aux
fiscale ne nous permettra jamais de rentrer définitivement dans le 21e siècle.
nouvelles évolutions, comme l’e-commerce, les appstores, les publicités en ligne et la collecte de données à grande échelle.
Ces dernières cherchent des moyens de taxer des entreprises qui ne sont présentes
Selon les experts, l'objectif poursuivi n'est pas seulement la taxation de l'économie numérique en soi, mais la stimulation du développement d'une véritable économie numérique en Belgique et une répartition
dans le pays que virtuellement et qui
D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
ne gèrent pas leurs affaires de manière
L'évolution numérique fulgurante au
découlent entre les différents pays. Et
classique – lire analogique. Les règles qui
niveau mondial aura sans aucun doute des
avant d'inventer de nouveaux impôts, il faut
s'appliquent actuellement aux entreprises
conséquences fiscales importantes. Certaines
d'abord oser passer au crible le cadre existant
qui commercialisent leurs produits,
recettes ou certains bénéfices sont devenus
et se poser la question suivante : ‘Comment
services ou connaissances via les leviers
‘apatrides‘. Certaines activités s’opèrent
donner toutes ses chances à l'économie
traditionnels offrent en effet trop souvent
exclusivement en ligne. La localisation
numérique sans saper la concurrence loyale
peu de possibilités d'intervention fiscale.
de l’activité qui crée la valeur ajoutée
avec l'économie classique ?‘ Autrement dit,
est devenue non pertinente. Les règles
comment organiser un level playing field ?
Dans l’économie numérique, les actifs
fiscales nationales ne sont pas préparées ni
Dans ce REFLECT, nous pesons le pour et le
immatériels sont la principale source
adaptées à cela. D’autre part, les évolutions
contre des pistes aujourd'hui sur la table.
de création de valeur et de croissance
technologiques facilitent sensiblement la
économique pour les entreprises. Dans le
collecte des données, l’enregistrement
même temps, le consommateur devient
des contribuables ou des clients, et le
plus mobile et ‘agile‘ : d'un simple clic de
paiement des impôts pour les autorités, les
souris, il peut instantanément acheter des
entreprises et les citoyens consommateurs.
équitable des recettes fiscales qui en
Bonne lecture !
FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
DANS CE NUMÉRO T
FISCALITÉ ANALOGIQUE vs. ÉCONOMIE NUMÉRIQUE
DÉFIS D’UNE TAXATION DE L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE Une répartition équitable des recettes fiscales n’est pas pour demain. T p. 04
DE MULTIPLES SYSTÈMES DE TAXATION
NON-SENS D’UNE TAXATION NATIONALE DES ENTREPRISES NUMÉRIQUES Les taxes sur le chiffre d’affaires qui s’ajoutent aux taxes existantes sont injustes ! T p. 10
CINQ BUSINESS MODELS
COMMENT FONCTIONNE UNE ENTREPRISE NUMÉRIQUE ?
FEB
2
QUE FAIT L’EUROPE ?
PROPOSITIONS EUROPÉENNES : URGENCE OU PRÉCIPITATION ?
Les actifs immatériels (software) et la propriété intellectuelle sont des éléments critiques.
Quel est l’intérêt d'une solution provisoire si elle est dépassée par celle à long terme ?
T p. 08
T p. 14
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
INTERVIEW
DENIS GEERS, CEO DE GRAPHIUS GROEP “Tant que je pourrai maintenir le travail en Belgique, je le ferai.” T p. 26
THÈMES
T p. 32 Une sélection de dossiers auxquels nos experts travaillent actuellement:
DIVERSITÉ EN ENTREPRISE Une priorité pour les employeurs T p. 34
AGENDA NUMÉRIQUE 2.0 « Nous ne pouvons nous reposer sur nos lauriers » T p. 36
COMMERCE INTERNATIONAL Vers une (dés)escalade ?
REFLECT DÉCEMBRE 2018 POUR UNE JUSTICE NOUVELLE GÉNÉRATION Moderne, plus efficace et plus proche de la vie des entreprises. Véritable levier à l’innovation et à la compétitivité. Quels outils juridiques performants mettre en oeuvre ? Et comment ?
T p. 37 QUE VEUT L’OCDE ?
PAS TAXER PLUS, MAIS MIEUX ! Taxer les bénéfices des entreprises là où la valeur est créée.
PRIX DU CARBONE Un prix du CO2 est possible à certaines conditions T p. 38
T p. 18
DES ACTIONS BEPS COMME POINT DE DÉPART
LA FISCALITÉ NUMÉRIQUE N’EST PAS (TOUJOURS) NOUVELLE
DROIT DE L’ENTREPRISE Nouvelle notion d’entreprise – Trois choses à retenir
Jean Baeten, Executive Manager, et Wesley De Visscher, conseiller adjoint, du centre de compétence Fiscalité & Investissements de la FEB, ont assuré le contenu rédactionnel de ce nouveau numéro de REFLECT.
T p. 39
Le système belge pour l’économie collaborative retient l’attention internationale. T p. 20 JURISPRUDENCE SOCIALE FINALITÉ DE LA TAXATION
UNE POLITIQUE FISCALE FORTE CRÉE DE LA PROSPÉRITÉ
T p. 40 LA FEB ENTREPREND
Une taxation qui produise des entreprises nationales de l’envergure de Google, Facebook ou Spotify.
T p. 42
T p. 22
T p. 44
AGENDA FEB
FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
ETAT DE LA QUESTION
Défis d’une taxation de l’économie numérique Pas taxer ‘plus‘, mais ‘mieux‘. Comment ? En répartissant le gâteau des recettes fiscales issues de l'économie numérique autrement et de manière plus équitable entre les pays. Et en donnant aussi toutes ses chances au développement d'une véritable économie numérique en Belgique, sans saper la concurrence loyale avec l'économie classique.
FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
Il n'y a pas de délimitation claire entre l'économie traditionnelle et numérique
S
uite à la crise financière de 2008, bon nombre de pays ont été
entre les deux. L'OCDE a certes formulé
confrontés à d'importants déficits budgétaires. Afin de les
quelques suggestions, mais a finalement
endiguer, les pouvoirs publics ont parfois réalisé de sérieuses
décidé de ne pas édicter de règles fiscales
économies et se sont mis à la recherche de nouveaux impôts. En
distinctes pour l'économie numérique.
cette période trouble, nombreux étaient ceux qui se sentaient traités injustement. Les banques ont été sauvées avec des deniers publics,
Entre-temps, les défis liés à la digitalisa-
alors que la population devait s'acquitter de nouveaux impôts. Peu
tion n'ont quasiment pas changé pour la
après, les différents ‘leaks’ et ‘papers’, ainsi que la publication de
plupart des pays. Cela s'explique par le
‘plannings fiscaux agressifs‘ par, entre autres, certains acteurs
fait que les mesures pertinentes du projet
importants de l'économie numérique (voir la figure ci-dessous) ont
BEPS devaient en premier lieu s'attaquer
formé un nouveau catalyseur et l'appel à combattre l'évasion fiscale
aux cas de double non-imposition, plutôt
n’en a été que plus vigoureux.
qu'à la problématique de la répartition de la compétence de perception entre pays.
Sous cette pression, le G20 (groupe de 19 pays industriels + l'UE) a demandé, début 2013, à l'Organisation de coopération et de
De ce fait, l'objectif actuel n'est plus tant
développement économiques (OCDE) d’élaborer des mesures pour
de veiller à taxer effectivement les entre-
lutter contre l'évasion fiscale. En septembre 2013, l'OCDE a adopté
prises numériques (puisque les actions
le programme d'action BEPS (Base Erosion and Profit Shifting), soit
de l’OCDE et de l’UE y pourvoient) que
15 actions pour lutter contre l'évasion fiscale, les transferts artificiels de
d'examiner comment répartir ces recettes
bénéfices et la concurrence fiscale déloyale entre États. En novembre
de l’impôt des sociétés de manière
2015, 15 points d'action BEPS détaillés étaient prêts. Le magazine
équitable entre tous les pays concernés par
FEB REFLECT ‘BEPS. Profit or Loss?’ analyse en détail tous les tenants
les activités de chaque entreprise numérique.
et aboutissants de BEPS (voir www.feb.be/publications/REFLECT). Dans l'intervalle, l'Union européenne a transposé les points
LA STRUCTURE D’IMPOSITION EN DOUBLETTE D'APPLE EN IRLANDE, CARTOGRAPHIÉE PAR LA COMMISSION EUROPÉENNE
d'action BEPS de l'OCDE en directives ATAD (Anti-Tax Avoidance Directive) et autres directives spécifiques. Aux États-Unis aussi, une réforme fiscale fondamentale s'en est suivie. En Belgique, ces directives se sont traduites concrètement par
Aides d’État: l’Irlande a accordé à Apple YR XVEMXIQIRX ƤWGEP TVɰJɰVIRXMIP MPPɰKEP
une réforme de l'impôt des sociétés, dont les effets se feront sentir progressivement entre 2018 et 2020. Ainsi, le planning fiscal agressif devient quasiment impossible pour les entreprises actives dans l'économie tant traditionnelle que numérique.
PAS DE RÈGLES FISCALES DISTINCTES Un des 15 points d'action de l'OCDE avait trait à l'économie numérique. À l'époque, il a été estimé qu'il n'est pas réaliste de
8SYW PIW FɯRɯƤGIW HIW ventes européennes IRVIKMWXVɯW IR -VPERHI
Apple Sales -RXIVREXMSREP
Affectation de presque tous les FɯRɯƤGIW ɦ YR WMɮKI RŭI\MWXERX UYI WYV TETMIV IX ɯPYHERX PŭMQTɹX
P VEXMUYIQIRX EYGYR FɯRɯƤGI MQTSWɯ IR -VPERHI HI XEY\ HŭMQTSWMXMSR IJJIGXMJ IR
Store
Store Store
4EMIQIRXW ɦ %TTPI -RG (États-Unis) pour ƤRERGIV PE 6 (
Concurrence
limiter les mesures à l'économie numérique. Cette dernière est en effet étroitement liée avec l'économie traditionnelle, rendant dès lors extrêmement difficile, voire impossible, une délimitation claire
Source : Commission européenne
FEB
5
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
L’Europe est favorable à une solution à court terme en guise de transition
Étant donné que les entreprises numé-
De son côté,
riques ne sont (généralement) physi-
l’OCDE a publié,
quement présentes que dans leur pays
en mars 2018, un
de résidence, leurs bénéfices ne sont
deuxième rapport sur
actuellement taxés que dans ce seul
l’économie numérique
pays. Les autres pays où sont établis
et a confirmé
les utilisateurs des services digitaux ne
que ses travaux
sont en effet pas autorisés à prélever
devraient aboutir dès
une partie de cet impôt des sociétés,
2020 à un rapport
faute de disposition légale les autorisant
final accompagné
à le faire sur la base des règles fiscales
de propositions de solutions concrètes et
existantes (voir graphique ci-dessous).
faisant l’objet d’un large consensus.
DONNÉES DES UTILISATEURS CONVERTIES EN RECETTES PUBLICITAIRES
Les discussions sont actuellement focalisées sur deux pistes : 1. La volonté au niveau européen d’adopter une solution à court terme, visant spécifiquement certains géants de l’économie numérique, et qui serait construite sur le modèle d’une taxe indirecte (de type TVA) qui toucherait certaines activités numériques en tant que telles plutôt que les bénéfices nets des entreprises concernées. Cette proposition suscite beaucoup de réactions négatives auprès des spécialistes, dès lors qu’elle remet en question les principes fondamentaux de la fiscalité internationale et risque de créer de nombreuses difficultés techniques, à commencer par un risque de multiplication des cas de double (voire multiple) imposition. 2. La recherche d’une solution adaptée et d'un consensus au niveau international, qui seraient construits au niveau de l’impôt des sociétés et des conventions fiscales internationales. Une des pistes évoquées est celle du concept ‘d’établissement stable virtuel’ auquel serait rattachée une partie
Source : Prof. DDr. Gunter Mayr, Ministère des Finances, Autriche
des bénéfices mondiaux connectés à chaque pays où une ‘présence numérique substantielle’ – et donc des activités donnant lieu à des bénéfices mondiaux – serait constatée.
DEUX PISTES Le cadre fiscal international devait donc être revisité pour s’adapter au monde digital. Le coup d’envoi a été lancé en décembre 2017 par le conseil Ecofin (Conseil pour les affaires économiques et financières 1), qui a demandé à la Commission européenne de formuler
Certains États, comme la France et l’Allemagne 2, souhaitent aboutir à une décision unilatérale d’ici au mois de décembre 2018 sur la base de la solution à court terme. Ceci reviendrait cependant à supprimer toute chance de trouver une solution globale et plus appropriée au niveau de l’OCDE. En tout état de cause, l’année 2020 devrait apporter plus de clarté dans ce dossier extrêmement complexe et sensible.
des propositions pour le printemps 2018. En mars 2018, la Commission a adopté deux propositions de directives, une solution à court terme et une autre à long terme. Nous les commentons dans l’article ‘Propositions européennes : urgence ou précipitation ?’ à la p. 14.
FEB
6
1 Le Conseil pour les affaires économiques et financières (Ecofin) est responsable de la politique économique, des questions fiscales, des marchés financiers et des mouvements de capitaux, ainsi que des relations économiques avec les pays qui ne font pas partie de l'UE. Il est composé des ministres de l'Economie et des Finances de tous les États membres. 2 Voir la déclaration conjointe de Meseberg du 19 juin 2018.
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
BUSINESS MODELS NUMÉRIQUES
Comment fonctionne une entreprise numérique ? Il n’existe pas de business model numérique idéal. Des entreprises numériques de toutes tailles et de toutes formes prospèrent. Alors que les revenus des unes proviennent de la publicité, d’autres doivent leurs bénéfices à des services en ligne ou à la livraison de colis. Tous ces acteurs numériques ont un point commun : l’impact des actifs immatériels et de la propriété intellectuelle – et en particulier des logiciels – ne cesse d’augmenter.
M
algré leur diversité, les entreprises numériques partagent une caractéristique commune : elles investissent énormément dans la recherche et le développement
dans le pays d’origine. Remarquons aussi le rôle clé de la propriété intellectuelle dans le modèle de rémunération. Par ailleurs, le succès d’une entreprise numérique dépend d’activités transfrontalières d’envergure (une masse critique qui génère à son tour des effets de réseau accrus) pour lesquelles la collecte de données et la participation de l’utilisateur jouent un rôle central. Certaines entreprises numériques se caractérisent par le fait qu’elles n’ont pas de ‘substance’ ou de point de rattachement fiscal dans un pays. En d’autres termes, elles n’y sont pas présentes physiquement. Ainsi, Facebook n’a pas d’usines de production ou de centres logistiques, mais vit de ses recettes publicitaires mondiales. Les données, transactions et profils des utilisateurs sont enregistrés et vendus à des entreprises tierces.
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1
CINQ BUSINESS MODELS NUMÉRIQUES Le plus connu est le modèle ‘réseaux sociaux’ (Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat …), où l’activité repose sur les recettes publicitaires. En offrant des services gratuits à un grand public et en analysant les recherches de ce public, l’entreprise acquiert des données de profil qu’elle peut utiliser pour envoyer de la publicité ciblée au consommateur. Le véhicule commercial, qui
l’économie collaborative. Elles font appel aux plateformes
possède aussi les actifs immatériels, est généralement établi
en ligne, qui ont surtout pour rôle de rapprocher la demande
dans un pays à faible taxation vers lequel sont transférés tous les
et l’offre. Pour ce rôle, les plateformes reçoivent en règle
revenus. De cette manière, un seul pays bénéficie des recettes
générale une rémunération forfaitaire ou un pourcentage
fiscales sur les bénéfices réalisés dans différents pays.
du coût de la transaction. Quelques exemples connus sont Uber, Airbnb ou l’entreprise de coursiers à vélo
Outre les réseaux sociaux, on distingue quatre autres business
Deliveroo. Dans ces situations, la plateforme touche des
models numériques, comme les entreprises actives dans
commissions et est taxée dans le pays où elle est établie.
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
Le troisième modèle est celui des
(intégrées verticalement) ne se limitent
Plutôt que de se cantonner à
plateformes d’e-commerce dans lequel
pas à la simple vente. Elles gèrent toute la
rechercher des impôts au sens
des entreprises mettent des vendeurs
chaîne de la production jusqu’à la vente, en
étroit du terme, les responsables
et des acheteurs en contact en échange
passant par la distribution. C’est le cas de
politiques doivent s’efforcer
d’une transaction, d’une rémunération
Netflix qui a débuté comme loueur de films
de développer un climat
ou d’une commission ou dans lequel elles
vidéo et est devenu à présent un grand
d’investissement fructueux dans
vendent leur propre stock (on parle alors
producteur de films et autres médias.
lequel un Google, un Facebook ou
du modèle ‘resellers’). Ces entreprises sont
un Spotify belges pourront prospérer.
généralement présentes physiquement
Le dernier modèle est celui du cloud
Voir aussi l’article ‘Une politique
dans le pays d’établissement, par ex. sous
computing. L’entreprise met des logiciels
fiscale forte crée de la prospérité’
la forme d’un centre de distribution. Des
et du matériel à disposition via un réseau.
à la p. 22.
exemples connus sont Alibaba, Zalando
Ce modèle n’est pas problématique
ou Amazon. Ce business model n’est pas
pourvu qu’il s’agisse d’un service usuel.
tout à fait nouveau. Il est le successeur numérique des entreprises de vente par consommateur de choisir et d’acheter
LA BELGIQUE PEUT-ELLE TIRER PARTI DE LA NOUVELLE TENDANCE ?
des produits sur catalogue papier.
La possibilité pour les consommateurs de
correspondance qui permettaient au
bénéficier d’une large offre de vendeurs issus du monde entier entraîne une concurrence accrue, plus d’innovation et un service à la clientèle poussé. Les nouveaux ‘produits émergents’,
La distinction entre les entreprises numériques et les autres s’estompe. Qu’en est-il de la taxation ?
comme les big data, l’internet des objets (IoT), mais aussi l’impression en 3D accélèrent la digitalisation de toutes les composantes de la société. La distinction entre les entreprises numériques et les autres s’estompe. La large diffusion de la digitalisation et la diversité des business models empêchent de concevoir un système fiscal sur mesure pour les entreprises ‘purement’ numériques. Une nouvelle taxation affectant tous les secteurs
Les produits ne sont plus commandés
et toutes les entreprises risquerait de
par la poste, mais en ligne. Si les
limiter la croissance économique, de
produits sont vendus depuis l’étranger,
générer plus d’incertitude et d’accroître
le vendeur doit éventuellement payer
le risque de double imposition.
des droits de douane, des accises et une taxe d’emballage et appliquer
Quel que soit le business model de
le taux de TVA approprié.
l’entreprise et qu’elle soit purement numérique ou pas, la recherche et le
Le quatrième modèle est le modèle
développement – et en particulier les
d’abonnement dans lequel des entreprises
logiciels – sont critiques pour la réussite
offrent certains services ou produits
de l’activité. Les décisions et opérations
électroniques exclusivement en ligne.
stratégiques (concernant la technologie,
Des exemples connus sont Netflix ou
le marketing, le business development,
Spotify. Lorsqu’un consommateur achète
etc.) s’effectuent souvent au siège
ces services, il doit payer la TVA dans le
principal de l’entreprise, de sorte qu’il y
pays de consommation. Les plateformes
a une réelle substance démontrable.
ÉCONOMIE COLLABORATIVE, LA BONNE SOLUTION BELGE Dans l’économie collaborative, les entreprises se concentrent surtout sur l’offre de services entre consommateurs. Le gouvernement belge a introduit un régime fiscal distinct qui permet à des personnes physiques de gagner un revenu complémentaire via des plateformes en ligne reconnues par les pouvoirs publics. Les revenus sont taxés à 10% seulement (20% avec 50% de déduction de frais professionnels) pour autant qu’ils ne dépassent pas 5.100 EUR par an. Les plateformes sont responsables de la perception et du versement de l’impôt. Dans l’intervalle, le parlement fédéral a approuvé un nouveau régime, qui permet de gagner jusqu’à 500 EUR complémentaires par mois sans être taxé. Cela signifie que chacun pourra gagner 6.000 EUR de revenus complémentaires par an, exonérés d’impôt. La différence avec les revenus complémentaires taxés (10%) dans l’économie collaborative est que la nature du travail doit se situer dans le prolongement du travail associatif ou des services entre amis.
FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
COMPLEXITÉ CROISSANTE
Non-sens d’une taxation nationale des entreprises numériques Partout dans le monde, les pays cherchent des solutions performantes pour taxer les revenus des entreprises qui développent une activité numérique substantielle sur leur territoire. Il faut toutefois se demander si ce type de taxation unilatérale et non coordonnée favorise ou compromet la stabilité, la sécurité juridique et l’attractivité pour les entreprises nationales et étrangères.
L
es taxations unilatérales entravent souvent sensiblement les activités transfrontalières des entreprises et en particulier des PME. Il y a plusieurs raisons à cela. Les prélèvements
sont complexes, ils augmentent le risque de double imposition et leurs rapports avec les autres impôts déjà applicables (comme la TVA ou l’impôt des sociétés) ne sont pas clairs. De plus, la relation avec les conventions préventives de la double imposition est pour le moins obscure. Malgré ces multiples questions sans réponses, divers pays continuent à prendre des initiatives. Il en a résulté différents types d’impôts nationaux sur les entreprises numériques. L’objectif de ces taxes spécifiques est de contrer la concurrence déloyale entre les entreprises numériques et les entreprises non numériques. Elles doivent améliorer la compliance de certaines entreprises numériques et garantir des règles du jeu égales pour tous. Les taxations unilatérales se répartissent en gros dans trois catégories : 1. Taxes sur le chiffre d’affaires ; 2. Prélèvements à la source et taxes sur la publicité ; 3. Application alternative de la définition de l’établissement stable. Toutes trois ont pour objectif de protéger et d’étendre la base imposable dans le pays où sont établis les consommateurs/utilisateurs.
TAXES SUR LE CHIFFRE D’AFFAIRES Des exemples connus de taxes sur le chiffre d’affaires sont ‘l‘Equalization levy‘ en Inde et la taxe italienne sur les transactions numériques. Dans ces deux cas, l’entreprise paie un pourcentage du montant brut des services de publicité en ligne à titre d’impôt. La base imposable est donc constituée par la transaction et non par le revenu net généré par cette transaction. En Inde, la taxe sur les transactions ne s’applique qu’entre entreprises et uniquement en cas de dépassement d’un certain seuil annuel. Dès qu’une société sans établissement dans le pays dépasse le seuil de revenus et un certain nombre d’utilisateurs locaux, elle crée une obligation fiscale, quelle que soit sa localisation. FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
entreprises qui appliquent des marges
La Commission européenne veut mettre fin à l’inflation de propositions nationales non coordonnées
différentes et ne tiennent pas compte des coûts supportés. Elles sont perçues en plus des taxes qui sont déjà payées dans le pays d’établissement et/ou dans l’autre pays (par ex. l’impôt des sociétés) et ne sont en principe ni déductibles ni imputables. Elles sont totalement injustes et constituent un impôt disproportionné pour les entreprises
Pour éviter toute complexité en matière de fiscalité internationale, l’Italie et l’Inde ont stipulé que toute disposition venant d’une convention préventive de la double imposition prime. La taxe ne s’applique qu’aux situations qui ne sont pas couvertes par une convention préventive de la double imposition. La France applique la ‘taxe YouTube’. Il s’agit d’une taxe forfaitaire de 2% sur la valeur de certaines transactions spécifiques avec les consommateurs. Tous les types de business models sont visés, que les transactions soient numériques ou physiques. Si l’utilisateur se trouve en France, la localisation du fournisseur n’a pas d’importance et il est obligé de prélever et de verser la taxe. Ces taxes sur le chiffre d’affaires touchent exactement de la même manière des
VERS UNE TAXE SUR L’INTERNET ? La Hongrie a expérimenté pendant un temps une ‘taxe sur l’internet’ basée sur l’utilisation de data du consommateur. La taxe devait être retenue par les opérateurs télécoms, mais elle a finalement été supprimée. Toutefois, cette décision était plus due aux contestations contre l’actuel Premier ministre Orban qu’à l’opposition à la taxe proprement dite. La Commission européenne avait exprimé une opposition de principe à cette taxe sur l’internet et elle l’avait qualifiée d’“idée terrible qui limite la liberté et ne fonctionnera pas” 1. La Commission européenne avait également rejeté la taxation des data, compte tenu de la croissance potentielle de leur volume. FEB
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qui font des pertes ou appliquent des marges extrêmement minces.
PRÉLÈVEMENTS À LA SOURCE ET TAXES SUR LA PUBLICITÉ
STRATÉGIE UE ET OCDE Pour mettre fin à l’inflation de propositions nationales non coordonnées, la Commission européenne fait elle-même des propositions pour introduire des taxes numériques. L’OCDE a également mis ce thème en tête de son agenda. Lisez aussi les articles ‘Propositions européennes : urgence ou précipitation ?’ à la p. 14 et ‘Que veut l’OCDE ? Pas taxer plus, mais mieux !’ à la p. 18.
La deuxième catégorie comprend les prélèvements à la source et les ‘taxes sur
le pays. Une société sans établissement
la publicité’, perçues sous la forme d’un pré-
dans le pays qui offre des services en
lèvement à la source sur certains paiements
ligne aux consommateurs israéliens
(principalement des royalties) effectués à
sera taxée en Israël. Les facteurs qui
des entreprises étrangères. La distinction
étayent cette présence numérique sont
avec une taxe sur le chiffre d’affaires n’est
e.a. la conclusion de contrats en ligne,
pas toujours claire. Ainsi, la taxe hongroise
l’utilisation significative des services de
s’élève à 7,5% pour les contribuables qui
la société et un site internet visant clai-
réalisent un certain chiffre d’affaires en
rement le marché israélien (par ex. en
publicité et elle présente aussi des caracté-
hébreu, appliquant la monnaie locale …).
ristiques d’une taxe sur le chiffre d’affaires. La base imposable est le bénéfice
Le Royaume-Uni applique aussi une sorte
comptable (appelé ‘net sales revenues’).
de ‘taxe Google’ avec sa ‘Diverted Profit Tax’ (DPT). Celle-ci s’applique exclusive-
Le meilleur exemple est la récente décision
ment aux sociétés, sans établissement
du Royaume-Uni de taxer les non-résidents
dans le pays, qui ont conçu une structure
qui n’ont pas d’établissement stable dans le
artificielle pour éviter la constitution d’un
pays. Un exemple. A et B sont des parties
établissement stable. Un seuil de chiffre
liées et A paie un royalty à B pour l’utilisa-
d’affaires a été prévu de sorte que, dans
tion de sa propriété intellectuelle. A, qui
les faits, seules les multinationales qui ont
n’a pas d’établissement stable au R.-U.,
un chiffre d’affaires important sont visées.
utilise cette propriété intellectuelle pour y
Le taux de la DPT (25%) est supérieur au
générer des revenus. Le R.-U. a l’intention
taux normal (19%) de l’impôt des sociétés
de taxer désormais ces royalties en retenant
et a donc pour but d’inciter les multi-
un prélèvement de 20% à la source.
nationales à adapter leurs structures.
Ces prélèvements à la source et ‘taxes
Ce concept de présence numérique est le
sur la publicité’ génèrent autant de
plus proche des propositions de l’UE et de
complexité que les taxes sur le chiffre
l’OCDE concernant l’établissement virtuel
d’affaires et augmentent en outre
stable. Bien que ce concept doive encore
le risque de double imposition.
être peaufiné, cette piste bénéficie déjà d’un large consensus.
PRÉSENCE VIRTUELLE D’autres pays taxent sur la base de la présence numérique. Ainsi, Israël mène un projet pilote pour vérifier quand une entreprise numérique a une présence économique (virtuelle) significative dans
1 https://www.euractiv.com/section/digital/video/ commission-hungary-s-internet-tax-is-a-terribleidea/ 28/10/2014
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
QUE FAIT L’EUROPE ?
Propositions européennes : urgence ou précipitation ? À l’instar de l'OCDE, l'Union européenne lance deux propositions pour taxer l'économie numérique. La solution à long terme (adaptation de l'impôt des sociétés) est privilégiée par rapport à celle à court terme (taxation indirecte sur le chiffre d'affaires). Nous examinons ici les deux.
D
ans le prolongement des travaux de l’OCDE (Organisation
QUELLE(S) TAXE(S) PROPOSE L'UE ?
de coopération et de développement économiques) et du
La Commission a élaboré deux propositions législatives.
G20, et à la demande expresse et impérieuse de plusieurs
grands États1, soutenus par quelques autres États 2, l’Union
PROPOSITION 1 : 'DIGITAL PERMANENT ESTABLISHMENT' (DPE) 4
européenne a décidé en septembre 2017 de reprendre elle-même en main le dossier de la taxation de l’économie numérique et
La première initiative vise à réformer les règles relatives à l’imposition
d’imposer son propre agenda à l’OCDE et au reste du monde.
des sociétés. Cette solution à long terme est privilégiée par la
Dans la foulée, la Commission européenne a publié le même mois
Commission. Elle permettrait aux États membres de taxer les bénéfices
une communication indiquant les principales pistes à explorer.
qui sont réalisés sur leur territoire, même si une entreprise n’y est pas présente physiquement. Les nouvelles règles garantiraient selon la
Le 5 décembre 2017, tout en lui demandant de continuer
Commission que les entreprises en ligne contribuent autant que les
à coopérer étroitement avec l’OCDE, le Conseil Ecofin
entreprises 'physiques' traditionnelles aux finances publiques des
(Conseil pour les Affaires économiques et financières) a
différents pays où elles ont une 'présence numérique significative'.
enjoint à la Commission européenne de lui préparer des
Une entreprise numérique est considérée comme ayant une 'présence
propositions concrètes pour la fin du 1er trimestre 2018, ce
numérique' imposable ou un 'établissement stable virtuel' dans
qui a été fait le 21 mars 2018 3. Ces actions de la Commission
un État membre si elle satisfait à l’un des critères suivants :
sont essentiellement justifiées par les raisons suivantes :
“Les règles internationales en matière d’impôts sur les sociétés ne sont plus adaptées aux réalités de l’économie moderne mondiale et n’englobent pas les modèles d’entreprises pouvant dégager des bénéfices à partir de services numériques dans un pays sans y être présent physiquement. La réglementation fiscale actuelle ne reconnaît pas les nouveaux moyens qui permettent de dégager des bénéfices dans le monde numérique, en particulier le rôle que jouent les utilisateurs dans la production de valeur pour les entreprises numériques. Il existe dès lors une déconnexion – ou une ‘inadéquation’ – entre le lieu où la valeur est créée et celui où elle est imposée.” 1 Allemagne, Espagne, France et Italie. 2 Principalement les pays assurant la président de l'UE, à savoir la Bulgarie, l'Autriche et la Roumanie, ainsi que la Grèce, le Portugal et la Slovénie. 3 Un système d’imposition juste et efficace au sein de l’Union européenne pour le marché unique numérique, COM (2018) 146 final, disponible sur https://ec.europa.eu 4 Disponible sur https://ec.europa.eu FEB
14
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
• elle génère plus de sept millions EUR de produits annuels dans un État membre ; • elle compte plus de 100.000
– au sein de l’OCDE. Cette proposition fait encore l’objet de discussions techniques au sein du Conseil Ecofin (voir la footnote
utilisateurs dans un État membre
1 en p. 6), notamment en ce qui concerne la
au cours d’un exercice fiscal ;
détermination des critères décrits ci-avant,
• plus de 3.000 contrats commerciaux
qui sont surtout adaptés aux grands pays.
La solution à long terme de l'Europe vise à réformer les règles relatives à l’imposition des sociétés
pour des services numériques sont créés entre l'entreprise et les utilisateurs
PROPOSITION 2 : 'DIGITAL
actifs au cours d'un exercice fiscal.
SERVICES TAX' (DST) 5
Les règles d’attribution des bénéfices à
La seconde proposition répond à la
Cette mesure permettrait aussi d’éviter
cet établissement stable virtuel tiendront
demande de plusieurs États membres qui
que des mesures unilatérales soient
compte, par exemple, des bénéfices tirés
insistaient sur une solution européenne.
prises pour taxer les activités numériques
de l’utilisation des données d’utilisateurs
Il s'agit d'une nouvelle taxe provisoire
dans certains États membres, ce qui
(ex : recettes publicitaires), des commissions
portant spécifiquement sur certaines
pourrait entraîner une multiplicité de
tirées de la mise en relation d’utilisateurs
activités numériques qui selon eux
réponses nationales, préjudiciables pour
via une plateforme et des revenus tirés des
échappent complètement au cadre
le marché unique (voir aussi l'article
services numériques (ex : streaming payant).
fiscal actuellement en vigueur.
‘Non-sens d’une taxation nationale
La mesure pourrait, à terme, être intégrée au
des entreprises numériques‘, p. 10).
champ d’application de l’assiette commune
Il s’agit plus précisément d’une taxe indirecte
consolidée pour l’impôt sur les sociétés
qui s’appliquerait aux produits bruts (à savoir
(ACCIS). Cette proposition a la préférence
le chiffre d’affaires) générés par certaines
de la Commission et du Conseil Ecofin.
activités numériques où les utilisateurs jouent
Elle s’inscrit dans la ligne des travaux de
un rôle majeur dans la création de valeur.
LE MONDE DES ENTREPRISES EST TRÈS CRITIQUE À L'ÉGARD DE LA PROPOSITION À COURT TERME ACTUELLE
l’OCDE et, à ce titre, doit surtout être
Les produits qui seraient taxés sont :
La seconde proposition de la
considérée comme un 'input' de l’UE à
• ceux tirés de la vente d'espaces
Commission européenne (la taxe sur
ces travaux. Il y a en effet consensus pour considérer qu’une solution doit avant tout
publicitaires en ligne ; • ceux générés par les activités intermédiaires
les services numériques) été accueillie de manière très contrastée par les États
être recherchée et négociée au niveau
numériques qui permettent aux
membres. Une dizaine d’entre eux ont
global – plutôt que national ou européen
utilisateurs d'interagir avec d'autres
même manifesté une vive opposition,
utilisateurs et qui facilitent la vente
ce qui, en raison de la règle de
de biens et de services entre eux ;
l’unanimité qui prévaut en matière
• ceux tirés de la vente de données
Le lieu où la valeur est créée diffère de celui où elle est imposée
fiscale, hypothèque son utilité
générées à partir des informations
comme solution provisoire et à court
fournies par les utilisateurs.
terme. En effet, quel est l’intérêt d'une solution provisoire si elle est
Les recettes fiscales seraient ainsi perçues
dépassée par celle à long terme ?
par les États membres dans lesquels se trouvent les utilisateurs ('marketplace') et
Le monde des entreprises réagit
la taxe ne s’appliquerait qu’aux entreprises
de manière semblable concernant
dont le chiffre d’affaires annuel total
l'opportunité de cette proposition.
atteint au moins 750 millions EUR au niveau
Par contre, il existe un fort consensus
mondial et 50 millions EUR dans l’UE.
pour considérer que cette taxe n’est pas acceptable en sa forme actuelle
La taxation provisoire générerait
et que de nombreuses adaptations
immédiatement des recettes pour les États
techniques seraient nécessaires pour
membres. Selon les estimations, 5 milliards
qu’elle rencontre effectivement ses
EUR de recettes par an pourraient ainsi être
objectifs et soit opérationnellement
réalisés pour l'ensemble des États membres
applicable.
si la taxe est appliquée à un taux de 3% (à titre de comparaison, l'impôt des sociétés rapporte plus de 18 milliards EUR en Belgique).
5 Disponible sur https://ec.europa.eu FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
QUE VEUT L’OCDE ? pas correctement – les règles existantes
Pas taxer plus, mais mieux !
(voir les articles ‘Comment fonctionne
Taxer les bénéfices des entreprises (numériques) là où la valeur est créée. C’est sur ce fondement que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) élabore ses plans pour une répartition proportionnelle et équitable des recettes fiscales entre les pays partout dans le monde.
numérique imposent de repenser le cadre
une entreprise numérique ?‘, p. 08 et ‘La fiscalité numérique n'est pas (toujours) nouvelle‘, p. 20) et à une absence de level playing field liée à l’inadéquation du cadre fiscal international à la taxation des bénéfices des activités numériques. Les nouveaux business models de l'économie fiscal international, dans un triple objectif : 1. une répartition équilibrée des droits d’imposition entre pays sur les bénéfices des entreprises ; 2. la réalisation d'un level playing field ; 3. la garantie que toutes les entreprises, y compris les entreprises numériques, contribuent de manière équitable au financement des dépenses publiques (infrastructure, enseignement …) dont elles bénéficient dans chaque pays où elles sont actives. Pour les entreprises – qui entendent contribuer de manière constructive et proactive à tous les travaux en cours au niveau de l'OCDE et de la Commission européenne –, il faut donc tout mettre en œuvre pour trouver des solutions au niveau global. À cet égard, elles
existantes, les bénéfices mondiaux ne
s'inscrivent surtout dans la vision de
seront généralement imposés que dans le
l'OCDE. Il est en effet essentiel que
seul État de résidence des entreprises. En
celle-ci ait l'opportunité et le temps
raison de la forte concentration des entre-
nécessaire pour aboutir à une solution
prises numériques dans un nombre très
qui rencontre le plus grand consensus
restreint de pays (USA, Chine …), cela risque
international possible. Des actions
l existe un fort consensus,
I
fortement de priver les autres États du droit
unilatérales des États (voir l'article
aux niveaux tant belge
d’encore prélever un impôt des sociétés sur
‘Non-sens d'une taxation nationale
qu’européen et international,
un nombre grandissant d’activités, ce qui
des entreprises numériques‘, p. 10)
pour considérer que la taxation
aura un impact sur leurs recettes fiscales et
sont à éviter autant que possible.
de l’économie numérique pose
pourrait faire accroître la pression fiscale
un réel problème et qu’il y a
sur les autres entreprises aux activités plus
QUE TAXER, OÙ ET COMMENT ?
urgence à le résoudre.
traditionnelles actives dans ces autres États.
Tout comme l’Union européenne, l’OCDE
Les plans d’action BEPS (Base
de la taxation de l’économie numérique,
Erosion and Profit Shifting)
EVITEZ LES ACTIONS NATIONALES UNILATÉRALES
devaient veiller à ce que les
Cette vision est largement partagée par
question de savoir comment mieux répartir
bénéfices des entreprises
le monde des entreprises. Bon nombre
les recettes fiscales liées à l’imposition
soient effectivement taxés.
d'entre elles sont en effet confrontées
des bénéfices d’une activité digitale
Mais, si l'on y regarde de plus
à des pratiques de concurrence fiscale
globale entre les différents États où cette
près, le problème subsiste que,
déloyale de la part de certaines entreprises
activité est exercée. Pour cela, elle entend
sur la base des règles fiscales
numériques qui ne respectent pas – ou
faire respecter le principe qui sous-tend
a largement pris à bras le corps le dossier
FEB
18
en se concentrant effectivement sur la
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
l’imposition des sociétés, qu’elle avait déjà
Dans son nouveau rapport intérimaire de
élaboré dans son plan d’action BEPS et qui
mars 2018, elle définit plus largement le
est que les bénéfices des sociétés devraient
cheminement qu’elle entend suivre pour
être imposés là où la valeur est créée.
aboutir à une solution globale et supportée par le plus large consensus possible en
Tenant compte des caractéristiques propres
2020. En voici les principales orientations :
à l’économie numérique (voir l’article
• une analyse approfondie de l'impact
‘Comment fonctionne une entreprise
concret des plans d'action BEPS sur
numérique ?‘, p. 08), l’application de ce
l'économie numérique. Elle pourra
principe à des activités numériques qui ne
alors déterminer, sur la base de faits
requièrent aucun établissement physique
et de constats concrets, si et dans
hors du pays d’établissement se révèle
quelle mesure les problèmes de non-
particulièrement ardue. Dès lors, trois
taxation ou de trop faible taxation
questions essentielles doivent être résolues :
(liés à l’évasion fiscale et aux plannings
1. Comment déterminer le lieu d’imposition, à savoir le lieu où la valeur est créée (où
Les entreprises soutiennent la vision de l'OCDE, à savoir une solution à long terme bénéficiant du plus grand consensus
fiscaux agressifs) ont pu être résolus ; • contrairement à l’Europe, l’OCDE ne
En 2019, l’OCDE entend publier un nouveau
taxer) ? S’agit-il du lieu à partir duquel
souhaite pas mettre en place une solution
rapport intérimaire sur l’évolution concrète
l’activité est produite, du lieu où se
intérimaire de court terme qui dérogerait
de ses travaux. Pour élaborer sa solution,
situent les serveurs et où sont détenus
aux principes du droit fiscal international.
l’OCDE pourra certainement s’inspirer
les actifs de propriété intellectuelle, ou
Cela accroîtrait le risque d'un nouvel
de la solution à long terme proposée par
du lieu où sont établis les utilisateurs et
impôt en plus des impôts existants
l'Union européenne. Celle-ci constitue un
consommateurs des biens et services ?
et risquerait de perturber les travaux
premier essai de concrétisation de la piste
visant à adapter de manière appropriée
privilégiée par l’OCDE, à savoir celle de
les différents États où une activité
et proportionnée le cadre fiscal
la création d’un concept 'd’établissement
est exercée (que taxer) en évitant les
international (comme cela a été accompli
stable virtuel' en droit fiscal, concept
doubles (voire multiples) impositions ?
avec succès avec le plan d’action BEPS) ;
qui permettrait de trouver un point de
2. Comment répartir la valeur créée entre
3. Sous quelle forme taxer les bénéfices
• d’ici à 2020, venir avec une solution de
rattachement suffisant pour autoriser une
(comment taxer) ? À l’impôt des sociétés
modification du cadre fiscal international
taxation appropriée des bénéfices nets
et en application des conventions
(adaptation de l’impôt des sociétés et
globaux d’une entreprise numérique.
préventives de la double imposition ?
des conventions fiscales) qui fournira une
Sous la forme d’une nouvelle taxe
réponse adéquate aux trois questions
Il faudra ensuite revoir les règles
indirecte, qui serait basée sur le chiffre
ci-dessus. Cette solution permettra
d’attribution des bénéfices aux
d’affaires réalisé dans chaque pays ?
effectivement de réaliser l'objectif fixé,
activités de cet établissement stable
En combinant différentes techniques ?
à savoir revoir les règles de répartition
virtuel (les prix de transfert). Toutes
entre États du droit d’imposition des
ces modifications pourraient ensuite
Dans le rapport qu’elle avait publié
bénéfices. Précisons qu'il ne s’agit pas
en 2015, l’OCDE avait brièvement
de taxer ‘plus‘ en créant un nouvel impôt
être mises en œuvre au moyen d’une convention multilatérale 1, comme c’est
indiqué quelles étaient les différentes
en sus de l’impôt des sociétés, mais de
déjà le cas avec le plan d’action BEPS.
solutions techniques envisageables.
taxer ‘mieux‘ en répartissant le gâteau de l’impôt des sociétés autrement et de
Rendez-vous en 2020 !
manière plus équitable entre les pays.
1 L'action numéro 15 du plan d'action BEPS proposait un instrument multilatéral pour modifier simultanément toutes les conventions préventives de la double imposition, afin d'empêcher leur utilisation abusive. FEB
19
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
DES SOLUTIONS EXISTENT DÉJÀ
La fiscalité numérique n’est pas (toujours) nouvelle La taxation de l’économie numérique n’est pas un phénomène nouveau. Au niveau international et européen, on œuvre depuis des années déjà à la mise en place d’un level playing field en matière fiscale. Dans ce contexte, on a tenu compte autant que possible des nouveaux paramètres de l’économie numérique. Un récapitulatif.
L
orsque l’Organisation de coopération et de développement
L’intention n’est pas de commenter tous ces points en détail dans ce
économique (OCDE) a présenté ses plans d’action BEPS
REFLECT. C'est la raison pour laquelle nous nous limitons aux points
(Base Erosion and Profit Shifting) en 2015, ce n’est pas par
d'actions qui ont le plus grand impact sur l'économie numérique.
hasard que ‘l’économie numérique’ était le point d’action numéro 1 1.
À l'époque, il a été estimé qu'il n'est pas réaliste d'élaborer une
L’IMPACT DU BEPS SUR L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE
palette de règles (et de taxes) axées exclusivement sur l'économie
L’action 7 des plans BEPS adapte la définition de ‘l’établissement
numérique – le 'ringfencing'. C’est la raison pour laquelle l’OCDE
stable‘. C’est important pour des entreprises comme Amazon, par
a tenu compte dans ses autres points d’action de la problématique
exemple. Autrefois, en effet, les centres de distribution n’étaient pas
globale et, si possible, aussi des défis de l’économie numérique
des établissements stables. Le BEPS fait en sorte que lorsque les centres
pour les systèmes fiscaux des différents pays, dont la Belgique.
logistiques constituent le corebusiness de l’entreprise, ils peuvent constituer un établissement stable. Dans ce cas, il faut attribuer un
Par ce programme d'action, l'OCDE veut lutter
bénéfice à cet établissement stable et le pays
contre l'évasion fiscale, les transferts artificiels
où le centre logistique est établi peut taxer
de bénéfices et la concurrence fiscale déloyale
une partie du bénéfice. D’où l’importance de l’affectation du bénéfice et donc de la
entre États. Elle le fait notamment par les moyens suivants : -
adapter les conventions préventives de la double imposition existantes et supprimer les ‘hybrid mismatches‘ (structures hybrides pouvant donner lieu à la non-imposition d'une partie du bénéfice) ;
-
Les nouvelles règles doivent endiguer la fraude à la TVA en cas de vente à distance dans l’UE
problématique des prix de transfert. En raison des adaptations aux patentboxes (Action 5), la Belgique a dû réformer sa déduction pour brevet. La principale modification concernait l’importance
imposer des règles CFC strictes. Ces règles
de l’existence d’un ‘nexus’. En d’autres
‘Controlled Foreign Company’ doivent éviter
termes, l’OCDE exige qu’il y ait un lien
que des contribuables ne déposent leurs
direct entre les coûts de la recherche
revenus dans des paradis fiscaux via des filiales ;
et du développement et les revenus qui en découlent via un
-
adapter la déduction pour brevet (aussi appelée ‘patent box‘) ;
brevet. De cette manière, des sociétés ‘vides’, sans véritable
-
imposer de nouvelles exigences en matière de documentation
activité de recherche et créées exclusivement pour gérer des
des prix de transfert (transfer pricing ou facturation
brevets, ne peuvent plus bénéficier d’un avantage fiscal.
intra-groupe) ; -
rectifier la définition de l'établissement stable. FEB
20
1 Le magazine FEB-REFLECT ‘BEPS. Profit or Loss?’ a analysé en détail tous les tenants et aboutissants du BEPS (voir http://www.feb.be/publications/REFLECT).
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
L’introduction des règles CFC (Action 3) engage
obligations de TVA. Ainsi, les plateformes en ligne sont responsables de la
la lutte contre les sociétés établies à l’étranger,
perception de la TVA sur les ventes à distance qu'elles facilitent. Toutefois,
mais sans substance locale 2. Comme on l'a déjà
grâce au système du miniguichet unique (MOSS), elles ne doivent plus
expliqué brièvement, cette mesure a pour objectif
s'enregistrer dans chaque État membre où elles vendent des marchandises.
de juguler le transfert artificiel de bénéfices vers des filiales étrangères établies dans des pays à
Pour les start-ups et les PME, les nouvelles règles constituent une
régime fiscal plus favorable. Lorsque
simplification importante. Lorsque
cette filiale est insuffisamment taxée,
les ventes transfrontalières en ligne
une correction peut désormais
d'une entreprise sont inférieures
s'opérer auprès de la société mère. L’OCDE n’est pas seule à prendre des initiatives. L’UE a également pris différentes mesures en matière d’impôts directs et indirects. Ainsi, les mesures BEPS ont été presque toutes transposées dans l’Anti Tax
à 10.000 EUR par an, elle peut
À l'avenir, les entreprises en ligne devront mieux respecter leurs obligations de TVA
continuer à appliquer les règles de TVA de son pays d'origine au lieu des règles du pays de destination. D'autres mesures ont aussi été prises concernant e.a. la collaboration adminis-
Avoidance Directive (ATAD). Ces mesures
trative entre les pays, la fixation correcte
at teindront leur vitesse de croisière
et la perception de la TVA et d'autres
dans toute l’Union européenne au cours
taxes. Les problèmes générés par l'évasion
des prochaines années. Il nous semble
fiscale et l’évitement fiscal sont abordés
inefficace de créer de nouvelles mesures ou taxes avant
en améliorant la perception des taxes dans les différents États membres,
d’évaluer l’impact des mesures BEPS/ATAD existantes.
en renforçant la collaboration transfrontalière entre les services fiscaux et
Celles-ci résolvent en effet déjà de nombreux problèmes.
en appliquant la politique claire de l'UE vis-à-vis des pays tiers dans la lutte contre l'évasion fiscale et l’évitement fiscal. Le meilleur exemple de ce dernier
LE SYSTÈME EUROPÉEN DE TVA EST PRÊT POUR L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE
point est la célèbre liste noire des paradis fiscaux. Si certains s’apitoient sur la
Plus spécifiquement, la Commission européenne a
nable. Elle est la preuve que de nombreux paradis fiscaux se sont engagés à
déjà pris de nombreuses initiatives concernant
corriger radicalement leur politique fiscale et à la rendre plus transparente.
brièveté de cette liste, il faut au contraire se réjouir qu’elle ne soit pas intermi-
l’e-commerce 3. Les mesures entreront en vigueur en deux phases à partir de 2019 et 2021. Ainsi, les règles de TVA ont été simplifiées dans la mesure du
L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE BELGE TAXÉE DE MANIÈRE TRANSPARENTE
possible, e.a. par l’extension du système du mini-
Outre l’OCDE et l’Europe, les pays, dont la Belgique, agissent aussi à
guichet unique (MOSS). Grâce à ce mécanisme,
leur niveau. Le système belge pour l’économie collaborative (lire l’article :
une entreprise non européenne peut vendre ses
‘Comment fonctionne une entreprise numérique ?’ à la p. 08) retient l’atten-
marchandises à des consommateurs européens
tion internationale. En donnant plus de responsabilités aux plateformes en
et faire simplement sa déclaration via un portail
ligne dans la perception et le versement des taxes, l'administration fiscale
unique. Cela permet aussi d’appliquer les taux
est parfaitement informée des montants gagnés dans l'économie collabora-
de TVA corrects – en général, les taux en vigueur
tive. À l’inverse, grâce à la faible pression fiscale, il est souvent attractif de
à l’endroit où se trouve le consommateur.
gagner des revenus complémentaires via une plateforme en ligne. De plus, comme les plateformes retiennent directement les taxes, la gestion adminis-
Par ailleurs, les nouvelles règles mettent fin
trative du système est simple pour les travailleurs. Bref, chacun est gagnant.
à l’exonération de TVA pour les envois d’une valeur de moins de 22 EUR en provenance de
Malgré les nouvelles règles belges, il faut encore sensibiliser les webshops
pays extérieurs à l’UE. Ce système laisse la place
étrangers au nouveau système et attirer leur attention sur leur obligation
à la fraude et a donc été supprimé. De cette
de payer correctement les accises et autres taxes ou redevances.
manière, on a institué un level playing field, quelle que soit la provenance des marchandises. On veille également à la déclaration et à la perception correctes de la TVA pour la livraison de biens ou de services via une plateforme en ligne. À l'avenir, les entreprises en ligne devront mieux respecter leurs
2 La substance d’une entreprise est déterminée par ses fondements économiques (e.a. son personnel et ses actifs) et pas seulement par ses accords juridiques. 3 La directive E-commerce du 28 novembre 2017, www.consilium.europa.eu/ media/31929/st14126en17.pdf FEB
21
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
FINALITÉ DE LA TAXATION
Une politique fiscale forte crée de la prospérité
FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
La taxation ne peut être une fin en soi
L
e cadre fiscal belge prévoit déjà de nombreux incitants visant à faciliter et stimuler la digitalisation de l'économie.
La préférence va à une solution fiscale permettant au nouvel entrepreneuriat numérique de se développer sans nuire à une concurrence loyale avec l'économie ‘classique‘. Car il est essentiel de stimuler l'innovation numérique. Dans l'article ‘Comment fonctionne une entreprise numérique ?‘ à la p. 08, vous lirez que le siège principal des entreprises numériques constitue l'axe autour duquel s’articule le cadre fiscal. Le siège assure la recherche et le développement (en particulier en matière de logiciels) et détient souvent la propriété intellectuelle. Le management général y prend les décisions, et toutes sortes de services de soutien, depuis le marketing jusqu'aux achats, y sont centralisés. La taxation ne peut jamais être une fin en soi. Une politique fiscale efficace doit avoir pour objectif d’attirer en Belgique les sièges des entreprises numériques et autres, et de faire en sorte qu'ils y restent. Une autre priorité est de créer en parallèle
Une taxe n’est jamais la meilleure solution. Peu importe qu'elle s'applique uniquement à l'économie numérique, qu’elle ne vise que la publicité en ligne ou qu'elle ait un impact sur l'économie dans son ensemble. Une nouvelle taxe fait toujours des perdants. Un cadre fiscal doit poser les jalons adéquats en vue d’une taxation correcte et d’un level playing field clair. Mais il doit surtout tendre vers un climat entrepreneurial et créatif qui fasse des entreprises nationales des gagnantes de l’envergure de Google, Facebook ou Spotify. Ainsi obtiendra-t-on une politique fiscale forte, offrant à notre économie toutes ses chances à l'ère numérique et générant plus de croissance économique et de prospérité.
un climat favorisant le succès des entreprises nationales.
UN CADRE FISCAL ATTRACTIF Un cadre fiscal attractif peut être créé de différentes manières. Nous énumérons ci-dessous une série d'atouts existants concrets – dont certains aspects pourraient encore être améliorés. • Notre pays dispose d'un cadre général attractif pour les entreprises en Belgique, et devrait à terme encore viser une baisse du taux nominal de l'impôt des sociétés de 25% à 20% pour toutes les entreprises. • Les sièges d'entreprises étrangères ne s'intéresseront à notre pays que si les coûts salariaux sont compétitifs et qu'il existe un régime attractif pour les cadres ou les chercheurs étrangers. Grâce au savoir étranger, la Belgique pourrait se positionner comme un pôle d'attraction international pour les talents. Notre pays offre plusieurs incitants fiscaux spécifiques pour la R&D (et notamment les logiciels) : -
la déduction pour revenus d'innovation. Dans le cadre des plans d’action BEPS (Base Erosion and Profit Shifting), la Belgique a dû réformer la déduction pour revenus de brevets. Elle a introduit une déduction pour revenus d’innovation, dont le champ d’application a été étendu aux médicaments orphelins, aux droits d'obtention végétale et, plus important, aux logiciels. FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
-
-
le crédit d'impôt ou la déduction pour investissement
Comment pouvons-nous, par exemple, utiliser les
en R&D. Le pourcentage du crédit d'impôt s'élève
nouvelles technologies pour réduire les coûts de
actuellement (2018) à 13,5%. Il est relativement faible en
compliance des entreprises ? L'administration fiscale belge
comparaison avec d'autres pays. Il convient d'examiner
doit continuer à tendre vers un environnement numérique
l'opportunité d’augmenter ce pourcentage.
permettant d’alléger les charges administratives, en
la déduction pour investissements numériques. Toute
particulier en ce qui concerne les impôts indirects.
PME ou entreprise unipersonnelle qui investit dans des systèmes de paiement et de facturation numériques, des dispositifs de sécurisation TIC ou des interfaces de paiement numérique et de cybersécurité peut bénéficier d’une déduction pour investissements numériques de 13,5%. Les investissements dans l’e-commerce et le développement de logiciels entrent également en ligne de compte. -
la dispense de versement du précompte professionnel pour les chercheurs. Le coût salarial pour les chercheurs diminue
1 Le bénéficiaire de ‘stock options’ (options sur actions) a le droit d'acheter durant une période déterminée des actions à un prix déterminé. Il s'agit d'un moyen avantageux de récompenser les travailleurs et d'accroître leur implication dans l'entreprise.
grâce à une dispense partielle de versement de 80% du précompte professionnel à retenir sur les rémunérations des chercheurs. Une application spécifique de cette mesure
AGENDA NUMÉRIQUE 2.0
consiste en la dispense pour les ‘Young Innovative Companies’ (YIC). Celles-ci doivent toutefois répondre à des conditions
La digitalisation a un impact important sur notre
particulières.
économie et notre société, et celui-ci ne fera qu'augmenter. Dans son Agenda numérique 2.0,
• Le gouvernement travaille aussi à une dispense spécifique de
la Fédération des entreprises de Belgique (FEB)
versement du précompte professionnel pour les entreprises
dresse un état des lieux et formule une série de
actives dans l'e-commerce. Il espère ainsi trouver une réponse
recommandations en vue de mieux faire. “L'image
au handicap salarial que connaît toujours la Belgique pour le
globale de notre infrastructure digitale est positive,
travail en équipe et de nuit jusqu'à 24h.
mais la marge de progression est encore grande”,
• Réduction de charges pour les start-ups et entreprises à fort potentiel de croissance. Les investissements effectués par les
affirme Edward Roosens, Chief Economist de la FEB. Les cinq principales recommandations sont :
particuliers dans les start-ups ou entreprises à fort potentiel de croissance sont partiellement déductibles à l'impôt des personnes physiques. Les conditions parfois strictes de cette mesure peuvent être assouplies. • Plans de ‘stock options’ 1. Les jeunes entreprises ne disposant souvent pas de capitaux suffisants pour récompenser leurs collaborateurs prometteurs de manière compétitive, un système attractif en matière de plans de ‘stock options‘ est essentiel. • Exonération des plus-values. L’exonération des plus-values sur actions est et reste essentielle à un climat favorable aux entreprises. • Facilitation du financement via le crowdfunding, la pricaf privée,
1. Numériser toutes les interactions entre les pouvoirs publics et les entreprises à l’horizon 2025. 2. Développer un climat législatif et fiscal de nature à soutenir l'économie numérique. 3. Permettre de déroger aux horaires classiques, facilement et sans procédures ou surcoûts excessifs. 4. Créer, à l'instar du Royaume-Uni, un conseil fédéral unique qui analysera et stimulera l’impact et les opportunités de l’IA (intelligence artificielle) de manière ambitieuse, mais responsable. 5. Inciter les jeunes à opter pour les
le capital à risque. Les entreprises débutantes et en croissance
orientations STIM (Sciences, Technologies,
rencontrent surtout des problèmes de financement. Notre pays
Ingénierie et Mathématiques).
dispose de différents leviers pour les soutenir. Un fonds public qui investit dans les fonds de private equity a par exemple été créé.
Selon l’étude ‘Digitizing Europe’ du Boston
Ce fonds vise à stimuler le secteur belge du capital à risque, tout
Consulting Group, le PIB de la Belgique pourrait
en évitant que les entreprises en croissance quittent la Belgique
croître d’environ 12% si l’Europe évolue vers un
à la recherche de moyens de croissance.
marché unique du numérique. Cela suppose que la Belgique mise elle aussi pleinement sur
Le cadre fiscal en place est relativement attractif. Mais cela ne doit pas
les opportunités digitales qui se présentent.
empêcher les pouvoirs publics de profiter de chaque occasion pour simplifier les charges administratives pesant sur les entreprises.
Pour plus d'information, ‘l'Agenda numérique 2.0‘ est disponible sur www.feb.be/publication.
FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
INTERVIEW DENIS GEERS, CEO DE GRAPHIUS GROEP
"Le papier reprend ses droits" L’équilibre se rétablit entre les textes imprimés et en ligne et les indicateurs économiques sont au vert. Ces facteurs sont encourageants pour le secteur graphique, qui sort d’une spirale négative, mais a encore beaucoup de chats à fouetter. ‘Employer branding’ et handicap salarial figurent parmi les priorités de Denis Geers, nouveau président de Febelgra, la Fédération belge des industries graphiques, depuis mars 2018. Son objectif ? “Que les gens soient à nouveau fiers de travailler dans le secteur graphique.” Ces dernières années, Graphius a repris 14 entreprises au sein de son segment ? Denis Geers: “Seules les fusions-acquisitions permettent de croître durablement dans notre secteur. Le marché poursuit sa consolidation. Il est à noter que sur le marché belge de l’imprimerie, les propriétaires sexagénaires ne trouvent en général pas de successeurs dans leurs propres rangs. Ils ont en effet envoyé leurs enfants vers d’autres horizons en raison du manque de perspectives. Et ils ont eu raison. Bon nombre de petites et moyennes imprimeries ne sont pas à même d’offrir les vastes services exigés par les clients modernes en termes de production intégrée. Les marges sont en outre fortement comprimées et il faut pouvoir produire de grands volumes en continu pour compenser cette baisse de bénéfices, obtenir du pouvoir d’achat chez les fournisseurs et pouvoir investir dans des infrastructures et technologies performantes.” La fin des imprimeries est-elle imminente ? “Au fond, les techniques d’imprimerie et graphiques n’ont pas changé, mais la technologie qui sous-tend les processus a fondamentalement évolué pour devenir une chaîne numérique depuis la préparation des commandes jusqu’au transport. L’imprimeur moderne travaille dans une chaîne verticale intégrée. Le temps de la presse tournant en solo est définitivement révolu.
FEB
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Grâce à l’apprentissage en alternance, nos entreprises peuvent devenir les nouveaux ateliers pratiques
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
Toute l’organisation entourant cette chaîne est trop
L’apprentissage en alternance
lourde, requiert trop de savoir-faire et d’investisse-
n’offre-t-il pas de perspectives ?
ments pour les petits acteurs qui, dès lors, deviennent
“Si, mais une CCT du début des années ‘90
moins compétitifs parce que la productivité des
sur les contrats d’apprentissage a rendu
nouvelles presses est jusqu’à trois fois supérieure.”
l’apprentissage en alternance impayable. Il semblerait à présent que cette CCT soit
Les acquisitions vous permettent de
dépassée par une jurisprudence supérieure.
décrocher des parts de marché ?
Nous demandons dès lors que l’article en
“Le rachat d’un portefeuille de clients est une motiva-
question soit abrogé, afin que l’apprentis-
tion, mais le fait d’hériter de profils ayant des connais-
sage en alternance puisse être introduit
sances techniques est plus important encore. Il est
aux mêmes conditions salariales que dans
en effet très difficile aujourd’hui d’attirer des jeunes
d’autres secteurs tels que la construction.
désireux de travailler dans notre niche durant – de
Cette forme d’apprentissage profite d’ailleurs
préférence – toute leur carrière. Le métier d’imprimeur
aussi aux écoles. Les presses et machines sur
est une profession stable qui connaît et admet peu
lesquelles les jeunes apprennent le métier
d’évolution. Il faut maîtriser et comprendre le métier
ne sont plus utilisées dans la profession
pour l’exercer correctement. Même s’il est à présent
depuis 20 ans, donnant ainsi aux élèves –
digitalisé, un imprimeur ou un finisseur est bien plus
et à leurs parents – une image surannée du
qu’un simple opérateur chargé de faire fonction-
secteur. Les écoles n’ont pas les moyens
ner une machine. Le secteur atteint actuellement le
d’investir dans ces nouvelles technolo-
sommet de la courbe d’automatisation, y compris en
gies, qui évoluent rapidement et, grâce
termes d’industrialisation, et beaucoup de ‘mains’
au modèle dual, nos entreprises peuvent
sont toujours nécessaires dans l’impression de haute
devenir les nouveaux ateliers pratiques.”
qualité, par exemple pour la reliure finale d’un livre ou d’une brochure faisant appel à de nombreuses techniques et possibilités de finition différentes.”
LA FIN DE LA TENDANCE NÉGATIVE
Imprimeur, un métier en pénurie ?
“L’impression proprement dite ne
“Oui, plus que jamais. Même à Gand, une ville entourée
permet plus de faire la différence”,
d’écoles de graphisme, les futurs graphistes et impri-
indiquez-vous sur votre site internet.
meurs sont davantage attirés par d’autres entreprises.
Qu’est-ce qui permet de la faire alors ?
Notre secteur ne bénéficie pas d’une image positive.
“Nous nous différencions dans toutes les
Tout le monde pense que le secteur graphique est
phases qui précèdent et qui suivent l’impres-
amené à disparaître. Nous ne sommes pas comme les
sion effective : les systèmes de webshop,
mines de charbon, mais c’est l’idée répandue. Les parents
le prépresse, la finition, la distribution le
ne souhaitent pas que leurs enfants travaillent dans
mailing et l’entreposage. Il y a quinze ans,
une imprimerie. Mon objectif est que les gens soient à
le patron d’une imprimerie consacrait 80%
nouveau fiers de travailler dans le secteur graphique, afin
de son temps à l’impression proprement
que nous ayons un afflux de jeunes pour faire face à la
dite, aujourd’hui, ce n’est plus que 15%.”
menace du vieillissement. Dans l’intervalle, nous investissons beaucoup d’énergie dans les formations internes et dans la promotion de notre entreprise dans les écoles.”
FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
Vous concurrencez des entreprises comme Vistaprints ?
regain d’enthousiasme. Cela se traduit aussi dans les
“Nous avons lancé cette année une nouvelle plateforme d’impres-
investissements du secteur. Pour la deuxième année
sion en ligne ‘reïnvented by Graphius’ consacrée au
consécutive, il investira plus de 100 millions EUR.”
travail d’impression premium au sens large du terme.
L’Europe de l’Est est la nouvelle Asie
L’objectif est d’offrir en ligne tous les processus de
Pourquoi l’industrie belge de l’impression a-t-elle
commande traditionnels. Nous intégrons également
tellement tardé à sauter dans le train de l’e-commerce ?
nos applications existantes dans une plateforme
“Quasi aucune imprimerie internet du calibre de
dédiée pour pouvoir répondre aux exigences per-
Vistaprint ne provient du secteur graphique. Ce sont
sonnelles et aux demandes complexes de chaque
toutes des nouvelles entreprises qui ont débuté à
client distinct. Autrement dit, nous standardi-
l’état embryonnaire, qui faisaient souvent appel à une
sons tous les processus beaucoup plus finement
imprimerie comme sous-traitant et qui ont eu l’audace
que Vistaprint et nous pouvons les adapter de
d’investir beaucoup dans l’économie de plateforme.
manière très flexible aux besoins personnels variables.”
Cette stratégie est fondamentalement différente de l’approche d’une entreprise familiale qui fonctionne
La numérisation va plus loin que votre corebusiness ?
déjà depuis quelques générations et qui est restée
“Tous les services de supports – achats et finance, RH, legal &
trop longtemps dans l’expectative parce qu’elle se
compliance, … sont aussi dans le bain. Mais il y a d’autres enjeux.
méfiait de ce nouveau marché numérique qu’elle
Trois phénomènes ont redessiné le secteur au cours de la décennie
comprenait mal. De plus, les investissements néces-
écoulée. On pensait que la numérisation ferait disparaître le papier
saires étaient très élevés et le résultat, particulièrement
et compromettrait l’importance du secteur. Il y a aussi eu la crise
incertain, ce qui explique en partie ces hésitations.”
économique et financière. Et, troisièmement, des imprimeries internet issues surtout des Pays-Bas et d’Allemagne ont détourné
Comment Graphius voit-elle le marché asiatique ?
une partie du marché. L’industrie graphique belge a perdu beaucoup
“Initialement, nous avions peur, mais à tort. L’Europe
de parts de marché au profit de ces pays et nos imprimeurs ont
de l’Est constitue aujourd’hui la grande menace et est
dû se réorienter dans des niches spécifiques. En 2005, Graphius
la nouvelle Asie. Jusqu’il y a quelques années, notre
réalisait encore 75% de son chiffre d’affaires avec des magazines.
productivité accrue grâce à des machines de qualité
Aujourd’hui, l’entreprise fait 85 à 90% d’impression premium,
supérieure constituait un avantage concurrentiel suffisant
une niche sur laquelle les acteurs internet ont peu de prise.”
face aux imprimeurs des pays à bas salaires. Mais, ceux-ci investissent désormais aussi dans des machines très
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La disparition du papier s’est-elle interrompue ?
productives. L’Asie constitue-t-elle une opportunité de
“L’équilibre se rétablit entre les textes imprimés et en ligne et
marché ? Non, car les risques logistiques et de com-
les indicateurs économiques sont au vert. La plupart des entre-
munication sont trop élevés. Un travail d’impression
prises graphiques envisagent donc l’avenir avec confiance. Mais
premium, comme un catalogue de mode ou de musée,
cela n’exclut pas des consolidations futures. Nous arrivons à la
nécessite souvent une étude préalable complexe. Des
fin d’une tendance négative. Le papier reprend ses droits, fût-ce
clients français ou américains viennent souvent dans nos
sous une forme légèrement différente. Ce qu’on imprime encore
imprimeries à Gand pour surveiller le réglage final des
sur papier aujourd’hui est souvent beaucoup plus beau et mieux
couleurs. Je ne vois pas ces clients prendre l’avion pour
fini. On ne fait plus des tirages gigantesques, mais je constate un
la Chine et retour. Mais il ne faut jamais dire jamais.”
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
VERS UN SECTEUR GRAPHIQUE ZÉRO IMPACT ?
vous assurer que tout notre papier est soit recyclé, soit issu de coupes
L’une de vos priorités en tant que nouveau président de Febelgra
de bois écoresponsables. Nous
est de renforcer la compétitivité du secteur en résorbant le
utilisons des encres biologiques à
handicap salarial…
base d’huiles végétales ; les produits
“Notre handicap salarial actuel – après correction par le taxshift –
chimiques sont l’exception. De plus,
par rapport aux pays voisins dépasse 10% et il est encore plus
la consommation et la perte de
élevé par rapport aux pays d’Europe de l’Est. Graphius voit
matières premières ont diminué
partir des commandes d’impression de plus en plus volumi-
de manière spectaculaire grâce à
neuses vers la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie … L’écart se
la nouvelle technologie. Autrefois,
réduit, mais il existe toujours. En tant que CEO de Graphius,
on perdait 800 feuilles par matrice pour arriver à
j’ai déjà envisagé de racheter une imprimerie en Europe de
la couleur ; aujourd’hui, il n’en faut plus que 150.”
L’impression numérique n’impliquera pas la fin du travail manuel
l’Est pour réaliser des travaux d’impression ‘simples’, mais le principe me choque. Tant que je pourrai maintenir le travail en
L’impression numérique est-elle une solution
Belgique, je le ferai même si ça devient plus difficile. J’espère
pour réaliser un ‘impact zéro’ ?
ne pas y être contraint à l’avenir et j’espère pouvoir réduire
“Aujourd’hui, l’impression numérique n’est rentable que
encore l’écart salarial grâce à une automatisation accrue. Toute
pour les petits tirages. La prochaine étape sera l’impres-
aide des pouvoirs publics à cet égard est la bienvenue.”
sion par jets d’encre. Les premiers tests et essais sont en cours chez les fabricants. Cela permettra de réaliser
Vous êtes aussi favorable à l’allongement de la carrière
de gros tirages avec une bonne qualité dès la première
notamment en raison du manque de jeunes professionnels ?
feuille et une impression variable pour chaque exem-
“C’est exact, mais je constate aussi qu’il n’est pas simple de
plaire. Mais l’impression industrielle par jets d’encre ne
motiver les plus de 55 ans à se familiariser avec de nouvelles
viendra pas avant sept à huit ans. Sera-ce la fin du travail
technologies. Cela exige beaucoup d’énergie mentale de
manuel ? Pas du tout, il faudra toujours des mains spécia-
s’adapter lorsque la fin de la carrière est brusquement reportée
lisées pour la finition. Dans la pratique, certains processus
de quelques années. L’horizon et donc la capacité d’adapta-
ne seront pas automatisés parce que ce ne serait pas
tion sont totalement différents chez les quadragénaires.”
rentable pour un tirage moyen de 2.000 exemplaires, avec des formats et des types d’impressions différents.”
Lors du rachat de la société française PPO Graphic début 2018, la durabilité a constitué un facteur de décision important. Celle-ci
Quels sont les principaux obstacles aux
est-elle destinée à devenir un différentiateur important ?
ambitions (de croissance) de votre groupe ?
“À ma connaissance, Graphius est la seule imprimerie en Belgique
“Nous ne sommes pas dans un marché en croissance. Seules
qui publie un rapport sur la durabilité. Or, le grand public a le
les fusions-acquisitions permettent de croître durablement.
sentiment que les imprimeries sont une activité non respectueuse
Une croissance organique au sein de la clientèle existante
de l’environnement, responsable d’un déboisement massif. Notre
est impossible étant donné que les volumes augmentent à
groupe traite chaque année 19.000 tonnes de papier et je peux
peine ou pas du tout. Heureusement, la baisse des dernières
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
années stagne. Le principal obstacle à notre croissance par fusions-acquisitions est la politique d’autorisations.
LE GROUPE GRAPHIUS EN QUELQUES POINTS
Ainsi, j’essaie depuis 12 ans d’agrandir nos installations sur nos propres terrains à Gand. Ce n’est qu’aujourd’hui
organes de concertation formels. On n’a pas les
Activité : imprimerie feuilles – impression et traitement de feuilles de papier Niches : livres, catalogues et magazines (impression de cahiers), packaging (boîtes, encarts, …) ‘wet glued labels’ (étiquettes de bouteille …) et bandes dessinées Sites : 4 – Gand (HQ), Beersel, Nazareth et Paris/Palaiseau pour un total de 14 imprimeries. Collaborateurs (2018) : 380 Marchés : Belgique (45%), France (30%), Pays-Bas (15%), Royaume-Uni (5%), USA et Allemagne (quelques %)
moyens d’attirer les talents nécessaires pour mener
Chiffre d’affaires (consolidé 2017): 76 millions EUR
que la lumière apparaît au bout du tunnel. Je pense que les services d’urbanisme se concentrent trop sur la lettre de la loi plutôt que sur son esprit.” La concertation sociale stimule-t-elle ou freine-t-elle les ambitions de croissance de Graphius ? “Mon expérience m’apprend qu’une entreprise de 50 collaborateurs est trop petite pour imposer des
la concertation à ce niveau ou organiser des élections sociales. Ce furent des années difficiles. Les choses n’ont changé que lorsque nous avons approché des 100 collaborateurs. Aujourd’hui, la concertation dans l’entreprise est fluide, ciblée et constructive. Et ce dans un système de trois équipes tant à l’imprimerie – pour des raisons d’utilisation maximale de la capacité – qu’à la finition (la reliure). C’est une situation exceptionnelle dans le secteur, mais elle nous permet, dans un espace limité, de créer une bonne circulation, de déplacer de gros volumes et de garantir des délais courts. Cette troisième équipe nous offre une zone tampon.” Les coûts salariaux restent un
Le monde politique ne se préoccupe pas (encore) du secteur graphique
point délicat dans le secteur ? “C’est un point sur lequel notre secteur a peu d’impact, sauf pour quelques petits mécanismes, comme la prime de nuit. Les imprimeries veulent utiliser au maximum leur capacité de
production. Ce n’est possible qu’avec du travail de nuit, mais celui-ci est très coûteux. Ainsi, la prime de nuit dans notre secteur (82%) est beaucoup plus élevée qu’aux Pays-Bas (47-48%) ou dans d’autres secteurs belges. C’est une aberration historique, mais les syndicats se cramponnent à ce droit ‘acquis’. Pour ma part, je préconise de tirer une ligne entre le passé et le futur et de soumettre les nouveaux collaborateurs à un nouveau régime afin de revenir dans une moyenne européenne raisonnable d’ici à 20 ans. Cette intervention est nécessaire si notre secteur veut pouvoir sortir de l’impasse actuelle des coûts salariaux. Soyons clairs, les gens ne doivent pas gagner moins en net. Mais malgré le taxshift et d’autres mesures, le coût brut reste sensiblement plus élevé que dans les pays voisins.” Pour conclure, vous voulez que Febelgra influence de nouveau (davantage) la politique ? “Il faut que nous devenions une organisation coupole. En tant que fédération sectorielle, nous n’avons aucun impact aujourd’hui. Si nous demandons une réunion dans n’importe quel cabinet ministériel, il faut des mois avant que nous soyons entendus. Le monde politique ne se préoccupe pas du secteur graphique. Febelgra représente à peine 10.000 travailleurs. Je pense que nous devons nous transformer en organisation coupole représentant au moins 30.000 travailleurs. Les discussions sont en cours. Si nous voulons nous imposer au monde extérieur, nous devons grandir. Nous devons convaincre toutes les entreprises actives dans le secteur graphique de devenir membres de la fédération. Febelgra doit s’adapter à la diversité et à la fragmentation du secteur. On y trouve de grands acteurs industriels occupant 500 collaborateurs, mais aussi des graphistes indépendants sans personnel. Le défi pour l’avenir est de construire une organisation qui offre une vraie plus-value aux grandes entreprises comme aux indépendants.”
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Š SPW-DPVNI
2018 Š SPW - DPVNI
Voies navigables et intermodalitĂŠ en Wallonie : le choix logistique ĂŠconomique et ĂŠcologique
Š SPW-DPVNI
Comment intĂŠgrer  le transport fluvial  dans votre logistique ? Â
Š CBR
Quelles sont les primes  en Wallonie ?Â
Wallonie, port intÊrieur d’Europe - Le film ! https://www.youtube.com/user/DPVNIWallonie Service public de Wallonie Direction gÊnÊrale �MobilitÊ et Voies hydrauliques� DÊpartement de la StratÊgie de la MobilitÊ
DPVNI
Direction de la Promotion des Voies Navigables et de l’IntermodalitÊ
3VF 'PSHFVS t # -JĂ’HF 5Ă?M 'BY dpvni@spw.wallonie.be http://voies-hydrauliques.wallonie.be
Contactez nous !
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
THEMES
DIVERSITÉ EN ENTREPRISE
PRIX DU CARBONE
Une priorité pour les employeurs
Un prix du CO2 est possible à certaines conditions
T p. 34
AGENDA NUMÉRIQUE 2.0 « Nous ne pouvons nous reposer sur nos lauriers » T p. 36
COMMERCE INTERNATIONAL Vers une (dés)escalade ? T p. 37
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T p. 38
DROIT DE L’ENTREPRISE Nouvelle notion d’entreprise – Trois choses à retenir T p. 39
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
CHER LECTEUR Le magazine REFLECT que nous vous présentons ici prend – pour vous – le pouls de l’actualité. Dans chaque numéro, il donne un aperçu de thèmes importants que nos experts gèrent, négocient et suivent de près, dans les domaines économique, social, juridique et fiscal. Vous trouverez donc dans les pages qui suivent une sélection de dossiers actuellement traités par nos experts pour défendre au mieux les intérêts des fédérations membres et de leurs entreprises affiliées, et ce aux niveaux tant fédéral qu’européen et international. Pour chaque thème, nous vous décrivons l’état d’avancement du dossier, la position de la FEB et les prochaines étapes. Une manière de vous offrir une vision à 360° sur des dossiers qui peuvent avoir un impact important sur vos activités. Vous trouverez une vue d’ensemble de tous les dossiers et thèmes suivis par nos experts sur www.feb.be (domaines d’action).
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FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
DIVERSITÉ EN ENTREPRISE
Une priorité pour les employeurs
L
a diversité sur le lieu de travail reste
diversité au quotidien. Leurs sites web respec-
un défi. Certains groupes – les
tifs présentent l’ensemble de ces témoignages,
femmes, les personnes qui réintègrent
venus de toutes les régions du pays, et couvrant
le marché du travail, les personnes âgées ou
une large palette d’entreprises, pour informer,
handicapées, les personnes d'origine
sensibiliser et – surtout ! – inspirer un large
étrangère – éprouvent encore toujours des
public, en particulier les employeurs. Lors de
difficultés à décrocher un job. Sur un marché
phases ultérieures, elles miseront sur le déve-
du travail en croissance, où l'on dénombrait
loppement d'expertise (notamment avec un
plus de 140.000 postes vacants au premier
toolbox répertoriant les sites web spécialisés,
trimestre de 2018, il est essentiel de faire
les outils, les coordonnées d’experts). Dans cet
appel à TOUTE la main-d’œuvre disponible.
objectif, il importe que les organisations patro-
Les pénuries sont l'occasion idéale pour
nales soient impliquées dans le contrôle et la re-
ancrer davantage ces groupes à risque au
cherche en matière de diversité. C’est donc aus-
sein du marché du travail !
si pour ça qu’elles ont renforcé leur engagement
Les pénuries sont l'occasion idéale pour ancrer davantage les groupes à risque au sein du marché du travail
et leur collaboration avec les institutions liées Persuadées que la discrimination, sous aucune
à la diversité, telles qu’Unia et l’Institut pour
forme, n’a sa place sur le lieu de travail, les
l’égalité des femmes et des hommes. Ce qui
organisations patronales ont lancé, en juillet
doit résulter en une vraie fécondation croisée.
2017, la première phase d’un plan interprofessionnel pour favoriser plus de diversité. Et ce,
Enfin, les organisations patronales
pour démontrer aux entreprises les retombées
ambitionnent de mettre en place un point de
positives d’une bonne politique de diversité.
contact unique. Ce ‘single point of contact’ patronal est une première : jusqu’ici les
Cela dit, notre pays n’a pas non plus à rougir
entreprises n’ont, dans les faits, pas d’instance
en matière de diversité. L'écart salarial entre
à qui s’adresser pour obtenir des conseils en
les femmes et les hommes se situe parmi
toute confidentialité. Il aura, entre autres, pour
les plus bas d'Europe. Le taux d’emploi des
mission de développer un site web ‘diversité'
travailleurs âgés, qui s’élevait encore à
commun, de garantir la continuité des actions
34,4% il y a 10 ans, atteignait 46,5%
de sensibilisation des entreprises, d’offrir un
en moyenne sur la première
soutien aux entreprises (consultance, FAQ …),
Monica De Jonghe
moitié de 2017. Beaucoup
de continuer à développer des outils destinés
Directeur général à partir du 1er octobre 2018
dans leur stratégie une
aux entreprises ou à diffuser les mesures existantes (quick scan, codes de conduite, clauses
Centre de compétence Emploi
politique de diversité forte.
de non-discrimination, offres de formation ...).
& Sécurité sociale
d’entreprises ont déjà intégré
On ne part donc pas d’une page blanche, mais on peut certes faire mieux encore.
mjo@vbo-feb.be Bref, avec leur plan d'action, la FEB, UNIZO, VOKA, l’UCM, l’UWE, Unisoc, BECI et AGROFront entendent convaincre les entre-
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Contact
Recherche sur feb.be
Dans le cadre de cette
prises d'élargir leur politique de recrutement
première phase, les organisations patronales ont déjà
et les encourager à inviter aux entretiens d'embauche également des demandeurs
“Diversité” Ce que nous faisons / Campagnes
rassemblé bon nombre
d'emploi issus d’autres horizons ou de réseaux
/ Plan d’action diversité des organi-
de ‘bonnes pratiques’,
moins connus, car c'est – pour ces derniers –
sations d’employeurs
d’expériences positives
le premier pas vers le travail et – pour les em-
d’entreprises qui vivent la
ployeurs – une nouvelle source de talents.
Launch 08 NOV
INNOVATION ACROSS BORDERS
NOUVELLES SESSIONS STRATÉGIQUES ! Grâce à ‘Innovation across Borders’, la FEB ambitionne de faire tomber ou de surmonter les barrières à l’innovation entre les entreprises, les secteurs, les instituts de recherche et les régions.
COMMENT ? Au moyen de sessions stratégiques consacrées à l’innovation autour de six grands défis sociétaux. Le LANCEMENT de cette nouvelle série de sessions aura lieu le JEUDI 8 NOVEMBRE. Débat avec les agences régionales d’innovation • • •
BART CANDAELE – VLAIO JEAN-PIERRE DI BARTOLOMEO – Sowalfin (tbc) KATRIEN MONDT - Innoviris
2020
2017
L’orateur invité JOHAN NORBERG (inspirateur d’innovation suédois) y partagera son regard optimiste sur le présent et le passé et le rôle indéniable qu’y a joué l’innovation. Scannez le code QR pour un aperçu de ses idées. OÙ ? FEB À BRUXELLES – 16h00-18h00 + cocktail de réseautage INSCRIPTIONS + INFOS PRATIQUES ? WWW.VBO.BE/EVENTS INFO ? events@vbo-feb.be
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
AGENDA NUMÉRIQUE 2.0
« Nous ne pouvons nous reposer sur nos lauriers »
L
a digitalisation a déjà un impact
Il est essentiel que tant les pouvoirs
important sur notre économie et
publics que le secteur privé consentent
la société, et celui-ci ne fera qu'aug-
d’importants efforts dans ce sens.
menter au cours des prochaines années. S’il est synonyme de défis, il offre aussi de
Le gouvernement a déjà réalisé certaines
grandes opportunités. Pour les exploiter
recommandations que nous formulions
de manière optimale, il importe que tous
dans notre Agenda numérique de 2015. Je
les acteurs (pouvoirs publics, entreprises
songe notamment à la possibilité d’utiliser
et citoyens) ne se focalisent pas sur les
des applications eID mobiles telles que
menaces possibles, mais s’attellent active-
Itsme, au fait que les pouvoirs flamands
ment à la digitalisation et optent résolument
et fédéraux puissent recevoir des factures
pour les opportunités qu’elle offre. Dans
électroniques, à la digitalisation de
sa vision ‘Agenda numérique 2.0’, la FEB
l’attestation de soins et de la vignette de
identifie trois grands éléments qui font que
mutuelle, à la base de données unique
la Belgique peut pleinement profiter des
pour la situation de travail des étrangers.
La digitalisation offre des opportunités extraordinaires pour nos entreprises. Il est essentiel qu’elles les saisissent
avantages économiques de la digitalisation. Il reste néanmoins beaucoup à faire pour nu1. Il faut tout d’abord un écosystème stimulant mériser davantage les pouvoirs publics tant en pour l’économie numérique. Il est néces-
interne que dans leurs communications avec
saire pour permettre aux pouvoirs publics,
des tiers. Il est donc positif que le ministre de
aux entreprises et aux citoyens d'exploiter
l’Agenda numérique Alexander De Croo ait
de manière optimale les opportunités tech-
élaboré un plan stratégique pour la digita-
nologiques qui se présentent. Cela suppose lisation des pouvoirs publics, dont l’objectif une infrastructure de télécommunications
global consiste à permettre la digitalisation de
bien développée, une offre performante
toutes les communications entre les pouvoirs
d'e-instruments (identification électronique, publics et les entreprises d’ici à 2020. Cette signature électronique, …), une bonne
ambition est pleinement soutenue par la FEB.
politique de cybersécurité et de protection
Contact
des données, une population disposant
Enfin, il est bien sûr ûr essentiel
des compétences numériques nécessaires
que les entreprisess
et, enfin, un climat d'entreprise motivant.
adoptent la digitalisation : lisation :
Edward Roosens Edwar
la transformation numé-
Chief Eco Economist & Executive Manager
de l’intelligence artificielle et de la
rique est fondamentale ntale
Centre de compétence Économie
blockchain. En effet, ces 2 technologies
pour leur compétitivité tivité
Conjoncture & Conjonc
offrent d’innombrables possibilités
et leur croissance future,
er@vbo-feb.be er@vbo-f
transversales pour l’innovation et
et ce quel que soitt
l’amélioration de la qualité de produits
le secteur. Si les
et services développés en Belgique.
entreprises belgess
3. Enfin, ces nouvelles technologies et ce
font une utilisation n
2. Il faut veiller à ne pas passer à côté
Recherche sur feb.be
cadre favorable doivent être activement
relativement
“Digital agenda 2.0”
transposés dans des nouveaux biens et
intense des technoo-
“Digital plan”
services qui conquièrent de nouveaux marchés et dans des processus de production
logies numériquess
plus efficaces. Il s’agit donc de réaliser un
peuvent se reposer er
output, une productivité plus élevés.
sur leurs lauriers !
FEB
36
modernes, elles ne e
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
COMMERCE INTERNATIONAL
Vers une (dés)escalade ? Au vu de l’intensité de la relation commerciale transatlantique, la FEB voit dans les pourparlers USA/UE un pas encourageant vers une potentielle ‘désescalade’
L
’avenir de la croissance européenne
tout en œuvrant à une redynamisation de
et mondiale reste pour partie
l’Organisation mondiale du commerce. Au
suspendu aux risques de guerres
vu de l’intensité de la relation commerciale
commerciales. Et le premier semestre fut
et d’investissement transatlantique, la FEB
marqué par une accumulation d’annonces
estime qu’il s’agit là d’un premier pas encou-
laissant craindre pareille escalade,
rageant vers une potentielle ‘désescalade’.
notamment entre les USA et nombre de ses partenaires à travers le monde. Cependant,
Mais tout n’est pas résolu pour autant …
divers signes encourageants en faveur du
L’annonce de pourparlers UE/USA doit
libre-échange ont récemment été constatés.
encore être suivie de décisions concrètes. Car, bien qu’elles fassent partie des sujets
Le CETA (Traité commercial Union euro-
à traiter, les surtaxes sur l'acier et l'alu-
péenne/Canada) est en cours de ratification
minium européens restent d’application.
dans l’UE. La Chambre l’a ratifié en juillet
L’expérience a démontré que la recherche
dernier et le Parlement flamand l’a fait
d’un accord commercial équilibré requiert
quelques semaines plus tôt. De plus, l’UE et le
du temps. Et seul un résultat gagnant-
Japon ont signé à la mi-juillet un vaste accord
gagnant sera acceptable pour la FEB.
de libre-échange dont l’entrée en vigueur
Contact
courant 2019 devrait ouvrir de nouveaux
D’autres dossiers épineux risquent d’entra-
débouchés pour nos entreprises exporta-
ver lourdement les échanges commerciaux.
trices. Par ailleurs, l’UE est engagée dans de
Songeons notamment à la guerre commer-
multiples autres négociations commerciales,
ciale que se livrent actuellement les USA
dont tout récemment avec l’Australie et la
et la Chine (et à leurs possibles répercus-
Nouvelle-Zélande. Ces développements
sions directes ou indirectes en Europe), à
positifs constituent autant de messages
la recrudescence d’entraves au commerce,
de soutien au concept de ‘rules-based free
voire de pratiques déloyales ou protec-
and fair trade‘, cher à la FEB vu l’impor-
tionnistes (y compris dans plusieurs pays
tance des exportations et des importa-
membres du G20, dont la Chine) ou aux
tions pour notre économie ouverte.
d’un éventuel conséquences néfastes néfa ‘no-deal‘ dans le dossier scénario ‘no-de
Olivier Joris
Par ailleurs, après des mois de tensions
Brexit (synonyme (synonym de multiples
Executive Manager
marqués par l’introduction, par les
complications tarifaires, régle-
Centre de compétence Europe
États-Unis, de surtaxes sur l’acier
mentaires ou douanières).
& International
et l’aluminium européen, suivie uivie de
oj@vbo-feb.be
contre-mesures tarifaires côté ôté UE, et par des menaces américaines aines
Tous ces dossiers seront do suivis de près par
quant aux importations de voitures
la F FEB dans les
européennes, les présidentss
semaines et mois sem
Trump et Juncker se sont mis is
à la lumière à venir, v
“Ceta”
d’accord le 25 juillet sur un
des priorités de
“Rencontre Trump-Juncker”
agenda commercial. L’UE ett les
offensives et of
“Accord historique de libre-échange
USA vont entamer des pourr-
défensives de dé
entre le Japon et l'Union européenne”
parlers destinés à fluidifier le
nos no entreprises.
Recherche sur feb.be
commerce des biens industriels triels et des services, notamment, t, FEB
37
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
PRIX DU CARBONE
Un prix du CO2 est possible à certaines conditions
A
u cours de l'année écoulée, le Service Changement climatique a, à la demande de la ministre
3. Dans la mesure où les revenus proviennent du prix du CO2, ils doivent être investis de manière utile dans la transition
Marie-Christine Marghem, organisé un
énergétique, par exemple la rénovation
débat national sur le prix du carbone
en profondeur de bâtiments ou les
dans les secteurs non-ETS. La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) soutient
infrastructures de mobilité. 4. Le prix du carbone doit suivre une
l’instauration d’un prix carbone, mais à
trajectoire claire et prédéterminée, afin
certaines conditions.
que tous les acteurs puissent s'y préparer.
La FEB avait déjà présenté sa vision énergie
dans le cadre de contrôles budgétaires
pour la Belgique l'an dernier, sous la forme
ne sont pas acceptables. En revanche, la
d'un document englobant les différents
situation suisse, où la trajectoire est liée
Des augmentations ad hoc du prix du CO2
aspects de la transition énergétique, à
à la réalisation ou non de l'objectif CO2,
l'inclusion de l'instauration d'un prix CO2.
constitue un exemple intéressant.
Pour la FEB, cette tarification doit se faire
5. Communiquer très clairement sur le
dans le respect de certaines règles :
comment et le pourquoi du prix du CO2,
1. Travailler sur des alternatives - pour pouvoir
y compris sur l'affectation des revenus,
réduire ou éviter les émissions de CO2 -
sera essentiel pour avoir le soutien des
est aussi important que le prix du CO2 en
citoyens et des entreprises. Par ailleurs,
lui-même. Le gouvernement a d'importants
une évaluation régulière s’impose.
La FEB croit en la nécessité d'une révision globale et budgétairement neutre de l'ensemble de la fiscalité relative à l'énergie et à la mobilité, dont le prix du CO2 n'est qu'une composante
leviers dans ce domaine. Dans le cas du transport, il s'agirait, par exemple,
Le débat national mené au cours de
d'investissements dans les transports
l'année écoulée a en tous cas le mérite
publics, de multimodalité, d'infrastructures
d'avoir impliqué étroitement toutes les
cyclables, ... Pour les bâtiments, le
parties prenantes et d'avoir généré une
gouvernement doit principalement
étude approfondie de la situation. La FEB
fournir un cadre réglementaire approprié
analysera le rapport final et publiera une
et rendre ses propres bâtiments âtiments performants en termes d'énergie. 2. La compétitivité des entreprises treprises concernées ne peut être e
position détaillée, pour poursuivre dialogue sur cette ensuite le dialo base. Enfin, la FEB croit en la
Contact
nécessité d'u d'une révision globale
compromise, afin d'éviter er que
et budgétaire budgétairement neutre de
Pieterjan Debergh
si les les émissions, mais aussi
l'ensemble de la fiscalité relative
Centre de compétence
placent vers investissements, se déplacent
à l'énergie et à la mobilité, dont le prix du d CO2 n'est qu'une
Développement durable
d'autres pays ('fuite de carbone' ou s'). On 'fuite d'investissements').
composante. com
& Mobilité pjd@vbo-feb.be
dre peut dès lors comprendre que l'accent soit mis surr les bâtiments et les
Recherche sur feb.be
transports, mais il ne faut pas perdre de vue l'aspect compétitivité (par ex. transport de marchandises). FEB
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“Prix CO2”
FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
DROIT DE L’ENTREPRISE
Nouvelle notion d’entreprise – Trois choses à retenir La notion de commerçant, introduite par Napoléon, est supprimée après plus de 200 ans !
L
e parlement a donné récemment le
libérale, ainsi que les associations et les
feu vert à une importante réforme
fondations. Tous sont désormais des
du droit de l’entreprise. Après la
entreprises ! Une évolution déjà perceptible
modernisation approfondie du droit de
sur le terrain depuis longtemps. Cette
l’insolvabilité, il s’agit du deuxième volet
extension entraîne un certain nombre de
du programme de réforme du ministre de
changements en matière d’inscription et
la Justice. Le big bang du droit des sociétés,
d’enregistrement à la Banque-Carrefour
prévu pour cet automne, constituera la clé de
des Entreprises (BCE). Ainsi, à l'avenir, les
voûte de cette ambitieuse révision de notre
ASBL devront s'inscrire activement à la BCE
droit économique.
via le guichet d'entreprise. Cette obligation ne sera pas immédiatement d'application
Que devez-vous savoir de la récente réforme ?
et elle est liée à la réforme approfondie et
Trois choses à retenir.
à la digitalisation de la BCE, annoncées par le gouvernement. Certaines obligations
Premièrement, la réforme introduit une
comptables et la législation sur l'insolvabilité
nouvelle définition juridique de la notion
leur seront désormais aussi appliquées.
d’entreprise. La notion de commerçant, introduite par Napoléon, est supprimée
Enfin, le tribunal de commerce devient
après plus de 200 ans ! Elle ne correspondait
le tribunal de l'entreprise. Ce dernier est
en effet plus à la réalité économique.
le lieu par excellence où les entreprises
De plus, elle donnait lieu à des discussions
pourront faire trancher leurs litiges. On
dans la pratique. Pour savoir si on a affaire à
met fin ainsi aux discussions interminables
une 'entreprise' au sens juridique du terme,
sur la désignation du tribunal compétent.
on examine désormais des critères purement
Le tribunal de l'entreprise est constitué de
formels. C'en est fini des discussions
juges professionnels et non professionnels.
interminables sur la nature et la fréquence
Des personnes exerçant des professions
des activités économiques de l'organisation.
libérales ou représentant le secteur associatif
La nouvelle notion d'entreprise offre plus
peuvent désormais siéger comme juge non
d'uniformité et de cohérence.
Contact
Erik Peetermans
Les pays voisins ont également adopté de longue date une notion
De nombreuses adaptations de la réforme
d’entreprise plus moderne.
sont relativement techniques. Il est toutefois important que le paysage juridique belge
Centre de compétence Droit & Entreprise ep@vbo-feb.be
Deuxièmement, la
“Droit de l’entreprise”
continue à suivre l'évolution. Le monde de
nouvelle définition
l'entreprise est constamment en mouvement
de l'entreprise
et il a complètement changé depuis l'époque
est sensiblement
de Napoléon. Il est positif que notre droit
plus étendue.
Recherche sur feb.be
professionnel au tribunal de l'entreprise qui allie ainsi expertise et connaissance du terrain.
Elle englobe les
suive ce mouvement afin de continuer à
commerçants,
répondre aux réalités et aux besoins des entreprises du 21e siècle. La plupart des
les artisans,
adaptations entreront en vigueur à partir
les personnes
de novembre 2018.
exerçant une profession FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
JURISPRUDENCE SOCIALE
UNE SÉLECTION DES DÉCISIONS LES PLUS INTÉRESSANTES – PUBLIÉES ET NON PUBLIÉES – DE NOS COURS ET TRIBUNAUX DU TRAVAIL RUPTURE DU CONTRAT DE TRAVAIL Égalité de traitement et non-discrimination – handicap Peut constituer une discrimination fondée sur le handicap, le fait de rompre le contrat d’un travailleur présentant une atteinte physique, séquelles d’un accident du travail, constituant une limitation de longue durée à sa pleine participation à la vie professionnelle. Cette discrimination prend la forme, tout d’abord, d’un refus d’aménagement raisonnable sans que l’employeur ne démontre que ceux-ci auraient impliqué des charges disproportionnées. Elle constitue également une discrimination directe fondée sur le handicap, faute de démontrer l’existence d’exigences professionnelles essentielles et déterminantes. Cour du travail de Bruxelles, 23 octobre 2017, JTT, 2018, 91.
LICENCIEMENT • Motif grave – décidé par une autorité administrative – audition préalable L’employeur public a l’obligation d’entendre préalablement le travailleur, le principe de l’audition préalable n’étant pas incompatible avec un licenciement pour motif grave. Le principe «audi alteram partem» impose que le travailleur soit entendu, mais également qu’il ait connaissance de ce qui lui est reproché et qu’il puisse être assisté du défenseur de son choix. Le préjudice subi par le travailleur en raison de la résiliation de son contrat de bail due à la fin du contrat de travail est sans rapport avec celui qu’indemnise l’indemnité compensatoire de préavis. Cette dernière est destinée à réparer forfaitairement le dommage matériel et le dommage moral liés à la perte de l’emploi, et non le coût résultant de frais nécessités par le départ du lieu de résidence à l’étranger. Cour du travail de Bruxelles, 5 décembre 2017, JTT, 2018, 101. • Motif grave – preuve – rapport de détective Ni un détective, ni un huissier de justice ne peuvent effectuer à partir de la voie publique des observations et constats concernant des personnes se trouvant sur un terrain privé. L’apport de pareille preuve est en contradiction avec la loi sur le traitement de données privées, laquelle prévoit explicitement que les personnes faisant l’objet d’un traitement de données doivent en être informées préalablement au plus tard au moment du traitement des données. La prise de connaissance par un travailleur d’un motif grave ne peut être basée sur un rapport de détective qui est illicite. Le rapport de détective n’a pas en soi une valeur juridique particulière, pas plus qu’une certaine valeur probante. Des rapports de détective ne constituent pas en soi un début de preuve par écrit, et ne pourraient être qualifiés de déclarations de témoins. L’exercice d’une autre activité par un travailleur au cours d’une période d’incapacité ne mène pas forcément au constat qu’il s’agit d’un comportement qui pourrait ou devrait d’office être qualifié de motif grave. Cour du travail d’Anvers (division Hasselt), 19 juillet 2017, R.G. 2017/AH/120, www.juridat.be.
FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
PREUVE
• Licenciement pour motif grave – délai – procédure pénale
Système de géolocalisation – jurisprudence Antigone
Est tardif le licenciement pour motif grave intervenu au moment
La preuve issue de la géolocalisation d’un véhicule ne répond à
où le jugement pénal est coulé en force de chose jugée, lorsque
aucune disposition spécifique qui serait contenue dans le code
l’employeur a déjà obtenu préalablement une connaissance
judiciaire, dans une loi, dans toute autre norme législative ou dans
suffisante et certaine des faits par les aveux du travailleur au
une convention collective de travail. La loi du 8 décembre 1992
moment de son audition par l’employeur. La présomption
relative à la protection de la vie privée à l’égard des traitements de
d’innocence ne s’oppose pas à ce que le licenciement pour motif
données à caractère personnel trouve à s’appliquer. La sanction
grave intervienne avant qu’un jugement pénal coulé en force de
d’une irrégularité est l’écartement de la pièce produite en justice.
chose jugée ne soit intervenu. Cette règle de droit non écrite est,
La jurisprudence Antigone ne s’applique pas en matière civile
au demeurant, une norme hiérarchique inférieure à l’article 35 de
relevant de l’ordre privé telle la matière du contrat de travail.
la loi du 3 juillet 1978 qui constitue, quant à lui, une disposition
Cour du travail de Liège, 8 novembre 2017, R.G. 2016/AL/772,
impérative en faveur des deux contractants en ce qu’il impose
www.juridat.be.
le respect du double délai de 3 jours. Cour du Travail de Mons, 21 novembre 2017, JTT, 2018, 130.
CONTRAT DE TRAVAIL • Motif grave – activité concurrente
TRAVAILLEUR PROTÉGÉ
Tout acte de concurrence posé par un travailleur salarié pendant
Motif grave – non-mise à la cause de l’organisation
le cours du contrat de travail est considéré comme déloyal.
interprofessionnelle
L’interdiction de concurrence par le travailleur salarié n’est donc
L’employeur doit informer l’organisation syndicale qui a présenté le
pas limitée aux actes de concurrence déloyale au sens du droit
travailleur protégé de ce qu’il envisage de licencier l’intéressé pour
commercial. Il est purement et simplement interdit au travailleur
motif grave. Il doit s’agir de l’organisation interprofessionnelle et
de faire concurrence à son employeur, que ce soit par des actes
non d’une centrale. En l’absence d’une des parties devant être mise
de concurrence déloyale au sens du droit commercial, ou par de
à la cause, l’action est irrecevable. Le régime des nullités prévu par
simples actes de concurrence qui auraient été jugés licites s’ils
les articles 860 et 861 du Code Judiciaire ne trouve pas à s’appliquer.
avaient été posés par un tiers ou p par l’ancien travailleur après la p
Cour du travail de Mons, 20 octobre 2017, JTT, 2018, 118.
fin du contrat de travail. En revanche, la préparation d’une activité concurrente destinée inée à être exercée après la fin du contrat de travail est admise, pour autant que l’activité concurrente ne soit pas entamée.
RÉMUNÉRATION VARIAB VARIABLE Conditions d’octroi – pouvoir pouvoi discrétionnaire de l’employeur – limite
Cour du travail de Bruxelles, lles, 13 décembre 2017,
Les clauses qui font que l’em l’employeur peut par l’exercice de
JTT, 2018, 117.
son pouvoir discrétionnaire décider de façon arbitraire si le travailleur a droit ou non à un u bonus peuvent ne pas être ou
nce – référé • Clause de non-concurrence Le président du tribunal du travail siégeant en référé
ne pas être entièrement appl appliquées par le juge. Ce contrôle du juge repose sur l’effet modérateur m de la bonne foi.
ence, compétent est, compte tenu de l’urgence,
Cour du trav travail de Bruxelles,
nte à un pour interdire sous astreinte
2017, JTT, 2018, 202. 3 octobre 20
ce qui a représentant de commerce démissionné de violer la clause de non-concurrence qu’il a valablement alablement e que la clause souscrite. La circonstance oie une de non-concurrence prévoie indemnité supérieure aux x trois mois e la loi relative prévus par l’article 104 de
Contact
aux contrats de travail ne la rend pas nulle. Dans une telle hypothèse, othèse, le juge u maximum doit réduire l’indemnité au légal. Président Tribunal du travail vail du Hainaut (division Mouscron), 22 janvier anvier 2018, JTT, 2018, 122.
Antoine Vanden Abeele Avocat associé Taquet, Clesse & Van Eeckhoutte a.vandenabeele@bellaw.eu www.bellaw.be
FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
La FEB entreprend
Plus d’info : www.feb.be/domaines-daction/la-feb-entreprend
BRUSSELS INTERNATIONAL BUSINESS COURT Création de la Brussels International Business Court (BIBC). La FEB et Larcier Group ont organisé une matinée d’étude à l’hôtel de ville de Bruxelles. Philippe Lambrecht, administrateur-secrétaire général, en présence du ministre de la Justice Koen Geens.
MISSION ÉCONOMIQUE ARGENTINE ET URUGUAY
ALEXANDER DE CROO AU COMITÉ STRATÉGIQUE
Du 25 au 29 juin, plus de 130 CEO
Invité du comité stratégique de la FEB,
belges, conduits par la Princesse
Alexander De Croo reçoit des mains du
Astrid, sont partis en mission
président, Bernard Gilliot, la nouvelle édition
économique en Argentine et en
de l’Agenda numérique rédigé par la FEB
Uruguay. La FEB était du voyage et
et ses fédérations membres.
a organisé plusieurs activités pour donner la parole aux entrepreneurs belges à l’étranger.
FEB
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
HERMAN VAN ROMPUY SCHOLARSHIP
RENCONTRE EURODÉPUTÉS - FEDÉRATIONS SECTORIELLES
Le lundi 9 juillet, la FEB a remis pour la quatrième fois la 'Herman
19e édition de la rencontre annuelle entre la FEB, ses fédérations
Van Rompuy Scholarship'. Cette bourse d'études donne à un jeune
sectorielles et les membres belges du Parlement européen.
Belge l'opportunité d'étudier pendant un an au Collège d'Europe
La dernière organisée sous l’actuelle législature du Parlement,
à Bruges. Elle a été attribuée à Mathieu Alderson.
avant les élections européennes de mai 2019.
PETIT-DÉJEUNER EN PRÉSENCE DE S.M. LE ROI Le 6 juin 2018, la FEB a eu l'honneur d'accueillir S.M. le Roi pour une discussion sur les différentes
© Belga, © Triptyque
évolutions en cours dans le domaine de l'énergie et leurs implications pour la Belgique.
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FEB REFLECT | D’UNE DÉPRESSION FISCALE VERS UN BIEN-ÊTRE NUMÉRIQUE
AGENDA FEB
Plus d’info : www.feb.be/events
JUSQUE FIN NOVEMBRE 2018 FEB-SD WORX SOCIAL ACADEMY
8 NOVEMBRE 2018 ‘INNOVATION ACROSS BORDERS’ NOUVELLES SESSIONS STRATÉGIQUES !
29 NOVEMBRE 2018 GDPR – 6 MOIS PLUS TARD La nouvelle législation européenne relative à la vie privée, le GDPR, est entrée en vigueur le 25 mai dernier. Voici un premier bilan
Cette nouvelle initiative de la FEB a pour
six mois plus tard : qu’est-ce qui a changé
objectif de faire tomber ou de surmonter les
dans la pratique ? Quelles sont les nouvelles
Mettre en place un dialogue social
barrières à l’innovation entre les entreprises,
évolutions au niveau de la doctrine et de la
constructif et un meilleur climat social au sein
les secteurs, les instituts de recherche et les
jurisprudence ? Nous donnons notamment
de votre entreprise, tel est l’objectif de la
régions. En effet, l’innovation ne s’arrête pas
la parole au secrétaire d’État à la protection
‘social academy’.
aux frontières d’une entreprise, d’un secteur,
de la vie privée, Philippe De Backer, et
d’une région ou d’une administration.
espérons pouvoir accueillir aussi la nouvelle
Session 3 – Jeudi 25 octobre 2018 (19h00 – 21h00)
Jeudi 8 novembre 2018
Votre ‘couche flexible’ est-elle stratégique ?
Autorité de protection des données, qui doit encore être désignée. Jeudi 29 novembre 2018
Session de clôture – mardi 27 novembre 2018
LIEU : FEB, BRUXELLES
LIEU : FEB, BRUXELLES
LIEU : FEB, BRUXELLES
INFO : www.socialacademy.be
INFO : www.feb.be
INFO : www.feb.be
df@vbo-feb.be, T 02 515 07 77
df@vbo-feb.be, T 02 515 07 77
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Rue Ravenstein 4, 1000 Bruxelles Tél. 02 515 08 11 info@vbo-feb.be - www.feb.be
REFLECT - PUBLICATION TRIMESTRIELLE DE LA FÉDÉRATION DES ENTREPRISES DE BELGIQUE RÉDACTION Jean Baeten, Wesley De Visscher, Johan Van Praet AVEC LA COLLABORATION D' Edward Roosens RÉDACTION DES THÈMES Monica De Jonghe, Edward Roosens, Olivier Joris, Pieterjan Debergh, Erik Peetermans SECRÉTARIAT DE RÉDACTION Hilde De Brandt, Anne Michiels TRADUCTION Service traduction FEB RESPONSABLE DES PUBLICATIONS Stefan Maes MISE EN PAGE Landmarks PHOTOGRAPHIE Toon Coussement, Jean-Jacques De Neyer (Triptyque), Belga ILLUSTRATIONS Peter Willems (Vec-star) IMPRESSION Graphius ÉDITEUR RESPONSABLE Stefan Maes, Rue Ravenstein 4, 1000 Bruxelles RÉGIE PUBLICITAIRE ADeMar, Graaf de Fienneslaan 21, 2650 Edegem (Antwerpen) Contact : Nele Brauers, Tél. 03 448 07 57, nele.brauers@ademaronline.com DATE DE PUBLICATION septembre 2018 REFLECT is ook verkrijgbaar in het Nederlands. REFLECT peut être lu en ligne sur www.feb.be > Publications > REFLECT ISBN : 9789075495416
FEB
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Dépôt légal : D/0140/2018/6
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