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Le bio fait masse en Pays d’Othe

Pour les terres du pays d’Othe, l’association fait la force

Quand un millier d’hectares de surfaces en agriculture biologique s’associent pour mieux répondre aux marchés publics de la restauration collective, ça donne Terres du pays d’Othe.

Outre une commercialisation par le biais de marchés publics, Terre du pays d’Othe commercialise ses produits en vrac ou en petit conditionnement.

Coquill’othe, tortill’othe ou rigol’othe, les pâtes de Terres du pays d’Othe annoncent fièrement la couleur. Sur le même ton, farine, lentilles et pois chiches revendiquent leur origine. Jusqu’au pain de campagne, le « campagn’othe », qui porte en étendard sa région agricole, à la frontière de l’Aube et de l’Yonne. D’ailleurs, les producteurs qui livrent une partie de leur récolte à l’association sont indifféremment basés des deux côtés de cette frontière. Certains, comme Zoltan Kahn, sont même à cheval dessus, avec le siège de l’exploitation dans l’Yonne, à Bœurs-en-Othe, et une partie des terres dans l’Aube. Et toutes ces pâtes, farines, huiles, trouvent leur chemin vers les cantines des écoles de

Troyes, de Saint-André-les-Vergers (dont Audrey Oudart, la directrice de l’association, loue « le travail de sourcing »), dans les collèges de l’Aube et de l’Yonne, ainsi que dans les écoles de Xe (6 500 repas par jour) et XIe (9 400 assiettes) arrondissements de Paris et, en collaboration avec Sodexo, dans les collèges des VIe, IXe et XVIIIe arrondissements. Outre cette commercialisation par le biais de marchés publics (ou en contrats d’approvisionnement pour Sodexo), Terres du pays d’Othe commercialise ses produits en vrac ou en petits conditionnements dans l’Aisne, l’Aube, l’Yonne et à Paris.

Sans oublier plusieurs « Ruches qui disent oui ».

Mille hectares en agriculture biologique

Terres du pays d’Othe, c’est l’association de cinq exploitants agricoles entre Aube et Yonne, de « Bœurs-en-Othe à Aixen-Othe ». Un millier d’hectares en agriculture biologique, dont une partie sur les bassins versants des captages d’eau potable d’Eaux de Paris. L’objectif : faire masse, à plusieurs, pour pouvoir répondre aux marchés publics de la restauration collective en proposant du « sec ». Pour le reste, pas de souci : le pays d’Othe a tout ce qu’il faut. Pour le jus de pomme, dans l’Aube, elle va voir Julien Goffart (à Aix-en-Othe). Dans l’Yonne,

(photo N. Bacri)

c’est le domaine de la Charloise qui s’y attelle. Le quinoa de Grain de nature, du miel, des produits pâtissiers font aussi partie des approvisionnements. Tout n’est pas toujours en agriculture biologique, mais le respect de l’environnement est fondamental. Terres du pays d’Othe est « calibrée pour répondre aux marchés publics », souligne Audrey Oudart. Elle offre donc à ces producteurs la possibilité d’y accéder. Par contre, souligne la directrice, « faire du sec, on sait faire et c’est pour ça qu’on est équipé, mais on ne peut pas faire de l’ultra-frais ».

Une association jusque quand?

Après 18 premiers mois (de la création, en 2018, au 30 juin 2019) à environ 100 000 € de chiffre d’affaires, les douze mois suivants (du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020) ont donné le même chiffre. Bien sûr, en 2020, « nous avons été beaucoup moins visibles », euphémise en souriant la directrice, qui a pris l’habitude d’appeler le 17 mars 2020, premier jour du confinement en France, « le jour où la Terre s’est arrêtée ». Ce qui a sauvé cette année-là, c’est la mise en place de petits contenants, décidée fin 2019, pour fournir des jardineries et des circuits courts. « En période de crise, on n’arrête pas de se réinventer », explique la directrice de l’association. « Le confinement nous a donné une leçon sur un tas de choses. » À la fin de l’année 2020, l’association avait « récupéré le niveau qu’on avait fin 2019, pour une start-up, ce n’est pas terrible mais on a récupéré les bases », note Audrey Oudart. Qui complète cependant : « On est une structure associative, pas une entreprise qui fait des bénéfices ». Mais une structure associative est-elle compatible avec l’ambition affichée de doubler les volumes ? « Le modèle évoluera sans doute si Terres du pays d’Othe se développe, même s’il ne faut pas oublier l’objet social du modèle associatif, il faut être fidèle à nos valeurs tout en ayant un système de gouvernance qui fonctionne », confirme Zoltan Kahn.

Yann Tourbe

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