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Big bird, le dirigeable inspecteur

Big Bird réinvente le ballon dirigeable

Il a le surnom d’un rapace qui voit tout. Harfang, le ballon dirigeable inventé par les étudiants ingénieurs de l’UTT, intéresse Enedis pour inspecter ses lignes électriques…

Je suis passionné par tout ce qui vole et par l’environnement. J’ai essayé de conjuguer les deux en faisant un produit volant » explique le Lyonnais Théo Hoenen. L’étudiant ingénieur de l’Université de Technologie de Troyes (UTT) planche dès le départ sur un engin à hydrogène. « Avec l’hydrogène, résume Théo, on peut stocker 120 fois plus d’énergie par kilo qu’avec une batterie. Le souci, c’est que l’hydrogène est très léger et prend beaucoup de volume. Il faut le compresser ou le liquéfier, ce qui induit des réservoirs lourds et chers. On a finalement abouti sur un projet de ballon à hydrogène. C’est un concept que l’on a fait valider par des enseignants-chercheurs de Troyes et Belfort. Les usages du ballon dirigeable sont potentiellement infinis ».

Moins cher et moins polluant

Dénommée Big Bird (Gros Oiseau), sa petite start-up s’est vite retrouvée dans l’incubateur des étudiants entrepreneurs (le YEC) avant de grandir au sein de l’incubateur de la Technopole de l’Aube. « L’incubateur The Family nous accompagne également, précise Théo. Mais notre première levée de fonds est restée infructueuse et les défis techniques sont élevés. On essaye de finaliser le prototype qui sera dédié à l’inspection d’infrastructures. Enedis est intéressé par notre produit et on devrait faire pour eux une démonstration de vol en fin d’année ». Si le géant français de l’électricité s’intéresse de près à ce ballon made in Troyes, c’est pour de sérieuses raisons : « pour inspecter ses 1,3 million de kilomètres de lignes électriques, Enedis utilise des hélicoptères. C’est très cher et très polluant. Avec notre ballon, cela serait trois fois moins cher et infiniment plus propre », précise Théo Hoenen. Le jeune étudiant qui développe le projet avec deux camarades de l’UTT, Martin Bocken et Margaux Hardelin, souhaite faire grandir son projet outre-Atlantique. « Dans le cadre de mes études, je pars en janvier à l’Université de Berkeley au cœur de la Silicon Valley. J’espère accélérer sur la mise au point technique et la levée de fonds ».

Théo Hoenen, ici entouré de Martin Bocken et Margaux Hardelin, espère améliorer son ballon dirigeable lors de son séjour à la prestiogieuse Université Berkeley au cœur de la Silicon Valley

Thierry Péchinot

Peuplier : l’heure du remembrement a sonné

Le fractionnement du parcellaire est un des principaux freins à l’exploitation des peupliers de l’Aube. Ce n’est pas le seul mais les acteurs aubois ont pris le dossier en main.

la fi n de l’année 2021, le président du Département de l’Aube a relancé un dossier brûlant : celui du remembrement d’une partie de la vallée de la Seine. Cette zone, où le foncier forestier est très morcelé, s’étend « de Saint-Mesmin jusqu’à Châtres, Maizières-la-GrandeParoisse ». Avec un sourire, Philippe Pichery admet bien connaître la zone : c’est le territoire où il a été élu conseiller départemental. « L’étude environnementale est complexe, continue-t-il, ça prend du temps mais le jeu en vaut la chandelle ». Les propriétaires espèrent bien que la diminution du fractionnement de leur parcellaire permettra une meilleure exploitation de leurs bois. Mais, d’un autre côté, tous ont en tête l’interminable dossier du remembrement de la vallée de l’Aube. Un douloureux souvenir, pour certains, et une quinzaine d’années passées à redécouper un parcellaire qui avait souffert de la tempête du millénaire. Mais il faut y aller. Parce qu’aujourd’hui, « on a un énorme problème sur le peuplier », note l’expert forestier Christophe Baudot. Et il pose ce problème de façon « simple, peut-être caricaturale » : il n’y en a pas pour tout le monde. Ou, plutôt, il n’y en aura pas pour tout le monde, une fois que tous les outils industriels locaux seront en fonctionnement.

ÀLe plus important, c’est Garnica. L’usine, sur le parc du Grand Troyes, déroulera jusqu’à 250 000 mètres cubes de peuplier à plein régime. Bois déroulés de Champagne, à Marigny-le-Châtel, a besoin de 50 000 mètres cubes. À Épernay, l’usine Leroy consomme également 50 000 mètres cubes. Pour Brugère, à Châtillon-sur-Seine, c’est 20 000. Et tout cela, c’est sans compter les Italiens, qui achètent, bon an, mal an, 150 000 mètres cubes et les transportent de l’autre côté des Alpes. Ce sont d’ailleurs ces acheteurs italiens qui ont maintenu le marché après 1999. Bref, « quand Garnica sera en vitesse de croisière, il faudra 500 000 mètres cubes », conclut Christophe Baudot.

Le bois et le diamant

Pour l’instant, il n’y a pas la ressource. La peupleraie du Grand Est couvre 21 000 à 33 000 hectares. L’Aube (5 500 ha) et la Marne (9 200 ha), ensemble, sont capables de fournir 40 000 à 50 000 mètres cubes, « un dixième des besoins »… L’ex-région Champagne-Ardenne fournit, en moyenne, 100 000 mètres cubes par an, depuis dix ans. Mais les industriels ne se limitent pas à deux départements, explique calmement Pierre Dhorne, directeur de Garnica à Troyes.

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