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Carbonex décarbone le charbon de bois

(photo Thomas Lekdorf)

La PME est dirigée par les trois frères Soler-My. Jean dirige les ventes, Philippe l’administration et les finances et Pierre le développement et l’innovation. Sa femme Anne-Mette gère la communication.

Carbonex décarbone à plein tube

À Gyé-sur-Seine, la famille Soler-My a réussi à transformer un champ de moutons en n°1 français du charbon de bois, tout en produisant de l’électricité verte. Carbonex vient de dupliquer son modèle décarboné avec une 2e usine à Lacanau.

On a complètement changé de business model depuis qu’on a relocalisé en France, en 2008 », résume Anne-Mette, responsable de la communication chez

Carbonex. L’épouse de Pierre Soler-My, PDG de la PME de

Gyé-sur-Seine, sait de quoi elle parle. « Je suis partie avec mon mari et mes trois enfants monter un site de production au Brésil. À l’époque, on ne parlait que du prix sur le marché du charbon de bois. Il fallait être compétitif…»

Mais tout ça, c’était avant. « Aujourd’hui, nous sommes les seuls producteurs 100 % français, les seuls en trigénération et écoresponsables. On se concentre sur les circuits courts.

On fabrique près de la matière première des forêts pour fournir un marché local avec de la main-d’œuvre locale. On a toujours eu la fibre verte. La solution, on l’a trouvée en 2012 avec la trigénération.»

Le tournant de la trigénération

La trigénération ? Un système très vertueux qui permet de tout utiliser. Les grumes sont transformées en charbon de bois. Les fumées et gaz de pyrolyse sont récupérés pour produire de l’électricité verte qui alimente 15 000 foyers du Barséquanais. Et la chaleur est aussi recyclée pour sécher le bois dans des silos et chauffer les bâtiments. « On a réussi à trouver les 25 M€ pour construire l’usine car, précise Anne-Mette Soler-My, nous avions été sélectionnés en 2009 par le Grenelle de l’Environnement ». Fort de ce succès, Carbonex peaufine trois autres projets en trigénération : une deuxième unité à Gyé, et deux autres à Lacanau en Gironde et à Bugeat-Viam en Corrèze. Dans la foulée, Carbonex fait une levée de fonds de 65 M€. La machine est lancée.

Et dès 2019, les frères Soler-My inaugurent leur deuxième unité de production à Gyé. « C’est une version améliorée de notre première unité avec laquelle on produit 20 000 tonnes de charbon par an. Grâce à notre bureau d’études de

quinze personnes, tout a été dessiné et construit en interne. Et on a pu attirer des jeunes sur ces projets zéro fossile qui ont du sens ».

Un modèle performant d’économie circulaire

Le deuxième projet en Corrèze qui devait être réalisé avec le CIBV, un fabricant de pellets de bois, est lui en attente. « Notre partenaire n’est pas prêt », explique Anne-Mette Soler-My, qui préfère évoquer le lancement cet automne de la Girondine de carbonisation à Lacanau. « On a racheté un site de fabrication de charbon de bois que l’on transforme en site trigénération pour produire 20 000t/an et 1,4 MW/h en continu d’électricité verte. On a recruté une cinquantaine de personnes. C’est un investissement de 25 M€. C’est aussi du circuit court avec du pin maritime collecté dans un rayon de 50 km, un bois-énergie d’éclaircie non valorisé ». Avec cette usine girondine, Carbonex portera sa production annuelle de 30 000 à 50 000 tonnes. La deuxième unité de Gyé a déjà fait bondir son chiffre d’affaires de 13 M€ en 2019 à 21,5 M€ l’année suivante. « Ici, en 1993, se souvient Anne-Mette, c’était un champ de moutons. On a démarré avec trois prêts étudiants et le soutien de mon beau-père espagnol. On a fait petit à petit en investissant ce qu’on gagnait, en apprenant et en inventant ». En « inventant », la PME est devenue le numéro 1 français du charbon de bois avec un modèle performant d’économie circulaire. Elle emploie une centaine de personnes dans une usine qui tourne 365 jours par an, 24 heures sur 24.

Thierry Péchinot

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