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Le champagne met les voiles

Raphaël Piconnet dans sa vigne du Val du Clos. Le vigneron exploite 8 hectares avec son épouse Harmah.

La nouvelle vague du champagne met les voiles

À Neuville-sur-Seine, le domaine de Bichery, exploité par Hannah et Raphaël Piconnet, fait partie des quelques élus qui exportent leurs cuvées aux États-Unis à bord du voilier Grain de sail.

La nouvelle vague champenoise a sorti la grand-voile. Le domaine de Bichery, à Neuville-sur-Seine, a livré ses cuvées à New York à bord du Grain de sail, un cargo à voiles monocoque qui accomplissait sa première transatlantique à l’automne 2020. Bien sûr, on ne parle ici que d’environ 400 bouteilles pour ce premier voyage. Une goutte d’eau dans un océan de bulles : les États-Unis sont le premier marché en valeur de l’appellation. Mais, au-delà de l’anecdote, c’est la naissance d’une collaboration au long cours entre des commerçants bretons, anciens producteurs d’énergie renouvelables reconvertis au commerce transatlantique à la voile, et un jeune domaine de la Côte des Bar.

Grain de sail, la « rétro-innovation » de l’export

Au départ, c’est par le biais d’un domaine alsacien, Achilée, mené de main de maître par les frères Dietrich, Jean et Pierre, que Grain de sail fait connaissance avec les Piconnet. Les vins du domaine de Scherwiller sont déjà du voyage et Jean Dietrich, qui connaît Raphaël Piconnet, joue les intermédiaires. Grain de sail est un monocoque en aluminium de 22 m gréé en goélette, et manœuvré par un équipage de quatre marins. Il doit accomplir deux trajets transatlantiques de trois mois par an. À l’aller, au départ de Saint-Malo, il transporte jusqu’à New York les vins de domaines choisis dans sa cale d’une capacité de 22 palettes, soit de 15 000 à 22 000 bouteilles. De New York, il prend alors la route des Caraïbes, pour y charger café vert et cacao. Le retour se fait par Saint-Nazaire, avant le déchargement à Saint-Malo. Café et cacao sont alors transportés jusqu’à Morlaix, siège de la compagnie, pour y être transformés dans l’atelier de torréfaction et la chocolaterie. L’entreprise, née en 2010, veut désormais lancer un deuxième voilier cargo.

Peu distribué en France

« Les champagnes sont très rapidement exportés à New York », note Matthieu Riou, le directeur export vins et spiritueux de la compagnie bretonne. Et le voilier n’est pas exactement bon marché : le coût du transport est de 1,5$ par col, contre 10 cents avec un cargo au fioul standard. Impossible de justifier ce surcoût sans un mouton à cinq pattes : un champagne bio, ou en conversion, susceptible de séduire une clientèle avertie, et pas encore commercialisé à New York. « Je connaissais le style de vin d’Achilée, et je me suis dit que Jean n’était pas copain avec Raphaël par hasard », commente Matthieu Riou. Problème : les vins du domaine de Bichery sont rares (7 000 bouteilles, pour l’instant) et peu distribués en France. Un caviste à Lyon, un autre à Reims (Au bon manger), deux distributeurs dans l’Aube (les Crieurs de vin et Claire & Hugo), et voilà. Rien à Morlaix, pas grand-chose ailleurs. D’ailleurs, 95 % partent à l’export, au Japon, à Taïwan, en République tchèque, en Australie, aux États-Unis, déjà, mais par la côte ouest, puisqu’ils sont en Californie. En France, c’est plus complexe. « Il faudrait qu’on y passe plus de temps», s’excuse presque Raphaël Piconnet. Presque, parce qu’en réalité, ce qu’il aime, c’est « être dans les vignes ». On ne peut pas lui en vouloir.

Yann Tourbe

LA RÉINVENTION VERTE 03

Le cidre, aujourd’hui, chez Thibault Verger, c’est environ 25 000 bouteilles par an, une moitié en bars, restaurants ou vente directe, et l’autre moitié chez des revendeurs.

Cidre du pays d’Othe : place aux jeunes !

Avec trente hectares de pommiers, un bâtiment fl ambant neuf à Bercenay-en-Othe et l’équipement à l’avenant, Thibault Verger est, 24 ans, une fi gure incontournable du cidre du Pays d’Othe.

Et dire qu’il n’a que 24 ans. À la tête de ses trente hectares de pommiers, Thibault Verger, le bien nommé, fait aujourd’hui partie des gros faiseurs de cidre du pays d’Othe. En trois ans, il a quadruplé les volumes qui entrent dans son pressoir, de 50 à 200 tonnes.

Un volume équivalent part chez Eclor, à Chaource, pour être pressé sur le site de l’ancienne cidrerie Bellot.

Un programme de cinq ans

Quand il rachète l’exploitation cidricole de Bruno Farine, en novembre 2018, le jeune homme reprend avant tout « un outil de production et un fi chier client », celui d’un personnage historique de la cidriculture auboise, qui a œuvré pour la sauvegarde et la replantation de variétés locales de pommes. Il ne rachète pas le bâtiment de Moussey, dont il reste locataire le temps de construire à Bercenay-en-Othe un bâtiment plus conforme aux volumes qu’il veut produire. Un bâtiment conçu pour absorber et traiter la production des 30 hectares de pommiers qui l’entourent en partie. Ces volumes, d’ailleurs, sont appelés à augmenter : chez Thibault Verger, cinq hectares de pommiers sur six ne sont pas encore arrivés à leur rythme de croisière. Pourtant, il ne « veut pas grossir pour grossir ». Cette augmentation des volumes n’est pas un but en soi, elle est un des termes de l’équation qu’il cherche à résoudre, entre production, investissement et commercialisation. En termes de rentabilité, le jeune homme entre dans « une période clé ». Avec l’ouverture de

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